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#la forêt des coeurs glacés
arcanes-ouvertes · 6 years
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La Forêt des coeurs glacés Il était une fois Hazel et Jack, deux amis dont l'imagination construisait des châteaux et des aventures incroyables, peuplées de monstres à abattre et de mondes à explorer.
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guesswhogotaname · 2 years
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Il n'y a pas de raison à ça, mais bon...
Hier soir j'ai regardé quelques épisodes de Doctor Who en vrac, par pur nostalgie et amour de cette série. J'ai revu avec délices les longues tirades du Docteur sur sa solitude, l'absence qui le ronge, le manque. Et j'ai longtemps cogité sur cette question de l'immortalité, voir autour de nous la chute, sans pouvoir rien faire... (GROSSE AMBIANCE) Mais étrangement, j'ai pensé à Merlin et cette phrase "fils d'un démon et d'une pucelle". Bref, ça m'as donné envie décrire un bail un peu chelou mais oser l'équipe on est al 💪
Je ne sais pas pourquoi, mais l’idée de l’immortalité me terrifie autant que celle de la mort.
Mourir, savoir que notre existence a une fin irrémédiable. Un jour, sans prévenir, c’est terminé. Ça ne sert à rien de lutter, rien de se battre dans le dernier instant où les yeux se ferment pour ne jamais s’ouvrirent, le dernier battement d’un coeur. Mourir alors qu’il y a encore des galaxies à découvrir. Être privé du futur inconnu et tout puissant. Disparaitre, être oublié. Un prénom gravé sur une pierre, une photo jaunit par les années, figé dans un sourire, les yeux pétillants d’une lueur si lointaine, une étoile déjà éteinte dans l’objectif. Mais, être éternel, c’est encore pire.
Naître un jour sans la promesse du repos, savoir qu’on sera là, inébranlable au milieu des ruines et des tombes d’une famille disparue, d’amis lointains, d’amour effacé, seul au milieu d’un cimetière de poussière et de souvenirs. Des visages ensevelis dans les méandres de la mémoire. Être là, voir la fin d’une civilisation et n’avoir pu sauver personne. Être celui qui reste.Celui qui continue de respirer. Le dernier.
J’ai pensé à Merlin. Il n’est pas immortel, mais il vieillit différemment, il n’est pas comme les autres. Druid, fils d’une pucelle et d’un démon.
Qu’est-ce que cet héritage signifie ? Une tragédie aux larmes d’une vierge et de la hargne d’une créature de l’enfer. Une horreur innommable qui créa un enfant. De la violence et de la haine, de la peur et du sang, un bébé aux yeux grands ouvert sur le monde, et de la magie au bout des doigts.
J’ai longtemps songé à ce que ça voulait dire, « fils d’une pucelle et d’un démon ». Ils n’ont pas de prénom, pas d’identité, pas de visage, ni de passé.
Ce ne sont pas des parents, mais des archétypes comme dans le début d’un roman.
Aucune main pour caresser sa joue, aucun baiser pour apaiser ses pleurs. Seulement des rôles comme pour une pièce de théâtre. Inconnus et secondaires.
Qu’’est-il devenu de cette femme pure, qui aurait pu être une sainte, si l’histoire avait dégainé retenir son prénom ? Elle s’est envolée, comme un pétale dans le souffle du vent, comme la mer emporte un coquillage dans le fond des océans.
Est-elle restée ? Berçant le nourrisson contre son sein, fredonnant dans une langue presque l’oublier, une chanson douce ? Est-elle partie ? Offrant l’enfant aux loups et aux esprits de la nuit, fuyant le fardeau trop lourd, un souvenir trop douloureux ? Et le démon, a-t-il disparu dans les flammes de l’enfer, dans un gouffre de sang et de flamme, laissant la terre hantée par son rire démoniaque, ses ailes noires voilant le soleil ?
Peut-être que les poètes peuvent imaginer, rêver, à un amour au-delà des barrières de ce monde, une passion plus forte que les lois divines. Un démon qui tombe amoureux d’une vertueuse demoiselle. Ça serait beau à raconter les nuits de pleines lunes lors des hivers glacés. Une histoire d’amour impossible, d’un ange déchu et d’une mortelle. Le fruit de cette folie, un bébé qui changerait le cours de l’histoire et la face du monde.
« Fils d’une pucelle et d’un démon » mais ça ne veut pus rien dire pour lui, de la pucelle il ne reste rien, son corps appartient à la terre et sa tombe est perdue dans les profondeurs d’une immense forêt, à l’abri. Le démon n’est jamais réapparu. A-t-il seulement existé ?
Mais « fils » il a été, il y a très longtemps, dans un pays qui a changé de nom et de souverain, dans un village dont il ne reste que des vestiges presque effacés. Du « fils » il ne se souvient que de la couleur des yeux, la douceur des mains, des syllabes répéter par sa bouche d’enfant, tremblante comme la flamme timide d’une bougie brusquée par le vent : « maman ». C’est tout. Peut-on, au bout de huit cents années d’existence, oublier le visage de sa mère ?
De ce lointain passé, Merlin en dit rien. Il reste silencieux, évasif sur ses questions.
« J’m’en souviens plus, hein, ça fait tellement longtemps… » Son regard fuyant, ses mots bancals.
Être immortel c’est accepté un deuil éternel, d’être seul.
J’ai pensé à ce destin-là, ce long chemin qu’il parcourrait sans jamais pouvoir s’arrêter, condamner à marcher pour toujours.
Merlin a vu des villages se construire, des routes se créer, des châteaux s’ériger. Il a vu leurs chutes. Les toits de pailles brûlés, les routes recouvertes par la mousse, les herbes folles entre les pavés, les châteaux en ruines. Il a connu des centaines de débuts et des centaines de fins. Il a observé tout des miracles et les tragédies de ce monde.
Spectateur muet, impuissant face au déroulement intransigeant du destin.
Mais, il a été acteur direct de cette danse merveilleuse qu’est la vie. Sorcier aux pouvoirs insondables, pouvant faire abattre la foudre sur une cité, décimer une montagne, soulever la mer.
Mais qu’en est-il de ces sentiments, de son humanité ? Il était homme aussi. De chair et de sang.
Il a connu le froid de la neige, mordant le nez et les doigts, la chaleur étouffante de la canicule. Il a vécu comme les autres, ressentant les mêmes choses ; cette satisfaction indescriptible de boire de l’eau fraiche après un effort, la sensation d’étancher sa soif, de manger à sa faim, savourer un repas autour de chants et de musique. Regarder les étoiles et rêver. Pleurer en admirant un coucher de soleil. Tisser des liens, s’unir, fonder une famille, prendre du temps pour les autres, les aider, être attaché par des liens plus puissants que n’importe quelle magie.
Être aimé et aimé.
Oh oui, il a tant aimé, maladroitement et passionnément comme un adolescent, fougueusement et soudainement. Longuement et durablement comme une vieille âme. Il est tombé amoureux des millions de fois, des hommes et des femmes. Des humains bouleversants par leurs innombrables différences.
Peut-être qu’il a oublié certains détails, évènements de ces nombreuses existences, mais il se souvient de l’amour, des visages, des mains, des sourires, des corps, des rires, des mots.
Hélas, les Hommes sont poussières, ils s’épuisent, vieillissent, tombent malades et disparaissent, en un battement de cils, une vie a passé. Il n’a pas oublié ceux qui sont partis se battre pour un carré de terre, pour un drapeau, au nom d’un serment d’allégeance. Ceux qui sont morts alors que des milliards de jours les attendaient encore.
Même si les noms se sont effacés, Merlin n’a pas oublié les larmes, le désespoir, la violence du départ. L’absence. Ces amours voués aux chagrins et à la disparition. Le coeur qui se déchire un peu plus durant les siècles.
Il a eu des enfants. Ses fils et ses filles.
Par chance ou par malédictions, aucun de ses descendants n’ont hérité de sa longévité.
Merlin se souvient de son premier enfant, celui qui est né alors que des éclairs déchiraient le ciel noir, comme il se souvient du centième, né avec les rayons du soleil.
Cent prénoms gravés éternellement dans son cœur, si précieux. Il se souvient de tous, leurs premiers mots, premiers pas.
Il peut fermer les yeux et revoir aussi distinctement que le jour les traits de leurs visages, entendre leurs voix, et leurs rires.
Ses enfants, jamais il ne pourra les oublier.
Parfois, il appelle une demoiselle par un vieux prénom, un son étranger et inconnue, il s’excuse, il dit tout mélanger, les prénoms, les visages. Souvent, il croit reconnaître l’une de ses filles aux détours d’une ruelle, il a tant craint recroiser l’un de ses fils sur un champ de bataille.
Tous ses enfants sont partis; il les avaient vus naître et mourir. Ce n’était pas normal, pas dans l’ordre des choses, c’était au père de mourir vieux et épuisé, avant l’enfant.
Alors, quand Merlin Merlin regarde le petit Arthur ce bout d’homme, pas plus haut que trois pommes, les yeux noirs, brillants, son grand sourire et ses éclats de rire, il voit un fils parti depuis longtemps.
Il le tient par la main, le guidant vers son destin, mais ce bonhomme, sautille, impatient, il veut jouer, il veut explorer.
Merlin ne l’a jamais regardé comme l’Élu qu’il attendait depuis des siècles, le garçon couronné par les Dieux d’un glorieux destin.
C’était qu’un enfant. Si petit, courant partout, balbutiant sans arrêt des histoires incompréhensibles.
Irrévocablement, ils se rapprochent du rocher où est plantée l’épée. Merlin aimerait s’enfuir, le petit gamin aux jambes fatigué de la journée de marche, pelotonné dans ses bras. Pourquoi mettre un tel point sur ses si petites épaules, alourdir sa jeune vie d’un fardeau tranchant et puissant ? Ce garçon mérité une existence tranquille, sans le regard des Dieux au-dessus de lui, de la lourdeur de leurs messages et de leurs devoirs.
Non, non… Il mérite la paix, la douceur de vivre, la joie des matins du printemps.
Arthur décroche l’épée et s’amuse avec, admirant ses reflets de flamme, imaginant les combats incroyables.Et Merlin comprend qu’il vient de le condamner. Il pourrait en pleurer.
C’est aussi son rôle de ramener l’enfant dans le terrible et sombre château de Dame Ygerne, aux lèvres pincées et aux regards froids.
Il abandonne l’enfant dans ce foyer glacé. Il ne peut pas le garder, le Roi Uther tuerait le bâtard sans hésiter.
Merlin se retourne une dernière fois, Arthur âgé de trois ans lui fait un timide signe de la main avant de s’effacer derrière la sombre robe de deuil de sa mère. Il a le cœur déchiré.
Des années plus tard, il le cherchera dans les belles rues pavées de Rome. Treize années, Merlin n’a pas changé.
Le temps a roulé lentement hors de son sablier, il a attendu de le revoir, de le retrouver. Le petit garçon qui jouait avec l’épée de feu.
Arthur est plus vieux, habillé comme l’occupant, comme l’ennemi, ceux qui massacrent les vieux sorciers et les paysans. Il est âgé de vingt ans, drapés dans l’or et le rouge de l’oppresseur, acclamé par ceux qui pillent et saccagent, qui détruisent les vestiges celtes.
Mais Merlin revoit un fils, qui a grandi beaucoup trop vite, si loin des siens et de chez lui. Un enfant qu’on aurait abandonné trop de fois, devenu solide et fort, un cœur dur forgé par l’absence. Il aimerait lui tendre la main, lui dire tout doucement « on rentre à la maison. » Mais Arthur le regarde comme un étranger, un inconnu, un fou, un idiot.
Une fois sur l’indomptable et impétueuse Île de Bretagne, Arthur est en colère, il est blessé, il souffre, son Aconia lui manque, sa belle Rome lui manque, il est déchiré en deux, coincé entre les mondes. Il ne veut pas rester, ce n’est pas « chez lui » ici, il ne comprend plus les langues apprises il y a des années, il ne se souvient plus des chants ni des danses.
Il est étranger dans son royaume qui l’a tant attendu.
Et Merlin est si malheureux de n’avoir pas pu sauver l’enfant qu’il était. Jamais il n’aurait dû le laisser à la garde d’Ygerne, ni celle des Légions Romaines. Il aurait dû l’emmener loin avec lui, au cours de la nature, avec les loups et les fées.
Merlin le voit alors s’avancer vers l’autel chrétien, Excalibur à son fourreau, une tenu de mariage celte et une jeune demoiselle au regard joyeux et au sourire ingénue. Étouffé par l’émotion, il ne dira rien, mais jura de ne plus jamais le quitter.
Les années encore ont défilé si rapidement, le sable dans le sablier s’est écoulé librement, sans restreinte.
Merlin a assisté à l’édification de la forteresse, la construction du royaume de Logres, la paix tant attendue et la prospérité. La gloire de cet Élu promit qui par sa force, son courage unifia les clans divergent et belliqueux à une cause juste et noble.
Roi Arthur Pendragon.
La même âme que l’enfant qui jouait dans la neige, mais le temps l’a abîmé, les années l’ont rongé. La fatigue, la colère, le mépris ont barbouillé son cœur.
