Tumgik
#fille en haut fille en bas fille fille fille femme femme femme femme aussi pis la bottine tine tine rigolait ha ha đź—Łđź—Łđź—Ł
nessvn · 13 days
Text
funniest thing abt my mum ever is how much she actually likes québécois music
2 notes · View notes
chic-a-gigot · 1 year
Photo
Tumblr media
La Mode nationale, no. 3, 22 janvier 1898, Paris. No. 18. — Groupe de toilettes. Bibliothèque nationale de France
Explication des gravures:
1. Modèle de Mme Louise Piret, 43, rue Richer.
Toilette de bal pour jeune fille en mousseline de soie bleu ciel. Jupe formée de 3 hauts volants plissés bordés chacun d'une guirlande de marguerites. Corsage blouse en mousseline de soie de la même teinte garni d'un volant plissé en pareil, dont la tête forme le bouillonné et est garnie elle-même de marguerites, le pied du volant est garni aussi d'une guirlande de marguerites. Ceinture de satin ivoire.
Ball gown for young girl in sky blue silk muslin. Skirt made up of 3 high pleated flounces, each edged with a garland of daisies. Blouse bodice in silk muslin of the same shade trimmed with a similarly pleated flounce, the head of which forms the bubble and is itself trimmed with daisies, the foot of the flounce is also trimmed with a garland of daisies. Ivory satin belt.
Matériaux: Mousseline de soie, 25 mètres en 120.
—
2. Modèle de la Maison Diderot, 1, rue Morlot.
Sotie de bal ou de théâtre en satin broché noir, avec gros pli Watteau derrière et deux gros plis creux devant. Empiècement brodée de jais, avec pluie de jais retombant dans le dos. Grand col Médicis tout brodé de jais. Manches extrêmement larges garnies de mousseline de soie dans le bas.
Ball or theater cloak in black brocaded satin, with large Watteau pleat behind and two large box pleats in front. Yoke embroidered in jet, with rain of jet falling down the back. Large Medici collar all embroidered in jet. Extremely wide sleeves trimmed with chiffon at the bottom.
Matériaux: Soie brochée 15 mètres.
—
3. Modèle de Mme Charmaison, 21, avenue de Messine.
Toilette de bal pour jeune femme, en satin broché vert d'eau. Jupe tout plate et unie. Corsage drapé terminé par un bouillonné fermant de côté, et garni d'un haut volant de point à l'aiguille avec tête bouillonnée, dans lequel sont posés des pavots de soie vert d'eau.
Ball gown for a young woman, in water-green brocaded satin. All flat and united skirt. Draped bodice finished with a shirred detail closing on the side, and trimmed with a high needlepoint ruffle with swirl head, in which are placed water-green silk poppies.
Matériaux: Satin broché 13 mètres.
—
4. Mod¡ele de Mme Pelletier-Vidal, 19, rue de la Paix.
Toilette de dîner en satin Liberty maïs. Jupe plate sans garniture. Corsage en étoffe semblable, entièrement recouvert de tulle brodé crème et garni de gaze de soie brodée d'or, de paillettes et de cailloux du Rhin. Manches longues en tulle brodé semblable à la garniture du corsage avec volants sur les épaules.
Corn Liberty satin dinner toilet. Flat skirt without trim. Bodice of similar fabric, entirely covered with cream embroidered tulle and trimmed with silk gauze embroidered with gold, sequins and Rhine pebbles. Long sleeves in embroidered tulle similar to the bodice trim with ruffles on the shoulders.
Matériaux: 13 mètres satin, 2 m. 50 tulle.
—
5. Modèle de Mme Laurent-Bourget, 45, rue de Richelieu.
Toilette de bal pour jeune fille, en mousseline de soie rose brodée de soie argent. Jupe plate du haut et garnie dans le bas d'un volant de mousseline de soie unie et plissée remontant derrière sur le milieu de la jupe. Corsage blouse tout froncé en mousseline de soie brodée. Une barrette de satin rose forme le décolleté avec 6 roses roses posées de côté. Manches courtes en mousseline unie formant nœuds.
Ball gown for a young girl, in pink silk muslin embroidered with silver silk. Flat skirt at the top and trimmed at the bottom with a flounce of plain, pleated silk muslin rising behind the middle of the skirt. Blouse bodice all gathered in embroidered silk muslin. A pink satin bar forms the neckline with 6 pink roses laid aside. Short sleeves in plain chiffon forming bows.
Matériaux: 15 mètres mousseline brodée, 5 mètres unie.
—
6. Modèle de Mme Pelletier-Vidal, 19, rue de la Paix.
Toilette de bal pour jeune femme, en satin duchesse noir. Jupe toute plate entièrement brodée de paillettes de couleur se détachant sur le fond et formant dahlias et fougères sur le côté. Corsage également plat et brodé comme la jupe. Un empiècement de broderie de soie blanche fait le déolleté, et les épaulettes qui retombent sur 5 plis de lingerie formant une petite manche. Ceinture de satin noir.
Ball gown for a young woman, in black duchess satin. Very flat skirt entirely embroidered with colored sequins standing out on the bottom and forming dahlias and ferns on the side. Bodice also flat and embroidered like the skirt. A yoke of white silk embroidery makes the neckline, and the shoulder pads which fall over 5 folds of lingerie forming a small sleeve. Black satin belt.
Matériaux: 15 mètres satin.
54 notes · View notes
Text
28 / 04 / 2023
🇨🇵 FRANÇAIS / FRENCH 🇨🇵
J'AI QUELQUE CHOSE À VOUS DIRE
DESSIN GAY INTERRACIAL FAIT PAR MOI
Voici un dessin que j'ai réalisé aujourd'hui. Il représente un gentil petit garçon blanc mince, porté par un grand homme noir très musclé au cul très rebondi. L'homme noir embrasse le garçon blanc sur la bouche : leurs langues se mêlent et ils ferment les yeux pour se concentrer sur leur baiser. Leurs langues mélangées n'est pas la seule façon pour eux de s'unir corporellement : le grand homme noir musclé a introduit son énorme bite noire dans le petit cul du garçon. Très léger car il est petit et mince, le garçon blanc s'accroche au corps musclé de l'homme noir, et celui-ci tient son amant noir.
Autour d'eux les cœurs roses et rouges représentent de manière symbolique l'amour sincère qui unit les deux personnages. Les piques, formes noirs que l'on retrouve usuellement sur les cartes, est une référence à l'expression "Valet de pique" qui désigne les adorateurs des hommes (et femmes) noirs.
En haut à gauche, on peut lire en anglais "Les garçons blancs sont de bons amoureux", et en bas à droite il est écrit "Les hommes noirs sont meilleurs".
Tumblr media
Ce que j'aime avec mon dessin c'est le contraste entre les deux personnages. Si vous lisez mon blog et avez lu mes histoires gay interraciales, vous aurez sûrement déjà remarqué mes dessins où des hommes noirs sont avec des garçons blancs. De la même manière, ici les personnages sont nus pour montrer les corps des personnages.
En effet, j'ai voulu montrer l'Amour, l'amour pur et sincère, profond, celui que je rêve de vivre idéalement avec un homme noir grand et musclé qui aurait un bon gros cul et de longs pieds pour les vénérer.
Évidemment, je n'aimerais pas mon amoureux pour son corps, mais bien pour sa personnalité, tout comme j'espère que lui ne m'aimera pas pour mon petit corps blanc fragile mais bien pour mon caractère et ma personnalité, que nous nous complèterons.
Ce dessin m'a inspiré cette histoire
Oui, si cela n'était pas compréhensible, j'ai voulu que ce garçon soit censé être moi, car le couple que j'aimerais avoir est celui-ci. J'aime les hommes noirs pour le contraste qu'il y a entre eux et moi, mais aussi peut-être pour d'autres raisons que je ne m'explique pas : est-ce parce-que eux seraient plus capables d'aimer un garçon blanc même s'il est maigre et petit comme c'est mon cas ? Ou bien est-ce que j'ai envie d'être avec un homme noir car il sera différent des garçons blancs que j'ai aimé sans retour et me saura me les faire oublier ?
Ce qui est sûr c'est que je rêve d'un homme noir grand et fort car je pense qu'il acceptera plus facilement mon infériorité. Ce que j'appelle mon infériorité c'est que je suis petit et maigre. Les hommes blancs même musclés ne me donnent pas envie de changer de sexe pour me mettre en couple avec eux. Je regrette de ne pas être une fille pour trouver un homme (noir ou blanc) plus facilement. Alors j'espère que cela m'arrivera bientôt avant que ma jeunesse ne se fane.
💕♠️💗♠️💕 ♠️💗♠️💕♠️💗♠️💕♠️💕♠️
+++++++++++++++++++++++++++++++++++
🇬🇧🇺🇲 ENGLISH / ANGLAIS 🇬🇧🇺🇲
I HAVE SOMETHING TO TELL YOU
GAY INTERRACIAL DRAWING MADE BY ME
Here is a drawing I made today. It depicts a nice, thin white little boy, carried by a tall, very muscular black man with a very plump ass. The black man kisses the white boy on the mouth: their tongues mingle and they close their eyes to focus on their kiss.
Their intertwined tongues isn't the only way they bond bodily: the big, muscular black man thrusts his huge black cock into the boy's tiny ass. Very light because he is small and thin, the white boy clings to the muscular body of the black man, and this one holds his black lover. Around them the pink and red hearts symbolically represent the sincere love that unites the two characters.
The spades, black shapes that are usually found on the cards, is a reference to the expression "Jack of spades" which designates the worshipers of black men (and women).
At the top left, it reads in English, "White boys are good lovers," and at the bottom right, it reads, "Black men are better".
Tumblr media
What I like with my drawing is the contrast between the two characters. If you read my blog and have read my interracial gay stories, you will surely have noticed my drawings where black men are with white boys.
In the same way, here the characters are naked to show the bodies of the characters. Indeed, I wanted to show Love, pure and sincere, deep love, the one that I dream of living ideally with a tall and muscular black man who would have a nice big ass and long feet to worship them.
Obviously, I would not love my lover for his body, but for his personality, just as I hope that he will not love me for my fragile little white body but for my character and my personality, that we will complete each other.
Yes, if that was not understandable, I wanted this boy to be supposed to be me, because the couple I would like to have is this one.
This drawing inspired me this story.
I love black men for the contrast there is between them and me, but also perhaps for other reasons that I can't explain to myself: is it because they would be more capable of loving a white boy even if he is skinny and small like me? Or do I want to be with a black man because he will be different from the white boys that I have loved without return and will know how to make me forget them?
What is certain is that I dream of a tall and strong black man because I think he will more easily accept my inferiority. What I call my inferiority is that I am short and thin. Even muscular white men don't make me want to change sex to pair up with them.
I regret not being a girl to find a man (black or white) more easily. So I hope it happens to me soon before my youth fades.
💕♠️💗♠️💕 ♠️💗♠️💕♠️💗♠️💕♠️💕♠️
+++++++++++++++++++++++++++++++++++
@interracial-attractions @interracial-abi @interracial-art @interracialkissing @gaywrites @gayhopefullove @gayandcute @blackmansbitch @blackmansprivilege @blackmanfaggot @whiteboistoblackcock @whiteboiseekingblackmaster @tidodore2 @whiteboiforbnwo @whiteboisdontcum @innerpiratefun @lovefanfiction01 @leftprogrammingroadtripdean @innerpiratefun @rainykpoptravelcreator @whiteboicuckie @blacksuperioritybeliever @bnwoplan @bnwoserverworld @bnwogooner @interracialkissing
8 notes · View notes
lilias42 · 1 year
Text
On se remet au dessin en faisant la tĂŞte de PyrkaĂŻa !
Bon ! Je m'étais dis que j'essayerais de me remettre au dessin alors, j'ai dessiné Pyrkaïa, l'ancêtre de Catherine, dite la Flamme Passionnée et Brave liée au feu ! Son inspiration est surtout à trouver dans la période grecque et la cité de Sparte / Lacédémone.
Tumblr media
Bon, déjà, Pyrkaïa est très musclée ! C'est une sorcière qui s'entraine tous les jours à manier le feu et la chaleur, ainsi qu'une forgeronne qui manie le marteau toute la journée dans des ateliers où il fait très chaud (mais c'est pas elle qui va être gêner par la température) et qui sait se battre pour mener une bataille à elle toute seule à mains nues alors, elle a du muscle Déesse !
En plus, elle est vraiment très grande. Catherine est déjà la plus grande femme jouable du jeu avec son 1m75 mais, elle est limite petite à côté de Pyrkaïa qui fait tout de même 1m90 (ma fanon des Charon, c'est que toutes les femmes de la famille soit très grande, même si c'est souvent moins le cas chez les hommes). Elle est aussi grande qu'Hanneman, Raphaël ou Lambert et dépasse même beaucoup de ses contemporains, ce qui l'aide à obliger les hommes à l'écouter, vu que de toute façon, elle est plus grande et plus forte qu'eux donc, on ne peut pas la faire taire par la force.
Et voici comment elle aime s'habiller quand on ne lui dit rien et qu'on ne lui casse pas les pieds. Sa tenue est composé d'un chiton arrivant à ses genoux qui la laisse libre de ses mouvements, avec très peu d'accessoires ou de fibule pour le tenir mais là, la raison est assez simple : c'est que quand elle utilise ses pouvoirs et sa sorcellerie, elle s'enflamme et la température de son corps augmente beaucoup alors, elle fait fondre à peu près n'importe quoi. C'est aussi la raison pour laquelle, elle se bat toujours à mains nues, elle fait fondre ses armes alors, elle trouve que c'est du métal gâché. Elle préfère donc coudre certains pans de ses vêtements (ça peut arriver avec les vêtements grecques, surtout sur la fin) ou les attacher avec des nœuds, plutôt que de les accrocher avec des fibules qu'elles feraient de toute façon fondre.
Au début, elle était obligée de se couper les cheveux afin de les tisser, pour se refaire des habits qui supportent la chaleur qu'elle dégage quand elle se bat (ou juste s'énerve quand elle était jeune et qu'elle maitrisait encore un peu mal ses pouvoirs, et même sur la fin de sa vie, son contact devient vraiment brûlant dès qu'elle se prépare au combat). L'étoffe qu'elle porte ici par contre est un cadeau de son mari, un nabatéen qui est arrivé à fabriquer avec l'aide du dragon des flammes (celui qui a l'emblème de Daphnel) un tissu qui supporte les températures extrêmes. C'est pour ça que le motif sur le bas de sa tunique est le même que celui que porte Sothis, Rhéa, Seteth et Byleth, c'est l'étoile céruléenne telle que la représente les nabatéens.
Cela lui a aussi permis de garder ces cheveux très longs comme tous les sorciers car à cette époque, ils pensaient que la magie était stocké dans le corps (ce qui est vrai à Fodlan) alors, plus on aurait les cheveux longs, plus on aurait de place pour la stocker. Elle met donc la grosse majorité de ses cheveux en chignon avec une partie qui retombe dans son dos.
Son chiton est un peu particulier car, l'étoffe est en fait plus longue qu'elle en a l'air, assez pour faire un péplos (la tunique féminine grecque pour faire vite) et dans ces cas-là, elle ressemble plus à ça :
Tumblr media
(en bas à droite, vous avez à peu près l'échelle de taille entre - de droite à gauche - Pyrkaïa, Catherine et Shamir [Pyrkaïa rencontre la femme de sa petite-fille en parlant épée ^^])
La jupe est alors bien plus longue et tombe jusqu'à ses pieds ou un peu plus haut étant donné que c'est tout de même une étoffe principalement drapée alors, c'est assez facile pour elle de l'ajuster. Dans le premier dessin, sa jupe est relevé très haute, d'où la sorte de volant / côté bouffant qui est accroché sur ses hanches avec une première ceinture, puis maintenu près du corps avec une seconde ceinture. C'est pour ça qu'elle en porte deux même en péplos, ça lui permet d'ajuster rapidement ses habits en cas de besoin. Le pan de tissu sur sa tête lui sert à se protéger du soleil d'Almyra, étant donné qu'elle est née là-bas avant qu'une partie de sa cité migre en Fodlan afin de trouver de meilleures terres pour nourrir tout le monde. Elle laisse toujours deux mèches de cheveux s'en échapper, simplement parce qu'elle aime bien et ça permet de montrer sa chevelure blonde assez rare en Almyra, tout comme ses yeux bleux qui vont bien avec son teint assez sombre (elle a la couleur de peau de Cyril, et ça passe pour ses cheveux blonds vu que c'est rare mais, on a tout de même des femmes blondes en Grèce, c'est juste plus rare)
Si elle n'est pas tout le temps en chiton, c'est moins parce qu'elle aime aussi porter un péplos que parce qu'elle veut être tranquille dans sa vie de tous les jours. C'est une périèque (soit des libres sans être citoyen) vivant dans l'équivalent de Lacédémone puis une de ses colonies une fois arrivé en Fodlan donc, ça aurait pu être pire, c'est pas une hilote (donc une esclave avec un statut assez particulier car, Sparte est assez particulière au milieu des cités grecques, j'y reviendrais dans son billet) mais son principal problème qui va la suivre toute son existence longue d'environ 800 ans, c'est que c'est une femme dans une cité grecque. Elle n'a donc pas de statut autre que celui de mineur soumise à son père, puis à son mari (et à la cité si vraiment elle a plus personne). Bon, vu le caractère très volontaire, déterminé et fort qu'elle a - elle ne s'est pas tournée vers la maitrise du feu pour rien), c'est pas elle qui va faire la femme parfaite qui reste gentiment dans le gynécée à s'occuper de l'économie domestique et de la famille (surtout que n'étant pas fille de citoyen, elle n'a pas accès à l'éducation qu'on réserve aux femmes spartiates qui est très musclée pour qu'elles fassent des citoyens forts, même si étant fille d'artisan, son père tenant à elle et qu'il a vite remarqué que sa fille ira loin, elle a eu une bonne éducation, rien que pour avoir un bon mariage) elle va vite envoyer ça sur les roses, même si ça va être un combat permanent afin qu'on la respecte. Elle continue à porter un péplos dans la vie de tous les jours afin de ne pas devoir se justifier à chaque coin de rue. Etant donné que cela ne la gêne pas et que ses vêtements restent solides et mis de manière pratique, ça ne la gêne pas, même si elle a dû se battre pour avoir le droit de porter sa tunique comme les hommes.
