#La Doctoresse

[90sb-tch]

"Non, je joue pas au docteur, je joue à la docteuse."

Ma fille, cette féministe.

[les-cris-des-fendues]

Ph. La bouquiniste

E P

Comme Embolie Pulmonaire

je ne suis pas encore sortie d'affaire mais voilà où j'étais toute cette semaine. J'ai eu bien du temps pour me "réfléchir", j'aurais aimé que cela se passe autrement... J'ai renfilé mes bas de contention à l'adorable petit nœud pap bleu, j'ai été scannée, échographiée, prises de sang, holter ECG pour regarder si mon petit cœur tout mou ne va pas avaler les cailloux de ses rivières. Je n'ai jamais été si entourée, soignée, bichonnée avec tant de bienveillance, de douceur, de bonne humeur, de grands sourires. Toute l'équipe a ma profonde gratitude. Je ne pouvais pas lire, je n'en avais pas le goût alors j'ai dessiné, beaucoup plus que d'habitude et aussi pour Elisa, doctoresse roumaine qui m'a suivie toute la semaine et qui m'en avait fait la demande. Petit clin d'oeil avec le papillon désiré sur nos immortelles catalanes, grande plante de l'anti-coagulation... J'ai bu plus que de raison, j'ai versé quelques larmes du coup, c'était du trop plein. Comme je m'ennuyais tout était prétexte à la distraction, compter les carrés et les rectangles au plafond, faire des photos débiles, chantonner (oui j'ai beaucoup chantonné, même la nuit, quand je n'arrivais pas à trouver le sommeil), prendre la tangente par la porte... Tu as vu, moi aussi j'ai eu des roses...Elles sont restées à l’hôpital, mon fils m'a répondu que j'avais bien fait.

[francepittoresque]

PERSONNAGE | Madeleine Brès : fille de charron devenue la première doctoresse française en 1875 ➽ http://bit.ly/Madeleine-Bres Il fut un temps où la doctoresse était considérée comme un être d’exception, presque une anomalie. Madeleine Brès parvint la première à vaincre les résistances officielles et à faire reconnaître pour la gent féminine le droit d’aborder les études médicales et de conquérir le diplôme de docteur, au même titre que ses confrères masculins

[selidren]

Eté 1901 - Champs-les-Sims

7/25

Mais trêve de digressions. Monsieur Durieux, son précepteur privé depuis qu’elle a été retirée de l’école, ne cesse de m’assurer de “l’excellente constitution de son esprit”. C’est indéniable qu’elle tient cela de son père, tout comme Constantin. Là où mes connaissances sont le fruit d’années d’étude et de dur labeur, Rose réussit tout ce qu’elle entreprend avec une facilité déconcertante. Elle parle presque mieux que moi l’allemand, et maîtrise le latin et le grec avec la même dextérité que son frère. Pendant longtemps, nos cousins Constant et Zéphir ont été mortellement jaloux de ses capacités. Il ne fait aucun doute qu’elle décrochera le baccalauréat avec les honneurs et la faculté de médecine de Paris serait folle de se passer d’elle quand elle en aura l’âge. 

Transcription :

Rose : Mais pourquoi enfin ? Si une femme peut devenir doctoresse, pourquoi un frère de baron ne pourrait-il pas travailler comme garde forestier ?

Zéphir : Ce n’est pas comme cela que ça marche. Et bien que mon frère soit considéré comme un original parmi les siens, il ne me laissera pas faire. Je pourrai bien gérer le domaine à sa place, mais il s’est réduit comme peau de chagrin au fil des années, il n’en reste presque rien. J’imagine que je pourrai toujours m’intéresser à l’horticulture. 

Rose : Tu détestes l’horticulture.

Rose : Si je dois réaliser mon rêve, il n’y a pas de raison que tu ne réalise pas le tien. Je ne pourrai pas supporter de te voir malheureux.

Zéphir : Il y a sans doute moyen de ne pas en venir à cette extrémité. T’aider à réaliser ton rêve ferait un pis-aller correct que pense.

Rose : J’ai décidé que Grand-Mère ne m’empêcherait pas de devenir médecin, c’est aussi simple que cela. Toi aussi tu peux décider que personne ne t’arrêtera.

Zéphir : Tout à l’air si facile quand tu en parles... Tu as Adelphe de ton côté. Et même Constantin.

[recueil-d-ombremonde]

La petite planète semblait isolée, un point orange sur un fond noir parsemé d’étoiles. Elle n’avait pas de satellites, mis à part un minuscule vaisseau, à peine plus grand qu’une demi-douzaine de capsules.

Une astronaute était allongée dans une capsule, assoupie. Le battant de la capsule s’ouvrit avec un bruit de décompression et l’astronaute cligna paresseusement des yeux. Elle se redressa et aussitôt une voix féminine retentit dans le haut-parleur du vaisseau :

-- Vous vous réveillez d’une hibernation de 125 ans. La technologie actuelle ne permettant pas de conserver votre mémoire, vous avez tout oublié, et vous devez sans doute être désorientée. Je suis Sérène, une intelligence artificielle créée pour vous guider lors de votre réveil afin d’accomplir au mieux votre mission. Vous pouvez me poser toutes les questions que vous souhaitez.

