Tumgik
#Il traîne depuis un moment celui-là
elcoco005 · 2 years
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Did someone say light Pendranièvre smut 👀 ?
Pour le contexte : CD où Guenièvre a accompagné Arthur jusqu'au phare
Enjoy 💗
Un fol instant
Le phare trembla.
L’histoire de quelques secondes pas plus, ses pierres chancelèrent, la porte vibra et le bois grinça sous les lourdes secousses.
Les yeux maintenant ouverts, le regard d’Arthur se porta en haut du phare où le feu brûlait toujours ardemment dans le ciel oscillant entre une teinte émeraude et turquoise. Dehors il y avait des bourdonnements de voix et Arthur se demanda même si père et fils pêcheurs s’étaient enfin retrouvés.
Il tira sur le fin tissu qui lui servait de couverture pour la nuit et en recouvrit ses épaules, passa ses jambes hors du hamac, puis s’engagea prudemment vers la sortie
Par les fentes de la porte l’air glacial se faufilait à l’intérieur et celle-ci vibrait sous les bourrasques du vent marin. Arthur y posa sa main ornée d’une bague du passé. On ne pouvait plus s’y méprendre, les voix dehors étaient des rires d’enfants. Arthur laissa sa main glisser contre le bois sombre et pendant un terrifiant instant, ses doigts tremblèrent contre le loquet.
Il l’ouvrit.
Sur le ponton, l’air brûlait sa peau et engourdissait ses doigts cramponnés autour de sa couverture. Chaque respiration le frigorifiait de l’intérieur, le vent furieux balayait ses mèches de son visage et les vagues remuaient et s’écrasaient contre la pierre en de violents éclats.
Mais le ponton était vide, la mer se déchaînait sans aucun marin pour en subir ses foudres, pourtant les rires persistaient, fusaient et se mélangeaient. Les enfants riaient et criaient avec la mer.
Ils l’appelaient. Sa voix tremblante se perdait dans la bourrasque.
Arthur s’avança, appelant à son tour. Soudainement protecteur, soudainement père. La voix de Merlin s’éleva, puis celle d’Anton, rassurante et réconfortante, puis un rire familier s’éleva soudainement à son tour et Arthur frissonna en le reconnaissant. Il aurait pu la reconnaître entre mille cette voix chaude, pénétrante et rocailleuse qui l’avait inspiré, guidé et tant appris. César.
Ses pères. C’était tous les pères de sa vie qu’il entendait. Ceux qu’il avait eus, ceux qu’il avait perdu et celui qu’il avait été – en quelque sorte - pour son royaume pendant des années. Il frissonna, sa fine couverture ne servant plus contre les coups de fouets glacials des bourrasques.
Les vagues se déchaînaient et s’entrechoquaient à présent, elles prenaient des hauteurs monstrueuses. Arthur les regardait, effaré. Elles pourraient engloutir le phare. Le vent et l’eau s’y abattaient et à son sommet le feu continuait de brûler. Les rires se faisaient plus lointains. Arthur appela à nouveau, se détourna puis se retourna abruptement vers le phare quand une pensée effroyable l’envahit.
Guenièvre était encore à l’intérieur.
Il regarda alors les vagues qui se dressaient en riant, prises d’incontrôlables soubresauts comme si elles avaient entendu la meilleure blague de l’Empire celte. Leurs voix empruntaient mille et une modulations, tantôts rauques, tantôt cristallines, tantôt enfantines se masquant en des rires d’enfants pour mieux l’attirer, pour mieux l’attraper.
Elles prenaient une allure démonique.
Arthur se précipita vers la porte, mais avant qu’il ne puisse l’atteindre la mer les engloutit, le ponton, le phare et Guenièvre avec.
_______
Arthur manqua de les faire basculer du hamac en se redressant aussi violemment qu’il le fit et Guenièvre poussa un petit cri de surprise et s’accrocha à lui par réflexe.
Il prit lentement conscience d’où il se trouvait, des petites mains de Guenièvre agrippées à ses manches, du contraste entre sa peau blanche et le noir de sa tenue. Il frissonna alors que son corps essayait de se débarrasser des derniers vestiges de son rêve.
« Bon dieu, mais à quoi rêviez-vous ? » Guenièvre lui demanda une fois qu’ils furent tous les deux stables, « Ça fait dix minutes que je vous secoue comme une salade pour vous réveiller »
« …À rien. Dormez. » Il répondit lentement pour chasser la peur étreignant ses entrailles.
Il repoussait Guenièvre comme toujours. L’habitude était encrée chez lui comme un réflexe auquel on n’accorde aucune attention.
Guenièvre le scruta de ses yeux emplis de bienveillance et d’inquiétude et une colère sourde et inexplicable monta en lui. Il serra les dents, sachant que si il se laissait aller il allait commencer à lui crier dessus. Il ne supportait plus sa gentillesse ni son amour.
L’amour que Guenièvre lui portait était devenu une torture pour lui, il aurait préféré qu’elle réponde à ces années d’abus, d’insultes et d’humiliation avec de la haine, il savait gérer la haine. Celle de sa mère, celle de Mevanwi, celle de Lancelot. L’amour, en revanche, pas tellement.
De toute façon l’amour n’avait jamais été suffisant ni au bonheur ni à la paix d’esprit ni à quoi que ce soit. C’était une leçon qu’il avait apprise tôt et qu’il avait réapprise encore et encore tout au long de sa vie.
Il l’avait appris recroquevillé en boule dans un coin du dortoir dans un pays étranger, seul, perdu, souffrant, le pied rougi et le cœur meurtri, appelant, nuits après nuits, Anton, Merlin et Vivianne sans jamais que qui que ce soit ne lui réponde à part le silence.
Il l’avait réappris lorsqu’il s’éloignait des côtes mauritaniennes par la mer, l’odeur de Shedda chatouillant encore ses narines et le regard de Furadja gravé dans son esprit.
Il l’avait appris quand Aconia avait jeté sa robe à ses pieds.
Il l’avait appris quand le soleil se couchait dans le ciel ensanglanté de Rome et que le souvenir des poignets en sang de César et des derniers mots de Mani étaient encore frais.
Il l’avait appris quand Lancelot lui avait tourné le dos et quand il avait dû renoncer à Mevanwi.
L’amour, ce n’était jamais assez.
Mais sa femme à lui, elle ne se déterrait pas ni face à ses peurs ni face à ses secrets. Elle continuait de prendre soin de lui, de lui sourire, de le soutenir, de prendre ses mains dans les siennes, les porter à sa bouche et exhaler dessus pour les réchauffer du froid printanier des routes, le soir. Elle avait toujours été prête à lui donner cet amour dont il avait cruellement eu besoin, mais fidèle à son passé ça n’avait pas été assez pour Arthur
Elle n’avait même pas 20 ans quand elle s’était retrouvée avec le poids de cette alliance politique sur le dos. Elle avait des rêves plein les yeux et de la romance plein le cœur et oh comme il lui en avait voulu.
Il était rentré de Rome magané, abattu et furieux contre la Bretagne et tous ceux qui s’y trouvaient. Il en voulait au ciel et à la terre, aux dieux comme à lui-même.
Il en avait voulu à tous et à elle particulièrement. Comme si elle avait été responsable de ce mariage et de son malheur.
Il lui en avait injustement voulu et il lui avait fait payé.
Des larmes se mirent à dévaler ses joues avant qu’Arthur ne puisse les arrêter ou même s’en rendre compte.
« Venez-ici, » Guenièvre susurra et la tête d’Arthur tomba lourdement sur son épaule. Il ne méritait pas cette étreinte, il ne méritait pas cet amour et cette femme. Il ferma violemment les yeux alors que les flammes de sa culpabilité lui léchaient les entrailles. Un sanglot déchirant s’arracha de sa gorge et l’étreinte de Guenièvre se resserra.
Plus elle l’aimait et plus il avait mal.
« Vous n’êtes pas seul. » Guenièvre chuchota contre son oreille. « Je ne vous laisserai jamais seul. »
Une tristesse abominable déformait sa voix, comme si elle savait déjà que ce ne serait pas assez pour lui. Après tout c’est bien ce qu’il lui avait fait comprendre toutes ces années, qu’elle n’était pas assez, qu’elle n’était rien, qu’il ne l’aimait pas.
Alors pourquoi était-elle encore à ses côtés, pourquoi continuait-elle d’apporter le peu de lumière qui lui restait dans sa vie ?
Pourquoi elle lui restait aussi loyale alors que lui avait choisi de rester loyale à une autre avant même que leur union ne soit prononcée ?
Cette loyauté qu’il avait exigée de ses chevaliers, des chefs de clans, des seigneurs bretons, des paysans autant que des nobles, c’est elle qui la lui offrait véritablement.
Car Guenièvre n’était ni loyale au roi ni à l’élu des dieux mais bien à lui, Arthur.
C’était elle sa seule constante, la seule à ne jamais avoir voulu l’abandonner jusqu’à ce qu’il ne lui laisse plus le choix. Elle avait toujours été plus qu’assez, c’est lui qui avait tout foiré parce qu’il avait toujours eu besoin d’elle et qu’il n’avait jamais autant eu besoin d’elle, mais il avait trop longtemps laissé pourrir tout ce qui aurait pu éclore entre eux.
Il avait ruiné à lui seul tout ce qui aurait pu être beau, lumineux et coloré dans sa vie, dans leur vie à tous les deux.
« Pardon, pardon, pardon, pardon » il répétait comme un mantra contre son épaule entrecoupé par ses sanglots et c’était peut-être le rêve ou peut-être l’épuisement de ces derniers jours mais il n’arrivait à plus à se contenir.
Avec du recul, ce qui sortait de sa bouche ne devait pas être hyper sensé pour Guenièvre mais elle restait abominablement tendre avec lui, comme si elle était consciente de l’importance du moment.
Elle continuait de lui déverser cette tendresse et cet amour inconditionnel qu’il n’avait jamais appris à gérer.
« Ça n’a plus d’importance, pitié ne pleurez pas comme ça » elle disait, puis « ça me tord le ventre de vous voir comme ça, je vous en prie calmez-vous… » et « qu’est-ce que je peux faire, dites-moi ce que je peux faire » elle demandait ; mais Arthur avait juste envie d’hurler sa souffrance qui l’écorchait à vif.
Et complètement désemparée et paniquée, Guenièvre continuait :
« Je peux vous rendre heureux, si vous me donnez une chance. Je vous le jure, laissez-moi essayer, » elle murmurait, suppliait presque. « Je pourrais vous les faire, moi, ces enfants. »
Ces mots eurent l’effet escompté et tout s’arrêta.
Arthur releva lentement son visage rouge et essuya ses yeux boursouflés d’un revers de manche pour la dévisager.
« Ne…Ne dites pas des choses comme ça. »
« Quoi, vous croyez que je vous dis ça en l’air après avoir vu tout ce que ça représentait pour vous ? » Guenièvre s’agitait et il pouvait voir les premiers signes de colère dans son regard.
« Non, je sais que vous êtes sérieuse mais je vous répète : ne dites pas des choses comme ça » Arthur articula les derniers mots sans jamais la lâcher du regard. Il respirait fort et pouvait à nouveau sentir cette colère enfouie au fond de lui monter à la surface.
« Et pourquoi, parce qu’il n’y a que vous qui peut se sacrifier, c’est ça ? C’est vous le martyr et personne d’autre ? »
Ils se défiaient du regard dans ce petit hamac, plus proches qu’ils ne l’avaient jamais été et il avait presque oublié ces derniers jours cette capacité unique de Guenièvre à le faire sortir de ses gonds en moins de deux.
« Ça suffit. »
« Non ! » Elle gronda « je suis celle qui vous voit dépérir à petit feu depuis des années et en plus maintenant je dois regarder ça sans rien dire et sans rien faire ? Je vous emmerde. »
Et Arthur ne voulait pas entendre, n’était pas capable d’entendre cette vérité alors il ne trouva pas d’autre moyen pour la faire taire que de l’embrasser. Il fondit sur ses lèvres et les dévora, la dévora. Il était glouton maintenant qu’il se laissait aller à Guenièvre.
C’était son premier baiser et Arthur n’était pas tendre, pourtant les lèvres de Guenièvre se mouvaient contre les siennes magnifiquement et elle le tenait dans ses bras comme elle l’avait toujours fait, elle le protégeait et l’enlaçait. Elle lui tenait chaud. Guenièvre trembla un peu d’abord puis fut prise de frissons incontrôlés, ses respirations se coupaient et s’entrechoquaient, rappelant un peu à Arthur celles d’une personne qui suffoquerait. Une des mains d’Arthur s’agrippa à sa nuque blanche tandis que l’autre descendit lentement dans le creux de sa hanche. Guenièvre s’allongea, le tirant avec elle.
Le hamac tangua, ses filets les collant et les enserrant.
Leurs corps se découvraient enfin et dansaient parfaitement l’un contre l’autre. Les mains de Guenièvre s’enfouirent dans les boucles noires d’Arthur tandis que ses longues jambes remontèrent doucement le long des côtes d’Arthur, laissant sur leur chemin une étrange et agréable sensation de brûlure.
Une de ses mains toujours accrochée à la nuque de Guenièvre, il caressa de ses longs doigts la joue glacée de Guenièvre en un mouvement circulaire et cruellement tendre. Elle blottit sa joue contre sa peau et déposa une myriade de petits baisers humides contre sa paume. Elle releva son regard fiévreux pour se perdre dans la noirceur de ses yeux.
Les lèvres d’Arthur délaissèrent la bouche de Guenièvre pour se poser à la commissure de ses lèvres gonflées puis suivirent le contour de sa mâchoire et, dans le silence presque révérencieux entrecoupé par leurs soupirs et leurs respirations, Guenièvre n’émettait que des petits râles de bonheur.
Collé contre elle dans ce phare glacé, le corps d’Arthur le brûlait et le sexe d’Arthur, jusqu’à là oublié, remua paresseusement entre ses cuisses. Ses lèvres continuaient de descendre encore et encore jusqu’à ce qu’il embrasse le tissu humide recouvrant le creux entre ses deux seins. Là, il releva ses yeux vers elle et malmena ses lèvres, tiraillé, hésitant.
« Est-ce que…? » Il commença incertain comme il l’avait rarement été auparavant avec une femme. « Qu’est-ce que…Qu’est-ce que je peux avoir ? »
Il n’avait pas anticipé que sa voix sonnerait aussi fragile et tremblante en posant cette question et tenta de se racler la gorge, mais en dessous de lui Guenièvre lâcha ses boucles noires pour encadrer son visage de ses mains et plongea son regard noisette dans le sien plus sombre que le ciel des nuits d’hiver.
« Tout ce que vous voulez, vous le savez bien… » Elle soupira, inconsciente de la puissance de ses mots.
Arthur frissonna. Si elle était sa reine, il n’était plus qu’un autre de ses sujets obligé par serment de la servir comme elle l’exigeait et Arthur n’avait jamais voulu se soumettre à qui que ce soit autant qu’il voulait l’être à elle à cet instant précis.
Il s’arracha donc à sa tâche et scella à nouveau leurs bouches, impatient. Il n’entendait plus rien sauf ses gémissements, ne goûtait plus rien sauf ses lèvres, ne sentait plus rien sauf son odeur fruité. Tous ses sens ne criaient que Guenièvre, Guenièvre, Guenièvre et son sexe se réveilla abruptement, engorgé et douloureux, prêt pour elle, uniquement pour elle.
Et Arthur aurait aimé prendre le temps d’aller doucement avec elle, de lui faire découvrir les choses de l’amour correctement, adéquatement comme elle le mériterait mais leurs sexes se rencontrèrent brusquement dans un crépitement électrique qui se faufila dans chaque parcelle de leur corps. Il poussa un grondement rauque contre la bouche de Guenièvre au même moment où elle cria son nom.
Et le peu de contrôle qu’il avait réussi à maintenir jusqu’à présent s’évapora en quelques secondes seulement. Ils s’agitèrent l’un contre l’autre, recherchant plus de sensations, plus de frictions et les couches de vêtements qui les séparaient de la peau de l’autre devenaient simplement une torture. Tantôt leurs langues dansaient l’une contre elle, tantôt leurs dents se cognaient, il n’y avait plus rien de tendre, plus rien de doux il ne restait qu’une animalité incontrôlée.
Mais Guenièvre ne savait pas, elle ne pouvait pas savoir l’importance de ce qu’il était en train de faire, de ce qu’il était en train de laisser aller, de ce qu’il était en train de lui dire sans mots à cet instant et c’était tout bonnement inacceptable. Alors Arthur, les mains violemment agrippées aux cuisses de Guenièvre la redressa et l’assit sur lui tandis qu’elle entoura son cou de ses bras.
Il posa son front contre le sien et ferma les yeux, les mots qu’il voulait désespérément lui dire coincés dans sa gorge. Ils tournoyaient, s’épaississaient, l’étranglaient.
Mais Guenièvre saisit son menton, le forçant à ouvrir les yeux, le forçant à la regarder. Elle sifflait à travers ses dents et ses paupières papillonnaient mais son regard embrumé par le désir ne le quittait pas.
Ils se regardèrent alors silencieusement, continuant de remuer paresseusement leurs deux bassins ensembles. Leurs souffles se mélangeaient, leurs pensées se mêlaient.
« Dites-le moi. » Guenièvre murmura et les mots mourraient dans son souffle court et l’air était étouffant. « Dites-moi ce que vous voulez me dire. »
Arthur secoua lentement tête, ses yeux s’embuant de larmes. Il n’était plus capable d’aimer, il en avait perdu la capacité quelque part entre les côtes d’Afrique et celles d’Italie. Il ne pouvait pas, il ne pouvait pas, il ne pouvait plus…
…Mais il avait privé Guenièvre de tellement de choses au fil des années, s’il y avait une chose qu’il ne pouvait réellement plus faire c’était de laisser leur relation pourrir une nouvelle fois à cause de ses peurs et de ses secrets.
Il l’aimait, il était enfin prêt à l’aimer et elle méritait de savoir.
« Guenièvre… »
Des coups tambourinèrent à la porte et une voix résonna dans le phare.
« C’est vous qui avez demandé un guide ? »
Les deux amants se regardèrent, elle le souffle haché et la peau humide, lui les yeux larmoyants et les lèvres entrouvertes.
« C’est vous qui avez demandé un guide ? »
Est-ce qu'on peut faire tout ça dans un hamac ? Pas sûr.
Est-ce que ça m'arrête ? Clairement pas 😂
24 notes · View notes
lignes2frappe · 1 year
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ARME, DROGUE ET CASH : RETOUR SUR « OUEST SIDE » DE BOOBA
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Ouest Side, ou l’album qui a décomplexé le rap français.
Après deux premiers solos qui lui ont donné les moyens de ses ambitions (le crépusculaire Temps Mort, le grinçant Panthéon), Booba, 29 ans, embrasse pleinement la vibe gangster qui règne outre-Atlantique.
S’il s’autorise tous les excès du genre (que ce soit dans les thèmes, les textes ou l’imagerie), loin d’être aussi bête et méchant qu’il essaye de s’en donner l’air, il sait saupoudrer sa musique de ce qu’il faut de finesse.
Résultat, quand le 13 févier 2006 Ouest Side arrive dans les bacs, le disque rencontre non seulement un succès commercial colossal (un demi-million d’exemplaires écoulés, et en physique s’il vous plaît), mais l’onde de choc qu’il provoque est telle que c’est à se demander pourquoi sa date de sortie n’a pas été depuis rendue fériée.
Dix sept ans après ce séisme, le moment est venu de décrypter du sol au plafond toutes ses références.
Ses racines
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La ref’ ? : Le titre de l’album
Non, Ouest Side ne dédicace ni la Bretagne, ni la Californie, mais son fief des Hauts-de-Seine (la banlieue ouest parisienne) et le Sénégal (la côté ouest africaine), là où est né son père, Seydou Nourou Yaffa.
Bref, « au nord, au sud, à l’est, à l’ouest, biatch, viens pas tester la Ouest Side ! »
Malcolm X
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La ref’ ? : La pochette de l’album
En mars 1964, le prédicateur de la Nation of Islam pose chez lui dans sa maison du Queens, à New York. Carabine M1 dans la main droite, il écarte les rideaux de sa chambre de la main gauche pour observer ce qui se trame dans la rue.
Bien que mise en scène par le photographe Don Hogan Charles, la photo penche malheureusement plus du côté de la réalité que de celui de la fiction : en février 1965, cette même maison sera attaquée à la bombe en pleine nuit, tandis qu’une semaine plus tard, le 21 février 1965, Malcolm X sera assassiné par balles en plein meeting.
L’idée de reprendre ce cliché est venue d’Armen Djerrahian (des clips et des shoots pour Groove, L’Affiche, Get Busy, La Cliqua, la Fonky Family, 50 Cent, Usher, Rick Ross…) avec qui Booba collabore depuis Temps Mort.
« Booba m’a demandé de passer en studio pour me faire écouter Ouest Side. Il était d’une telle arrogance dans ce disque que j’ai tout de suite pensé à ceux qui allaient le jalouser. Un peu comme cette fameuse image de Malcolm X, je voulais représenter cette éventuelle parano de sa part. »
Tony Montana
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La ref’ ? : « Sous coke comme Tony M., tes balles je me les enfile » sur Mauvais garçon
Antihéros de l’Amérique moderne, le « bad guy » de Miami en a sniffé des pistes de ski avant de terminer les bras en croix dans sa piscine, sans même comprendre ce qui lui arrivait.
Dans la vraie vie, ses chances de survie auraient cependant été encore moindres : outre le fait que la fusillade qui conclut le film lui aurait été très probablement fatale dès le premier coup de feu, la cocaïne accélère les saignements.