Pour ses fiertés, il s'agit de vaisseaux qui traversent tout son corps mais, ça fait comme si elle était craquelé, un peu comme j'ai essayé de le dessiner en haut à droite du deuxième dessin. ça fait vraiment une peau assez épaisse et dure (limite pierreuse à l'aspect) qui est séparé par des veines assez sombre quand elle n'utilise pas sa magie mais, qui se mettent à briller et surtout brûler quand elle commence à l'utiliser ou à s'énerver. ça la rend assez résistante à des coups d'épée vu que sa peau est solide et que de toute façon, elle dégage une telle chaleur qu'elle va surement faire fondre la lame de métal ou réduire le bois en cendre dès qu'on l'attaque. Elle a aussi ses orbes où sa magie se concentre et qui sont également extrêmement chaud. C'est de là que partent ses flammes quand elle attaque ou se défend, ou alors quand elle entoure son corps de flammes pour impressionner son adversaire. Elle ne se voie pas très bien ici mais, son oeil gauche est très souvent enflammé en permanence, même si elle peut l'éteindre au besoin.
Son autre fierté la plus importante est son sang qui est très chaud en permanence et qui ressemble plus à de la lave à la fin de sa vie. Faites vous toucher par une seule goutte de son sang, et vous serez brûlé au dernier degré, si elle ne s'en sert pas pour vous enflammer au combat. Pyrkaïa le fait rarement mais, elle peut faire tomber quelques gouttes de ses blessures sur le sol, histoire de montrer de quoi son sang est capable et prévenir son adversaire que si elle s'énerve, il n'a aucune chance de s'en ressortir sans séquelles alors, il ferait mieux de s'enfuir. Elle peut être très dure et ne machera pas ses mots mais, elle préfère éviter devoir finir par tuer quelqu'un alors qu'elle aurait pu trouver d'autres solutions. Pendant sa longue vie, elle a vu que c'est souvent quelque chose qui empire la situation plutôt que l'améliorer alors, elle évite un maximum de devoir en arriver à tuer quelqu'un, surtout avec sa sorcellerie où si elle ne tue pas, laisse gravement brûlé et handicapé à vie donc, Pyrkaïa est très prudente avec son utilisation et se contente souvent de sa force et de son endurance surhumaine pour se battre.
En fait, elle est une personne qui détesterait Lonato de toute son âme et n'aurait aucun problème à le défoncer quand il attaque GM : il prend la décision pour tout le monde sans consulter son peuple, les emporte dans sa décision stupide et les fait tuer stupidement en faisant souffrir ceux qu'ils croisent car LUI était en colère. Elle le traiterait surement de connard irresponsable, surtout qu'étant grecque, elle hallucinerait de voir qu'une seule personne peut décider pour tout un peuple sans passer par le vote, qui n'est même pas élu et verrait cette situation comme une tyrannie bonne qu'à être renversée, surtout que les rois de Lacédémone sont extrêmement contrôlés et ont encadré par les lois de la cité et peuvent être puni s'ils se comporte mal, c'est qu'en expédition militaire qu'ils ont beaucoup de pouvoir (ils sont même deux issus de deux familles différentes à Sparte, comme ça, ils se tirent dans les pattes et c'est les éphores et la gérousia qui dirigent la cité en période de paix)... et Déesse, ce serait vraiment la galère autant pour Lonato que pour GM si elle atterrissait en plein milieu de la mission contre lui ! D'un côté, elle serait un excellent élément pour arrêter Lonato vu que comme côté GM, c'est surtout des mineurs et qu'elle sent que Catherine est de sa famille, elle irait se battre pour les protéger mais de l'autre, elle n'aurait aucun état d'âme à affronter des civils, vu que quand c'est la guerre dans le monde grec, c'est les citoyens qui vont défendre la cité selon l'idéal du citoyen-soldat et là, on prend tout le monde vu qu'il n'y a pas d'armée professionnelle (sauf plus ou moins à Sparte mais, là encore, c'est un cas à part) et techniquement, c'est pas un problème pour un grec d'attaquer quelqu'un qui s'enfuit du champ de bataille, c'est même à ce moment qu'on fait des dégâts (cf cette vidéo et allez voir cette chaine, elle est géniale sur l'histoire militaire), même si elle, elle les laisserait s'enfuir sans trop de souci s'il n'y a pas de risque qu'ils reviennent. Et il y aurait surement de belles incompréhensions entre une grecque qui connait le système de la cité avec une certaine forme de démocratie pour tous ses voisins, et des prises de décisions collégiales ou collectives (on vote la guerre à Athènes par exemple, c'est l'ensemble des citoyens qui disent si oui ou non, on fait / continue la guerre ou non), à des monarchies, ça passerait mal et elle aurait beaucoup de mal à comprendre pourquoi ils acceptent cela, même si elle reconnaitrait qu'il doit y avoir des avantages si les habitants de Fodlan ont adopté ce système plutôt qu'un autre.
Pour sa palette de couleur, c'est assez varié étant donné que les grecs adoraient les couleurs vives et que c'était un symbole de richesse d'avoir de belles couleurs. Elle est cependant issus d'un milieu relativement modeste, même si elle n'a pas trop de problème d'argent (elle a réussi à posséder sa propre forge d'où elle tire ses revenues) alors, Pyrkaïa aborde des couleurs relativement courantes et abordables. Pour les tissus que lui a offert son mari, je pense que c'est plus dans les tons de bordeaux avec des motifs blancs à la nabatéenne qui s'accorde avec ses cheveux blonds, ou des bleus qui vont bien avec sa peau sombre et font ressortir ses yeux et ses flammes qui sont devenus bleus tellement elles sont chaudes. Sinon, elles ressemblent énormément à Catherine pour ce qui est du visage et de son apparence générale.
6 notes · View notes
carolemm · 1 year
Text
Tumblr media
Suite à un burn out, Solène 40 ans et avocate, décide de répondre à une petite annonce d’écrivain public au Palais de la Femme.
Pareillement à cette histoire, on suit celle de Blanche Peyron qui va créer cet établissement sous l’égide de l’armée du salut.
Un très beau livre sur la sororité, la résilience et la générosité.
Je ne connaissais pas cet établissement essentiel, inauguré en 1926 et réhabilité en 2011 (lien en commentaires).
« Pour être aimée, elle est devenue ce que l'on attendait qu'elle fût. Elle s'est conformée aux désirs des autres en reniant les siens. En chemin, elle s'est perdue. »
« Blanche le voit déjà, son Palais de la Femme: un refuge pour toutes celles que la vie a malmenées, que la société a mises de côté. Une citadelle, où chacune aura son logis bien à elle, une chambre chauffée, aérée, confortablement meublée. Une chartreuse de paix.Un Palais pour panser ses blessures et se relever. »
« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent; ce sont Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.Ceux qui d'un haut destin gravissent l’âpre cime.Ceux qui marchent pensifs épris d'un but sublime. » Victor Hugo
« Ce qui l'a tuée, c'est l'amour qu'elle n'a jamais reçu. C'est ce vide de l'enfance, ce manque en elle, jamais comblé. Ce gouffre que rien ni personne n'a pu colmater, pas même l'amour d'un fils, ni la plus dure des substances. »
« Je te garde aussi sûrement que tu m'emportes. »
« Avoir une clé, ce n'est pas rien. C'est avoir une vie. »
« Le temps est venu de m'en aller, En silence, sur la pointe des pieds.
Je n'emporte rien avec moi.
Je n'ai rien créé ici-bas,
Rien construit, rien produit,
Je n'ai rien enfanté.
Ma vie n'a été qu'une étincelle éphémère
Anonyme, comme tant d'autres, oubliées de l'Histoire.
Une petite flamme, infime et dérisoire.
Qu'importe. Je suis là, tout entière, Dans le souffle de ma prière.
Vous qui me survivrez, Continuez Ă  vous battre, Continuez Ă  danser, Et n'oubliez pas de donner.
Donnez de votre temps, donnez de votre argent, Donnez ce que vous possédez, Donnez ce que vous n'avez pas.
Quand votre heure aura sonné,
Vous vous envolerez vers des cieux inconnus, Et vous vous sentirez plus légers.
Car je le dis, en vérité:
Tout ce qui n'est pas donné est perdu. »
SĹ“ur anonyme,
Couvent des Filles de la Croix,
XIX° siècle
2 notes · View notes
christophe76460 · 6 months
Text
Tumblr media
05-149 La foi d'une mère (2è partie et fin)
https://soundcloud.com/jlgaillard/la-foi-dune-mere-2-partie-et-fin
Une autre fois, elle se trouva dans l’incapacité de payer la scolarité de ses enfants. Et en plus, son mari lui faisait des reproches en la rendant responsable de cette situation. Il lui disait que le déshonneur d’être endetté était la conséquence de son entêtement, ce qui rendait encore plus pénibles ces soucis financiers. Néanmoins, elle proclamait avec une confiance invariable que le Seigneur allait bientôt intervenir et les libérer.
La réponse de son mari était : « Nous verrons, nous verrons plus tard, le temps nous le montrera ! »
Au milieu de ces circonstances très éprouvantes, alors qu’un jour, son mari était à son bureau absorbé dans ses méditations, le facteur apporta trois lettres, postées des différentes villes où les garçons étaient à l’école. Ces lettres disaient qu’à moins que les dettes ne fussent promptement payées, les garçons seraient renvoyés ! Leur père lut ces lettres avec un énervement grandissant, et les jetant par-dessus la table devant sa femme qui rentrait dans la pièce, il s’écria :
« Tiens, regarde-moi cela ! et paie donc tes dettes avec ta foi ! Moi, je n’ai pas d’argent, et je ne sais où en trouver ! »
Se saisissant des lettres, ma mère jeta rapidement un coup d’œil dessus, avec un visage grave, mais elle répondit fermement à son mari : « Tout va bien, la cause est entendue, car Celui qui a dit l’or et l’argent m’appartiennent, va trouver facilement une solution pour nous. Après avoir dit cela, elle sortit rapidement de la pièce. »
Notre père pensa immédiatement qu’elle allait, comme elle l’avait déjà fait, voir un ami qui nous avait aidés auparavant ; mais il se trompait car, cette fois-ci, ses pas la conduisirent dans une autre direction.
Nous avions, à la cure, une petite pièce tout en haut, fermée par une porte-trappe.
Derrière cette porte, elle savait qu’elle pouvait se mettre à genoux et commencer à s’entretenir avec Celui en qui elle pourrait trouver la force d’élever ses enfants.
Elle étala devant Lui les fameuses lettres, et Lui parla des moqueries de son mari. Elle Lui rappela aussi comment sa vie avait été rachetée des portes de l’enfer et de la mort, afin de sauver et élever ses enfants. Elle déclara ensuite qu’elle ne pouvait pas croire qu’Il l’avait abandonnée dans ces circonstances ; elle ne pouvait se résoudre à croire que Dieu, pour la première fois, se détournerait d’elle.
Pendant ce temps, son mari l’attendait au pied des escaliers. La nuit vint, et elle n’apparaissait toujours pas ! Sa fille aînée, dont le prénom était Béate, monta les marches quatre à quatre et l’appela, mais sa mère lui répondit : « Soupez sans moi ; pour ma part, j’ai autre chose à faire… ».
Plus tard encore, dans la soirée, la messagère remonta pour l’appeler mais revint avec cette réponse : « Allez tous au lit ; ce n’est toujours pas le moment de me reposer... ».
Une troisième fois, le lendemain pour le petit déjeuner, ils appelèrent à nouveau leur mère qui leur répondit :
« Mais laissez-moi tranquille ; je n’ai pas besoin de déjeuner. Quand je serai prête, je descendrai ! »
Les heures passèrent ainsi, et bientôt en bas des escaliers, son mari, les enfants, tous commençaient à s’effrayer, n’osant pas toutefois la déranger davantage encore. À la fin, la porte s’ouvrit, et elle sortit, le visage resplendissant d’une merveilleuse lumière ; la plus petite de ses filles pensa que quelque chose d’extraordinaire était arrivé ; courant se jeter dans les bras de sa mère, elle s’écria :
— Maman, que s’est-t-il passé ? Est-ce que les anges ont apporté l’argent ?
— Non, mon enfant, répondit sa mère avec un sourire, mais maintenant, je suis absolument certaine que la fin de notre souci d’argent est proche.
A peine termina-t-elle sa phrase que soudain, une dame vĂŞtue comme une paysanne entra et dit :
— Le maître de l’Auberge des Tilleuls m’envoie pour demander à la femme du pasteur de lui accorder un moment pour venir le voir rapidement…
— Ah ! répondit notre mère, je sais ce qu’il veut ! Saluez-le de ma part, Madame, et dites-lui que je viens tout de suite.
Là-dessus elle partit, et l’hôtelier qui regardait par sa fenêtre la vit arriver de loin. Il alla au-devant d’elle avec ces mots : « Chère Madame, comme je suis content que vous soyez venue ! ».
Puis il la conduisit dans son bureau, à l’arrière, et il lui dit :
— Je n’en connais pas la raison, mais la nuit dernière, je ne pus dormir en pensant à vous. Depuis quelques temps, j’ai plusieurs centaines de pièces d’or dans mon vieux coffre, et toute la nuit, j’ai été hanté par l’idée que vous aviez besoin de cet argent, et que je devais rapidement vous le donner ! C’était impératif ! Si c’est bien le cas, le voici, prenez-le; ne vous en faites pas pour la question du remboursement. Si vous en avez la possibilité un jour, alors ce sera bien, mais sinon cela n’a aucune importance.
Sur ce, ma mère dit :
— J’en ai effectivement besoin ; toute la nuit dernière, moi aussi je suis restée éveillée, criant à Dieu afin qu’Il m’aide. Car, hier, j’ai reçu trois lettres des trois écoles dans lesquelles sont mes fils, disant que si l’argent de leur scolarité n’arrivait pas immédiatement, ils seraient renvoyés.
— Oh, vraiment, dit l’hôtelier, qui était un homme au cœur noble, et un bon chrétien, comme tout cela est étrange et merveilleux ; maintenant, je suis doublement heureux de vous avoir demandé de venir vite !
Puis, ouvrant son coffre, il sortit trois lourds paquets, et les lui donna, en priant que Dieu veuille bien bénir ce don pour notre famille. Notre mère accepta, avec ces simples mots :
— Puisse Dieu vous récompenser de votre geste de compassion, digne d’un chrétien, car vous avez agi comme le serviteur de Celui qui a fait la promesse de nous récompenser du don le plus petit, ne serait-ce qu’un verre d’eau fraîche.
Mari et enfants étaient à la maison, attendant notre mère avec impatience ! Ces trois terribles lettres étaient encore étalées sur la table au moment où notre mère, qui avait brusquement quitté le bureau la veille, surgit en se précipitant vers son mari, resplendissante de joie. Sur chacune des lettres, elle posa un rouleau d’argent et s’écria :
— Regarde cela ! Et maintenant, crois que mettre sa confiance en Dieu n’est ni une folie, ni une idée en l’air.
#histoire #vrai #reprise #répéter #richesse #or #approcher #connaître #foi #confiance #famille #palais #visiter #foi #beauté #éclat #attirer #regard #cabane #lampe #table #pied #planche #fortune
Jean-Louis Gaillard
www.365histoires.com
www.jlgaillard.fr
0 notes
eightfourone · 8 months
Text
fille en haut fille en bas
fille fille fille femme
femme femme femme aussi
pis la boutine-tine-tine
le rigolet haha
0 notes
trekkedin · 3 years
Text
Un nouveau départ (3)
Ao3
La dague était restée cachée dans le petit tiroir de la commode de sa chambre en Carmélide pendant des années. Elle l’y avait oubliée, cette petite arme, enveloppée du linge rouge et bleu dans lequel sa mère la lui avait offerte pour son dixième anniversaire. La sensation, lorsque ses doigts se refermèrent autour du manche, était la même que la première fois. Celle d’avoir entre les mains un objet bien trop raffiné et léger pour ce à quoi il devait servir. La lame était encore tranchante, et les runes pictes qui y étaient gravées ne s’étaient pas effacées.
