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#mais j'ai quelque peu envie de le tuer parfois
claudehenrion · 1 year
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Bloguer, re-bloguer... débloquer... Et si on repartait pour un tour ?
J'ai vécu l'arrêt de mes rubriques quotidiennes comme une punition. D'abord parce que je préfère échanger des idées avec vous, Amis-lecteurs, plutôt que de ronger mon chagrin dans mon coin... Ensuite parce que cet arrêt me donnait l'impression de re-tuer ma chère Evelyne chaque jour, en annulant un par un tous ses comptes, ses abonnements, ses inscriptions... tout le petit univers d'activités sympathiques qu'elle avait tressé autour d'elle... Et passer mes jours à étaler le contenu de son sac-à-main et de son portefeuilles pour satisfaire les grands malades qui font de ''Bercy'' un synonyme de ''cauchemar''. Je mourais à petit feu...
Et enfin, car il ne sert à rien de tourner autour du pot, la situation de et sur notre Terre, depuis une semaine, interdit pratiquement à un ''blogueur'' –c'est-à-dire, en principe, quelqu'un qui aime poser et se poser des questions, ne pas marcher au pas avec les cohortes de ''suivistes'', mettre en doute la parole publique –depuis qu'elle est principalement faite de mensonges, de bourrage de crânes et de désinformation systémique, et regarder par dessus les murs de clôture pour imaginer ce qui s'y cache-- de rester sur l'Aventin et de regarder couler les rivières –qui sont d'ailleurs à sec !
Comme le proverbe affirme que ''à toute chose le malheur est bon'' et comme il est très bien vu, dans notre société, de ''po-si-ti-ver'' ; j'ai réussi à découvrir ou inventer de bonnes raisons de reprendre mes parutions à tendance quotidienne : depuis trois mois, j'ai été constamment étonné, surpris, comblé, etc... par le nombre des ''demandes de reprise'' qui tombent sur mon écran. A lire ceux qui ont la gentillesse de m'écrire : ''Quand nous revenez-vous ?'', on pourrait croire que mes élucubrations présentent quelque intérêt, ce que, par caractère et par éducation, je suis plutôt programmé pour mettre en doute. Passons...
Mais rassurez-vous, mes problèmes de deuil et mon petit orgueil –mal placé, comme il se doit-- ne sont pas les seules raisons pour lesquelles j'ai réellement envie de vous retrouver, cher Amis-lecteurs, pour reprendre avec vous un échange tristement interrompu : c'est le constat permanent, répété, incontournable, que le monde est devenu complètement dingue. Il ne s'agit plus de l'espèce de folie presque douce que nous invoquons ici depuis plus de dix ans et pas loin de 2000 parutions : ''la folie est sortie des asiles''. Nous avons brutalement dégringolé dans un univers où plus rien n'a de sens (à commencer par ce qui est sensé !), où plus rien ne tient, où les mots, les idées, les théories, le informations, les décisions prises et les choix faits –et la science, au tout premier chef-- ont disparu, dans une absence de raison d'être que tout fait croire définitive...
L'an dernier encore, lorsque des lecteurs, un peu décontenancés par certain de mes éditoriaux, me demandaient d'ajouter un peu d'optimisme à mes ''papiers'', je répondais, j'expliquais, je justifiais, j'argumentais. Cette année, après la crise de folie furieuse liée au covid (inqualifiable tant elle était ''à côté de la plaque'', et à l'opposé de tout ce qu'il fallait dire et faire) et après toutes les conneries parfois criminelles qui ont escorté cet épisode, il n'y a plus beaucoup de volontaires pour vouloir me voir plus optimiste… et je n'ai plus rien de sérieux à leur répondre ! Discours, actions, décisions, prises de positions, tout est faux, faussé, absurde, sans queue ni tête, mensonger... quand ce n'est pas pervers, dévoyé, corrompu –contenant et contenu !
Tout semble se passer comme si les mots n'avaient plus aucun sens (ce qui est effectivement le cas : le ''novlangue'' macronien leur fait dire le contraire de ce qu'ils ont toujours signifié), mais –et ça, c'est encore plus grave-- comme si les hommes de pouvoir ne savaient plus que se vautrer à plaisir dans des cloaques de faux raisonnements, de solutions perverses, d'idées insensées et de décisions exactement à l'opposé de tout ce qu'il faudrait, de tout ce qui est souhaitable pour les hommes, de tout ce que l'humanité en perdition attend, souhaite et espère... Les maîtres à penser de l'Occident se complaisent dans leur honte de ce qu'ils sont devenus, dans des analyses erronées et des situations mal présentées. Ils se gargarisent de fausses grandes idées et de méchantes conclusions , toutes mortifères, et se cachent derrière des non-évidences qui ne peuvent mener qu'à des catastrophes...
Un seul exemple suffira à exprimer tout ce que je sous-entends : l'échec total du pouvoir politique les force depuis l'époque maudite de Hollande à chercher des échappatoires, des dérobades, des subterfuges pour attirer l'attention des français sur de faux problèmes –-incapables qu'ils sont de regarder en face les vrais. Le covid, le pouvoir d'achat, les bonnets rouges, les gilets jaunes et d'autres ''proies lâchées pour l'ombre'' ont réussi à faire croire aux naïfs et aux gentils que l'immigration devenue hors-contrôle, la mort programmée de tous les fondements de notre civilisation et la fin de ce qui fut ''LA FRANCE n'étaient pas les seules choses qui comptaient (car tout le reste en découle !). Mais à force de tirer sur la corde, ils sont à court de mirages alternatifs... et ont donc du se rabattre sur --je vous le donne en mille : la punaise de lit, promue Grande cause nationale, psychose collective et seul sujet digne de l'intérêt de la nation ! C'est pitoyable ! Comment n'ont-ils pas honte, d'oser ?
Toute la presse-aux-ordres a été mobilisée, le Gouvernement y passe son temps (vous me direz que tant qu'ils se penchent sur cette connerie XXL, ils arrêtent de nuire partout ailleurs). On crée des commissions, on exerce des ''droits de retrait'' devant le danger... Sont-ils tous devenus fous ?  Car si ces petites bestioles sont vraiment un problème, nos responsables irresponsables ont tout un arsenal à leur disposition. Par exemple, ils pourraient, une fois de plus, nous confiner, fermer les boutiques, nous interdire de nous promener, nous contraindre à rester debout sur les plages, nous forcer à tousser dans notre genou, à mourir tout seuls sans famille... et autres singeries qu'ils ont si bien (si mal serait plus exact) manipulées pour notre plus grand malheur... et la mort de notre économie, de notre liberté et de notre bien-être... Ils pourraient même inventer un soi-disant vaccin dit ''messager'' qui ne ferait rien aux punaises, n'empêcherait pas les grattouilles, ne résoudrait rien... mais serait obligatoire et commandé par milliards d'unités par Ursula von Machin.
Allons ! On a encore de beaux jours devant nous : ce qu'ils ont réussi à imposer une fois sans la moindre justification sérieuse peut resservir, puisqu'ils savent désormais que nous fermons notre gueule et que nous oublions très vite... On peut même se demander si notre passivité coupable ne fait pas que nous méritons peut-être d'être traités comme des ''moins que rien''.
Décidément, et pour peu que la vraie crise moyen-orientale actuelle ne dégénère pas en ''bordel géant'', nous avons, chers Amis-lecteurs, de beaux jours devant nous pour décrypter la nullité malveillante des leaders que nous nous choisissons, contre toute intelligence, élection après élection... Et nous avons de bons blogs, rigolos –mais un peu amers, parfois-- devant nous. Je suis heureux de vous retrouver !
H-Cl.
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a-room-of-my-own · 9 months
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Coucou Tilly ! J'ai une question un peu perso pour un mec hétéro.
J'ai atteint un âge (30) où me faire des amies dans la jeune vingtaine, ce qui m'est arrivé cette dernière année, me fait sentir à la fois une précaution et une responsabilité dans mon rapport à elles (d'autant plus que l'une est lesbienne) et je fais de mon mieux pour être bienveillant sans être étouffant (quoique je suis malade d'inquiétude pour elles, parfois).
Je n'ai aucune envie d'être paternaliste avec elles mais je voudrais être le meilleur ami trentenaire, quand on est une jeune femme d'une vingtaine d'années, possible. Simplement je ne sais pas exactement ce qui serait du meilleur bénéfice de ma part. Je suis passivement complice de leurs rants contre le sexe masculin, j'essaie ça et là de déposer un peu d'analyse critique radfem de sujets de société, après en soi elles n'ont pas besoin de moi pour ça.
Je sais que tu ne peux pas répondre pour elles, d'autant qu'elles sont très différentes, mais ton opinion est souvent pertinente, et je suis curieux de ton opinion.
Merci pour ton blog en tous cas :)
Merci à toi!
Écoute avec les gens qui ont une dizaine/ quinzaine d’année de moins que moi j’agis en gros comme une grande sœur. Par moment j’essaie de glisser des petits conseils et j’accepte de passer éventuellement pour la vieille conne 😂
Le principal c’est de rester dans son âge. Si je suis avec des gens qui ont la vingtaine je peux rigoler avec eux mais je ne me comporte pas comme eux. Et surtout je ne cherche pas leur approbation au sens je ne cherche pas à être « l’adulte cool ».
Je l’ai vu plus jeune en bossant un peu avec des ados, c’est justement le fait de ne pas chercher à faire la jeune qui faisait qu’ils me faisaient confiance. Donc pour toi j’imagine que le mieux que tu puisses faire c’est ce que tu as l’air de déjà faire 😄
Et surtout zéro ambiguïté, mais je pense que tu le sais. Quand bien même ça viendrait d’elles, parce que justement tu te comportes de manière bienveillante et que c’est rare, reste à ta place. Ça peut aussi être un test inconscient « est-ce qu’il est vraiment gentil ou est-ce qu’il cherche juste à se rapprocher de moi pour changer d’attitude à la moindre petite occasion ». On a toutes vécu ça, y compris avec des amis de notre âge qui étaient moins des amis que des mecs qui s’étaient en quelques sort mis sur liste d’attente en attendant que la place se libère.
