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#décloisonner
lorenagzlz · 2 years
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Hyperpop : la pop maximaliste
Je ne peux pas m’empêcher de parler de musique, mais pour ne pas m’éloigner du design graphique, je vais cette semaine consacrer mon article de blog à l’esthétique de l’hyperpop.
Mais qu’est-ce que c’est l’hyperpop ? C’est un micro-genre musical de la pop qui a été lancé en 2013 par la création du label PC Music. L’hyperpop reprend les codes de la pop, mais en les poussant à l’extrême. J’ai le sentiment que les visuels et les musiques de ce style se coordonnent parfaitement ; je sais à quoi m’attendre en regardant une pochette d’album hyperpop et nous allons essayer de décortiquer ces visuels conjointement à la musique.
Une des premières choses notables en ce qui concerne l’hyperpop, est que très souvent, les artistes créent depuis leur chambre, sans matériel particulier et uniquement avec leur ordinateur. Cela est le cas pour la musique, avec l’utilisation récurrente de bruits atypiques et celle du vocodeur. Cet aspect va aussi se retrouver dans les visuels hyperpop, crées de chez soi sans compétence précise d’un logiciel et d’une technique. Quand on regarde les deux pochettes, du groupe The Pom-Poms et Gupi, il n’y a pas une grande technicité visuelle, on pourrait se dire que n’importe qui aurait pu le faire.
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The Pom-Poms, The Pom-Poms, 2018 & Gupi, All, 2018
Deuxième caractéristique de l’hyperpop : la reprise des codes pop, fait poussés à l’extrême. C’est la culture du web et des références internet qui fait circuler l’hyperpop, notamment avec l’application Tik Tok. Vroom Vroom de Charli XCX a particulièrement tourné sur les réseaux sociaux par exemple.
Visuellement, l’hyperpop se traduit par une tendance maximaliste, et reprend l'esthétique des années 2000. Les visuels des singles de Slayyyter en font la démonstration avec les charms, des petits pendentifs à accrocher à son gré très présents dans les années 2000.
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Slayyyter, Hello Kitty, 2018 - Platform Shoes, 2018 & Daddy AF, 2019
Sur les pochettes d’album, on laisse place à la typographie chromée et déformée, pas d’espace blanc, beaucoup de dégradé et des couleurs saturées. Cette surcharge d’informations témoigne d’une difficulté à faire entendre sa voix. Effectivement, l’hyperpop est aussi politique et décloisonne le genre. Beaucoup d’artistes hyperpop sont des femmes, des personnes transgenres ; la communauté LGBTQ+ trouve des représentations dans cette musique. Ces minorités trouvent une manière de se faire entendre. Ce besoin de faire entendre sa voix se retrouve dans les visuels surchargés et maximalistes.
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caro♡, Heartbeats/Heartbreaks, 2021 - Namasenda, Dare (AM), 2020 - Magdalena Bay, Mercurial World, 2021
L’utilisation de la photographie est très présente aussi pour mettre en avant une féminité exacerbée qui questionne la notion de genre. L’artiste SOPHIE, femme transgenre, pionnière de l’hyperpop, malheureusement décédée en 2021, en fait la démonstration sur la pochette d’album Oil of Every Pearl's Un-Insides datant de 2018. Chez Slayyyter, pour son album Troubled Paradise, sorti en 2021, elle est photographiée dans une esthétique très girly, avec des couleurs saturées et l’utilisation de la typographie chromée, tout comme chez LIZ pour son album datant de 2019, intitulé Planet Y2K (nom qui fait directement référence au mouvement Y2K, qui désigne le passage à l’an 2000).
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Le label PC Music a été fondé par A. G. Cook., un producteur de renom dans l’hyperpop. C’est ce label de musique qui a révolutionné visuellement ce genre et qui produit de nombreux artistes cités plus haut (LIZ, Namasenda, caro♡…). L’hyperpop, qui n’est pas mainstream, tend de plus en plus à se faire entendre : A. G. Cook a notamment produit une des musiques présentes dans le dernier album de Beyoncé (ALL UP IN YOUR MIND). Certaines musiques hyperpop peuvent paraître très particulières quand on les écoute pour la première fois et j’aimerais justement pouvoir réécouter certaines chansons comme si je ne les avais jamais écoutées avant.
22/01/2023
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carolinelamming · 13 days
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Le décloisonnement des formes artistiques.
Définition de décloisonnement : « Supprimer les cloisons d'ordre administratif ou psychologique qui empêchent les relations entre deux ou plusieurs disciplines intellectuelles, deux ou plusieurs groupes humains, organismes ou pays », CNRTL
Le décloisonnement des formes artistiques, c’est le maître mot d’un salon dédié aux pratiques éditoriales contemporaines qui se déroulent début septembre à la fondation Fiminco à Romainville. C’était pour moi une première rencontre avec ce genre "scène de création contemporaine". Ma vision du graphisme éditorial étant parfois cloisonnée dans les standards du marché de l’édition, il m’a tout de suite paru intéressant d’actualiser mes références graphiques. Un questionnement a précédé ma visite : En quoi ce salon dédié aux pratiques éditoriales est-il le reflet d’une déconstruction des formes artistique ?
Ce salon propose ainsi, sous différents aspects physique et moral, un décloisonnement des standards de formes éditoriales. Un des premiers éléments participant à ce décloisonnement est le lieu : La Fondation Fiminco. Cette ancienne friche industrielle située en dehors de Paris offre un cadre non conventionnel aux exposants. Fait de béton et doté d’une hauteur de plafond hors norme, il est laissé aux exposants la possibilité de présenter leurs créations sur la hauteur, comme le fait la plasticienne Mathilde Melek An, en affichant ses teintures photographiques sur rideaux de douche à plusieurs mètres de haut. Cette hauteur impressionnante laisse également place à la libération et l’ouverture d’esprit. Induisant ainsi que les possibilités créatives proposées au sein de ce salon sont multiples et infinies. La diversité des domaines d’activité proposés par les exposants permet ici un décloisonnement des statuts professionnels et la rencontre de différents corps de métiers. Ceci permettant de voir au sein du salon des collaborations étonnantes entre artistes, graphistes et autres métiers. La forme des objets d’édition en eux-mêmes est décloisonnée des standards du marché de l’édition. Le stand de l’association EXTRA éditeur d’espaces a particulièrement attiré mon attention sur ce sujet (voir photo). En collaboration avec la Graphiste Marion Bataille et l’architecte Fanny Millard, cette association a proposé un livre-objet appelé POPOTU. Cet objet d’édition n’a rien d’un livre traditionnel car il ne possède pas de mot et n’est pas d’un format classique. De par ses différentes reliures, il se déploie dans l’espace et se manipule comme un jeu. L’objet occupe ici davantage un intérêt pour son occupation dans l’espace que pour son contenu, à l’inverse des livres classiques. Le décloisonnement, c’est aussi voir au-delà de l’objet fini, élargir son champ de vision. Et cette 9ème édition est axée sur les recherches et sources d'inspiration à la base du travail des exposants.
Si l’on en suit l’idée générale du salon : décloisonner les formes artistiques, la salle dédiée aux livres d’artistes devrait nous amener à voir des nouvelles formes de livre, or hormis le travail graphique parfois très singulier de certains livres, la forme générale et le travail de composition texte-image m’a paru parfois un peu ordinaire. Pour finir, je souhaitais relever un paradoxe : ce salon n’est en réalité pas si révélateur de décloisonnement car il réunit des passionnés autour d’une même thématique dans un espace clos. Ceci me questionne sur la portée de ce décloisonnement.
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Stand B13 EXTRA éditeur d’espaces
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mwah-architecture · 21 days
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SENSIBILISER
09-2024 / Le festival ZigZag fait le pari que l’architecture parle à chacun dans le décloisonnement disciplinaire, dans la possibilité toujours renouvelée d’une entrée par le corps, par les émotions, par l’appropriation. L’expérience des lieux et l’échange de propos que l’architecture suscite, donnent la possibilité de sortir des cercles compassés de ceux qui la pensent et de ceux qui la font. Par ailleurs, dans un contexte pressant de participation citoyenne, l’enjeu de la démocratisation de la culture architecturale, urbaine et paysagère est la capacité collective à fabriquer des espaces de vie de qualité, de les revendiquer, les porter et se les approprier. MWAH est de nouveau partenaire de l'édition 2024.