« Sans hésitation. »
Elle la garda cachée mais facilement accessible entre les plis de sa robe durant tout son voyage.
Le trajet de la Carmélide jusqu’au port avait été rapide, une fois les curieux et les questions laissés derrières. Ce fut avec une joie teintée de nostalgie qu’elle vit les collines et les forêts de son pays natal disparaitre pour laisser place aux plages de sable gris. Le port, de ceux qui réunissent les marins de plusieurs villages et où viennent jouer les enfants une fois leurs travail aux champs terminé, était de taille fort respectable avec ses deux pontons de bois qui s’étendaient vers le grand large comme des branches s’étendent vers le ciel. Une petite dizaine de bateaux faits pour la haute mer y étaient amarrés, des géants au milieu des petites barques de pêcheurs.
Il avait été facile d’en trouver en partance pour Logres continental, et bien plus difficile de convaincre leurs capitaines de la laisser embarquer. Sans son statut de reine, peu d’entre eux acceptaient de faire monter une femme à bord. Encore moins une qui voyageait seule. La moitié de l’argent qu’elle avait récolté dans la réserve personnelle de sa mère, celle que son père ne connaissait pas, y était passé. Mais une fois sur le pont, les marins s’étaient montrés charmants, et compréhensifs face à son mal de mer.
Elle n’avait pris le bateau que deux fois dans sa vie, dont une pour aller à Rome, et elle n’avait jamais apprécié l’expérience. Là où la terre lui assurait constance et stabilité, la mer menaçait de l’emporter dans ses profondeurs. Là où les collines et les forêts offraient des paysages et des terrains de jeux infinies, l’océan n’offrait qu’une étendue d’eau à perte de vue. Là où le parfum de bruyère et le chants des oiseaux la réveillaient en douceur, le sel qui lui collait à la peau et le balancement incessant du navire sur les vagues l’empêchaient de trouver le sommeil. Ce fut donc avec appréhension qu’elle vit disparaitre le phare et la falaise sur laquelle il se tenait, pour ne plus avoir, pour seul horizon, que le bleu sombre de la mer et l’azur du ciel.
Mais ce ne fut qu’une fois arrivée sur le continent que le doute la saisit.
Son premier voyage hors de l’île de Bretagne avait été pour Gaunes au début de son mariage, sur l’invitation du seigneur Bohort. Arthur ne l’avait pas accompagné, prétextant avoir trop de lois à rédiger et de chefs de clans à rencontrer pour pouvoir s’accorder des vacances. Il avait envoyé Lancelot à sa place. Les deux n’en étaient pas encore au stade de l’amitié, mais partageaient déjà un respect mutuel qui promettait une relation solide sur laquelle pourrait reposer l’avenir du pays. Les quelques semaines passées là-bas avaient été charmantes, mais l’occasion d’y retourner ne s’était pas présentée, entre les événements protocolaires auxquelles elle devait tenir son rôle de figurante et les responsabilités du seigneur Bohort à Kaamelott qui l’empêchait de réitérer son invitation.
À l’époque, ils étaient arrivés dans un petit port tout à fait charmant, isolé au milieu des falaises, comme un petit paradis posé en bord de mer. Pas sur un port marchand où les mendiants côtoyaient les riches marchands venus récupérer leurs livraisons, et où les marins devenaient ivrognes sitôt leurs missions accomplies.
Pour la première fois depuis son départ, elle hésita. L’intime conviction d’avoir fait une erreur monumentale qui l’empêcherait de jamais revoir ni ses parents, ni l’île sur laquelle elle avait grandit, l’avait paralysée sur le ponton. Mais elle s’était ressaisit. Avait arrangé sa tunique, autrefois blanche et maintenant grisâtre, de sorte à cacher ses courbes. Avait laissé tomber ses cheveux sur son visage. Avait serré le manche de la dague cachée dans sa besace.
Son pas avait été rapide dans la foule, et ses yeux baissés sur les pavés pour ne croiser aucun regard. Les voix bourrues et les chants scandés à tue-tête étaient comme assourdies par le battement de son propre coeur dans ses oreilles.  L’odeur d’algues en décomposition, de poissons, d’alcool et d’autre choses qu’elle n’identifiait pas l’empêchaient de respirer. Elle avait suivie la grande rue, évitant de là une charrette à l’arrière de laquelle s’empilaient d’énormes sacs qui s’entrechoquaient à chaque soubresaut, et d’ici des mains qui la frôlaient et voulaient, dans son imagination, la tirer en arrière vers des ruelles d’où s’échappaient tantôt des hurlements, tantôt des gémissements.
Elle ne s’arrêta qu’une fois devant le comptoir d’une compagnie de diligence tenue par une vieil homme aux cheveux blancs et aux yeux fatigués qui lui vendit un trajet pour l’Aquitaine sans la moindre question indiscrète, avec la lassitude de ceux qui ont tenu la même fonction depuis trop longtemps, et que plus rien n’étonne.
Ce fut avec soulagement qu’elle montât dans la voiture. Cette foule, cette agitation, ce n’était pas son monde. Et ce n’était pas un monde qu’elle voulait découvrir. Les habitations disparurent rapidement, laissant place aux fougères et aux falaises de Bretagne. Le vent qui s’engouffrait dans la fenêtre sans vitre lava les derniers relents marins qui ne voulaient la quitter, et parvint à l’apaiser suffisamment pour qu’elle desserre enfin sa poigne sur le manche de son arme.
Elle lutta contre le sommeil, mais le bercement de la route et le sentiment de sécurité qu’elle n’avait pas connu depuis son départ eurent raison de sa volonté, et ses paupières se fermèrent alors qu’apparaissaient les larges étendues vertes et les forêts qui bordaient la Loire.
Il lui avait fallu payer un supplément pour que la voiture ne s’arrête pas durant la nuit, et ils ne firent que deux brefs arrêts pour changer les chevaux et se restaurer. Guenièvre, le conducteur et son apprenti mangèrent en silence à la table du fond de l’auberge où ils avaient fait halte, les rires du reste de l’assemblée ne faisant qu’accentuer la solennité et le secret de leur course.
Le château du Duc apparut à la fin du deuxième jour dans le creux d’une vallée. C’était un petit édifice construit à l’image de son propriétaire, avec une tour principale qui s’élançait vers les cieux et des jardins exotiques qui s’étendaient à ses pieds.
Ce ne fut que quand la diligence la déposa, et qu’elle se retrouva seule face aux soldats qui gardaient la grande porte, que Guenièvre réalisa qu’elle n’avait aucun moyen de prouver son identité. Le Duc ne l’avait jamais vu, et elle ne possédait plus le moindre pendentif ni la moindre bague qui auraient put l’aider à prouver son rang. La menace de sa faire reconnaitre et de voir sa fuite divulguée à Lancelot ou à Kaamelott avait été assez préoccupante pour qu’elle n’ai ni le temps ni l’énergie de penser à toutes les implications de l’anonymat. Ici, elle n’était qu’une jeune femme voyageant seule dans des terres inconnues, sans le moindre ami sur qui se reposer.
Les gardes la regardaient en silence, leurs yeux glissant sur son corps avant de remonter ensuite vers son visage. Il n’y avait personne d’autres qu’eux trois, les fermes les plus proches se trouvant plus sur la route, entre les collines.
— Alors ma belle, on vient chercher du boulot auprès du Duc ? dit l’un des gardes.
Son armure scintillante et la lance qu’il tenait à ses côtés ne faisaient rien pour rajeunir ses cernes ni adoucir le ton hautain et assuré de sa voix.  
— Une jolie fille comme toi, il va te trouver une petite place bien au chaud, ajouta l’autre, un homme de son âge qui gonfla le torse pour tenter de se grandir.
C’était bien la première fois que quiconque osait lui parler de cette façon. Elle baissa les yeux sur sa chemise tâchée de boue, puis releva la tête pour les dévisager, raffermissant sa prise sur son sac.
— Euh… Oui, voilà, dit-elle avec un sourire qu’elle espérait convaincant. C’est ça. Je viens demander du travail au Duc.
Et une fois qu’elle serait auprès du Duc, il lui suffirait de le convaincre, d’une façon ou d’une autre, qu’elle était bien Guenièvre, reine de Bretagne. Les gardes échangèrent un regard amusé, et l’un deux s’approcha d’elle.
— On devrait pouvoir s’arranger, dit-il en posant une main sur son bras avant de se pencher légèrement.
— Non mais dites ! s’exclama-t-elle en s’écartant. C’est comme ça qu’on se comporte en Aquitaine ?
Il haussa un sourcil étonné, tandis que le plus jeune se mit à ricaner.
— Une autre qui résiste à ton charme ?
— Pas pour longtemps, répondit l’intéressé en faisant un nouveau pas vers Guenièvre, qui fit un nouveau pas en arrière.
Elle glissa une main dans son sac pour en tirer sa dague, qu’elle tint devant elle d’une main tremblante mais décidée.
— N’approchez plus, ordonna-t-elle.
— Ou quoi ? dit le garde, regardant son arme d’un oeil moqueur avant de lui adresser un large sourire. Moi aussi j’aime jouer avec les couteaux, tu sais.
Il saisit le poignet de Guenièvre avec une telle force qu’elle lâcha son arme, un cri de douleur s’échappant de ses lèvres. Il tenta ensuite de la ramener vers lui, mais elle parvint à lancer son poing et à l’atteindre en plein en visage. Il la lâcha, sous le choc plus que sous la douleur, et elle ramassa sa dague avant de se mettre à courir vers les fermes aussi vite que possible.
— La salope ! entendit-elle l’un d’eux s’écrier, avant que des bruits de course sur la route pavée ne se mirent à la suivre.
Sa poitrine la brulait, et son souffle court ne lui amenait plus assez d’air, mais elle continua de courir sans oser se retourner. Elle ne pourrait plus tenir longtemps. Les fermes étaient bien trop éloignées, et les gardes gagnaient du terrain bien trop rapidement.
Elle se serait arrêtée nette pour se battre avec l’énergie du désespoir si un groupe de voyageurs n’était pas apparu au loin sur la route. Ils étaient une petite dizaine à cheval, approchant à petit trop. Rassemblant ses dernières forces, Guenièvre s’élança vers eux aussi rapidement qu’elle le pût. Le meneur, en la voyant accourir, lance son cheval à un petit galop que les autres suivirent. Derrière elle, la course des gardes sembla ralentir. La sueurs et la fatigue obscurcissaient son regards, l’empêchant de discerner clairement les visages des nouveaux arrivants.
— Bon, le petit groupe de voyageurs, c’est pas ce qu’il y a de plus compliqué, entendit-elle alors que le bruit de sabots heurtant les pavés à rythme régulier se rapprochait. Soit ils posent leurs armes et balancent le reste sans faire de problème puis ils se barrent vite fait, soit ils décident de se battre à trois contre dix. Après, on a aussi l’option de faire un otage, mais c’est tout de suite moins propre. Le plus simple, ça reste de le faire à l’amiable. C’est mieux pour les affaires en plus. Ah merde, sauf que là, c’est les gardes du Duc. Bon, en temps normal, j’aurais dis tant pis, on y va quand même. Mais là, vu que c’est le Duc lui-même qui nous invite, ça la fout mal.
Guenièvre s’arrêta, haletante. L’homme n’était pas celte, elle en était certaine. Son visage était bien trop angulaire, et sa peau trop bronzé pour cela. Ces cheveux courts étaient cachés par un chapeau à larges bords, et une barbe récente couvrait ses joues.
— Mais, c’est Venec ! l’un des gardes s’exclama derrière elle. Qu’est-ce que tu vient foutre ici ?
— Je viens faire affaire avec le Duc, si vous voulez tout savoir, répondit l’homme en arrêtant son cheval à côté de Guenièvre.
— Faire affaire avec le Duc ? répéta l’un des gardes. Bah tient, et t’a réussi à l’embobiner comment ?
— J’aime pas bien vos insinuations. Et puis, on peut s’avoir ce que vous faites, à terrifier les jolies dames ?
Le reste de la troupe les avaient rejoint, et Guenièvre s’éloignait à petits pas de ses poursuivants pour s’enfoncer au milieu des chevaux. Les hommes n’avaient pas fière allure, mais ils lui inspiraient plus confiance que les gardes. Venec se tourna vers elle en tendant une main pour lui faire signe d’approcher. Elle hésita un instant avant de lever la tête, dégageant ses cheveux, et d’avancer en tenant toujours fermement son arme.
Il laissa échapper un sifflement quand elle révéla son visage, et se frotta les yeux comme pour effacer les stigmates d’un rêve.
— Et ben les gars, vous êtes pas dans le pétrin, dit-il sans quitter Guenièvre des yeux. Si le roi apprends que vous avez emmerdé sa femme, c’est vos miches qui vont chauffer, je vous le dis. Vous avez de la chance qu’il soit pas trop porté torture.
— La reine ?
— Bah oui, la reine. La reine de Bretagne.
Guenièvre, qui tentait vainement de se souvenir de lui, se retint de lui faire remarquer qu’Arthur n’était plus vraiment son mari.
— Mais… je vous connais ? demanda-t-elle, incapable de replacer les traits de l’étranger.
— Ah, euh… Ben, je crois pas qu’on est jamais vraiment été présenté. Venec, pour vous servir, dit-il en enlevant son chapeau. Je fais affaire avec le roi depuis un bon bout de temps maintenant. On pourrait même dire que je suis le fournisseur principal de Kaamelott pour tout ce qui est… Pour tout, quoi. Bah quoi, on peut le dire, non ? ajouta-t-il quand ses compagnons restèrent silencieux.
— Je me souviens pas vous avoir jamais vu au château pourtant…
Venec se frotta l’arrière de la tête, réfléchissant à une excuse plausible.
— Ben, c’est à dire…
— C’est à dire que c’est pas un marchand au commerce très respectable, dit l’un des gardes avec un sourire narquois.
— Et qu’on serait en droit de le mettre au trou, continua l’autre.
Venec se tourna vers eux.
— Sauf que c’est le Duc lui-même qui nous a invité, leur lança-t-il. Vous allez voir le Duc aussi ?
Guenièvre jeta un coup d’oeil aux gardes puis hocha la tête.
— Eh, toi, descends, dit Venec à l’un de ses compagnons, un ancien palefrenier qui s’était laissé convaincre de partir à l’aventure.
L’homme ne bougea pas, et se contenta de fixer Venec avec une expression impassible.
— Parce que, descends, pose pas de questions, lui répondit Venec.
L’homme céda, et offrit son cheval à Guenièvre qui l’accepta sans hésitation. Ils se remirent en marche vers le château, laissant derrière eux les deux gardes miséreux.
Le Duc, bien que surpris de la voir en telle compagnie et si loin de Kaamelott, se montra charmant. La nouvelle de l’échange d’épouse n’avait apparemment pas atteint l’Aquitaine, et elle fut reçue avec le respect dû à son rang après que Venec l’ai présenté. Il ne chercha pas d’explications quand elle demanda s’il connaissait un endroit isolé où elle pourrait résider quelques temps, et n’opposa que de brèves protestations quand elle lui fit promettre de ne rien dévoiler au roi.
La demeure qu’il lui proposa se trouvait à quelques heures de marches du château, dans une petite clairière au pied d’une douce colline. À son sommet, un petit village dominait la forêt qui s’étendait à l’Est, et les fermes dispersées au milieu des champs à l’Ouest.
Elle avait été construite à l’image des villas romaines, avec ses colonnes de marbres blanc, ses bassins, ses sofas en velours rouge sombre et son petit jardin central.
— On l’a fait construire il y a quoi ? Dix ans ? En revenant de Rome. Ils ont vraiment un style unique, là-bas. En revenant, il fallait absolument qu’on se fasse construire la notre. Bon, c’est vrai, l’endroit est pas idéal, comme ça en plein milieu de la forêt. Mais, j’en envie de dire, ça fait parti du charme. Vous voyez, on a gardé les colonnes, et puis on a un peu adapté le toit pour s’accorder au paysage. L’architecte était pas hyper convaincu, mais on a fait deux-trois essais et le rendus est plutôt pas mal.
— Et vous venez souvent ici ? demanda Guenièvre avant qu’il n’ai le temps d’enchainer sur la suite du processus de création.
— Oh, deux ou trois fois par an, pas plus. On a fait installer des bains, un vrai bonheur. Vous allez adorez.
Ils se trouvaient dans le hall central, une pièce aux murs de marbres blancs percé d’une arche ouvrant sur le jardin central. Deux couloirs l’encadraient et menaient sur les chambres et les bains pour l’un, et la cuisine et la salle des repas pour l’autre.
— C’est… Ce sera très bien, dit Guenièvre.