Merlin assistera lentement à sa chute, impuissante, faible. Il n’arrivera pas à le sauver. Ce fils qui n’est pas le sien, mais qu’il a aimé tout comme. Il ne pourra pas le sauver de lui-même, de la violence profonde de sa haine, de sa colère intarissable et des souvenirs qui le hantent derrière ses paupières.
Quand Merlin le quitte, il sait que c’est une erreur, mais il est vieux maintenant, tellement vieux de ce destin, de cette vie infinie.
Épuisé des reproches, du dénigrement de son travail. Le ciel s’est assombri, les Dieux menacent l’accomplissement d’augustes présages.
Il fuit.
Mais Merlin est lié au destin du Roi qui a délaissé son titre.
Après avoir vécu des milliards de jours, Merlin assistera à l’impensable. Le sang qui s’écoule d’un poignet ouvert. Le masque de la mort sur le visage du petit garçon qui lui fait un signe timide de la main, avant de disparaitre dans l’ombre de sa mère austère.
La pâleur du visage, les yeux vides, absents. Aucune respiration, aucun battement de coeur.
Ce fils qui n’est pas le sien, mais qu’il a aimé tout comme est mort dans sa baignoire.
Et Merlin n’a pas pu le sauver de lui-même. Il a tout essayé, il l’a soigné, nourri et bordé, mais Arthur à simplement refusé de s’aider, il s’est laissé choir dans les limbes ignorant la main tendue devant lui.
Après ça, Merlin a pensé que c’était bientôt le bout de son voyage, bientôt la fin de cette interminable histoire.
Le Royaume de Logres est devenu une terre de feu et de sang, de malheur et de cri. Les Saxons sont maîtres ici, ils piétinent les statuts celtes et les remplacent par des Dieux factices, des idoles de pierres qui n’ont pas de coeur ni de pensée pour les Hommes. Les druides sont chassés ou brûlés, un peigne de terreur recouvre l’île prisonnière.
Dix longues années à vivre sous terre, caché, épuisé, en colère. Merlin a perdu espoir de le revoir.
Dix éternités sans aucune nouvelle, complètement disparu. Certains disaient qu’il était mort cette fois, d’autres qu’il était parti très très loin.
Mais un jour, après des nuits à cartographie et creusé des tunnels sans fin, Merlin le revoit.
Il est évanoui, blessé, vieilli. Encore plus abîmé qu’avant et pourtant, une flamme nouvelle luisante dans ses yeux.
Le même qui courrait dans la neige plus de quarante ans auparavant.
Arthur.
Ce n’est plus le visage d’un fils, mais celui d’un très vieil ami dont le prénom est coincé au bout de la langue, mais impossible à s’en souvenir complètement. Un visage qu'il n'a jamais réussi à oublier.
Et la lueur d'espoir renaît dans son cœur.
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liaaanie · 3 years
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𝕀 𝕎𝔸ℕℕ𝔸 𝔹𝔼 𝕐𝕆𝕌ℝ𝕊 //ℕ𝕀𝕊ℍ𝕀𝕄𝕌ℝ𝔸 ℝ𝕀𝕂𝕀
ₓ˚. ୭ ˚○◦˚.˚◦○˚ ୧ .˚ₓ
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fr. ༊*·˚ 𝕟𝕚𝕤𝕙𝕚𝕞𝕦𝕣𝕒 𝕣𝕚𝕜𝕚 𝕩 𝕪/𝕟 ( fem!reader)
fluff? angst?? idk????
no sexualizing intended!!
some random shit im writing at 00:24
en français ofc, je suis nulle pour écrire en anglais on s'en blc, j'posterais jamais ça anyway (on dirait que oui ;-;)
reminder : y/n = your name = ton prénom lowercase intented!
y/n loves her best friend and she dont wanna tell him but on a special night, communicating with songs and stars...
inspired by : i wanna be yours by arctic monkeys (slowed ver.)
étendue sur son lit, fixant le plafond, y/n laissait ses pensées lui labourer le crâne.
les souvenirs de la journée lui revinrent à l'esprit, la sortie à l'aquarium avec les potos, la crème glacée et la slush au skatepark, puis cache-cache dans la forêt. une vraie journée d'enfant, mais comme on lui répétait souvent, il fallait profiter de sa jeunesse n'est-ce pas? maintenant, elle se reposait en écoutant de la musique avec son meilleur ami - riki. ils se connaissaient depuis leur plus jeune âge, ils avaient partagé de très nombreux souvenirs, on aurait pu donc croire qu'ils n'avaient plus aucun secret l'un pour l'autre. mais elle, elle en avait un. on se doute bien de ce que ça peut être ;-;. y/n avait (ofc) un crush sur riki, son best friend, elle l'aimait vraiment et plus que comme un ami, ça elle le savait. mais jamais elle ne pouvait arriver à faire passer les mots sur ses lèvres, à les déclarer, pour être enfin libérée de cela.
des mots.
il y avait bien sûr le classique " je ne veux pas ruiner notre amitié" qui est parfaitement valable et bien sûr, elle ne pensait pas être à son niveau. pourquoi le verrait-elle comme autre chose que sa meilleure amie? si elle lui disait et que ce n'était pas réciproque, elle allait perdre son meilleur ami. et elle ne pouvait pas perdre riki. non.
aimer mais ne pas être aimée en retour.
quelle peur horrible.
la chanson qui jouait s'arrêta.
c'était à son tour.
et c'était comme ça qu'ils marchaient, chacun mettant une chanson à tour de rôle et ce qui était plutôt marrant, c'était que la plupart du temps, les chansons reflétait leurs humeurs, leurs sentiments intérieurs. donc c'était un peu une façon de communiquer, il fallait seulement la déchiffrer.
la jeune fille saisit le téléphone de son pote sur le bord du lit et chercha " heather".
les premières notes et la (magnifique) voix de conan gray résonnèrent dans la chambre après un moment de silence.
do you remember?
third of december
me in your sweater
relevant la tête de la feuille sur laquelle il gribouillait, riki lui jeta un discret regard plutôt surpris. il faut dire que la chanson faisait tout un contraste avec la précédente qu'il avait choisi, "wave" de ateez.
y/n retomba sur le dos en lui adressant un petit sourire.
triste?
peut-être.
mais au moins elle était avec lui.
she's got you mesmerized, while i die
why would you ever kiss me?
i'm not even half as pretty
riki l'observa du coin de l'oeil. le plafond semblait follement intéressant car elle ne le quittait pas des yeux. elle ne voulait pas rencontrer le regard du garçon. est-ce que la chanson rendait tout ça trop évident?
effectivement, il analysait les paroles.
la chanson se termina alors que y/n s'efforçait d'éviter le regard assez insistant de riki, les pensées se bousculant dans sa tête.
le silence se fit.
son ami pris son téléphone et un son puissant ressentit dans la pièce.
elle le reconnut immédiatement.
i wanna be your vacuum cleaner breathing in your dust
elle eut le souffle coupé. avec leurs autres potes, c'était devenu un code: quand quelqu'un était in love, il faisait jouer cette chanson. lentement, elle tourna sa tête pour regarder son ami.
secrets I have held in my heart
are harder to hide than I thought
elle pris une grande respiration, son coeur battant de plus en plus vite, leurs regards plongés dans celui de l'autre.
que se passait-il?
maybe i just wanna be yours
i wanna be yours, i wanna be yours
- je... y/n ,je pourrais te demander un truc? mais on pourrait commencer par aller dehors? - euh je d'accord... , dit-elle un peu décontenancée. ce n'était pas dans l'habitude de riki d'être aussi sérieux alors elle s'attendait à une blague, mais non, il ouvra grand la fenêtre et passa au travers.
- tu sais que ça existe, les portes?
- ouais, mais c'est mieux comme ça, non?
- *sigh* t'as raison.
il lui tendit la main pour l'aider, en parfait gentleman, mais elle l'ignora ( bAdASS fEmaLe chArACTer ;-; ),mais surtout car elle avait peur de sentir sa main sur la sienne.
à chaque fois qu'il était à proximité d'elle, un sentiment inconnu s'emparait d'elle et y/n redoutait ce que ça pouvait être.
dehors, l'air était froid, les étoiles suspendues dans le ciel sombre et la lune lançait des rayons de lumières sur le paysage comme pour faire concurrence avec le soleil disparu.
lorsqu'ils furent tout les deux à l'extérieur, riki pointa le ciel du doigt.
- magnifique hein?
- ... oui.
- bon en fait... je...
il osa finalement la regarder dans les yeux, une lueur nouvelle dans le regard.
- c'est compliqué à dire et puis c'est correct si tu ressens pas la même chose, je vais pas m'enfuir en pleurant et plus jamais te parler, en fait peut-être que oui, mais il faut que je te dise et c'est que... c'est que je t'aime y/n, j'ai... j'ai des sentiments pour toi, et je...
abasourdie, y/n regardait riki - alors- alors il, il...
- en fait, il ajouta d'une petite voix avant qu'elle ne puisse complèter sa pensée, ce que je n'arrête pas de penser depuis tout à l'heure c'est : est ce que je peux t'embrasser?
la jeune fille aquiesca doucement de la tête et riki s'approcha réduisant au néant les quelques centimètres qui les séparaient.
il posa ses lèvres sur les siennes et puis ce fit comme si plus rien d'autre n'existait.
bref c'était horrible, j'espère que vous avez tout de même aimé <33
would like to have ppl to tag but im new and dont have any friends :))
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morphinedoutretombe · 2 years
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J'ai brisé tant de miroirs... Tant de limites qui n'ont pas résisté à ma fureur... Je me trimballe toujours avec un brin de folie... Un vrai chat noir pour les autres... J'ai tellement accumulé des années de malheur... Que je le propage partout où je passe... Mais vois tu j'ai appris à avancer grâce à mes pensées extrêmes... Et je pleure des larmes de sang brûlantes... Laissant des traces profondes dans mon petit coeur... Je porte parfois dans mes bras le diable... Ou un de ses adeptes... Tout dépend celle que je montre... Je grave encore sur ma peau ton absence... Lâchement j'apparais plus fragile... Cherchant ton ombre dans les forêts les plus denses... A peine la place d'y glisser mes ailes... Alors je les ai arraché... Tu mérites mon sacrifice... Car l'amour a le goût de la mort... Celle qui vient quand on dort... Si paisible que j'en perds ma haine... Toutes mes envies de vengeance partant en poussière... Plus de vie à détruire en moi que d'espoir à sauver... Des rêves sans couleur puisque je n'ai pas tes doigts pour panser mes plaies béantes... Pas la saveur de tes baisers pour faire rougir mes joues glacées... Pas ton empreinte devant la mienne pour me guider... Ni ta voix pour couvrir mes cris de détresse... Pas de corps pour aiguiser mes griffes... Pas d'encre pour nourrir ma plume... Sans toi c'est tout mon avenir qui devient inutile... Tout qui fout le camp...
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tiredlittleoldme · 4 years
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La piscine
Basé sur ce prompt et ce prompt de @visualwritingprompts2
Il était terré dans le bâtiment depuis trois jours déjà. Il avait essayé de faire tenir les tranches de pain qui lui restait le plus possible, mais il avait mangé le dernier bout la veille.
Il avait à peine bu et il n’avait pu avoir que quelques heures de sommeil ici et là.
Malgré le danger à l’extérieur, il savait qu’il allait devoir sortir. Ses cheveux se dressaient sur sa tête en y pensant. Il avait parcouru tout le gymnase, ouvert toutes les portes, tous les vestiaires. Il n’y avait rien à manger, rien à boire. Ce qui, quand il était arrivé, l’avait rassuré: s’il n’y avait rien d’intéressant dans le bâtiment, il n’y avait aucune raison que quelqu’un d’autre n’y entre.
Maintenant, bien sûr, il savait qu’il allait falloir abandonner son repaire, dans l’espoir de trouver au moins assez d’eau et de nourriture pour ne pas mourir de faim.
Il essaya de ne pas tergiverser, de se mettre tout de suite en route, mais la peur le figeait en place.
Ce ne fut pas l’idée de mourir de faim qui le fit bouger, mais l’idée de mourir de faim dans une piscine où il pouvait encore sentir l’odeur du chlore, non, ça, ça le révulsait.
Mourir de faim, ici? Mourir de faim à l’endroit même où il avait cru mourir enfant? Non, l’univers faisait des blagues cruelles, mais pas si cruelles que ça. Il refusait, refusait tout simplement. Mieux valait une mort horrible et douloureuse ailleurs que de mourir de faim par manque de courage ici.
Il ramassa ses maigres affaires, prit une perche longue mais maniable et se dirigea vers la porte. Quand il était entré, il l’avait bloqué avec plusieurs bancs et après avoir vérifié à travers les fenêtres pleines de crasse et de poussière que la voie était libre, il se décida à sortir.
Il ne savait pas si c’était la faim ou la peur ou un mélange des deux, mais son estomac se noua. Le ciel était clair, le soleil haut et un courant d’air frais sécha la sueur de son front brûlant et l’apaisa un instant.
Il lui fallait de l’eau, il lui fallait de la nourriture. Un endroit pour dormir, un endroit plus sûr que le bâtiment de la piscine, ça pouvait attendre. Il était presque sûr que le reste de la ville avait déjà été pillé. Et puis, les villes, maintenant, ce n’était pas vraiment une bonne idée. Il prit la route de droite, celle qui s’éloignait du centre-ville. Il resta tout du long silencieux et vigilant. Mieux valait être paranoïaque que de tomber dans un piège.