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photoklatsch · 1 month
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Retour sur la deuxième édition des rencontres de la photographie documentaire
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Imaginées par le collectif Photoklatsch, Le Centre Le Lierre et son festival Le Réel en vue dans la continuité de leur engagement en faveur de l’éducation aux images, les Rencontres de la photographie documentaire se sont déployées pour cette deuxième édition sur cinq jours à Thionville. La manifestation s’efforce de proposer des expositions pour donner à voir et à décloisonner la photographie en particulier la photographie dite documentaire et permet des ateliers de pratiques accessibles à tous pour faire et expérimenter avec des photographes intervenants. Avec cette deuxième édition, nous avons abordé le thème de la ruralité et ses représentations à travers les deux expositions "Sol Agricole" d'Alexandre Parant et "A Tout Bout de Champs" une exposition collective du Photoklatsch, du Centre "Le Lierre" avec le Centre "Saint Michel" et le LAM de Manom. Le festival s'est tenu à l’Espace jeunesse et multimédia du Centre Le Lierre sur plusieurs soirées et tout au long du week-end. Des travaux photographiques d’une grande diversité ont pu être mis en avant croisant regards de photographes émergents, amateurs, et des enfants de structure socio-éducative partenaires.
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C'était là cinq jours d'une grande intensité, cinq jours faits de rencontres formidables en compagnie de l'iconographe Marie Fantozzi, de Sébastien Cuvelier qui est venu donner une masterclass et un workshop, Alice Petit avec un atelier de photographie argentique et enfin Julien Pierre et Luc Dufrene pour une échange vivant autour de la photographie et le paysage avec la présentation de leur livre "Moselle terre d'histoire, terre d'avenir".
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rose-jouslin · 4 months
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ACT- Architecture, Corps et Transdiscipline
‘The other stage’, sections - 2024
Following on from the ‘HORAÏ’ project and still on the territory of ‘l'autre Senne’, located in the Brussels-Capital Region and along the green promenade, the ‘L'autre scène’ project is taking shape.
Through an opera project, we tried to answer two questions: Through sensitive and physical work, we are approaching a landscape and a territory by trying to answer two questions: ‘What places can dialogue with “wild nature”, “ecosystem” and “culture”?’ and ‘How can audiences be decompartmentalised?
"L'autre scène", coupes - 2024
A la suite du projet "HORAÏ" et toujours sur le territoire de «l’autre Senne», situé en région Bruxelles-Capitale et le long de la promenade verte, le projet "L'autre scène" s'implante.
A travers un projet d'opéra, nous avons tenter de répondre à deux questions posées : Par un travail sensible et physique, nous abordons un paysage et un territoire en essayant de répondre à deux questions «Quels lieux peuvent dialoguer avec "nature sauvage", "écosystème" et "culture"?» et «Comment décloisonner les publics?».
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ausecoursdesparents · 5 months
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Briser les frontières entre la crèche et la maison
Le concept de décloisonnement se base sur la création de lien de relation avec l’enfant, le.la professionnel.le et les parents. Il est essentiel de comprendre que les professionnels et les parents doivent former une équipe car finalement ce sont les deux partis qui participent à l’éducation de l’enfant. Cet article a pour but de pousser les parents à voir la crèche autrement. En effet,…
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aiximmo · 5 months
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Sur les hauteurs de la colline, du très convoité village de Pernes-les-Fontaines, se niche ce bel ensemble immobilier, composé d'une maison principale rénovée de 130 m² avec piscine et de ses deux gîtes indépendants, parfaitement dissimulée dans la pinède environnante. Une belle rénovation a permis de décloisonner les espaces de cette maison, érigée de plain-pied, mais également de lui apporter le confort moderne et une allure plus contemporaine. Ainsi, elle bénéficie maintenant d'une élégante pièce de vie lumineuse, conviviale et très fonctionnelle. Le salon en extension jouit d'une terrasse avec vue dégagée surplombant la piscine. L'espace nuit se compose de deux suites parentales dont une avec accès terrasse exposée sud. Le premier gîte d'une surface d'environ 85 m² présente du cachet et une décoration provençale au goût du jour. Il se compose d'un salon/cuisine, deux chambres ainsi qu'un studio pouvant être rattaché ou loué de manière https://is.gd/e5dpuD
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linguistlist-blog · 5 months
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Calls: 8th International Conference on the Teaching of French as a Foreign Language
Call for Papers: Conference Theme: Teaching French as a Foreign Language and Related Issues: Breaking Down Barriers / Enseignement du français langue étrangère et réalités connexes : décloisonnement - Accommodation and support for students - Regional varieties of French - Artificial intelligence (AI) in language teaching The organizing committee of the FLE 2025 conference is seeking abstracts for presentations in its upcoming biennial conference. This conference is aimed at specialists in the T http://dlvr.it/T5XF0W
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toutmontbeliard-com · 6 months
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Numérique en santé : l’Europe consolide son soutien à la plateforme eTICSS
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Au cœur de la stratégie e-santé en Bourgogne Franche-Comté, eTICSS est l’outil clé de la transformation numérique des parcours de santé dans la région. Grâce à eTICSS, les professionnels des secteurs sanitaire, médico-social et social disposent d’un bouquet de services de coordination territoriale tous conçus dans un même objectif : décloisonner les prises en charge pour mieux soigner. eTICSS, est la plateforme de coordination régionale de Bourgogne Franche-Comté mettant à disposition des professionnels du territoire un outil numérique de suivi des parcours spécialisés gratuit et sécurisé pour soutenir les prises en charge des patients. La Région Bourgogne Franche-Comté, autorité de gestion des fonds européens, soutient la stratégie de l’Agence Régionale de Santé (ARS) visant à déployer une plateforme publique dédiée aux services numériques de santé en Bourgogne -Franche-Comté. Dans ce cadre, ce sont 10,5 millions d'euros de financements FEDER qui ont été mobilisés pour la seconde phase du projet eTICSS (2023-2026). Ils permettront de développer de nouveaux parcours et nouvelles fonctionnalités du programme, dont notamment : la mise en œuvre d’un socle d’outils génériques pour la coordination complexe afin d’harmoniser les pratiques au bénéfice de tous les patients ; la création de parcours intégrant la prévention, le repérage en amont et en aval de la prise en charge, pour réduire les risques de rechutes ou de récidives, en mettant l’accent sur le rôle central du patient ; le développement des démarches de responsabilité populationnelle regroupant et engageant tous les acteurs du territoire dans une organisation commune. Fruit d’une étroite collaboration entre les professionnels et les organisations de santé du territoire, eTICSS facilite la prise en charge coordonnée des patients de tous les âges, permettant ainsi d’éviter la rupture dans le suivi de leurs parcours de santé. Mis en œuvre par le GRADeS BFC (Groupement Régional d’Appui au Développement de la e-Santé) avec la participation de tous les partenaires du système régional de santé, le projet eTICSS s’inscrit dans les objectifs du numérique en santé et les ambitions régionales. Ces derniers visent à étendre et développer l’usage du numérique pour améliorer la santé des citoyens, conformément aux objectifs de Stratégie de cohérence pour l’aménagement numérique (SCORAN) et de la feuille de route régionale Santé. Avec près de 1 400 utilisateurs actifs, 90 000 patients bénéficiant de ses services, et 11 parcours de prise en charge, eTICSS démontre son efficacité et son impact sur l’amélioration de l’accès aux soins pour tous en région. Le projet prévoit également, à moyen terme, d’intégrer l’intelligence artificielle pour enrichir les services numériques existants, tout en assurant un cadre sécurisé et respectueux des principes éthiques de la Garantie Humaine de l’IA. Read the full article
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societascriticus · 7 months
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Mes Rendez-vous Québec Cinéma 2024
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-02 : www.societascriticus.com
- La série documentaire Maisonneuve
- La cordonnière
- Au boute du rien pantoute
- Simple comme Sylvain
La série documentaire Maisonneuve de Jean-Martin Gagnon sur onf.ca dès le 23 février (RVQC)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-02 : www.societascriticus.com
Le 12 février 2024 – Montréal – Office national du film du Canada (ONF)
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Dès le lendemain de sa projection en primeur sur grand écran dans son intégralité aux Rendez-vous Québec Cinéma (RVQC) à Montréal, la série documentaire primée Maisonneuve, de Jean-Martin Gagnon, sera lancée gratuitement en ligne sur onf.ca le vendredi 23 février. En se penchant sur les répercussions d’un évènement bouleversant survenu en 2015 au Collège de Maisonneuve – l’arrestation d’étudiantes et étudiants qui s’apprêtaient à partir en Syrie pour rejoindre le groupe État islamique – la série met en lumière l’importance, mais aussi la fragilité du vivre-ensemble au Québec. Sans évacuer ni les difficultés ni la richesse des échanges, Maisonneuve donne la parole à une nouvelle génération de Québécois et Québécoises. La série sera également présentée pendant tout le mois de mars aux Rendez-vous de la Francophonie (RVF) partout au Canada.