Fallait écouter Franck.
Le crime paie
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La ref’ ? : « Depuis le crime paie zéro défaite » sur Garde la pêche
Le morceau de Lunatic qui en 1996 a rebattu les cartes du rap français (« Seul le crime paie, aucun remord pour mes pêchés/Tu m’connais, j’suis assez bestial pour de la monnaie »).
Sorti sur la compilation culte Hostile, il a non seulement introduit le hardcore dans nos contrées, mais son succès a en sus convaincu Élie Y. de se lancer à temps plein dans la musique.
Bien lui en a pris : pour vivre de l’illicite, mieux vaut le rapper que le vivre.
Molière
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La ref’ ? : « J’suis meilleur que Molière, tatoué sans muselière » sur Garde la pêche, « J’veux pas mourir sur scène » sur Pitbull.
Le bourgeois gentilhomme, Les précieuses ridicules, Les Fourberies de Scapin… tout ça c’est bien mignon, mais a-t-on jamais entendu dans les pièces de Jean-Baptiste Poquelin des punchlines du niveau de « Si je traîne en bas de chez toi, je fais chuter le prix de l’immobilier » ou « MC t’as trop traîné ton cul sur les bancs de la fac, je vais faire un manteau de fourrure avec les poils de ta chatte » ?
Que ceux qui sont d’avis que l’on dise de la langue française qu’elle est désormais « la langue de Booba » lève la main.
Gorée
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La ref’ ? : « Gorée c’est ma terre, l’égalité c’est ma lutte » sur Garde la pêche
Ultra référencée tout au long de sa discographie (« On m’a détruit, déporté de Gorée » sur Hommes de l’ombre, « À 10 ans, j’ai vu Gorée depuis mes larmes sont éternelles » sur 0.9, le clip de DKR…), cette petite île de la côté sénégalaise est un peu trop hâtivement présentée comme une plateforme majeure de la Traite transatlantique.
Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, reconnu très officiellement par l’ONU, le lieu est en réalité bien plus symbolique qu’historique : sur les 12 à 20 millions de victimes de l’esclavage, à peine quelques milliers y ont transité.
[Le port de Saint-Louis ainsi que les comptoirs de la Côte des esclaves (l’actuel Bénin), du golfe de Guinée ou de l’Angola sont à ce titre bien plus représentatif.]
Quant à la tristement célèbre Maison des esclaves, les historiens la qualifient au choix de « rumeur », « d’attrape-touristes », voire « d’escroquerie mémorielle » – des cellules séparant hommes, femmes et enfants, au cachot, en passant par la porte du « voyage sans retour », rien n’est vrai.
Ni théorie complotiste, ni vision farfelue d’une des périodes les plus sombres de l’humanité, la déconstruction du mythe de Gorée est étayée par de nombreuses études de tous bords.
Zoxea
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La ref’ ? : Le Duc de Boulogne
Deux ans avant Ouest Side, le leader des Sages Poètes de la rue se couronne monarque de Boulogne-Billancourt sur le morceau qui ouvre son second album solo, À mon tour de briller – « Je suis le King De Boulogne/Saluez le King De Boulogne comme il se doit/J’ai pas d’insigne, j’ai pas de couronne/Mais j’suis bien le King De Boulogne »
Plus que légitime au titre, le rap hexagonal lui doit d’avoir fondé l’une de ses meilleures écoles de la rime, le Beat 2 Boul, un collectif qui a notamment compté dans ses rangs Dany Dan, L.I.M., Salif… et Booba.
À la manœuvre derrière Sortis de l’ombre, le premier album officieux de Lunatic, Zoxea va ensuite sévèrement s’embrouiller avec son poulain.
S’en est suivie une bagarre à la lacrymo à la station de métro Marcel-Sembat, puis une plus ou moins longue période de brouille.
Du coup, impossible de ne pas se dire que d’intituler un morceau Duc de Boulogne ne constitue pas une pichenette à son égard, quand bien même, respect des anciens oblige, dans la hiérarchie du droit divin, le roi reste au-dessus.
Le marché Malik
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La ref’ ? : « On me duplique au marché Malik, me clique sur internet » sur Le Duc de Boulogne
Ah, la grande époque des escapades aux puces de Saint-Ouen/Clignancourt pour y dégotter CD, baggys et joaillerie brillante, et qui, pour les provinciaux, se couplaient immanquablement avec un pèlerinage à Châtelet-Les Halles.
Créé dixit la légende urbaine en 1942 par un prince albanais du nom de Malik, ce centre névralgique de la culture streetwear des années 2000 n’est aujourd’hui plus que l’ombre de lui-même, gangrené par la contrefaçon.
Comme quoi, B2O, qui plus tard dans le morceau s’en prend en douce à Alpha 5.20 et les mecs de son stand (« Les clochards vendent des copies de mon nouvel opus/Prennent le bus pour aller sucer, au marché aux puces »), s’il n’avait pas tout à fait raison, n’avait pas tout à fait tort non plus.
Unküt
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La ref’ ? : « J’pose en Unküt sur les couvs clack-clack 92 » sur Le Duc de Boulogne
Apparu timidement dans le livret de Panthéon (faits main, les t-shirts et survêt’ du 92i sortaient directement de chez la couturière), la marque de fringues prend réellement son envol en 2006.
De simple merch’, Unküt commence alors à développer une véritable stratégie marketing (sponsoring d’athlètes, partenariats sur des events, placements de produits…) qui lui permet de frôler les 15 millions de chiffre d’affaires en 2014.
La suite sera toutefois moins glorieuse, entre gestion hasardeuse des nouveaux propriétaires, impossibilité de croître à l’internationale (« uncut », circoncis en anglais…), et virage mainstream mal négocié.
Sentant le vent tourner, Booba, qui au départ ne possédait que 10% des parts et qui en 2010 est devenu actionnaire à hauteur de 49% (techniquement, Unküt n’a jamais été « sa » marque), siffle la fin de la récré en 2018 via une série de posts sur les réseaux sociaux.
Jessy s’en est-il jamais remis ?
Marithé+François Girbaud
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La ref’ ? : « J’arrive au tribunal frais en Air Force, en Marithé » sur Boîte vocale
Streetwear toujours, si vous avez un jour enfilé un jean délavé, un jean baggy, un jean stretch  ou un jean écolo, Marithé Bachellerie et François Girbaud n’y sont pas pour rien.
Dans le biz’ depuis 1972, nos deux Frenchies ont révolutionné plus d’une fois le marché, sans pour autant bénéficier de la reconnaissance qu’ils méritent.
Un de ces quatre, il faudrait vraiment qu’on vous parle d’eux dans le détail.
Timbaland
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La ref’ ? : L’instrumentale de Boulbi
Producteur roi en 2006 grâce à la doublette FutureSex/LoveSounds de Justin Timberlake/Loose de Nelly Furtado, Timothy Zachery Mosley imposait son style bien à lui dans le rap US depuis déjà une bonne dizaine d’années (Ginuwine, Aaliyah, Missy Elliot…).
Sa recette ? Des rythmes syncopés, des influences world music et des boucles lancinantes qui une fois rentrées dans la tête n’en ressortaient plus.
À la recherche d’un son club, Booba flashe donc logiquement sur la prod’ de Marc Animalsons qui sonne comme deux gouttes d’eau à du Timbo – quand bien même elle aurait été inspirée par Break Your Neck de Busta Rhymes.
Bertrand Cantat
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La ref’ ? : « J’suis venu vous gifler, dédicace à Bertrand Cantat » sur Boulbi
1er août 2003. L’actrice Marie Trintignant décède d’un œdème cérébral suites aux multiples coups au visage que lui a porté le leader de Noir Désir.
Le drame choque le pays au point de marquer un avant et un après dans le débat des violences faites aux femmes.
Si la ligne de B2O n’est pas du meilleur goût (d’autant qu’elle est amenée à être reprise en club), elle est étonnamment passée sous le radar, là où à quelques mois d’intervalle Orelsan n’a pas bénéficié d’une telle mansuétude.
Cf. les procès dont il a fait l’objet pour Sale pute (« J'te collerai contre un radiateur en te chantant Tostaky ») et Saint-Valentin (« Tu vas t'faire marie-trintigner »).
David Beckham
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La ref’ ? : « Tire, fuis, comme un coup franc de Beckham » sur Ouest Side et « Si j’avais la thune à Beckham, sa femme serait ma bonniche » sur Au bout de mes rêves.
Pas le emcee le plus branché foot qui soit, Booba cite pourtant à deux reprises l’ancien milieu offensif de Manchester United et du Real Madrid.
Réputé à l’époque pour la précision de son pied droit, il n’en était pas à tapiner pour le Qatar et à traverser la planète en avion pour assister à des cérémonies sur la sauvegarde du climat.
Mais bon, comme il s’habille bien, ça passe (merci Victoria).
Alexandre le Grand
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La ref’ ? : « J’suis pas un chbeb comme Alexander » sur Ouest Side
Si Alexandre d’Oliver Stone sorti en 2004 avec Colin Farrell dans le rôle-titre n’a pas spécialement marqué les mémoires des cinéphiles, les historiens en revanche s’en rappellent encore, tant le travail de reconstitution est minutieux (costumes, décors, batailles…).
Cette exigence de véracité s’applique également aux relations qu’entretiennent les personnages, à commencer par celle qui lie le roi de Macédoine à son fidèle Héphaestion dont la bisexualité est clairement assumée.
À titre de comparaison, sorti en salles la même année, Troie de Wolfgang Petersen bottait lui allégement en touche sur ce sujet en présentant Achille (Brad Pitt) et Patrocle (Jared Letto) comme des « cousins ».
Malgré le fait que personne ne lui ait rien demandé, Booba, dont on peut soupçonner que la culture antique tient plus des blockbusters hollywoodiens que des textes d’Homère et d’Aristote, juge important de préciser qu’il ne mange pas de ce pain-là.
Le pistolet Glock
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La ref’ ? : « Chaque fois qu’on passe devant ton bloc, dis-moi pourquoi tu louches ? Tu parleras moins avec un Glock dans la bouche » sur Ouais, ouais
De tous les calibres portés aux nues dans l’album (« le Smith & Wesson prêt à cracher », le .38 spécial, « le Kalachnikov dans le boul’ », le Desert Eagle, le 9mm…), le semi-automatique autrichien est le seul à être cité dans un refrain.
Mis au point en 1963 par l’ingénieur Gaston Glock, il a métamorphosé la production d’armes de poing en étant le premier à recourir aux polymères, une sorte de plastique dur, aujourd’hui utilisés par toutes les firmes concurrentes.
[La légende urbaine qui veut que grâce aux polymères les Glock soient indétectables relève en revanche de la fable : avec 80% des pièces composées de métal (le canon, la culasse, le chargeur, les munitions…), ils sonnent comme les autres aux portiques de détection de métaux.]
Décliné depuis en une cinquantaine de modèles, le « G.L.O.C.K. » est particulièrement prisé pour sa légèreté et son extrême fiabilité, au point d’être adopté par de nombreuses polices et forces spéciales à travers le monde.
La Renault Clio
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La ref’ ? : « Les n*gros ont la haine, j’ai le prix d’une Clio sur le poignet » sur Ouais, ouais
Selon l’argus, pour acquérir une Renault Clio en 2006, il fallait débourser dans les 13 000 euros.
Largement de quoi se payer la montre la plus en vogue à l’époque dans le rap, la fameuse Five Time Zone de Jacob the Jeweler. Portée par Jay Z, Pharrell, Diddy & Co., elle coûtait 5 500 dollars avant personnalisation, i.e. avant de la sertir de diamants à la hauteur de sa prochaine avance.
Notez que six ans après Ouest Side, Booba montera substantiellement en gamme : sur Tombé pour elle, il se vantera de porter « six années de retraite au poignet » – ce qui à raison de 5 000 euros mensuels (estimation basse) donne une breloque à 360 000 euros.
Al Capone
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La ref’ ? : « Tout l’monde prend le micro, s’prend pour Capone » sur Ouais, ouais
Que les MC en fassent des caisses en studio, ce n’est un secret pour personne… et ce n’est peut-être pas plus mal comme ça pour la paix civile.
Non parce que du temps de sa splendeur, il est estimé qu’Alphonse Gabriel Capone commandita quelque 600 meurtres.
Montaigne
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La ref’ ? : « Sur le plus haut trône du monde, on est jamais assis que sur son boule » sur Pitbull
Dans ses célèbres Essais, l’écrivain chantre du Siècle des Lumières balance au détour du troisième volume : « Et au plus eslevé throne du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul » – soit en français moderne : « Sur le plus beau trône du monde, on n’est jamais assis que sur son cul ».
Mon cher Watson, il semblerait qu’il y en ait un qui a copié sur l’autre.
Pernell de Menace II Society
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La ref’ ? : « Aider sa mère et l’aimer avec un cœur éternel/Ne pas prendre perpète comme Pernell » sur Au bout de mes rêves
Au tout début du film des frères Hugues, il est celui qui fait boire sa première gorgée de bière à un Caine encore enfant, avant de lui mettre une arme à feu dans les mains.
Plus tard, il est celui qui est vu du mauvais côté du parloir, enfermé à vie. Loin de son fils, loin de sa meuf qui s’en va dans les bras d’un autre.
DJ Mehdi
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La ref’ ? : L’instrumentale de Couleur ébène
Dans la grande tradition de ses morceaux un peu chelou (Le mal par le mal sur Panthéon, Pourvu qu’elles m’aiment sur 0.9…), Couleur ébène tient une place à part puisqu’il s’agit de la seule et unique collaboration avec le regretté Mehdi Favéris-Essadi.
« Booba voulait être surpris. Il voulait une touche un peu fun (…). À ce moment-là, j’étais sur Lucky Boy pour Ed Banger. Je lui ai fait écouter quelques sons, c’était vraiment ce qu’il attendait. Je lui ai filé un beat pour lui, plus orienté rock et électro, très loin du ‘boom-tchack’. »
À mille lieux des ambiances sonores de la Mafia K’1Fry, B2O a de son propre aveu pas mal galéré pour poser.
Trivia : son « Un jour tu ris, un jour tu pleures » renvoie au « Un jour on pleure, un jour on rit » d’Ideal J sur leur classique Le ghetto français produit en 1996… par DJ Medhi.
Supertramp
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La ref’ ? : Le sample de l’outro
Bizarrerie toujours, Gallegos (ex-La Cliqua) est allé chercher du côté de la pop britannique des seventies pour conclure les débats sur une note grandiloquente.
Le choc des cultures est d’autant plus fort que leur chanson Babaji célèbre le maître spirituel indien éponyme, tandis que l’Ourson donne dans le matérialisme bas du front en comparant les vertus de la livraison de pizzas à celles de la vente de chnouf.
La Bible
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La ref’ ? : « Les derniers seront les premiers » en outro
Bien qu’il « ne prie pas le dimanche » (Couleur ébène), il est très probable que Booba fasse ici référence, non pas à Céline Dion, mais à la parabole des ouvriers de la onzième heure de l’Évangile selon Saint Mathieu – celle où un propriétaire terrien rémunère à l’identique tous ses employés, qu’importe le nombre d’heures travaillées.
C’est d’autant plus probable que, précédemment, il s’attristait de la mort du Christ au refrain de Boulbi, non sans écarter les bras en croix à l'évocation de son nom dans le clip.
Après 58 minutes et 14 secondes de rap sombre et nihiliste, Ouest Side se termine ainsi sur ces belles paroles louant la générosité divine et l’égalité totale devant le salut.
N’allez toutefois pas confondre B2O avec un ravi de la crèche : deux ans plus tard, il signera son grand retour en clamant « se laver le pénis à l’eau bénite ».
Publié sur Booska-p.com le 17 février 2023.
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le-blog-du-poisson · 2 years
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// Un début
Ce blog voit enfin le jour ! Une forme modeste et carrément rétro, celle d’un blog parmi des millions. Une envie réelle, celle de construire un espace numérique pour présenter un aspect spécifique de mon travail, le reportage par dessin interposé. Un espoir, celui de vous intéresser à des sujets qui me semblent essentiels et qui, s’ils sont dessinés et peuvent paraître alors fictionnels, se fondent sur mon vécu, sur des déplacements, sur des rencontres réelles.
Des années que je dessine, et autant de temps passé à s’interroger sur cette “posture” du dessinateur, sur ce que c’est que “faire le dessin”
Recourbé sur un bureau fermement rivé au mur, à la lumière d’une lampe de bureau, le radiateur à portée de main... Tassé sur la table ronde et vitrée d’un café, crayon côtoyant le sucre en poudre et le sachet de thé déposé dans une coupelle, baigné par les conversations étrangères et l’indifférence caractéristique des lieux de passage... Assis sur une mallette, les mitaines aux mains, les chaussures qui commencent à se mouiller d’un contact statique et prolongé avec le sol humide...
Je pourrais continuer la liste à l’infini car depuis toutes ces années, c’est dans ces conditions sans cesse renouvelées que se développe mon dessin, avec aujourd’hui une conscience un peu plus claire sur le sujet : c’est de dehors que me vient cette étrange obligation du dessin.
Vous le sentez déjà, avec aussi, le goût du récit. Celui de regarder, d’écouter parler, d’écouter gueuler, de mesurer le fossé qui me sépare des autres. Et celui de rapporter ce ressenti, d’échafauder des réflexions, d’envisager des conclusions, fragiles mais en mouvement, sur des sujets qui me questionnent.
Ce site, donc, il est né de cette envie-là : de vous partager ces récits et que le dessin vous emmènent dehors, comme moi, il me traîne en dehors de chez moi.
J’essaierai, autant que faire se peut, d’alimenter en récits nouveaux cette petite cabane numérique dans l’immense nuage de l’information, et j’espère que vous me rendrez visite de temps à autres, pour échanger quelques mots, partager un moment, réel ou numérique.
-posté le 10/10/2022
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fallenrazziel · 3 years
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Les Chroniques de Livaï #509 ~ TREPAS, ME VOICI (juin 846) Helma Kerstin
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes.
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Les chevaux ne doivent pas s'arrêter ! Je ne parviens pas à comprendre comment ils arrivent à distancer ces monstres en traînant cette charrette, mais je sais que s'ils trébuchent, s'ils perdent un seul mètre de terrain, s'en est fini de nous !
Je claque les rênes sur les croupes luisantes de sueur et je vois leur encolure s'allonger encore dans l'effort. Quelles courageuses bêtes !... J'ai dû me dévouer pour tenir le rôle de conductrice car l'homme de Zella ne semble guère capable de faire grand chose à part se tordre les mains depuis plusieurs heures. Les explorateurs qui nous accompagnaient se sont éparpillés, et alors les titans sont tombés sur nous.
Je savais que je les reverrais mais je ne voulais pas penser à l'horreur - la même que ce jour-là - de me retrouver de nouveau à leur merci, face à leurs visages défigurés à jamais... Ils sont toujours si inhumains, si inexorables... Rien ne peut les arrêter ! Alors j'ai sauté sur le banc laissé vide par son précédent occupant - il a couru au loin en espérant leur échapper, l'idiot, mais il s'est fait vite rattraper - et j'ai laissé mon instinct me guider. Zella avait à peine commencé à pousser... Je l'ai laissée avec son homme mais j'ai bien peur qu'il soit trop terrifié par tout ce qui arrive pour l'aider.
Nous ne sommes plus que trois dans ce chariot. Les bonbonnes de gaz qui restent brinquebalent dans mon dos, mais je ne me soucie plus de garder le matériel en bon état. Tout ce que je veux c'est gagner le couvert des arbres en espérant qu'ils cacheront la vue de ces monstres et qu'ils iront voir ailleurs. Je n'y connais rien, en titans ! Je ne sais pas comment les semer, ni comment ils vont réagir, alors je fonce sans me retourner ! Les cris de Zella me percent le coeur mais je ne peux pas l'assister ! Si elle veut que son enfant ait une chance de vivre, je dois continuer !
Je porte mon regard sur ma droite, et aperçois des explorateurs se battant contre les géants. Je ne peux pas déterminer s'ils s'en sortent ou non... Un crissement métallique fait vibrer mes oreilles et un soldat se pose alors dans mon véhicule. Je claque de nouveau les rênes en gardant le cap et ne peut m'empêcher de vérifier de qui il s'agit. J'ai désespérément besoin de voir un visage familier. Je la reconnais ; c'est le médecin en chef du bataillon. Son équipe nous a accompagnés un bon bout de chemin. Apparemment, il y'en a qui sont encore en vie...
Elle change ses bonbonnes, mais je sens à ses gestes fébriles qu'elle va manquer de temps. Les titans sont derrière nous ! Il y'en a au moins cinq, si je compte bien... ! Pitié, aidez-nous, donnez-nous un peu de répit ! Comme si elle avait entendu mon appel silencieux, elle décolle de nouveau et se jette sur le visage du premier titan qui se présente. Je me force à me détourner pour regarder la route, en espérant à chaque foulée que les chevaux ne vont pas trébucher ou mourir de fatigue. J'aperçois des arbres, je crois. Ils ne sont plus si loin...
C'est alors que les cris mêlés de Zella et de son homme éclatent à mon oreille et je refuse de me retourner pour regarder. L'enfant est-il arrivé ? Ou notre dernière protectrice vient-elle de succomber ? Je n'en sais rien, je dois seulement aller tout droit ! Les arbres nous protègeront, j'en suis persuadée ! Nous devons juste les atteindre... Encore quelques mètres...