L’astronaute cligna des yeux, troublée. Quelles questions poser ? Il y avait tant de choses à demander. Par où commencer ? Finalement, après s’être raclé la gorge, elle posa la question qui lui semblait la plus évidente :

-- Qui suis-je, Sérène ?

-- Vous êtes la doctoresse Cassy Van Dick, diplômée de l’Ecole Supérieure Militaire de Vallans dans le système Dertaire. Vous êtes née le 24 Gal 1458 AM, ce qui vous fait 36 ans en ignorant le temps d’hibernation.

-- Je suis une doctoresse ? s’exclama Cassy avec étonnement.

-- Oui, répondit simplement Sérène.

-- Mais pourquoi une doctoresse prendrait le risque de perdre tout son savoir accumulé avec une hibernation ?

-- Il m’est impossible de répondre à cette question. lui répondit Sérène d’une voix égale.

Cassy marqua une pause. Profitant de la faible gravité de l’orbite de la planète, elle se propulsa en direction d’un hublot. A travers, la planète orange se détachait clairement du noir de l’espace, tandis qu’une auréole bleutée indiquait la présence d’une atmosphère. Elle se retourna vers le haut-parleur, consciente de l’inutilité du geste, et reprit :

-- Bien, alors dis-moi. Où sommes-nous ?

-- Nous sommes aux abords de la planète inexplorée XM-FC045 du système XM-FC, dans le secteur galactique 523A.

-- Pourquoi ?

-- ...Votre question est trop vague.

-- Quelle est ma mission ?

-- Exploration de la planète XM-FC045, récolte d’échantillons, analyse de l’environnement…

-- Entendu.

Cassy s’étira du mieux qu’elle put, difficilement en 0G, et se dirigea vers ce qui semblait être un placard contenant des vêtements, puisqu’il y avait un icône de t-shirt. Il lui semblait surprenant que ses muscles ne se soient pas atrophiés pendant son hibernation, c’est pourquoi elle demanda à Sérène :

-- Il semblerait que mes muscles ne sont pas atrophiés. Comment est-ce possible ?

-- Le corps des astronautes est stimulé par des nanorobots durant l’hibernation.

-- Je vois.

Elle sortit du meuble une tenue qui lui semblait convenable, une simple combinaison qu’elle pourrait porter sous un scaphandre. Elle lança un dernier regard à la planète XM-FC045 par le hublot avant de lancer :

-- Sérène, prépare la navette. Je pars explorer.

***

Cassy sortit de la navette. Elle posa le pied délicatement sur l’épais tapis de poussière ocre, gênée dans ses mouvement par une certaine rigidité de sa combinaison. L'endroit où elle avait atterri était une sorte de forêt. Pourtant toutes les plantes s’y trouvant échappaient à l'image traditionnelle que l'on peut se faire d'une plante. Certaines ressemblaient à des succulentes, gonflés comme des ballons de baudruche, s'élevant paresseusement les unes sur les autres. D’autres étaient de longues lianes bleutées qui s’élevaient sans qu’on sache comment. Toutes semblaient animées d'une vie qui leur était propre, oscillant à contre-vent. Une des plantes avait trois branches, et semblait battre rythmiquement, une autre portait des demi-soucoupes au bout de ses tiges et s'agitait de gauche à droite. La forêt avait des allures de jungle sous-marine, opulente et verdorée.

De petits animaux noirs et luisant de la taille d’un pouce grimpaient sur le sol recouvert de rochers ocres pointus. Certains ressemblaient à des fourmis, bien que Cassy n'ait aucune idée d'où lui venait cette image, ne se souvenant pas de l'apparence des fourmis. Elle s’accroupit pour mieux les observer et dit au micro :

-- Sérène, note qu'il semblerait que les animaux soient de sang froid et sont recouverts d'une carapace noire, probablement pour profiter de la chaleur de l'étoile.

Elle s’approcha de chaque plante et recueilli minutieusement ce qui semblait être leur pollen ou leur pistil pour les mettre dans des tubes qu’elle enfilait délicatement dans sa ceinture ou sur son sac à dos. Tandis qu’elle récoltait chaque pistil, elle décrivait chaque plante à l’intelligence artificielle du vaisseau, comme un long journal de notes.

***

L'écran de commande de Cassy indiquait que la température était de 2 degrés, bien qu'elle ne ressentit pas la fraîcheur dans sa combinaison. Elle se mit en marche, récupérant des échantillons ici et là pour les analyser plus tard dans le vaisseau. Après avoir marché pendant plusieurs heures, elle détacha une chaise pliante de son sac à dos et s'assit. De là où elle s’était posé, au sommet d’une colline, elle avait vu sur le paysage dévasté, luxuriant, unique et inexploré.

- Sérène, qui suis-je ?

-- La doctoresse Cassy Van D-

-- Non, qui suis-je vraiment ? Pourquoi j'ai renoncé à mes souvenirs pour venir ici ?

-- …

-- Je suis bête, tu ne peux pas me répondre. Tu es une intelligence artificielle.

Il y eut un silence, puis :

-- Cassy ?

-- Oui?