C’est le plus sûr moyen de tuer une amitié et la confiance qui va avec.
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swedesinstockholm · 7 months
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28 janvier
j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps en écoutant une émission sur l'amnésie traumatique à la radio cet après-midi. surtout au moment où le présentateur a lu un passage du livre de l'intranquillité de fernando pessoa et qu'il parlait de la vitre qui existe entre lui et le monde. à la fin de l'émission une femme a laissé un message pour dire qu'elle aussi s'était mise à pleurer en l'entendant et j'ai recommencé à pleurer à gros sanglots. je pleurais à chaque témoignage dans lequel je me reconnaissais. j'avais trainé le fauteuil de la salle à manger jusque dans la cuisine pour regarder le ciel et les oiseaux plus confortablement et je faisais que pleurer. j'arrivais même pas à manger mon morceau de gâteau marbré. j'ai noté ICV et EMDR sur une liste de courses qui trainait sur la table. j'ai toujours pas rappelé la psy numéro un. ni le dentiste.
hier après-midi alors que je me morfondais sur le canapé j'ai rouvert mon fichier intitulé the show qui est une longue liste de choses à potentiellement intégrer à ma perf et y avait "violette leduc comme youtubeuse". alors je suis allée ouvrir mon dossier violette leduc et je suis tombée sur un passage de la chasse à l'amour dans lequel elle parle de sa fausse tentative de suicide. elle essaie pas vraiment de se tuer, elle se contente de se lamenter sur son sort en se comparant aux murs (qui ont plus de tenue qu'elle) et en se demandant qui la regrettera (le robinet détraqué) comme la drama queen qu'elle était. je me suis sentie un peu réconfortée par ses jérémiades. elle appelle la mort mme verglas. je l'aime tellement. je me reconnais dans ses difficultés à être mais aussi dans son écriture qui est très orale et rythmée. elle rime même dans ce passage. je l'ai lu plusieurs fois à voix haute et ça m'a donné envie d'en faire un truc. peut être que je pourrais l'intégrer à ma perf, comme j'y parlerai de la mort, peut être que je peux inviter violette leduc dedans, la faire dialoguer avec ma mort à moi.
ce matin sur le parking de la forêt j'étais allongée sur le siège arrière de la voiture en attendant que maman et c. finissent leurs étirements, je les entendais vaguement discuter et j'entendais les voitures passer sur la route et j'entendais la voiture d'à côté qui reculait et j'arrivais à être complètement détachée du présent. mais pas dans le sens de la vitre de fernando pessoa. c'était moins négatif. j'entendais le bruit de la voiture qui reculait à côté comme un bruit situé dans le temps, un bruit appartenant à une époque sur le déclin, un bruit qui va bientôt disparaitre, qui aura existé que quelques centaines d'années, à peine, un instant minuscule sur l'échelle des temps géologiques, et moi j'ai existé pendant ce bref intervalle de temps, en même temps que le bruit des voitures. pourquoi?
autres trucs: j'ai regardé beaucoup d'épisodes du podcast de rachel bilson et melinda clarke sur newport beach et je me suis rendu compte que seth cohen me faisait penser à r. ça va mieux ma mélancolie. sans doute parce qu'on a passé la semaine à s'écrire. y a pas de mystère. hier soir en voyant f. avec sa copine (j'évitais soigneusement de les regarder à chaque fois qu'elles se faisaient des câlins) ça me donnait une seule envie: avoir r. à côté de moi. parfois je me demande si la raison pour laquelle j'arrive pas à m'en remettre en fait c'est juste parce que je veux pouvoir prouver à tout le monde que je suis normale et que moi aussi je peux avoir quelqu'un qui m'aime assis à côté de moi. c'est l'idée de notre couple, l'image, le symbole, le message. je voulais être assise à table avec lui et que tout le monde soit charmé par notre relation tendre et complice et notre humour désopilant. rachel bilson aussi elle voulait le couple parfait avec adam brody et ça va faire vingt ans qu'ils se sont séparés et elle s'en est toujours pas remise. peut être que mon obsession adolescente pour newport beach a bousillé mon cerveau.
vazy j'ai encore été interrompue par nul autre que r. ça fait trois heures qu'on s'envoie des chansons et qu'on discute de yacht rock et des subtilités des synthés 80s et qu'il fait son snob ultra plus plus et puis il m'envoie un gros truc de tangerine dream en me demandant j'ai besoin de ton avis à sept minutes t'aimes bien ce passage? i need your take on this et j'avais l'impression qu'il disait ça pour me mettre dans sa poche parce que je vois pas en quoi il aurait besoin de mon avis, mais il sait très bien que j'y suis déjà dans sa poche, et puis pourquoi il voudrait me mettre dans sa poche d'abord?
mais c'est pas de ça que je voulais parler, enfin si je parlais de notre couple parfait à table chez c., de notre magnifique couple par opposition à celui de f. et sa copine s. (je suis un monstre), hétéronormé et bien habillé. hier soir j'avais envie d'avoir l'air le plus classique possible (carré bien propre, pull bleu marine à col montant, pantalon en velours noir, converse. bon c'est juste ma tenue de tous les jours en fait) quand j'ai vu s. j'ai eu cette réaction viscérale de vouloir me démarquer d'elle et de f., de dire je suis au dessus de tout ça moi, je suis sophistiquée, je suis intemporelle, j'ai pas besoin de me faire une coupe mullet arc-en-ciel informe pour être subversive, je suis subtile, et surtout j'ai bon goût. pourquoi je suis comme ça? c'est pour me protéger, protéger mon petit coeur blessé, ou je suis juste trop française? j'avais les mains gelées malgré le feu dans le poêle et la fondue et f. me les a tripotées avec ses mains chaudes jusqu'à ce qu'elle en ait marre. j'ai bien aimé ce petit moment de communication non verbale très doux, je voulais plus que ça s'arrête.
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J'étais pas une adolescente chiante.
J'étais une personne en dépression avec un entourage qui n'avais pas le courage de voir que j'étais sur le point de me tuer.
J'étais juste une personne en dépression
Juste une personne
Une personne.
Et elle a raison Nothomb. Aujourd'hui j'étais malheureuse puis j'ai pensé au suicide et ça m'a rendu un peu plus heureuse.
Et depuis quelques semaines je me rappelle que j'ai des lames de rasoir dans la salle de bain.
Et tout me fait chier, j'ai envie de tout mais j'ai envie de rien.
Et la voix de ma mère m’irrite les oreilles. J'ai envie de la baffer parfois.
Et ouais, ça fait un peu chier d'être toute seule dans cette merde. Tout le monde me dit qu'il est là pour moi mais je vois personne en vrai.
Et ils diront que je suis ingrate mais je m'en fout. J'en ai plus rien à foutre.
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hereornotwhynot · 2 years
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.012 (BROKE ASS ON SOFA)
je suis entrée en thérapie quand je sentais revenir lors des nuits infernales - celles sans surprise - des envies de me tuer. ça m'a pris peut être 6 mois d'oser appeler une association qui mettait en relation des psys qui prenaient en cas bénévoles, des gens comme moi, c'est à dire, vivant sous le seuil de pauvreté.
c'est déjà assez dur de comprendre qu'on est pauvre. au début c'est juste "c'est normal en tant qu'étudiant" puis "en tant qu'artiste" etc. le déclic, en plus des trous dans les vêtements, des murs moisis, des pâtes quotidiennes, des colocations / squat de lits, ça a été l'épicerie sociale. j'y étais allée avec une amie, coloc de l'époque, et je n'y achetais rien. lui disant "mais enfin, c'est pas pour nous". elle a pointé du doigt une affichette sur la porte qui en plusieurs points me prouvaient le contraire. des listes de chiffres non négociable, et donc une catégorie sociale où j'étais inclue. "pauvre".
des relents de mon esprit classiste me glissaient "mais attend, tu peux pas être pauvre et intellectuelle, et diplômée bac +5, etc etc". puis j'achetais de la nourriture à moitié prix dans l'épicerie et je fermais ma gueule.
avoir un ordi, un smartphone ou une psy à qui parler me fuck le cerveau. bien que je le sois, je ne comprends pas la condition pauvre. et quand je rencontre d'autres gens pauvres, je n'arrive pas non plus à leur appliquer. comme si je croyais "qu'être pauvre" était quelque chose d'un autre temps, qui non, ne pouvait pas nous arriver à nous.
non, si on achetait des choses en seconde main, c'était par passion, si on ne chauffait pas, c'était par souci écologique etc. et puis il y a toujours plus pauvre que soi. c'est le truc avec la classe moyenne du bas. on se la ferme, et il y a une fierté surement à ne pas être "tout" en bas. c'est ridicule? je fais cette blague où je dis que je suis une riche coincée dans une vie de pauvre parce que je préfère le parquet mais que dans ma coloc c'est du carrelage premier prix. mais qui aime le carrelage premier prix?
j'ai goûté des trucs très raffinés, j'ai dormi dans des lits plein de cendre. je vois que le soleil est beau pour tout le monde, mais que les meilleurs places sur la plage sont payantes. les choses sont très proches et très lointaines.
et si je suis pauvre et qu'on (ou je) me le répète, comment est ce que ça pourrait changer? est ce que ça doit changer? de quoi est-ce que ce changement dépend? de moi au RSA?
la thérapie même si c'est un peu, il faut la payer. ça fait partie du principe. on vient là de son plein gré, on paie pour soi. mais pour quoi encore.