À propos de la série documentaire
Maisonneuve de Jean-Martin Gagnon (6 x 25 min)
Une coproduction ONF/Coop Vidéo de Montréal (Canada)/Akka Films (Suisse)/Temps Noir (France), en collaboration avec TV5 MONDE
Filmée sur plusieurs années, Maisonneuve nous plonge dans la réalité pluriculturelle du Collège de Maisonneuve de Montréal, qui se relève du traumatisme de 2015, alors que 11 étudiantes et étudiants ont été arrêtés avant de rejoindre les rangs du groupe État islamique.
En six épisodes, la série examine les conséquences de ce bouleversement en partant à la rencontre de cinq jeunes adultes arrivés au Collège à la suite de ces évènements et qui s’ouvrent au dialogue malgré des points de vue divergents. En effet, les protagonistes nuancent intelligemment leurs propos de la fin de l’adolescence, dévoilant une maturité qui témoigne du chemin parcouru. On assiste ainsi à l’évolution de la pensée de chacun et chacune, et à des réflexions empreintes d’une réelle ouverture à l’autre. À travers leur regard, Maisonneuve offre un véritable baromètre de la société actuelle, montrant le choc des idées et des générations.
Comme le souligne Mohamed Mimoun, dit Momo, intervenant de corridor et protagoniste du film : « Permettre à des jeunes de dire ce qu’ils pensent, de dire qu’ils ne sont pas d’accord, c’est une bonne chose pour une société moderne qui veut évoluer et qui se dit démocratique et ouverte. » En donnant à ses étudiants et étudiantes la permission de s’exprimer, en créant des lieux d’échange sécuritaires, le Collège favorise les débats en vue de déconstruire des mythes tenaces et d’apaiser les tensions. La série en témoigne par son regard humain.
Maisonneuve a reçu le Prix séries Coup de cœur Fonds Bell à l’automne 2023.
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2024-03-02)
D’abord, une mise en contexte
Je me rappelais avoir vu le documentaire de Nicolas Wadimoff et d’Emmanuelle Walter« Maisonneuve, à l’école du vivre-ensemble » à Doc humanité à Radio-Canada-Ici télé. C’était l’épisode du 11 décembre 2021 dont voici le descriptif :
« Le Cégep Maisonneuve en 2015-2016 : dix départ ou tentatives de départ pour le djihad en Syrie et en Irak, plusieurs polémiques autour de la présence de l’imam Adil Charkaoui au collège, des incivilités attribuées hâtivement à la présence de jeunes radicalisés. Le Cégep Maisonneuve en 2017-2018 : une école qui reprend le dessus après un orage médiatique et qui travaille avec acharnement au vivre-ensemble et au décloisonnement des communautés.
Dans un Québec à la croisée des chemins, déchiré entre deux modèles d’intégration – multiculturalisme canadien ou laïcité « à la française » –, le Cégep Maisonneuve cherche sa voie.
Le documentaire permettra au public de plonger dans la vie d’une dizaine de personnes hautes en couleur qui incarnent, chacune à leur manière, les défis de ce Québec en pleine mutation. » (1)
On peut voir la bande-annonce sur Vimeo (2).
Maintenant, on est dans la Série documentaire Maisonneuve
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C’est un nouveau documentaire de Jean-Martin Gagnon (Réalisation et scénarisation) qui porte un regard actuel sur ces évènements passés au Collège de Maisonneuve et leurs conséquences sur les jeunes qui ont suivi : ce qu’ils ont vécu, ce qu’ils ont appris et où ils en sont maintenant. Mais, il part du documentaire précédent pour ses assises. Alors, vous verrez aussi le nom de Nicolas Wadimoff à la réalisation pour le « Tournage collège de Maisonneuve 2017-2018 ». Je tenais à le préciser. Ce nouveau documentaire est en ligne sur onf.ca et je vous incite à consulter le lien pour le regarder (3).
Le Cégep de Maisonneuve, c’est la multiculturalité
La radicalisation n’a pas de profil type. L’un peut se radicaliser et 100 autres, 1000 autres, non. C’est ce que nous dit Mohamed Mimoun, dit Momo, qui est un travailleur de corridors au cégep ! C’est l’équivalent d’un travailleur de rue, un intervenant social, sauf qu’il n’y a pas de rues dans un cégep, mais des corridors !
Je regarde ça et ce n’est pas chez moi, dans le sens que ça semble très cloisonné et que ça se parle parfois peu entre groupes ethnoculturels différents. Je suis de Saint-Michel et je parle à mes voisins qui sont haïtiens, magrébins, italiens et autres. Naturellement, comme avec n’importe qui, on apprend à se connaitre et disons que si on peut parler de sujets plus sensibles avec certains, avec d’autres on perçoit qu’on doit faire attention sur certains sujets. C’est le cas de la religion par exemple, car elle rythme parfois la vie quotidienne, les décisions et les opinions de certaines personnes plus fondamentalistes, mais pas nécessairement des musulmans contrairement à la croyance populaire. C’est aussi le cas de certains chrétiens par exemple. Suffit de regarder certains groupes qui sont derrière le trumpisme pour le comprendre.
Ces fractures sociales, si elles existent dans la société, entre quartiers ou entre les banlieues et la ville, elles se retrouvent nécessairement dans un cégep comme Maisonneuve et probablement plusieurs autres à Montréal puisque leurs étudiants et le personnel ne sont pas désincarnés de leurs groupes d’appartenances, de leurs valeurs et des milieux où ils vivent. Ils arrivent au cégep avec ce qu’ils ont et qui ils sont. C’est donc normal qu’il y ait des fractures entre les communautés culturelles et entre les ethnies, la direction, les profs et le personnel parfois. Mais, l’important ce sont les adaptations, les apprentissages et les accommodements qu’ils font pour le bien commun (le vivre ensemble) et desquels ils grandissent certainement durant leur passage au cégep. D’ailleurs, les étudiants sortent différents de leur cégep par rapport à ce qu’ils étaient quand ils y sont entrés. Et c’est tant mieux. C’est aussi à ça que sert le cégep : voir l’autre et se voir dans l’œil de l’autre.
Comme nous dit Momo, un jeune qui fait du bruit et conteste, tu peux travailler avec lui, car il te donne de la matière à discuter. C’est une forme d’ouverture. C’est le cas d’Idir Mazouzi qui a changé entre son cégep et l’Université comme on le voit dans sa façon de parler maintenant qu’il est à l’Université Laval. Mais, un silencieux, tu ne sais pas. Il peut être dangereux et il n’y pas moyen de le savoir; de percer sa carapace pour l’atteindre.
Dans les archives (car le tout remonte aux évènements de 2015 et au film précédent de Nicolas Wadimoff et d’Emmanuelle Walter) on voit Pauline Marois, première ministre du Québec, et Bernard Drainville qui nous parlent de la Charte des valeurs. Le message compris est qu’ici on a l’Islam à l’œil et qu’on veut le sortir de la sphère publique. Le gouvernement souffle alors sur les braises de la peur pour des raisons politiques au lieu de tenter de calmer le jeu.
On a fait venir des francophones qui sont religieux et après on leur reproche de l’être parce que nous, nous avons un problème avec la religion, voir les religions. Il faut d’abord être ouvert et leur expliquer notre histoire. Pourquoi avons-nous ce problème ? Au moins ils comprendraient notre rapport au spirituel, qui est davantage personnel que collectif et privé que public.
Mais, de l’autre côté, on doit bien comprendre que dans certaines cultures la religion fait partie du mode de vie; qu’elle rythme la vie et ce qu’on pense. C’est sûr que ça fait un conflit et qu’ils ne laisseront pas leurs valeurs dans le garde-robe à leur arrivée. Avec le temps, certains nous ressembleront davantage et d’autres conserveront leurs traditions. Mais, même si c’est une question de temps et de générations, il y aura toujours des gens qui qui resteront ancrés dans leurs traditions comme d’autres deviendront plus québécois que les de souches ! C’est le propre de la liberté.
L’histoire de la mosquée de Québec en 2017 a par contre amené une certaine sympathie envers la communauté musulmane. Cependant, on a parlé d’un fou plutôt que d’un terroriste. Pourtant, ce fut un geste terroriste. Ce sont là des choses que les jeunes de la communauté musulmane remarquent. Des coupures que nous devrons surmonter pour en arriver au dialogue inclusif.