-- Tu voulais oublier. Chaque instant, chaque pensée était douloureuse. Tu voulais disparaître, mais pas par suicide, juste t’effriter, petit à petit. Jusqu’à ce qu’il ne reste rien. Un jour tu es passé à l’astroport et tu as entendu parler des missions d’exploration de planètes lointaines. Ça fait rêver, n’est-ce pas ? On a tous cette image de l’explorateur romantique. La seule contrepartie, c’est de perdre tout ce qui faisait de toi, toi : ta mémoire. Tu as longuement hésité, mais finalement tu as fait ton choix.

-- ...Je ne m'attendais pas à une réponse si élaborée.

-- Cassy, je ne suis pas une simple intelligence artificielle. Quand je t'ai dit que tes neurones ne pouvait pas garder de souvenirs pendant l'hibernation c'était vrai, mais j'ai omis qu'il est tout à fait possible de faire une copie digitale de ces souvenirs. C'est ce qu'il s'est passé et l'intelligence artificielle du vaisseau qui te transportait a hérité de tes souvenirs. Moi.

Il y eu un silence puis Cassy prit une longue inspiration. Le paysage irréel s'étendait à perte de vue. Dans le ciel bleuâtre, quelque part au-dessus d'elle, se trouvait le vaisseau qui était devenu Elle.

[zenon413]

Mémoires d’une jeune fille rangée, Simone de Beauvoir, 1958

« (…) ma vie à moi conduira quelque part. Heureusement, je n’étais pas vouée à un destin de ménagère. Mon père n’était pas féministe ; il admirait la sagesse des romans de Colette Yver où l’avocate, la doctoresse, finissent par sacrifier leur carrière à 1’harmonie du foyer (…) Je préférais infiniment la perspective d’un métier à celle du mariage ; elle autorisait des espoirs. Il y avait eu des gens qui avaient fait des choses : j’en ferais. Je ne prévoyais pas bien lesquelles. (…) je continuais à caresser vaguement le dessein d’écrire »

Née le 9 janvier 1908 à Paris, Simone de Beauvoir est morte le 14 avril 1986. Les mémoires décrivent les 21 premières années de sa vie jusqu’à la rencontre avec Jean Paul Sartre. Cette autobiographie aurait pu aussi s’intituler « Le charme discret de la bourgeoise » ou « La naissance d’une féministe ». La première guerre mondiale et l’éveil de la sexualité sont à peine mentionnés.

[jananabananawithnopeel]

Je vois même pas quoi tu parles.

[cinqminutesdepause]

Je crois que je dépressionne un peu depuis quelques semaines. Pas très fort, doucement, je tangue, j’hésite à tomber. Toujours l’oeuf ou la poule. N’ai-je pas d’énergie parce que mon moral est bas ou ai-je le moral bas car je n’ai pas d’énergie. Je ne dors pas. Ou peu. Je vérifie compulsivement mon portable comme si un événement allait en surgir. Une proposition. Une rencontre. Quelque chose qui vibre un peu. Cela n’arrive pas. J’ai surtout l’enjeu urgent de rendre ma vie vivante. C’est à dire, déjà, d’essayer de passer moins de 14h par jour devant un écran. Ce qui est m’est compliqué c’est que j’ai toujours eu un vrai mépris pour le bonheur inidividuel. S’accomplir par soi-même, pour soi-même n’a aucun sens pour moi, pourtant j’en ai lu des bouquins de psychologie de comptoir et de développement personnel libéral biberonnés à l’individualisme, mais ça ne rentre pas vraiment. Tant mieux, probablement, d’ailleurs. Je n’ai donc pas trop de souci à me laisser déperrir jusqu’à un certain stade d’inconfort. Enchaîner les clopes, les verres, les sorties, manger n’importe quoi qui n’est ni légume ni fruit, avoir mal partout. Je l’ai déjà écrit plein de fois ici (je ne fais que radoter mais je m’en fous je fais bien ce que je veux) mais je prendrais infiniment mieux soin de moi si j’étais en couple. Parce que je le ferais pour être utile pour quelqu’un, là pour quelqu’un. Ce qui me semble encore être la meilleure manière d’avoir fouttu un truc de sa vie. Je pourrais investir un truc un peu similaire en amitié mais l’amitié ne marche pas trop pour moi. Je crois que j’ai un rapport utilitaire à l’amitié. Je vois des gens parce que c’est impossible de tenir trop longtemps seul. Mais j’ai du mal à ne pas voir cela comme utilitaire finalement. Autant je vois les gens dans leur masse individuelle pour des fins en soi, autant cela me semble toujours plus compliqué pris individuellement. Je suis un mauvais ami, je ne réponds pas, je ne viens jamais quand on me propose des trucs parce que c’est souvent chiant les trucs de groupe, encore pire maintenant qu’il est impossible de voir qui que ce soit sans ses enfants, en revanche si tu m’appelles à minuit parce que tu as besoin d’un truc important je suis là sans faute. Ouais, j’ai vraiment un rapport étrange à l’amitié. Je crois que cela compte finalement assez peu pour moi, sauf quelques très rares personnes mais dans ces cas précis j’appelle ça de l’amour. Et c’est toujours des femmes.  Presque. En même temps c’est rare que des mecs aient des trucs intéressants à dire. Dans mon entourage du moins, mais peut-être plus largement aussi, mais j’avance sur un terrain bancal. Mon prof de philo était quand même fort. Bref, donc le prendre soin de soi c’est l’enfer. J’ai 1200 jours de vacances à prendre, mais les vacances en solo pour moi c’est encore pire que le boulot. La dernière fois que j’ai pris 10 jours de vacances en août j’en ai passé 7 à bosser.