ça fait presque 1 an que PM me suit, et je constate, que je suis plus calme, plus raisonnée, plus à l'écoute de mes limites. la voir une fois par semaine me pousse aussi �� faire face à ce qui se répète. à ce dont je me plains, mais à quoi je m'accroche. mais aussi à voir, la force dont je fais preuve, le peu de crédit que je m'accorde. il m'arrive parfois de me sentir heureuse, contente, détendue. ce qui n'était pas le cas avant.
j'ai décidé de tout donner directos avec PM. de gratter profond et avec le moins de détours possibles. d'au possible éviter de penser que j'étais ridicule. d'accepter que malgré mon égo, j'étais comme plein d'autres. que pleins d'autres étaient comme moi. qu'il valait mieux se servir de ça plutôt que de s'en offusquer. en gros, de faire confiance au processus de la thérapie. pas pour devenir parfaite. juste pour fonctionner sans me détruire.
les nuits infernales reviennent ponctuellement me tester, car je suis encore pas mal isolée. je les reconnais. parfois je leur cède encore, je cherche dans les mots d'autres mon apaisement, ma libération, mais parfois non. je m'assoie dans elles. je ne lutte pas pour leur fuir, et finalement elles s'estompent.
maintenant, je n'ai plus autant peur de la nuit, mais d'être calme, et de ne jamais réussir à intégrer le monde qui me fait envie. (thérapie chapitre 2)
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idereahellyeah · 2 years
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Quand mon mec a laissé du lave glace sur le parquet de l'entrée, qu'il a coulé et fait gondoler le parquet et que quand je rentre je retrouve le lave glace posé... sur le parquet du salon.
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fallenrazziel · 4 years
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Les Chroniques de Livaï #486 ~ MONDE, JE TE FAIS MES ADIEUX (mai 846) Livaï
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes. 
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Je reste les yeux fixés sur ma fenêtre sombre, à attendre quelque chose que j'ignore. Ma chandelle est réduite à un petit tas de cire fumant dans mon bougeoir et je sais que je vais devoir me lever pour en changer. Pas moyen de pioncer cette nuit, ce qui est pas nouveau. Il doit être minuit passée, et je peux penser à rien d'autre qu'à ce qui nous attend dans quelques jours.
C'est crevant de former ces bleus sans aucune base, et je me rends bien compte que je suis une exception ; devenir explorateur sur le tard sans avoir subi l'entraînement standard des cadets est quasiment impossible. Même s'ils y mettent tous de la bonne volonté, je me doute bien qu'ils seront pas d'une grand aide et que la plupart seront bons qu'à servir d'appâts. Mais ils restent confiants malgré tout...
Je sais pas si je le suis. J'aime pas ce que je peux pas contrôler, et je me remets toujours pas de ce coup de salaud, doublé de ce complot contre nous. Je sens que je vais devoir m'apprêter à supporter des tas de morts vaines contre lesquelles je pourrais rien. Mon esprit se prépare déjà à ces moments, et je crispe les poings en songeant que cela a été prévu par tous ceux qui nous ont collés dans cette merde.
J'ai besoin de marcher. Arpenter les couloirs de l'étage me paraît une bonne idée pour essayer d'évacuer le stress. J'me demande si tout le monde dort... Je me lève de mon fauteuil et vais chercher dans mon tiroir une chandelle neuve. Je débarrasse le bougeoir des restes de l'ancienne et plante le bâton dedans. Je fais craquer une allumette et aussitôt, une lumière palpitante se remet à danser sur les murs de la chambre. J'attrape le bougeoir, ouvre la porte et me retrouve dans le corridor.
Il y a personne, évidemment. La nuit venue, ce couloir est souvent tout à moi. J'y patrouille lentement, en faisant le moins de bruit possible, et parfois, je descends me faire un thé. Mais j'en ai pas envie, là... En fait, la solitude du bâtiment endormi me fout le cafard. J'ai besoin de voir quelqu'un, de parler à quelqu'un qui ne soit pas encore un fantôme. J'avance le long du corridor, ma bougie jetant des ombres mouvantes sur les murs, en quête d'un son inhabituel. Il me semble entendre un sanglot étouffé derrière la façade... Je suis pas sûr, je l'imagine peut-être. A tous les coups, ce sont des rats. Tttcchh, ces saletés...
Je fais quelques mètres et m'arrête devant la porte d'Erwin. Le chat attend devant, la tête levée, la queue fouettant l'air doucement. Je sais que ça se fait pas, mais... je pose mon oreille contre le chambranle et écoute attentivement. Il doit dormir, j'entends rien. Allez, autant aller jusqu'au bout. Je jette un oeil dans le trou de la serrure et constate vite qu'il y a un peu de lumière là-dedans. Il dort pas, évidemment. Même si on le voit rarement sur le terrain en ce moment, je sais qu'il a beaucoup à faire de son côté pour tout organiser. Il est allé à Mitras l'autre jour pour demander une audience, mais je crois qu'on l'a même pas reçu... Ces enfoirés... Fallait voir sa gueule pour comprendre que ça tournait vraiment mal pour nous.
Il a peut-être besoin de parler lui aussi... Dis-moi un peu, le chat : je fais quoi, je frappe ? T'as envie de rentrer, toi aussi ? Au point où j'en suis... Oh et puis merde, j'y vais, il aura qu'à me renvoyer s'il veut pas me voir.
Je gratte plus que je ne frappe à la porte, et pousse le battant avec lenteur en laissant mon regard se glisser en premier dans la pièce. Enfin juste après le chat ; il pénètre dans le bureau et se fond tout de suite parmi les ombres. Erwin est assis à sa table, dans un halo de lumière dorée, la tête penchée, sa plume à la main. Il ne m'a même pas entendu, il est trop absorbé. L'unique chandelle qui l'éclaire est à moitié réduite, mais je suppose qu'il en a déjà utilisé un certain nombre. La pièce est saturée de l'odeur de cire chaude, et seul le son de sa plume sur le papier se fait entendre.
Enfin, il lève les yeux vers moi et hoche imperceptiblement la tête pour me saluer. Sa bouche reste une ligne dure et droite et il ne prononce pas un mot. Je dérange ? Si c'est le cas, j'peux m'en aller. Il répond rudement que je peux rester si je veux. Ok, j'apporte un peu de lumière en plus. Je suis pas sûr que tu voies grand chose, là.
J'attrape une chaise et la place à côté de la sienne, à l'autre bout de son grand bureau. Erwin reprend son travail sans plus faire attention à moi pendant un moment. Mais je voudrais qu'il parle, il garde tout pour lui... Ah, au fait, t'es allé à Mitras pour quoi faire au juste ? Il me dit - toujours en écrivant - qu'il espérait négocier un délai supplémentaire pour la préparation de la reconquête, mais qu'il est resté sur le pas de la porte, comme un malpropre. Quand je pense qu'ils t'ont porté aux nues au lendemain de l'évacuation, ces faux-culs... Y a vraiment quelqu'un qui nous en veut, tu devines pas qui ? Moi, j'ai une idée, je suis sûr que t'as la même, pas vrai ? Il ne répond rien, mais je sais qu'il pense comme moi, même pas la peine d'en discuter.
Si ça peut nous arranger le coup, je peux aller éplucher quelques gueules, si tu vois ce que je veux dire... J'peux trouver ce connard et le faire couiner... juste un peu, non ? Erwin rétorque que cela n'arrangera certainement pas notre situation et qu'il ne peut de toute façon pas me demander de faire ça. Dommage, j'aurais adoré.
Erwin semble plus disposé à bavarder et me demande comment je m'en sors avec les recrues. Oh, te fais pas d'idée, y a rien de miraculeux dans le lot. Mike dit que je suis trop exigeant mais si on veut les coller face aux mochetés, faut un minimum ! J'espère surtout qu'ils seront disciplinés, qu'ils paniqueront pas face aux titans et suivront les ordres, sinon ça tournera mal. Qu'est-ce que je dis ?... Evidemment que ça tournera mal. Je suppose que t'en es conscient ? Il confirme que oui, mais que les choses doivent suivre leur cours.
Je remarque la grande feuille qu'il garde sous la coude et je la tire un peu pour voir de quoi il s'agit. Je comprends que c'est un plan de formation. Les lignes tracées au crayon ne sont pas très visibles dans cette lumière chiche  alors Erwin prend le temps de m'expliquer ce qu'il a prévu. Apparemment il est pas encore sûr des détails mais l'essentiel y est. Pas de formation de détection à longue distance cette fois, évidemment, ce serait inutile. Le but est de rester au plus près des réfugiés. Avancer en ligne droite, en rangs serrés ; les civils au centre, les explorateurs sur les flancs. Le flanc droit sera le plus exposé comme d'habitude. Je suppose que ce sera mon poste ? Il approuve, mais me précise que mon travail sera de patrouiller du nord au sud le long des flancs afin de m'assurer que personne n'a besoin d'aide. Aucun titan ne doit traverser les lignes de protection, sinon nos protégés seront sans défense. On sera assez ? Trois-cents explorateurs, en comptant les non-militaires, seront harnachés avec le dispositif et serviront de rempart. Trois lignes de défense qui devront rester en place, et mon escouade qui se déplacera périodiquement pour s'adapter aux difficultés qui se présenteront. Je vois... Mike sera où ? Erwin remonte sa plume et m'indique le fleuve. Trois ferries transporteront les civils les moins valides, ainsi que du matériel de réparation pour le Mur Maria. Les équipes de Mike devront se charger des ferries et s'assurer qu'aucun titan ne veut jouer avec. C'est pour ça que je me tape tout le boulot des entraînements avec les bleus, il est parti s'exercer avec ses hommes sur le fleuve pour être prêt le jour dit. Et la bigleuse ? Encore une fois, la plume se déplace et Erwin me montre le centre de la formation, où Hanji jouera le rôle de vigie et de relais pour transmettre les ordres. Et toi, tu seras en tête, je suppose.
J'arrive pas à réaliser combien de monde ça représente. Plusieurs milliers, j'imagine. Bouger cette masse humaine de façon disciplinée me paraît impossible... Erwin précise qu'il compte partir à la nuit par pleine lune afin de limiter les risques. Chaque civil portera une torche afin que les explorateurs puissent y voir un minimum ; le cas échéant, la lune sera une alliée pour nous. Pas bête. Faudra t'assurer que le temps reste clair. On pourrait prendre de l'avance sur l'ennemi, et atteindre le... Erwin me montre un lieu marqué d'une croix. Le premier avant-poste que tu as choisi. Un bourg assez grand, j'espère. Il répond qu'il est impossible de loger tout le monde dans des bâtiments mais que de toute façon leur repos sera de courte durée, les civils devront accepter de marcher aussi de jour. Nous aussi, on va devoir prendre des forces, sans ça, on s'écroulera de fatigue... Erwin a prévu un roulement des combattants afin d'économiser les énergies. Bien... j'ai l'impression que personne peut pondre mieux que ce que tu proposes, alors... y a plus qu'à tenter le coup... Bordel, j'ai mal au crâne, là...