Ce fut près de la sortie de la ville, rasant les murs, qu’il vit l’affiche.
Le parc aquatique ! Il l’avait complètement oublié ! Là-bas, il n’y avait pas grand chose, ce n’était qu’un petit parc à proximité de la forêt, mais il y avait deux ou trois petites baraques où on vendait des frites. Et surtout, il se rappelait que la construction avait été retardé à cause d’un vieux qui vivait dans un chalet dans les bois et avait protesté la destruction d’arbres pour une raison aussi triviale.
C’était une destination, il n’en avait pas d’autre et se mit en route.
Le bois était plus tranquille et il savait qu’il n’aurait peut-être pas dû, qu’il devrait rester concentré, mais il avait toujours été plus à l’aise dans les bois que partout ailleurs. Et dans la forêt, au milieu des arbres, un bruit, un craquement, ce n’était qu’un animal qui l’éviterait et pas un monstre qui chercherait à le tuer. Il savait, bien sûr, qu’il ne devait pas complètement baisser sa garde.
Il trouva le parc encore plus désolé que la piscine. Il régnait un silence de mort dans un lieu qui habituellement débordait de rires d’enfants. Son sang se gela dans ses veines et il frissonna malgré lui. Il échangea sa perche contre un bâton plus solide et fouilla minutieusement toutes les petites maisons du parc, fracturant les portes ou les fenêtres pour entrer.
Rien. Rien, à part des odeurs de renfermé, de moisi et de poussière. Un des agents avaient dû prendre toute la nourriture disponible, tout ce qui était transportable et, par habitude, tout fermer en partant.
Il jura à voix basse et shoota impulsivement dans une touffe d’herbe. Rien, se répéta t-il. Il n’avait rien. Une peur panique glacée l’envahit et il se mordit violemment les lèvres, réprimant un sanglot. Ce n’était pas tant le danger constant qui l’effrayait, c’était la solitude. Il avait été raisonnablement social, avant, ne craignant jamais de parler aux gens, mais il n’avait vu personne depuis plus d’une semaine et n’avait pas entendu le son de sa voix depuis encore plus longtemps. Il se laissa glisser contre un arbre, son bâton tombant mollement dans la terre à côté de lui et perdit toute notion du temps.
Quand il revint à lui, (bien qu’à aucun moment, il ne s’était évanoui), le soleil passait déjà derrière une colline au loin. Il était toujours seul, mais plus calme. Il prit plusieurs profondes inspirations et finit par se lever. Il ne s’éloigna pas du parc. Au moins, dans les cuisines désormais vides, il avait un toit et pouvait passer une nuit relativement en sécurité.
Il se résolut à ne pas passer plus longtemps dans cet endroit. C’était trop. Voir ce lieu qui aurait dû être rempli de gens et d’enfants être totalement vide lui donnait une chair de poule qu’il n’arrivait pas à chasser. La piscine avait été terrible, mais il la détestait déjà avant, alors, il avait pu mettre cela de côté. Cette fois-ci, il n’était pas sûr de pouvoir faire la même chose. Tout était à moitié brisé, la peinture des bâtiments et des attractions étaient écaillés ou tombaient en lambeaux et les toboggans étaient détruits, une végétation épaisse et éparse tombant dessus, le tout menant à des bassins d’une eau verte pleine d’algues. Il ne resterait pas ici, décida t-il, déterminé. Même s’il dormirait plus en sécurité qu’il ne l’avait fait les nuits d’avant, même s’il serait dangereux de s’aventurer seul en forêt.
Il chercha jusqu’à ce qu’il fasse trop sombre des petites choses qu’il pourrait manger, des champignons ou des racines. En ce qui concernait les insectes, eh bien, il n’avait pas encore si faim que ça. Et puis, il n’y connaissait rien en insecte. S’il tombait sur quelque chose de vénéneux, il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il aurait fallu faire.
Il alla s’allonger contre un mur, le ventre creux et se replia autant qu’il le put, essayant de faire croire à son estomac qu’il n’était pas si vide que ça, essayant de faire croire à tout son corps qu’il n’avait pas si froid.
La nuit fut longue et venteuse et il se retrouva plus d’une fois à s’asseoir brusquement sur le linoleum défoncé, ses sens en alerte. Il fut debout dès que la luminosité fut suffisante. Ses jambes tremblaient et sa tête le faisait souffrir, mais il se força à se mettre en route.
C’était maintenant ou jamais: bientôt, il n’aurait plus l’énergie de bouger et trouverait un coin, comme un animal blessé, pour mourir.
Il décida, comme il avait décidé à la piscine, qu’il ne mourrait pas ici. Il prit une profonde inspiration et se concentra, appuyé sur son bâton, essayant de se rappeler s’il y avait quoi que ce soit dans les environs. Il était presque sûr qu’il y avait, non loin, une petite source qui coulait vers le fond de la vallée, s’éloignant de la ville et s’élargissant de plus en plus en allant vers les montagnes.
C’était une destination, c’était mieux que rien. Il s’orienta difficilement, le brouillard de son esprit rendant toute réflexion presque impossible et se mit en route.
Il marcha lentement, s’appuyant parfois des deux mains sur le bâton solide, ou dégageant de son passage une épaisse végétation. Il fut soulagé quand il arriva sur un sentier étroit mais praticable qui, si ses souvenirs étaient bons, menait droit à la rivière. Il disait rivière, mais c’était plus un filet d’eau. Il fallait partir, loin, loin dans les montagnes pour que cela devienne vraiment un torrent. Il n’y avait aucune chance qu’il arrive jusque là-bas s’il ne trouvait pas d’eau et de nourriture avant. Mais là-bas, il y avait des vieilles cabanes, des grottes, de l’eau. S’il parvenait jusque là-bas, il réussirait peut-être à survivre.
Sa vision rétrécit. Il se mit à marcher machinalement, ne s’arrêtant même plus régulièrement pour écouter si tout était tranquille ou pour vérifier qu’il n’était pas suivi. Dans le fin fond de son esprit, il savait la vérité: s’il s’arrêtait, il ne repartirait plus. Le temps s’étira, s’allongea, il en perdit toute notion.
Enfin, il parvint à la source. Elle était presque tarie, boueuse et sale, mais il tomba à genoux tout de même. Il se traîna un peu plus loin et écrasa son visage contre le sol pour laper autant qu’il pouvait. Sa langue râpait contre les pierres et il savait qu’il ingérait aussi du gravier, mais ça n’importait pas. Il resta dans cette position un moment avant de se retourner. Allongé sur le dos, sa tête à moitié dans la boue, à moitié dans la terre, il reprit son souffle. Le soleil était haut dans le ciel, illuminant la forêt d’une lumière chaude et réconfortante qui le faisait presque oublier tous les monstres du monde.
Il se leva, récupérant son bâton et recommença à marcher d’un pas lent. Il ne suivait plus le sentier, mais directement les quelques gouttes d’eau qui allaient en direction des montagnes.
Cela faisait à peu près une heure qu’il avait recommencé à marcher (sa soif légèrement étanchée avait suffi à faire repartir son cerveau) quand il crut remarquer un toit, de l’autre côté du filet d’eau, caché derrière plusieurs rangées d’arbres. Son coeur rata un battement, l’adrénaline coula brusquement et violemment à flots dans tout son corps et une sueur à la fois brûlante et glacée lui monta au front. Agrippant son bout de bois suffisamment fort pour plonger ses ongles dedans, il inspira profondément et parvint à se calmer sans s’évanouir ou tomber sur ses genoux. Puis, les yeux rivés sur ce qui lui semblait être un toit, il avança, déterminé.
C’était effectivement un toit. Et dessous, il y avait une cabane. S’il pouvait vraiment appeler cela une cabane. Les fenêtres étaient brisées, le bois vermoulu, les planches du porche étaient tombées. Mais c’était loin de toute route, à peine visible de la rivière qui devait couler plus abondamment dans le passé, avant que la cabane ne soit laissée à l’abandon. Il n’hésita que quelques secondes avant de s’approcher de la porte. Il jeta un rapide coup d’oeil en arrière vers les arbres à quelques mètres et testa la poignée. Rien. La cabane avait été fermée à clé. La fenêtre sur la gauche n’était pas sur le porche et était trop haute. En temps normal, il l’aurait escaladé, mais ce n’était pas un temps normal et il était bien trop faible pour tenter l’expérience, surtout avec les restes de verre brisé coincé dans l’appui. La fenêtre de droite étant bien plus prometteuse, ce fut par là qu’il passa. Ça avait été facile, mais il resta tout de même appuyé contre le rebord, à bout de souffle et le coeur battant. Tout était plus difficile, plus compliqué, même respirer. Il se reposa le temps que ses yeux s’ajustent à la faible lueur dans la cabane. Ça avait l’air bien moins abandonné à l’intérieur. Il y avait une table, une chaise branlante et même un lit avec un matelas défoncé et poussiéreux dans un coin. C’était probablement l’endroit le plus confortable qu’il avait vu depuis que le monde était parti en lambeaux.
Derrière la table se trouvait un meuble, dans ce qui était apparemment la partie cuisine, puisque sur le meuble se tenait une vieille théière dont il sentait la rouille sans même la toucher. Dans un coin, il y avait même une cheminée. Entre ça et le toit en un seul morceau, s’il pouvait seulement trouver de la nourriture, il serait au nirvana. Il fouilla l’unique pièce du sol au plafond.
Ce fut, sous le meuble de la cuisine, qu’il trouva son salut sous la forme d’une boîte de haricots. Il l’ouvrit, difficilement, les yeux brouillés de larmes de soulagement et les mains tremblantes. Le cadre de la fenêtre était encore intact et, en l’appuyant fermement dessus, il parvint à décapsuler son trésor. Il s’arrêta un instant, laissant la stupéfaction l’envahir, le regard penché sur la boîte, jusqu’à ce qu’une odeur caractéristique de nourriture monta jusqu’à son nez et qu’il n’engloutissait goulûment la moitié sans même réfléchir. Dans son estomac vide, l’apport brusque de nourriture fut presque douloureux. Au moins, ce fut suffisant pour arrêter son impulsion de tout manger.
Il s’assit par terre, sous la fenêtre et se força à poser la boîte. Sa main se posa sur le sol sale et il inspira profondément les senteurs de vieux bois brûlé dans la cheminée, de moisi et de poussière. Il eut du mal à se rappeler de la dernière fois qu’il avait été aussi tranquille. Il ferma ses paupières, juste une seconde.
Quand il les rouvrit, la nuit était tombée depuis un moment et ses yeux mirent un moment à distinguer quoi que ce soit malgré l’obscurité. Il eut un petit rire, remarquant que la seule chose qui n’allait pas, c’était la douleur dans sa nuque dû à une mauvaise position dans son sommeil. Vigilant, il écouta attentivement quelques instants, mais n’entendant que le bruit du vent dans les branches et les hululements de chouettes, il s’endormit à nouveau.
Le soleil passant entre les branches pour entrer par la fenêtre de la cabane le réveilla. Tout son cou était rigide et il se leva en grognant. Il récupéra la boîte de haricots au sol. Il en restait une bonne moitié. S’il était raisonnable, il pouvait la faire tenir deux jours entiers. Ça voulait dire deux jours pour fouiller les environs, deux jours pour trouver une autre source de nourriture, deux jours avant de se remettre à mourir lentement de faim.
Deux jours, c’était plus que suffisant.
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mmsbp · 4 years
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Le petit chaperon rouge
Le chaperon se blottit contre les reflets rouges de son capuchon. Tout autour d'elle la forêt et ses racines frémissaient. Au point de faire frissonner le petit chaperon, qui accéléra le pas, crispa les mains autour de son panier d'osier blanc. Il n'y avait que trois couleurs pour distinguer les formes vivantes des ombres des arbres. Le blanc, le rouge, et les yeux verts du chaperon.
Bien au fond de son esprit glacé, le chaperon maudît sa famille entière. Sa mère, sa grand-mère. Inconscientes, voilà ce qu'elles étaient toutes. Mais elle n'avait pas son mot à dire. Elle n'avait jamais le droit d'ouvrir le bec, de contredire ou d'approuver. Il fallait acquiescer et courir là on où l'envoyait.
Elle les aimait. Evidemment. Elle tuerait pour sa famille s'il le fallait. Cependant, la seule pensée qui s'amusait à enraciner son esprit se résumait en un mot : fuis. Vas-t'en loin, loin, là où on ne te trouvera pas, là où tu seras libre de vivre et réfléchir, de poser mille question et rire aux éclats, pleurer à chaudes larmes et gémir de douleur. Libre de revenir, libre de repartir. Le petite chaperon laissa glisser un soupire las du bout de ses lèvres rougies par le froid. Ses pieds étaient trempés. Elle releva la tête à temps pour tourner au bon embranchement et se perdit encore un peu plus sur les sentiers.
Il n'y avait plus grand chemin à faire. Alors elle se dépêcha, assez pour glisser sur la mousse noirâtre des pierres. Un oiseau piailla et s'envola, dans un fracas monstrueux. Elle gémit bruyamment. Puis, elle reprit sa route.