Elle ne s’était pas attendue à cela, en demandant au Duc une petite maison sans grands aménagements. Mais cela la changerait de Kaamelott et de la forêt. Et elle avait de bons souvenirs de Rome, et du temps qu’elle y avait passé avec le seigneur Bohort à admirer les statuts et les monuments. D’autant que, bien qu’incongrue, la villa était dissimulée à l’orée de la forêt, seulement visible du village la surplombant.
— Merci pour tout, mon ami. Je ne vais pas vous embêter plus longtemps.
Le Duc avait tenté de lui offrir des robes légères en dentelles de la sorte que lui et la Duchesse affectionnaient pour leur confort et leur élégance. Elle avait refusé, demandant à la place qu’on lui apporte les tuniques les plus simples possible, et des provisions pour quelques jours. Elle n’en avait pas l’habitude, de demander des choses. La plupart du temps, c’était à elle que l’ont demandé de venir à telle endroit, de faire ceci, de dire cela. Ou simplement de se taire et de se tenir droite.
— Et donc, euh… dit le Duc maladroitement. Vous voulez rester ici… toute seule ?
— Oui, répondit-elle en laissant tomber son sac sur les dalles. Moi, et la nature. Rien que nous deux.
Il hocha la tête et tenta d’avoir l’air compréhensif.
— Très bien, dit-il, claquant des mains. Très bien, très bien. Si vous avez besoin de quoique ce soit, vous n’hésitez pas, hein. Il y aura bien un paysan là-haut pour nous transmettre le message. Et sinon, vous n’avez qu’à suivre la route qu’on a prit pour venir. Vous êtes sûre de pas vouloir qu’on vous laisse un cheval ? Et des noix de cajou ? Il nous en reste des barriques pleines. Je peux vous en faire amener pour ce soir, c’est un vrai délice.
— Merci, Duc, mais ne vous embêtez plus pour moi. Je suis parfaitement contente de tout ce que vous avez fait. Vous êtes libre de partir.
— Et bien, si vous insistez… Bonne soirée, ma reine.
Il s’inclina et s’apprêtait à pousser les lourdes portes en chêne dissimulées par d’épais rideaux d’un rouge sombre, quand Guenièvre le rappela.
— Et n’oubliez pas surtout, pas un mot de ma venue ici, à personne, ordonna-t-elle d’une voix rendue incertaine par le manque d’expérience. Je peux compter sur vous ?
Il eu une hésitation, avant de répondre.
— Je n’en soufflerait pas un mot.
Les portes se refermèrent derrière lui, la laissant seule dans cette demeure étrangère en tout point de vue, dans un pays qu’elle ne connaissait pas. Elle ne s’attarda pas à visiter l’intérieur, se dirigeant plutôt vers le jardin. Seuls de fin rideaux d’un blanc transparent étaient suspendus aux arches pour protéger la villa du vent et de la pluie.
La cour avait été laissée à l’abandon assez longtemps pour que les herbes sauvages reprennent le dessus.  Quatre petits chemins partaient des quatre arches pour se retrouver sur une petite place en forme de losange au centre des bosquets. Elle se mit à les arracher, ces mauvaises herbes. Sans raison aucune, si ce n’est l’envie soudaine de s’en débarrasser, afin de laisser aux fleurs tout l’air et la liberté dont elles avaient besoin pour respirer. Une par une, au début, en faisant un petit tas à côté de la fontaine centrale. Lentement puis de plus en plus rapidement, avec de plus en plus de force. Elles n’avaient rien à faire ici, ces plantes. Elle finit par enlever sa tunique, ne se retrouvant plus que dans sa simple chemise blanche, les manches retroussées pour mieux s’attaquer aux racines envahissantes. Ses mains se retrouvèrent vite écorchées par les épines, mais l’odeur de terre fraiche et de renouveau suffisait à apaiser la douleur.
Les géraniums lui rappelaient les jardins de Kaamelott, où elle avait aimé se promener, fut un temps. Enfin, aimer s’y promener. Disons que c’était l’un des seuls endroits du château où elle se sentait ne serait-ce qu’un tout petit peu utile. Et encore, quand ses choix de fleurs ne déplaisaient pas à Arthur ou l’une de ses maitresses. Combien de fois avait-elle demandé aux jardiniers de planter tel arbuste qui lui plaisait pour apprendre ensuite qu’Arthur en avait décidé autrement, sans même la consulter.
Les racines serpentaient loin sous la terre. Elle tira sur l’une de toutes ses forces, parvenant finalement à l’arracher mais se retrouvant emportée dans son élan pour finir sur les graviers. Elle y resta un moment, trop fatiguée pour se relever et finit par s’allonger malgré l’inconfort. Les nuages flottaient dans le ciel bleu au-dessus d’elle. Elle ne les avait pas beaucoup vu, les nuages, avec Lancelot. Il ne l’avait jamais laissé sortir du camps, et les feuillages touffus des arbres l’avaient empêché d’admirer le ciel pendant de long mois.
Elle s’endormit sans s’en rendre compte, étendue sur le gravier de la petite cour de sa nouvelle demeure, paisiblement.
Ce fut le silence qui la surprit le plus. Et l’immobilité. Personne pour crier, menacer ni ronchonner. Personne pour courir d’un côté puis de l’autre dans la précipitation. Pas même un cuisinier ni une servante.
Elle avait appris à faire du feu, dans la forêt. Et à poser des pièges à oiseaux, et à reconnaitre quels champignons étaient comestibles et quelle baie la clouerait au lit pour trois jours. Alors c’est ce qu’elle fit. Elle trouva aisément un coin à champignons sans avoir à s’enfoncer trop profondément au milieu des arbres, et de nombreuses branches cassées et brindilles attendaient d’être ramassées entre les ronces et les buissons. Quand aux pièges à oiseaux… Ils ne lui serviraient qu’en dernier recours. D’autant qu’il lui restait un peu d’argent de la Carmélide avec lequel elle pourrait acheter des légumes, de la viandes et des fruits aux fermes.
Elle découvrit, avec surprise, que ce silence ne la dérangeait pas. Bien au contraire, après tant d’années vécues dans des châteaux constamment remplis de visiteurs, elle trouvait dans cet endroit une sérénité qu’elle n’avait jamais connue. Et le silence n’en était pas vraiment un. Le vent qui dansait entre les branches, le jacassement d’une pie, le murmure d’un ruisseau. Toute cette musique l’entourait, une musique dont elle n’avait jusqu’alors perçu que des brides entre les conversations froides et les disputes.
Les pins étaient plus grands, et les forêts plus denses que sur l’île. Les chemins, moins bien tracés et plus faciles à perdre. Et si la nuit, dans son grand lit, elle se réveillait en sursaut à la suite d’un cauchemars, et se tournait sans réfléchir vers la droite, s’attendant à y voir Arthur endormi, elle enfouissait son visage dans l’un des oreillers pour se rendormir tant bien que mal, et rien de plus. Arthur ne tiendrait plus cette place dans sa vie, elle s’était faite à cette idée. Il ne l’avait jamais vraiment tenu, de toute façons. Et si, après avoir profité de la bibliothèque fournie du Duc où mythes grecques côtoyaient poèmes romains, alors que la lune est déjà haute dans le ciel, elle s’imaginait voir Lancelot dans les ombres que les bougies jetaient sur les murs et l’entendre dans les grincements de la villa, elle ravalait sa peur et gardait sa dague à portée de main.
Angarade lui manquait. Pas pour ses services, les heures passées à se faire coiffer et à choisir quelle robe serait la plus appropriée pour telle repas protocolaire pouvaient rester dans le passé. Mais pour son soutient constant et sa présence rassurante. Yvain aussi, lui et ses geignements incessants. Tout autant que ses parents, desquels elle n’avait jamais été séparée plus d’un mois. Leur absence était comme un vide qui l’accompagnait à chaque instant, et elle savait qu’ils s’inquiétaient pour elle tout autant qu’elle pour eux, mais elle ne regrettait pas son choix. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle respirait.
Arthur lui manquait, lui aussi. Dix ans de mariage, même le leur, laissaient un trou béant dans son monde. Comme si un des murs fondateurs de sa vie avait été ébranlé, et menaçait toute la structure. Dix ans de mariage pour finir sur une énième déception. Dix ans à rester à ses côtés et à entendre parler du Graal, des dieux, d’honneur et de chevalerie pour qu’il finisse par bafouer ses propres lois. Et si lui en avait le droit, au risque de devoir tuer l’un de ses propres chevaliers, pourquoi pas elle ? Kaamelott et le trône étaient tout autant sa prison à elle que celle d’Arthur. Elle y était resté pour lui, et pour sa quête. S’il voulait tout jeter aux orties, grand bien lui fasse, elle en ferait de même. Mais il lui manquait, et elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour lui.
Tout comme elle ne pouvait étouffer son chagrin pour la vie qu’elle aurait pu mener avec Lancelot, son appréhension quand à son état depuis qu’elle l’avait quitté, et la crainte qu’il se soit mis à sa poursuite. Elle ne voulait plus le voir, jamais, mais ne voulait pas le savoir mort non plus. Il avait été à ses côtés pendant toutes ces années, et elle avait trouvé en lui le confident qu’Arthur n’avait jamais été. Ils en avaient échangé, des secrets et des ragots. Il la connaissait probablement mieux que quiconque. Ses envies, ses rêves, ses angoisses et ses cauchemars. Elle avait tout partagé, avec lui.
Les avait-elle aimé ? Peut-être. Peut-être pas. Elle s’inquiétait pour eux, oui. Mais elle ne les voulait plus avec elle. Qu’ils vivent leurs vies heureux et loin d’elle, elle en ferait de même.
Un carré de terre avait déjà été travaillé, entre la villa et les premiers arbres. Elle le reprit, à l’aide d’une pioche trouvée dans l’un des nombreux placards. Sans savoir bien quoi faire, elle l’avait abattu sur la terre dure jusqu’à la rendre douce et prête à recevoir les premières graines de son potager.
Le ciel s’était assombrit durant son travail, et d’épais nuages d’un gris sombre et menaçant cachaient maintenant le soleil. Une fine pluie se mit à tomber, pour se transformer rapidement en trombes d’eau qui s’abattirent sans répits sur le monde, comme si les dieux avaient décidés de noyer les hommes une fois de plus. Le tonnerre ne mit pas longtemps à se joindre au clapotements des gouttes qui s’écrasaient sur le toit et aux hurlements de la tempête qui agitait les arbres et soufflait à travers les rideaux. Les premiers éclairs la firent tressaillir de peur, mais elle ne courut pas se réfugier sous la couette. Elle resta plantée entre les portes, emmitouflée dans une laine épaisse, observant les pins se plier sous la force des rafales, et les fin traits de lumières qui illuminaient la scène quelques secondes avant de s’éteindre. Elle avait appris à survivre en forêt, elle apprendrait à survivre aux orages, même s’il fallait les affronter seule.
Et, quoiqu’il arrive, elle irait demain chercher ses graines au village.
10 notes · View notes
alexar60 · 3 years
Text
L’hôtel particulier (42)
Tumblr media
Chapitres précédents
Chapitre 42 : Le chat et la souris
Je suivis Diane. Sa robe fendue ne cachait pas grand-chose de ses longues jambes fines. Elle grimpa marche par marche d’une cadence rapide malgré ses talons hauts. Je ne vis pas son visage contrarié. Et elle me surprit en ne s’arrêtant ni au premier ni au second étage.
Elle poussa la porte du grenier. Devant nous, une multitude de cloisons se dressèrent tel un labyrinthe dans lequel je n’osai m’engouffrer. La jeune femme brune me dévisagea. Sa figure plus blanche que d’habitude confirma ma peur. Sur le coup, je ne réalisai pas mais le visage de Diane ressemblait fortement à celui de Marion.
-          Restez derrière-moi et surtout ne vous arrêtez pas ! dit-elle d’une voix discrète.
Je restai toujours dans son dos. Les couloirs se ressemblaient tous. Certains plus long que d’autres. Chaque fois, nous tournions si bien que je crûs revenir au point de départ. Cependant, après une petite dizaine de minutes, nous nous trouvâmes devant la porte de la chambre verte.
Légèrement tremblante, elle posa une main sur la poignée et ouvrit la porte. La chambre n’avait pas changé. Nous entrâmes découvrant l’absence de Tatiana et de cet homme. Le silence régnait tellement que je crus avoir les oreilles bouchées. Diane resta immobile devant le bureau, elle regarda l’armoire avec un air terrifié. Dès lors, j’ouvris la porte du meuble mais ne découvris qu’une multitude de fringues sans importance. Aussi, je refermai l’armoire et fus saisi d’effroi en constatant la disparition soudaine de la prostituée.
N’ayant aucune raison de rester, je retournai à l’étage mais à peine sorti de la chambre verte, je me retrouvai dans une obscurité complète. Marchant à tâtons, je ne rencontrai aucune des palissades servant de cloison. Aussi, je me dirigeai vers ce qui semblait être la sortie. Aussi surprenant fut-il, je me retrouvai dans la cuisine. Il n’y avait plus de rires ni de musique. La soirée semblait avoir fini ou plus précisément, tout comme Diane, elle avait disparu. J’observai afin de me rassurer d’être dans ma propre cuisine, puis, je remontai les étages pour rejoindre Tatiana.
Devant la porte de notre ancienne chambre, son rire fit frémir mon être. Je restai paralysé avant de souffler un grand coup et d’ouvrir la porte avec fracas. Tatiana était assise sur le lit. Elle cacha sa nudité sous le drap et me regarda d’un air interrogateur. Etendu à ses côtés, le chat noir rayonnait comme un pacha dans son palais. Je ne dis rien, je scrutai des yeux la chambre dont l’odeur de détergeant avait disparu. Puis, me sentant perturbé par le fait de découvrir mon amie seule, je sortis sans même fermer la porte.
Des échos, de la musique parvinrent à mes oreilles. Je descendis vers cette mélodie que je connaissais si bien. Mais, chose surprenante, le hall ainsi que la salle principale étaient entièrement vide. Inquiet, angoissé par ces soudaines apparitions ou disparitions, je réfléchis si je devais retourner voir Tatiana. Je n’avais plus cette envie de la protéger, toutefois, il restait des interrogations qui tracassaient mon esprit. Notamment au sujet de cet homme si influent envers certains fantômes qu’il semblait avoir un rôle dans ma propre vie. Enfin, c’était mon impression.
En montant les marches, je reconnus les cris des enfants en train de jouer dans les couloirs. Cependant, ils n’apparurent pas. Je connaissais leur position : Premier étage, couloir de ma chambre actuelle. Alors, je pris cette direction, la direction opposée de Tatiana en espérant les rencontrer et avoir peut-être une aide. Qu’avais-je à perdre ? Je marchai lentement vers les voix. Ils étaient quatre, peut-être cinq. Leur silhouette commença à prendre forme sur les murs à peine éclairés par la lumière de la nuit. Il y avait trois garçons et surement une fille car une robe apparente voltigeait. Je toussotai interrompant leur jeu mais, un cri me prit d’effroi.
J’avais reconnu ses formes larges. L’infirmière en chef ordonna dans une langue gutturale aux garnements de retourner dans leur chambre. Ils ne devaient pas quitter le lit. Dès lors, un immense frisson parcourut mon corps en même temps qu’un coup de vent. J’observai l’aide-soignante, son visage caché par la noirceur du couloir n’apparut pas. Elle portait une coiffe recouvrant le sommet de son crâne. Pendant un temps, je crus à la possibilité d’être vu par cette mégère car elle insista à rester bloquant le couloir de toute sortie possible. Mais, sans explication, elle fit demi-tour et partit vérifier que les enfants étaient à leur place.
Je courus presque et constatant le calme soudain, je rejoignis mon amie. Elle était encore assise sur le lit à caresser le chat. Ce dernier occupait pratiquement ma place à s’étendre comme il faisait. Tatiana se désintéressa de mon entrée. Elle souriait, parlait presque avec l’animal qui répondait soit en la regardant soit en crispant les paupières. Soudain, il tourna la tête dans ma direction. Sans s’arrêter de ronronner, il lança un mauvais regard. De même ses crocs apparurent lentement le long de ses lèvres noires. Toutefois, il  garda ses distances.
-          Tu as trouvé ce que tu cherchais ? demanda ma copine
-          Comment sais-tu que je cherche quelque-chose ? questionnai-je après un court silence.
Elle m’avait surprise car nous n’avions aucunement partagé le moindre mot depuis que je l’avais vue par la fenêtre. Elle gratta le ventre du chat qui ronronna encore plus fort. Elle ne répondit pas et gardait toujours la tête basse. Je sentis une colère subite monter en moi. Il y avait aussi de la peur. C’était plus la peur qui envahissait mon esprit…peur d’une question, peur de sa réponse. Pourtant je me décidai à la poser :
-          Qui dépose les roses bleues ?
Le chat noir ouvrit ses grands yeux jaunes puis il releva la tête afin de me dévisager contrairement à mon amie qui serra le drap dans son poing. Je remarquai une rougeur sur ses joues. De même, elle persista à ne rien dire. J’observai attentivement sa réaction et ressentis une profonde déception en la voyant continuer à caresser le félin.