Parlant de coupure, le film nous en a montré une autre : celle entre les étudiants de technique policière avec les autres, comme si on les percevait déjà comme des policiers qui exercent la répression. Pourtant, ce sont encore des étudiants.
D’ailleurs, on suit aussi un groupe de Techniques policières qui est allé sur une réserve (Kitcisakik d’Abitibi) avec leur professeure de sociologie, Nancy Moreau.(4) Ils ont prouvé qu’ils sont encore des étudiants comme les autres, car ils n’ont pas écouté les consignes de leur professeure et ont apporté de la boisson sur la réserve. Cela à créer un froid, nous explique-t-elle et cela leur a donné une bonne leçon de vie.
Cette prof donne aussi une bonne explication du racisme systémique, mais je n’en dis pas plus. Il vous faudra écouter cette série sur onf.ca (3) pour le savoir.
Notes
1. https://ici.radio-canada.ca/tele/doc-humanite/site/episodes/589865/maisonneuve-ecole-cegep-djihad-syrie-irak
2. https://vimeo.com/394650069
3. https://www.onf.ca/serie/maisonneuve/
4. https://www.cmaisonneuve.qc.ca/international-interculturel/stages-et-sejours-detudes/stage-dobservation-a-kitcisakik/
Mes RVQC 2024
La cordonnière (RVQC)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-02 : www.societascriticus.com
2023 / Fiction /104 min / Québec / français
SCÉNARIO : SYLVAIN GUY
RÉALISATION : FRANÇOIS BOUVIER
SYNOPSIS
À seize ans, Victoire tombe follement amoureuse de son voisin, Georges, de vingt ans son ainé. Cet amour étant impossible, Victoire jette son dévolu sur le fils de son amant, Thomas, qu’elle mariera et avec qui elle aura plusieurs enfants. Cette union n’arrive toutefois pas à éteindre la flamme qui brule entre Victoire et son beau-père. Et à trop retenir leurs ardeurs, Victoire et Georges-Noël ne font qu’alimenter la passion qui les consume un peu plus chaque jour et miner la vie de ceux qui les entourent.
François Bouvier possède plus de 30 ans d’expérience à titre de réalisateur, producteur, metteur en scène, scénariste et caméraman. On lui doit la réalisation de nombreux classiques québécois tels que les longs-métrages Maman Last Call, l'œuvre cinématographique Les pots cassés, qui a remporté le Bayard d’or du meilleur film au huitième Festival international du film francophone de Namur et Les matins infidèles, Grand prix spécial du jury à ce même évènement en 1989. En 2015, c’est le Prix du jury junior qu’il remporte, toujours au Festival de Namur, pour Paul à Québec, inspiré de la BD québécoise du même nom. C’est également lui qui est à la barre de La Bolduc, mettant en vedette Debbie Lynch White et de La cordonnière, produit par Caramel Films en 2022.
Il a assuré la production et a agi à titre de conseiller à la scénarisation pour le film Marie s'en va-t-en ville en plus d'être coproducteur, coscénariste, coréalisateur et metteur en scène du long-métrage Jacques et Novembre. On lui doit aussi la réalisation des séries télévisées Tribu.com, Gypsies et Urgence, qui ont marqué leurs époques.
François Bouvier s’est vu confier la réalisation de téléromans à succès comme 30 vies (de 2011 à 2014), Prozac et Casino II, pour lequel il a d’ailleurs reçu une nomination au concours des prix Gémeaux en 2008 pour la meilleure réalisation d’une série dramatique. Il est aussi très présent à la télévision, réalisant la série jeunesse Jérémie à VRAK, la série dramatique Ruptures à Radio-Canada, et plus récemment Ma mère, série dramatique mettant en vedette Chantal Fontaine et diffusée sur Club illico.
Au concours des Gémeaux, ce réalisateur de renom a remporté en 2010 le prix Gémeaux de la meilleure réalisation d’une comédie avec Les hauts et les bas de Sophie Paquin. Il avait déjà remporté en 1999 le prix de la meilleure réalisation d’une émission dramatique (Pour sauver Pablo). D’autres nominations pour la meilleure réalisation en comédie avec Cover-Girl (2006), et en série dramatique pour Ruptures (2017) s’ajoutent également à cette liste.
INTERPRÉTATION
ÉLISE GUILBAULT
ROSE-MARIE PERREAULT
PIERRE-YVES CARDINAL
NICOLAS FONTAINE
Production : PRODUCTION CARAMEL FILMS
Distribution : LES FILMS OPALE
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2024-03-02)
Il y a des films, comme ça, qu’on va d’abord voir pour le plaisir. Je n’avais donc rien apporté pour prendre des notes. En un sens, c’est tant mieux, car s’il s’agit d’une reconstitution historique autour de l’histoire de la famille Dufresne qui a mis sur pied une entreprise de chaussures, la Dufresne & Locke. S’y mêle beaucoup de fiction, certains des faits n’étant pas tout à fait clairs et étant contestés par certains descendants de la famille. Alors, autant parler d’une œuvre de fiction autour de personnages historiques.
D’ailleurs, si, dans ce film, Victoire Dussault (1845-1908) et Thomas Dufresne (1855-1923) vivent dans le Château Dufresne, construit au coin de la rue Sherbrooke et du boulevard Pie IX (1), dans les faits il fut construit en 1919, après le décès de Victoire, par deux de ses fils : Oscar et Marius (2). Par contre, il est incontestable que « Victoire Dussault, [est] l'une des premières cordonnières du Québec » (3). Mais, le film porte beaucoup plus sur l’amour qu’elle partage entre son mari et son beau-père, de qui elle fut aussi amoureuse dans sa jeunesse. Mais, en fait, ont-ils vraiment cessé d’être épris l’un de l’autre? Voilà autour de quoi tourne ce film historique, mais surtout romantique !
Notes
1.
2.
3.
Mes RVQC 2024
AU BOUTE DU RIEN PANTOUTE (RVQC)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-02 : www.societascriticus.com
2024 / Documentaire / 90 min / Canada / français
SCÉNARIO : ANGÉLIQUE RICHER, SARAH LÉVESQUE, JÉRÔME SABOURIN
RÉALISATION : JÉRÔME SABOURIN
SYNOPSIS
Tous les matins, depuis les années 60, Marcel se confie à son magnétophone à cassettes. C’est à partir de ses confessions sur la vie, l'infiniment petit comme l'immensément grand, que ce film documentaire se déploie à travers les époques. Au boute du rien pantoute nous raconte la vie incroyable d’un homme aux personnalités multiples : un acteur polyvalent, un improvisateur hors pair, un scénariste et un parolier à ses heures. Filmé par son fils Jérôme Sabourin, ce portrait-essai ludique est un hymne à la vie, un regard à la fois intime et social d'un homme libre qui a sauté dans « tous les autobus» qui se sont présentés à lui. À 89 ans, Marcel Sabourin raconte notre histoire, et la sienne, avec toute la fantaisie qui l’habite.
Jérôme Sabourin est un artiste multidisciplinaire. Il a étudié les beaux-arts à l'Université Concordia.
Il figure parmi les directeurs photo d’importance dans l’industrie du cinéma et de la télévision. Un métier qu’il exerce depuis plus de vingt-cinq ans. Sa signature visuelle, on peut l’apercevoir dans des œuvres significatives. On n’a qu’à penser à Minuit le soir, Les Lavigueur, Les pays d’en haut, King Dave, Sam, C’est le cœur qui meurt en dernier, etc.
Inévitablement, cette profession lui a permis de comprendre et de composer avec la verticalité des corps, des formes dans l’espace ainsi que le mouvement.
Son parcours atypique et sa vision singulière se transposent dans les personnages qu’il dessine. Ils habitent un lieu imaginaire et vivent dans l’immédiat et le geste spontané de l’encre de Chine, qui ne permet ni retouche ni reprise.
Cette exposition suggère en quelques dessins les œuvres d’une production à la fois figurative et intime. Ils mettent en évidence des traits francs !
Production : PRODUCTIONS MUSTANG INC.
Distribution : LES FILMS DU 3 MARS
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (date)
Marcel Sabourin : tout un personnage, tout un parcours. Je le dirais POSTMODERNE. Un personnage calme et en avance sur son temps qui défonce les traditions. À la fois philosophe et contestataire; calme et énervé, car quand il faut changer les choses il faut foncer… en plein dedans ! Un clin d’œil à « Chu d’dans », « un autre beau délire signé Marcel Sabourin » pour Robert Charlebois. (1) À quand un disque Charlebois-Sabouriin comme il y en a eu un de Charlebois à Ducharme?