La même scène au milieu du village l'aurait poussée à geindre et chercher de l'aide. C'est ce qu'une jeune fille doit faire. Le petit chaperon n'avait rien d'une pleureuse qui demande sans cesse de l'aide. Elle n'en avait pas particulièrement besoin. Au contraire, elle était celle qui aidait les autres.
Seulement, elle aurait préféré choisir qui et comment aider. Voilà la maison de sa grand-mère qui dessinait de vague contour dans la purée sombre de la nuit. La lumière perçait les fenêtres décorées de lourds rideaux de coton blanc.
Un peu tâché, distingua-t-elle de loin. Probablement une énième confiture de cerise que sa grand-mère - dont elle avait hérité la maladresse - avait dû faire tomber par mégarde. Ou par vieillesse. Ses mains la faisaient beaucoup trop souffrir ces derniers temps.
Le petit chaperon toqua, sans force. L'envie d'être ici ne lui crevait pas exactement le coeur. Mais on était vendredi, et sa grand-mère qui n'était pas venue pour dîner avec vous comme toutes les semaines n'avait peut-être pas de pain.
Le manque de réponse assombrit l'humeur déjà bien dégradée du petit chaperon qui tambourina avec force contre le bois foncé de la lourde porte d'entrée. Sa grand-mère aurait pu chanter qu'on n'aurait pas entendu moindre de ses fausses notes.
Après deux minutes interminables - et deux minutes sont réellement longues une fois qu'on doit patienter - le petit chaperon décida d'entrer dans la maison. Un premier et un second suivirent avant que le chaperon ne se fige. Ses petits yeux ronds se figèrent sur l'inconnue assise à la table de sa grand-mère, l'air aussi surprise qu'elle. On aurait dit le combat silencieux d'un chat et d'un chien en pleine rencontre. Le calme avant la tempête, le vide avant le chaos, l'observation avant l'attaque.
L'inconnue se leva d'un seul trait.
Le petit chaperon ne recula pas d'un seul pas.
"Bonsoir Madame. Que faites-vous ici ?"
L'inconnue lui jeta un regard noir. Les joues du chaperon rougirent légèrement, sans qu'elle ne sache exactement pourquoi. Une légère gêne peut-être, face à cette femme à la posture clairement intimidante.
"J'attends.. quelqu'un."
Cette fois-ci le chaperon fronça les sourcils, sans pour la lâcher du regard.
"Quelqu'un ? C'est à dire ? La personne qui habite ici ?
- Non.. Mais asseyez-vous, je vais tout vous expliquer."
C'était la pire phrase que qui que ce soit puisse dire. Mais le chaperon ferma la porte et s'installa sur la chaise en face de l'inconnue sans un clignement de cil. Elle n'avait ni tourné la tête ni dévié de son axe. Si elle avait eu des oreilles, elles seraient tournées vers la femme qui venait de se rasseoir.
"Qui êtes-vous ?
- Je m'appelle Lou.
- Enchantée.
- Moi de même.."
La tension était tout à fait palpable. Elle s'exprimait particulièrement bien par leur dialogue presque scénarisé où chaque mot était chorégraphié. La dénommée Lou pinçait ses lèvres carmins. Ses prunelles noires ne bifurquèrent à aucun moment du petit chaperon en face d'elle, pas même quand elle glissa ses mains sous la table sur ses genoux.
"Qui attendez-vous ?
- Le chasseur.
- Pourquoi ?
- Parce que quelqu'un a été attaqué..
- Par un animal ?
- En effet.
- Et pourquoi l'attendez vous ici en particulier ?
- Car c'est ici que j'ai entendu l'animal attaquer et trouvé la victime."
Le sang du chaperon ne fit qu'un tour. Elle tourna la tête vers la gauche. Elle vit le sang. Elle se retourna à gauche, et vit le reste du sang sur les rideaux. Elle se leva. Et elle prit conscience de l'état de la pièce dont elle n'avait pas regardé le contenu, trop habituée à cette maison.
Elle ferma violemment les paupières quand son regard effleura le corps déchiqueté de sa grand-mère. Non. Non. Elle ne devait pas redessiner les contours de ses membres arrachés ou l'ombre de ses entrailles imprimées sur le parquet en bouleau. Elle ne devait surtout pas sculpter dans ses souvenirs le modèle de son cuir chevelu scalpé.
"Excusez-moi, mais vous devriez vous asseoir.."
Des mains fortes et givrées empoignèrent ses épaules puis la forcèrent à revenir à sa chaise. Lou s'agenouilla à ses côtés, une main abandonnée contre l'avant-bras du chaperon.
"Je suis désolée."
Le sanglot étouffé sous ses paroles ne parvint pas à l'esprit du petit chaperon. Elle était ailleurs.
Elle rouvrit les yeux, tremblante, puis planta son regard contre la table et s'adressa à la femme à ses côtés.
"Je ne comprends pas. Je ne comprends pas. Comment ? Comment je n'ai pas pu voir ? Je..
- Vous avez été surprise par ma présence..
- Les vols sont courants, surtout ces derniers temps. Et par ici, ils ne s'embarrassent pas de prendre une vie pour en récupérer les joyaux.
- Je sais bien.. Écoutez, essayez de vous lever et de sortir, il vaudrait peut-être mieux vous éloigner d'ici le temps de respirer un peu non ?
- Vous avez raison, répondit du bout des lèvres le petit chaperon après quelques secondes.
- Fermez les yeux et prenez ma main. Je vais vous guider."
Le petit chaperon rouge obéit à la voix ferme de Lou. Les yeux clos, elle se laissa manipuler. La jeune femme passa un bras autour de sa taille pour la relever et le chaperon chercha sa main. Elle trouva une poigne rassurante et des doigts rugueux pour guider sa route.
Tout s'était arrêté dans l'esprit du chaperon. L'impression de vivre un cauchemar accablait tout ses os. Elle était pâle comme la lune qui brillait là-haut, prête à réveiller les loups. La panique de réaliser ce qui venait de se passer vrillait dans son cerveau.
"C'est ma faute."
Elle releva ses yeux émeraudes sur la jeune femme.
"C'est ma faute."
Elle déglutit.
"Donnez-moi votre poignet."
Le chaperon la regarde d'un air interloqué. Mais elle obtempéra.
Lou lui enterra le poignet d'un ruban blanc, qui se confondait presque avec la peau d'albâtre du petit chaperon. Elle ne connaissait pas la matière de la bande de tissus, mais c'était aussi doux que du velours.
"Tout ira bien, d'accord ? Nous allons attendre calmement le chasseur. Allez, asseyez vous sur les marches devant la porte."
Hochant la tête, elle se recroquevilla sur les marches en pierre. Elles attendirent en silence, avec seule la forêt pour témoin. Des pas discrets se firent soudainement entendre. Il n'y avait pas assez de vent ni de hululement pour les étouffer.
"Bonsoir mesdames.
- Chasseur.
-C'est cette maison c'est cela ? Je vais rentrer observer puis je reviens discuter avec vous, d'accord ?
- Oui, très bien."
Le petit chaperon n'avait pas bronché, et elles restèrent encore un peu plus sur les marches.
"J'aurais dû me dépêcher de venir la voir.. J'ai passé tellement de temps dans les bois. J'aurais dû aller directement chez ma grand-mère."
Elle avait parlé vite, les mots s'étaient embrouillés et mélangés entre sa langue et ses dents. Elle était à bout de souffle sans pour autant avoir dit grand chose. La jeune femme soupira lourdement à côté d'elle.
"Vous ne pouviez pas vraiment savoir. Et vous n'auriez rien pu y faire.
- Vous ne comprenez pas, Lou."
Il n'y avait rien d'agressif dans son ton, seulement de la lassitude et du désespoir. Rien n'animait plus ses prunelles vertes. Elle tritura le ruban blanc entre ses doigts. Ça avait quelque chose d'étrangement rassurant de le sentir entourer son corps.
"Est-ce que vous savez ce qu'il représente, demande la jeune femme en le désignant.
- Non, du tout.
- On dit que ce tissus calme les esprits tourmentés, au moins quelques temps."
Lou lui sourit doucement.
"J'ai croisé un Loup en chemin. Je l'ai fait détaler quand il s'est approché de moi. Il a pris le chemin de ma grand-mère. C'est pour ça. C'est pour ça qu'il y a été non ? C'est pour ça qu'elle est morte. C'est ma faute.
- Peut-être, peut-être pas. Vous ne pouvez pas savoir, d'accord ? Vous ne pouvez pas savoir pour l'instant."
Le petit chaperon rouge fronça les sourcils et releva la tête.
"Comment ça ?
- Le chasseur nous expliquera.
- Comment pourrait-il savoir ? Il peut bien comprendre en observant mais delà à tout savoir.."
La jeune femme posa les mains sur ses genoux en hochant la tête. Finalement, le chasseur porta le bout de son nez à ce moment précis.
"Vous êtes quelqu'un de sa famille ? demanda-t-il au chaperon rouge.
- Je suis sa petite fille..
- Je comprends mieux.. Que vous soyez ici, ajouta-t-il en hochant la tête, lui aussi.
- Elle était censée manger avec nous comme tous les vendredis, mais elle n'est pas arrivée en avance pour goûter avec nous comme d'habitude. Alors on m'a envoyé à la chercher.
- Juste après l'heure du goûter ?
- Oui..
- Et combien de temps mettez-vous de chez vous à ici ?"
Le petit chaperon avait le souffle coupé. Elle se releva d'un coup sec et s'écarta. Elle se sentait encerclée. Lou et le chasseur avaient le regard vissé sur elles. Ce n'était pas possible, c'était hors de question. Elle comprenait mieux pourquoi ils étaient là. Le petit chaperon rouge caressa du bout des doigts le tissu satiné.
"Lou..
- Je suis également chasseuse, oui. Nous travaillons toujours en duo.
- D'accord.."
On aurait dit un fantôme, tant elle était vide. Les vêtements verts foncés de la chasseuse et du chasseur lui sortaient presque par la yeux.
"Bon. On va respirer et discuter un peu d'accord ? On va vous expliquer ce qu'il va se passer."
Le chasseur avait une voix très chaleureuse, bien plus que tout à l'heure. Il lui souriait légèrement, et lui indiqua les marches. Les trois s'assirent d'un mouvement presque uniforme. Le chaperon ne savait pas vraiment où se mettre, ni comment envisager la discussion et ce qui allait arriver.
La discussion qui suivit resta ancrée dans la mémoire du petit chaperon pendant des années. Le chasseur lui avait expliqué la nature réelle de son travail et avait laissé la parole à Lou. Le chaperon était resté soufflé tout du long, dénué de toute émotion. Lou lui avait expliqué. Ce qu'elle faisait, son rôle, et enfin, pourquoi elle aussi était une chasseuse. La raison d'un travail en duo. Elle lui détailla tout, sans rien cacher.
«Nous ratissons les villages et les bois, juste au cas où, dit-elle avant d'ajouter, Je ne pensais pas croiser qui que ce soit. »
Le silence reprit son droit. Le petit chaperon rouge était assommé d'informations. Elle était prête à se perdre encore une fois pour oublier tout ce qui venait d'arriver, pour effacer tout ce qu'il s'était passé. Courir loin d'ici et de cette maison dont elle ne souhaitait plus qu'effacer le passé.
Elle n'était pas sûre de savoir si elle voulait s'enfuir ou partir, grandir ou se libérer.
Le labyrinthe à ses pieds multipliait ses routes au grès des cheminements du petit chaperon rouge. On aurait dit qu'elle laissait goutter son sang pour en abreuver la terre et alimenter un peu plus les soucis des bas côtés. Au point de les faire fleurir par centaines. La tête commença à lui tourner, et ses larmes coulèrent.
Derrière elle, Lou et le chassèrent échangeaient quelques mots. Ils se demandaient que faire du corps. Le chasseur irait prévenir la famille. Puis ils se concentrèrent sur elle, sans parvenir à cacher leur inquiétude. Lou finit par s'approcher tout doucement d'elle, sérieuse comme jamais.
"Si tu as besoin de quoi que ce soit, demande-moi d'accord ?"
Le petit chaperon se leva, titubant légèrement tant ses jambes lui semblaient inexistantes. Elle atteignit Lou et la regarda droit dans les yeux, sans dire un mot. Elle ne savait pas tellement comment demander, comment s'exprimer, ni comment exprimer quoi que ce soit, en réalité.
"Tu ne partiras pas ?"
Ce qu'elle voulait dire, c'est 'tu ne me laisseras pas ?'. C'était une question de responsabilité.
Lou baissa son regard pour s'accorder au sien, solennelle au possible.
"Non."
Elles s'étaient très bien comprises.
————
"Vel' ? Tu viens ou tu continues de fuir comme une gamine de trois ans ?"
Un regard glacial accueillit la réflexion moqueuse. La jeune femme rejoint la plus âgée d'un pas sec. Fuir, fuir, trembler de peur serait plus proche de la vérité. Mais non, elle ne fuirait pas. Pas cette fois-ci en tout cas. Car ce n'était pas la première fois qu'elles revenaient dans la région. Seulement, elle avait cherché à être prête pour se reconfronter totalement à son village.