La charrette fait alors un bond formidable dans les airs et je sens mon corps partir en arrière, puis en avant, dans tous les sens, puis se briser douloureusement en retombant sur le sol, à quelques mètres du véhicule. Je... je me sens sonnée une minute, ma vision se brouille... Quand je reprends mes sens, je vois d'abord la cuisse d'un cheval, agitée de soubresauts, juste à côté de ma main écorchée. Une roue qui tourne dans le vide. Nous avons été renversés ?... Un titan a dû percuter l'arrière, ou abattre sa main dessus... Non... nous y étions presque !...
je tente de me relever et une brûlure à mon côté m'indique que je suis blessée. Pas assez pour ne pas ramper sur le sol. Comme par instinct, je me glisse sous la charrette en imaginant que cela va me cacher le temps de réfléchir. Je sais que ma situation est désespérée... mais une vision d'horreur me fait comprendre que je suis loin d'être la plus à plaindre.
Coincée sous une roue du chariot, Zella, le corps ensanglanté - le sang de la naissance mais aussi de la mort... - me fixe sans dire un mot. Elle n'est pas morte, ses lèvres bougent mais rien n'en sort. Je rampe vers elle et passe ma main sous sa tête poisseuse. La roue a écrasé en partie son ventre... il n'est plus qu'une bouillie sanglante de viscères... Je me retiens de vomir... Oh, par Sina...
En jetant un oeil au-delà de notre cachette, j'aperçois l'homme de Zella, traînant la jambe, cherchant à fuir les titans qui sont déjà après lui. Il y a tant de sadisme dans leur façon de le traquer, de le prendre, de le laisser tomber pour le reprendre à nouveau. Je ne l'entends pas hurler mais je sais qu'il le fait. Je cache les yeux de Zella pour qu'elle ne voit pas... Nous ne pouvons rien faire pour ce malheureux... Et je ne peux rien faire pour elle non plus...
Zella parvient à lever la main et à m'indiquer quelque chose, juste à côté d'elle. Je me penche sur elle en défiant ma répugnance et voit alors le petit corps violacé, immobile... Le cordon a été arraché... Comment peut-il encore vivre après cette chute ?! Mon coeur manque un battement... Quelque chose en moi remue follement et je fais le geste de saisir le bébé entre mes bras, indifférente à son apparence misérable et souffreteuse. Il est comme tous les nouveaux-nés... et son coeur bat, je le sens.
J'oublie un moment l'horreur où je me trouve et reviens des années en arrière, quand je tenais Gero de la même façon, mais dans une jolie chambre toute propre hormis les draps tachés et entourée de mes proches. Je me souviens de la joie, des larmes de soulagement, du sourire de mon mari... Il y avait des fleurs dans un vase juste à côté, je me souviens de leur parfum... Cette souffrance là menait au bonheur. Mais pour celui-ci...
Je le serre dans mes bras plus fort et il se met à pleurer ; puis j'étreins la main sans vie de Zella. Elle vient de partir... Peut-être les titans laisseront-ils son corps tranquille si elle ne respire plus... Je suis cernée par la mort ! Elle a une odeur particulière qui n'est pas celle du sang ou des tripes chaudes... Je ne peux la décrire, mais je sais que c'est elle. La panique me gagne. ll n'y a donc personne pour nous aider et donner à cette petite vie une chance de continuer encore un peu ?! Où sont les anges ?! Où est le caporal Livaï ?!
Je me traîne sur le sol à l'opposé des monstres qui me traquent et dont les mains tâtonnantes commencent déjà à se glisser sous le chariot... Elles n'épargnent pas Zella ; elles saisissent le cadavre disloqué de cette jeune fille qui a donné la vie sur un champ de mort, et il disparaît de ma vue. Je ne peux qu'entendre les sinistres bruits de mastication... Un bras tombe sur le sol dans une flaque de sang... Pourquoi ne puis-je me détourner de ce spectacle répugnant ?! Que quelqu'un vienne !
Mais je comprends que personne ne viendra. Toi et moi sommes les prochains. Tu sais, je crois qu'il n'y a pas d'anges finalement. Car s'ils existaient, ils viendraient au moins te sauver. J'ai sans doute commis des fautes, mais toi tu es innocent. Tu devrais vivre... Je ne peux pas te sauver...
Alors je me mets à le bercer, en lui chantonnant une comptine que je fredonnais à Gero quand il était tout petit. Il était persuadé qu'un monstre se cachait sous son lit et il remontait alors la couverture jusque sur son nez pour ne pas montrer sa peur. Mais ma comptine lui redonnait toujours le sourire...
Les monstres existent, Gero. Ils n'étaient pas sous ton lit, c'est tout. Et ta maman ne peut rien faire contre eux avec ses chansons...
Je ferme les yeux et laisse les larmes monter avec la mélodie qui me fend la poitrine. Le bébé semble apaisé, il se blottit contre mon sein, et cette sensation de plénitude familière mais lointaine m'envahit alors, tandis que je sens un doigt avide s'enrouler autour de nous...
Je vous en prie, ne réveillez pas mon petit, il dort si bien...
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nuit-pourpre · 3 years
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Lune & l’Autre [Nouvelle]
L’écran de fumée retombe. L’amertume sèche fait tousser la gorge de Lune. Elle franchit la barrière qui sépare le boulevard de l’ancienne voie ferrée. Son souffle est court. Toutes les rues du côté du fleuve sont quadrillées. Il ne reste que la zone industrielle désaffectée.
Résidus d’éjaculat de fond de chiotte… 
Elle crache un filet de bave empoisonné par les gaz. Ses yeux sont noyés, mais elle s’oriente au bruit. Ou plutôt au silence.
Les vagues bruissements des ronces et des feuilles l’attirent comme un maquis providentiel où elle se cache. Elle déambule, parmi les stries métalliques de la vieille gare de triage. Le ciel a toujours sa couleur verte.
L’émeute a commencé tôt, ce matin. Fut un temps où on appelait encore ça une manif. Fut un temps aussi où des gens, des vrais gens de la vraie vie, parlaient encore de “forces de l’ordre”.
À s’en souvenir, elle se sent absurdement vieille d’avoir connu ce temps-là. C’était il y a moins d’un an.
Un coup de feu éclate. Pas comme les autres. Un vrai. D’une arme de poing. Elle jette un œil sur le terrain vague où certain·es se sont dispersæs et y surprend un corps, au milieu de l’espace vide, et les essaims en bleu foncé qui avancent avec confiance. Sa gorge se noue. Elle fuit par le tunnel.
Et le ciel a toujours sa couleur verte. Personne n’a vraiment cherché après ce phénomène, dans le squat. La matinée était chargée. Il y avait autre chose à faire.
Une pluie tombe et les cheveux de Lune se chargent de lourdes gouttes qui évoquent à la fois l’essence et la rouille. Ce ne sont que les odeurs de la friche, rien de plus. Les pluies ne sont pas encore toxiques. Pas à sa connaissance.
Le tunnel l’engloutit dans son calme monstrueux. Elle s’en indignerait presque, tant l’obscurité semble parfaitement indifférente à ce qui se passe dehors.
Ces ruines vivent leur plus paisible vie, un sanctuaire construit jadis par les mêmes capitaux qui sont en train de littéralement tuer tout le monde dehors, en ce moment même. Mais les rails sont toujours là, fonctionnels, bien agencés. Et la galerie… Pas une fissure, pas un seul bruit d’écoulement, une fraîcheur à peine moite. Une pureté d’air digne d’une forêt de montagne. Un appartement avec ces conditions, ailleurs dans la ville, ça coûte un joli loyer de social-traître.
Dans le noir un fracas retentit. Lune tressaille. Autour d’elle les ténèbres se font totales. On vient de refermer à l’entrée du tunnel une très large porte métallique qui rebondit encore sur ses tympans. Elle ne perçoit qu’un très subtil encadrement qui a la forme de l’arche sous laquelle elle vient de passer. Une peur sourde la saisit, irréelle, et elle repense au ciel vert comme à un signe premier de sa folie, dont ce tunnel serait la confirmation. Elle pourrait en parier la vie de ses amours, toutes les vies : il n’y a pas de porte à l’entrée de ce tunnel.
Elle panique, les bottes engoncées dans les cailloux sablonneux qui recouvrent les bois du rail. Elle se précipite, en marche rapide, pour revenir à l’entrée qu’elle a franchie il y a trente secondes à peine. Dans l’ombre, sa main trouve la porte… Une porte sans poignée ni loquet, lisse, bien oxydée, qui vrombit sous ses coups acharnés. Les larmes montent. La panique avec elles.
Elle se retourne. La lumière point de l’autre côté de ce tunnel qu’elle a tant de fois emprunté, mais ce n’est pas une lumière blanche. Elle est verte. Verte comme le ciel d’aujourd’hui. Elle forme, non pas un encadrement bien net, comme d’habitude, mais deux points. Deux phares ? Elle écarquille les yeux, sidérée, le dos suintant d’une sueur froide contre la tôle qui ferme le tunnel. Et un carillon résonne. Comme une petite cloche de tram, pas très forte, mais que l’écho et l’espace confiné rendent assourdissante.
Y’a quelqu’un ?
Elle tremble et balbutie, les yeux s’accoutumant à la pénombre. Le carillon reprend, une seconde fois, plus forte. Presque douloureuse à l’oreille.
Elle s’approche, maîtrisant tant bien que mal les flots puissants d’adrénaline qui parcourent ses tendons.
Il y a un tram, sur ces rails. Il est excessivement long. Une sorte de lumière phosphorescente, très ténue, en remplit l’intérieur, caressant les banquettes d’un tamis verdâtre. Les portes sont ouvertes. L’engin se perd dans une infinité qui lui donne le tournis. Sa perspective sans fin s’allonge, dans l’obscurité.
Elle pose un œil terrifié sur la cabine de tête, et le siège, à côté du bouton de la cloche. Il n’y a personne. Un automatisme désespéré la pousse sur le marchepied. La plateforme grince.
L’odeur dans le wagon a quelque chose de floral. Comme l’air paisible et à peine poussiéreux d’un columbarium entretenu.
Une figure maigre et terne bouge son ombre fatiguée derrière un carré de banquette, depuis un siège du fond.
Lune retient l’air dans ses poumons. Un frisson, comme un coup de matraque électrique, l’immobilise au centre de l’allée.
La chose, surmontée d’un haut de forme élégant, étend sa carcasse indistincte pour découvrir un cou et un visage pâles, une mâchoire osseuse et affûtée qui, dans la pénombre, pourrait tout aussi bien être un grand nez, très effilé. Des doigts griffus et aux mouvements terriblement fluides s’installent sur le dossier et la silhouette se lève sans le moindre bruit.
Son père le flic, merde, merde, merde… articule-t-elle, le ventre noué.
Bonjour, Lune. Vous pouvez m’appeler l’Autre.
La voix est douce, caricaturalement virile. Elle reconnaît la voix de ce comédien de doublage… Celui qui est mort d’un cancer et dont elle a encore oublié le foutu nom.
Bonjour ? Je peux savoir ce que je fais là ?
Elle s’étonne de ses propres mots, prononcés avec la même banalité provocante que les fois où elle s’est retrouvée au comico.
Vous êtes morte, Lune.
Sa certitude flanche. La matinée repasse dans son esprit comme une série en accéléré, avec dans le même temps, certains extraits clés, au ralenti.
L’action commençait bien.
Les courses allaient de rue en rue, le rythme maintenu, mais les instants de répit de plus en plus courts.
Une intersection mal gérée, et la spontanéité collective désagrégeant le bloc. Elle avait suivi cette meuf… Cylie. Carrément son type. Une bombe à enthousiasme révolutionnaire et à phéromones qui lui faisait sous-évaluer l’idée même de discrétion et d’anonymat en guérilla urbaine. Rousse, en veste bordeaux et en jean bien clair, pas en noir comme tout le monde… Grande, charismatique, sans masque ni lunettes de protection. Elle se revoit lui coller le train avec un air un peu amoureux pendant une bonne heure, avant de la suivre jusqu’à un parc, d’où elles devaient allumer les fourgons avec un petit mortier caché à proximité. Sacrée idée de merde. Un flash. Un tir. Elle se souvient de son œil comme d’un petit globe dispersé vers l’intérieur de son crâne avec une douleur lancinante, et elle, voyant Cylie s’éloigner entre les buissons, qui frappe la première silhouette venue à tenter de l’agripper par la manche. Un coup lui est rendu. Elle se revoit perdre connaissance pour de bon avec une sale sensation de rouleau compresseur qui lui déchire la nuque. Elle se souvient, en vérité, que le ciel est devenu vert à ce moment-là.
Et elle n’a pas pu dire au revoir. À personne.
Les longues minutes passent, en compagnie de la créature qui, silencieuse, se tient toujours devant elle, attendant qu’elle digère la nouvelle. Elle se laisse tomber sur une banquette.
Je n’ai pas bu depuis ce matin.
Désirez-vous un verre d’eau ?
Je n’ai pas soif.
C’est un constat tout à fait lucide et pertinent, pour lequel je vous félicite.
Ah… Si ! Je me souviens. Vous faites la voix de Dr House, non ?
Le silence rôde à nouveau.
Il s’installe pour lui faire face. L’allée qui les sépare rayonne toujours très faiblement de ce halo mystique, qui ne semble pas avoir de source, comme si l’air lui-même était… saturé ? Peu importe le terme technique.
J’ai laissé Lou, et Mael, et Saddos… Les autres du squat, le collo, mon frère, ma cousine, tout le monde. Tout le monde m’a perdue, aujourd’hui. À cause de moi.
Oui.
Donc vous êtes là pour autre chose que me réconforter ?
Vous n’avez pas besoin de réconfort. Vous constaterez par vous-même que vos émotions ne sont plus que des coquilles vides qui portent le nom de ce qu’elles contenaient. Ces personnes que vous mentionnez, vous les aimiez, vous aviez peur pour elles, leur pensée vous arrachait un sourire tendre. Vous avez non seulement perdu tout cela, mais vous avez également perdu la capacité à ressentir le regret de l’avoir perdu. Vous êtes, en quelque sorte, un peu décédée, Lune.
Cool. C’est quoi, l’au-delà, du coup ? On part sur une éternité dans un tram qui pue les visites de l’urne de ma grande tante quand j’avais huit ans ? Ou alors ça a été privatisé, ça aussi ? Vous allez m’emmener dans une sorte de paradis néolib où on passe le temps à faire des bilans de compétence avec un coach le temps de trouver quelle prochaine réincarnation nous correspond le mieux ? Quelle angoisse… J’étais qui, avant ? Je suis née en… oh mon dieu, il est mort la même année, ce con ! Je ne suis pas la réincarnation de Sarkozy, hein ?
La créature la regarde. Enfin “regarde”, c’est vite dit. Ses arcades et ses pommettes sont si étrangement saillantes qu’elle ne saurait dire si ces deux zones de ténèbres sous son chapeau en feutre abritent bel et bien des yeux, ou seulement deux trous béants.
C’est étrange, traîne sa voix profonde comme s’il réfléchissait. Quand on traverse ce que vous venez de traverser, on garde toujours une émotion, une seule, une signature personnelle qui reste. Quelque chose qu’on est capable de ressentir à l’exception de tous les autres affects superflus pour un cadavre. On découvre cette émotion quand on prend conscience qu’on est de l’autre côté. Pour beaucoup c’est la peur, pour d’autres, la colère, la mélancolie ou l’agitation. Pour vous, c’est la fierté piquée au vif dans sa pureté immaculée. Vous ne deviez pas être une personne très bienfaisante pour votre entourage.
Pardon ? bondit-elle avec indignation.
Une irrésistible envie de fondre en larmes l’écrase de l’intérieur. Tout se disloque en elle. Le coup fatal sur sa nuque était plus supportable. Elle plisse les yeux et bascule en avant, prenant sa tête entre ses mains.
Vous n’avez pas le droit de me dire des choses pareilles… 
C’est bien ce que je pensais, murmure le passager du tram. Ne vous en voulez pas d’être esclave de ce sentiment qui vous était auparavant un léger désagrément du quotidien. Le reste est parti. Cette émotion va prendre toute la place laissée vacante. Désormais, ce n’est plus que ça, que vous ressentirez, Lune. La douleur de l’ego blessé.
Je vais passer l’éternité comme ça ?
L’enjeu est que vous surmontiez cela. Que vous corrigiez ce qui vous faisait tant défaut de votre vivant, et qui vous hante autant que vous hanterez le cœur de vos êtres pseudo-aimés…
“Pseudo-aimés” ? Mais allez vous faire foutre en fait ! Je les aime vraiment !
C’est là ce que vous ressentirez quand vous aurez accompli votre purification. Et cette fois, vous le ressentirez pour de vrai. Vous méritez le repos. Comme toute âme de ce monde.
Même Sarkozy ?
J’ai grand peine à le dire, mais… oui. Oui, Lune. Même Sarkozy.
La vache… 
Comprenez-vous, Lune ? Il n’y a pas de bon au-delà. Pas de purgatoire. Il n’y a que les démons qui vous empêchaient de vivre pleinement, et que l’oubli, désormais, vous autorise à affronter.
C’est la définition même de l’enfer.
Il existe une alternative, poursuit l’Autre. Deux options s’offrent à vous.
Wow, attendez… J’ai jamais été croyante mais avec toutes les possibilités qu’on a explorées, toutes les merveilles et tous les supplices mythologiques que les religions ont inventées depuis des millénaires, en fait, la mort, c’est juste un “Tu Préfères” ? Allez-y, c’est un sacré jeu de merde mais si on a que ça à faire… 
Vous allez être renvoyée dans le monde que vous connaissiez. Vous vivrez. Vous retrouverez toutes les balivernes sentimentales qui vous faisaient vous sentir humaine.
C’est touchant comme vous avez l’air de tenir à moi. Vous éclaboussez de la bienveillance à chacune de vos phrases, c’est immonde, y’en a partout ! Merci beaucoup !
L’Autre ignore son sarcasme et poursuit son exposé, ouvrant sous ses yeux des paumes craquelées comme du papier qu’on aurait défroissé, et dont la pâleur d’ivoire tranche l’obscurité. Il lève ensuite un doigt, solennel, et annonce :
Vous ressentirez tout. Vous vivrez même les émotions des personnes auxquelles vous penserez, par procuration. Vous ne pourrez plus ignorer vos effets néfastes, et vous en ressortirez meilleure. Peut-être même deviendrez-vous décente.
C’est surévalué, la décence. Mais vous êtes sérieusement en train de me dire que je peux ressusciter ?
Vous pouvez… n’être pas morte dans cette rue.
Un peu tard, camarade. J’ai bien senti le cou sur mes cervicales, au mieux je serai un légume menotté à un lit d’hosto.
Je ne suis pas votre “camarade”.
Super. L’ange de la mort aussi est de droite… 
Non. Je suis apolitique.
C’est ce que je dis.
Et vous utilisez un terme effroyablement validiste. D’autant que vous vous trompez. Nous pouvons faire en sorte que cela ne soit jamais arrivé. Nous pouvons plier le cours des événements passés, raconter une autre histoire, revenir un peu en arrière. Vous retrouverez les gens que vous vous souvenez avoir aimés.
Comment vous comptez faire ça ?
Lune, ma chère… Demanderiez-vous à l’oiseau comment il sait voler ?
Il est arqué, penché vers l’avant comme un vieillard fatigué, mais un magnétisme malsain se dégage de sa carrure, comme s’il avait le poil hérissé. Une aura se diffuse autour de lui, et Lune sent le métal et les joints du tram, comme liés par l’évidence aux mouvements de son squelette, vibrer avec crispation. Comme si l’Autre tenait les rênes de la matière elle-même. Comme si, d’un instant à l’autre, sans un geste, sa volonté seule était capable de compacter le wagon comme une ruine de casse automobile. L’écraser, la disloquer, la démembrer. Réduire l’espace à néant.
Comme si l’écoulement du temps était sa respiration.
Au nom de quoi ? déglutit Lune en fixant l’entité avec bravade.
J’ai décidé de vous laisser une seconde chance. Si vous préférez la mort à la vie, vous serez laissée à votre calvaire. L’ego blessé pour seul affect. Jusqu’à ce que vous appreniez à l’accueillir comme un vieil ami et à l’accepter. Vous rejoindrez alors l’oubli. D’une façon ou d’une autre, vous trouverez la paix.
Et il lui tend sa palme griffue. Un sourire de courtoisie marque ses traits difformes, comme à un bureaucrate à 16h30 passées, qui attend poliment qu’on veuille bien foutre le camp de son bureau pour finir sa journée.
C’est le problème de ne ressentir que son orgueil… soupire-t-elle. Si je choisis la mort, je fuis les conséquences. Je peux continuer à me foutre de celleux que je laisse. Mais je serai seule. Peut-on guérir un ego blessé, et lui apprendre à ne plus avoir mal, si on le prive de ce qui peut lui faire du bien ?
Elle attrape la main de l’Autre. Elle veut vivre, sceller sa décision au plus vite. Il la regarde, presque surpris, un sourire grimaçant tordant la ligne minérale de son menton.
Vous êtes plus rusée que prévu.
C’est souvent ça.
Mais ce n’est pas une bonne nouvelle pour vous.
Le contact de la main est glacial. L’odeur des égouts saisit ses narines. Les atomes qui composent le tram, la pénombre et le tunnel sont peu à peu aspirés par une sorte de vide, et sa conscience même, avec une désagréable sensation de se transformer en autre chose que soi, se désagrège. Elle aurait préféré qu’il se paie d’un rire machiavélique. Mais seule la compassion transparaît dans la voix de l’Autre.