Là je sens que j’atteins l’inconfort nécessaire pour me botter les fesses. Parce que je ne vois absolument rien à l’horizon qui va offrir de point d’inflexion sinon. Programme du week-end : essayer de me faire un programme de regain d’énergie.

J’ai envie de me constituer une espèce de système - je suis pas INTP pour rien. Autant je suis sceptique sur le développement personnel sous certains aspects, autant je pense que creuser des aspects psycho et biologiques permettent tout de même de se sentir mieux. Pas pour être plus productif, ni meilleur ni plus fort, juste se sentir bien.

D’ailleurs j’ai toujours trouvé les critiques en bloc(généralement réacs) contre le développement personnel stupides. J’avais dépensé 16 balles pour un bouquin de Julia de Funès - me demandant si je ratais des éléments clés dans ce problème et voulait me confronter à une pensée opposée à la mienne - et au bout de 3 chapitres je m’étais demandé comment elle avait réussi à devenir Doctoresse en philo avec des raisonnements aussi friables - enfin d’ailleurs ce n’était pas des raisonnements, il n’y avait aucun retour critique sur ses hypothèses de départ, aucun débat interne. Je m’étais dit que si un kangourou devait écrire un essai sur un sujet, ça ressemblerait probablement à ça. Il est évident qu’il y a des dérives dans nombre de contenus de developpement personnel qui ne se rendent pas compte qu’ils sont porteurs d’une vision du monde implicite intimement liée au capitalisme, avec des injonctions au dépassement de soi, au bonheur, à la réussite, qui est fréquemment mesurée par l’argent. Certes, c’est évident. Mais c’est juger d’une discipline par ses pires manifestations. Et on vit tout de même dans un monde donné. Le développement personnel quand il est bien fait est fondé sur le fait qu’il y a des manières plus pertinentes que d’autres pour se sentir bien, et je ne vois pas en quoi aider des gens à être un peu mieux dans leur corps, leurs émotions et dans leurs pensées constituerait une discipline pendable.

Bref, parenthèse refermée. J’en étais à l’envie de mettre en place une routine. J’avais écouté un podcast d’un psychiatre que j’avais trouvé super intéressant : le type disait que ça ne servait à rien de se masturber intellectuellement sur de l’introspection et du développement personnel si les couches basiques de l’existence n’étaient pas suffisamment solides : la bouffe, le sommeil, l’exercice physique. Une fois que ça s’est en place, on peut s’attaquer au reste (je parle des cas de vague à l’âme qui ne sont pas des dépressions au sens du DSM et où des actions simples de redressement sont possibles - il est évident qu’un tel recentrage est impossible lors de crises dépressives aigues pour lesquelles la parole, la chimie et le temps sont bien plus adaptées).

[mikkaeus]

Wordslut: A Feminist Guide to Taking Back the English Language by Amanda Montell

Highly recommend. Sociolinguistics is very fun, especially from a feminist/queer perspective. The writing style is casual and engaging. Some quotes below which I liked and think sum up the overall vibe of the book:

“Have you ever had someone tell you that you should stop using the word like because it makes you sound stupid? Or that you shouldn’t apologize so much? If you’re a woman under the age of thirty-five, odds are you have. Perhaps you’ve even passed one of these judgments yourself. I wouldn’t blame you if you did—we English speakers have been trained to turn our noses up at any type of speech that doesn’t sound like that of a male thirty-four-year-old TV host named Billy, or, as we’ll learn in a second, a sixty-four-year-old NPR reporter named Bob.”

—

“French feminists have tried to come up with alternatives—la docteur, la docteure, la doctoresse—but in France, there is a real-life grammar police, an official language council called the Académie française, which is reluctant to recognize such words or add them to the dictionary. (At the time I’m writing this only four of the current thirty-six members of the Académie are women. Yet somehow, six of the members are men named “Jean.”)”

[christian-dubuis-santini]

Une contribution décisive au débat (maintenant les cons disent: "celles et ceux", ce qui constitue un degré de plus franchi dans la connerie et l’illettrisme fondamental)

Françaises, Français,

Savez-vous, tas d'informes culturels sous-enseignés, savez-vous que le fait de prononcer les mots «Françaises, Français»constitue une totale hérésie grammaticale? Ben oui, bande de flapis cérébraux, c'est une énorme connerie pléonastique de dire: «Françaises, Français.»

C'est comme si je disais : «Belges, Belges». J'aurais l'air d'un con.

Comment vous le ferais-je comprendre sans avoir l'air pompeux et sans vous faire sentir mon profond mépris pour votre inculture crasse et votre consternante nullité syntaxique? Comment, sans vous rabaisser au rang de crétins congénitaux, comment vous faire admettre que l’expression «les Francais» sous-entend à l'évidence les hommes et les femmes de France ? Si je dis : «Les Français sont cons», j'englobe tous les hommes de France et toutes les femmes de France.

Grammaticalement, connards, quand je dis: «les Français», je désigne les Français mâles, plus les Français femelles, et n'allez pas me taxer de mysogynie, c'est le genre d'attaque qui me révulse. Cela me fait penser à ces pétasses bitophobes du MLF de Kensington City en Californie, qui avaient exigé qu'on changeât la devise de leur école «Tu sera un homme mon fils» en «Tu seras un homme ma fille».