Je le laisse écrire en silence pendant quelques minutes quand un détail me revient. Je l'informe qu'il nous faut vite du nouveau matériel. Les dispositifs des civils, enfin des nouveaux explorateurs, sont plutôt nazes, on voit bien qu'ils tiendront pas en expédition. C'est un coup à se tuer tout seul, comme un con. T'as des nouvelles de ton pote de la guilde ? Il confirme qu'une commande a été passée en début de mois dès l'annonce royale - eh ben, t'as pas perdu de temps - mais il ignore si Maja tiendra le délai, il est plutôt court pour du matériel de qualité. C'est pour ça que tu voulais du temps supplémentaire... Le problème, c'est qu'on l'a pas.
Il hoche la tête en posant sa plume et se met à lire sans plus faire attention à moi. Je peux pas le juger comme je le ferais pour n'importe qui d'autre ; personne n'est à sa place. J'ai foi en lui, mais je ne peux pas savoir ce qu'il a dans la tête à présent. C'est comme sauter dans le vide. La décision qu'il a prise était la meilleure mais elle va provoquer une catastrophe, c'est inévitable. Au moins il fait quelque chose, il essaie de faire en sorte que les choses changent. Tous ces civils veulent le suivre au combat, pouvait-il décemment tourner le dos et faire comme s'il ne voyait rien ? Moi, je peux le faire. Mike, Hanji, nous pouvons tous ignorer la situation. Mais pas lui. On a beau l'épauler du mieux qu'on peut, il reste seul face à tout ça.
J'aimerais l'aider plus, mais je sais pas comment. Tout ce que je peux faire, c'est rapprocher ma chandelle de lui pour qu'elle lui donne plus de lumière. Je regarde son profil dans la pénombre et distingue bien ses traits tirés, ses yeux plissés par le manque de sommeil, son poing serré sur le parchemin... Il ira pas dormir tant qu'il aura pas terminé, mais moi je commence à être fatigué. Ma tête pèse une tonne... Alors je la pose sur mon bras et fixe la flamme de la chandelle qui fond lentement entre mes doigts. Il n'en reste déjà plus qu'un petit bout... Le temps file à une vitesse... et on en aurait tellement besoin...
Je ferme les yeux quelques secondes et je sens le sommeil tenter de me choper sans crier gare. C'est la main d'Erwin frôlant mes cheveux qui me réveille en sursaut. Je l'entends me dire d'aller me coucher si je suis crevé, mais il est hors de question que j'aille me pieuter tant qu'il veille. Erwin, tu devrais aller dormir. On a besoin d'un leader en bon état. Il répond qu'il a encore deux pages à relire, et qu'ensuite il songera à se reposer. Ok, j'irai aussi quand tu auras fini. Ma bougie est presque consumée, et la tienne va pas tarder à s'éteindre ; tu seras obligé.
Je l'entends produire ce petit rire étouffé, contenu dans sa poitrine, dont il a le secret, et ça me réconforte un peu. Il a encore de l'espoir, alors je peux aussi essayer d'en avoir. Il reste quelques minutes de cire. Je me demande alors comment je vais réussir à marcher dans le couloir jusqu'à ma chambre sans lumière. Merde, j'avais pas pensé à ça ! Et voilà que la chandelle d'Erwin s'éteint ! Il doit me rester encore un peu de temps avec la mienne, assez pour retourner à ma piaule, je crois. Mais je veux quand même être sûr.
Erwin, tu promets que tu vas te coucher ?
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reveusedelanuit · 4 years
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Lettre à ma psy
Bonjour,
J'ai toujours été plus doué à l'écrit. Les mots sont comme des amis une fois mis sur le papier, qui m'aident à décrire ce que les paroles ne pourraient exprimer.
Lorsque nous sommes ensemble, je parle de tout, de mon entourage, de mes souvenirs, mais jamais de moi. Et comme je réponds "ça va" à la question "comment allez vous aujourd'hui ?" je me doutes que vous avez compris depuis longtemps que parler de ma personne me rend fébrile.
Mais il faut avancer, enfin, je crois que c'est ce qu'il faut. Parfois je n'en suis plus si sûr. Je ne sais plus si je dois escalader le mur devant moi ou attendre qui s'effondre avec le temps.
Tous les matins je me lève avec l'envie de dormir encore quelques jours, quelques années, mais mon corps se lève, poussé par cette routine qui me piétine. Je me lève fatiguée de cette journée qui a à peine eu le temps de commencer. Mon cerveau reprend déjà du service en me dictant ce qui est bon à faire pour ne décevoir personne. Ne pas s'énerver, ne pas soupirer, ne pas pleurer. Juste sourire et acquiescer.
J'ai des envies. Sortir faire une balade, faire du rollers, voir mes amis, faire du sport. Mais je n'en ai plus la force. Je n'arrive plus à puiser en moi ce qu'il faut pour faire tout ça.
Si je chante, si je parle beaucoup, si je ris fort, si j'écoute trop fort la musique, c'est avant tout pour ne plus penser. Je pense, je pense tellement, je n'en peux plus de penser. C'est épuisant à force. Je pense à plein de chose, à ses souvenirs douloureux, aux bonheurs que je n'ai pas, puis il y a cette voix en moi qui me dit que je ne le mérite sûrement pas, sinon j'aurais déjà eu depuis longtemps se bonheur entre les mains.
Après mon grand-père qui m'a traité de prostitué, après ma grand-mère qui ne comprend pas que je ne veuille pas tuer une souris, si petite soit elle, j'ai eu droit à mes propres parents et leur réflexions.
Nous parlions d'une de mes nouvelles acquisitions. Des oreilles de lutin (utilisé pour du Cosplay la plupart du temps). On en est venu à parler de mes différents styles vestimentaires et du fait que ma mère ne voulait pas sortir avec moi lorsque j'étais dans un style particulier. Je lui ai dit que si elle ne voulait pas sortir avec moi c'est parce qu'elle devait avoir honte de moi. Le "oui tu as raison" qui a franchi ses lèvres était inimaginable. Mon père a fini par surenchérir que je n'avais, de toute manière, pas de goût, qu'il était d'accord avec ma mère et que je devais arrêter de gaspiller mon argent dans un truc aussi idiot que le Cosplay.
J'ai rarement été aussi déçu, aussi triste, autant prise au dépourvu. De ses révélations, je garde tout. J'ai beaucoup pleuré leurs paroles qui tournaient en boucle dans mon esprit. Comment faire pour vivre comme avant ?
Je me sens vide et en même temps, pleine de tristesse. Je me noie lentement et l'enclume attachée à ma cheville ne m'aide pas à remonter. L'enclume, le poids des non-dits, des regrets, des colères non éclatées, des larmes trop retenues, des traumatismes, des critiques. Elle pèse lourd. Elle pèse toutes ses nuits à pleurer, à crier, à frapper dans les murs, à se faire du mal, à trop boire, à vomir à force de pleurer.
Elle pèse aussi lourd que moi, que ce corps trop gros que j'ai. Aussi lourd que ces cuisses qui ne passent plus dans mes shorts d'été.
Comment quelqu'un pourrait m'aimer ?
En plus de ce corps, je les fais fuir. Jusque dans mes cauchemars je reste le second choix.
À chaque fois que quelqu'un s'intéresse à moi, je fais tout pour le faire fuir, parce que j'ai une peur panique d'être abandonné. Je sais que si je ne les fais pas fuir volontairement, je finirais par les blesser, ils finiront par comprendre que je suis pas toute nette alors dans tous les cas ils partiront. Et je me retrouverais seule avec tous les souvenirs qui tourneront en boucle dans ma tête pour me dire que tout est de ma faute, que jamais je ne retrouverai ce que j'ai perdu et que je devrais vivre avec ces tourments toute ma triste, déprimante et inutile vie.
Et puis, de toute manière, comment pourrais-je infliger ma personne à quelqu'un. Je n'ai pas envie de les faire souffrir moi. La culpabilité détruit vous savez.
Si j'avais eu le courage de passer à l'acte quand j'ai faillit le faire, dans cette salle de bain, le jour du réveillon de Noël, cela ferait déjà 4 ans que l'on se rappellerait de moi comme on se rappelle d'un souvenir.
Et en 4 ans qu'est-ce qui a changé ? J'ai grandi. Mais je suis toujours aussi triste. J'ai l'impression d'être un corps vide qui avance grâce à on ne sait quel miracle.
J'ai souvent l'impression d'être déjà morte à l'intérieur. Mon corps réagit aux émotions, il rit lorsque c'est le moment, il est triste lorsqu'il le faut mais mon âme, mon coeur ne ressentent plus rien. Je n'ai pas été vraiment heureuse depuis des années. Je ne sens plus rien. Plus rien ne me fait vibrer, pas même la Wicca. Je sais que mon corps prend plaisir à faire ça mais moi je ne ressens pas ce plaisir.
C'est assez compliqué à exprimer et à expliquer mais je ne vois pas comment faire autrement.
Me comprenez vous ?
Parfois je me dis qu'une divinité, un dieu ou ce que vous voulez après tout, me veut auprès de lui et fait tout pour me faire trébucher.
Vous savez, il y a peu je voyais la vie comme une ligne, que l'on suit, qui va parfois à la rencontre de la ligne de quelqu'un d'autre, la quitte et retourne sur d'autres chemins. Mais en fait la vie n'est pas en 2D. Ce n'est pas une ligne qui serpente un chemin imaginaire. C'est tellement plus complexe. Elle va dans tous les sens possibles et la calculer à l'avance revient à faire des pronostics qui n'ont qu'une chance infime de se réaliser.