Devant elle, une grande jeune femme brune la toisait, ainsi que la dizaine de personnes qui vaquaient à leurs occupations dans la grande pièce commune. Certains mangeaient leur petit-déjeuner, d'autres lisaient, certains inspectaient les ordres du jour et les derniers avis de recherche.
Il y en avait peu ces derniers temps. Velvel se pencha sur l'autre femme.
"J'y vais, je t'attends dehors.
- N'oublies pas les provisions.
- Oui ! T'inquiètes pas."
Elle lui sourit et partit rapidement, après avoir enfilé sa lourde cape bordeaux en velours et fourrure blanche. Elle l'adorait, d'autant qu'elle en avait cousu une partie elle-même. Elle tourna rapidement les talons pour rentrer dans le temps frigorifié de l'hiver régional.
De son côté, son acolyte prit la parole dans la salle, s'adressant à tout le monde. Elle donna calmement quelques indications sur les ordres importants à traiter, les régions à risques, ce qu'il fallait prioriser ou privilégier. Puis elle salua celui qui la remplacerait le temps de son absence, et rejoint Velvel.
Elles prirent la route à dos de cheval, échangeant parfois quelques mots. Mais il était surtout question d'aller vite.
"Prête à les rejoindre ? Tu es la benjamine de la famille non ?
- Oui.. Pas que j'ai particulièrement hâte des discussions à venir.
- Je comprends.."
Elles échangèrent un regard empli de sens. Elle aussi était passée par là. Par les explications et le rejet. Descendues de leurs montures, elles arrivèrent devant la maison de Velvel.
"Tu veux que je reste ou tu as besoin d'être seule ?"
Son air soucieux attendrit la jeune femme qui lui tendit un sourire. Velvel savait combien c'était parfois difficile pour elle de d'exprimer aussi honnêtement son attachement à elle.
"Ça ira. Je dois le faire seule, je pense."
Elle hocha la tête, et Velvel toqua chez les David, légèrement fébrile. On vint lui ouvrir sans qu'elle n'ait à attendre ni à imploser de stress.
"Bonjour Madame, que puis-je pour.. vous.. ?"
La voix étrangement tremblante de sa mère s'éteignit au fur et à mesure qu'elle détaillait ses traits maintenant qu'elle avait fait glisser sa capuche et découvert son visage. Elle murmura son nom, de peur d'y croire.
"C'est moi maman haha."
Sa propre voix s'étaient brisée, écorchée d'avoir dû attendre autant de temps pour une telle occasion.
"Tu es sensée être morte.. Je.. Je ne comprends pas ! Tu..
- Je sais.. Je peux tout t'expliquer d'accord ? Laisse moi te parler, s'il te plait, implora-t-elle en s'avançant vers elle.
- On a retrouvé son.. non, ton chaperon rouge. Pourquoi ?!"
Sa mère tremblait, mais la fit entrer.
Lou regarda la porte se fermer avec la sensation d'étouffer. Pourvu que ça ne se passe pas si mal, c'était tout ce qu'elle espérait. Presque une heure plus tard et plusieurs échanges de cris, Velvel ressortit la tête par la porte et l'appela. Une fois qu'elle eut approché, elle lui chuchota.
"Elle veut nous voir..
- C'est.. plutôt contraire aux lois, tu le sais ?
- On en a déjà parlé ! Tu sais bien qu'il y a un flou juridique là-dessus !
- Ça dépend s'il y a des personnes à risque ! Comme ta mère, ta soeur !!"
Velvel sautillait presque de frustration.
"Tu me demandes quoi ? De les laisser là ? De ne montrer qu'à mon père ? Elles ne comprendraient pas !"
Une bataille de regard s'engagea pendant que le silence se rétractait, presque gêné d'une telle confrontation.
"Vel. Si tu leurs montres et qu'elles se transforment : tu t'en voudras. Si tu leurs montres et qu'elles paniquent : tu nous mettra toutes et tous en danger."
Elle soupira et se passa une main sur le visage.
"Il n'y a pas de bonne solution, grogna-t-elle.
- Je sais bien.. Est-ce qu'ils seraient prêts à m'écouter leur expliquer le pourquoi du comment ? On pourrait toujours montrer à ton père.
- Peut-être, je.., elle sursauta en attendant sa mère arriver derrière elle et se glisser dans l'entrebâillement de la porte.
- Vous devez être Lou c’est cela ? Ravie de vous rencontrer. Enfin, en quelque sorte.., elle s’interrompit pour la jauger quelques secondes,
- Je suis ravie également.
- Rentrez, nous avons suffisamment à manger pour tout le monde, que vous partiez maintenant ou que vous restiez pour la nuit.
- On ne voudrait pas vous importuner à ce point-là. Et ne vous inquiétez pas pour nous, nous pouvons prendre une chambre à l’auberge.
- Ne croyez pas que je vais vous laisser partir comme ça alors que vous êtes la compagne de ma fille”, tonna la mère, d’un ton étonnamment posé.
Lou se retourna d’un coup vers Vel, les yeux brûlants.
“Tu.. ?
-J’avais décidé de leur dire toute la vérité donc.. oui.”
Elle ne récolta après cela qu’un sourire maladroit. Lou soupira lourdement avant d’accepter avec dépit de rester dîner avec les David.
Les échanges ne furent ni particulièrement joyeux ni froids. On avait seulement instauré une distance pour se protéger le coeur, pour ne pas se perdre en pleurs et se disperser en étreintes. Finalement, après ce cessez-le-feu, on reprit la conversation précédente. Lou et Velvel expliquèrent les conditions dans lesquels elles accepteraient de leur montrer. Et finalement, ils parvinrent à s’accorder. La mère et la soeur remontèrent et Velvel ferma derrière elles.
Une fois descendue, il ne lui resta plus qu’à retirer ses vêtements sous l’air inquiet de son père qui n’arrêtait pas de leur demander si elles n’avaient pas froid, ajoutant qu’elles allaient tomber malade.
Elles rirent tout bas avant de se concentrer.
Ce soir-là le père haleta brusquement et s’assit par terre, sous le choc. Il resta plusieurs minutes dans la même position à fixer les deux louves apparues devant lui, dans un fracas d’os et de poils. Sa femme rouspétera le lendemain matin quand elle passera le balais. “Vous auriez dû aller faire ça dehors, franchement !” dira-t-elle même. Mais à cet instant, tout ce qu’il voyait défiait son imagination. Il avait bien entendu les légendes, lu divers contes.
Ce ne fut que lorsque la louve au yeux verts vint en jappant poser son museau contre sa cuisse qu’il se mit à sangloter.
Le petit chaperon rouge aussi avait pleuré à chaudes larmes quand elle avait comprit qu’elle avait tué sa grand-mère. Alors elle glapit à ses côtés.
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heureatelier · 4 years
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À l’ heure de la transition #2 Phaéton met le monde en danger !
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Détail du char du soleil, fresque du plafond, 1575, Sala del Mappamondo,Villa Farnèse, Caprarolo
Pourquoi le soleil effectue-t-il chaque jour le même chemin : lever à l’est, coucher à l’ouest et à son zénith à midi ? Avant que les astronomes ne nous l’expliquent, les Grecs avaient imaginé une histoire : chaque matin le dieu du soleil, Hélios, mettait en route un char tiré par un attelage de chevaux fougueux et parcourait le ciel en traînant derrière lui le soleil de manière à éclairer la terre et à la réchauffer de façon graduelle et modérée. Le dieu partait chaque matin de chez lui et y revenait chaque soir et le chemin suivi dans le ciel était toujours le même puisque délimité par les constellations. 
Phaéton, fils d’Hélios est persuadé qu’il pourrait accomplir cette tâche et supplie son père de lui laisser conduire, au moins une fois, le char du soleil. Hélios le met en garde : les chevaux sont difficiles à maintenir parce qu’ils doivent s’élancer avec force pour faire monter le soleil et tourner ensuite à hauteur du pôle Nord, en évitant la petite ourse et la grande ourse. Par ailleurs, il ne faut ni aller trop haut pour ne pas mettre le feu au toit du ciel, ni trop bas pour ne pas donner trop de chaleur à la terre. Il finit néanmoins par céder et un matin, c’est Phaéton qui met en route l’attelage. 
Très vite les chevaux sentent que les rênes ne sont pas tenues aussi fermement que d’habitude et ils prennent des libertés : le char oscille, des constellations sont percutées. Pris de panique Phaéton lâche les rênes. Les chevaux s’élancent dans les hauteurs et les surfaces glacées du pôle se mettent à fondre (inondations), le ciel tout entier s’embrase ! Les chevaux paniquent à leur tour et plongent vers la terre dont les lieux plus élevés s’entrouvrent, se fendent et se dessèchent (déserts). Les flammes réduisent en cendres des territoires entiers. Les forêts brûlent ainsi que les montagnes (volcans). Le monde entier est en feu, l’eau s’évapore en buée et les chevaux continuent leur course folle! Hélios est désespéré et appelle à l’aide Zeus, le chef de tous les dieux. Ne voyant pas comment faire autrement, il lance sa foudre sur l’attelage : les chevaux s’échappent mais Phaéton meurt, précipité dans un fleuve en Italie.
On dit aussi de cette catastrophe qu’elle serait à l’origine de la Voie Lactée, la multitude d’étoiles provenant des cendres de l’incendie. Si le coeur vous en dit, cette vidéo, contes de l’univers du site « sciencestube » :
youtube
De très nombreux artistes ont été inspirés par cette histoire qui permet effectivement beaucoup d’effets de lumière et de mouvement et qui comporte beaucoup de charge émotionnelle. Vous pouvez en découvrir certains exemples en fin de billet.
Pistes de réflexion et … d’ inspiration
L’audace, la surestimation de ses forces et la sous estimation des dangers sont les ressorts de l’histoire de Phaéton, comme ceux d’ailleurs de la fin tragique d’Icare, lui aussi attiré irrésistiblement par le soleil et oubliant les mises en garde et les conseils de son père!
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Auguste Rodin, Icare et Phaeton, vers 1880, Musée Rodin, Paris 
La mythologie grecque condamne l’audace des hommes ! Elle appelle ça l’hubris qui veut dire en grec, l’orgueil et elle le considère comme une faute nécessitant l’intervention de Némésis, déesse de la vengeance ! Fille de la nuit, elle est la personnification de la vengeance divine qui s’exerce contre les hommes qui essaient d’échapper à leur destin ! La mythologie grecque prône la tempérance et la modération en toutes choses !
Dans nos sociétés au contraire, on estime l’audace, l’esprit d’entreprise, l’innovation technique, le progrès… En témoignent les adages « la chance sourit aux audacieux », « qui ne tente rien n’a rien »…
La science et le progrès seraient-ils devenus pour nous aujourd’hui, le soleil qui attire irrésistiblement les hommes en dépit des mises en garde et des conseils ?
On peut y réfléchir et donner à voir artistiquement des progrès scientifiques qui associent des effets positifs et négatifs.
On peut inversement visualiser un mal pouvant déboucher sur un bien : on peut penser au coronavirus qui nous cloue chez nous aujourd’hui mais qui met en évidence l’importance de toute une série de métiers (médecins, infirmiers, ambulanciers, brancardiers mais aussi camionneurs, magasiniers, caissiers, chauffeurs de bus, trains, métros, éboueurs…). Si cela pouvait déboucher sur une société plus solidaire et respectueuse de l’importance du rôle de chacun, ce serait un bien après un mal. 
On peut représenter la période de confinement que nous vivons par des rues, cafés, restaurants vides, par des gens aux fenêtres, par des gens se déplaçant en masques. On peut représenter l’univers des gens qui soignent ou des gens qui en aident d’autres…
La responsabilité est aussi au cœur de l’histoire de Phaéton. 
Icare n’a mis en danger que lui. Phaéton a mis en danger le monde entier ! A chaque fois que quelque chose de grave se produit, la question se pose : qui est responsable ? Cela rassure : cela n’arrivera plus puisque Phaéton est mort et que son histoire servira de leçon : c’était un inconscient, nous, nous ne le sommes pas, donc, il n’y a pas de danger ! Comme dans l’enfance : »ce n’est pas moi, c’est lui » ! Bien souvent, nous ne sommes pas responsables des événements qui se produisent ! Nous ne sommes pas responsables des évolutions dangereuses du monde à cause notamment du réchauffement climatique. C’est le système dans lequel on est né qui en est responsable. Notre société du profit a délocalisé les fabrications de tout ce dont nous avions besoin parce que c’était moins cher au loin, obligeant des déplacements longs et coûteux qui contribuent à la pollution et, nous rendant démunis, quand tout à coup, ces déplacements doivent s’interrompre, comme c’est le cas aujourd’hui. Mais nous pouvons en tirer des leçons.
Confinés chez nous, saisirons-nous l’occasion de «voyager» en pensée, de rêver à de (futures) réalisations artistiques ? 