Dès lors, je sortis de la pièce et partis de nouveau au rez-de-chaussée. Le silence ambiant de la grande salle refroidissait l’atmosphère. Je contractai les épaules à cause des frissons qui parcouraient mon corps. Je traversai la pièce et me dirigeait vers la cuisine. J’ouvris le frigo pour prendre une canette de soda. Puis, après l’avoir ouverte, je bus une gorgée. Les bulles éclatèrent au contact de mon palet et de ma langue. Je regardai à travers la fenêtre, me demandant si tout cela pouvait enfin finir. Je sentis un énorme chagrin en repensant à Tatiana dans les bras de cet étranger. Tout à coup, je vis dans le carreau le reflet d’un visage, celui d’une jeune femme brune, celui de Marion !
Je reculai d’un pas avant de tourner la tête pour constater qu’il n’y avait personne d’autre que moi. Elle ne pouvait pas être non plus derrière la fenêtre ni dans le jardin. Cependant, son image apparaissait bel et bien sur le carreau. Le visage triste, elle marcha jusqu’au mur derrière moi et disparut lorsque la porte de la cave s’ouvrit brusquement avec un long grincement d’horreur.
Telle une bouche grande ouverte, l’entrée se proposait de me dévorer. L’obscurité empêcha de voir le fond de la cave. Cependant, une résonance, le bruit sourd d’une respiration sembla surgir à mes tympans pour se mélanger avec les battements de mon cœur effrayé. Dans un premier temps, je refusai d’aller vers cette porte démoniaque, pourtant, un énorme désir poussa mon être à s’approcher. D’autant que l’écho lointain d’une voix provenant du bas des escaliers se fit entendre.
Dès lors, j’avançai lentement, contrairement au rythme de mon cœur qui devenait incontrôlable. Mes poumons se remplirent d’une angoisse indescriptible, ils s’imprégnaient d’un vent à la fois poisseux et nauséabond provenant aussi de la cave. La bouche avait une haleine fétide ! Fétide mais trop intrigante pour ne rien faire. Alors, pas à pas, je marchai vers l’entrée. J’écoutai ces voix mêlés de cris et de sanglots et après avoir allumé la loupiote de mon téléphone, de posai les pieds sur les marches de pierre et descendis sans entendre une présence dans mon dos.
Comme tous les chats, il ne faisait pas de bruit. Il me regarda m’enfoncer seul dans la nuit de la cave. Il ne montra rien de son amusement et fit ce que tout chat fait dans cette situation, il observa la souris avant de la croquer.
Alex@r60 – avril 2021
24 notes · View notes
philgbtqochs · 3 years
Text
he SAID "fille en haut fille en bas, fille fille fille femme, femme femme femme aussi, pis la bottine tine tine, le rigolet AHA!" whats not clicking?
10 notes · View notes
nessvn · 7 months
Text
sorry im obsessed with la ziguezon. not my fault it goes so hard
1 note · View note
judmn · 4 years
Text
Arrivée - 8 novembre 2020
Les amis, la famille, les curieux qui me lisent,
Je me suis enfin décidée. Oui je vais faire un blog et oui, ce sera un tumblr. Je suis la première étonnée que cette plateforme de microblogging existe encore. Personnellement, je l'utilisais quand j'avais 9 ans, mais j'adorais. Cette plateforme a le mérite de permettre de combiner la publication de textes (évidemment) mais aussi de vidéos, des photos, d’enregistrements... autant de supports que j’ai envie d’exploiter.
Je suis à peine arrivée et j'ai déjà pourtant tellement de choses à raconter. Si j'avais voulu bien faire les choses, j'aurais commencé ce blog avant le départ, parce qu’avant le départ ça fait partie du voyage. A ce stade, je pense que c'était bien plus intense que les mois que je m’apprête à vivre. Je lisais je ne sais plus quel texte d'une de mes profs, rappelant que la migration, c’est avant tout une séparation. Et putain je confirme. Le plus dur ce n’est pas tellement l’atterrissage, mais le décollage. C’est de dire au revoir, de préparer le départ, et de faire ça bien. Rendre son appartement, confier son chat, être en itinérance, sans maison, regarder ses proches et savoir que c’est la dernière fois avant un moment. J’ai déjà le sentiment d’avoir entamé le processus d’interculturation et de ne plus être tout à fait la même qu'avant tous ces préparatifs.
Ainsi papa et maman m'ont tous les deux accompagnée à l'aéroport. J'avais un peu le sentiment d’avoir huit ans et de faire ma rentrée des classes, avec mon cartable tout neuf et mes stylos brûlant de l'envie d'écrire, ma dizaine de bouquins universitaires, ma bible des huiles essentielles, mes carnets de dessin, mes feuilles canson, mes pinceaux et mes crayons. J'ai emmené des auteurs et des autrices qui sont importants pour moi, allant des théories psychanalytiques à celles intersectionnelles, en passant par des ouvrages féministes et antipsychiatriques. Avec eux je me sens moins seule et j'ai vraiment l'impression d'avoir du pain sur la planche. Chaque livre regorge de références qui me donnent envie d’approfondir davantage. À chaque fois que j'en entame un, c'est comme des poupées russes, une boîte de Pandore ou de chocolat. C'est surprenant, c'est passionnant et c'est infini.
Me voilà donc arrivée à l'aéroport, on ne peut mieux accompagnée, plus prête que jamais, avec une hâte suffisamment immense pour écraser la peur du départ. Il aurait fallu me péter les deux jambes pour me faire rester. Je quitte papa et maman, c'est super émouvant, mais je n’ai plus huit ans. Je me sens un peu comme dans un parc d’attraction, au moment où tu choisis de faire ce de manège effrayant, que tu montes sur un siège, qu’on t’y attache, et qu’il monte doucement à 50 mètres de haut. Je me sentais à ce moment-là, engagée, dans l’impossibilité de faire marche arrière, pendant les deux secondes de trop que le manège prend avant de céder, deux secondes suffisantes pour se dire « putain, pourquoi j’ai fait ça ? ».
À chaque contrôle des douanes j'ai un peu peur qu'on me dise qu'il me manque un document, que mon visa n'est pas bon, que les frontières viennent de fermer. Tu parles, le premier gars des douanes à qui je file mon passeport me sors un truc du genre « oh sympa vous partez avec un PVT ? moi aussi j’aimerais bien aller au Brésil pendant un an, hein Roger ? ». Bref le marseillais déconne et je me dis que je me suis vraiment angoissée pour rien. Ensuite ça s’enchaine, j'arrive à Lisbonne, je cherche la porte d'embarquement pour Recife je me visse devant, je prends racine. J’y suis. Et je ne suis pas la seule, c'est le bordel devant la porte, et dans l'avion c'est pareil. On met une éternité à s'asseoir. Ca bavarde, ca change de place, ca négocie. Les stewards font leurs maîtres d'école, demandent aux gens d'arrêter de discuter, de s'asseoir et de se calmer, qu'on décolle enfin. Visiblement, je ne suis pas la seule à faire ma rentrée des classes. Je me trouve une banquette où il n'y a personne à côté, pique les couvertures autour de moi, et ouvre ce livre sur les théories en études de genre d’Eléonore Lépinard et Marylène Lieber. Ça m’absorbe. Ça parle du matérialisme marxiste, de post-structuralisme, de la French Theory, d’intersectionnalité et de Judith Butler. J'ai hâte de me mettre au boulot. Parce que je ne peux pas m'en empêcher, je vais en profiter pour parler du fait que le genre est un concept culturel à part entière et que croire que le genre est naturel – c’est déjà ne pas faire la différence entre sexe et genre – et c’est avoir une pensée naturaliste. Réduire l’humain à la nature c’est assigner les femmes et les hommes à des rôles sociaux spécifiques en raison de leurs prétendues caractéristiques biologiques et reproductives. C’est occulter les processus sociaux, culturels, historiques, psychiques, par lesquels les identités sexuelles et de genre sont produites, et ainsi oublier que la domination d’un genre sur l’autre est tout sauf le fruit de la nature. J’arrête de faire la fémen et ferme cette parenthèse.
J'arrive à récif à 4h20 du matin et la galère commence : je ne peux pas retirer d’argent, ni avec ma carte principale, ni avec mon autre carte, ni avec mon autre autre carte que maman m'a prêté. D'ailleurs sa voix fait écho dans ma tête : « tu veux pas partir avec des devises locales ? » me disait-elle. « Tu devrais aller chercher des reais au vieux port ». Et moi j'avais la flemme, je me disais quand même avec trois cartes bancaires tu devrais bien m'en sortir. Putain tu parles, ça m'a pris 1h pour retirer 100 balles. Il a fallu que je fasse cinq guichets, de plusieurs banques différentes, et je vous laisse imaginer l'angoisse à ce moment-là. Mais comment je vais faire sans argent dans ce pays ? j'avais envie de faire demi-tour. Déjà. Parce que les galères en voyage se finissent généralement bien, j’ai fini par arriver à mes fins. Je m’occupe ensuite du taxi. La personne avec qui je m'étais calée, salariée de la poussada où je me rendais, ne répondait pas. Je l’appelle, lui envoie des messages en anglais parce qu’à ce stade là je n’ai plus l’énergie de parler portugais, mais aucunes news. Finalement, je pointe le bout de mon nez à l’extérieur de l’aéroport. Je sens la chaleur humide, il est 5h30 du matin il fait jour comme s'il était 14h. Je me permets quand même 10 secondes pour lever la tête et regarder où j'ai atterri. Il y a des palmiers, il y a des gens qui ont l'air sympa et qui discutent entre eux, et je suis bien. J’alpague un mec avec une chemise hawaïenne, 10 kilos en trop et un sourire plutôt humain « você se chama Andrei ? nao ? estou esperando algem que se chama asi ». Le mec ne voit pas de qui je parle, mais il me demande où je vais et d'où je viens, ce que je fais ici… il me montre même des photos de son séjour à Paris. Bref on commence à faire causette. Il me branche avec un taximan pour m'amener là où je vais pour 10 reais de moins que prévu avec Andrei. Je le sens bien, j'accepte, même si j'ai absolument toute mon existence entre les mains, et maintenant entre celles de ce vieux taximan que je ne connais pas. Le mec à la chemise hawaiienne a quand même eu le temps de me dire qu'il a adoré Paris, et de me demander si j'avais un Instagram (non, je ne suis pas trop réseaux), un WhatsApp (non, je dois y aller), et de me dire qu’il espère qu'on se reverra. Je suis sortie de l'aéroport depuis 10 minutes, ça commence bien. J’ai hâte de maîtriser la langue suffisamment pour envoyer bouler correctement.
Je sais pas si vous voyez cette sensation magnifique des moments en taxi quand tu arrives dans un endroit qui est nouveau et que le jour se lève. Je posais mon regard sur les immenses immeubles bourgeois du bord de mer et les gars au pied qui font la manche, je me disais que bientôt je connaîtrais ces quartiers, je saurais me repérer et ce sera un peu chez moi. Je crois que j'ai hâte. Le mec me dépose, on blague 5 minutes, il est super bienveillant et il attend que je rentre pour redémarrer. Arrivée à la Poussada je raconte à la meuf de l'accueil que le gars qui devait venir me chercher n'est jamais arrivé, on rigole toutes les deux comme des baleines. Je ne sais pas pourquoi, mais les gens rigolent beaucoup ici. J’ai à peine le temps de prendre une douche qu’on toque à ma porte pour me dire que c'est l'heure du petit déj. Des fruits, des jus de fruits, des gâteaux et surtout, SURTOUT, la galette de tapioca. Putains cette galette, si elle savait, ça fait 3 ans que je l'attendais. Je pense que c'est une des choses qui m'a le plus manqué au Brésil. Les galettes de tapioca. Ca m'a rappelé ma première colocation avec Régiane,  la brésilienne qui faisait ses études d’anthropologie à Toulouse, et puis toutes ces autres galettes qu’on se faisait avec Yansé, les matins à Fortaleza.
Je suis retournée finir ma nuit, me suis réveillé à 15h et là j'avoue j'étais un peu paralysée. Il était l'heure d'être une grande fille et de sortir seule dans la rue, avec tout ce qu'on te dit sur le danger au Brésil. Vraiment j'avais pas envie. Affronter le regard de l'autre, chercher son chemin, avoir le nez en l'air, ne pas maîtriser l’environnement et les codes culturels implicites, ne pas regarder son téléphone. Je prends mon courage à deux mains, je m’habille comme une hippie discrète, armée de mes tongues et de mon paréo, je demande ma route à la nana de l’acceuil, et je pars me balader, direction la mer. J’ai dû marcher une heure. C'était beaucoup trop beau et en même temps vachement ghetto. Je cherche un petit café au bord de mer, mais ca n’existe pas. Là-bas, le bord de mer est réservé aux élites avec leurs immenses immeubles et aux hôtels de luxe. Au bord de l’eau, il y a seulement des petites bicoques en bois, qui servent des jus et des noix de cocos. J’ai réalisé que je pouvais aller me faire foutre avec mon fantasme bourgeois de café au bord de l’eau, où je pourrais brancher mon ordi en wifi pour travailler, boire du thé vert et profiter de la clim tout en mangeant des buddha bols végé. Et non, c’est pas Paris ici. Finito.
Quand je suis rentrée à l'hôtel, la gérante m'attendait. Elle m'a proposé de m'asseoir à sa table et puis on a papoté : « alors, tu viens faire tes études ici ? aaah la psychologie interculturelle, mais c’est super ! ». Elle m'a demandé mon WhatsApp, juste pour prendre des nouvelles de quand je quitterai la Poussada, et pour être sûre que j'arriverai bien dans ma coloc, parce que elle aussi, elle se fait du souci pour moi. Je me suis sentie super accueillie. Bon, j’ai surtout senti qu’il allait être urgent de progresser en portugais, j’avoue.
A l’heure où je vous parle il est 2h40 heure française, c'est samedi soir, et il y a une énorme teuf dans le bar d'en face. Ma chambre est super bien placée, j’ai l’impression d’être à la place du DJ ! sauf que lui, il passe des vieux remix de ABBA version David Guetta. C’est vrai qu'on n'a pas le même rapport à la culture du silence, du calme et ce qui relève du tapage nocturne. Je vais mettre mes meilleures boules Quies et vous dire à très vite,
Abraços
12 notes · View notes
nuit-pourpre · 3 years
Text
Lohorie Valendrin [ep.02]
[Fantasy]
La nuit tombe.
Je m’arrête au bord d’un sentier. Mes jambes supportent toujours mieux les heures de marche après un combat, d’habitude. Là, c’est comme si je vieillissais. Le vent frais chatouille mes os. Il me faut du petit bois.
Je m’appelle Lohorie Valendrin. J’ai plus d’une vingtaine d’hivers, dont cinq passés chez les patrouilleurs. Je suis très instruite, et habile au combat, pour une fille née dans un lupanar.
Ma mère m’a toujours dit et répété que le monde me ferait payer chaque action, bonne ou mauvaise, de la pire des façons. Parce que j’étais spéciale.
Elle avait en même temps la naïveté, ou l’hypocrisie, de prétendre que ces épreuves seraient une chance, et qu’elles me grandiraient. Pour la chance, j’aurais tout aussi bien pu naître homme.
Quand je parle de ma mère, je ne parle pas de celle qui m’a mise au monde et qui est morte en le faisant, mais de la maquerelle qui a fait de ma survie son cheval de bataille, pour une raison que j’ai pu que soupçonner au fil du temps. Les enfants qui tuent leur génitrice à la naissance, chez moi, on les appelle Agrippa ou Agrippine, en fonction de ce qu’on voit entre leurs jambes. Chez les putes, les coutumes sont différentes. On les appelle un peu comme on veut.
Il se trouve que Lohorie fait référence à une nymphe dans une légende des Syphorides. Elle aurait rassemblé sous un noyer les dépouilles de deux amants maudits, avant de les ramener à la vie par le pouvoir de leur amour. La fin est plus réaliste : parce que la nymphe a osé invoquer une magie impie sans l’autorisation des puissances supérieures, la région est maudite et une peste décime tout le monde. Tout ça pour deux jouvenceaux qui aimaient trop le sexe. Je crois que le message que ma mère voulait transmettre par ce baptême devait ressembler à “Ma fille, je sais pas ce qu’on va foutre de toi, mais une chose est sûre : toute ta vie tu causeras des désastres en croyant faire le bien”.
Ou peut-être qu’elle aimait juste bien la consonance.
Ma mère était assez instruite. Elle avait un client régulier, et de la haute. Le genre prêt à allonger neuf sols d’or pour une nuit à parler de philosophie entre deux étreintes pas folichonnes et plutôt courtes. Et neuf sols d’or, à l’époque, ça pesait au moins cinq écus de maintenant. En général je restais derrière la cloison, dans l’alcôve où je dormais, pour écouter leurs discussions, et je méditais dessus pendant les brefs et rares moments où les choses se corsaient. De temps en temps, c’est pendant, qu’il lui parlait de l’éclectisme de Coryathoras ou du système de Wilhelm Gszeiger opposant les vertus conséquentes aux vertus formelles. J’ai appris à quatre ans des mots que même les nobliaux n’acquièrent qu’à leur florescence. Et des euphémismes, aussi, beaucoup d’euphémismes. Il appelait toujours ma mère sa “vérité du cœur''. En gros il était marié.