Elle s’éveille en crachant un liquide rouge, qui lui brûle l'œsophage. Des courbatures la tétanisent dans chaque muscle de son corps allongé sur l’herbe. Une civière repose sous elle, puant la transpiration. Et le ciel gris réapparaît. Sous ses deux yeux nettoyés au sérum phy, se dresse l’encadrement rondelet et attendrissant d’un visage familier. Elle se souvient. Cylie a été arrêtée, jetée dans le fourgon. Ils étaient déjà dans le parc. Elle-même a pris la fuite, trébuché et percuté un plot qui l’a assommée. Elle balbutie en prenant le visage qu’elle voit entre ses mains glacées.
Mael ? On est où ? Tu vas bien ?
Sa voix râpée lui répond en tremblant. Au contact de ses joues mouillées, elle sent un flot d’angoisse la saisir, mêlée d’un bonheur intense. Elle se voit à travers les yeux de son amant·e. Elle ressent avec une folie émue son soulagement de se voir elle-même revenue d’entre les morts. Mael pose une main sur son front.
On va bien, Lune. À part la grande gueule que t’as suivie bêtement, tout le monde a pu fuir. On a rien pu faire pour elle.
Comment est-ce qu’iel fait, pour ne pas exploser en ressentant tout ça ?
Elle réprime le plus possible le tsunami de joie et de peur mêlée qui envahit son cerveau contaminé. Elle se relève, écarte ses mains de son visage et l’embrasse.
Je suis désolée, j’aurais dû rester avec tout le monde. Je me suis jamais sentie aussi nulle.
Tu l’es, sourit Mael avec un rictus provocant. T’es super nulle. Mais t’es sympa quand même, des fois.
La blessure revient, lancinante, sous les affects d’un·e autre qui s’entrechoquent en elle. Elle ressent son amour. Un amour relatif, qu’on sait accidentel et soumis à l’entropie. Un amour à dimension humaine, qui fait d’elle une personne tout juste agréable à fréquenter, comme pourraient l’être tant d’autres individus par ailleurs détestables. Une personne qui était au bon endroit au bon moment pour quelqu’un qui en avait besoin.
Il lui fallait mourir pour prendre conscience de quelque chose que la plupart découvrent à l’adolescence.
Qu’on n’a rien d’exceptionnel.
Elle l’entend, maintenant. En sourdine. En hypothèse.
Le ricanement de l’Autre.
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lyveesaivin · 3 years
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que du love sur mon tumblr ce matin avec @celestialmite qui se joint à la fête ❤❤ pour vous c’est peut-être la Mite, pour moi c’est la Mighty Mite - et pour tous·tes celleux qui ont soupé du George Berkeley 8-) (i feel u, elle voit son pied la mite)
celestial mite
Déjà, première chose, ton message est le plus adorable du monde, ça fait du bien à lire, et je sors la carte uno reverse pour te renvoyer exactement tout le positif et les bonnes ondes que tu envoies. ❤ Passons au rp ! Alors. Pour le contexte : il s’agissait d’un forum Harry Potter, chaque personnage avait un secret, détenu par un sorcier mystérieux connu sous le nom de “Celui-Qui-Sait”. A la fermeture du forum, CQS a dévoilé les secrets de tous avant de disparaître. Avec des amis, on a donc décidé d’ouvrir un forum privé pour “terminer” les histoires de nos persos et jouer les retombées d’avoir ces secrets ainsi révélés à tous. Ce rp prend donc place à ce moment là. Kendra Austen (mon personnage) est une journaliste pour la Gazette du Sorcier et Joy Jackson-Powell est une ancienne Auror qui a été envoyée à Azkaban à tort. Kendra décide, après plusieurs mois de recherche, de publier un article pour innocenter Joy, devenue entre temps sa petite amie. Joy n’apprécie pas que Kendra fouille dans son passé de la sorte, et les deux femmes se séparent. Entre temps, CQS dévoile les secrets de tous, et notamment celui de Kendra. Les deux jeunes femmes se recroisent dans une boîte de nuit sorcière où Joy travaille.
« La musique est assourdissante, Kendra n'entend ni sa respiration, ni son cœur qui bat à tout rompre, ni les pensées qui pourraient l'assaillir. Kendra se sent légère. Elle ne pense pas, elle n'entend rien, elle se laisse porter par les intonations de la musique. Kendra danse sans se soucier du reste du monde. Elle s'oublie – elle n'est plus Kendra, elle est juste là, elle se fond dans la masse, contre la fille qui vient danser contre elle, contre l'homme qui lui attrape la taille et à qui Kendra adresse un sourire. Elle est venue pour oublier, Kendra. Oublier les regards pleins de pitié, oublier ses peines, oublier le vide profond qu'elle a à la place du cœur depuis que Joy n'est plus là. À cause d'elle. Mais à cette seconde, elle n'y pense pas – envolés les souvenirs, quand Kendra s'est perché sur ses talons hauts en revêtant une tenue révélatrice et qui, en même temps, en montre si peu. Kendra a souligné son regard d'un trait doré qui capte les rayons de lumière colorés à chaque fois qu'elle bouge, cligne des yeux. Les regards sont sur elle, Kendra en est consciente. Un sourire léger apparaît sur ses lèvres – Kendra se retrouve en même temps qu'elle s'oublie. Elle se sent vivante, à nouveau, une petite victoire qu'elle savoure comme le verre qu'elle avait porté à ses lèvres quelques instants plus tôt. Elle veut oublier Joy, oui. Mais Kendra est un paradoxe vivant, elle en est consciente : elle cherche Joy dans tout ce qu'elle fait. Chacun de ses gestes, chacun de ses choix la ramènent vers Joy, toujours Joy, encore Joy. Joy qui revient, Joy qui repart, et Kendra qui se lasse, mais ne dit toujours rien. Elle sait bien qu'elle travaille ici, et pourtant, la voilà, au milieu de la boîte, son regard détaillant les gens comme si elle s'attendait à voir surgir Joy. Joy, Joy, Joy, Joy, le prénom résonne en boucle dans les oreilles de Kendra au rythme de la musique. Une obsession. Elle est là, sans être là, Kendra traîne son fantôme dans son sillage. Elle croit presque entendre la voix de Joy, qui répondrait à son appel silencieux. Kendra ferme les yeux, fait taire son imagination, se concentre sur les basses de la musique, qui atténuent tout le reste. Elle ne sent qu'elle, son partenaire de danse, sa main quelque part sur son corps – ça n'a pas vraiment d'importance. « Kendra. » Cette fois, elle ne rêve pas, la voix familière qui se fraye un chemin jusqu'à elle, c'est bien celle de Joy et c'est bien elle qu'on appelle – Kendra tourne la tête, comme dans un rêve, lentement, perdue entre la réalité et ses divagations. Le contact de la main de Joy contre elle lui fait l'effet d'une onde électrique, tout son corps réagit, comme attiré par un aimant. « Il faut qu'on parle. » Kendra fronce les sourcils, en fixant Joy comme si elle voyait une apparition. Parler, à quoi bon. Parler de quoi. Avaient-elles encore des choses à se dire ? Kendra se perd, regarde le visage de son ex-petite amie. Elle cligne des yeux, se défait de l'étreinte de l'homme, qui, d'un coup, ne l'intéresse plus le moins du monde. Elle s'écarte, attrape Joy par le poignet. Le geste lui paraît étrange, déplacé, mais tant pis. Le son s'atténue quand Kendra s'éloigne, mais le bourdonnement dans ses oreilles est encore là. Le souffle court, Kendra s'appuie contre un pilier, lâche finalement le poignet de la brune. Elle inspire. — Tu voulais qu'on parle. Tu avais des choses à me dire ? Kendra se redresse un peu, croise les bras. Attends, j'ai des choses à dire, avant. J'espère que tu ne vas pas encore … faire comme si on était ensemble. Alors que c'est plus le cas. Elle s'arrête, ferme les yeux. Les mots lui échappent, elle ne cherche même pas à les contrôler. D'accord ? On peut parler de tout ce que tu veux, maintenant. »
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The way you said “I love you.“ prompt 24 : Without really meaning it
Grosse licence artistique et anachronique avec Edmond Rostand !
LeFou observa la scène, au-dessus de son livre laissé à l’abandon. Il était assis dans un coin de la forge. Tom était en train de marteler une pièce de fer rouge, il suait abondamment sous l’effort, ses cheveux retenus en demi-chignon, comme il le faisait d’ordinaire. Ses muscles roulaient sous ses manches retroussées. Les bruits du marteau frappant l’enclume avaient quelque chose d’apaisant, les étincelles dorées étaient hypnotiques. Près de la forge, Jacquot l’apprenti se hâtait d’apporter du charbon, d’entretenir le feu, d’actionner l’énorme soufflet, de changer l’eau de l’auge servant à refroidir les pièces.
Au bout d’un moment, Tom leva la tête de son ouvrage.
- J’entends un que je n’entends pas !!
LeFou savait, sans l’avoir entendu avant ça, que c’était le ton qu’employait Tom pour gronder ses enfants. Il rougit en se rendant compte que ce n’était pas Jacquot qu’il réprimandait ainsi, mais lui-même. LeFou se pointa lui-même timidement du doigt.
- Qui ?…. Moi ?
Tom s’approcha de lui.
- Stanley t’a mis en pénitence ici parce que tu as trop négligé tes exercices de lecture ces derniers temps, rappela Tom. Et je ne t’entends pas lire !
LeFou croisa les bras, se rengorgeant avec une noble indignation.
- C’est une belle indignité de me punir comme un bambin qui a volé des confitures !
- Et c’en est une bien pire que de ne pas s’exercer à lire quand on a eu la chance d’apprendre, répondit Tom du tac au tac. Tout comme ce pendard-là, fit-il en désignant avec son marteau Jacquot, qui rougit. Je l’oblige à faire sa lecture tous les soirs, sinon monsieur bayerait aux corneilles toute la sainte journée ! Mais tu n’es plus un gamin, LeFou !
- Je sais bien assez lire comme ça, rétorqua LeFou.
- Alors je veux entendre ça. Maintenant, tout de suite ! Allez, vas-y. Et mets-y du cœur ! Stanley t’a donné une pièce de théâtre à lire, j’entends que tu la lises comme il faut ! Avec du ton, du sentiment ! Et toi, Jacquot, prends-en de la graine ! Le travail n’est pas tout, le corps a besoin de nourriture, mais l’esprit aussi. Les mots enrichissent l’âme comme le corps l’est par un bon repas !
- Or çà, le dextre poète ! Fit LeFou, plus impressionné qu’il le laissait paraître.
- Au lieu de te gausser, lis. Et lis bien fort, que je t’entende par-dessus le marteau !
LeFou soupira bruyamment. Stanley exagérait. Le punir comme un gosse parce que, depuis quelques semaines, il arrivait qu’il ne lise pas, il dépassait les bornes ! Était-ce sa faute s’il était si fatigué, après toute la besogne de la tenue de la maison, de l’entretien des bêtes et du jardin, et un peu de repos à la taverne ? Était-ce donc si grave de ne pas s’exercer tous les jours à cela ? Négliger de nourrir les poules, de balayer les pièces, d’approvisionner le bois du feu, ça oui, c’était sérieux. Mais lire ?…
Un regard noir de Tom força LeFou à prendre son livre. Cyrano de Bergerac. Stanley lui avait assuré qu’il adorerait cette pièce, et pour être honnête, la paresse l’avait empêché d’ouvrir le livre jusqu’à maintenant. Il ouvrit le volume, commença à lire. Après quelques pages un peu hésitantes, il prit de l’assurance et put y mettre le ton.
Tom, satisfait, se remit à travailler, enjoignant Jacquot à apprécier le texte lu pour eux. LeFou finit par se lever et arpenter l’atelier, fasciné par l’histoire. À la tirade du nez, quelques badauds s’étaient arrêtés pour écouter. Au passage « à la fin de l’envoi, je touche », plusieurs avaient ri. LeFou était absorbé dans sa lecture. Il se sentait pousser des ailes. Enfin, il attaqua le troisième acte. Il avait pris une voix plus douce pour faire celle de Roxane, une voix un peu nasillarde pour celle de Christian, et un timbre formidable pour celle de Cyrano. Il arriva à la scène du balcon.
« Cyrano.
Certes, et vous me tueriez si de cette hauteur Vous me laissiez tomber un mot dur sur le cœur !
Roxane, avec un mouvement.
Je descends !
Cyrano, vivement.
Non !
Roxane, lui montrant le banc qui est sous le balcon.
Grimpez sur le banc, alors, vite !
Cyrano, reculant avec effroi dans la nuit.
Non !
Roxane.
Comment… non ?
Cyrano, que l’émotion gagne de plus en plus.
Laissez un peu que l’on profite… De cette occasion qui s’offre… de pouvoir Se parler doucement, sans se voir.
Roxane.
Sans se voir ? »
LeFou sentait une connivence avec le personnage de Cyrano. Combien de temps avait-il lui aussi passé à soupirer auprès de Gaston, parce qu’il portait le handicap de ses kilos en trop comme Cyrano celui de son nez ? LeFou avait bien tenté de lui prouver ses sentiments sans le lui dire, avec son dévouement, ses chansons, tout cet empressement auprès de lui, mais Gaston n’avait jamais rien vu. Ou peut-être qu’il avait choisi de ne rien voir…
Et comme Cyrano, il avait dû voir l’objet de son attention se faire courtiser par d’autres, et les aider, encore ! Les triplées qui se pâmaient sur son passage, qu’il montrait souvent à Gaston comme des partis possibles, mais que ce dernier ne voyait pas davantage.
« Cyrano.
Mais oui, c’est adorable. On se devine à peine. Vous voyez la noirceur d’un long manteau qui traîne, J’aperçois la blancheur d’une robe d’été : Moi je ne suis qu’une ombre, et vous qu’une clarté ! Vous ignorez pour moi ce que sont ces minutes ! Si quelquefois je fus éloquent…
Roxane.
Vous le fûtes !
Cyrano.
Mon langage jamais jusqu’ici n’est sorti De mon vrai cœur…
Roxane.
Pourquoi ?
Cyrano.
Parce que… jusqu’ici Je parlais à travers…
Roxane.
Quoi ?
Cyrano.
…le vertige où tremble Quiconque est sous vos yeux !… Mais ce soir, il me semble… Que je vais vous parler pour la première fois !
Roxane.
C’est vrai que vous avez une toute autre voix. »
Gaston appartenait au passé, maintenant, mais l’âme égratignée de LeFou ne pouvait s’empêcher de gratter la plaie de temps à autre, malgré le bonheur absolu qu’il avait depuis trouvé dans les bras de Stanley. Comme une sorte de sel dont il avait besoin pour mieux apprécier ce qu’il avait maintenant. Le temps, qui dore tous les souvenirs, lui faisait découvrir les attraits d’une attente qu’autrefois, LeFou avait trouvée intolérable, dont la souffrance n’était jugulée que parce qu’il pouvait parler à sa guise avec Gaston.
« Roxane.
Vous ne m’aviez jamais parlé comme cela !
Cyrano.
Ah ! si, loin des carquois, des torches et des flèches, On se sauvait un peu vers des choses… plus fraîches ! Au lieu de boire goutte à goutte, en un mignon Dé à coudre d’or fin, l’eau fade du Lignon, Si l’on tentait de voir comment l’âme s’abreuve En buvant largement à même le grand fleuve !
Roxane.
Mais l’esprit ?…
Cyrano.
J’en ai fait pour vous faire rester D’abord, mais maintenant ce serait insulter Cette nuit, ces parfums, cette heure, la Nature, Que de parler comme un billet doux de Voiture ! — Laissons, d’un seul regard de ses astres, le ciel Nous désarmer de tout notre artificiel : Je crains tant que parmi notre alchimie exquise Le vrai du sentiment ne se volatilise, Que l’âme ne se vide à ces passe-temps vains, Et que le fin du fin ne soit la fin des fins !
Roxane.
Mais l’esprit ?…
Cyrano.
Je le hais, dans l’amour ! C’est un crime Lorsqu’on aime de trop prolonger cette escrime ! Le moment vient d’ailleurs inévitablement, — Et je plains ceux pour qui ne vient pas ce moment ! — Où nous sentons qu’en nous une amour noble existe Que chaque joli mot que nous disons rend triste ! »
Oh oui, songea LeFou. Ô combien.
Il n’y avait rien de pire que de devoir faire assaut de ronds de jambe, de savantes métaphores, d’approximations galantes de peur d’effaroucher par des aveux trop directs. Le cœur s’y effiloche, et l’espérance s’y meurt comme on se jette depuis la roche Tarpéienne.
Combien de fois LeFou s’était-il senti minable, le dernier des derniers, se jugeant indigne d’être aimé, parce que le caprice des sentiments lui avait fait autrefois porter son choix sur quelqu’un qui ne l’aimerait jamais ! Ces nuits à ne voir qu’en rêve des promesses de baisers et de caresses, dont son corps était assoiffé ! Mais le bienheureux assouvissement de ces besoins semblait n’être la récompense que des corps beaux et athlétiques, dans le prisme de sa vision, rendue étroite par le malheur.
LeFou songea à Stanley. À ce miracle, ce merveilleux miracle. Un corps magnifique, un visage de statue, et un cœur noble et beau, bien plus beau encore que son apparence. LeFou sentit son cœur se serrer d’un mélange de gratitude et de désir, son ressentiment devant sa punition évaporé.
Stanley avait fini l’inventaire de la boutique, les ouvrages de couture du jour et avait aidé Élise à terminer la comptabilité de la semaine. Il entra à la forge pour récupérer son récalcitrant. Il fut étonné de voir la foule massée devant l’échoppe de Tom, et entendit la voix claire citer :
« Roxane.
Eh bien ! si ce moment est venu pour nous deux, Quels mots me direz-vous ?
Cyrano.
Tous ceux, tous ceux, tous ceux Qui me viendront, je vais vous les jeter, en touffe, Sans les mettre en bouquets : je vous aime, j’étouffe, Je t’aime, je suis fou, je n’en peux plus, c’est trop ; Ton nom est dans mon cœur comme dans un grelot, Et comme tout le temps, Roxane, je frissonne, Tout le temps, le grelot s’agite, et le nom sonne ! De toi, je me souviens de tout, j’ai tout aimé : Je sais que l’an dernier, un jour, le douze mai, Pour sortir le matin tu changeas de coiffure ! J’ai tellement pris pour clarté ta chevelure Que, comme lorsqu’on a trop fixé le soleil, On voit sur toute chose ensuite un rond vermeil, Sur tout, quand j’ai quitté les feux dont tu m’inondes, Mon regard ébloui pose des taches blondes !
Roxane, d’une voix troublée.
Oui, c’est bien de l’amour…
Cyrano.
Certes, ce sentiment Qui m’envahit, terrible et jaloux, c’est vraiment De l’amour, il en a toute la fureur triste ! De l’amour, — et pourtant il n’est pas égoïste ! Ah ! que pour ton bonheur je donnerais le mien, Quand même tu devrais n’en savoir jamais rien, S’il ne pouvait, parfois, que de loin, j’entendisse Rire un peu le bonheur né de mon sacrifice ! — Chaque regard de toi suscite une vertu Nouvelle, une vaillance en moi ! Commences-tu À comprendre, à présent ? voyons, te rends-tu compte ? Sens-tu mon âme, un peu, dans cette ombre, qui monte ?… Oh ! mais vraiment, ce soir, c’est trop beau, c’est trop doux ! Je vous dis tout cela, vous m’écoutez, moi, vous ! C’est trop ! Dans mon espoir même le moins modeste, Je n’ai jamais espéré tant ! Il ne me reste
Qu’à mourir maintenant ! C’est à cause des mots Que je dis qu’elle tremble entre les bleus rameaux ! Car vous tremblez, comme une feuille entre les feuilles ! Car tu trembles ! car j’ai senti, que tu le veuilles Ou non, le tremblement adoré de ta main Descendre tout le long des branches du jasmin !
(Il baise éperdument l’extrémité d’une branche pendante.) »
Stanley resta interdit. Il nota vaguement que LeFou avait fait de considérables progrès en lecture, mais était troublé par ces « je t’aime » qu’il avait prononcés avec tant de conviction, et pourtant sans objet. Il rougit en voyant l’assemblée qui l’écoutait attentivement et qui avait entendu la voix de LeFou prononcer ces mots d’amour.
LeFou termina la scène et referma le livre. Les badauds applaudirent, LeFou salua comme au théâtre. Samuel et Renée le félicitèrent pour ses progrès. Il sembla même à Stanley qu’une ou deux filles le couvaient d’un regard de braise… Il fallait y mettre bon ordre.
- LeFou !
L’intéressé leva la tête vers lui et lui sourit.
- Ah ! Bonjour Stanley ! Alors, tu es venu me tirer de ma pénitence ?
- Précisément ! Tu, heu, tu as très bien lu. Rentrons ! Tom, merci d’avoir été son geôlier !
Tom rit de bon cœur.
- Je recommence quand tu voudras ! Tant que tu lui donnes d’aussi beaux textes à lire ! Il a enchanté mon après-midi ! Et toi Jacquot, tu as aimé ?
L’adolescent rougit.
- Je crois, dit-il avec lenteur, choisissant ses mots, je crois que je comprends mieux ce que vous vouliez dire avec cette histoire de nourriture de l’esprit, maître, dit-il. Ma parole, j’aurais aimé une douce amie à qui dire d’aussi jolis mots !
Tom lui appliqua une solide bourrade dans le dos.
- Chaque chose en son temps, garnement ! Bonne soirée à vous deux, dit-il à LeFou et Stanley, qui saluèrent et partirent.
Une fois rentrés chez eux, Stanley enlaça LeFou, enfouissant son nez dans les cheveux souples.