Un film fort intéressant qui regarde son sérieux et sa folie créatrice; ses études et ses créations; ses nombreuses collaborations et participations que ce soit comme le Professeur Mandibule dans La Ribouldingue (2); comme parolier avec Robert Charlebois (3); ou avec Jean-Pierre Lefebvre (4) au cinéma pour ne nommer que celles-là.
En conclusion, je tiens à dire que c’est dans le film Ils ne faut pas mourir pour ça de Jean-Pierre Lefebvre que le personnage d’Abel (Marcel Sabourin) donne la meilleure définition de Dieu :
« Abel – Tu vois Dieu, s’il existe, il doit être comme un homme qui écrase les insectes. Tu marches comme ça, dans la rue, ou dans l’herbe, et puis tu assassines des êtres vivants sans même t’en rendre compte. Parce que tu es grand. Parce que tu es plus grand et plus puissant qu’eux. C’est de la tragédie. Ça t’est déjà arrivé de mettre par mégarde le pied dans un nid de fourmis? Tu es tellement fasciné par les fourmis que tu deviens méchant sans le vouloir, tu t’amuses à mettre des embuches sur leur passage, tu déterres leurs œufs. Je me dis que Dieu c’est peut être un peu la même chose, que de temps en temps, par hasard, il lui arrive de mettre le pied dans un nid d’hommes et qu’il joue avec nous pour uniquement savoir comment nous allons réagir… pour savoir si au moins on va réagir… Moi j’essaie de respecter les insectes, parce que j’aimerais bien que Dieu apprenne à respecter les hommes. » Un passage, d’Il ne faut pas mourir pour ça, film de Jean-Pierre Lefebvre (1966), dit par Abel (Marcel Sabourin) (5)
Notes
2. https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Ribouldingue
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Charlebois
4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Pierre_Lefebvre_(acteur_québécois)
5. J’avais eu ce texte dans un de mes cours de Cinéma au Colège Marie-Victorin. C’était entre 1976 et 1979, un cours donné par Gilles Blain (6). Je l’ai toujours conservé. Malheureusement, ce passage n’est pas dans ce documentaire, mais on y voit l’allusion, par d’autres passages, plus courts, dans ce film.
6. https://bib.umontreal.ca/collections/speciales/litterature-francaise/collection-gilles-blain
Mes RVQC 2024
SIMPLE COMME SYLVAIN (RVQC)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-02 : www.societascriticus.com
2023 / Fiction / 111 min / Canada, France / français
RÉALISATION et SCÉNARIO : MONIA CHOKRI
SYNOPSIS
Sophia, 40 ans, qui souffre en permanence de migraines, professeure de philosophie à l’université du troisième âge, vit en couple depuis dix ans avec Xavier, professeur de science politique. Ils ont une vie confortable et leur couple est plutôt stable malgré une vie sexuelle en veilleuse. Ils ne s’en plaignent pas, mais visiblement, quelque chose est bien éteint de ce côté-là. L’existence de Sophia bascule le jour où elle fait la rencontre de Sylvain, un entrepreneur des Laurentides aux antipodes de son mode de vie.
Monia Chokri fut formée au Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Elle est aussi actrice,scénariste et réalisatrice et a travaillé entre le Canada et la France comme comédienne au théâtre et au cinéma. Elle se tourne en 2013 vers la réalisation.
Son premier court-métrage, Quelqu’un d’extraordinaire, monté par Xavier Dolan, et dans lequel elle filme Anne-Élisabeth Bossé, Evelyne Brochu et Magalie Lépine-
Blondeau, lui a valu de nombreux prix dont notamment le Jutra (2014) du meilleur court-métrage et le Grand Prix du Festival South By Southwest (2014).
La Femme de mon frère, son premier long métrage, qu’elle a également scénarisé, est sorti en 2019. Il a été acclamé au Festival de Cannes, où elle a remporté le Prix Coup de Coeur du Jury dans la section Un Certain Regard.
Comme actrice, elle a joué pour différents cinéastes, dont Denys Arcand, Robin Aubert, Claire Simon et Katell Quillévéré. C’est grâce à Xavier Dolan et son rôle de Marie dans Les amours imaginaires qu’elle se fait connaitre du grand public, réalisateur qu’elle retrouvera ensuite pour Laurence Anyways.
Son deuxième long métrage, Babysitter, interprété notamment par Nadia Tereszkiewicz, Patrick Hivon et Steve Laplante est présenté au Festival de Sundance en janvier 2022. Simple comme Sylvain, son nouveau long métrage, est invité au Festival de Cannes 2023, dans la section Un Certain Regard.
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2024-03-02)
Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=LJEGwAIcKIY
Avant tout, je dois souligner que le 23 février 2024, donc pendant que les Rendez-vous avaient lieu, Simple comme Sylvain a remporté le César du meilleur film étranger lors de la 49e cérémonie des César à l'Olympia de Paris. (1)
D’abord avant la projection du film, on nous a avisés que le film était aussi sous-titré en français, car étaient présents des étudiants en francisation dans la salle. Il y en avait du Centre Saint-Louis (pour adulte) du CSSDM (2), car j’ai parlé avec une technicienne en travail social qui accompagnait le groupe. C’est un type de coopération qui existe entre les Rendez-vous et le milieu éducatif. Une initiative que je félicite, car la maitrise de la langue passe aussi par le cœur. Il faut l’aimer pour la prendre et la faire sienne ! (3)
Je dirais de ce film que lorsque la philosophe rencontre l’homme manuel dans les grands espaces des Laurentides, son gout de l’esthétisme change pour une notion beaucoup plus terre à terre et biologique du désir primal : baiser ! En d’autres termes le sexe l’emporte sur la réflexion et les mots ! (4)
Mais, cette attirance de la différence a une contrepartie : le choc des cultures, car ils ne sont pas du même milieu. Ce ne sera pas évident pour la suite des choses. Si son couple était coincé après 10 ans de vie commune avec Xavier, professeur de science politique, Sophia, 40 ans, va se rendre compte que nos mondes, nos milieux sociaux, nous coincent aussi. Malgré l’attirance physique, il en faut plus pour être équilibré !
Bref, c’est une histoire de vie intéressante et qui montre que si dans la vie il y a des besoins primaires (physiologiques) comme la sexualité, il faut peut être plus que cela pour atteindre l’équilibre. Il faut aussi répondre des besoins de sécurité, d’appartenance et d’amour, d’estime et d’accomplissement de soi (5), comme d’atteindre une satisfaction intellectuelle.
Si on peut en partie s’autosatisfaire intellectuellement, chaque personne n’ayant pas les mêmes gouts de ce côté, comme en lisant ou visitant des expositions, il est aussi plaisant d’avoir certaines de ces expériences en couple (comme au cinéma ou au théâtre) ou en groupe, comme dans certains voyages culturels ou certaines activités sportives. Mieux vaut alors avoir quelqu’un avec qui on est à l’aise.
Mais, à partir du moment où l’autre nous rend mal à l’aise de par ses agissements et ses réflexions et qu’on oserait de moins en moins le présenter dans notre groupe d’amis ou notre famille, il y a un problème apparent et sérieux. Une divergence qui fera que ce sera peut-être un ami ou un jouet sexuel, mais ça n’ira pas plus loin. Ça ne deviendra pas nécessairement un couple au plein sens du terme.
D’ailleurs, et c’est là une marque de notre époque, combien de personnes seules peuvent avoir des ami(e)s différencié(e)s pour le sport, les sorties culturelles, le sexe, etc.? On voit même des annonces demandant un compagnon de marche, de vélo, ou pour aller au cinéma ou au théâtre, car la vie et les gouts sont de plus en plus segmentés et plusieurs vivent seuls maintenant. (6) C’est ce qui attend probablement Sophia, 40 ans. Un film qui en dit long sur notre époque et que j’ai trouvé intéressant d’un point de vue sociologique.
Notes
1. https://www.academie-cinema.org/evenements/ceremonie-des-cesar-2024/
2. https://centre-st-louis.cssdm.gouv.qc.ca/
3. J’ai choisi d’écrire la prendre, car ça donne aussi la sonorité de l’apprendre, qui est le premier pas à faire pour la prendre et la faire sienne !
4. Ce passage plus philosophique m’a été inspiré par le titre d’un livre vu dans le film : Épistémologie et esthétique… qui, je crois, après quelques recherches, est en son entièreté : Épistémologie et esthétique de l'espace chez Gaston Bachelard d’Aurosa Alison avec une préface de Jean-Jacques Wunenburger, 2019, publié chez MIMESIS.