La vie sera toujours là pour nous montrer que nos pronostics sont erronés.
Alors, ai-je vraiment une chance ? Une chance d'être sauvé ? Une chance d'aller mieux ? Je ne sais pas. En ai-je envie ? Parfois non. Je ne me plais pas dans ma noirceur mais elle me rassure. Au moins je ne me fais pas de faux espoir. Et qu'y a t'il de pire que de voir tous ses espoirs s'évaporer en un claquement de doigts ?
Ces espoirs déchus sont une part de mes souffrances. Lorsque l'on est petit on nous dit souvent "si tu y crois tu pourras tout faire". Foutaise
J'ai cru en mon rêve pendant des années, il ne m'a jamais quitté. Il était un bijou à chérir. J'en ai pris soin comme on prend soin des choses qu'on aime. Je me suis battue pour le réaliser en oubliant tout le reste, en l'oublient moi même. Il en vallait la peine alors j'ai passé mon temps a me perfectionner. Mais un jour, un mur que je n'arrivais pas à franchir le bloqua la route. J'ai tout de suite compris. Je me suis acharnée pendant des mois mais je n'ai jamais réussi à le franchir.
On m'a tellement fait croire que tout était possible quand on y croyait que j'ai fini par penser que c'était vrai.
Loupé.
Mon rêve c'était pas seulement être vétérinaire. C'était faire un métier que j'aime, dans lequel je puisse m'épanouir mais surtout un métier où je pouvais me rendre utile. Je voulais soigner, guérir, aider les animaux.
La tristesse est palpable lorsque j'écris ces mots. Je me déteste d'avoir échoué. Je me déteste pour tant de choses mais ça c'est pire que tout.
Adrien méritait plus que moi de rester sur cette terre. Il était intelligent, avait du potentiel mais surtout il avait une force de caractère que je lui envie.
Il était toujours si heureux et souriant.
Foutu cancer.
Maintenant, en attendant de retrouver un stage je travaille dans un bar tabac. Les propriétaires sont des amis à mon papa. Je ne suis pas a plein temps mais j'ai quand même une bonne paye a la fin du mois, de quoi économiser.
Je pars en vacances tout le mois d'août. Reposez vous bien.
Avec la hâte de vous revoir.
Sincères salutations.
Enola
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claudehenrion · 4 years
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Tout va tellement vite... et tellement mal...
  Je ne trouve pas d'autre mot que ''accélération de l'Histoire'' pour décrire les heures que nous traversons. Et en plus, elles ne vont pas ''dans le bon sens'' ! Est-ce dû à la date de ma naissance, qui semble s'éloigner (pour ‘’les autres’’, en tout cas !)... ou est-ce, au delà du ''fugit irreparabile tempus'', quelque chose de réel ? Lorsque j'ai commencé à rédiger les ''billets'' quotidiens de ce Blog (c'était le 15 novembre 2013... c'est, tout à la fois, hier et... ''il était une fois'' !), j'avais pris l'habitude d'avoir en permanence un petit ''stock'' de billets écrits d'avance, sur des sujets très généraux, ''au cas où...''. Cela n'est plus possible, aujourd’hui : à peine rédigés, ils sont déjà périmés, dépassés, obsolescents, tout juste bons à jeter...
  Emmanuel Macron avait réussi à faire croire à beaucoup qu'il serait bon de tout chambouler (mais ''bon'' pour qui, grands dieux ? Cette question n'a jamais été posée, que je sache ! Pour lui ? Ce n'est même pas certain !). Il disait ''pour suivre le rythme du monde'', qui, évidemment n'en a aucun, chacun vivant dans son coin ses problèmes de fin de mois et des impatiences de ‘’ses satrapes à lui’’, qui lui disent quoi faire et où aller (même élus dans un simulacre de démocratie comme celui qui avait entaché la ''Présidentielle'' de 2017). On peut affirmer sans grands risques de se tromper que personne de sensé n'a spontanément envie de changer pour changer. La routine peut lasser, parfois, mais l'inconnu, lui, fait peur. Toujours !
  Poursuivant cette chimère (et d'autres, ''aussi pires''), Macron a ouvert la ''boîte de Pandore''... La folie vraie, dont les graines avaient déjà été plantées pendant le quinquennat-pour-rien de Hollande, s'est déchaînée contre notre pauvre France qui n'en demandait pas tant... et ne pouvait certainement pas ''encaisser'' le quart de la moitié de ce qu'on lui faisait subir... Les Gilets jaunes ont été le plus visible des refus justifiés du ''changement pour le changement'', mais il n'y a, en gros, pas une seule catégorie sociale qui ne se soit révoltée, dans les 3 dernières années. Et il faut s'extasier sur la patience, la résilience, la solidité et la capacité des français à supporter l'insupportable. Ces ''gaulois réfractaires au changement'' (une insulte, dans la bouche de leur Président) ne sont pas ces ''gens qui détesteraient les réformes'' qu'il brocarde depuis son élection... Comme les autres, cette analyse est fausse, bien sûr : ce que nous détestons, c'est les mauvaises réformes, celles qui sont doctrinaires, injustifiées, mauvaises. Ce n'est pas du tout la même chose !
  Si nous faisons un ''retour sur images'' pour comprendre la réalité des choses au lieu de nous en tenir à la superficialité de l'instant que nous ''tsunamisent'' hommes politiques et médias, il est difficile d'éviter une impression d'oppression. Que ne nous a-t-on raconté, promis, rabâché, annoncé, juré, certifié, conjecturé, prédit, dans tous les domaines... Le ''vieux monde'' --qui était loin de n'avoir que des défauts, on l'a découvert depuis-- devait disparaître (puisqu'on vous le dit !)... laissant enfin la place à un ''nouveau monde'' dont nous avons assez vite découvert qu'il était inférieur en tout à son prédécesseur et qu'il ne présentait pas un seul avantage qui puisse nous faire envie... Pas un seul... ce qui est vraiment très peu !
  Et depuis, tout a tourné en eau de boudin. L'Etat n'est même plus l'ombre de ce qu'il doit être...  l'Europe (fantasme mensongèrement présenté comme ''la solution à tout'') a montré ce vers quoi nous entraînaient ses dérives perverses... La société française est devenue ''a-sociale'' : chacun est en guerre contre tous... et tous n'ont même plus la force de s'unir contre ce ''un''. On frappe, on tabasse, on tue, pour un ticket de bus... La jalousie, le rejet de l'autre, le communautarisme et l'acculturation sont partout...  L'Histoire de France et le récit national si chers à nos cœurs –et si nécessaire à toute cohésion nationale-- se sont effondrés, broyés en un cauchemar historiquement faux : un ''crime contre l'humanité'' fantasmé de toutes pièces !
  Seul ''hic'' à ce déferlement de bêtise : ce reniement de ce que nous avons été, donc de ce que nous sommes, a dressé contre nous les peuples auxquels nous avions apporté tant de bonnes choses, et dont les descendants, gavés de nos petites gâteries incessantes et injustifiées, croient s’arroger le droit d'inventer des mensonges énormes pour expliquer sans y parvenir leur besoin de violence, de vengeance et de ''bonnes excuses'', toutes très mauvaises... En fait, devant l'inconséquence, l'aveuglement et les larmes de crocodile de nos dirigeants, il faut citer Bossuet : ''Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes''. On pourrait même se demander si Dieu ne pleure pas, en secret, le soir tard, en se cachant car il a honte de nos comportements quand nous laissons le fou-furieux Erdogan se préparer à couvrir de plâtre les plus belles mosaïques qui soient et voler au monde civilisé un lieu qui devrait être sacré pour l’Occident. Aux temps où il ��tait peuplé d’hommes, cent mille volontaires auraient été défendre ce ‘’Patrimoine de l’Unesco’’... Mais peut-on ‘‘être et avoir été’‘ ?
  Cette accélération de l'histoire fait qu'il n'est ni insensé ni pessimiste d'imaginer l'inimaginable : une ''libanisation'' de notre pays, devant la poussée d'attaquants qui ne pensent qu'à tuer notre passé pour rendre sans espoir notre futur. Les médias nous emm... poisonnent la vie avec leurs ''clusters'' de covid (en français, ça ne peut vouloir dire que ''groupement de lettres ou de notes de musique'', mais la seule chance qu'ont nos cuistres d'être écoutés est de tout rendre incompréhensible)... alors que les seuls ''clusters'' dont nous devrions nous soucier sont les quartiers perdus de la République, sous l'emprise croissante de hordes de séparatistes-communautaristes... et des idiots inutiles mais masochistes qui les soutiennent.
  Notre Président, au nom de son ''et en même temps'' insensé, veut tenter de faire cohabiter pendant deux ans encore toutes ses mauvaises idées résolument ancrées à gauche (sur la famille, la société, l'islam, les retraites, l'ordre, la sécurité, et tout ce qui se dit ''sociétal''), idées qui ne sont vecteurs que de malheurs à terme relativement court, mais en les faisant ''porter'' par un ''cluster'' d'hommes et de femmes qui disent avoir été un jour ''à droite'', dans une autre vie. Seulement, voilà : la Droite résiste à toutes les sirènes infiniment mieux que la Gauche, ce qui est normal, puisqu'elle existe et correspond à un besoin historique, quand la Gauche est un ramassis d'idées souvent séduisantes mais dont aucune ne saurait exister durablement). On fait donc semblant (toujours la ''comm'' !) : on saupoudre un gouvernement de quelques énarques à l'allure un peu moins ''technos'' que les précédents et qu'on prétend être ''de droite''... on glisse dans le discours quelques allusions à l'ordre, à la Loi, à la Nation, aux ''fonctions régaliennes''... on y ajoute un changement total de doctrine sur la flèche de Notre Dame de Paris, pour enfumer les cathos (il n'y a plus un sou dans les caisses pour permettre des macroneries de mauvais goût !). On peut y aller, relax : les idiots de Droite n’y verront que du feu !