- Oui, je tremble, et je pleure, et je t’aime, et suis tien ! Et tu m’as enivré, murmura-t-il.
- Je n’aurai pas autant de scrupules que Cyrano, répondit LeFou, et cueillerai mon bonheur immédiatement.
Le baiser qui suivit fut long, passionné, et la nuit suivante fut fort courte.
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📙 📺 A Discovery Of Witches, Episode 6 📺 📚
Un avis parmi tant d'autres...
L’épisode 6 est celui qui a été le moins visionné en Grande Bretagne. Et c’est certainement celui que j’aime le moins.
Ce n’est pas parce qu’il y a de la torture ou que La Pierre est un endroit lugubre. En fait, j’aime plutôt ces chapitres du livres (non pas que je sois sadique, j’expliquerai plus tard pourquoi mais les lecteurs comprendront au mot « oubliettes » ce dont je veux parler). Ce que je n’apprécie pas, c’est le rythme. Depuis le début de la série, nous courrons après le temps. Les scénaristes font des efforts magistraux pour condenser informations et actions dans des formats trop serrés, coupant certaines scènes, faisant des choix éditoriaux et me donnant souvent l’impression que quelqu’un appuie sur le bouton « avance rapide » de l’histoire.
Alors pourquoi passer 26 min (soit 62% de l’épisode) à La Pierre ? Pourquoi s’appesantir autant sur un événement qui pouvait être résumé au même titre que les autres ? Pourquoi ajouter même des séquences secondaires (et souvent pas vraiment utiles) à un épisode où tout ne rentrait pas ?
Pour moi, cet épisode traîne en longueur et l’on « gaspille » les précieuses minutes allouée à l’histoire. Quel dommage !
It's difficult to know when she's been with De Clermont, where her scents begin and his end.
Pour une fois, l’épisode ne commence pas avec la vision de Matthew mais avec l’épouvantable Gerbert. Et la voix off d’introduction de Matthew paraît vraiment de trop car elle ne colle pas vraiment avec les images que l’on voit.
Diana « atterri » et tombe terrorisée nez à nez avec Gerbert qui est absolument répugnant. La façon dont il la sent, dont il ose la toucher (alors qu’il sait pertinemment que Matthew sentira son odeur sur Diana), dont il ose vérifier s’il s’est nourri d’elle en soulevant ses cheveux, dont sa main traine doucement sur sa poitrine… toutes ces actions sont absolument viles et dégoutantes. Gerbert nous apparaît sans filtre, envieux, avide. Et tellement plein de préjugés. Il prétend que la faiblesse de Matthew sont les femmes. Si effectivement, les femmes l’ont entraîné par le passé à de sombres actions, c’est plutôt son besoin de les protéger à tout prix qui est sa faiblesse. Car les femmes sont généralement ses forces si l’on prend l’exemple de Miriam, de Marthe et d’Ysabeau qui veillent sur lui en permanence. Et il ne faut pas oublier que si Matthew est tombé dans l’illusion de Juliette pendant quelques décennies, il a fini par la quitter et l’oublier.
Gerbert brûle d’envie d’élargir sa collection de sorcière et il peine à se contenir.
Good Cop
Et c’est là où Satu entre en jeux. Comme dans le livre, on a l’impression qu’elle est « la gentille », proposant son aide à Diana, voulant la comprendre. Elle reprend les mêmes arguments, joue sur la sensibilité et les peurs de Diana pour l’encourager à lui donner confiance. Et Diana n’étant pas coopérative, elle change de tactique en lui montrant les vicissitudes de son Vampire. Gillian, son ambition d’obtenir le livre, les arguments sont puissants. Elle pousse même sa stratégie à appeler Matthew par son prénom, ce qui est très inhabituel pour une créature. Et elle pousse ainsi Diana dans ses retranchant, activant sa magie par son besoin de protection.
Disque rayé
C’est typiquement l’une des scènes dont je ne comprends pas l’utilité. Nous avions eu l’énoncé de la prophétie de Meridiana lors de l’épisode précédent. C’était très bien amené. Mais ici je ne comprends pas l’intérêt ? Pourquoi la dire ? la redire en boucle ? Quand on voit le rythme serré de l’histoire pourquoi ajouter cette séquence qui n’apporte rien à l’intrigue ? J’ose espérer qu’elle annonce des éléments qui seront développés dans la saison 2 (on peut imaginer y retrouver Meridiana en un seul morceau cette fois). Si ce n’est pas le cas, je pense vraiment que c’est gâcher les précieuses minutes qui sont à notre disposition.
Les secrets
Et pendant ce temps-là, la longue interrogation continue.
Attention, je ne critique en rien le jeu des deux actrices car il est parfait. Leurs interactions, leurs réactions, la qualité de leur jeu est tout ce qui rend ces scènes crédibles et nous permettent de nous y accrocher. Les larmes qui montent aux yeux, la colère qui les fait trembler de tout leur être, les émotions à fleur de peau. Teresa Palmer et Malin Buska sont vraiment exceptionnelles.
Mais on étire encore trop la scène pour arriver à la torture.
Et ce, même si je trouve intéressant de voir abordé la notion des secrets chez les sorcières. Dans le livre, on explique longuement que les sorcières n’ont pas le droit de cacher des choses à leur communauté. Et c’est la raison pour laquelle Steven et Rebecca ont été assassinés. Et Satu est parfaitement placée pour le savoir.
Matthew en sous-vêtements
Car c’est vraiment ce qu’on retient de cette scène ! Matthew, véritable statuaire grecque qui se montre à nous en toute vulnérabilité dans un plan très flatteur et appréciable pour nos yeux amateurs.
Et pourtant il y a un peu plus à retenir de cette scène. Matthew s’éveille, totalement serein. Contrairement au livre, il ne panique pas en ne sentant pas Diana mais prend le temps de scanner tout son environnement avant de se rendre compte de sa disparition. Et il entend soudain les pâles de l’hélicoptère annonçant l’arrivée de son frère. La rage monte, ses réflexes protecteurs sont à leur maximum.
Et c’est après un très beau plan où l’on voit Matthew finir de s’habiller (ce n’est que moi ou l’habillement est aussi agréable à regarder que le déshabillage ?) marchant d’un pas décidé, la colère bouillonnant, qu’il interpelle son frère en lui plantant une droite dans la mâchoire en guise de salutations. La scène était osée mais j’avoue avoir adoré la surprise. On comprend vite que Matthew n’est pas vraiment lui-même lorsqu’il en vient à mordre son frère (outrage suprême pour un vampire et qui plus est, le chef de famille). Ses émotions obscurcissent son jugement, son besoin de retrouver Diana l’obsède complètement. L’assassin qui est en lui reparaît subitement. Ce qui m’a surpris est la réaction plutôt calme et raisonnée de Baldwin, qui est plutôt d’un tempérament brutal et sanguin. Malheureusement pour lui, il comprend vite qu’il est arrivé au mauvais moment.
Au passage, j’aime l’attitude impassible d’Ysabeau qui laisse les deux frères gérer leur longue et compliquée relation, aux tensions amassées depuis des siècles.
Pendant ce temps, à La Pierre
Il se passe enfin quelque chose. C’est totalement différent du livre, mais j’aime assez. Dans le livre la scène est absolument gore, puisque Satu ouvre réellement Diana après l’avoir littéralement réduite en bouillie. Ce qui donne le courage à Diana est l’apparition d’un arbre magique (Dianae arbore ?) sous lequel se trouve le fantôme de sa mère qui la soutient. J’imagine qu’ici, outre le problème budgétaire, le rendu aurait été difficile à rendre crédible. Je trouve donc que le choix qui a été fait ici est efficace et totalement crédible par l’incroyable jeu de Teresa (ses cris sont plutôt convainquant) et de Malin, totalement effrayante. Je trouve toutefois le résultat de l’ouverture magique un peu trop propret puisque même les habits de Diana sont intacts. On a du mal à croire qu’une boucherie sanguinaire s’est produite. Toutefois, l’idée de voir les pouvoirs de Satu s’épuiser contre ceux de Diana est assez bonne innovation et ne peut que nous interpeller quant à la suite.
Et quelle satisfaction de voir que le marquage du blason de Matthew a été conservé dans la série !
Où Badlwin est le plus intelligent
Malgré la violente querelle précédente, Baldwin aide son frère car, comme toujours chez les De Clermont, les tensions personnelles disparaissent instantanément quand le bien commun de la famille est en jeu.
J’aime beaucoup la loquacité de Baldwin face à Matthew qui court comme un poulet sans tête. Dans le livre, Baldwin injecte Matthew de réfléchir. Ici, il n’a même pas besoin de parler. Un seul petit geste suffit.
Et c’est aussi lui qui trouve d’où vient la menace. Son coup de fil à Knox est absolument convaincant, en tant que chef de la Congregation protègeant ses intêrets.
Et j’ai tellement rit de la répartie sidérée de Knox lorsqu’il raccroche : « Where is Satu ? ». C’est irrésistible !
Grosse colère
Dans un ultime geste de rage, Satu va jeter sans aucun ménagement et dans une totale colère Diana dans les oubliettes. La violence de la chute, sa rage sont complètement crédibles. Il faudra juste m’expliquer l’intérêt d’ajouter par-dessus les incantations de Meridiana.
Le conseil de guerre
J’adore cette scène à plus d’un titre. Tout d’abord parce qu’il est très intéressant de voir les 4 personnages interagir et à l’œuvre. Philippe appelait Ysabeau « son général » et elle ne faillit pas à sa réputation. Baldwin aide son frère à penser et Marthe facilite et tempère Matthew. Ensuite, le jeu de Matthew est absolument sublime. Les expressions de son visage et son attitude sont inhumaines. On a l’impression de voir un prédateur, le loup souvent décrit en train d’analyser la situation, penchant la tête, son regard perçant en train de sentir son environnement, d’élaborer son plan. Je ne pensais pas qu’il était possible de traduire tout ça à l’écran. Ce sont des descriptions que l’on retrouve beaucoup dans les livres, et je trouve formidable de les voir ici. Son regard, notamment, lorsqu’il comprend qu’Ysabeau sait où est Diana, est extraordinaire. Et j’aime aussi le fait que ce ne soit pas lui qui ait trouvé tout seul le lieu mais Ysabeau. C’est un travail collectif, de famille.
Enfin, le fait d’avoir l’intervention des tantes, l’utilisation des visions de Em comme dans le livre est juste ce qui manquait pour que tous les éléments s’emboîtent parfaitement. (ceci dit, j’aimerai bien savoir dans quel annuaire Sarah a trouvé le numéro de portable de Matthew, je suis preneuse…)
Bref, vous l’aurez compris, j’aime vraiment beaucoup cette scène. (Plus que ce qui se passe entre parallèle à La Pierre, où Satu et Gerbert se disputent Diana). Avez-vous remarqué qu’à la fin de la scène lorsque Matthew se lève, il emmène la carte avec lui ? Trystan retient la carte et remet tout en place. Je pense que ce n’était pas prévu mais j’aime l’idée que Matthew fait les choses avec impulsion et que Baldwin est celui qui remet les choses en ordre après son passage…
Et puis, juste après, il y a la séquence dans l’hélicoptère. Les casques, l’impatience, le saut surhumain… on est complètement dans l’univers masculin des De Clermont partant à la bataille !
Les Oubliettes
C’est ma grande déception de l’adaptation. Dans le livre, les oubliettes sont un moment décrit de manière très très visuelle. Diana est entourée de fantômes et de ceux de ses parents. Passé et présent se mélangent pour redonner vie au conte que Rebecca racontait le soir à sa fille. L’image des rubans pour s’envoler… il y avait beaucoup de matière. Trop, peut-être. Par conséquent, c’est plutôt sous forme de rêve, avec ces toiles d’araignée qui nous posent question depuis le début de la série. Il y a bien une tentative de raconter le conte mais ça ne marche pas vraiment. Dommage.
Car le trio Rebecca-Steven-Diana marche pourtant bien. Une nouvelle fois la performance de Teresa Palmer est impressionnante. J’adore le regard d’adoration qu’elle a vers Rebecca, comme toute petite fille regarderait sa mère. C’est extrêmement réussi et ce sont ces interactions qui sauvent la scène.
Car je n’adhère pas du tout aux flashbacks que je trouve vraiment inutiles et trop faciles.
Par contre, j’aime beaucoup la façon dont Diana va s’élever dans les airs. Pas de rubans, mais la compréhension que la magie est dans le cœur. Son cœur étant en haut avec Matthew, elle ne peut que s’élever vers lui. Il semblerait que c’est à ce moment que la magie de Diana se débloque. Je ne l’avais pas compris comme ça. Mais il y a toujours une part d’interprétation sur ce genre de scènes.
Et pendant ce temps…
Satu et Gerbert se menacent mutuellement. On comprend que Gerbert aimerait fortement ajouter Satu à sa collection de têtes dorées. Et l’on comprend vite à quel point il craint les De Clermont (ou en tout cas, il en est encore à jouer en coulisse et n’est pas prêt à les affronter ou se dévoiler). Satu découvre avec horreur Meridiana. Pour quelqu’un qui vient de réaliser les pires horreurs sur l’une de ses congénères, ce regain d’humanité est quelque peu surprenant.
De retour à Sept Tours
Je n’irai pas dire que les retrouvailles avec Ysabeau sont chaleureuses mais on sent une vraie sincérité dans les échanges entre Diana et Ysabeau. On ne le sait pas encore dans la série mais dans le livre on sait qu’Ysabeau a elle aussi été emprisonnée et torturée, sauvée seulement par Philippe. Le regard d’Ysabeau n’est que pure compassion pour une histoire qu’elle connait bien et voit se répéter.
« I’ll never let you go again ». C’est une nouvelle promesse de Matthew qui, comme à son habitude, endosse personnellement la responsabilité de tout ce qui s’est mal passé. J’adore la façon dont elle s’appuie sur lui à ce moment, venant chercher toute la force et le réconfort qui lui font défaut à ce moment.
C’est d’ailleurs l’une des scènes où je trouve que Teresa Palmer a le mieux cerné la Diana du livre. Elle est rouée de coups, vraisemblablement épuisée mais elle essaie de se tenir debout et sa première pensée est pour rassurer ses tantes. Quand elle passe devant Ysabeau, elle tente d’esquisser un sourire pour la rassurer et là on ne peut s’empêcher de penser « quelle lionne ! »
Où l’on se rappelle que Matthew est aussi Docteur
Et oui, Matthew a eu plusieurs vies dont celle de médecin. Ça n’avait pas été encore dit dans la série aussi l’examen très médical de Diana renseigne le téléspectateur sur ce point. Cette scène est magnifiquement jouée par Teresa. Elle ne se plaint pas, prend sur elle et minimise les choses, comme pour préserver Matthew de la vérité et prévenir sa colère. On lit sur son visage la détresse, la douleur, la fatigue. Plus d’une fois, on croit qu’elle va vaciller, tourner de l’œil, fondre en larme. Et la façon qu’elle a de regarder Matthew ! Il est son seul espoir, son point d’ancrage, celui grâce à qui elle tient bon. Matthew est un mélange élégant de douceur et de force, de rage contrôlée et concentrée sur la tâche et le mieux-être de Diana.
La scène du marquage a la place qu’elle mérite. Chaque personnage a la réaction qui lui est propre et légitime, avec les citations exactes du livre. J’aime voir les échanges de regards, les non-dits horrifiés et parfaitement échangés. J’imaginais la marque autrement mais elle fonctionne bien. La seule chose non crédible est Diana regardant la marque dans le miroir. Il est tout bonnement physiquement impossible qu’elle puisse y voir quelque chose. Je sais bien que la réalisation est ainsi faite pour des problématiques de cadrages et de rendu artistique mais je trouve cela un peu dommage.
J’aime cependant le sourire vengeur et fier de Diana lorsqu’elle réalise qu’elle a su résister à Satu, que son pouvoir est plus fort qu’il n’y parait et qu’elle a survécu. Elle sait qu’elle a désormais le pouvoir de se défendre.
Eurk Gerbert !
Vous ai-je déjà dit que je trouvais Gerbert répugnant ? Et bien je le réaffirme ! Le voir sucer la trace de sang avec satisfaction est vraiment une chose dégoutante. Tout comme son grand sourire machiavélique qui se dessine lorsqu’il reçoit les souvenirs véhiculés dans le sang… oui mais le sang de qui ? Diana ? Satu ? Le mystère reste entier et il faudra vraisemblablement attendre la prochaine saison pour en avoir la réponse….
L’heure de vérité
Dans une atmosphère de profonde intimité, Diana cherche à savoir si elle a bien fait de défendre Matthew contre Satu. Ce n’est pas un échange où elle est inquiète ou effrayée. Elle a la tête bien haute et c’est en tant qu’égale de Matthew qu’elle demande des comptes. Le cadrage et les plans sont rigoureusement identiques entre Matthew et Diana. Ils ont la même expression, le même regard. Ils sont tous deux en guerre contre qui viendra menacer l’autre. Diana est vengeresse, forte. C’est très différent de la Diana du livre qui est libérée et cherche des réponses aux questions. Mais j’aime autant cette nouvelle ligne. Elle est vraiment cohérente avec le personnage de Matthew.
J’aime aussi le fait qu’on sous-entend qu’ils ont eu de nombreuses discussions sur ce que leur relation impliquait et représentait. Diana répond à la tirade de Matthew « Je sais, tu me l’as dit ». Et pour tous les fans frustrés de ne pas avoir eu ces discussions, c’est très malin de nous rassurer ici en nous disant qu’elles ont bien eu lieu.
Lutte fraternelle
Pendant ce temps, Baldwin broie du noir dans le bureau de Philippe. Il a aidé son frère, fait tout ce qu’il devait pour défendre les intérêts de sa famille. Maintenant, il a des comptes à régler avec lui. Il est intéressant ici de remarquer que, contrairement à Matthew, il n’hésite pas à s’asseoir dans le siège de Philippe, traduisant ici son statut de chef de famille.
Dans cette scène, beaucoup d’informations sont échangées. Certaines avec beaucoup de subtilité et de fluidité (toute la notion d’arbre généalogique et d’être renié, essentielle pour le livre 3), d’autres un peu plus grossière. Il est indispensable d’enfin expliquer l’ordre des Chevaliers de Lazare au spectateur : son origine, sa mission, ses faits d’arme, la jalousie de Baldwin de ne pas en avoir hérité de Philippe… Ce que je reproche est que les tirades sont un peu trop théatrales et pédagogiques pour être réalistes. Mais au moins, le sujet est clair pour tout le monde.
Et Matthew remet la lettre. Une nouvelle fois dans un français très incompréhensible. Les mots sont là. Je suis un peu déçue que Baldwin ne réponde pas avec le sarcasme du livre. La scène aurait été parfaite.
You’ve both shown you have some fight in you. Hold onto that, because you’re going to need it.
Avant de partir, Baldwin leur donne les meilleurs conseils possibles. On sent sa puissance de stratège, de visionnaire. Il leur rappelle l’importance de survivre et de réfléchir rapidement à leur prochaine action, comme un lointain écho du mantra que donnera Philippe plus tard à Diana : « Think & Survive » J’aime vraiment le personnage de Baldwin.
S’en suit une scène très belle et touchante. Conscient que Diana souffre, Matthew souhaite lui apporter du réconfort, mais sans la toucher. Il pose son menton juste derrière elle, l’enveloppant de sa présence protectrice. Diana se blottie encore plus et prend sa main, qu’elle caresse sans un mot. Pas un mot échangé dans un moment lourd de sens et de communication, parfaitement cadré, parfaitement filmé.
I'm your mother. You come first. Both of you do.
Ce que j’aime Sophie et Agatha dans cette scène. Sophie dégage une telle authenticité, une telle force empreinte de douceur. Ses rêves, ses intuitions la guide et Nathanaël la soutient silencieusement à ses côtés. Agatha fait preuve d’une très grande ouverture d’esprit, affichant clairement ses priorités et quel est son combat.
Thank you, Weaver
Si cette scène est le prélude à d’autres concernant Meridiana dans la saison 2, je dis bravo et elle laisse à penser qu’elle pourrait avoir un rôle important puisque c’est Goody Alshop qui apporte normalement cette information de poids.
Si ce n’est pas le cas, je ne vois d’intérêt que pour ajouter de la lumière, de l’humanité à Satu, et peut être une nouvelle fureur de vengeance contre Gerbert et peut être Knox. Et aussi nous révéler (au cas où nous ne l’avions pas compris) qu’il y aura un combat entre la Dark Witch et la White Witch…
What am I ?
Fidèle au schéma narratif habituel, l’épisode se referme avec le regard de Diana. Cette fois, c’est un regard interrogateur, plein d’incompréhension et de question.
La révélation de la théorie du spellbound a de quoi la secouer tant c’est un sort interdit et lourd de conséquences. J’aime beaucoup que ce soit Ysabeau qui amorce le sujet. Elle estime Diana et sait qu’elle est forte. Elle est aussi décidée à en faire une De Clermont, capable de se défendre elle-même. Matthew s’exécute immédiatement lorsque sa mère le sollicite d’un regard. Il fait attention à ménager Diana, mais lui donne la vérité sans détour.