5. Ce sont là les 5 niveaux de la pyramide de Maslow :
6. Je vois parfois passer ce genre d’annonces sur mon fil Facebook.
Mes RVQC 2024
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toutsurlevin · 9 months
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Le vin de la semaine rempli de liberté
Il est de ces vignerons qui aiment brasser un peu la cage, histoire de décloisonner et dépoussiérer les étiquettes. Le but ? Produire des vins de qualité, sans subir les contraintes des appellations d’origine contrôlée. Un bel exemple que celui-ci. Domaine de Cousignac, PRO.I.B, 2021, Vin de France Raphael Pommier façonne de jolies pépites dans son Ardèche. Au sein de son domaine de Cousignac…
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productions-sarfati · 10 months
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ANGÉLIQUE KIDJO & YO-YO MA | SARABANDE AFRICAINE
Deux immenses musiciens, Yo-Yo Ma et Angélique Kidjo se réunissent sur la scène de la Philharmonie de Paris le 3 décembre prochain dans « Sarabande Africaine ». Un concert atypique mêlant la voix puissante d’Angélique Kidjo et la pureté du violoncelle de Yo-Yo Ma, pour explorer les époques et les lieux où les musiques classiques et africaines se sont croisées.
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Pour définir sa collaboration avec Angélique Kidjo, Yo-Yo Ma décline un concept écologique, celui du « edge effect », l’effet « lisière », ou comment la rencontre de deux écosystèmes en produit un troisième, générateur de nouvelles formes de vie. Ce processus, dit le violoncelliste, a donné naissance au jazz, ou dans un passé plus lointain, à la sarabande.
« Nous sommes des chercheurs culturels », explique Yo-Yo Ma. Des curieux patentés qui, plutôt que de cultiver leurs différences, ont décidé d’explorer les zones de convergence. « Angélique Kidjo est née au Bénin, elle est passée par la France, les États-Unis. Moi, je suis né à Paris de parents Chinois partis à New-York. Nous sommes des migrants, voilà l’identité profonde que nous partageons ».
Voici donc réunis nos deux impétrants d’excellence —  pour chacun, plusieurs Grammy Awards et le Polar Music Prize. Elle, chanteuse populaire, lui musicien classique, ont en commun de se soucier de la genèse de leurs musiques. Ce faisant, ils ont tissé une toile d’humanité, de folle humeur, de hasards et de vagabondages. Au fil de leur quête, ils ont prouvé que l’africanité avait traversé les siècles. Ils ont, dit Angélique, découvert que « la musique africaine et la musique classique avaient une histoire commune riche et inédite que nous avons décidé de raconter ». Afin que cesse l’occultation syst��mique de l’apport africain, ils ont conçu Sarabande Africaine.
Avant de se projeter vers l’Orient, en fondant en 2000 le Silkroad Ensemble, Yo-Yo, le brillant élève de la Juilliard School, avait fait une incursion chez les bushmen Kung du désert du Kalahari, à la frontière de la Namibie et de le Botswana, parce qu’il en il admirait la musique. Pendant ce temps, Angélique Kidjo, projetée dans la lumière de la pop africaine et de la sono mondiale depuis la sortie en 1991 de Logozo chez Island Records n’avait rien lâché, construisant une trilogie discographique basée sur les routes de l’esclavage (Oremi, Black Ivory Soul, Oyaya !).
Pour Yo-Yo Ma, le clan des passeurs, qu’elle et il, ont rejoint, est de la plus haute importance. Il y inscrit tout autant Antonín Dvořákque Nadia Boulanger, la professeure française de Leonard Bernstein, Pierre Henry, Quincy Jones, Astor Piazzolla, Philip Glass, et tant de génies contemporains, dont elle a libéré la pensée par son exigence de décloisonnement des musiques. Dans la même logique, Angélique Kidjo n’a pas craint de faire des incursions dans le domaine a priori clos des musiques dites « savantes », notamment en collaborant avec Philip Glass, avec qui elle a créé Ifé, Three Yoruba Songs en 2014. De Glass, elle a aussi interprété la Symphonie n°12, dite Lodger, sur des paroles de David Bowie, en y apportant la force d’une voix ancrée dans la tradition orale du Golfe de Guinée.
Dans le même désir de rupture, Yo-Yo Ma a intensément interprété les œuvres d’Antonín Dvořák.  « Dvořák, qui a dirigé le Conservatoire National de musique de New York, avait pour assistant Harry T Burleigh, chanteur et grand connaisseur des negro spirituals », très présents dans la Symphonie du Nouveau Monde. Dvorak était convaincu qu’il fallait puiser dans l’ensemble des cultures populaires, en particulier les cultures amérindienne et afro-américaine. « J’en suis maintenant convaincu, écrivait-il dans le New York Herald en mai 1893. L’avenir de la musique de ce pays s’appuiera sur ce que l’on appelle les mélodies noires. J’y ai découvert tout ce dont j’ai besoin pour imaginer une grande et noble musique qui peut faire école. »  La génération suivante, Duke Ellington, George Gershwin, héros musicaux qu’Angélique Kidjo chante, créa ce « edge effect », écosystème libre de la musique américaine, marqué par l’héritage des diasporas africaines.
Angélique Kidjo et Yo-Yo Ma se sont rencontrés le 11 novembre 2018 sous l’arc de Triomphe, lors du centenaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale. Au premier regard, ils s’entendent, ils s’écoutent, ils se reconnaissent. Ils ont des valeurs communes : la paix, la protection de « Mother Nature » (titre du dix-huitième album d’Angélique, paru en 2021), et l’éducation. « Et puis, dit encore Yo-Yo Ma, nous ne sommes pas coincés. Nos pensées ne sont pas rigides, pas catégoriques, et ainsi nous trouvons une sorte de vérité musicale ».
Devant plus de soixante-dix chefs d’États, Yo-Yo Ma interprète la Sarabande de la Suite n°5 pour violoncelle en do mineur de J.S. Bach. En hommage aux combattants africains de la première Guerre mondiale, Angélique Kidjo choisit Blewu, une chanson de paix et de patience écrite en langue mina par la Togolaise Bella Bellow, incluse dans son répertoire dès 1989. « Nous étions tous là, parce que, à la fin de la Grande Guerre, on a dit plus jamais, mais il y a eu la Seconde Guerre mondiale, puis à chaque grande tragédie, et à chaque fois, on oublie, c’est très pénible. », poursuit Yo-Yo Ma.
Pour résister aux effets mortifères du confinement de 2020, nos deux désormais complices enregistrent ce Blewu, en duo, voix, violoncelle – que Yo-Yo Ma a inclus dans son album Notes for The Future. « Ce dont nous avons parlé immédiatement avec Angélique, ce fut de la sarabande », poursuit Yo-Yo Ma. Puisant ses origines sans doute ses origines dans le Royaume andalou (Maures, Juifs, Wisigoths…) démantelée par les Rois Catholiques en 1492, la sarabande est apparue en Espagne à la fin du 16ème siècle. L’Inquisition voyait dans cette danse débridée la main Diable, un cadeau fait aux sorcières pour le sabbat. La sarabande migra chez les esclaves africains du Panama, revint en France sous une forme ralentie, proche du menuet de Cour. Au début du 18ème siècle, elle inspira brillamment Haendel, et devint, selon Yo-Yo Ma, le « cœur des six Suites pour violoncelle seul de Bach », qu’il a enregistrées dès 1983.
Croisements de hasards : Angélique Kidjo adore Bach. En 2008, elle entend un mouvement du concerto pour clavier BWV 1056 de Bach, inséré dans le documentaire d’animation Valse avec Bachir, de Ari Folman. Elle y place des paroles en mina, et l’intitule Aisha. « Je l’ai beaucoup chantée dans Mots d’Amour, le récital conçu avec le pianiste classique français Alexandre Tharaud », où figure également La Foule. Archétype de la chanson française, ce titre culte d’Edith Piaf est en réalité l’adaptation par le parolier Michel Rivgauche de Que nadie sepa mi sufrir, composé par l’argentin Angel Cabral, d’après une valse péruvienne.
Angélique est née à Ouidah, elle a fui en France la dictature marxiste du président Kérékou. Yo-Yo est de famille chinoise, et fut très tôt repéré pour sa virtuosité par, entre autres, le violoncelliste catalan et antifranquiste Pablo Casals. Ils sont Français et partage un amour vif de la langue française. Angélique a inclus dans son programme la lecture de L’Horloge, un poème de Charles Baudelaire qui fut le compagnon d’une vie de la comédienne Jeanne Duval, femme créole née à La Réunion.