  Mais le réveil de ces prétendus idiots risque d'être rapide, et encore plus violent, au fur et à mesure que le peuple se rend compte qu'on se fout de sa gueule et qu'on le mène en bateau.. Un exemple ? Je suis prêt à parier que le formidable ''rapport sénatorial sur les risques de radicalisation islamiste'' qui a été rendu public avant hier, et qui contient une liste quasi-exhaustive des dangers réels et des mesures à prendre d'urgence sans en oublier une seule... va disparaître dans un fond de tiroir en forme d'ergastule, noyé dans et par le maelström politiquement engagé (dans le mauvais sens) de décisions plus létales encore qu'inutiles (cf. la relance ''post-PMA'' de l'assassinat légal des embryons réputés ''non conformes''), qui devaient toutes être évitées à n'importe quel prix ? Qui relève le pari avec moi ?
H-Cl.
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mmsbp · 5 years
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Électre
L'Argos bienveillant du temps des innocents.
Oh Électre, tu n'es qu' une petite fille que déjà tout te fascine et t'attire, depuis la beauté de la ville aux paroles des plus nobles personnes qui t'entourent. Une infinité d'auteurs ont pu décrire Argos, la ville et ses gens, mais aucun ne saura jamais la percevoir comme Électre du fond de ses entrailles.
Ce ne sont que des souvenirs. Ils sont nombreux et flous, ils flamboient dans ses plus vieux rêves. Parfois Électre se retrouve dans d'autres villes, mais sans en apprécier réellement les formes, si éloignées de la nature vibrante de l'Antique cité.
« Électre, viens ici !
-Oui père.
-Tu as bien suivis tes cours aujourd'hui ma fille?
-Oui, tous.
-Bien, bien. Allons nous balader alors. »
La gamine que tu as été souris, ses yeux explosant de joie dans le silence de sa posture altière. Ton père, c'est l'homme de ta vie. Il s'ancre en toi par le seul amour que tu as pour lui. C'est celui qui t'aidera à survivre. Mais aujourd'hui ce n'est encore qu'une partie de bonheur. Et cet inestimable trésor de gaieté sait tout à fait comment s'infiltrer en chaque morceau de ton être.
« Père ?
-Oui ma fille ?
-Est-ce qu'Oreste va vraiment grandir ?
-Évidemment, comme toi tu l'as fait ! »
Et il rit. Ton père n'est pas si ouvert d'habitude. Alors tu exultes encore plus et brilles de sourires éclatants. Évidemment tout n'était pas beau et parfait, mais certains instants te permettaient de redevenir l'enfant que tu étais.
Commencer par le dégoût et finir dans les fleurs.
Tu avais neuf ans depuis quelques jours et le soleil frappait, tapait de plus en plus fort sur ton crâne dénué de chapeau. Mais tu devais courir loin de ça, d'ici, de ce palais d'horreur qui devenait un peu plus repoussant à chaque pensée affluant dans ton cerveau.
Il y avait encore ces quelques images, que ton esprit te restituait, à ta plus grande horreur. Vraiment, les échos puants que ces souvenirs te lançaient griffaient ton semblant de logique. Tu te sentais perdue dans une espèce de bouillie infâme qui bousillait tous tes piliers. C'était piquant et toxique, et ça te prenait à la gorge aussi fort que les offrandes matinales qu'on avait l'habitude de faire à Argos.
Ce que tu avais vu, tu voulais l'oublier. Ta mère et ses cris répugnants, sur un homme.. un.. un homme fichtrement nu. Ça, tu rêvais de l'oublier pour toujours. T'en peux plus de courir, t'en peux plus de penser, alors tes jambes cèdent sous le poids de tes larmes.
Le soleil brille, l'herbe est bien verte, et tes genoux se noient sous le sang et le sel de tes sanglots devenus grinçant et bruyants. Il y a cette multitude de sensations, de sentiments, et de réflexions enfouies juste là, sous ta boite crânienne, que le monde entier ne pourrait pas contenir tant elles bourdonnent.
Cette femme. Cette femme tu ne la voulais plus comme mère. Tu la voulais au cachot, tu la voulais invisible et disparue. Pas ici, pas là-bas dans ce lit. Pas à gâcher l'amour de ton père.
Chacun ses horreurs, ses fureurs.
La guerre battait son plein, et en ton fort intérieur tu n'étais sûre ni certaine d'apprécier tellement cette animation. Il y a à peine quelques années, tu étais l'innocente qui pensait que ce serait éphémère, comme les papillons. Mais ça n'avait rien à voir. Ça ne s'arrêtait pas. Comme un sablier aux grains de temps infinis.
Un petit rire glacial s'échappa de tes pauvres lèvres roses. Heureusement que les gens ne te voyaient pas, ils auraient peur de la fausse enfant que tu constituais. De toute manière on te cloisonnait dans une pièce ou deux, pour te.. protéger. Cette fois c'est ta tête de poupée qui se secoua.
Tout ceci était ridicule. Tu savais comment ça allait finir.
Mal.
Des bruits de pas frappèrent violemment tes oreilles habituées au silence des couloirs d'été. Il te suffit de sortir pour glisser ton regard un peu partout. Alors tu te faufiles, sans bruit, avide d'action. Mais tu aurais adoré ne pas voir ce qui se déroulait.
Cet homme qui parle au détour de tes pas, il te fait vomir depuis que tu l'as surpris. C'est Égisthe. Tu peines encore à supporter la propre idée qu'il vive ici bas. Puis il y a cet autre homme, un des rare que tu aimes. Ton seul allié ici. Et les deux s'affrontent, tombent et se relèvent de mille et une façons. Un énième coup et une chape de rouge s'étale dans ton champ de vision. Ton coeur implose quand toutes tes veines se cristallisent. C'est de la terreur dans ton cœur.
Parce que c'est le cou de ton père qui est à moitié déchiré devant toi.
C'est son sang qui s'échappe.
« Il est mort ?
-Oui, une bonne chose de faite. »
Il ne te restait plus qu'à tomber, encore.
Merci Maman.
Énumération de désastres.
Tu étais restée plantée une éternité dans ce champ de mort, sans savoir que faire ni que penser. Sans savoir si tu devais te réveiller. Rouvrir ta conscience, ce serait libérer la boite de Pandore et ses mille maux. Tu n'avais pas envie de souffrir encore plus.
Tu frissonnes quand de nouveaux sons atteignent ton esprit décomposé. Il y a ton nom quelque part dans ce palais qui fait écho à ta terreur. Et ça te fait enfin bouger, relever les genoux et courir vers celui qui t'appelle, le plus vite possible.
Oreste est là, entouré de gens aux regards implacables, entouré de ta mère et son amant. Deux meurtriers. Il t'appelle mais on te tient, il hurle et on le frappe. Il va être exilé. Et Argos a un nouveau régent. Quelle belle vie.
On grandit, mais dans la folie.
On aurait pu chanter tes aventures dans les épopées. Mais ça n'aurait été qu'un amas d'où dégringolent rêves et malheurs. Rien de bien fascinant ou vivifiant. Non, ta vie n'était pas faite pour autant de nobles choses n'est-ce pas Électre ?
Après la mort de ton bien-aimé père et l'exil de ton frère, il n'y avait plus que toi entre le trône et le couple de ta mère. Elle avait tout essayé. Le chantage, l'assassinat, les promesses.
Tu aurais peut-être préféré y passer. Mais on avait su t'aider à éviter les lames, alors tu avais décidé de ne pas gâcher les chances qu'on t'avait donnée. Tu essayait de vivre. Les auteurs n'en parlent pas tellement, mais les habitants d'Argos et les nobles voyaient bien le jeu dans lequel tu étais emmêlée. Certains t'avaient pris sous leurs ailes. Ils t'avaient formée.
C'était indéniablement l'une des meilleure chose de ta pauvre existence. Tout ne tournait alors plus qu'autour de survivre, venger ton père, obtenir Justice. Peu importe l'illégalité, ça t'importait peu. Les dieux étaient de ton côté. Tu le sentais à chaque instant dans les temples et dans tes prières.
Cher Père, Je vous aime toujours plus qu'hier et moins que demain, mais rien n'est et ne sera plus profond que mon attachement à votre personne. Vous m'aidez en tout, j'aimerais pouvoir vous tenir une dernière fois contre moi et oublier le monde autour. J'ai seize années derrière moi et votre assassin régit toujours Argos sous l'emprise de ma génitrice. Pauvre de vous.. cette femme est monstrueuse. Je n'aurais jamais été comme cela avec vous. J'aurais été une meilleure épouse. Demain je serais unie à un plébéien. Rien de bien incroyable, au contraire. J'en ressens une horreur puissante et terrifiante. Il n'a rien de semblable à vous, rien d'appréciable. Il est dégoutant et.. l'union sera affreuse. Je n'ose penser à la façon dont je vivrais ensuite. Pensez-vous que tuer ma génitrice soit une bonne chose ? Je le crois en tous cas. Mais je rêve de connaître votre avis, si précieux à mon âme. J'attendrais une brillante occasion de la punir et de vous rendre Justice mon tendre père. Le temps est si vaste sans vous.. Je vous veux près de moi, contre moi, dans le jour comme la nuit. Vous me manquez. Puisse les dieux vous protéger. Votre fille qui vous aime du plus lointain de son cœur, Électre.
Dépliage de vérité sur la ville des mensonges
C'est le moment favoris des dramaturges. Tu n'en raffoles pas tellement. Franchement, être à un point de rupture et voir différents miracles arriver ne t'avais pas rendu si euphorique qu'on pourrait le penser. Tu détestes le décor qui accueille ces évènements..
Sans penser, tu grattes à sang ta cuisse avant qu'une main râpeuse embarque douloureusement ton poignet. Il serre fort comme un monstre et tu te gardes simplement de couiner de douleur. Mais la nausée est là, comme à chaque contact. Avec cet étouffement intérieur constant et mauvais.