Les curetons, les jeunes premiers, les couples racornis et les tristes époux que j’ai connus par la suite n’avaient pas la faconde de cet éminent professeur, mais à leur manière, ils m’ont tous appris de petites choses.
Elle ne m’a jamais dit qui étaient ses parents à elle. Vu ce qu’elle m’a appris d’autre, on pourrait croire ça étrange. J’ai gardé de ma mère deux enseignements majeurs, deux maximes qui m’ont profité par la suite, plus qu’elles ne m’ont nui : ne deviens quelqu’un d’autre que si on te paie très cher, et apprends à tuer avant d’être tuée.
Elle savait, elle, que quand on est une femme, on est d’abord une marchandise, et seulement à défaut, une menace. C’était sa façon à elle de me dire d’être moi-même. Ou de devenir une menace.
La chaleur du feu grésille sous le vent. Ma couverture réchauffe ce qui peut l’être, mes doigts insensibles remuent tant bien que mal, dans le creux de ma poitrine. Toute repliée, je m’éveille, alors que le ciel bleuit pour une autre journée.
Je vérifie que le médaillon en triangle est toujours dans ma poche, je me lance sur la route et je prie vaguement pour que le destin m’envoie un cheval pour remplacer celui noyé en mer avant mon arrivée. Je ne sais même plus ce que je prie, à force. Si Dieu existe, c’est un alchimiste à la retraite qui a bidouillé notre cosmos par erreur avant de laisser la mixture moisir sur sa commode.
Le bateau n’est pas loin, à quelques encablures à travers le maquis, si les indications des paysans sont bonnes.
La forteresse de Karwn-Tibba m’apparaît comme dans une fantaisie où ressusciterait l’ancien temps. Je suis trop jeune pour l’avoir connu, mais c’est à ça que devait ressembler le monde des seigneurs, de la courtoisie et des messes noires. La pierre des quatre tours qui encadrent le donjon exhalent une nuée d’oiseaux sur le ciel blanc, comme le souffle vaporeux que le froid trahit devant ma bouche.
Il surplombe un archipel de petits bosquets perçant la lande comme les touffes d’un chat galeux. Les brumes du matin sont tenaces. Les créneaux du bastion flottent au-dessus, dans le contrejour aveuglant.
Les cris des mouettes me parviennent. J’atteins le promontoire rocheux où la grande Roue de pierre à six branches est sculptée face à la pâleur levante, et j’observe au sud les ruines de la crique où le sloop est amarré. Il y a une véritable ville derrière cette grosse colline castrale, à l’est mais mon contact a décidé de m’attendre ici, à l’écart. Plutôt les vestiges d’une abbaye maudite que l’indiscrétion des quais marchands. Je dégringole tant bien que mal le chemin pierreux. Huit des dix matelots sont là, à glander sous le clocher effondré. Je les surprends avec ma voix.
Regardez-moi ces grands garçons ! Même pas peur des banshees ou des vampires ?
Alors que je m’apprête à excuser mon retard, je m’interromps et me fige, la main sur le fer de ma hache. Quelque chose ne va pas. L’un d’eux s’est levé, l’arbalète à la main, dont le crin est tendu, et qu’il pointe sur moi.
Lohorie ! Tu nous as foutu les jetons !
Ferme la et vise, le reprend le vieux Bænor. Toi, bouge pas !
J’incline la tête, l’air vaguement surpris. Mon cœur s’emballe et mes bras se tendent.
Là, les gars, c’est vous qui me foutez les jetons.
Ouais, à juste titre ! vocifère Bænor entre ses quelques dents.
OĂą est le chef ? Le Commandeur nous attend.
Il n’est pas en état de parler, le chef.
Bon, ça, ça vous regarde. Tant que vous m’amenez au Commandeur, je suis conciliante.
Ta gueule ! Ferme ta gueule, bordel. Ta hache ! Jette la vers moi doucement. Voilà… Et vire ta main de ta ceinture. Tes deux mains ! En l’air, que je les voie bien.
Il s’approche de moi lentement, sur le côté, laissant la mire dégagée à la jeune recrue en veste de laine noire. Puis, à une distance idéale pour que je sente son haleine de poisson, il me détaille de haut en bas.
On sait que le Commandeur t’a envoyée récupérer quelque chose de cher. Voilà l’idée : tu lâches ça à tes pieds, tu tournes les talons et tu survis. Et ton épée ? Jolie. T’as trouvé ça où ?
Sur un type qui n’en a plus besoin.
Tu comptais t’en servir ?
Faut être con pour prévoir de se servir d’une épée et la porter dans le dos.
Bah tu vas pouvoir nous la laisser aussi, alors.
Ne sois pas trop gourmand, Bænor. L’épée est à toi si tu veux, mais mon boulot doit être payé. Laisse moi trois des gars pour m’emmener jusqu’à ma paie, et je trouverai bien une histoire pour vous sauver le cul. Vous ne gagnerez rien sinon, crois-moi.
Il ricane, considère un instant ma proposition et parcourt mon faciès à la recherche de signes de trouille. Il les voit forcément. J’ai toujours été mauvaise en bluff. C’est déjà un miracle que la sorcière de la forêt se soit laissée avoir.
Je vais prendre les deux, ma p’tite Lohorie. Pas de geste brusque ou le gamin t’aligne. Pas vrai gamin ?
Le gosse acquiesce mollement.
Finnean… dis-je la voix tremblante alors que le vieux dégage la sangle autour de mes épaules pour s’emparer de l’épée du Chevalier-Intendant.
Tais-toi, Lohorie ! On te laisse la vie, c’est pas si mal, d’accord ?
C’est comme ça que tu me remercies d’avoir écouté tes pleurnicheries ? Ta fiancée te manque, mais je suis assez certaine que si elle te voyait maintenant, à suivre ce tas de merde en trahissant une amie…
Et la relique ? s’impatiente le vieux après avoir jeté l’épée dans l’herbe.
Quelle relique ?
Le truc que tu dois ramener au Commandeur.
T’en sais quoi, que je dois lui ramener un truc ?
Le chef l’a dit. Très exactement il a dit que le Commandeur voudrait voir ce que tu as trouvé
T’as pas pensé, génie, que ça pourrait être quelque chose d’abstrait ?
Comment ça ?
Mon boulot, c’était une information, que je vais lui rapporter. Un truc bien planqué dans ma tête. Un truc qu’on ne peut pas revendre à un receleur. Un truc qu’on ne peut physiquement pas toucher, et dont seul le Commandeur voit l’utilité. Un peu comme toi.
Sans lui laisser le temps d’y réfléchir, je brise son nez d’un coup frontal, broie son genou avec le talon et entends claquer la corde raide de l’arbalète. Le projectile éclate contre le chemin, derrière moi, me manquant assez largement.
J’attrape l’épée au sol après une roulade précipitée. Sans même extraire la lame, je frappe du pommeau la tempe du vieux tordu en deux, qui s’effondre sans mot. Les sept gaillards me font face, le gamin lâche son arbalète détendue et se fige.
Je… J’ai fait exprès de viser à côté, Lohorie !
Voilà ce qu’on va faire, camarades ! On oublie cet incident, j’en parle pas au Commandeur, et vous me faites pas chier jusqu’à la fin du boulot. Finnean, ta prochaine erreur sera la dernière. Compris ?
Je… Je suis désolé, Lohorie, tu sais, il nous a pas laissé…
C’est bon Finnean, conclus-je en faisant basculer le corps inerte d’un coup de botte. Aide moi à ligoter ce connard à un pilier. Les autres, préparez le sloop, on met les voiles !
Un peu plus tard, alors qu’un rais de lumière transperce les nuages dans une éclaircie dorée, Bænor s’éveille avec un mal de crâne, fermement ficelé. Je m’accroupis devant lui et finis de mâchonner un pain de seigle avant de lui sourire.
Dieu, ce que j’avais faim ! Tu vois cette abbaye, Bænor ? J’ai étudié auprès des savants du Sud. Je connais les fantômes. Y’a bel et bien une banshee, ici. Mais je vais te dire un secret : elles ne sortent qu’une heure après le crépuscule, ce qui te laisse à peu près… Six heures. Secoue la tête si tu préfères mourir maintenant.
Il respire lourdement. Ses yeux roulent frénétiquement, dissociés et globuleux. Il s’évanouit de nouveau. Je soupire, me lève et rejoins le gamin qui m’attend, un cordage sur le bras.
Nous nous éloignons et il déglutit en faisant le signe de la Roue sur sa poitrine. Il murmure :
C’est vrai, ça, pour la banshee ? Heureusement qu’on a pas campé dedans cette nuit…
Les fantômes ça n’existe pas, Finnean.
La tête me tourne. Voilà une journée et une nuit que le sloop fend la chair des vagues houleuses, en voyant les rumeurs d’orages très loin dans le ciel, danser autour de l’horizon comme une meute de loups suivrait de loin un voyageur blessé. Sans trop s’approcher.
J’ai passé le temps avec la mauvaise bière des quartiers du capitaine de ce rafiot. Une bière locale, que l’oncle de Finnean apprécie “ironiquement”. Elle est aussi trouble et pâteuse que brutale au palais.
C’est parce que les Tibbseits la brassent à partir de merde de cochon et de racines, pas d’orge !
Je le regarde un instant, le gallon presque achevé ayant partiellement raison de mon jugement, et lui sers une grimace sous la bruine glacée qui commence à mouiller le pont. Il éclate de rire.
Tu me fais marcher ?
Non non ! siffle-t-il du fond de son gosier, le sourire écarquillé. Et on y ajoute des algues rances pour la mousse.
Y’a pas de mousse.
T’es vraiment une déconneuse, toi, hein ? Tu viens de quelle île ?
Je pouffe. Puis percevant la sincérité dans sa question, hoche la tête en balbutiant le nom d’une vallée à des centaines de lieues au sud de l’archipel.
Alors là, je vois pas du tout…
Là où on boit plus de vin que de bière et où les oliviers poussent mieux que les chardons.
Beh merde… Avec ton accent, j’aurais pas cru à une continentale.
Il a sur cette phrase un vague recul, comme s’il trouvait tout à coup notre proximité physique dérangeante.
Ce n’est pas l’autre bout du monde, tu sais.
Partout où il peut se passer plus de trois jours sans qu’il pleuve, crois-moi, c’est l’autre bout du monde !
Le roulis s’intensifie. Le vent aussi. Les rideaux de pluie s’épaississent et remuent notre tas de bois. Un grand coup de lame me fait lâcher le bastingage et mon outre de bière. Je tombe sur le mât, l’équilibre chancelant. Je me réveille d’une petite claque et lève les yeux vers la pointe craquelante, la face trempée.
Un éclair saisit la mer à l’horizon. J’aperçois de l’autre côté une silhouette sur les eaux. Enfin c’est plutôt la voix de Finnean qui nous avertit...
La caravelle du Commandeur ! On y est, ça y'est ! On est au récif d’Asperal !
Prié soit-Il… soupire l’oncle. Après une demi-journée à tourner en rond, j’étais prêt à prendre moi-même la barre.
Tu aurais mieux fait ?
HĂ©, regardez !
Finnean escalade la proue. La silhouette du navire se dessine de plus en plus distinctement. Le vent remplit tout à coup la voile. Le sloop accélère. Je m’en vais moi aussi scruter, entre les dos d’écume et le ciel ombrageux, les deux colosses de bois flanqués l’un à l’autre, attendant à distance d’une pointe rocheuse noire et acérée.
Lequel est-ce ? je demande Ă  Finnean.
Ce n’est pas normal, panique-t-il. Bon sang ! La voilure est abîmée…
Il hurle au barreur de virer, juste avant que mes oreilles ne perçoivent, sur le pont du château de bois compact formé par les deux nefs, un cri, puis deux, en sourdine. Un abordage. Je me retourne et hurle :
Le Commandeur est en danger ! Maintenez le cap et amarrez-nous à leur bord…
Vous voulez notre mort ou quoi ?
Le Commandeur me paie !
Nous aussi, mais pas pour crever !
Il ne paiera rien s'il meurt !
Un navire de cette taille ? Nous pourrons les semer si nous gardons nos distances, et si le Commandeur prend le dessus, il comprendra qu’on ait pas eu des envies suicidaires !
Je saute sur la poupe, après quelques enjambées, j’attrape la barre au matelot qui la tire de son côté, je le rue avec mon épaule et détourne le cap, avec une force désespérée.
Qu’est-ce que vous foutez ? me crache l’oncle de Finnean en relevant l’homme. On fonce droit sur des foutus pirates si vous virez par bâbord !
Je ne vais pas à bâbord mais à gauche ! je tente d’articuler en serrant les dents.
C’est la même chose, bougre d’âne !
Va me chercher mon épée et prépare un grappin. Un seul ! Je ne te demande pas de risquer ta vie, mais je dois monter à bord.
2 notes · View notes
valeriehervo · 4 years
Link
Un vent nouveau semble souffler sur le plaisir féminin. La jouissance des femmes – avec ses infinies variations – est désormais décrite et promue par celles qui la fréquentent de plus près.
"J'ai commencé à écrire de la littérature érotique car je trouvais que le plaisir féminin était rarement mis en avant dans ce que je lisais. J'en avais marre des écrits misogynes et des récits mettant invariablement en scène une jeune pucelle découvrant les joies de la chair grâce à un homme forcément plus vieux et plus expert en la matière", s'exclame Octavie Delvaux.
Comme nombre de ses congénères ayant décidé de s'exprimer autour du plaisir féminin, l'écrivaine trentenaire fait partie d'une classe d'âge qui estime avoir été "privée de modèles sexuels" durant son enfance et son adolescence. "Pour tout vous dire, il y a une scène, dans le film La leçon de piano, où l'on voit Harvey Keitel se glisser entre les jambes de l'héroïne pour caresser un minuscule bout de peau, accessible car son bas est troué. C'est trois fois rien… mais c'est le truc le plus érotique et, surtout, le plus axé sur le désir féminin qu'il m'ait été donné de voir lorsque j'étais jeune."
Des propos qui n'étonnent pas Emmanuelle Julien, journaliste et auteure du blog Paris Derrière, qui se souvient de son adolescence : "Dans les années 90, à part le Doc de l'émission “Lovin'Fun”, on n'avait accès à rien. Et quand je dis rien, je ne parle pas seulement des informations techniques. Il n'y avait pas de discours féminin sur notre rapport au plaisir, pas d'images le mettant en valeur."
L'alpha et l'oméga de la sexualité
Il fut un temps – pas lointain du tout – où le sexe au cinéma se résumait à "la femme en dessous et l'homme au-dessus, avec orgasme évidemment simultané signalant la fin du coït", se rappelle Géraldine, qui a entamé sa vie d'adulte "en imaginant que la position du missionnaire constituait l'alpha et l'oméga de la sexualité".
La vidéo du jour :
Géraldine a dû également attendre d'avoir 20 ans avant d'entendre parler pour la première fois du seul organe exclusivement dédié au plaisir féminin : "C'est en lisant un magazine que j'ai découvert l'existence du clitoris. Je sais que cela peut paraître dingue aujourd'hui, mais à l'époque – il y a tout juste vingt ans – ce mot n'était jamais employé. Comme si le clitoris – et tout le plaisir qui en découle – n'intéressait personne." Vingt ans plus tard, dans un épisode de sa première saison, la série Broad City met en scène une jeune femme en train de discuter sur Skype avec une copine tout en faisant l'amour avec son copain, sur qui elle est assise à califourchon.
Mais la Toile a permis [...] l'émergence d'une parole de plus en plus libre et affirmée autour du plaisir féminin
Que s'est-il passé, au cours de ces deux dernières décennies ? Internet, qui a tout changé. "On réduit souvent le Web à la pornographie, tant il a démultiplié l'accès à ce type d'images. Mais la Toile a surtout permis la multiplication de forums où les femmes pouvaient enfin échanger autour de la sexualité, et l'émergence d'une parole de plus en plus libre et affirmée autour du plaisir féminin", explique Emmanuelle Julien. Aujourd'hui, il suffit d'ailleurs de taper "sexe" et "féminin" sur un moteur de recherche pour qu'apparaissent les pages personnelles de filles chaque jour moins effarouchées, dissertant sodomie, cunnilingus ou mérites comparés de tel ou tel sextoy.
Au fil des blogs et des témoignages a fini par éclater une évidence tue pendant des années : la sexualité des femmes est tout aussi exigeante, impérieuse et diverse que celle des hommes.
La polyphonie des désirs féminins
"Vous retroussez ma jupe et empoignez mes fesses pour m'attirer plus près de vous. Une pression sur mes reins me plaque contre votre braguette. Je sens votre érection battre contre mon sexe bouffi d'excitation. Mon clitoris palpite à grands coups", écrit ainsi Octavie Delvaux dans son recueil de nouvelles A cœur pervers1.