A ce moment, tout prend sens, les pièces du puzzle se mettent en place et l’on comprend que l’on est dans un tournant de l’intrigue…
Et que malheureusement le dénouement est proche, avec seulement 2 épisodes à venir…
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mieuxquntweet · 5 years
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Chronique d’une assoiffée
J'ai toujours été rongée par la rage. Petite déjà, elle s'insinuait entre deux pensées, entre deux pages d'un livre lu en secret sous la couette, entre deux paroles de ma mère et entre deux moqueries de mon père. Je suis rentrée dans l'adolescence avec la rage de quitter l'enfance, et la peur de grandir. J'ai ri, fêté, pleuré, fais l'amour avec colère. J'ai grandi avec mes fêlures, craquelée et proche de l'explosion. J'ai bu, fêté, abusé, oublié, souffert. Je me suis nichée, aveugle, dans un groupe d'amis, confortable. Dans les bras d'un garçon, idéal en surface, monstrueux dans l'intimité de nos regards. J'ai tenté de fuir, mais on n'achappe pas à son ombre. Pour la première fois de ma vie, la colère n'a pas détruit ce qu'il y avait autour de moi, mais m'a sauvé la vie. C'est avec cette colère pure, franche et déterminée que j'ai tout plaqué, pour vivre mieux, plus intensément, et plus justement. Alors j'ai lu. J'ai appris. J'ai serré de nouveaux corps contre moi, construit de nouvelles relations, jouis de nouveaux sourires. J'ai abandonné certaines normes derrière moi, pour devenir une meilleure version de moi-même. Toujours rongée par la rage, je suis devenue une corne d'abondance d'amour pour mon prochain. J'ai écouté mes amies, celles qui ont essayé d'autres choses et d'autres horizon. Après quelques rires perplexes et de longues nuit à réfléchir à ces multitudes de vie, j'ai commencé à douter. C'est alors que la réalité à commencé à flancher.
Quand j'ai vu le vieux monde se craqueler sous mes yeux, la colère est devenu un moyen de vie. Je me suis trouvée au bord d'un gouffre, je me suis maudite de ne pas avoir compris avant, de m'être bercée d'illusions. Pourtant, promis, j'y ai cru. J'ai cru dur comme fer au fonctionnement du monde. J'étais fière d'être née ici, orgueilleuse de ce savoir que je pensais posséder. Nous menions, tous ensemble, de grandes discussions pompeuses sur ce que nous pensions être la vérité. Je me souviens et me souviendrai toujours du jour où tout à basculé. On ouvre un réseau social, on tombe sur un tweet, sur un article, et tout s'écroule. Le déclin est devenu une évidence en une seule nouvelle, et ce que je pensais être un système juste a révélé sa vraie nature pour moi. J'ai cessé de croire, j'ai voulu me battre.
Une fièvre impossible à négocier. Je regarde la couverture du livre poche de Lola Lafont, cornée de tant de lectures. C'est cela que doit être la vie, une fièvre fébrile, une fête en commun. Je me suis tournée vers mes ami-e-s, et je leur ai demandé si ils croyaient encore, et si non, si ils savaient quoi faire, comment lutter, comment dire non. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai accepté de reconnaître mon impuissance, que je ne savais rien, que tout un pan de réflexion m'était inconnu. Je me suis assise avec ces autres ami-e-s, celles et ceux qui ne croyaient plus depuis longtemps, et qui avaient impliqué leurs corps et leurs âmes dans le refus de l'existant. Je leur ai dit : dites moi. Apprenez-moi. Abreuvez-moi. J'étais brûlante, et assoiffée.
Pendant encore quelques mois, j’ai écouté et débattu pour savoir. Quand le bouleversement a atteint l’école, je l’attendais de pied ferme. J’étais prête.
J’ai vécu la meilleure année de ma vie. Pour la première fois, ma colère grondante et tonitruante n’était plus un vice, mais une force. Et pour la première fois de ma vie, le poids de mes épaules s’est envolé. Il est parfois des paradoxes puissants quand on regarde en arrière dans son passé. De mon adolescence, je traînais et traîne encore le boulet d’un cœur abusé et d’un corps meurtri. De cette année, je traîne désormais le meilleur et le pire, sans que l’un ne prenne jamais le pas sur l’autre, et sans qu’il ne me vienne à l’esprit de changer quelque chose dans le passé. J’ai mille fois voulu effacer ce garçon aux lèvres douces et molles de ma vie, mais cette année, non, jamais je ne veux y renoncer. Nous étions les oiseaux de la tempête qui s’annonce.
En toute honnêteté, je pense que rare sont les gens à avoir vécu une expérience à grande échelle avec autant d’intensité, surtout récemment. Peut-être en 68, peut-être pendant le MLF, je ne sais pas, je n’y étais pas. Ce qui est sûr, c’est que c’était il y a longtemps, et que ça ne s’est pas reproduit avec cette force par la suite. Les salles de discussions étaient bondées. Les yeux fiévreux, impatients et brillants se croisaient, se détestaient parfois, s’aimaient souvent, le temps d’une parole échangée. Du calme, nous ne connaissions désormais que le nom. Nous nous croisions, créions, nous nous voyions tous les jours, sans souvent connaître nos noms, mais cela n’avait pas d’importance, parce que nous avions tous une connexion. Nous savions tous très bien que quand les choses se finiraient (bien sûr, nous craignions cette potentialité, nous voulions suspendre le temps, et je pense que nous l’avons plutôt réussi le temps d’une année) nous ne nous reparlerions plus, et nous ne connaîtrions toujours pas nos noms. Le nom du monde était colère, mais il était aussi rire et joie. Tout ce qu’on voulait c’est être heureux, être heureux avant d’être vieux !
Nous avons tant appris ! Tant de savoirs qui sont jugés abscons et absurdes. Créer une cantine, trouver des aliments gratuits, allumer des feux sauvages, escalader des murs, peindre, taguer, renforcer, construire un auvent, un bouclier, une lampe, un écran de cinéma… Mais plus important encore, nous avons appris à nous dépasser et à faire confiance. Ici, la confiance concerne les autres comme soi-même. La timidité et la retenues sont parties loin. Nous avons appris à parler en cercles larges comme en cercles restreints. Nous avons appris à avoir confiance en notre inculture et méconnaissance, mais aussi dans nos convictions et nos remarques. Nous avons rencontré des gens d’ailleurs et des gens d’avant. Nous avons cessé d’être des je pour devenir un nous. Dans cette marrée grouillante d’ambitions et de joie, j’ai senti la colère quitter l’amertume pour me tendre une main chaude de la sérénité. Je l’ai saisie, et je suis devenue puissante, portée par ce nous qui me semblait éternel. À nos amis.
Au détour des assemblées, j’ai croisé des regards, et écouté des avis qui faisaient vibrer tout mon corps. La machinerie incessante de mon cerveau, bien huilée, m’indiqua : je suis d’accord ! Mais encore plus que ça, je voulais que ces gens prennent ma main, m’apprennent plus précisément ce qu’ils savent, je voulais agir avec un groupe, en plus d’une assemblée. Les groupes construisent un ensemble, je ne voulais pas être une simple spectatrice.
Quand je suis rentrée dans le groupe, la joie et les cris ont encore grandis. Nous vibrions. Il n’y a pas d’autres mots. Ici, les gens étaient beaux. Ça n’avait rien à voir avec une quelconque beauté physique, mais les gens étaient beaux parce qu’ils agissaient, croyaient et luttaient. Le jour, nous travaillions à la gigantesque occupation de l’assemblée. Le soir, nous travaillions entre nous pour construire le lendemain, le jour d’après et celui encore d’après, mais aussi pour œuvrer pour un spectacle, une action, une destitution. La nuit, nous dansions.
Les corps étaient moites, les regards brillants de désir ou de rire, et de cette colère assimilée comme mode d’existence. Nous nous glissions dans les espaces publics et les envahissaient de nos rires et de notre cacophonie. Nous renversions quelques babioles, brisions quelques autres, courrions dans les rues comme des dératés. Dans la chaleur enfumée des maisons et appartements, on hurlait, on dansait, on pleurait parfois, se disputait de temps en temps, allumions des feux, dans les cheminées comme dans nos coeurs. Pendant la bataille, souvent, nous nous retrouvions nus comme des vers, portés par le rire. Nous prenions des bains, sautions dans le fleuve, mais nous étions toujours des corps dansants. Quand l’épuisement nous saisissaient, nous nous replions dans l’intimité d’une chambre, rarement seul-e-s, sans regrets. Aux aurores, nous nous levions, rieurs encore de la veille, pour bloquer les flux, pour créer des brèches, et rire avec d’autres encore.
Bien sûr, il y avait aussi la peur et la violence, et parfois une colère plus vicieuse. Il y avait nous, et des gens à qui nous nous opposions parfois, au sein de l’assemblée. Mais même ces oppositions nourrissaient la force commune. Non, la peur venait d’ailleurs. Elle naissait dans la rue, au cœur de la foule. Nous faisions bloc. Nous nous émeutions. La rage était alors un moteur que nous alimentions tous-tes. Les matraques scindaient les groupes, les grenades meurtrissaient les corps avec une violence jusque là inconnue de moi. Les yeux et les poumons brûlants à cause du gaz, le cœur sur le point d’exploser à cause des courses folles, c’est dans ces moments là que nous étions le plus lucides sur le commun que nous formions. Pour un-e de perdu-e, dix de retrouvé-e-s, dont nous ne connaissions pas les noms et ne voyions pas les visages. Pour chaque camarade blessé, une rage plus forte encore nous portait en avant. À la colère se mêlait la peur, et nous repoussions des limites inconnues : comment réagir, guider, ne pas se perdre, quand le monde n’est que fusion, que tout bouge si vite, que nous ne pouvons pas voir à un mètre, et que pour chaque faux pas, une justice expéditive aurait vite fait de nous punir pour l’exemple (quel exemple ?). Certains, pour échapper à la folie répressive, se sont déjà jeté dans la rivière. Je me suis déjà, personnellement, tapie dans la boue des berges pour ne pas être vue, jetée dans une poubelle, glissée dans des tunnels inconnus.
Mais cette peur ne nous brisait pas. Elle nous laissait fébriles et pantelants, fiers de ce qui avait été fait, fiers de nos camarades, fiers d’avoir échappé, un jour de plus, à la morosité et à la résignation. Après, nous étions aussi en colère. Nous pestions contre ce que nous avions manqué, pas bien fait, contre les autres, contre nous, contre la police, contre la justice. Nous débattions encore quelques heures ensemble, avant de s’abandonner à la danse, et de tout recommencer encore et encore.
Mais on ne sort pas indemne de telles fièvres. Elles laissent des traces sur l’organisme, et elles empêchent aussi une certaines perception de la réalité. Quand le rythme effréné de la vie est revenu très malheureusement à un quotidien plus normal, les choses ont lentement implosées. Il n’y avait pas un groupe et un nous, il y avait un groupe et plusieurs nous, à qui la même valeur n’était pas accordée. La fête était devenue néfaste, un lieu de colère amère, d’embrouilles enfouies, d’agressions sans fin. Dans le grand Nous, sont nés deux nous : un de pouvoir, l’autre bafoué. Moi et mes ami-e-s, nous sommes parti-e-s. Sans joie, mais aussi sous les moqueries et les attaques de ceux du pouvoir. Soudainement, nous étions seuls. Et moi, je me noyais dans mes larmes.
La répression, dont nous nous moquions éperdument à l’époque, commença à influencer nos vie. Des grenades, nos corps étaient marqués et traumatisés. De la police, nos cœurs loupait un battement, et une bouffée de panique envahissait nos poumons. Des cris de la foule, nous avions désormais peur. De celles et ceux que nous avions appelé ami-e-s dans ce grand groupe, il ne restait qu’une haine froide. Enfin, je dis nous, parce qu’admettre ici un je me brise le cœur.
J’ai beaucoup pleuré. J’ai recommencé à rire, fêter, faire l’amour et pleurer avec colère. Cet abandon là était plus fort encore que l’abandon de l’enfance, que celui de mon père, que celui du garçon aux lèvres molles et douces. C’était comme une chute du jardin d’Éden, doublé de la réalisation que ce jardin d’Éden était en fait un prémisse de l’Enfer. Je souffrais de ce que j’avais perdu mais aussi de ne pas m’être rendue compte plus tôt de la nocivité des dynamiques que nous avions. 
Pourtant, je ne pouvais pas faire marche arrière, parce que maintenant, je savais. Quand j’ai cessé d’être triste, je me suis relevée, j’ai tendu de nouveau la main vers mes amis, et un nouveau nous est né. Un nous au moins aussi déterminé, mais surtout d’une soif impossible à combler.
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alain-keler · 5 years
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Lundi 13 mai 
Il fait beau. Je suis un en panne d’idées. Je traîne un peu, comme tous les matins, puis je me décide. Ça sera la mosquée d’Eyup, puis au dessus de la mosquée, le café Pierre Loti, souvenirs très lointains d’un de mes premiers voyages avec un copain de lycée. Je n’y resterai pas longtemps, le temps de prendre un thé, de déguster une glace et de faire quelques photos.
Le chemin de la descente traverse un cimetière. Au milieu des tombes, un combat de chats. Je m’arrête un moment pour regarder, puis n’en pouvant plus je prends parti pour celui qui me semble être le plus faible.
Je ne sais pas pourquoi mais  je n’arrête pas de penser à une très vielle photo de la famille de mon père. Un tirage sépia, un peu craquelé par le temps, rayé par endroits. D’après ma mère, c’était une famille de fous. Je n’ai jamais connu ce grand-père assis au premier rang. À sa gauche, ma grand-mère. Elle a été déportée. Au second rang, debout, les deux frères de mon père et ses deux sœurs. Parmi eux, un frère et une sœur ont aussi été déportés. Tous les hommes portent la cravate. Au centre, mon père. Il devait avoir seize ans. Il était très beau. Un sourire timide illumine son visage. Il était apprenti maroquinier depuis l’âge de dix ans. J’ai aujourd’hui cette étrange impression d’être passé à côté de lui.
La photographie préservera pour toujours ces moments, petits mais si importants. Elle est notre mémoire. Elle fait trace, lutte contre la disparition. Elle retient la vie.
Dans le jardin à l’entrée de Topkapi, un aveugle s’appuie sur une canne de sa main droite. De son bras gauche, tendu à 45 degrés, il exhibe des colliers pour  touristes.
A mon retour de la visite du merveilleux palais des sultans, l’aveugle est toujours là, au même endroit. Par moment il bâille, par moment il parle, vantant sans doute sa marchandise de pacotille. Personne ne s’arrête. En face de lui, il y a une petite charrette qui propose des boissons et des glaces. Le vendeur s’occupe avec son portable. Les visiteurs passent sans le voir.
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**Baby Snatcher**  - Partie 2 -
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Je reprends mes esprits dans le taxi, en réalisant ce qui vient de se produire. Thomas, un de mes cochambreurs, rit fièrement de son coup de maître.
- Tu pensais vraiment que tu allais te coucher maintenant ? hurle-t-il.
- Euhhh oui, c’est ce que je comptais faire avant que tu décides de faire un braquage de ma personne my dear ! je n’ai même pas un dollar ! je vais faire comment pour le taxi, l’entrée et les boissons dude !
- All on me my darling! do not worry! Tu es my guest.
- Ouais, je vois…mais c’est correct, je vais me débrouiller.
- Come on ! ne sois pas rabat-joie ! C’est le partyyyyyy !
J’avais le goût de lui en coller une sévère dans la face, mais j’étais trop faible pour cela. Pas grave, je fais la ride en taxi, puis je m’éclipserai et rentrerai à pieds, ce n’est que 30 minutes de marche après tout…cela ne me fera pas de mal et me remettra d’aplomb. On attendra demain matin pour inculquer à cette espèce d’imbécile les bonnes manières…genre un gros bol d’eau froide sur la tête en guise de réveil, cela devrait calmer ses ardeurs la prochaine fois !
Le taxi se stoppe, Thomas paie la course et me fait signe de descendre. On rejoint l’autre partie du groupe d’allumés de l’autre côté de la rue. Ils crient, rient, se chamaillent. Une vraie cacophonie mélangée aux bruits de klaxons et de moteurs, qui relance la migraine dont j’avais réussi à me débarrasser. Je bouillonne, j’ai les nerfs, j’ai juste envie de m’évader telle une fugitive. Je cherche désespérément le moyen de m’enfuir quand soudain, quelqu’un m’attrape le bras et me retiens. Prince Harry …enfin je veux dire Zack…
- Tu comptes aller où comme ça Frenchie ?
- Man… je veux juste rentrer à l’auberge, check moi ! Je suis en pyjama, pas coiffée, pas maquillée, j’ai mal à la tête, j’ai l’estomac en compote et en plus…je n’ai pas un cents sur moi !
- Pourquoi es-tu venue d’abord ?
- Thomas m’a enlevée !
- What ?
- Il m’a complètement kidnappée, je n’ai rien compris !
- Comment ça kidnappé ? dit-il interloqué.
Je lui expose les faits, en gesticulant, en m’énervant. Il m’écoute, ses yeux brillent et se moquent de moi.
-Qui est Thomas ?
Je lui pointe du doigt l’individu malfaisant.
- Ok, i see…J’irais lui payer un verre et le remercier pour son acte, parce que j’étais déçu que tu ne viennes pas. Au final, tu es là, ma soirée va être bien plus intéressante, et je te rassure, t’es pas mal hot avec ton pyjama !
Il me prend la main et me traînes vers l’entrée du bar, j’abdique, en pensant au fameux : CARPE DIEM ! La nuit m’appelle encore une fois avec son lot d’histoires enivrantes que j’affectionne au plus profond de moi.
Le bar est bondé à souhait : des filles pimpées comme dans des vidéoclips de rap, des mecs saouls avec le regard vitreux, des lumières qui flashent de tous les côtés, le sol qui colle à mes claquettes dû aux litres de bières et de boissons sucrées renversées, les odeurs de parfum mélangées à celles de transpirations me lèvent le cœur. Je lance un regard décontenancé vers Zack. Il m’agrippe, et me fait crapahuter jusqu’au bar.
- What do you want for drink Dear?
- Je ne sais pas, quelque chose sans alcool…un coke ?
- No way ! Tu vas boire un vrai cocktail, pas un coca-cola. Il faut vaincre le mal par le mal…On ne te l’as jamais appris? Je vais commander pour nous deux. Trust me ‘’Mèdamizèlle’’. Is it right ? My french ? il part à rire.
- Hahaha, il va falloir pratiquer mon cher ! mais ce n’est pas si mal !
L’attente se fait longue au bar. Je m’impatiente. Mes nerfs sont à vifs. On se retrouve tous les deux accoudés au comptoir et naturellement notre discussion reprend là où nous l’avions laissée avant mon ‘’kidnapping’’.
- So…Zack, que fais-tu ici à Sydney ? Tu travailles où ?
- Je pense que comme toi, j’avais besoin d’aventures ! de quitter ma petite ville, profiter, voir d’autres choses, expérimenter. Et sinon, je bosse en tant qu’électricien sur des constructions d’immeubles. Toi ?
- Oh…moi pour le moment, je suis en ‘’vacances’’, je suis supposée rejoindre des amis à Melbourne bientôt. Je chercherai un job rendue là-bas, certainement dans la restauration. J’arrive de Nouvelle-Zélande, donc je me prends un break avant de devoir tout recommencer ici.
- Je vois, je comprends. Faudra me parler de la NZ car je compte bien y faire un tour aussi !
- Avec plaisir Zack.
- J’ai commandé la boisson en vogue ici. Bucket Bombe. On va voir si cela vaut sa renommée ou non.
- Merci.
Il me fixe, tends sa main pour me replacer une mèche de cheveux, et se penche pour me chuchoter à l’oreille :
- T’es vraiment belle.
- Arrête un peu, je sais que tu mens. Je me suis vue dans le miroir, je sais à quoi je ressemble et je suis loin d’être à mon avantage.
- Justement, même comme cela, je te trouve belle. Donc j’imagine dans d’autres circonstances!
- Merci, c’est gentil, mais économise ta drague. Cela ne marchera pas. Je suis pas du tout dans l’ambiance, je veux juste rentrer en vrai. Je ne voulais pas être ici.
Un petit sourire en coin, dans le genre ‘’ok, je ne vais pas insister, je ne suis pas ton genre, j’ai compris’ ’apparaît sur sa face pleine de malice. Et merde…je suis faible, ne me jugez-pas !
Un frisson parcourt ma colonne vertébrale : Je n’entends plus la musique, je ne vois plus les spotlights. Je ne vois plus que nous, lui et moi dans une autre dimension, coupée du reste du monde. Et puis zut ! Je l’embrasse, j’en ai une envie folle, incontrôlée. Je ne sais pas pourquoi je fais cela. Encore cette foutue rengaine de ‘’Carpe Diem’’ certainement.
J’interromps notre baiser lorsque le barman nous apporte le fameux ‘’Bucket’ ’qu’on avait commandé rempli à ras bord d’un mélange sans nom, et deux pailles. Le Bucket, c’est un seau comme son nom l’indique en anglais. Un putain de seau en plastique en guise de verre…Merveilleux !
Zack l’attrape, me prends la main, et me hisse loin de la foule assoiffée du bar. Il pose le Bucket entre ses pieds pose ses mains sur ma nuque et me redonne un baiser. Baiser qui dure je pense au moins 30 minutes ! On se retrouve comme aimantés l’un à l’autre, avec une force d’attraction trop grande pour nous décoller. Dans son regard, je sens qu’il ne joue pas la comédie. Je vois que je lui plais vraiment et que les mots qu’il m’avait soufflé peu de temps avant ce n’était pas du blabla.
Après avoir fini notre boisson, pour les moins extravagantes, on décide de quitter le bar et de marcher un peu. Un banc nous ouvre les bras, on s’y pose pour souffler et reprendre nos esprits.