« Tu fais un bruit monstre femme, arrête de bouger ! »
Et cette chose te balance vaguement au bout de votre couche. Si tu pleurais, il entendrait. Si tu osais mettre un pied hors de la couverture, tu te ferais lyncher. Alors tu t'immobilises simplement pour ne pas pleurer ni hurler.
◊ ◊ ◊
Tu avais reconnu ton frère sans aucune hésitation et vous aviez parlé de tout. Sa colère contre votre mère et son amant avait jailli du fond de ses entrailles et tu avais eu un espoir fou et puissant de Justice pour votre père.
Ça n'avait pas raté, mais le suicide d'Oreste se sentant coupable de son matricide avait brisé le peu de joie que cela restituait en toi. Un mal pour un bien, ça ne te rendait que plus vide. Mais la ville entière avait enfin tout su, et avait été libéré de toutes les magouilles du Régent et de ta génitrice. De mille mensonges et faux-semblants pour une Justice claire et meilleure. Mais toi, tu n'avais rien de changé, tu restais enchaînée.
Tout était si fatiguant.
Tu avais continué de chercher justice pour tout ce qu'on t'avait fait. C'est comme ça qu'il était mort, ton mari. De tes propres mains rougies et de ton cœur battant plus vite que le galop des chevaux. Mais cette euphorie était volage. Elle s'enfuyait rapidement.
Tu t'étais juste laissée faire quand les corinthiens sont entrés pour de bon dans la ville, des mois plus tard. Tu ne t'étais ni débattue, ni défendue. Tu attendais de rejoindre les bras de ton Père, loin d'ici.
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pauline-lewis · 5 years
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Où sont passées les lumières
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Les films, les musiques, les livres de décembre ont toujours un goût particulier. Ils se marient à cette joie enfantine de la période. Mon film préféré de décembre a été sans conteste Funny girl, et puis il y a eu le ballet d'Un américain à Paris et les corps emmêlés. Et le temps a basculé et voilà que janvier était déjà prêt à rendre sa sentence en quelques mots clés bien sentis : le feu, l'injustice, la maladie et la peur, la peur qui écarte mes yeux de ses doigts osseux à 3 heures du matin, la peur qui me serre le ventre, la peur globale et personnelle, celle qui habite la planète et qui me ronge au niveau de la lumière qui me donne de la force au creux de l'estomac.
Comme il y a une obsession pour chaque occasion, qui vit en moi et peut-être réactivée en cas de besoin, j'ai brisé la vitre d'urgence et derrière était recroquevillée Lumières, cette chanson lancinante et désespérée de Manset. J'avais besoin d'elle comme elle avait besoin de mes oreilles pour lui dire encore une fois qu'elle était probablement l'une des plus belles jamais écrite. Et elle a étiré ses ailes et elle m’a consolée.
Les ténèbres sont partout, couvertes de cendres
Et voilà que les films, comme le courage, le sommeil et l'amitié, sont revenus à moi.
La lutte
Trois films m'ont marquée en ce mois de janvier et il me semble qu'ils se sont bizarrement rejoints et se sont mêlés au climat politique et actuel.
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Il y a d'abord eu Land and Freedom de Ken Loach, qui raconte l'histoire d'un jeune communiste anglais qui décide de s'engager aux côtés des républicains en Espagne en rejoignant le POUM (Parti ouvrier d'unification marxiste) en 1936. Land and freedom est bien sûr un film sur la révolution espagnole mais Ken Loach en fait un véhicule théorique pour nous raconter la lutte dans toute sa complexité : les guerre internes à des mouvements justes (notre héros quittera le POUM pour rejoindre les Brigades internationales), l'institutionnalisation de la gauche, l'anarchisme, la difficulté de s'ajuster au sein d'un groupe... Il alterne la violence de la guerre avec des scènes de joie militante entrecoupées de longues séquences très théoriques où les différents personnages ont des débats assez passionnants sur des thématiques qui résonnent encore très fort aujourd'hui. La propriété, le partage, les ravages du capitalisme, la nécessité de ne pas se compromettre, la place des idéaux dans les luttes quotidiennes. Cette universalité du propos est d'ailleurs d'emblée le projet annoncé par Ken Loach puisque la vie de cet homme est vue par le prisme de l’imaginaire de sa petite fille, qui fouille dans ses affaires et semble elle-même captivée par l'esprit de l'époque. Ce regard extérieur, qui brouille les pistes temporellement accentue encore une fois le propos bien plus large de Loach. Et il semble dire (pour nous remonter le moral d’un propos quand même assez plombant) que cette jeune femme est prête à reprendre le flambeaux révolutionnaire de son grand-père.
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Ensuite j'ai décidé de regarder Reds, le film de plus de trois heures de Warren Beatty qui retrace la vie du militant communiste John Reed et (beaucoup moins) de sa femme Louise Bryant (Diane Keaton). Reds raconte la manière dont ce journaliste très engagé (bouh un journaliste militant, quelle honte) s'est passionné pour la Russie et a quitté plusieurs fois les US pour y couvrir la révolution d’Octobre. Là encore, il y a une thématique de la tristesse inhérente à la lutte, puisque dans la deuxième partie du film Reed est coincé dans ses ambitions révolutionnaires par la bureaucratie russe et par des débats internes (parfois un peu longs — vous êtes prévenu·e·s). J'ai eu envie de regarder le film suite à un article sur Greta Gerwig dans le New York Times dans lequel elle parlait des films qu'elle aimait, et comme elle citait Reds aux côtés de Fanny et Alexandre d'Ingmar Bergman j'y ai vu un signe. Comme elle le dit il y a de magnifiques scènes, notamment celles qui, comme dans le film de Ken Loach, montrent l'unité entre les travailleurs, la communion entre les militants. Et j’ai beaucoup aimé l'histoire d'amour passionnée et tortueuse entre Reed et Bryant, tandis que cette dernière se refuse d'être "la femme derrière le génie". (j’aimerais bien un autre film sur elle maintenant) Reds est fascinant par sa longueur, son ambition, son scénario tortueux et complexe et par son postulat même — faire un film positif sur le communisme en 1981. Beatty s’est battu pour porter l’histoire de cet homme à l’écran. Un grand journaliste, un homme dévoué, un idéaliste.
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Le mois s'est terminé non pas dans la lutte mais dans la fuite, plus précisément avec l'image saisissante d'un jeune homme et d'une jeune femme sur un porche qui s'admettent dans une série de litotes leur amour profond. Dans Le Village de M.Night Shyamalan qui, après la lutte, m'a permis d'envisager une prochaine étape possible : le retrait pur et simple du monde dans lequel nous vivons. Je ne sais pas tellement comment j'ai pu passer à côté de ce film, mais comme je l'ai souvent expliqué ici, je suis sûre que les œuvres viennent me chercher au moment où j'ai besoin d'elles. The Village raconte l'histoire d'une petite communauté coupée du reste du monde par des bois effrayants et des créatures inquiétantes. Cette autarcie a un prix : certain·e·s meurent, d'autres sont malades, la tristesse et le trauma fonctionnent en vase clôt malgré les efforts de la communauté pour laver son linge sale de temps à autre.
Comment se soustraire du monde ? D'où vient la cruauté ? Quelles sont les racines du mal ? Jusqu'où peut-on fuir ? C'est une erreur d'attendre de ce film son twist, de ne pas l'accueillir en soi au-delà de sa pirouette (qui est réussie, cependant). J’ai été vraiment bouleversée par l’idée de devoir tuer dans le cœur de la jeunesse l'envie de s'aventurer au-delà des premiers arbres de la forêt. D’essayer de leur insuffler la passion et la bonté même s’ils ne peuvent pas voir au-delà d’un certain périmètre. Pour moi c'est un film très profond sur l'idée de faire société, sur le sacrifice, le deuil et — merveilleux — c'est aussi une très belle histoire d'amour. (Oui j'aime les histoires d'amour) Ce plan où Joaquin Phoenix et Bryce Dallas Howard se parlent sur le porche, chacun à l'extrémité du cadre, leurs regards reliés par un horizon lumineux incertain, par un avenir inconnu, reviendra me hanter un moment. Et finalement le film aborde une question qui m'obsède : qui pourrait vivre sans horizon ?
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Les romans dans la nuit
Je ne sais pas pourquoi, en janvier j'ai arrêté de dormir. Un temps, au moins. Ça tombait bien puisque j'avais reçu pas mal de romans de la rentrée littéraire et si vous voulez en savoir plus c'est par ici.
Ces romans étaient tristes, pour la plupart, je les ai tenus dans mes bras sur le canapé en me disant que dans une prochaine vie j'essaierai d'avoir des sujets d'intérêt plus joyeux.
Étrangement l’un des plus tristes d'entre eux, Ce qui est nommé reste en vie est probablement celui qui m'a le plus aidée. Claire Fercak y raconte la vie des patients et des aidants confrontés à des tumeurs au cerveau. Le livre raconte avec une justesse vraiment précieuse à la fois ce que cela fait de perdre quelqu’un mais aussi cet état d’entre deux que la maladie fait vivre aux patients et aux proches. Ce moment avant le deuil où il faut déjà dire au revoir à la personne que l’on a connu. Laisser partir les mots que l’on partageait, le langage qu’on avait tissé. Elle raconte ça avec une telle poésie, ce sentiment d’être deux personnes, de ne plus réussir à faire les choses du quotidien. Elle retrace aussi des relations, des amours, des liens. Au-delà du déchirement du deuil, de l’injustice de la perte, j’ai vraiment aimé la manière dont elle capturait la beauté des liens humains. La joie du souvenir, qui perdure. Tous ces sentiments complexes coexistent, et il en reste une lumière, comme disait Manset, cette lumière qui nous empêche de devenir fous. Celle que laissent ceux qui s’en vont au fond de nous. 
Le sujet paraît presque trop dur pour être lu, pourtant je me disais que la littérature était bien ce seul terrain où j’arrive à tolérer ces sentiments que je redoute tellement, ces situations qui me terrorisent, parce que les mots ont ce pouvoir en moi. De me rassurer, de me faire me sentir moins seule. Et les mots de Claire ont cette puissance là, cette force et cette poésie. Elle ne regarde jamais les malades de l’extérieur, elle leur donne aussi une grande place. Elle leur laisse l’opportunité de coucher sur le papier leurs derniers mots, assemblages poétiques étranges, parfois drôles, parfois déchirants. Moralité : lisez-le, même si vous êtes des angoissé·e·s fini·e·s.