Trait d’union encore, le plaisir de la musique. Admirateur de la Philosophie des Lumières, Yo-Yo Ma lui retire cependant un point : la séparation du corps et de l’esprit, et la prédominance de ce dernier. « Or, la musique en scelle la fusion, il faut des muscles efficaces pour jouer Bach. Ou pour chanter. Le groove doit être ressenti dans le corps, qui n’est pas un métronome ». Angélique danse, s’empare avec volupté des rythmes, chante sans limites. Yo-Yo Ma joue, partout, avec gourmandise. « Le violoncelle est charnel, je n’essaie pas de sortir le plus beau son du violoncelle, mais de suggérer le son d’un tambour, d’une voix, de l’eau, de l’acier. La flexibilité du violoncelle me permet de suggérer tout ce qui existe dans la nature ».
Angélique Kidjo et Yo-Yo Ma auraient pu se limiter à un duo. Mais ils ont choisi de faire groupe, avec deux musiciens d’origine caribéenne, compagnons de route de la chanteuse, David Donatien (percussions) et Thierry Vaton (piano). Donc, une foi encore, il a fallu inventer, adapter. « Michael Riesman [directeur du Philip Glass Ensemble] a fait un travail remarquable en transcrivant les 110 musiciens de l'orchestre philharmonique en un trio », s��amuse Angélique Kidjo, un nouveau « edge effect » en perspective.
Véronique Mortaigne, Novembre 2023
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clarajblogdsaa · 1 year
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Face aux murs...
Nous voilà repartis avec la classe pour une nouvelle sortie en ce vendredi après-midi. Après plusieurs péripéties avec les bus d’Île-de-France, nous rejoignons in extremis Madame Joly et le reste de la classe à Nogent-sur-Marne. Le soleil brille sur la cour de la MABA, la Maison d’Art Bernard Anthonioz, un centre d’art contemporain créé en 2006 par la Fondation des artistes. Aujourd’hui, c’est pour une exposition toute particulière que nous nous y retrouvons. En effet, la MABA organise trois expositions par an autour des disciplines de la photographie et du design graphique. Exceptionnellement, ces deux domaines s'entrecroisent à travers la monographie consacrée à la graphiste, artiste et directrice d’images Alice Gavin nommée à partir du nom de son studio, ALICEGAVINSERVICES™. 
Cette exposition a lieu du 14 septembre au 17 décembre 2023 et contient des archives réinterprétées du travail d’Alice Gavin entre 2018 et 2023. La spécificité de cet événement vient d’une part, que c’est la première monographie présentant le travail d’une femme à la MABA et d’autre part qu’il n’y a pas vraiment de commissaire d’exposition. Anna Dotigny s’est occupée de la coordination entre l’artiste et la MABA, mais pour tout le reste, Alice Gavin avait carte blanche. Cela est intéressant, car c'est elle qui a pensé la scénographie de ses projets ainsi que le graphisme et la médiation autour des œuvres. Ce projet a donc été quasiment pensé dans sa globalité par Alice Gavin, ce qui est une composante essentielle de son travail en tant que designeuse. 
En effet, elle a pour habitude de détourner les codes du graphisme en décloisonnant les pratiques. Sur un projet, est est tout autant graphiste qu’artiste que le directeur artistique, car elle souhaite aborder un travail dans sa globalité pour ensuite dialoguer avec son commanditaire. De ces échanges, naît une collaboration qui se répand dans tous les aspects graphiques nécessaires au projet autant du print au web, de la photo au graphisme éditorial qu'à la création de caractère typographique. Cela apporte une approche plus sensible et inattendue à ses projets ainsi qu’un suivi beaucoup plus long du travail avec le commanditaire. On a l’impression qu'à partir d’une demande initiale, tout un réseau de pensées et de solutions graphiques se créent et évoluent selon les nouveaux besoins et facettes du projet abordé. Alice Gavin considère maintenant sa pratique comme de la direction d’image afin d'évoquer ce statut hétéroclite de designeuse qui fait se superposer et se confondre plusieurs approches du travail artistique.
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Logotype du studio ALICEGAVINSERVICES™, Découpe laser, PMMA 3mm miroir, 15cm de haut, 2023.
La promesse de cette exposition se trouvait donc dans cette approche différente du design, décloisonner la discipline pour découvrir une nouvelle approche, une nouvelle façon de penser le graphisme. Cette problématique s’est tout de suite sentie dans le parcours proposé. Deux chemins se présentent à nous au début de l'exposition. À gauche, un couloir menant à son travail de directrice d’image, à droite un couloir menant à son travail de design graphique. Je m’engage dans ce dernier sans savoir à quoi m’attendre. Le défi d’Alice Gavin à travers l’exposition de son travail était de trouver comment exposer son travail sans avoir recours au tout numérique ou bien à de gros recueils sous forme éditoriale… 
Cette pensée commence directement sur le mur où sont accrochés ses logotypes pour diverses marques. Cela me surprend tout de suite, car ils sont découpés dans des miroirs, comme si elle nous invitait dans son travail. En continuant, c’est ce même procédé qui va se répéter crescendo jusqu'à la dernière salle.
 En effet, les murs sont investis de son travail, mais d'une manière tout à fait singulière. Dans les premières salles, ses caractères typographiques sont collés à même le plâtre blanc des parois, imprimé en grand. Si grand que ces lettres aux formes très libres et organiques ressemblent à des sortes de plantes dansantes devant nous, petits insectes. Cela exacerbe la sensibilité et le geste faussement naïf qu’elle utilise. Il en va de même dans les autres où ses travaux sont agrandis et présentés le plus simplement possible. Cela nous permet de voir ces projets créatifs d’une tout autre manière. Leur taille permet non seulement d'évoquer la taille du travail effectué par Alice Gavin dont les projets sont souvent de longues évolutions, mais aussi de nous amener au plus proche de sa pensée et des gens avec qui elle travaille. 
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Typographies de "formes libres" pour TRAX x NEZAH x ALICEGAVINSERVICES™, impression numérique & plexiglass, 2450 x 1600mm, 2023. [Archive 2022 : merchandising Design graphique Alice Gavin].
J’ai été surtout frappé par cela dans sa manière d’exposer son travail de direction et design éditorial pour la réalisation du livre Danser l’image pour l'exposition du même nom en collaboration avec le ballet national de Marseille direction (LA)HORDE. Alice Gavin a beaucoup travaillé avec et ce projet un maillon d’un rhizome beaucoup plus grand autour de la direction d’image qu’elle a réalisé pour le ballet. En entrant dans cette salle, à notre droite se trouve le livre fini accroché au mur, librement consultable. De l’autre côté, se trouve son chemin de fer, étalé page à page sur toutes les surfaces restantes de la pièce. C’est incroyable de pouvoir comparer d’un côté l’objet fini, condensé et de l'autre, la taille réelle et saisissante du projet réalisé ! On se sent happé dans le livre tout en se rendant compte que cet objet banal nous cachait.
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DANSER L'IMAGE. Le Ballet national de Marseille direction (LA)HORDE. , JBE Books, 464 pages, 20 x 28,5 cm, 1300 images, Parution en décembre 2022, édition en français.
Néanmoins, et ce sera là l'unique problème que j’ai pas eu pour cette exposition, c’est qu’elle manque cruellement de contexte. Je ne vous ai là parlé que de quelques œuvres présentent, mais toutes celles-ci sont très bien présentées et se dévoilent à nous graphiquement sensiblement. On peut les toucher, elles sont à notre échelle et à leur caractère brut et organique à quelque chose de fort et familier ! Mais impossible d’aller plus loin, le dialogue se coupe brusquement, car aucune information n’est disponible sur les enjeux ou le processus créatif les ayant fait naître. Il y a bien quelques informations sur le plan de l’exposition, mais à part cela, rien d’autre. On finit sur sa faim et un peu hagard de ne pas pouvoir comprendre des projets qui ont pourtant capté toute notre attention… 
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Le Banc, un spécimen typographique expérimental, Banc Specimen, powder coated aluminium, trois modules, dimensions variables, 2023. Conception originale et dessin par Alice Gavin, réalisé en collaboration avec Alexandra Gerber pour l'exposition ALICEGAVINSERVICES™ à la MABA.
Le pari concernant la scénographie des projets d’Alice Gavin était donc plus que réussi, ce fut un moment très inspirant pour moi sur comment créer du lien entre un public et du graphisme. De l’autre côté, ALICEGAVINSERVICES™, se passe d’une médiation qui lui aurait sûrement sublimé le travail déjà présent. Cela fait plusieurs années que le monde de l’art contemporain aime se passer d'explication comme si cette dernière briserait la force hypnotique des œuvres alors même que c'est le processus et la réflexion de l’artiste qui donne toute sa saveur à un projet. Je peux ne pas aimer la forme, j’en aimerais la construction et les idées !  