Comment alors expliquer que tous les hommes politiques de ce pays, et quand je dis «les hommes» je pense aussi «les femmes», CQFD, comment expliquer que tous, de l'extrême droite à l'extrême gauche, tous commencent leurs discours, à vous destinés, par une énorme faute de français (et de française)? Comment est-il possible de la part de gens sérieux et souvent cultivés? Comment est-il possible que tous ces notables s'adressent à vous à longueur d'antenne perpétuant et perpétrant cette affreuse erreur de language?

J'ai beau me creuser l'entendement, je ne trouve qu'une seule explication plausible: chez ces bonnes gens qui nous gouvernent, ou qui nous ont, ou qui vont, ou qui re-re-vont nous gouverner, l'expression «Françaises, Français m» signifie: «Bonjour les veaux, et bonjour aussi à vous les génisses, eh, les filles», vous avez vu: j'ai pas seulement dit «Français», j'ai aussi dit «Françaises», eh, oh, ma petite dame, ne m'oublie pas dans l'urne, ne me quitte pas, ne me quitte pas, laisse-moi m'aplatir plus bas que l'ombre de ton chien, mais je t'en supplie: vote pour moi.»

Voilà ce que veut dire «Française, Français». La seule chose que j'espère, c'est qu'en ce moment même un de ces pourris, n'importe lequel, extrême droite, gauche ou centre, j'espère qu'il y en a un, au moins un, ou une, qui me lit maintenant, là tout de suite, et que ce soir ou demain, il va causer dans le poste. Alors celui-là, j'espère, ne pourra plus commencer son discours de pute par ces mots «Françaises, Français» sans se dire qu'on lui aura mis le nez dedans.

(Pierre Desproges)

Byzance tomba aux mains des Turcs tout en discutant du sexe des anges.

Le français achèvera de se décomposer dans l’illettrisme pendant que nous discuterons du sexe des mots.

La querelle actuelle découle de ce fait très simple qu’il n’existe pas en français de genre neutre comme en possèdent le grec, le latin et l’allemand. D’où ce résultat que, chez nous, quantité de noms, de fonctions, métiers et titres, sémantiquement neutres, sont grammaticalement féminins ou masculins. Leur genre n’a rien à voir avec le sexe de la personne qu’ils concernent, laquelle peut être un homme.

Homme, d’ailleurs, s’emploie tantôt en valeur neutre, quand il signifie l’espèce humaine, tantôt en valeur masculine quand il désigne le mâle. Confondre les deux relève d’une incompétence qui condamne à l’embrouillamini sur la féminisation du vocabulaire. Un humain de sexe masculin peut fort bien être une recrue, une vedette, une canaille, une fripouille ou une andouille.

De sexe féminin, il lui arrive d’être un mannequin, un tyran ou un génie. Le respect de la personne humaine est-il réservé aux femmes, et celui des droits de l’homme aux hommes?

Absurde!

Ces féminins et masculins sont purement grammaticaux, nullement sexuels.

Certains mots sont précédés d’articles féminins ou masculins sans que ces genres impliquent que les qualités, charges ou talents correspondants appartiennent à un sexe plutôt qu’à l’autre. On dit: «Madame de Sévigné est un grand écrivain» et «Rémy de Goumont est une plume brillante». On dit le garde des Sceaux, même quand c’est une femme, et la sentinelle, qui est presque toujours un homme.

Tous ces termes sont, je le répète, sémantiquement neutres. Accoler à un substantif un article d’un genre opposé au sien ne le fait pas changer de sexe. Ce n’est qu’une banale faute d’accord.

Certains substantifs se féminisent tout naturellement: une pianiste, avocate, chanteuse, directrice, actrice, papesse, doctoresse. Mais une dame ministresse, proviseuse, médecine, gardienne des Sceaux, officière ou commandeuse de la Légion d’Honneur contrevient soit à la clarté, soit à l’esthétique, sans que remarquer cet inconvénient puisse être imputé à l’antiféminisme. Un ambassadeur est un ambassadeur, même quand c’est une femme. Il est aussi une excellence, même quand c’est un homme. L’usage est le maître suprême.

Une langue bouge de par le mariage de la logique et du tâtonnement, qu’accompagne en sourdine une mélodie originale. Le tout est fruit de la lenteur des siècles, non de l’opportunisme des politiques. L’Etat n’a aucune légitimité pour décider du vocabulaire et de la grammaire. Il tombe en outre dans l’abus de pouvoir quand il utilise l’école publique pour imposer ses oukases langagiers à toute une jeunesse.

J’ai entendu objecter: «Vaugelas, au XVIIe siècle, n’a-t-il pas édicté des normes dans ses remarques sur la langue française?». Certes. Mais Vaugelas n’était pas ministre. Ce n’était qu’un auteur, dont chacun était libre de suivre ou non les avis. Il n’avait pas les moyens d’imposer ses lubies aux enfants. Il n’était pas Richelieu, lequel n’a jamais tranché personnellement de questions de langues.