On peut donner à voir toutes les merveilles de la nature telles qu’elles sont encore et donner à voir aussi tous les dangers auxquels elles sont confrontées : 
les glaciers, les banquises, les grands espaces enneigés, les tempêtes de neige, les icebergs, les ours polaires, pingouins, phoques… et la menace de la fonte des glaciers, les inondations, la hausse du niveau des mers, la disparition de l’ours polaire : tout est lié : pour se nourrir, après la période d’hibernation, il a besoin de poissons. L’eau se réchauffant et s’acidifiant, il y en a moins. Mais il a aussi besoin d’icebergs pour se reposer entre deux plongées et ... ils fondent. 
les magnifiques paysages de montagnes, les prouesses des alpinistes mais aussi la menace de la pollution par un tourisme excessif et la menace de l’effritement des sommets : avant protégée par une épaisse couche de glace qui maintenant s’amenuise, la roche perd de sa cohérence ! 
la mer, ses attraits, ses poissons…, ses bateaux, ses plages… et ses menaces : trop haute, elle érode le littoral qui a déjà reculé de centaines de mètres sur les côtes anglaises notamment, trop basse, elle s’assèche, comme la mer d’Aral en Russie, privant ainsi tous les pécheurs kazakhs de leur travail ! C’est l’irrigation des cultures en amont, côté russe, qui avait mis à sec les fleuves qui l’alimentaient : pour nourrir en amont, on a mis à mal les ressources en aval, !Tout se tient ! Mais aujourd’hui, grâce à un barrage séparant la mer en deux, l’eau revient côté kazakh redonnant espoir aux pécheurs ! 
les forêts, poumons de la terre, habitats de quantité d’espèces animales, nous fournissant une matière première renouvelable, le bois et l’occasion de magnifiques promenades et menacée par la multiplication des incendies et par l’activité humaine : on déforeste pour dégager des terres cultivables. Les populations augmentent et il faut chercher à les nourrir ! Tout se tient ! 
les déserts avec leurs décors de mer de sable, de dunes se formant, se déformant, se déplaçant au gré des caprices du vent, les tempêtes de sable, les chameaux, dromadaires, les palmiers, les cyprès, cèdres… et le danger qu’ils représentent en s’étendant rendant plus difficile l’activité humaine antérieure. En débordant sur une partie du Saël, le Sahara y a fait disparaître l’élevage de bovins et les pâturages qui allaient avec. Les habitants ont commencé la culture du millet qui, après récolte, fixe moins bien la terre que les pâturages et la région est ainsi plus facilement envahie par le sable ! En s’adaptant les hommes ont aggravé le phénomène mais ils devaient bien se nourrir ! Tout se tient !
D’ailleurs, Les peintures rupestres, vieilles de 10 000 ans, du parc culturel de Tassili, en Algérie, rappellent que le Sahara était, à cette époque, une contrée fertile et verdoyante ! Phaéton serait-il passé par là ?
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Illizi, une des 15 000 gravures et peintures rupestres du parc de Tassili
Quelques exemples d’œuvres relatives à Phaéton : 
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Pierre Paul Rubens, La Chute de Phaéton / Huile sur toile, vers 1604 / 1605
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Hendrick Goltzius la chute de Phaéton, gravure.
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Peintures d’Odilon Redon sur Phaeton
À bientôt
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Acte d’abstinence
Reprenons où l’Histoire s’était arrêtée. Une chute vertigineuse vers les Enfers. Un chemin de Croix à travers celui-ci et enfin, le retour aux Ruines.
Si la forêt sous le dôme n’a connu que l’hiver durant de longues années, elle n’en a pas, pour autant, oublié l’envie de goûter à nouveau au tendre soleil de l’été.
Ainsi, après sa sortie des enfers, la Princesse admira longuement la triste déchéance qu’était devenu son château de Coeur. Tombé, comme tant de cartes : éparpillé aux quatre vents. Plus d’abri, rien qui ne puisse la protéger des prédateurs obscurs rodant tout autour, dans l’ombre glaciale des arbres dénudés.
Pourtant, ce fut la première fois qu’ils ne l’attaquèrent pas. Habillée de sa peau de Louve, elle menaçait chaque monstre; chaque patte longue et noire qui serait venue enserrer son cou, chaque main immonde qui aurait tenté de la plaquer au sol. Cette vie sauvage ne dura que peu de temps. Dormant à même les décombres de son monde, la Louve reprenait ses forces, celles épuisées lors de son dernier séjour dans les enfers. Chaque jour, elle s’en allait chercher les pierres manquantes, regroupant son Coeur en un petit tas informe qui lui fit bientôt un cabanon où elle fut seule à pouvoir résider, se protégeant de la neige éternelle et du froid rigoureux qui sévissait et n’avait, semble-t-il, jamais cessé d’exister autour d’elle.
Durant ses courtes absences, le Funambule veillait à allumer un feu, qu’il se devait de rallumer chaque jour tant la Louve n’y prêtait que peu d’attention. Trop occupée à recoller les morceaux, à reconstruire un semblant de domicile pour les gens de sa cour, elle allait et venait, sans jamais s’éloigner bien longtemps. Ce fut aussi la première fois qu’elle alla, seule, s’aventurer près du dôme opalescent. Sans craindre la forêt. Se riant des monstres qui l’habitaient. La Princesse apprit à observer, puis à voir les mondes, ceux se cachant derrière la fine couche de verre.
Parfois, il lui arrivait d’être effrayée et de faire demi-tour pour revenir au plus vite près du gardien des lieux.
« Qu’avez-vous vu, Princesse, qui vous fait ainsi trembler ?», lui demandait-il en toute inquiétude.
Et toujours elle répondait : « il y a une griffe sur le verre. Il va se fissurer. Encore. »
Alors tous deux restaient là, longtemps, sans bouger, craignant que l’orage n’arrive. Attendant que le monde extérieur s’éloigne du dôme ou que le dôme s’éloigne de lui-même. Il ne fallait pas laisser d’intrus entrer. Le château de Coeur n’était pas reconstruit. Pas encore.
Ils prirent peu de temps pour former à nouveau les bases du bâtiment. Les caves, par chance ou non, n’avaient pas été touchées. Une nouvelle s’était même construite en leur absence : enfermant un fantôme rugissant, lui-même ayant fait naître de nouveaux monstres dans la forêt sombre. Mais cette fois, la Louve resta sourde aux coups donnés sur les portes du passé. Elle consolida même les charnières. Ainsi le passé, pour la première fois, pu enfin s’appartenir.
Enfin, le Château reprit des formes quasi identiques à celles d’auparavant. Bancal, toujours : mais debout. Trônant au milieu d’un champ vide, au pied d’un fleuve gelé, encerclé de la forêt maudite, le tout enfermé dans une sphère fragile. La nuit, les mêmes rires tranchants raisonnaient dans les bois. Le vent giflait toujours les pierres humides du palais de Coeur. Rien n’avait changé, outre la Princesse.
Ses pas, d’habitude lents et trainants, résonnaient de jour comme de nuit. Elle dansait. Dedans, dehors, sous les branches funèbres, elle ne cessait plus de danser. Admirant enfin cet univers maléfique qu’elle n’avait jamais cessé de détester, sa prison glacée lui paraissait n’être plus si terrible après avoir goûté aux tréfonds du macabre sous-sol du monde.
Cela ne dura pas longtemps. Le Château, à peine rebâtit, craqua sous un écho venu du lointain. Le dôme s’était fissuré, laissant entrer un nouvel invité. Avait-il lu l’inscription, avant que de pénétrer en ce lieu terrifiant ? Cave amantem, pourtant inscrit en grand, en sang.
Et la Princesse cessa de danser. Son corps tout entier trembla au même rythme que le château. Un parfait inconnu traça son chemin à travers les monstres, étourdis qu’ils étaient par les pas de danses de leur proie.
Aux abords du château se présenta un sourire d’abord, puis l’être tout entier : c’était le chat du Cheshire.
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elorecohlt · 6 years
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35 - Hostilités
A peine arrivé, Al s'est enfermé avec Mina et Face. Hope m'a remplacée, ce qui me semblait logique : bien que je m'entendais plutôt bien avec Mina, je restais celle qui l'envoyais baiser les porcs qui faisaient notre fric et n'étais sans doute pas la mieux placée pour la réconforter. Quand je suis revenue au salon, ceux qui avaient assisté à notre retour m'ont assaillie de questions. Suivant l'ordre de Face, je les ai toutes esquivées et me suis contentée de répéter que Mina s'en sortirait. (De toute façon, je n'étais pas sûre que cela leur importe vraiment. La plupart des types de la Meute méprisaient les filles, ne traînaient avec que pour des coups d'un soir et ils ne faisaient pas exception pour Mina - aussi adorable soit-elle).
Attendre a été difficile. Alors que le soir tombait, les membres rentraient et la rumeur que quelque chose de grave s'était produit se répandait. Je restais imperturbable, passais le temps comme si de rien n'était. Gold, Dog et Steel ont fini par arriver à leur tour et Face, après s'être entretenu avec eux quelques minutes, a refait son apparition.
Un discours - ou du moins une mise à jour face à la situation - s'imposait. Avec une placidité qui, me semblait-il, était moins parfaite qu'à l'accoutumée, Face a rassemblé ceux qui étaient là et les a mis au courant : c'était bel et bien à des membres du Noeud que Mina avait eu affaire. Alors qu'elle racolait, elle s'était fait enlever et avait subi les mutilations que j'avais pu voir de près. - Et Chuck ? Il était pas avec elle ? La question, posée par l'un de ses potes proches, a fait taire les commentaires. Froidement, Face a répliqué : - Ils l'ont descendu. Un silence glaçant s'est abattu sur l'assemblée, avant que des insultes ne jaillissent un peu partout, éclats de colère qui surgissaient comme des foyers d'incendie dans la forêt. J'aurais sans doute dû faire pareil, mais voilà : une partie de moi repensait à la nuit où je m'étais réveillée sur le carrelage et me rappelait que c'était Dog et Chuck qui m'avaient ramenée, avant le blackout. Peut-être qu'il le méritait, alors. Frisson glacé : penser ça, c'était trahir la Meute et pourtant je n'avais pas pu m'en empêcher. J'aurais dû en vouloir au Noeud mais mon esprit refusait de coopérer. Je n'étais pas soulagée de la mort de Chuck mais pas triste non plus, et cet état de fait me nouait l'estomac. - On va faire quoi ? La question a agité notre groupe. Face y a répondu : - On va continuer de faire comme d'habitude et continuer de recruter. Il faut qu'on s'agrandisse, qu'on se fortifie. Qu'on soit prudents aussi, ces chiens ne sont pas à prendre à la légère. Mais ne vous inquiétez pas, on passera à l'offensive quand ce sera le moment. Son ton s'est fait plus dur encore : - Ils crèveront avant que je les laisse nous baiser comme ça une deuxième fois. Le reste de la séance s'est passé dans le chaos. Un peu sonnée, je suis restée sans rien faire jusqu'à ce que Hakeem m'entraîne à l'écart. En me voyant, le visage de mon frère s'est adouci. - Ça va ? J'ai menti : - Ouais. Toi ? - Ça va aller. Tu as pu voir Mina ? - Ouais. Un peu plus bas, j'ai lancé : - J'étais là quand elle est rentrée. - Ah, merde. Son ton peiné m'a filé la gerbe. J'ai grogné : - Regarde moi pas comme ça, putain. Son expression s'est durcie. - ... pardon. D'un seul coup, l'atmosphère du QG m'a paru étouffante. Le coeur battant, j'ai détourné le regard, marmonné que j'allais rentrer. - Tu veux pas la revoir ? - C'est pas ma gosse. Ce n'était qu'une pute, ce n'était qu'un gang. Les mots se répétaient dans ma tête, me donnaient le tournis. Nauséeuse, j'ai quitté le squat avec l'impression de trahir mon clan.
***
Quand j'ai débarqué dans le silence de l'appart, je n'ai eu qu'une envie : entendre la voix de Leïla. Avec une hésitation un peu étrange - mes mains tremblaient et j'avais froid - j'ai saisi le combiné et composé son numéro. Au bout de quelques sonneries, elle a décroché. - Hey. - Raïra, ça va pas ? T'as vu l'heure ??? Elle chuchotait : j'avais dû la surprendre. Comme déconnectée, je me suis demandée où le téléphone de sa maison était situé, et si ses parents l'entendaient. Bizarrement, l'idée ne m'a fait ni chaud ni froid. - ... Raïra ? - Pardon, je... je. J'ai reniflé. Ma sensation de nausée s'était calmée mais le tremblement de mes mains s'était transmis au reste de mon corps. - Tu me manques, Leï. - ... oh. Un silence, à l'autre bout du combiné. Puis elle a repris, plus doucement : - Il s'est passé un truc ? Tu veux que je vienne ? - ... non, non, ça va aller... j'avais... J'ai hésité : même avec elle, c'était dur de se montrer vulnérable. - ... j'avais juste besoin de t'entendre. - Tu es sûre que ça va ? Une envie de lui dire de fermer sa gueule m'a traversée : je détestais qu'elle me presse comme ça. Pourtant je lui ai dit la vérité. - ... pas vraiment, non. Mais je te raconterai, t'inquiète. Ça va déjà mieux, de t'entendre. Un autre bruit, dans le combiné. D'un seul coup, je n'ai plus entendu la respiration de Leïla et - par mimétisme, j'ai retenu la mienne également. Au bout de quelques secondes, elle a repris : - Je vais devoir raccrocher, je pense. Tu veux que je vienne ? - Non, je veux pas te créer de problèmes. Mais Leï ? - Oui ? - Je t'aime. - Moi aussi. Elle a repris, d'une voix un peu étranglée : - Et putain, Raïra... j'espère vraiment que tu t'es pas attirée trop d'ennuis. Sur ce juron qui lui ressemblait si peu, elle a raccroché.