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Objectifs pour le blog de cette semaine : 
Langue : 
être consciente du temps verbal utilisé et le choisir logiquement (éviter de passer du présent au passé sans raison…)
faire des moins longue sans expressions alambiquées 
Analyse : 
être moins dans la narration pour analyser plus précisément.
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anthosvtr · 1 year
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ALICEGAVINSERVICES™, UNE EXPOSITION SOUS LA FORME D'OEUVRE TOTALE
C’est à la fondation MABA que nous nous dirigeons ce vendredi 22 septembre. Fraichement arrivé dans la région parisienne, j’apprécie pouvoir découvrir ce genre de lieux moins populaire. La MABA est un centre contemporain ouvert en 2006 à l’initiative de la Fondation des Artistes. La fondation aide à la diffusion et au développement d’artistes à l’internationale. La MABA, quant à elle, aide les artistes en mettant à leur disposition plus de trente ateliers et en soutenant chaque années des écoles d’art. Présent à Nogent-sur-Marne la MABA dispose par ailleurs d’un EHPAD prévu spécifiquement pour accueillir des artistes provenant de tout milieu. Le centre permet par ailleurs à ses résidents d’exposer.
Chaque année le centre présente trois expositions différentes autour des sujets suivant : le graphisme, l’art contemporain et l’image animée. C’est dans cette envie de représenter le milieu du design graphique que l’exposition d’Alice Gavin intervient. Bien que d’autres artistes-autrices aient déjà exposé là-bas, cf l’exposition « Variation Épicènes » sous le commissariat de Vanina Pinter, l’exposition d’Alice Gavin s’impose comme la première monographie d’artiste-autrice féminine que le centre propose.
Alice Gavin, c’est une graphiste autrice qui ne se refuse rien, en effet, sa conception du graphisme est large, s’étendant du design graphique simple à la direction d’image, la typographie et bien plus encore. Elle souhaite représenter le graphisme autrement que par l’espace défini que l’on réserve habituellement à ces oeuvres en 2D, fini l’élément fixe, encadrés et accompagné d’un simple cartel. Au cours de cette exposition, Alice Gavin se demande plutôt comment présenter son travail en rapport avec l’espace qu’il occupe, poussant les limites de ces créations hors-cadre.
Et c’est plutôt réussi puisque l’exposition, en son ensemble fait écho au oeuvres multiples rencontré il y a quelques semaines au Multiple Art Days. Celle-ci me donne l’impression d’être une un œuvre totale en elle-même, plutôt qu’une simple exposition. L’exposition se déploie sur plusieurs étages, les objets ne sont pas réduit à leur simple forme, mais composent un tout avec l'environnement. Cela se confirme notamment lorsque l’on se retrouve devant un immense chemin de fer qui prend la forme d’une pièce en elle-même ou bien encore une fois à la fin de l’exposition lorsque l’on culmine dans une pièce entièrement monochrome qui nous présente trois bancs, spécimens typographiques appeler à être déplacé et manipuler par le visiteur. La monochromie entraîne le détachement des bancs de l’environnement et permets leur mise en valeur. Permettant par ailleurs aux spectateurs de basculer entièrement dans cet espace typographique. 
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Photo du spécimen typographique réalisé pour l'exposition et du chemin de fer, projet éditorial réalisé en collaboration avec le Ballet National de Marseille.
Ce qui confirme cet aspect total, c’est le niveau de réflexion posé par l’artiste elle-même en effet, elle est autant la scénographe, que la commissaire, que l’artiste de cette exposition. Certes les éléments ne sont pas réalisés spécialement pour l'événement mais leur scénarisation, l'est. L'artiste va plus loin en allant jusqu’à réaliser les brochures de l’événement. Et bien que l’exposition soit majoritairement constituée de collaborations, l’artiste-autrice se déploie sous différentes facettes, en tant que graphiste, typographe, directrice artistique, et en présentant des productions aux moyens multiples.
Par cette réflexion scénique dépassant les réalisations, on plonge en réalité dans l’univers de l’artiste tout comme Alice bascule au pays des merveilles.
Cependant, si je devais émettre une critique face à cette exposition, c’est que j’aurais aimé connaître le chemin artistique qui a mené l’artiste à cet univers graphique aux multiples facettes. Je comprends l’absence de cartel dans une idée de décloisonner les œuvres de leurs formes physiques, les étendre à l’espace. Mais je déplore peut-être l’absence d'une pré « entrée », d’une pièce qui ferait office d’introduction au parcours de l’artiste.
Je ressors donc sur ma faim avec plein de questions, mais peut-être qu’au final, cela confirme l’aspect d’œuvre totale qui émane de cette visite.
3960 caractères avec espace.
Objectifs : Apporter une problématique et y répondre, Porter plus attention à l’élaboration des phrases, Éviter les formulations trop longues,
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thierrylidolff · 1 year
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VIVRE EN LITTÉRATURE : SAINT GERMAIN DES PRÉS, LE CLUSTER DE L’ÉDITION - SE RÉJOUIR D’UN AFFAIBLISSEMENT ?
La transformation de Saint-Germain-des-Prés et Montparnasse Hausse des prix des loyers, explosion du foncier, plusieurs grands noms de l’édition ont récemment quitté Saint-Germain-des-Prés et Montparnasse pour se replier dans des arrondissements moins prisés ou de l’autre côté du périphérique. Le signal que la littérature française pourrait se décloisonner ? C’est le thème de l’article ci…
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MARDI 8 AOÛT 2023 (Billet 2 / 4)
« L’ATELIER DES LUMIERES »
Un peu d’histoire sur le lieu (trouvée également sur le Site de « l’Atelier des Lumières »)
La fonderie du Chemin-Vert fut créée en 1835 par les frères Plichon pour répondre aux besoins de la marine et du chemin de fer pour des pièces en fonte de grande qualité. 
L’usine occupe alors un terrain de 3 126 m2 et emploie 60 personnes. Elle produisait des moulages de toutes pièces en fonte de fer sur plans et sur modèles jusqu’à 10 tonnes. Les pièces fabriquées étaient ensuite utilisées pour la marine de guerre, les locomotives, les moteurs à explosion et à diesel.
Le 21 février 1859, Jacques François Alexandre transmet la fonderie à ses deux fils Jean et Edouard. Ils s’associent sous la raison sociale Plichon Frères.
Quatre générations de Plichon se succèdent dans la fonderie et pendant une centaine d’années, l’affaire est prospère.
En 1929, la crise internationale précipite la fin de l’affaire, déjà très concurrencée par la soudure, la forge et les premières matières plastiques.
En 1935, la société est dissoute et le terrain et les immeubles sont vendus à la famille Martin, les actuels propriétaires.
Pendant 65 ans, l’ex-fonderie abrite une entreprise spécialisée dans la fabrication et la vente de machines-outils. La grande halle sert d’espace d’exposition pour ces dernières.
En 2000, l’entreprise déménage.
En 2013, Bruno Monnier, Président de Culturespaces, découvre l’ancienne fonderie inoccupée et a l’idée de créer à Paris un Centre d’Art Numérique. La famille Martin, séduite par ce projet, accepte de lui louer la grande halle et ses annexes.
« Le rôle d’un centre d’art est de décloisonner, et c’est pourquoi le numérique doit prendre sa place dans les expositions du XXIe siècle. Mis au service de la création, il devient un formidable vecteur de diffusion, capable de créer des passerelles entre les époques, de faire vibrer les pratiques artistiques entre elles, d’amplifier les émotions, de toucher le plus grand nombre. » (Bruno Monnier, Président de Culturespaces)
En 2018, après d’importants travaux (toiture, isolation…), « l’Atelier des Lumières » ouvre ses portes au public le 13 avril. La première année, 1,2 million de visiteurs découvrent « l’Atelier des Lumières. »
Quand et comment venir à « l’Atelier des Lumières » ?
38 rue Saint Maur  75 011 Paris
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En Métro : ligne 9 (stations Voltaire, Saint-Ambroise), ligne 3 (station Rue Saint-Maur), ligne 2 (station Père Lachaise)
En bus : 45, 56, 61, 69 
Tarifs :
Tarif famille : 48€, Plein Tarif : 16€, Tarif + de 65 ans : 15€, Tarif jeune : 11€
Un tarif préférentiel de - 2 € en réservant sur le Site (la réduction est déjà appliquée sur les prix affichés ici).
Ci-dessous, le lien pour réserver le jour et l’heure :
L'Atelier des Lumières - Billetterie (tickeasy.com)
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