La nuit est douce, la température est beaucoup plus agréable que durant la journée. La fatigue me rattrape, je frissonne. Zack retire sa chemise et me la tend ce qui laisse apparaître son torse taillé dans de la roche. À la vue de celui-ci, j’ai failli m’étouffer avec ma salive…je n’étais pas préparée à cela.
- Tu vas geler torse nu Zack ! dis-je pour la forme, car au fond, j’étais bien contente de lorgner ses tablettes de chocolat.
- Frenchie, je suis anglais, ne l’oublie pas. C’est tout le temps la canicule pour moi ici en Australie.
- Je vois…vous les anglais, vous êtes hermétiques au froid. Aux faîtes, dis-moi, je ne t’ai même pas demandé ton âge ?
- J’ai 20 ans.
Deuxième étouffement de salive en moins de 2 minutes.
- What ? tu plaisantes ? ce n’est pas vrai.
- Pourquoi ? tu as quel âge toi déjà ?
- 25 ans…
- Pas mal conservée pour ton âge avancé ! You’re a baby snatcher ! *
*Tu es une voleuse de bébés qui signifie ‘’Tu les prends au berceau’’ en langage populaire.
On part à rire tous les deux. Pour le coup, je dois admettre que la philosophie ‘’Carpe Diem’’ est quand même fun à pratiquer.
Il est déjà rendu 3 heures du matin lorsque l’on quitte notre banc pour se rendre tranquillement à la maison. Bras dessus, bras dessous, ma tête sur son épaule, je commence à me faire à l’idée que finalement, la vie est pleine de surprises et que l’Australie m’en offre une sacrée, qui n’était pas du tout prévue dans le programme que je m’étais planifié. Cela annonçait des choix difficiles, des remises en question et des crises existentielles comme on adore pour la suite, mais pour le moment, j’étais focus sur le chemin qui nous menait à nos doux lits, pour pouvoir enfin me reposer comme je le rêvais depuis toute la soirée.
De retour à notre gite, on fait durer un peu notre rapprochement, on se câline, on s’embrasse dans le salon, jusqu’à ce que je décide d’y mettre le point final pour enfin aller me glisser dans mon lit, toute seule. Cette finalité-ci n’était pas dans les plans de Zack. Il commence à négocier le partage de la couche. Baby face, tu as 20 ans, tu es pressé…et moi j’en ai 25 et un caractère bien trempé donc laisse tout de suite tomber ton discours de vendeur de voiture avec moi. La négociation n’est pas possible, j’ai assez craqué pour ce soir,  bonne nuit à demain.
Finalement !!! mon lit !!! je pose enfin ma tête sur l’oreiller tant convoité, ferme mes yeux, et laisse mon esprit vagabondé dans tout le flux d’informations et d’expériences accumulées en moins de 24 heures. Je m’étais promise de ne pas flancher dans une histoire merdique, j’avais juré de faire un break de mec, je devais ne me concentrer que sur moi…Je n’ai même pas tenue plus de 5 jours. Elle est belle la persévérance et la force de mon mental. Subitement, une autre expression toute faite me vient en tête pour me dédouaner de mes actions : YOLO ! You only live once ! Après tout, oui, on a qu’une vie.
Au réveil, la réalité me rattrape, je me sens bête. Je n’aurai pas dû me laisser aller dans du flirtouillage avec Zack. En plus…un gars de 20 ans… je pensais à quoi? Avec un peu de chance, il n’aura pas envie de continuer ce que l’on a commencé hier.
Cela ferait bien mes affaires, parce que je sens que sinon je vais être engluée dans quelque chose dont je n’ai clairement pas besoin. Je suis perdue dans toutes ces pensées en allant sous la douche, j’ouvre la porte de la chambre avec tous mes accessoires de bain, lorsque je tombe nez à nez avec Zack.
- Hi Beautiful ! toujours charmante même au réveil!
- Heyyyy…Comment vas-tu? As-tu bien dormi?
- Oui, mais cela aurait été mieux avec toi.
Je n’aurais jamais imaginé que les anglais pouvaient être de vrais ‘’loveurs’’. Il est doué ce petit pour flatter mon égo!
- Quels sont tes plans aujourd’hui ?
- Je dois bruncher avec une amie, mais après je ne sais pas trop encore. Je vais déjà aller sous la douche et ensuite j’aviserai. Toi ?
- Je vais jouer au foot avec quelques-uns des gars de l’auberge. On se catche plus tard ?!
- Oui, pas de soucis, on se croisera certainement dans la journée.
- Donne-moi ton numéro de téléphone. Je t’appellerai pour savoir si tu es dans les alentours.
- Zack, je vis et dors ici…je vais être dans les alentours à un moment donné !
- Oui c’est vrai, mais donne-moi ton numéro pareil !
- Ok…c’est vrai que l’auberge est ‘’tellement grande et vaste’’ mieux vaut s’appeler! dis-je pleine d’ironie.
Après l’échange de nos numéros respectifs, il quitte le hall d’entrée, et je file enfin sous la douche pour aller, ensuite, retrouver ma Jo, et bruncher.
à suivre ...
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kairiwolf-blog · 5 years
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“Je suis colopathe mais ce n’est pas un super pouvoir”.
Je m’apprête à parler de moi ou plutôt de moi et ma maladie et ce n’est pas quelque chose que j’aime faire. Ce sera surement un texte long et très (trop ?) personnel alors si cela ne vous intéresse pas, passez donc votre chemin, je ne vous en voudrai pas. Cela fait très longtemps que l’idée traîne dans ma tête et c’est un événement récent qui m’a convaincue alors je me lance.
(Petit disclaimer : si vous avez le courage de lire, sachez que je vais utiliser mes mots, ce n’est pas une dissert’ de français hein ! Et je risque aussi très certainement de donner certains détails peu ragoutants ! Vous êtes prévenu !)
Je souffre de ce qui s’appelle une colopathie fonctionnelle chronique parfois plus connu sous le nom de syndrome de l’intestin irritable qui est un trouble du fonctionnement de l’intestin. Cette maladie est en partie physique et en partie psychologique, disons que le coté psychologique augmente grandement les effets physiques. Il y a également plusieurs « degrés d’intensité » et plusieurs symptômes différents à cette maladie, ce sera donc de ma propre expérience dont je vais vous parler.
Le coté psychologique regroupe tout simplement le stress, les angoisses et la peur mais ça, n’importe quel humain sur terre connait ça et la plupart le vive normalement mais personnellement, je le suis beaucoup trop et depuis toute petite.
Pour le coté physique, le souci est que mon ventre est de base très fragile, il fonctionne mal. (! instant caca !) Il travaille soit trop lentement ce qui provoque des constipations, soit trop vite ce qui provoque de violentes diarrhées et trouve rarement le juste milieu et cela me provoque aussi parfois des “crises” très douloureuses qui ne s’arrête que lorsque mon ventre est “vidé”.
Il est également plus sensible que la normal, je ressens donc les choses plus fortement comme les ballonnements, les crampes, etc…
Comme je le disais précédemment, le stress accentue donc les symptômes déjà présents. En cas de situation trop angoissante pour moi ou parfois simplement inconnue, mon ventre va automatiquement se mettre à travailler plus, les douleurs, crampes et ballonnements seront plus forts et pratiquement à chaque fois, il me faudra être à proximité de toilettes au cas où mon ventre déciderait d’évacuer ce qu’il considère à ce moment-là comme étant un problème et, lorsque cela arrive, il m’est presque impossible de me retenir très longtemps comme si un chrono de 5/10min se déclenchait.
Quand j’étais petite, les médecins pensaient que j’étais simplement très sujette aux gastro-entérites. Ce n’est que vers l’âge de 13ans, ou peut être même un peu plus, que d’autres possibilités ont été envisagées. J’ai donc passé au fil des années plusieurs examens différents qui n’ont eu pour effets que d’éliminer d’autres maladies plus connues puisque, dans le cas de la colopathie, les examens ne montrent rien d’anormal. On a donc fini par annoncer à mes parents et moi que je vivrai toujours avec ça et que je devrai donc apprendre à m’adapter avec l’aide de certains médicaments si ceux-là fonctionnent sur moi et qui ne traite que certains symptômes. Devinez quoi, ils ne fonctionnent pas sur moi !
Cela ne fait que quelques années que j’accepte réellement ma maladie. Pendant longtemps, je refusais de croire que quelque chose “clochait” chez moi et que ça finirait par partir tout seul, les médecins me conseillaient d’avoir un suivi psychologique mais je refusais catégoriquement. J’essayais même de le cacher mais déjà au collège, mes absences répétées montraient qu’il y avait un problème et ça n’a fait qu’empirer par la suite au point de ne plus pouvoir suivre une scolarité normale et je me retrouvais également souvent à devoir annuler en dernière minute des sorties avec mes amis. J’ai fini par me bloquer dans un cercle vicieux où j’avais peur d’être stressée et donc d’être malade et donc je ne voulais plus sortir de chez moi (même aller à la boulangerie par exemple, devenais difficile) pour ne pas être stressée et pas être malade.
J’ai dû faire face à l’incompréhension de beaucoup de personnes autour de moi qui, très souvent, finissais par s’éloigner pensant que je faisais simplement des faux plans ou tout simplement parce que leur vie changeait pendant que moi, je restais au même point. Certaines personnes, même des membres de ma famille, aller jusqu’à penser que je faisais de la comédie et que je n’avais en fait rien du tout. A l’époque, il n’y avait finalement que ma mère qui avait conscience du problème et qui me croyait vraiment, mon père a pris conscience de cela très tardivement et je l’ai perdu à peine quelque mois après.
Petit à petit, j’ai perdu confiance en moi et j’ai commencé à me renfermer sur moi-même. Je ne voulais plus m’attacher aux gens de peur qu’ils ne finissent par me laisser tomber eux aussi à leur tour. Et puis en voyant les années passées alors que moi je n’avançais pas, j’ai fini par avoir peur de mon avenir pensant que je n’arriverai jamais à rien, que je ne serai jamais “normale” et je me suis laissé enfoncer là-dedans jusqu’à faire une dépression.
C’est à partir de là que j’ai accepté de refaire des examens mais surtout de commencer un suivi psychologique parce que je commençais à prendre conscience que je ne pouvais pas m’en sortir seule. Etape par étape, j’ai appris à comprendre autant que possible ma maladie et à l’accepter. J’ai appris avec les années à voir les choses différemment, à ne pas me laisser “descendre” par de mauvaises personnes pour les empêcher d’avoir des effets néfastes sur moi. J’ai appris à contrôler autant que possible mon stress pour qu’il ne prenne plus complètement le dessus et à reprendre un peu confiance en moi. Le travail est loin d’être terminé et il ne se terminera peut-être jamais mais, pas à pas, j’ai réussi à retrouver une qualité de vie supportable.
Mais encore aujourd’hui, voyager, par exemple, reste encore quelque chose d’inconcevable pour moi. Partir loin de chez moi, à l’étranger, prendre l’avion etc… sont encore des choses qui me font terriblement peur.
En ce qui concerne ma vie professionnelle, on me pose souvent la question du « Pourquoi je ne travaille pas ? ». Ce n’est pas par envie ou par fainéantise comme certaines personnes pourrai/peuvent le croire. J’ai déjà travaillé par le passé, tout en cachant ma maladie aux employeurs, dans des domaines différents mais cela s’est soldé à chaque fois par un échec, ma maladie reprenant le dessus à cause du stress que je dois gérer quotidiennement. J’aimerai travailler et devenir totalement indépendante rien que financièrement mais j’appréhende beaucoup de devoir affronter un nouvel échec si je me lance sans bien y réfléchir. Je sais aujourd’hui vers quelle voie me tourner pour mettre, je pense, toutes les chances de mon côté et réussir à franchir cette nouvelle épreuve. En tout cas, je l’espère car c’est encore compliqué pour moi de croire en ma réussite.
J’ai encore beaucoup de progrès à faire et en procédant étape par étape, j’espère y arriver un jour.
 Malgré mes peurs toujours présentes, j’ai aussi réussi à m’entourer, m’attacher de nouveau à des bonnes personnes qui me soutienne et qui m’aime et ils représentent sans aucun doute l’aide la plus précieuse qui me permet d’avancer, de faire des progrès sur moi-même petit à petit parfois juste par leur présence et parfois jusqu’à croire en moi pour moi. Certains n’ont peut-être même pas conscience de l’impact qu’ils ont sur moi mais je les remercie du fond du cœur. Et je ne remercierai jamais assez ma maman d’être là pour moi depuis le début...
Alors en revanche, je tiens quand même à préciser que ce que j’ai écrit là, comme je l’ai dit au début, c’est ce que j’ai vécu/je vis, je ne cherche pas la pitié ou autre, je raconte simplement mon histoire. Et, ayant déjà eu la réflexion par le passé, je sais également qu’il y a des maladies bien plus grave que la mienne, des maladies mortelles qui ne laisse aucune chance et dont je ne peux imaginer la souffrance. Ma vie n’est pas en danger et pour ça, j’ai de la “chance” mais personne ne fait partie d’un concours “celui qui aura la maladie la plus grave pourra en parler”. Ma souffrance physique et psychologique et mes difficultés sont bien réelles même si elles ne sont pas aussi importantes et dangereuses que d’autres mais je ne vois pas pourquoi je ne pourrai pas en parler si cela peut m’aider.
Merci aux courageux qui arriveront jusque-là et qui auront donc lu cet enooooorme pavé, ça ne se ressent peut-être pas dans mon texte mais ce n’est pas facile pour moi d’écrire tout ça noir sur blanc, ça me libérera peut-être un petit peu de l’avoir fait mais en temps normal, j’ai tendance à écourter mes explications sur ce que j’ai pour ne pas être trop mal à l’aise, ce n’était donc pas un exercice facile et il m’aura fallu un bout de temps pour l’écrire. Je n’ai aucune idée de l’effet qu’aura ce texte sur moi ou sur les gens qui le liront mais encore une fois, merci !
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samohtjj · 5 years
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Update osef (FR)
Yo !!!!
Ça fait un bail que je n‘ai pas posté quelque chose ici (pas que ça intéresse grand monde de toute façon !). J’me rend compte qu’avec les années j’ai délaissé ce tumblr pour être beaucoup plus actif sur Youtube. Mes updates tumblr me servent plus à moi, en tant que journal de bord de transition/de vie, qu’aux autres.
Pas de très gros changements depuis mon dernier update ici en novembre dernier. J’ai passé mes 3 ans post mammec’ et mes 4 ans sous T (incluant mes 6 mois sous Nebido).
Rien de spécial côté mammec’, si ce n’est que je me suis fait tatouer et que ça a tendance à masquer un peu l’asymétrie de mon torse et de mes cicatrices. Mon projet de tatouage pour mon aréole droite est toujours d’actualité mais je n’ai pas encore cherché/trouvé un·e artiste capable de me faire ça correctement. (Et puis j’avoue que je préfère dépenser mon argent dans d’autres projets de tatouages avant celui là, haha !)
[EDIT] J’ai fait une prise de sang la semaine dernière (entre 2 injections), mes taux de testo sont trop élevés (7,08 ng/mL) mais mes analyses sanguines sont bonnes. Mes poils ont, j’ai l’impression, décidé de se retirer les doigts du fondement pour commencer à pousser. J’en ai de plus en plus sur les joues, et ma pilosité faciale déjà existante devient plus foncée et plus fournie. C’est également le cas pour ma pilosité corporelle.
Côté corpulence/physique général, je me suis remis au sport de manière régulière depuis 1 mois à peu près (ça aide pour mon anxiété) et je vois des différences. Je remplis plus mes t-shirts, j’ai pris au niveau des bras, des trapèzes et des épaules (et j’ai une bébé tablette de chocolat qui commence à apparaître). Bon par contre on voit encore mes satanées hanches, mais je crois très sincèrement que quoique je fasse, je n’arriverai jamais à m’en débarrasser.
J’ai rendez-vous lundi prochain avec ma cardiologue pour mon contrôle annuel. J’avoue que je stresse de ce côté là, mon cœur a tendance à faire un peu de la merde selon les jours. :/ Mais impossible pour moi de savoir si c’est un souci cardiaque (ce qui ne serai pas impossible au vu de mon hérédité côté famille paternelle) ou “juste” ma p*tain d’anxiété qui fait encore et toujours des siennes. Donc bon.... Je fais comme si de rien n’était avec mes proches (j’en ai encore parlé à personne pour pas les stresser car j’attends de voir ce que va donner le rdv), mais en vrai je suis pas spécialement serein. M’enfin on verra bien...
Côté mental, j’alterne entre grosse déprime et moment à peu près ok depuis la fin de l’année dernière. Ponctué depuis 4/5 semaines de quelques journées ici et là où je me sens relativement bien (notamment quand il fait beau temps dehors). Je déprime toujours autant depuis le décès de mon chat début décembre (et oui je dis “chat” alors que c’était une femelle, bref..). Je pense à elle tous les jours et j’ai de plus en plus envie de me faire tatouer son portrait. (J’ai déjà mis la thune de côté pour que dès que l’artiste qui à fait mon torse repasse en guest vers chez moi, je puisse repasser sous ses aiguilles.) Sinon mon anxiété est toujours présente (t’façon en vrai j’ai conscience que j’en aurai toute ma vie et que je devrai faire avec.). Sinon autrement j’ai de plus en plus l’impression d’être à la traîne, trop lent comparé aux autres. Je vois plein de gens autours de moi évoluer, avancer dans leur vie (se marier, avoir des gosses, se mettre en couple, avoir un appart’, évoluer dans/avoir une carrière, voyager, etc...). Certains sont même plus jeunes que moi... Et franchement même si j’essaie d’être content pour elleux (c’est pas toujours simple hein !), j’ai conscience que je n’avance qu’à très petits pas. Je peux pas m’empêcher de trouver que ça à l’air tellement simple et naturel pour elleux, et ça finit toujours par me faire me sentir naze et sans valeur. 
Pour quand même finir sur une note positive, je continue mes cours sur internet pour reprendre des études (il faut que je prenne mon courage à 2 mains pour contrer mon sentiment d’être un bon à rien et chercher un patron pour un contrat pro), j’ai plein d’idées de contenu pour ma chaîne Youtube et je me suis remis à lire des bouquins. Chose un peu compliqué pour moi d’habitude, car j’ai l’effet “onglets wikipédia” dès que je lis un truc. Mais bref, j’avance à mon rythme.
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fallenrazziel · 5 years
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Les Chroniques de Livaï #436 ~ ABSENTS LES CHATS, LES SOURIS DANSENT (décembre 845) Livaï
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes. 
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J'enfonce la serpillère dans le seau et la claque contre le parquet de bois à l'origine ciré mais maintenant usé par des milliers de bottes. Je frotte énergiquement afin d'éliminer toute trace de saleté visible. J'ai formellement interdit le passage pour une durée de deux heures, le temps que cela sèche. J'ai pris la précaution de doser moyennement le détergent pour que ça traîne pas trop.
Je ramasse au passage les débris de papier qui jonchent le sol. Tout le corridor est maintenant décoré aux goûts de la bigleuse. Au-dessus de ma porte pend une guirlande constituée de tasses de thé et de balais du plus mauvais effet, mais bon, si ça peut lui faire plaisir... Et puis avec ça, elle me devra peut-être des faveurs à l'avenir, ça peut servir.
J'entends un bruit de protestation à l'autre bout du couloir. Ah non, personne ici ! Je cours vers l'escalier, barré avec une table, et remarque alors un jeune soldat qui ne comprend pas ce qui se passe et essaie de passer par-dessus. Stop ! C'est une zone sinistrée ici, personne ne passe ! Je lui plaque ma serpillère trempée sur le torse et sa chemise se couvre tout de suite d'une tache sombre. Il se met à râler et je lui rappelle que cette table n'est pas en travers du chemin pour rien. Il me répond qu'il n'en savait rien mais qu'il doit passer par ici pour donner des rapports au major. Donne-moi ça, je vais le faire. File maintenant, et change de chemise, c'est dégueulasse. Il s'incline devant moi en s'excusant et s'enfuit dans l'escalier. Tccchhh, ces recrues manquent de cran. Faudrait les endurcir un peu, leur forger le caractère. C'est pas que j'aime qu'on me tienne tête, mais comme Claus s'est calmé, je suis en manque de confrontation.
Merde, j'ai laissé des traces ! Je repasse vite la serpillère derrière moi et c'est là que j'aperçois le chat noir qui traîne dans le couloir depuis hier soir. Qu'est-ce que tu fais ici, sale bête ? Déguerpis si tu veux pas tâter de ça ! Je brandis la serpillère vers lui mais il m'ignore superbement. Il se frotte contre le mur puis entreprend de se lécher consciencieusement. Au moins tu as le sens de la propreté, c'est déjà ça.
Il se déplace sur ses petites pattes discrètes, se dirige vers moi et se frotte avec plaisir sur mes bottes. Tu vas me mettre des poils partout ! Essaie même pas de m'amadouer avec tes ronronnements ! Je tempête tellement que mon foulard se détache de ma tête et tombe sur lui. Il l'attrape dans ses pattes et se met à jouer avec. Pas de ça, va pas me l'abîmer, c'est précieux ! Lâche ! Lâââche ! Je tire doucement sur le tissu et il finit par le laisser filer. A tous les coups, il m'a laissé des saletés dessus... Je le décrasse sur mon pantalon mais je n'arrive pas à me retirer de l'idée qu'il est crade maintenant. Tcchh...
Je me rappelle des rapports que j'ai sous le bras et vais toquer à la porte d'Erwin. J'ai déjà placé au-dessus, avec l'aide de Mike, une guirlande verte avec des chevaux. Mais Erwin s'en est même pas rendu compte, il doit bosser dur depuis que la réunion est passée. Il m'en a raconté un petit peu mais il est resté plongé dans ses pensées la plupart du temps. Je vais pas le déranger longtemps ; et puis j'ai pris mon bain hier.