Si notre gouvernement veut servir le français, il ferait mieux de veiller d’abord à ce qu’on l’enseigne en classe, ensuite à ce que l’audiovisuel public, placé sous sa coupe, n’accumule pas à longueur de soirées les faux sens, solécismes, impropriétés, barbarismes et cuirs qui, pénétrant dans le crâne des gosses, achèvent de rendre impossible la tâche des enseignants. La société française a progressé vers l’égalité des sexes dans tous les métiers, sauf le métier politique. Les coupables de cette honte croient s’amnistier (ils en ont l’habitude) en torturant la grammaire.

Ils ont trouvé le sésame démagogique de cette opération magique: faire avancer le féminin faute d’avoir fait avancer les femmes.»

(Jean-François Revel)

[dangermousie]

My subjective running ranking of all 2020 kdramas and cdramas so far

Making this a pinned post so I can revise as I want; will be helpful for end of year post. For once I will be proactive. Oh, and if it aired even one ep in 2020, it’s eligible and if I’ve seen enough of it to make up my mind, it’s eligible.

KDRAMAS

MY EYES MY EYES

42 Born Again

41 Love with Flaws

40 Sweet Munchies

39 Meow the Secret Boy

38 Do Do Sol Sol La Sol

37 When I Was the Most Beautiful

MEH

36 Woman of 9.9 Billion

35 Lies after Lies

34 Backstreet Rookie

33 Men Are Men

32 Dinner Mate

31 Was It Love

30 Alice

29 More than Friends 

28 Start-Up

27 The Spies who Loved Me

26 Private Lives

25 Record of Youth

24 Do You Like Brahms

23 I’ll Go to You When the Weather is Nice

SOLID

22 Forest

21 The Ballot

20 Hyena

19 365 Repeat the Year

18 The Game Towards Zero

17 When My Love Blooms

16 Chocolate

EXCELLENT

15 Find Me In Your Memory

14 Mystic Pop Up Bar

13 Where Your Eyes Linger

12 Itaewon Class

11 Psychopath Diary

10 Kairos

9 Queen Love and War

8 The King Eternal Monarch

7 Mr. Queen

6 Psycho But It’s OK

5 Crash Landing on You

4 Run On

3 Train

1 (tie) Tale of the Nine Tailed

1 Flower of Evil

CDRAMA

MY EYES MY EYES

44 The Legend of Jing Yan

43 Unicorn Girl

42 Autumn Cicada

41 You Complete Me

IF YOU NEED A SLEEPING AID

40 Skate into Love

39 Irreplaceable Love

38 Eternal Love Rain

37 For Married Doctoress

36 Dance of the Sky Empire

35 Love Designer

34 Love a Lifetime

33 Love is Sweet

32 Fake Princess

31 The Changan Youth

30 My Dear Destiny

29 Handsome Siblings

28 In a Class of Her Own

27 General’s Lady

26 The Blooms at Ruyi Pavilion

25 Jiu Liu Overlord

24 Cross Fire

23 God of Lost Fantasy

22 Renascence

21 Legend of Fei

FLAWED BUT ENTERTAINING

20 Ever Night 2

19 Castle in the Sky 2

18 The Great Ruler

17 Legend of Awakening

16 Consummation

SOLID

15 Oops the King is in Love

14 Song of Glory

13 And the Winner is love

12 Miss S

ADORE

11 Eternal Love of Dream

10 Maiden Holmes

9 Love Lasts Two Minds

8 To Love

7 Legend of Xiao Chuo

6 The Romance of Tiger and Rose

5 Twisted Fate of Love

4 Love In Between

3 Love and Redemption

2 Go Ahead

1 The Wolf

[selidren]

Eté 1901 - Champs-les-Sims

8/25

Je sais que Grand-Mère voit cela comme moi, mais elle n’en tire décidément pas le même enseignement. J’ai conscience de vous en parler assez souvent, mais vous n’imaginez pas la frustration que notre désaccord génère chez moi. En tant que chef de famille, c’est en théorie à moi d’avoir le dernier mot concernant l’éducation de ma cousine, mais elle a chez elle cette autorité maternelle que j’ai du mal à surmonter. Sans doute car elle m’a élevé. Je jure cependant qu’il n’y aura que Marie et moi pour décider de l’avenir de notre fils. 

Heureusement, si il y a bien une chose concernant Rose sur laquelle nous sommes d’accord, c’est sa relation avec Zéphir.

Transcription :

Rose : Constantin ? Tout ce qui l’intéresse ce sont ses momies et ses transcriptions de papyrus. 

Zéphir : Rose... Comment tu peux être si brillante et en même temps si aveugle ? Moi, j’ai prêté attention à ce que disait ton frère pendant le souper. Il est vrai qu’il y a beaucoup été question de philologie et de syncrétisme, mais quand Monsieur Hautbourg l’a questionné sur ses ambitions, il lui a répondu que dans sa fratrie, la détermination était la qualité la plus développée. Aussi sûr que lui serai égyptologue, toi tu serais médecin, et Juliette... en tous cas peu importe ce que Juliette veut, elle l’aura. Même mon frère est très enthousiaste à l’idée d’avoir une doctoresse dans la famille. 

Rose : Je... je n’avais pas vu les choses sous cet angle.

Zéphir : Tu as toutes les cartes en main. Alors ne te lamentes plus sur ton sort.

Rose : Zéphir... merci. Et excuse moi pour mon petit numéro d’apitoiement. Je dois te paraître si vaine.