"A l'image de celle qui parle dans cet extrait, la plupart de mes héroïnes sont des femmes fortes, volontiers dominatrices, qui n'ont pas peur de communiquer leur désir et d'affirmer ce qu'elles veulent." Et l'écrivaine d'ajouter : "Je ne sais pas s'il y a un plaisir typiquement féminin ou masculin. Mais ce dont je suis sûre c'est que la femme a, autant que l'homme, un univers érotique qui lui est propre, et rien à gagner d'attendre systématiquement de l'autre qu'il lui dicte ses désirs."
Affirmer ses envies et la polyphonie des désirs féminins : tel est l'objet de la plateforme américaine OMGYes, promue au printemps 2016 par l'actrice féministe Emma Watson. A ce jour, ce site est le seul au monde à proposer des vidéos en ligne dans lesquelles des femmes reproduisent les gestes qui les mènent à l'orgasme.
"Je stimule mon clitoris selon un mouvement de haut en bas, dans le sens des aiguilles d'une montre", confie ainsi Amber, tandis qu'un gros plan de son sexe – et de son doigt, parcourant méthodiquement ses lèvres, dans une scène que l'on imagine mille fois vécue – complète le propos. Si l'on peut déplorer que cette plateforme, vitrine d'une recherche américaine basée sur l'expérience sexuelle de plus de deux mille femmes âgées de 18 à 95 ans, ne soit pas entièrement gratuite – l'accès au pack complet de vidéos y est facturé 29 € –, la démarche constitue une première.
Car, comme le dit Cerise, une célibataire de 38 ans qui a visionné quelques-unes de ces vidéos : "On a déjà toutes vu un sexe de femme en plan serré, dans un porno. Sauf que là il n'y a aucun pénis qui vient s'y introduire. Le plan est long, on a le temps de découvrir ce sexe en détail et c'est hyper-pédagogique."
Autant de façons de jouir que de femmes
Mais il est encore plus pédagogique de constater, au gré des vidéos, que ce qui plaît à Amber ne parle pas forcément à sa voisine de plateforme, qui serait bien incapable de prendre du plaisir ainsi. Comme le résume la sexologue Catherine Blanc2 : "Il y a autant de façons de jouir que de femmes : chacune peut déployer son art personnel en la matière et s'émerveiller à l'infini des capacités de son propre corps."
Car si, comme l'écrivait la romancière américaine Anaïs Nin, "l'érotisme est l'une des bases de la connaissance de soi, aussi indispensable que la poésie", il semblerait que les femmes françaises soient de plus en plus disposées à se connaître. En tout cas, Chloé, 31 ans, est formelle : "Moi, pour prendre mon pied, faut que le mec chope le rythme qui va me faire décoller. Ce rythme, je le connais – et parfois je les laisse chercher… ou les aide à trouver si le désir se fait trop pressant."
Il faut se méfier de l'uniformisation des goûts en matière sexuelle. Au lit, il ne peut y avoir d'autres règles que celles que nous inventons
La jouissance de Céline, 35 ans, doit également assez peu au hasard : "Je me caresse systématiquement le clitoris lorsque je fais l'amour avec un homme. Comme ça, je suis aux manettes : libre de déclencher le point de non-retour au moment opportun."
Autant de techniques individuelles qui ne sauraient constituer un accès au nirvana clé en main, comme le rappelle la chanteuse, danseuse et écrivaine Julia Palombe, qui a fait paraître un manifeste contre la société de la mal-baise3 : "Je pense qu'il faut se méfier de l'uniformisation des goûts en matière sexuelle. Au lit, il ne peut y avoir d'autres règles que celles que nous inventons chaque jour. Croire que le désir est figé et qu'il se manifeste toujours de la même manière est un non-sens."
Contre le tout pornographique et ses diktats
En croisade contre le tout pornographique et ses diktats, Julia Palombe incite à nous méfier des jouissances aussi systématiques qu'obligatoires. Et Catherine Blanc de rappeler : "La libération ne doit pas devenir une nouvelle norme". Car si la jouissance n'était qu'une affaire de gestes qui fonctionnent et de corps qui répondent, invariablement dociles, aux mêmes stimulations, cela se saurait. Pour beaucoup de femmes, le principal obstacle à une vie sexuelle satisfaisante réside encore dans un manque de confiance – en elles comme en leur droit au plaisir.
"Je reçois chaque jour des appels d'auditrices qui se soucient moins de leur épanouissement sexuel que de celui de leur partenaire, rappelle ainsi Brigitte Lahaie, qui anime sur Sud Radio une émission quotidienne consacrée au sexe. Il est vrai que la parole des femmes s'est libérée, mais ce qui se passe sous la couette est loin d'être au diapason. Nombreuses sont celles qui méconnaissent encore leur propre corps, n'évaluent leur vie sexuelle qu'à l'aune de la satisfaction de leur partenaire… ou attendent de lui qu'il les guide vers leur propre plaisir."
Contrairement aux idées reçues, la sexualité des couples au long cours est souvent plus satisfaisante que celle des amants débutants
Catherine Blanc poursuit : "Pour pouvoir lâcher prise, il faut accepter le regard de l'autre sur un corps qui ne sera jamais parfait – et, qui plus est, risque de nous surprendre, soumis à l'abandon du plaisir. Ce qui n'est pas toujours évident dans une société du contrôle de l'image et du selfie généralisé." "Peur d'être ridicule, peur d'être laide, peur d'être vulnérable, peur de s'attacher, détaille la journaliste scientifique Elisa Brune4 : on ne veut pas se mettre en danger, s'avouer faible, se montrer captive, on veut rester maître de soi."
Et face à ce regard de l'autre, il y a autant de femmes que de stratégies : quand Céline lâche plus facilement prise "avec des inconnus, qu'elle est sûre de ne jamais revoir", certaines ne parviennent à s'abandonner que dans le cadre confortable d'ébats intimes. "Contrairement aux idées reçues, la sexualité des couples au long cours est souvent plus satisfaisante que celle des amants débutants, note le sociologue Michel Bozon5. La connaissance mutuelle des fonctionnements sexuels comme la confiance entre les partenaires sont indéniablement propices à la jouissance. Mais il est évident que la sexualité s'enrichit aussi au fil des rencontres. Puisque chaque partenaire va dévoiler de nouvelles pratiques et transmettre sa conception singulière de l'acte sexuel."
Emmanuelle se souvient : "Je venais de divorcer, j'avais deux enfants et pas mal de complexes quand j'ai rencontré Nicolas. Je ne suis plus avec cet homme, mais je me rappelle parfaitement la première fois où il m'a expliqué, alors que je cachais mon visage sous la couette, qu'il n'y avait rien de plus jouissif pour lui que de m'observer lorsque je perdais le contrôle."
Ce qu'elle avait peur de lui montrer, lui le considérait comme un cadeau. Ce jour-là, elle a appris la jouissance, s'autorisant à lâcher prise.
Les chants d’elles...
40 notes · View notes
quicklymag · 4 years
Text
Baiser comme un mec et ĂŞtre seule.
Voilà une des choses que j’aime le plus à Aix-en-Provence : les jours d’automne où il fait bon, mais pas chaud et où les arbres commencent tout juste à se déshabiller ; les hommes avec leurs longs manteaux, les femmes avec leurs manteaux encore plus longs dissimulant leurs cuissardes, le ciel nuageux et le son de la pluie lorsque la nuit tombe. C’est dans ces jours-là qu’il m’est le plus facile de dire “Aix, je t’aime”, ou de dire “je t’aime”, tout simplement. Mais à qui le dire dans une ville où les gens se frôlent, se regardent, se saluent et puis se séparent ? 
Je n’ai plus dit je t’aime avec sincérité depuis tellement de temps que je ne m’en souviens plus. Oh, bien sûr, je l’ai dit à mon ex-petit-ami que l’on surnommera Igor. À cette époque, je pensais réellement être amoureuse de lui. Il était doux, gentil et toujours là pour moi. Mais il faut se méfier des hommes trop parfaits les filles ! Peu de temps avant notre séparation, j’ai découvert qu’il avait envoyé son ex-petite-amie à l’hôpital avec un traumatisme crânien quand elle l’a quitté et qu’il trouvait presque normal qu’il n’ait pas eu de sanction pour ça. Sérieusement ? Igor était un givré et j’ai découvert que j’aimais l’illusion d’être amoureuse -enfin après tout ce temps à souffrir à cause de Monsieur A !- mais que jamais mon coeur n’avait battu pour Igor. Il n’avait été qu’une sorte de plan cul que j’ai présenté à mes parents. Woopsi.  Mon dernier amour remonte à des années maintenant. Monsieur A. Mon plus bel amour sans doute, mais le plus destructeur aussi. Vous voyez Mister Big ? En version aventurier parisien. Séduisant, intelligent, attentionné, doux, fantastique au lit et avec juste ce qu’il faut d’arrogance. L’homme parfait à mes yeux. On s’était rencontrés pendant un séjour au Mexique avant la majorité et ça a été un coup de foudre si violent qu’il dura sept ans. J’étais sa chérie et peu importe ce qu’il pouvait dire, j’étais accrochée à lui comme une moule à son rocher. Il était incroyable et un vrai dieu au lit. Malheureusement, cette relation n’était faite que de “on se verra plus tard, je pars huit mois en Indonésie, mais tu n’es qu’à moi” ; “On peut se voir un weekend quand je reviens de Thaïlande ? J’arrive le mercredi à Paris, le jeudi je peux être à Aix et je prends mon avion pour le Laos mardi depuis Marseille.” Ta mère ! En sept ans, je n’ai vu Monsieur A qu’une poignée de fois et ça me suffisait. Ces quelques jours étaient fantastiques. Nous les passions au lit où il me faisait vibrer de la tête aux pieds. Nous ne nous levions que pour les besoins vitaux ou encore aller au cinéma et puis je vibrais à nouveau jusqu’à ce que je ne fonde en larmes une fois Monsieur A déposé à la gare. C’était une relation si puissante qu’il m’a fallu des mois pour me rendre compte que Monsieur A n’avait pas autant d’importance à me donner dans sa vie que ce que je pensais.  Mais si Monsieur A réapparaissait dans ma vie après tout ce temps, comment réagirais-je ? Je crois qu’Aix-en-Provence m’a changé. Je ne crois plus en l’amour ni au coup de foudre, même pas en voyant mes amis. Je suis presque la seule célibataire du groupe, et la plus vieille pour couronner le tout, mais j’ai souvent l’impression que leurs relations sont bancales, qu’ils ne sont pas réellement épanouis. Il y a toujours quelque chose à redire, toujours quelque chose qui ne va pas et toujours de quoi se plaindre, mais jamais je ne vais les entendre dire à quel point c’est génial, à quel point ils s’aiment et s’éclatent. Alors pourquoi sont-ils en couple ? Est-ce que l’amour est devenu matière à se plaindre ? Je vis seule depuis mon arrivée sur Aix-en-Provence en 2015 et en dehors d’Igor et Monsieur A, personne n’a jamais visité mon lit. Je me suis concentrée sur mes études et sur rien d’autre. En intégrant mon école, j’ai pris ma vie sociale, les soirées mondaines et ma vie sentimentale et je les ai laissées dans une boîte scellée pour ne les récupérer que lorsque j’aurai terminé mon Master. Mais est-ce que ça en vaut vraiment le coup ? Est-ce que c’était la bonne solution ? Aujourd’hui, je me démarque dans mes études, je suis dans les premières de la classe et je n’ai pas à me plaindre, autant au niveau scolaire qu’au niveau reconnaissance professionnelle. J’ai eu des opportunités que j’ai su saisir et j’en suis ravie. Mais suis-je plus heureuse que mes ami(e)s en couple qui se plaignent sans cesse ? Je vis seule avec mes deux chats dans un des plus beaux quartiers de la ville. J’ai un 30 m² avec deux places de parking dans une résidence de haut standing. Mon appartement fait baver mes amis, la résidence est très belle, je suis bien logée, l’appartement est bien décoré et j’ai une baignoire (oui, c’est un détail important) mais je suis seule. 
Quand je rentre chez moi, je n’ai personne à qui raconter ma journée, à qui me plaindre. Personne pour qui cuisiner, contre qui me blottir la nuit. Je n’ai que mon bel appartement, mes chats et mes bouquins. Mais si je me mettais à baiser comme un mec ? Ne pas avoir d’attache, juste s’envoyer en l’air et rien d’autre. Je l’ai déjà fait avec Igor, alors pourquoi pas recommencer ? Tout simplement parce que je ne peux pas. Enfin, je crois. Avant, quand j’étais blonde, brune ou rousse, on me regardait, on me complimentait, me draguait. Quand j’allais boire un verre à l’Estello, le serveur complimentait ma tenue et me demandait mon numéro. J’avais le droit à des regards, des mecs qui apparaissaient devant mes yeux pour discuter avec moi. C’était agréable, flatteur. Je ne me prenais pas la tête, j’étais bête, je ne savais pas ce que je voulais et m’en foutais. Aujourd’hui, je sais ce que je veux et on ne me regarde plus. Je fais partie des meilleures de ma classe, j’ai acquis une intelligence que personne ne remet en cause, je suis devenue indépendante et surtout : j’ai coupé mes cheveux. C’est idiot, mais vous ne devriez pas minimiser l’impact que se couper les cheveux peut avoir sur votre vie. Je suis passée de cheveux longs et colorés à une coupe garçonne avec ma coloration naturelle. Tout à coup les gens me voyaient plus indépendante, plus sûre, plus intelligente, plus professionnelle, plus intimidante alors que rien d’autre que mes cheveux n’avaient pas changé. Je m’étais juste séparée d’Igor et avait coupé mes cheveux. Moi, j’étais pareille. Rien n’avait changé. Alors du coup, est-ce qu’il faut que je me mette à baiser comme un mec pour me sentir moins seule ? Je n’ai aucune attente de quelconque mec aujourd’hui, je veux juste construire ma vie, mais ça ne veut pas dire que je veux être seule. C’est juste que je n’ai aucune attente, je veux juste que quelqu’un me plaise et plaire à quelqu’un. Mais j’ai l’impression que les hommes cherchent des mannequins nouvelle génération : gros seins, gros cul, mais une taille 0. Les Kardashian, version Lidl qui parcourent le Cour Mirabeau de haut en bas. Du coup, une fille qui n'a pas ces formes ne peut pas trouver de mâle à la hauteur ? Quand, et pourquoi les hommes ont décidé de se farcir ce genre de femme, délaissant toutes les belles Kate Moss, Vanessa Paradis et Charlotte Gainsbourg ? On devrait réussir à vivre dans une société moderne où on ne peut instaurer un standard de beauté sous prétexte d'un nombre de followers conséquent. On ne devrait pas avoir à se juger les unes et les autres, ni sur notre tour de hanche, ni sur notre tour de poitrine (même si j'enfermerai bien les Kardashian dans une salle sans wifi avec toutes ces Gigi Hadid et autre Doja Cat). 
Une femme qui ne passe pas dix heures par semaine à la salle à faire des squats doit forcément se faire refaire une partie de son corps pour espérer plaire ? Comment des filles naturelles peuvent être attirées, voir intimidés, par ces filles plastifiées de partout ? Mais ma plus grande question : une femme se définit-elle par sa chevelure ?
6 notes · View notes
traitor-for-hire · 3 years
Text
Les Quatre Filles March - Chapitre 27
Leçons de littérature
La fortune sourit soudain à Jo, et laissa une pièce porte-bonheur sur son chemin. Ce n'était pas exactement une pièce en or, mais je doute qu'un demi-million lui aurait donné plus de joie que la petite somme qui vint à elle de cette manière.
Toutes les quelques semaines elle s'enfermait dans sa chambre, enfilait son habit de scribouilleuse, et « tombait dans un vortex », comme elle le disait, travaillant à son roman avec tout son cœur et toute son âme, car elle ne connaîtrait pas la paix avant d'avoir terminé. Son « habit de scribouilleuse » se composait d'un grand tablier noir sur lequel elle pouvait essuyer sa plume à sa guise, et d'un bonnet du même tissu, orné d'un gai nœud rouge, dans lequel elle amassait ses cheveux quand elle était prête à passer à l'action. Ce bonnet était un signal aux yeux curieux des membres de sa famille, qui, durant ces périodes, gardaient leurs distances, se contentant de passer la tête de temps à autre pour demander, avec intérêt, « Le génie brûle-t-il, Jo ? » Ils ne s'aventuraient pas toujours à seulement poser cette question, mais observaient la position du bonnet, et agissaient en conséquence. Si cet accessoire expressif était planté bas sur le front, c'était signe qu'un travail acharné était en cours ; dans les moments excitants il était repoussé de travers, l'air canaille, et quand le désespoir s'emparait de l'autrice il était tout bonnement arraché et jeté au sol. Dans ces moments l'intrus se retirait silencieusement ; et personne n'osait s'adresser à Jo tant que le nœud rouge ne s'affichait pas joyeusement sur le front talentueux.