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lovelyneptune · 4 years
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1. les mains froides.
un soir de septembre. je m’en rappelle comme d’hier. Il faisait beau et derrière ce comptoir malgré la nuit tombante ton sourire est tout ce que j’ai vu, il illuminait tout sur son passage.
D’une tel vitalité. Ai-je même rencontrer quelqu’un de vivant avant toi? Ai-je déjà lâché prise avant toi?
avant toi, avant toi... c’était quoi avant toi?
Quand j’y pense c’est comme si je vivais en noir et blanc et que tu avais renversé un mélange de peinture là dedans, débordant de couleur.
Au bords de l’angoisse, à bout de souffle on tenait mieux, personne n’a compris comme tu l’as fais. Personne ne l’a vécu comme toi, tu as rallumé la lumière me donnant cette rage de vivre sans jamais m’arrêter.
un soir d’octobre, glacées par le froid, nos deux corps courant vers un lac bien trop froid avec comme seule mélodie nos éclats de rire.
comme si la folie n’existait pas avant toi.
le premier jour de ma vie sans toi je me lèverai une boule au ventre, la gorge nouée en essayant de réfléchir à quel moment j’ai fauté. mais on sait toutes les deux que ce sera les mots de mon égo, mon âme elle, sait qu’elle n’aurait pas pu soigner tes maux.
après toi, par une soirée où le climat sera doux, où l’été repointera le bout de son nez, le coeur léger j’irai acheté un vin doux, un moelleux parce que je sais que c’est ton préféré.
je marcherai quelques heures pour me trouver à l’aube de cette forêt. dans la nuit, assise dans l’herbe je lèverai mon verre au ciel et je trinquerai avec les étoiles pour toi.
tu me manqueras quelquefois quand au fond de moi il fera noir, tu me manqueras quand dans une foule de gens j’entendrai ton rire.
tu me manqueras quand je serai heureuse dans ma vision de vie qui est à présent tout en couleur.
je suis désolée de n’pas avoir su rallumer le soleil.
garde moi une place pas trop loin de toi, je te laisse partir le coeur léger, je sais que tu as besoin de ça.
fais bon voyage mon poulet, au revoir.
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Souvenir, De Musset :
J'espérais bien pleurer, mais je croyais souffrir
En osant te revoir, place à jamais sacrée,
O la plus chère tombe et la plus ignorée
Où dorme un souvenir !
Que redoutiez-vous donc de cette solitude,
Et pourquoi, mes amis, me preniez-vous la main,
Alors qu'une si douce et si vieille habitude
Me montrait ce chemin ?
Les voilà, ces coteaux, ces bruyères fleuries,
Et ces pas argentins sur le sable muet,
Ces sentiers amoureux, remplis de causeries,
Où son bras m'enlaçait.
Les voilà, ces sapins à la sombre verdure,
Cette gorge profonde aux nonchalants détours,
Ces sauvages amis, dont l'antique murmure
A bercé mes beaux jours.
Les voilà, ces buissons où toute ma jeunesse,
Comme un essaim d'oiseaux, chante au bruit de mes pas.
Lieux charmants, beau désert où passa ma maîtresse,
Ne m'attendiez-vous pas ?
Ah ! laissez-les couler, elles me sont bien chères,
Ces larmes que soulève un coeur encor blessé !
Ne les essuyez pas, laissez sur mes paupières
Ce voile du passé !
Je ne viens point jeter un regret inutile
Dans l'écho de ces bois témoins de mon bonheur.
Fière est cette forêt dans sa beauté tranquille,
Et fier aussi mon coeur.
Que celui-là se livre à des plaintes amères,
Qui s'agenouille et prie au tombeau d'un ami.
Tout respire en ces lieux ; les fleurs des cimetières
Ne poussent point ici.
Voyez ! la lune monte à travers ces ombrages.
Ton regard tremble encor, belle reine des nuits ;
Mais du sombre horizon déjà tu te dégages,
Et tu t'épanouis.
Ainsi de cette terre, humide encor de pluie,
Sortent, sous tes rayons, tous les parfums du jour :
Aussi calme, aussi pur, de mon âme attendrie
Sort mon ancien amour.
Que sont-ils devenus, les chagrins de ma vie ?
Tout ce qui m'a fait vieux est bien loin maintenant ;
Et rien qu'en regardant cette vallée amie
Je redeviens enfant.
O puissance du temps ! ô légères années !
Vous emportez nos pleurs, nos cris et nos regrets ;
Mais la pitié vous prend, et sur nos fleurs fanées
Vous ne marchez jamais.
Tout mon coeur te bénit, bonté consolatrice !
Je n'aurais jamais cru que l'on pût tant souffrir
D'une telle blessure, et que sa cicatrice
Fût si douce à sentir.
Loin de moi les vains mots, les frivoles pensées,
Des vulgaires douleurs linceul accoutumé,
Que viennent étaler sur leurs amours passées
Ceux qui n'ont point aimé !
Dante, pourquoi dis-tu qu'il n'est pire misère
Qu'un souvenir heureux dans les jours de douleur ?
Quel chagrin t'a dicté cette parole amère,
Cette offense au malheur ?
En est-il donc moins vrai que la lumière existe,
Et faut-il l'oublier du moment qu'il fait nuit ?
Est-ce bien toi, grande âme immortellement triste,
Est-ce toi qui l'as dit ?
Non, par ce pur flambeau dont la splendeur m'éclaire,
Ce blasphème vanté ne vient pas de ton coeur.
Un souvenir heureux est peut-être sur terre
Plus vrai que le bonheur.
Eh quoi ! l'infortuné qui trouve une étincelle
Dans la cendre brûlante où dorment ses ennuis,
Qui saisit cette flamme et qui fixe sur elle
Ses regards éblouis ;
Dans ce passé perdu quand son âme se noie,
Sur ce miroir brisé lorsqu'il rêve en pleurant,
Tu lui dis qu'il se trompe, et que sa faible joie
N'est qu'un affreux tourment !
Et c'est à ta Françoise, à ton ange de gloire,
Que tu pouvais donner ces mots à prononcer,
Elle qui s'interrompt, pour conter son histoire,
D'un éternel baiser !
Qu'est-ce donc, juste Dieu, que la pensée humaine,
Et qui pourra jamais aimer la vérité,
S'il n'est joie ou douleur si juste et si certaine
Dont quelqu'un n'ait douté ?
Comment vivez-vous donc, étranges créatures ?
Vous riez, vous chantez, vous marchez à grands pas ;
Le ciel et sa beauté, le monde et ses souillures
Ne vous dérangent pas ;
Mais, lorsque par hasard le destin vous ramène
Vers quelque monument d'un amour oublié,
Ce caillou vous arrête, et cela vous fait peine
Qu'il vous heurte le pied.
Et vous criez alors que la vie est un songe ;
Vous vous tordez les bras comme en vous réveillant,
Et vous trouvez fâcheux qu'un si joyeux mensonge
Ne dure qu'un instant.
Malheureux ! cet instant où votre âme engourdie
A secoué les fers qu'elle traîne ici-bas,
Ce fugitif instant fut toute votre vie ;
Ne le regrettez pas !
Regrettez la torpeur qui vous cloue à la terre,
Vos agitations dans la fange et le sang,
Vos nuits sans espérance et vos jours sans lumière :
C'est là qu'est le néant !
Mais que vous revient-il de vos froides doctrines ?
Que demandent au ciel ces regrets inconstants
Que vous allez semant sur vos propres ruines,
A chaque pas du Temps ?
Oui, sans doute, tout meurt ; ce monde est un grand rêve,
Et le peu de bonheur qui nous vient en chemin,
Nous n'avons pas plus tôt ce roseau dans la main,
Que le vent nous l'enlève.
Oui, les premiers baisers, oui, les premiers serments
Que deux êtres mortels échangèrent sur terre,
Ce fut au pied d'un arbre effeuillé par les vents,
Sur un roc en poussière.
Ils prirent à témoin de leur joie éphémère
Un ciel toujours voilé qui change à tout moment,
Et des astres sans nom que leur propre lumière
Dévore incessamment.
Tout mourait autour d'eux, l'oiseau dans le feuillage,
La fleur entre leurs mains, l'insecte sous leurs pieds,
La source desséchée où vacillait l'image
De leurs traits oubliés ;
Et sur tous ces débris joignant leurs mains d'argile,
Etourdis des éclairs d'un instant de plaisir,
Ils croyaient échapper à cet être immobile
Qui regarde mourir !
Insensés ! dit le sage. Heureux dit le poète.
Et quels tristes amours as-tu donc dans le coeur,
Si le bruit du torrent te trouble et t'inquiète,
Si le vent te fait peur?
J'ai vu sous le soleil tomber bien d'autres choses
Que les feuilles des bois et l'écume des eaux,
Bien d'autres s'en aller que le parfum des roses
Et le chant des oiseaux.
Mes yeux ont contemplé des objets plus funèbres
Que Juliette morte au fond de son tombeau,
Plus affreux que le toast à l'ange des ténèbres
Porté par Roméo.
J'ai vu ma seule amie, à jamais la plus chère,
Devenue elle-même un sépulcre blanchi,
Une tombe vivante où flottait la poussière
De notre mort chéri,
De notre pauvre amour, que, dans la nuit profonde,
Nous avions sur nos coeurs si doucement bercé !
C'était plus qu'une vie, hélas ! c'était un monde
Qui s'était effacé !
Oui, jeune et belle encor, plus belle, osait-on dire,
Je l'ai vue, et ses yeux brillaient comme autrefois.
Ses lèvres s'entr'ouvraient, et c'était un sourire,
Et c'était une voix ;
Mais non plus cette voix, non plus ce doux langage,
Ces regards adorés dans les miens confondus ;
Mon coeur, encor plein d'elle, errait sur son visage,
Et ne la trouvait plus.
Et pourtant j'aurais pu marcher alors vers elle,
Entourer de mes bras ce sein vide et glacé,
Et j'aurais pu crier : " Qu'as-tu fait, infidèle,
Qu'as-tu fait du passé? "
Mais non : il me semblait qu'une femme inconnue
Avait pris par hasard cette voix et ces yeux ;
Et je laissai passer cette froide statue
En regardant les cieux.
Eh bien ! ce fut sans doute une horrible misère
Que ce riant adieu d'un être inanimé.
Eh bien ! qu'importe encore ? O nature! ô ma mère !
En ai-je moins aimé?
La foudre maintenant peut tomber sur ma tête :
Jamais ce souvenir ne peut m'être arraché !
Comme le matelot brisé par la tempête,
Je m'y tiens attaché.
Je ne veux rien savoir, ni si les champs fleurissent;
Ni ce qu'il adviendra du simulacre humain,
Ni si ces vastes cieux éclaireront demain
Ce qu'ils ensevelissent.
Je me dis seulement : " À cette heure, en ce lieu,
Un jour, je fus aimé, j'aimais, elle était belle. "
J'enfouis ce trésor dans mon âme immortelle,
Et je l'emporte à Dieu !
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meltazar · 5 years
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La plage ressemble à une crêpe. Comme la vie qui ne ressemble à rien. Je veux dire, elle pourrait ressembler à une crêpe, quelque chose de cuit qui se mange. Dont la rugosité ne serait pas vraiment naturelle, pas vraiment belle comme on trouve belle l'innocence brute d'un cristal, ou les diamants sombres d'un désert brûlé, ou les champignons dévorant le sol. Bref, juste une crêpe. Quelque chose de pas vraiment magique. La crêpe ressemble à une terre brûlée mais personne n'oserait dire que c'est beau.
Je pense à tout ça tandis que je marche, d'un pas excessivement lent, le long des vagues courtes et sans vie de cette plage de Normandie. Une sensation d'infini, aussitôt plombée par le manque d'ampleur. Cette subtilité que tu ne remarques pas vraiment, mais que tu finis par sentir, et qui te pourrit l'âme alors qu'elle cherche désespérément l'envol.
Je marche à petits pas, comme un petit vieux, mon dos me fait mal, je sens que mon corps s'est avachi, il fait des rides comme l'eau qui se meurt à petits coups sur ces plages absurdes où je me rends parfois par manque de souffle.
Tout est plat ici, et silencieux. J'entends le souffle d'une fontaine. J'entends surtout le vent qui te prend toujours en traitre, juste pour t'empêcher de profiter. Les maisons sont vides mais elles friment. Je repense à hier. Je repense à sa main qui guidait la mienne, ses lèvres qui essayaient de me faire rire. Moi qui était comme un sac lourd et elle qui voulait danser. Elle m'avait présenté une copine. Elle était un peu con, mais jolie. Et puis drôle finalement. Elles s'embrassaient devant moi. Elles entrainaient ma main. Il était un peu tard, on était dans une chambre, j'avais bu un peu trop d'alcool, pris un peu trop de drogues, je n'étais pas sûr de pouvoir bander. Et puis j'étais fatigué. J'aurais voulu être joyeux. Juste me glisser entre elles et laisser la nuit nous emmener. J'aurais voulu qu'il n'y ait pas de lendemain.