Zéphir : Ce n’est rien. Il faut juste que tu regardes autour de toi. Adelphe te soutient, il tenterait l’impossible pour t’aider. Et même si ton frère n’est pas aussi expansif que tu le souhaiterai, il est très attaché à toi, et il veut que tu sois heureuse. 

Rose : Et je t’ai toi. 

Zéphir : Oui, tu m’auras toujours à tes côtés. 

Rose : Je ne sais pas comment je pourrai te mériter. Je t’aime tant, là tout de suite. 

Zéphir : Moi aussi Rose. 

Rose : Viens donc par ici. 

Zéphir : Là, tout de suite ? Tu es sure ? Et si quelqu’un nous voit ?

Rose : Je dirai que j’ai glissé. Adelphe et Marie disent que je suis une menteuse très convaincante. 

[auxcaillouxdeschemins]

Un article d'Hervé Gouault : Lire Murièle Modély, Une approche de l’œuvre poétique de Murièle Modély

Lire Murièle Modély, c’est une expérience. Elle a une voix douce et une voix crue. Doctoresse Modély et Miss Murièle ! Une dizaine de recueils en autant d’années, et quand on la croise, elle vous dit simplement, le plus naturellement du monde : “Je n’écris rien en ce moment, je range tout ça…” !

Les gens qui lisent vite passeront à côté de son écriture que l’on pourrait qualifier “d’autodévoration” comme l’a inventé Antonin Artaud dans Révolte contre la poésie. Tout y est fort, cruel, jouissif, débordant, tendre, puissant !

Murièle se livre entièrement dans son écriture poétique, que ce soit en disant “je”, ou en empruntant des personnages multiples, comme autant de personnages d’un théâtre intérieur qui clament tous leur désir de vivre, d’aimer, de très loin opposé à celui de la boulimie consumériste...

[aufildemeslectures]

Chacun sa place

Selon le sociologue Philippe Peissel, les caractères féminins présentent quatre tendances :

1 – les mères,

2 – les amantes,

3 – les guerrières,

4 – les initiatrices.

Les mères accordent par prédilection l’importance au fait de fonder une famille, avoir des enfants et les élever.

Les amantes aiment séduire et vivre de grandes histoires passionnelles.

Les guerrières veulent conquérir des territoires de pouvoir, s’engager pour des causes ou des enjeux politiques.

Les initiatrices sont les femmes tournées vers l’art, la spiritualité ou la guérison. Elles seront d’excellentes muses, éducatrices, doctoresses. C’étaient jadis les vestales.

Pour chaque personne, ces tendances sont plus ou moins développées.

Le problème vient lorsqu’une femme ne se retrouve pas dans le rôle principal que la société lui impose. Si on force les amantes à être des mères, ou les initiatrices à être des guerrières la contrainte génère parfois des clashs violents.

Chez les hommes, il y a aussi quatre positionnements préférentiels :

1 – les agriculteurs,

2 – les nomades,

3 – les bâtisseurs,

4 – les guerriers.

Dans la Bible, il y avait Abel le nomade qui s’occupait des troupeaux et Caïn l’agriculteur qui s’occupait des moissons.

Caïn tue Abel et comme punition Dieu dit : « Tu erreras sur la Terre. » Donc on oblige Caïn à être nomade alors qu’il est fondamentalement agriculteur. Il doit faire ce pour quoi il n’est pas fait. Et c’est là sa grande douleur.

La seule combinaison qui peut mener au mariage durable est « mère-agriculteur ». Les deux étant dans un souhait d’immobilisme et de durée. Toutes les autres combinaisons peuvent donner lieu à de grandes passions, mais entraînent, à la longue, des conflits.

Le but d’une femme accomplie est d’être mère et amante et guerrière et initiatrice. Dès lors, on peut dire que la princesse est devenue reine.

Le but d’un homme accompli est d’être agriculteur et nomade et bâtisseur et guerrier.

Dès lors, on peut dire que le prince est devenu roi.

Et lorsqu’un roi accompli rencontre une reine accomplie, alors il se passe quelque chose de magique. Il y a et la passion et la durée. Mais c’est rare.

Edmond Wells, Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, Tome IV.

L'Empire des Anges

[mel-et-ses-histoires]

La sismo et les flans à la courgette.

Me : Et donc blabla bla, état dépressif blablabl, échec des traitements blablabl, on est pas loin de l'état mélancolique blabla donc moi à ce niveau là, j'en ai déja parlé avec madame, je pense qu'il faut qu'on aille à la sismothérapie.

Mari : Ah les éléctrochocs là ? Ah non pas question hein ! Blablabla barbarie, blablabla on va pas faire d'expérience sur ma femme toussa !

Patiente : Rhoo tais-toi toi ! La dernière fois ça m'avait sauvé la vie quand même ! Et puis je pense qu'entre la doctoresse - euh... on dit la docteur ou la doctoresse ? - Bon c'est pas grave, entre toi et la docteur je pense que c'est elle qui s'y connait le plus non ? Et puis de toute façon c'est moi qui décide !

[petit silence]

Me : Alors moi ce que je propose c'est que je vous explique ce qu'on a prevu et vous en parlez ensemble apres ?

Patiente : Oh ben on va en parler si vous voulez mais de toute façon c'est moi qui décide...