J'entre avec mon matériel et me signale à son attention. Il relève la tête de ses papiers, juste un peu, puis retourne à sa tâche. Il était en train de fouiller dans le sachet de biscuits que je lui ai acheté hier à Mitras. Je me suis dit naïvement que ça le ferait décompresser après cette foutue réunion. Enfin, j'ai choisi les moins sucrés... Eh, je fais le couloir, tu veux que j'm'occupe de ta piaule tant que j'y suis ? Il répond vaguement que ce n'est pas la peine, que j'ai juste à laisser le seau dehors et il s'en occupera lui-même. Mouais, je vois... Non, j'suis pas vexé du tout, j'estime juste que je le ferais mieux. Mais bon, c'est toi qui vois.
Je m'apprête à refermer la porte quand j'aperçois la silhouette fine et hautaine du chat qui se faufile dans la pièce. Il miaule sans aucune gêne et Erwin réagit vraiment cette fois. Il sourit et appelle le félin en se penchant à terre depuis son fauteuil. Je vois que vous vous connaissez... Cette bête se glisse partout, je sais pas comment elle fait. Le chat se frotte un moment sur les doigts d'Erwin, puis tourne son attention vers le lit dans le recoin. Il va te coller des poils dans les draps, je te préviens ! Ca, je m'en occupe pas, tu te débrouilles !
Il réplique joyeusement qu'il a toujours adoré les chats, que ce sont des animaux très propres, doux et silencieux. T'as pas connu les saloperies que j'avais en bas dans le temps, ça se voit. On avait pas envie de les caresser, j’peux t'le dire. Mais si celui-ci peut au moins faire la chasse à la vermine, il aura bien mérité son statut de membre honoraire du bataillon. Le félin saute sur le matelas et se met à malaxer la couverture avec délice... Il a pas l'air motivé... Fais ton boulot de major ou il te mènera à la baguette.
Je fais quelques pas dans la pièce et pose les rapports - que j'avais de nouveau oubliés - sur son bureau. Quand je vois la pile qui l'attend déjà, je peux pas m'empêcher de soupirer d'ennui à sa place. Bon, je te dérange pas plus longtemps, moi aussi j'ai encore du boulot. Et évite de sortir d'ici, parce que c'est mouillé dehors. Si je repère tes grands panards sur le sol demain, tu m'entendras. Il me souhaite bonne nuit, les yeux fermés et son petit sourire au coin des lèvres, et je referme la porte.
Je remets mon foulard sur ma tête, relève mes manches et m'attaque à l'autre extrémité du couloir. Il me reste du temps avant que les autres ne montent se coucher.
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laproiedesvagues · 5 years
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Lame de fond II
J’ai attendu qu’il m’appelle. Je ne voulais pas qu’il sente mon degré de dalle. 
Entre le dernier diner et nos retrouvailles, j’ai essayé de ne pas baiser avec la première personne tombée du ciel, j’ai cultivé mon obsession de lui et c’est elle qui m’a aidée à choisir une robe ce soir pour lui rendre visite. 
En me préparant, j’ai l’impression de voir mes yeux déjà maquillés quand je sors de la douche. L’envie de lui donne à mon regard une intensité inhabituelle ; je pue la détermination et le stupre. 
Je décide de me rendre dans son quartier en marchant, à la recherche d’un impossible apaisement du corps. J’arpente les rues avec un truc comme 500g de fringues sur le cul. Je flotte dans l’air, légère. 
En bas de chez lui je finis une clope en cherchant dans nos échanges le message qui contient le code d’entrée de son immeuble. Quand je sonne pour la deuxième porte, je remarque le visiophone, putain, je déteste ça. 
Je regarde ailleurs, je ne dis rien du coup, il a des yeux pour voir. Il ne dit rien non plus et la porte s’ouvre. 
Je monte les escaliers comme une athlète de haute volée et, quand j’arrive, il est déjà dans l’encadrement de la porte à me sourire. 
Je dis salut, un baiser unique sur sa joue, pression calculée, il serre doucement mon épaule et son pouce me caresse à peine. c’est furtif mais ça fonctionne. 
Il me fait entrer dans un appartement sans surprise, du bois, des bouquins, des magazines, un canapé en cuir ancestral lustré par des milliards de cul, un fauteuil club de la même collection lui fait face, les deux sont séparés par une table basse en verre. 
J’enlève mes chaussures en les balançant à moitié. Je ne sais pas résister aux tapis. C’est le début de mon strip tease. 
Quand il me dit installe toi et que je prends le fauteuil club, je sens une pointe de déception, mais j’ai besoin de cet espace entre nous pour le moment. J’ai besoin d’évaluer la situation depuis une relative distance. 
Tu bois quoi ? 
Du vin si tu as? 
j’ai. 
Pendant qu’il part je ne sais pas où pour chercher à boire, je scanne le salon et ses détails, les gens travaillent leurs intérieurs, plus ou moins inconsciemment, pour qu’on les range en un regard dans une catégorie. Lui c’est un intellectuel. on met une seconde à s’en apercevoir, des pages et des pages de livre, pas de télé, un mépris de la consommation qui le traîne dans les brocantes le dimanche. Une nostalgie contemporaine qui lui a fait claquer des thunes dans une platine de compétition pour écouter des vinyles datant de la même époque que son canapé. 
Il pose deux verres qui se cognent et je dis c’est bien chez toi. 
Il dit merci et me montre l’étiquette de la bouteille comme si on était au resto. J’approuve du regard un Barolo. Les premières gorgées me plongent d’emblée dans une légère ivresse. 
On parle de trucs sans intérêt, on meuble, je me sens bien. 
Je profite d’un silence pour prêter attention à la musique que je n’identifie pas, quand je le regarde à nouveau il est en train de regarder mes seins, nos regards se croisent et il retourne à son observation. Mes cuisses, mes jambes, je me sens désapée par ses yeux qui glissent sur moi et ça me fait mouiller direct. 
Il a la bouche très légèrement entrouverte et caresse sa lèvre inférieure avec la pulpe de son index. Dans un geste appliqué, que je souhaite le moins brouillon possible, je fais rouler ma culotte le long de mes jambes sans le quitter des yeux. Je constate qu’il est complètement paumé et il a cet air d’enfant têtu qui me fait vaciller. Je bois une sérieuse gorgée de vin comme si j’allais trouver dans mon verre l’air qui me manque. 
Les trois mètres qui nous séparent se réchauffent peu à peu. J’assume la distance que j’ai imposée comme un caprice. Je dois faire un travail sur moi pour garder une gestuelle alanguie. Je sais que j’ai affaire à un homme au désir sophistiqué qui pourrait être glacé par des délires de porn star. 
C’est à ça que je pense quand je commence à me branler. Je lui offre une vue imprenable sur ma besogne. Je suis trempée et ça m’excite beaucoup, je garde le control, ce serait con que ça dure trois minutes. 
Je dis viens et j’aime bien le fait qu’il mette un temps à s’exécuter. J’ai le goût de la discipline mais pas celui de l’abnégation. 
J’ai pas besoin d’aller plus loin dans les consignes, il est rapidement à genou devant moi, faisant des aller retour fébrile entre mon regard et ma chatte qu’il a maintenant tout près de son visage. Je passe ma jambe droite sur son épaule pour l’attirer plus près. Il embrasse mon ventre, l’intérieur de mes cuisses, le pubis, je sens ses dents dans la chair tendre de l’aine, des dents qui ne mordent pas vraiment, qui me frustrent. Il commence à me lécher juste avant que je m’impatiente et il le fait avec avidité, à son tour il semble chercher de l’oxygène là où il n’y en a pas. Je caresse ses épaules, son cou, sa nuque. Je gémis doucement, la tête rejetée en arrière, abandonnée. Je me cambre pour réduire la distance entre nous. il a passé ses mains sous mes cuisses pour une meilleure prise, c’est vigoureux et déterminé, ça me plait. 
il me baise avec un doigt et s’aperçoit vite que ça ne suffit pas. Avec mon pied nu je caresse sa queue comprimée sous son pantalon. Ce contact provoque un genre de râle furtif et indépendant de sa volonté. 
Je lui dis ne t’arrête pas et je l’enserre avec ma jambe. 
il me baise avec trois doigts en me bouffant la chatte, il sait ce qu’il fait, j’en peux plus. il ne perd pas de temps en digressions et en figures de style. Rien ne pourrait me faire plus de bien que ce qu’il fait à cette minute. 
Je continue de le branler vaguement avec mon pied, c’est maladroit mais ça lui fait visiblement du bien. Je fais ce que je peux, on peut pas être partout. 
Je le serre encore, je griffe ses épaules et ça lui coupe le souffle. J’y vais fort mais il faut bien que je m’accroche à quelque chose en pleine perdition. 
Je jouis fort, transcendée. J’ai envie de chialer. Il m’a mise KO. Il change de rythme, je tiens sa main qui me prend doucement. Je me sens partagée entre la toute puissance et la vulnérabilité. 
J’aime bien ce moment de flottement. Le répit lourd de promesses. Quand on sait très bien que la trêve sera de courte durée. J’ai envie de l’embrasser.  
[à suivre]
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lelikonolife · 6 years
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Silent players can talk
J’ai commencé Amour Sucré en avril 2011, je n’ai pas participer à ses premiers jours mais je suis là depuis les débuts du jeu. J’ai vu beaucoup de choses se passer, changer, évoluer. J’ai participé à la communauté des jeux d’Amour Sucré et Eldarya, j’y ai fais de belles rencontres, j’ai eu à plusieurs reprises l’occasion de parler avec le staff que ce soit les modos du forum ou les membres de l’équipe qui travaillent sur le jeu (celle-ci s’est beaucoup renouvelée depuis). Je suis au courant de beaucoup de chose, j’ai été témoin de beaucoup de chose, certains évènements ont provoqué mon éloignement du jeu. Au bout d’un moment j’ai repris le jeu parce que je m’étais quand même attaché aux personnages, j’ai même fini par participer à la bêta d’Eldarya ! Mais après tout ce temps je suis restée une joueuse silencieuse, pour des raisons qui me regarde, même si j’avais des choses à dire.
Avec le soulèvement que provoque l’arrivée d’Amour Sucré - Campus Life je me sens obligée de briser ce silence et je ne parlerais pas que de ASCL dans le cas présent.
Je ne suis pas un monstre, même si j’ai toutes les raisons de l’être dans le cas présent, donc je vais m’efforcer d’être le plus « neutre » possible pendant la rédaction de cet avis. Je vais commencer par énumérer les différents points négatifs qui me chagrinent puis je finirais malgré tout sur une note positive.
Négatifs : 
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La communication : 
Point que beaucoup de personne partage, que ce soit la communication interne à l’entreprise ou celle avec les joueurs. Et c’est, d’après moi, un problème qui traîne en longueur depuis des années et qu’il est urgent de réglé avant que cela ne leur retombe dessus, parce que oui ça arrivera, soyez en certains. (Juste pour clarifier, ce n’est pas une menace, je n’ai aucun pouvoir, ce n’est pas de moi que ça viendra, mais je sais que ça arrivera tôt ou tard si n’est pas déjà arrivé)
Il y a un TRÈS gros problème dans la manière dont la communication est faite chez Beemoov. Il existe des stages/formations pour la communication et le management, ça ne mange pas de pain, certains membres de l’équipe en ont vraiment besoin. La communication ce n’est pas un don ça s’apprend et il y a des façons de dire les choses.
Depuis que ASCL a été annoncé il y a un très très gros problème d’informations mal communiquées, mal dîtes, prêtant à confusion. La sélection pour la bêta a été très floue, j’ai été sélectionnée, malgré le message j’ai eu des doutes et je n’ai pas été la seule à en avoir, on a tous été dans le flou total. J’ai la chance d’avoir toujours des contacts là où il faut donc j’ai pu avoir plus d’informations et savoir que la réception de ce message confirmait bien la participation à la bêta, mais j’étais la seule à le savoir, est-ce normal ? Non. Lors de la sortie de la bêta je n’ai pas fait partie des premiers jours comme beaucoup, ai-je été prévenue du système ? Non. Ai-je songer qu’on s’était moqué de moi ? Oui. Cela m’a-t-il donné une raison de m’énerver contre Beemoov ? Oui.  Ai-je été la seule dans ce cas-là ? Non.  Je comprends tout à fait le fait que l’arrivée des bêta-testeurs ce soit fait par vague, on évite les surcharges de serveurs, etc. Mais un petit MP te disant « La bêta arrive ! Pour éviter la surcharges des serveurs nous avons décider de mettre en place plusieurs vagues donc ne t’inquiète pas, ce n’est pas parce que tu n’as pas accès à la bêta dès le premier jour que tu n’y auras pas accès du tout, à très vite [blabla] ». Voilà, ça calme le jeu et les gens patientent tranquillement sachant où ils vont. Il en est de même pour la fermeture de la bêta, on reçoit le message 3h après sa fermeture ? Hum… ça aurait dû être l’inverse !
Ce problème de communication est l’un des derniers en date mais il y en a d’autre.
Les annonces rapides sont totalement inutiles, leur visibilité est divisée par 10 voire 100 par rapport à l’actualité, beaucoup de joueur ne vont tout simplement pas sur le forum et ne voient pas ces annonces. Encore une fois, un simple MP général serait bien plus efficace.
Les réseaux sociaux. C’est bien d’être actifs sur les réseaux sociaux mais comme pour le forum tous les joueurs ne sont pas concernés, toutes les annonces vis-à-vis du jeu devrait être sur le jeu lui-même !
Honnêtement c’est pour vous que je dis ça mais agissez, engagez quelqu’un qui ne fera que de la com’ je ne sais pas mais avec l’ampleur que vous avez aujourd’hui une erreur ne passe pas inaperçue. Et des personnes innocentes en pâtisse.
La transition :
Sur ce point là ce qui me chagrine c’est bien la transition entre HSL et CL. Problème aussi lié à la communication. On nous annonce qu’Amour Sucré ce n’est pas terminé qu’on va vivre nos aventures à l’université, on nous tease par-ci par-là, on nous laisse entendre que le jeu continue tout simplement, mais il n’en est rien. En effet, CL n’est plus tout à fait le même Amour Sucré et personne n’a été préparé. La transition entre HSL et CL a été mal faite, non, elle est carrément absente. La rupture (je parle des versions pas des relations) entre HSL et CL est assez conséquente et vous le saviez or vous n’avez rien fait pour l’amortir. Un bout d’épisode supplémentaire aurait été apprécié, avec plus de temps avec notre crush et une petite transition sur le départ de Sucrette. Vous l’avez en parti mentionner dans le début de CL après coup mais une « fin » sur la partie HSL aurait dû être présente puisque que CL prétendant être une autre version. Alors oui on se sent trahie et c’est normal parce que dans un sens c’est le cas. En faisant la première version de l’épisode pendant la bêta, j’ai eu un arrière-goût amer de culpabilité pour une rupture à laquelle je n’ai pas participé. Alors oui avoir modifié/rajouté des paroles c’est très bien mais encore une fois c’est sur HSL que ça aurait dû se produire. Par contre, vous auriez au moins pu donné une Happy End à tous les garçons, je sais que vous avez aussi changé les dialogues pour ça, mais ça reste assez « triste » malgré tout, surtout sachant qu’on ne sera plus amené à les revoir !
La précipitation :
Je sais que vous devez respecter des délais pour vos supérieurs, on le sait tous mais, à un moment donné faut trouver l’équilibre entre travail de qualité et réalisé rapidement. On le voit on le sent vous êtes toujours pris de court quand il y a un problème… Les bêta sont trop courtes, je me rappelle encore du lancement d’Eldarya, le jeu n’était pas prêt et en tant que bêta testeuse je n’avais pas eu le temps de donner mon avis dessus. Pour la bêta d’AS, même pas une semaine ? Etait-ce vraiment nécessaire pour un délai aussi court ? D’ailleurs le fait d’être bloqué à 2 rapports de bugs c’était bien rigolo… Et donc j’en reviens à la rapidité d’exécution, faire les choses vite oui, faire les choses dans la précipitation c’est non, vous faites encore plus d’erreur et on les pointe du doigt. La majorité d’entre nous préférera un travail correct, de qualité en retard qu’un travail dans les temps mais bâclé, parce que oui c’est ce qu’on ressent, beaucoup de chose sont bâclée, la com’ par exemple (oui j’insiste lourdement là dessus parce que c’est clairement votre plus gros défaut).
Et d’ailleurs, vous devriez arrêter de sortir des trucs en fin de semaine/journée, vous savez que les lancements se passent toujours mal donc évitez de faire ça avant de quitter le boulot et laisser les joueurs se plaindre, s’énerver, en faire des caisses, mariner parce que du coup c’est le WE donc vous êtes pas réactifs (et c’est normal).
Des arguments invalides :
Alors je comprends les arguments malheureusement ceux-ci sont caduques.
Castiel est à Amour Sucré ce que Pikachu est à Pokémon. Eh bien non et je vous laisse vous faire une idée avec ces graphiques qui représentent grossièrement les goûts des fans. (Les pourcentages peuvent être plus élevés pour Catsiel et Pikachu mais l’idée resterait la même)
Tumblr media
Et en passant la présence de Pikachu n’est pas conséquente dans tous les jeux Pokémon.
Amour Sucré – Campus Life est un peu comme un autre univers, comme les Marvel. Alors cet argument aurait pu fonctionné si CL n’avait pas été vendu en tant que suite. Et je rappelle que les reboot, remake, nouveaux univers de Marvel, DC Comics, Contes, etc. A chaque fois il y a des changements drastiques qui permettent de se détacher de l’histoire d’origine, le dessin n’est plus le même, les scénaristes, les acteurs, les réalisateurs,... ne sont plus les mêmes. Or, ici, ce n’est pas le cas, donc oui on aura du mal à penser que c’est un univers alternatif parce que c’en est pas vraiment un.
Et donc pour en revenir à la disparition des crushs du lycée, personnellement, j’aurais préféré tout le monde ou personne, quitte à ce que soit un renouveau fallait que ça le soit jusqu’au bout… Après mon jugement est peut-être biaisé à ce niveau là, puisque Castiel est celui que j’aime le moins. Mais bon je pense que même si le survivant aurait été Armin j’aurais dit la même chose malgré tout.
Enfin j’espère que le 5e crush n’est pas Nathaniel comme le 1er épisode le fait penser, toujours pour les mêmes raisons.
Mitigés :
Les PAs :
Personnellement, je préfère le nouveau système, je trouve le fait de « payer » les dialogues plus logique que les déplacements, cependant la limite me pose problème. On est limité à 1000 PAs « gratuit » or ayant fait la bêta je sais qu’un épisode vaut plus que 1000 PAs, de plus, si les épisodes suivent le rythme de 2 mois soit 60 jours en se connectant tous les jours on devrait cumuler un total de 1200 PAs mais avec cette limite à 1000, il n’y a plus aucun intérêt à se connecter tous les jours et donc vous perdez la fidélisation de vos « clients », il faudra donc encore une fois revoir ce système, malheureusement, soit augmenter la limite gratuite max soit réduire le coût des PAs. Enfin, on verra bien comment ça se passe en concret...
Le jonglage :
Qu’est-ce que j’entends par jonglage ? Le fait de pouvoir switcher entre HSL et CL semble une bonne idée, mais n’est-ce pas un peu suicidaire ? Beaucoup de joueurs ne feront jamais HSL sachant comment ça « finit ». De plus CL est clairement plus « attrayant » qu’HSL. Encore une fois on verra sur le long terme, j’espère pour vous que je me trompe.
Positifs :
Les nouveaux personnages :
J’AIME LES NOUVEAUX PERSO (Castiel il pue et il a toujours pué lol, je rigole). Même Rayan pour qui j’étais pas emballer lors du trailer mais j’avoue il m’intrigue. Juste une chose, moi personnellement ça ne ma pose pas de problème le fait qu’il soit un prof, je suis très ouverte d’esprit donc son statut ne me dérange pas, même si ce n’est pas lui que je choisirais. Par contre il faut faire gaffe aux problèmes de société et à la polémique que ça peut provoquer, surtout quand vous essayez malgré tout d’inculquer de bonnes pensées comme les avertissements contre la maltraitance infantile, le harcèlement, le cyber-harcèlement, le catfishing, etc.
Priya, je n’ai qu’un mot : PERFECTION. C’est une femme parfaite et puis voilà enfin un jeu où la route « gay » n’est pas une bad end. WOW. (Il existe des jeux yuri, je sais mais c’est différent)
Hyun, oh mon dieu : MAIS STAHP, j’en oublie presque Armin entre lui et Priya :’( par contre j’espère que ce que j’ai vu tourner sur les réseaux : « Ils ont pensé aux fans de Kpop » est complètement erroné. Je n’ai rien contre la Kpop, mais non, je ne veux pas de cette raison pour sa présence.
Chani, elle est juste magique.
Même le responsable administratif je l’aime lol
Les graphismes :
Je ne sais pas si les animations étaient vraiment nécessaire mais les graphismes sont un régale pour les yeux c’est vrai.
Voilà voilà, je ne me relis pas parce qu’il est tard et que ça m’a pris plusieurs jours à rédiger. Je ne souhaite offenser personne, je donne juste mon avis. Je suis quelqu’un de gentil (beaucoup trop en général d’ailleurs) donc désolée si ça ne se ressent pas dans ce message.
Bref, merci de m’avoir lu. En espérant que je n’ai rien oublié. 
Sorry for those who can’t understand french but I’m too lazy to translate this.
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