En aucun cas elle ne pensait avoir du génie ; mais quand l'envie d'écrire la prenait, elle s'y abandonnait entièrement, et vivait une vie en extase, inconsciente du manque, des soucis ou du mauvais temps, tandis qu'elle était heureuse et en sécurité dans un monde imaginaire, peuplé d'amis presque aussi réels et aimés qu'aucun de ses amis de chair et de sang. Le sommeil désertait ses yeux, les repas restaient intouchés, jour et nuit étaient bien trop courts pour apprécier pleinement le bonheur qu'elle ne connaissait qu'en ces moments, et qui donnait à ces heures la peine d'être vécues, même si elles n'aboutissaient à rien de plus. L'inspiration divine s'attardait généralement une semaine ou deux, et puis elle émergeait de son « vortex » affamée, fatiguée, de mauvaise humeur ou abattue.
Elle était justement en train de récupérer après l'une de ces attaques quand elle se laissa convaincre d'escorter Miss Crocker à une conférence, et fut récompensée pour sa vertu par une nouvelle idée. C'était un cours populaire - la leçon sur les pyramides - et Jo s'interrogeait sur le choix de ce sujet, pour ce public, mais se rassura en pensant que sûrement, quelque fléau social serait corrigé, ou quelque grand désir assouvi en présentant les gloires des pharaons à une audience dont les pensées étaient occupées par le prix du charbon et de la farine, et dont les vies étaient consacrées à résoudre des énigmes autrement plus difficiles que celle du sphinx.
Elles étaient en avance ; et tandis que Miss Crocker tournait le talon de son bas, Jo se distrayait en observant les visages des personnes qui occupaient les sièges à côté d'elles. Sur leur gauche étaient deux matrones aux fronts imposants, et aux bonnets assortis, discutant des Droits des Femmes tout en crochetant. Plus loin étaient assis un couple d'amoureux qui se tenaient par la main avec insouciance, une vieille fille lugubre qui mangeait des pastilles de menthe, et un vieux gentleman faisant une sieste préparatoire sous un foulard jaune. Sur sa droite, le seul voisin était un garçon à l'air absorbé lisant un journal.
C'était une revue illustrée, et Jo examinait l'œuvre la plus proche, se demandant vaguement quel infortuné agglomérat de circonstances nécessitait l'illustration mélodramatique d'un Indien en tenue de guerrier, tombant dans un précipice avec un loup qui lui sautait à la gorge, tandis que deux jeunes hommes enragés, avec des pieds anormalement petits et de gros yeux, se poignardaient l'un l'autre au premier plan, et qu'une femme échevelée s'enfuyait au loin dans le décor, la bouche grande ouverte. Au moment de tourner une page, le garçon s'aperçut qu'elle regardait, et avec une bonne humeur enfantine il lui offrit la moitié du journal, en disant carrément, « Vous voulez lire ? C'est une histoire du tonnerre. »
Jo accepta avec un sourire, car elle n'avait jamais cessé d'avoir un faible pour les gamins, et se trouva bientôt entraînée dans le dédale habituel d'amour, de mystère et de meurtres, car l'histoire appartenait à cette littérature légère dans laquelle les passions s'en donnent à cœur joie, et quand l'inventivité fait défaut à l'auteur, une grande catastrophe débarrasse la scène de la moitié des dramatic personæ, laissant l'autre moitié exulter sur leur trépas.
« Extra, pas vrai ? » demanda le garçon, quand elle parcourut des yeux le dernier paragraphe de sa portion.
« J'imagine que toi et moi pourrions faire aussi bien si nous essayions, répondit Jo, amusée par son admiration pour ce torchon.
— Je serais un gars plutôt veinard si je pouvais. Il paraît qu'elle gagne pas mal sa vie avec ces histoires », et il pointa le nom de Mrs. S.L.A.N.G. Northbury, sous le titre de la nouvelle.
« Tu la connais ? demanda Jo avec un intérêt soudain.
— Non, mais je lis toutes ses histoires, et je connais un type qui travaille dans le bureau où est imprimé ce journal.
— Tu as dit qu'elle gagne bien sa vie en écrivant des histoires comme celle-ci ? » et Jo regarda avec plus de respect le groupe en détresse et les points d'exclamation dont la page était très largement saupoudrée.
« Je pense bien ! Elle sait juste ce que les gens aiment, et elle est bien payée pour l'écrire. »
Ici la conférence commença, mais Jo n'en entendit que très peu, car pendant que le professeur Sands pérorait sur Belzoni, Khéops, les scarabées et les hiéroglyphes, elle notait en douce l'adresse du journal, et prenait hardiment la résolution de tenter de gagner le prix de cent dollars offert dans ses colonnes pour une histoire à sensation. Au moment où la conférence prit fin, et où l'audience se réveilla, elle s'était bâti une splendide fortune (ce n'était pas la première à être fondée sur du papier) et était déjà profondément engagée dans la concoction de son histoire, incapable de décider si le duel devait avoir lieu avant la fugue des amoureux ou après le meurtre.
Elle ne dit rien de son plan à la maison, mais se mit au travail le jour suivant, au désarroi de sa mère, qui avait toujours l'air un peu anxieuse quand « le génie s'embrasait ». Jo n'avait jamais essayé ce style auparavant, se contentant de romances très légères pour Le Grand Aigle. Son expérience du théâtre et ses lectures variées lui étaient maintenant utiles, car ils lui donnèrent quelques idées d'effets dramatiques, et fournirent scénario, style et costumes. Son histoire était aussi pleine de désespoir et d'affliction que le lui permettait sa familiarité limitée avec ces émotions pesantes, et, ayant situé l'action à Lisbonne, elle termina sur un tremblement de terre, qui faisait un dénouement frappant et approprié. Le manuscrit fut expédié en secret, accompagné d'une note disant modestement que si l'histoire ne recevait pas le prix, que l'autrice n'osait guère espérer, elle serait très heureuse de recevoir toute somme pour laquelle on l'estimerait.
Six semaines sont un long moment à attendre, et plus long encore quand il s'agit de garder un secret ; mais Jo tint bon, et commençait juste à abandonner tout espoir de revoir son manuscrit un jour, quand une lettre arriva qui faillit lui couper le souffle ; car, en l'ouvrant, un chèque de cent dollars tomba sur ses genoux. Pendant une minute elle le fixa comme si c'était un serpent, puis elle lut la lettre, et commença à pleurer. Si le gentleman amical qui avait écrit cette gentille note avait pu deviner quel bonheur extrême il donnait à un camarade de lettres, je pense qu'il aurait consacré ses heures de loisirs, s'il en avait, à cet amusement ; car Jo apprécia la lettre plus encore que l'argent, parce qu'elle était encourageante ; et après des années d'efforts il était si agréable de découvrir qu'elle avait appris à faire quelque chose, même si ce n'était qu'écrire une histoire à sensation.
On avait rarement vu jeune femme plus fière qu'elle, quand, ayant repris ses esprits, elle électrifia la famille en annonçant, la lettre dans une main et le chèque dans l'autre, qu'elle avait gagné le prix ! Bien sûr tout le monde se réjouit grandement, et quand l'histoire parut tout le monde la lut et la loua ; même si après que son père lui eut dit que le style était bon, la romance fraîche et sincère, et la tragédie assez prenante, il secoua la tête et dit, à sa manière détachée des choses de ce monde,
« Tu peux faire mieux que cela, Jo. Vise au plus haut, et ne te soucie jamais de l'argent.
— Je pense que l'argent est la meilleure part. Qu'est-ce que tu vas faire avec une telle fortune ? » demanda Amy, qui regardait le bout de papier magique d'un œil plein de révérence.
« Envoyer Beth et Mère au bord de la mer pour un mois ou deux, répondit promptement Jo.
— Oh, quelle joie ! Non, je ne peux pas, Seigneur, ce serait si égoïste », s'écria Beth, qui avait joint ses mains fines et pris une grande inspiration, comme impatiente de goûter aux fraîches brises marines, avant de se reprendre et de repousser le chèque que sa sœur agitait devant elle.
« Ah, mais tu iras, j'y suis décidée ; c'est la raison pour laquelle j'ai essayé, et réussi. Je n'arrive jamais à rien quand je ne pense qu'à moi-même, aussi cela m'aidera de travailler pour toi, ne vois-tu pas. De plus, Marmee a besoin de changer d'air, et elle ne voudra pas te quitter, alors il faut que tu y ailles. Est-ce que ce ne sera pas amusant de te voir revenir à la maison ronde et rose à nouveau ? Hourra pour le Dr. Jo, qui guérit toujours ses patients ! »
Au bord de la mer elles s'en furent, après de longues discussions ; et même si Beth ne revint pas aussi ronde et rose qu'on aurait pu le désirer, elle se trouvait bien mieux, tandis que Mrs. March déclara qu'elle se sentait dix ans plus jeune ; aussi Jo fut satisfaite de l'investissement de l"argent de son prix, et se mit au travail, l'esprit joyeux, déterminée à gagner plus de ces chèques merveilleux. Elle en gagna effectivement plusieurs cette année-là, et commença à se sentir posséder un pouvoir dans la maisonnée ; car par la magie de sa plume, ses « sornettes » se changeaient en confort pour eux tous. La Fille du Duc paya la facture du boucher, Une Main Fantôme offrit un tapis neuf, et La Malédiction des Coventry se trouva être une bénédiction pour les March en matière d'épicerie et de vêtements.
La fortune est certainement une chose très désirable, mais la pauvreté a ses bons côtés, et l'un des avantages les plus agréables de l'adversité est la sincère satisfaction qui vient d'un consciencieux labeur de l'esprit ou de la main ; et à l'inspiration de la nécessité, nous devons la moitié des bénédictions utiles, belles et sages de ce monde. Jo profitait de cette satisfaction, et cessa d'envier les filles plus riches, grandement réconfortée par le fait de savoir qu'elle pouvait subvenir à ses propres envies, et n'avait nullement besoin de demander un penny à qui que ce soit.
Ses histoires ne se firent pas beaucoup remarquer, mais elles avaient trouvé une niche, et, encouragée par ce fait, elle résolut de tenter un pari osé, pour la gloire et la fortune. Ayant copié son roman pour la quatrième fois, l'ayant lu à tous ses amis intimes, et soumis avec crainte et tremblements à trois éditeurs, elle parvint enfin à le vendre, à la condition de le réduire d'un tiers, et d'en retirer tous les passages qu'elle admirait particulièrement.
« Maintenant je dois le remiser dans mon fourneau de fer-blanc pour y moisir, payer moi-même pour l'impression, ou le retailler pour convenir aux acheteurs, et en obtenir ce que je peux. La renommée est une très bonne chose à avoir, mais l'argent est plus commode ; aussi j'aimerais avoir l'avis de l'assemblée sur ce sujet important, dit Jo, en rassemblant un conseil de famille.
— Ne gâche pas ton livre, ma fille, il recèle plus que tu ne le penses, et l'idée en est bien travaillée. Laisse-le attendre et mûrir », fut l'avis de son père ; et il agissait ainsi qu'il prêchait, ayant patiemment attendu trente ans pour voir mûrir le fruit de son propre travail, et ne se hâtant nullement pour le récolter, alors même qu'il était tendre et sucré.
« Il me semble, à moi, que Jo bénéficiera plus de l'expérience que de l'attente, dit Mrs. March. La critique est la meilleure des épreuves pour ce genre d'ouvrage, car elle lui en montrera à la fois les mérites insoupçonnés et les défauts, et cela l'aidera à faire mieux la prochaine fois. Nous sommes trop impliqués ; mais les louanges et les critiques d'étrangers se prouveront utiles, même si elle n'y gagne que peu d'argent.
— Oui, dit Jo en fronçant les sourcils, c'est exactement ça ; j'ai planché dessus si longtemps, je ne sais vraiment pas si c'est bon, mauvais, ou indifférent. Ce sera une grande aide d'avoir des personnes impartiales pour y poser un regard froid, et me dire ce qu'elles en pensent.
— Je n'en retirerais pas un mot ; tu vas le gâcher si tu le fais, car l'intérêt de l'histoire est plus dans les esprits que dans les actions des personnages, et tout ne sera que confusion si tu n'expliques pas au fur et à mesure, dit Meg, qui croyait fermement que ce livre était le roman le plus remarquable jamais écrit.
— Mais Mr. Allen dit, "Retirez les explications, faites le tout bref et dramatique, et laissez les personnages raconter l'histoire", interrompit Jo en se tournant vers la note de l'éditeur.
— Fais comme il te dit ; il sait ce qui se vendra, pas nous. Fais un bon livre populaire, et tires-en autant d'argent que tu le peux. Plus tard, quand tu te seras fait un nom, tu pourras te permettre de digresser, et d'avoir des personnages philosophiques et métaphysiques dans tes romans, dit Amy, qui avait un point de vue purement pratique du sujet.
— Eh bien, dit Jo en riant, si mes personnages sont "philosophiques et métaphysiques", ce n'est pas ma faute, car je ne sais rien de ces choses-là, si ce n'est ce que j'entends Père en dire, parfois. Si j'ai mélangé quelques unes de ses sages pensées avec ma romance, tant mieux pour moi. Et toi, Beth, qu'est-ce que tu en dis ?
— J'aimerais tellement le voir imprimé bientôt », fut tout ce que Beth dit, en souriant ; mais il y avait une emphase inconsciente sur le dernier mot, et un air songeur dans ses yeux qui n'avaient jamais perdu la candeur de l'enfance, qui refroidirent un instant le cœur de Jo avec une peur prémonitoire, et la décidèrent à se risquer « bientôt » dans cette voie.
Aussi, avec une fermeté spartiate, la jeune autrice étendit son premier-né sur la table, et le découpa aussi impitoyablement qu'un ogre. Dans l'espoir de plaire à tous, elle prit l'avis de tout le monde ; et comme le vieil homme et son âne dans la fable, ne satisfit personne.
Son père aimait la veine métaphysique qu'elle y avait inconsciemment apportée, aussi cela fut autorisé à rester, même si elle avait ses propres doutes à ce sujet. Sa mère pensait qu'il y avait juste un peu trop de descriptions ; elles disparurent donc, et avec elles de nombreuses mailles de l 'histoire. Meg admirait la tragédie ; aussi Jo en rajouta une couche pour lui convenir, tandis qu'Amy s'opposait aux moments amusants, et, avec les meilleures intentions du monde, Jo étouffa les scènes spirituelles qui allégeaient un peu le côté sombre de l'histoire. Puis, pour achever de ruiner le tout, elle le réduisit d'un tiers, et, confiante, elle envoya la pauvre petite romance, comme un oiseau déplumé, tenter sa chance dans le vaste monde.
Eh bien, l'histoire fut imprimée, et elle en reçut trois-cents dollars ; ainsi que nombre de louanges et de critiques, en bien plus grande quantité qu'elle ne s'y était attendue, si bien qu'elle se trouva plongée dans une telle confusion qu'il lui fallut un certain temps pour se remettre.
« Tu as dit, Mère, que la critique m'aiderait ; mais comment est-ce possible, quand elle est si contradictoire que je ne sais pas si j'ai écrit un livre prometteur, ou brisé chacun des dix commandements », s'écria la pauvre Jo, en parcourant une pile de critiques, qui un instant la remplissaient de joie et de fierté, et le suivant de colère et de désespoir. « Cet homme dit, "Un livre exquis, plein de vérité, de beauté, et de sincérité ; tout y est doux, pur, sain", continua l'autrice perplexe. Le suivant, "La théorie de ce livre est mauvaise - plein d'idées morbides, d'idées spiritualistes, et de personnages artificiels." Bon, comme je n'avais aucune théorie d'aucune sorte, que je ne crois pas au spiritualisme, et que j'ai calqué mes personnages sur le vivant, je ne vois pas comment ce critique peut avoir raison. Un autre dit, "C'est un des meilleurs romans américains parus depuis des années" (je ne suis pas assez bête pour le croire) ; et le suivant décrète que "bien qu'il soit original, et écrit avec une grande force de sentiment, c'est un livre dangereux." Ce n'est pas vrai ! Certains s'en moquent, d'autres le louent de trop, et presque tous insistent sur le fait que j'avais une profonde théorie à démontrer, quand je l'ai écrit seulement pour le plaisir et l'argent. J'aimerais l'avoir imprimé en intégralité, ou pas du tout, parce que je déteste être si horriblement mal-jugée. »
Sa famille et ses amis lui offrirent généreusement réconfort et recommandations ; pourtant ce fut un temps difficile pour Jo, si sensible et vive, qui n'avait eu que de bonnes intentions, et avait apparemment si mal agi. Mais cela lui fit du bien, car ceux dont l'opinion avait une réelle valeur, lui prodiguèrent les critiques qui sont la meilleure éducation d'un auteur ; et quand les premières douleurs se furent estompées, elle put rire de son pauvre petit livre, sans cesser de croire en lui, et se sentit plus sage et plus forte de toutes les rebuffades qu'elle avait reçues.
« Ne pas être un génie, comme Keats, ne me tuera pas, dit-elle fermement, et c'est bien moi qui rit la dernière, après tout ; car les moments que j'avais tirés tout droit de la vraie vie, sont dénoncés comme impossibles et absurdes, et les scènes que j'ai inventées de toute pièces, sont déclarées "charmantes de naturel, tendres, et vraies". Aussi je vais me réconforter avec ça ; et, quand je serai prête, je me remettrai au travail et en écrirai un autre. »
1 note · View note