J'aime les mamies qui ont la niaque.

[rympresse]

DÉSINFORMATION │ Indian Chronicles : le réseau indien d’infox qui tisse sa toile jusqu’au Maroc

Nouvelles révélations sur le réseau tentaculaire d’influence et de désinformation indien. Au Maroc, trois médias ont été ressuscités sur Internet en anglais pour servir les intérêts du gouvernement nationaliste indien de Narendra Modi en opposition à Islamabad

Le média en ligne Les Jours, vient de publier une enquête en deux épisodes sur une machine de guerre informationnelle et d’inuence basée en Inde. Cette enquête vient compléter celle de l’ONG bruxelloise EU DisinfoLab. Au bout d’un an de travail d’investigation, l’ONG a produit une centaine de pages qui dévoiles les coulisses d’un réseau tentaculaire opérant depuis 15 ans à la fois au Parlement européen et à l’ONU. D’après Ben Nimmo, expert reconnu de la désinformation et enquêteur en analyse des réseaux sociaux, il s’agit « d’un réseau de désinformation dont l’ampleur et l’impact sont comparables à l’opération d’ingérence russe pendant la campagne aux États-Unis en 2016 ».

Des centaines de faux sites internet, des dizaines d’ONG ressuscitées et plusieurs médias fantômes, forment un vaste réseau servant le soft-power indien. À la tête de cette toile d’araignée, un consortium d’entreprises indiennes : le groupe Srivastava. Décrit sur son site web, comme un groupe « à la croissance la plus rapide du pays avec des intérêts dans les ressources naturelles, l’énergie propre, l’espace aérien, les services de conseil, la santé, la presse écrite et l’édition », il a déjà été épinglée dans un rapport d’EU DisinfoLab. L’exposé révélait alors, son implication dans un vaste réseau de désinformation d’au moins 265 faux sites d’information opérants dans une soixantaine de pays dont la France.

Il y’a près d’un an, la première enquête de EU DinsinfoLab, faisait état de trois étranges sites d’information numériques basés cette fois au Maroc. Il s’agissait alors de Le Réveil du Tadla, Hayat Echchaab et Al Mukah. Le Réveil du Tadla premier premier cité reprend, le nom d’un journal né sous le protectorat français. Les deux autres sont, en réalité, deux anciens journaux militants, aliés au Parti Communiste marocain (PCM) créés sous la direction de Ali Yata. Les trois sont ressuscités sur Internet en anglais pour servir les intérêts du gouvernement nationaliste de Narendra Modi en opposition à Islamabad. On se souvient, que l’adresse de ces trois médias fantômes renvoyaient au centre d’affaire Mathis de Rabat et au Twin Center de Casablanca.

Par ailleurs, trois acteurs majeurs de cette opération géante semblent ressortir de l’enquête. D’abords, le fondateur du groupe Srivastava , Govind Narain apparait dans un rapport du département d’État américain récemment déclassié qui portait sur la propagande soviétique. L’homme serait également proche du régime nord-coréen. Son épouse, Pramila actuellement au board de Srivastava a, en 2009, en marge de la 11ème session du Human Rights Council à l’ONU, menacé une pédiatre venue s’exprimer sur les infanticides au Punjab. La doctoresse aurait selon Pramila présenté « une mauvaise image de l’Inde ». Suite à cela, menace la pédiatre aurait été questionnée par les services de renseignement indiens à son retour au pays. Le troisième protagoniste serait Ankur Srivastava, fondateur et directeur de l’entreprise Aglaya, spécialisée dans les malwares. Il aurait confié à Forbes en 2013 « ne travailler qu’avec les services secrets indiens ». Pour le lien entre EU Chronicle et Srivastava, d’une part, EU Chronicle, a coïncidemment la même adresse IP que des ONG du groupe Srivastava. D’autre part, le « journal » fonctionne de la même façon qu’un autre site, épinglé par EU DisinfoLab dans un précédent rapport. 

Alors qu’EP Today (pour « European Parliament Today ») était en fait une vitrine du Parlement européen. EU Chronicle abrite une rubrique qui héberge des tribunes, notamment d’eurodéputés. Vient alors, Asian News International (ANI), une agence de presse vidéo dont dépend l’intégralité des télévisions indiennes. Elle a pour rôle de « blanchir l’information ». L’agence relaye presque instantanément les contenus produits par les sites du réseau Srivastava et les mets à disposition de millions d’utilisateurs indiens. S’opère alors une redoutable chaîne de distorsion de l’information. Ainsi, « Une tribune d’ EU Chronicle peut finalement devenir une position officielle de Bruxelles via l’agence de presse ANI », ajoute Les Jours. Autre détail de l’enquête titanesque, un recruteur aurait réussi via proxy à embaucher des étudiants suisses et les payer en espèces pour prononcer des discours au Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Mais même si la quasi-totalité des sites ont disparus à la publication du rapport de DisinfoLab, l’absence de réactions des autorités et des institutions ont permis à Srivastava de vite rebâtir un réseau pour remplacer celui qui venait de plier bagage. Les Jours promettent de sortir deux articles supplémentaires dévoilant probablement plus de détails et de subtilités entourant le réseau indien. Car plusieurs questions demeurent en suspens, comme le degré d’implication des services de renseignement indiens.