C'est bizarre, la morosité. Elle te prend comme la mer grise te glace au matin quand le soleil se refuse à percer. Tu sens juste le froid et tous ces courants pénibles. Tu pourrais être ailleurs et tu es pourtant là. Tu te mets au diapason de l'air. Être triste n'a pas plus de sens qu'être gai. Mais c'est comme un abandon. Tu sais, comme les enfants qui boudent et qui, à la fin, ne savent plus pourquoi ils se sont mis en retrait. Ils sont comme prisonniers. Et ils deviennent la proie de l'air. L'air froid se glisse comme un sommeil. Je n'ai envie de penser à rien ce matin. J'ai envie d'être seul. J'ai envie de fuir. En fait je n'ai envie de rien. Je me fuis moi-même. C'est étrange, cette mélancolie du lieu. Cette hypnose de l'effacement. C'est comme une symbiose, comme se fondre dans une peinture, c'est redevenir essence. Hier soir elle m'a dit : tu ne veux pas venir avec nous ? Tu ne veux pas vivre avec moi ? Tu ne veux pas m'accepter ? Elle était belle et pleine de vie. Elle ne demandait pas grand chose. Et j'aurais pu flotter un peu avec elle, juste profiter de son corps, de son don, du chemin léger qu'elle traçait. Elle ne disait plus rien, elle écoutait juste le vent, là dehors, sur la terrasse. Mais je voyais cet éclat triste, à peine perceptible, dans le noir de ses yeux. La nuit finissait. Déjà nous reprenions forme. Comme les démons d'un autre jour. Comme des fantômes réveillés par surprise. Qui se seraient échappés du brouillard mais qui n'auraient pas droit à la clarté de la nuit. Tu t'échappes mais tu sais que tu n'y as pas droit. Tu sais que le rêve est interdit. Tu sais que le temps reprend son cours au matin et qu'il est  vain de se laisser aller. Tu la vois comme le démon. La robe rouge, qui ressemble à la mort. Pareille à la drogue qui te donne des ailes mais que tu maudis en même temps. Parce que s'abandonner à ses pulsions, ça veut dire le chaos, ça veut dire décrocher de la vie. Parce que les pulsions sont sans lendemain. Parce que se laisser aller c'est mal. C'est dangereux. C'est une fuite.
Je marche ce matin sur le sable gris devant un soleil gris que voilent les nuages. Je me dis que je reprends pied. Ça me rassure tout ce gris. Je me dis qu'on ne peut pas vivre sans règles. Que l'on ne peut pas faire confiance à son coeur. Parce qu'il nous entraine dans des milliers de directions. Il est dans sa nature de se perdre.
Ce matin, j'oublie la nuit et ses étoiles chaudes. J'oublie le rêve qu'elle m'a chanté. Je la fuis comme on fuit un monstre. Et j'essaie de mettre des couleurs dans ce gris. Je me dis que le temps est mon pire ennemi. Je me demande : et si hier soir j'avais appris que c'était ma dernière nuit ? Est-ce que j'aurais pris sa main ? Est-ce que j'aurais laissé mon corps voler sa scandaleuse faim de sensations ? Est-ce que j'aurais osé l'inutile, le dangereux, le futile, le ridicule sans lendemain ?
On m'a toujours appris à craindre le démon. Le génie qui te propose d'exaucer tous tes rêves. On m'a appris que combler ses désirs c'était tuer le désir. On m'a appris que les démons ne voulaient pas mon bien, juste mon âme. Leur succomber c'est s'aliéner à leurs chimères. Succomber à la drogue c'est devenir son esclave. C'est perdre toute structure. On se construit contre ses désirs premiers. On se construit par la transcendance.C'est à dire en faisant un effort. Un pas en avant. Sortir de notre algorithme. S'échapper du reflet de Narcisse. On a besoin d'un obstacle pour grandir. Parce que si on ne grandit pas, alors on est rattrapé par la mélancolie de ceux dont l'âme n'a plus de consistance. Dont l'âme ressemble à un lac, avec ses flous et ses ombres.
Au fond je n'en sais rien. Je marche. Je laisse le vent glacé restructurer mon corps. J'oublie les visages d'hier. Les mains entrelacées. Les soupirs aux étoiles des esprits vagabonds.
J'oublie mes branches, mes racines flottantes. J'oublie cet espoir de voir le temps disparaître comme une chanson. J'oublie d'oublier le temps et de m'en remettre au vent.
J'oublie les fées qui m'entrainaient. Les fées qui s'en foutaient. Mais qui sont aussi fragiles que ces arbres qu'on abat. Je songe au silence des arbres. A leur chant insouciant. A la brise entêtante qui les traverse et les anime.
Et je pense à l'immense langueur de la forêt. Je vois ce que l'on construit dans une vie, et je vois la forêt. Elle dont on dit que, à la fin des fins, quand les civilisations seront mortes, elle reprendra ses droits. Elle effacera nos stigmates. Elle sera ce poumon et nous serons fantômes.
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keyukee · 5 years
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à l’orée de cet hiver gelé, je sais pas ce qu’il reste de moi
cette année le vent était violent, un peu malveillant. à la lisière de la forêt et de ses habitants dénudés, j’avais trop peu de force pour résister. pour te résister?
malgré l’odeur de l’été et la venue d'une certaine sérénité, mon coeur ne s’est pas résigné. j’ai envie de te tenir, t’appartenir, j’aurais pas dû te laisser partir.
alors même si cet azur prend sa place dans les cieux; et qu’à l’aube les oiseaux chantent cet air chaleureux, de ce bleu mon coeur demeure tinté j’ai toujours pas pansé mes plaies.
alors même si l’ouragan a cessé de souffler, il avait déjà tout emporté. pourtant, à tes côtés, j’avais réappris à respirer.
à l’orée de cet hiver glacé, qu’est-ce qu’il me reste de toi?
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charlesbaudelr-blog · 7 years
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Chant d’automne
I Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres Le bois retentissant sur le pavé des cours. Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère, Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé. J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ; L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. Mon esprit est pareil à la tour qui succombe Sous les coups du bélier infatigable et lourd. Il me semble, bercé par ce choc monotone, Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. Pour qui ? - C'était hier l'été ; voici l'automne ! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ. II J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre, Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer, Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre, Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer. Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! soyez mère, Même pour un ingrat, même pour un méchant ; Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant. Courte tâche ! La tombe attend ; elle est avide ! Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux, Goûter, en regrettant l'été blanc et torride, De l'arrière-saison le rayon jaune et doux ! — Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
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L’abbaye dans une forêt de chênes, Caspar David Friedrich, 1810
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tiredlittleoldme · 5 years
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La sorcière
Il n’avait jamais été très sportif. Maintenant, il regrettait de ne pas s’être maintenu en forme. Ses poumons étaient en flammes, son coeur semblait vouloir exploser dans sa poitrine et il ne sentait plus ses jambes. Il ne savait pas depuis combien de temps il courrait.
Il entendait ses poursuivants crier plus loin et il avait l’impression que quoi qu’il fasse, ils ne faisaient que se rapprocher. C’était pourtant des gens de la ville. Il n’aurait jamais pensé qu’ils soient capables de le trouver et de le chasser en pleine forêt.
Il buta contre une racine et s’étala de tout son long dans un mélange de terre et de feuilles. Il rampa contre un tronc et s’y appuya un moment, tâchant de reprendre son souffle. Il y eut un moment de calme, presque paisible, pendant lequel il entendit de l’eau couler en contrebas.
Assoiffé et sachant qu’il ne pouvait pas rester en place, il descendit aussi vite qu’il le put la pente raide. Il glissa une nouvelle fois, mais au lieu de se laisser tomber en arrière, il se propulsa en avant, ayant plus peur de ses poursuivants que d’une chute. Il s’étala la tête la première dans un ruisseau large, mais heureusement peu profond. Ce n’est qu’en sentant le sang pulser dans son crâne et en voyant un liquide rouge se mêler à l’eau qu’il réalisa qu’il avait dû se blesser, même s’il n’avait pas la moindre idée de quand. Il essuya son front de la main, secouant la tête, essayant vainement de se remettre les idées en place.
Il savait, sentait, qu’il allait mourir. Il y avait tant de choses qu’il aurait voulu faire! Il n’était même jamais tombé amoureux...
La rivière était glacée et le froid commença à engourdir ses membres. Son souffle se coupa et un mélange d’eau et de sang commença à couler dans son oeil gauche. Il l’essuya du revers de sa manche, y étalant de la boue. Il se releva avec difficulté et marcha lentement vers l’autre côté. Le courant n’était pas fort, mais il glissa néanmoins. Se remettant debout, il arriva enfin au bord et se remit à courir, malgré ses jambes endolories et ses poumons douloureux. Il fallait qu’il continue, qu’il leur échappe, qu’il aille plus loin. À travers les arbres, il aperçut une maisonnette. C’était reculé et une chance. Il devait se reposer. Il avait perdu la notion du temps et ne savait pas depuis combien de temps il tentait de leur échapper. La simple cabane était dans une très petite clairière et il s’approcha, ne s’attendant pas à rencontrer qui que ce soit. Il était dans des bois profonds. Sa propre planque était déjà bien reculé par rapport à la route principale, mais il n’y avait strictement rien d’autre ici, même pas un sentier de randonnée. Il entrait dans la clairière quand quelqu’un sortit de la cabane. Leurs regards se croisèrent. Il regarda cette apparition, frappé au coeur et tomba sur les genoux. Il avait, à quelques mètres de lui, la plus belle femme qu’il ait jamais vu. Un halo blanc semblait l’entourer et elle portait une robe de la même couleur, contrastant avec ses cheveux de feu. Elle le regardait avec surprise et tout ce qu’il put lui dire fut cette toute nouvelle vérité.
-Je vous aime.
Ses yeux se révulsèrent et il tomba en avant. La dernière chose qu’il entendit fut sa voix.
-Oh, non, pas encore.
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arcanes-ouvertes · 6 years
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Nous sommes déjà en avril (où sont passés les trois premiers mois de l’année ?), ce qui signifie…
Premier bilan du  Challenge voix d’autrices 2018 !
Déjà premier point, et première nouveauté : cette année, j’ai essayé d’étendre un peu plus ce challenge et d’avoir de l’organisation. Grâce au forum de Livraddict et aux chouettes lecteurs et lectrices qui s’y trouvent, nous somme 21 participants enregistrés, avec la promesse de faire de belles découvertes.
Merci donc à Setsuka, Chrisbookine, Fried, lanoenzo, Darkness Turns Me On, el_dorado_books, ilonaisreading, ElsaV, cocolanoix, L’Ourse bibliophile, RedPanda, La Sorcière des mot, Googi, BooksandTea, Froggy80, Salyna, Aelamuj, Parmilesrecits, Lyne de St Louys et Un Dino qui lit qui se sont joints à l’aventure. Je vous ferai un bilan général très prochainement !
Cette année, je suis partie sur 50 catégories à compléter.
Comme les années précédentes, je commence l’année sans trop me poser de contraintes sur mes lectures, ce qui veut dire que le challenge avance doucement mais lentement. Alors qu’est-ce que ça donne ?.
De janvier à mars, j’ai lu et aimé :
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Des Femmes savantes
La Forêt des coeurs glacés
Profession crocodile
L’Atelier des sorciers
La Lune est à nous
Shades of Magic
Les règles… quelle aventure !
Marie et Bronia : le pacte des soeurs
Le Problème avec les femmes
L’aube sera grandiose
Wells & Wong Tome 2 de l’arsenic pour le goûter
Sauveur & Fils Saison 2
♥ un album jeunesse → Profession crocodile, Giovanna Zoboli, Mariachiara di Giorgio
♥ un roman historique → Marie et Bronia : le pacte des deux soeurs, Natacha Henri
♥ un conte détourné → La Forêt des coeurs glacés, Anne Ursu
♥ un roman écrit à la première personne → De l’arsenic pour le goûter, Robin Stevens
♥ un roman de fantasy  → Shade of Magic, Victoria A. Schwab
♥ une nouvelle / un recueil de nouvelles → Des Femmes savantes, Chloé Savoie-Bernard
♥ un manga → L’Ateliers des sorciers Tome 1, Shirahama Kamome
♥ une bande dessinée → Le Problème avec les femmes, Jacky Fleming
♥ un documentaire → Les règles… quelle aventure !, Élise Thiebaut, Mirion Malle
♥ un roman avec un personnage LGBT+  La Lune est à nous, Cindy Van Wilder
♥ une autrice francophone → Sauveur et Fils Saison 2, Marie-Aude Murail
♥ un roman / une autrice ayant reçu un prix → L’Aube sera grandiose, Anne-Laure Bondoux
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C’est donc sur un 12/50 que s’achève ce premier trimestre de lecture
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Dans le tas, il y a de bonnes découvertes et de gros coups de coeur ! (Comme toujours les titres soulignés renvoient vers les liens de mes critiques.)
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(Et si le challenge vous intéresse, n’hésitez pas, il n’y a pas de date limite pour commencer. Toutes les lectures finies depuis le début d’année peuvent être comptabilisées 🙂 )
Pour rappel, vous trouverez la liste du challenge ici :
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  Challenge voix d’autrices 2018 – Premier Bilan ! Nous sommes déjà en avril (où sont passés les trois premiers mois de l'année ?), ce qui signifie...
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