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Inconnu en France, Chagnon est mort fin septembre. Ses travaux, qui rompaient avec la vision du paisible indigène, ont fait l'objet de controverses féroces. Par Matthew Blackwell* pour Quillette** (traduction par Peggy Sastre)
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Nous sommes en 1978. Juché sur des béquilles, une jambe dans le plâtre à cause d'un accident de jogging, Edward O. Wilson, biologiste renommé, s'avance lentement à la tribune du congrès annuel de l'AAAS, l'Association américaine pour l'avancement des sciences. Alors qu'il prend place devant ses notes, une soudaine clameur brise le silence de l'assemblée : tout le premier rang s'est levé comme un seul homme et hurle des insultes en rejoignant prestement l'estrade. Les protestataires bousculent Wilson et lui renversent un pichet d'eau glacée sur la tête. Ce sont des marxistes, ulcérés par le livre que Wilson a publié quelques années plus tôt, Sociobiology.
Cette histoire est aujourd'hui familière lorsqu'il est question du débat nature/culture, tant elle illustre l'hostilité rageuse dont font preuve certains idéologues pour réduire au silence ce que le commun des mortels considère déjà comme un fait incontestable : que les humains, comme toutes les autres espèces vivantes, ont une nature. Ce jour-là, alors que la foule abandonne Wilson pour quitter l'auditorium, un homme ira à contre-courant et essayera de se frayer un chemin vers l'avant de la salle. « Je n'avais jamais vu un comportement aussi haineux, terrifiant et dégueulasse dans une conférence universitaire », se souvient le célèbre anthropologue Napoléon Chagnon. S'il ne le savait pas encore, ces événements présageaient ce que Chagnon allait lui-même endurer pour avoir voulu importer une vision du monde wilsonienne en anthropologie, et générer ainsi l'une des plus énormes polémiques jamais traversées par la discipline.
Menace
On se souvient de Chagnon, décédé le 21 septembre, comme de l'un des derniers titans de l'anthropologie. Peut-être même comme l'un des derniers ethnographes, dans la lignée de Mead et de Malinowski, à avoir été capable de s'enfoncer dans une région reculée du monde pour vivre aux côtés d'un peuple aussi relativement peu acculturé qu'étudié. Grâce à ses recherches, des millions de personnes se sont intéressées aux cultures traditionnelles et au champ de l'anthropologie culturelle.
Trempé de sueur, les mains et le visage gonflés par les piqûres d'insectes, c'est en 1964 que Chagnon débarque pour la première fois dans un village vénézuélien enclavé au cœur de l'Amazonie, au bord d'une rivière infestée de piranhas. En sortant de sa barque en aluminium, une odeur d'excréments et de matières végétales en décomposition le prend à la gorge. Il se fraye alors un chemin à travers un mur de feuilles et tombe nez à nez avec « une douzaine d'hommes hideux, nus et musculeux qui [le] fixaient derrière leurs arcs bandés ». Dès sa toute première rencontre avec les Yanomamö, Chagnon comprend combien la paranoïa règne sur le quotidien de ce peuple qui vit sous la menace permanente de rapines.
Il faudra du temps pour que Chagnon s'acclimate au fin fond de la forêt amazonienne et à ses menaces exceptionnelles. Les insectes ne cessent de le tourmenter – pas seulement les volants qui piquent, mais aussi les termites qui colonisent les chaussures pour y faire leurs nids ou les araignées et les scorpions que la chaleur des vêtements attire au beau milieu de la nuit. Sans oublier les serpents. « J'avais posé mon fusil à double canon de calibre 12 sur la rive à côté de moi », se souvient-il. Quelques instants plus tard, « je vois l'eau exploser : une énorme tête d'anaconda jaillit et se précipite à quelques centimètres seulement de mon visage. J'ai tout de suite eu la rage : cet enculé de serpent essayait d'avoir ma peau  ! » Chagnon se met à tirer. Le serpent se tortille violemment tandis qu'il recharge et tire, recharge et tire.
Mais c'est surtout des jaguars que Chagnon s'inquiétait le plus. L'animal est en effet connu pour pouvoir tuer plusieurs hommes en une seule attaque. De temps à autre, Chagnon et ses compagnons sont harcelés par ces prédateurs, parfois pendant des heures. Il les entend rôder la nuit autour du bivouac où il fait étape entre deux visites de villages. Une nuit, il se réveille nez à nez avec un jaguar toutes dents dehors. Mais grâce à la moustiquaire et aux cris des villageois, l'animal déguerpira dans la jungle sans demander son reste.
Potache
En 1966, Chagnon se met à travailler avec le généticien James Neel. Neel avait réussi à convaincre la Commission de l'énergie atomique des États-Unis de financer une étude génétique d'une population isolée et pouvait rémunérer Chagnon pour l'aider dans ses recherches. Ayant commencé à prélever des échantillons de sang des Yanomamö pour leur administrer le vaccin Edmonston B, l'équipe de Neel allait découvrir que les Yanomamö n'avaient aucun anticorps contre la rougeole.
De fait, la tribu semble sortir tout droit d'un manuel d'anthropologie – les Yanomamö sont patrilinéaires et polygames (polygynes) ; comme d'autres cultures dans le monde, ils pratiquent le lévirat – un homme doit épouser la femme de son frère mort ; ils respectent des rôles cérémonieux et s'adonnent à des rituels d'isolement avec des tabous alimentaires et sexuels. Mais il arrive que le vernis exotique craquelle pour révéler une humanité commune, notamment un féroce humour potache. Au début des recherches de Chagnon, les Yanomamö lui feront une blague : lorsqu'il leur demande leur nom, ils lui répondent des obscénités. Chagnon ne s'en rendra compte que plusieurs mois plus tard, lorsqu'il se vante auprès d'un autre groupe de Yanomamö de bien connaître leurs généalogies et qu'il les voit rire aux larmes. Ils le supplient de continuer et, sans en être conscient, Chagnon énumère : « Chatte Poilue était mariée au chef Grosse Bite, leur plus jeune fils s'appelait Trou-du-Cul ». Découvrant le canular, Chagnon est à la fois gêné et furieux : cinq mois de collecte de noms se révèlent n'être qu'une litanie d'insultes. À partir de ce jour, il vérifiera toutes ses informations auprès de plusieurs Yanomamö de différents villages.
Pourquoi la violence  ?
S'ils sont de joyeux drilles, les Yanomamö sont aussi extrêmement violents : Chagnon découvre que jusqu'à 30 % des hommes se font massacrer par leurs congénères. La guerre et la violence sont monnaie courante, et les duels une pratique rituelle : deux hommes se tapent dessus à la matraque jusqu'à ce que l'un des deux succombe. Selon Chagnon, cela ne fait aucun doute que les femmes et les vengeances constituent les causes principales de cette violence. Un point qui n'est pas très surprenant lorsqu'on connaît l'omniprésence d'une impitoyable compétition sexuelle entre mâles dans le règne animal, sauf que les anthropologues préfèrent voir dans la genèse de la violence humaine des questions plus immédiates, comme les conflits de ressources. Un jour que Chagnon demande au chaman yanomamö Dedeheiwa de lui expliquer la cause de la violence, le prêtre répond : « Ne pose pas de questions aussi stupides  ! Ce sont les femmes  ! Les femmes  ! Les femmes  ! Les femmes  ! Les femmes  ! » Chez les Yanomamö, les combats éclatent sur fond de jalousie, d'indécence sexuelle, de viol, de tentatives de séduction, de kidnapping et de promesses de femmes non tenues.
En général, les raids et les attaques intestines voient un ou plusieurs hommes essayer d'enlever les femmes du groupe ciblé. « La victime est agrippée par un bras par ses ravisseurs et ses défenseurs tiennent l'autre bras. Puis les deux groupes tirent dans des directions opposées », explique Chagnon. On lui raconte même l'histoire d'une femme désarticulée dans la manœuvre. « La victime hurle de douleur et la lutte peut durer plusieurs longues minutes avant qu'un groupe n'ait l'avantage. » Si, dans ses entretiens, Chagnon trouve qu'une femme sur cinq a été enlevée, il n'est pas rare que certaines soient reconnaissantes envers leur kidnappeur quand le nouveau mari est moins cruel que l'ancien. De fait, le traitement des femmes yanomamö est des plus horribles et Chagnon doit souvent faire face au dilemme que connaissent bien des anthropologues – faut-il intervenir ou rester dans sa position d'observateur  ? Les hommes battent leur femme par jalousie sexuelle, les punissent à coup de flèches ou de bâtons incandescents qu'ils placent entre leurs jambes pour leur faire passer toute envie d'infidélité. Un jour, un homme allait frapper sa femme à la tête avec une bûche devant un public impassible. « À chaque fois, sa tête rebondissait sur le sol, comme s'il tapait dans un ballon de foot avec une batte de base-ball. Avec le chef, nous sommes intervenus – il était en train de la tuer. » Chagnon lui suturera la tête. Mais une fois rétablie, la femme allait jeter sa petite fille endormie au feu, pour plus tard mourir mordue par un serpent venimeux. En Amazonie, la vie peut être misérable, brutale et courte.
Les tueurs récompensés
Pour ses recherches, Chagnon se rendra plus de vingt fois en Amazonie. En 1968, il publie Yanomamö : The Fierce People, tout de suite best-seller dans le monde entier. Mais en anthropologie, le livre suscite tout aussi immédiatement la controverse. S'il fait l'objet d'un immense respect et devient vite une référence dans le cursus universitaire, son sous-titre qualifiant les Yanomanö de peuple « féroce » dérange les anthropologues, qui préfèrent à l'époque parler dans leurs monographies de tribus « paisibles », de peuplades « inoffensives », voire de communautés qui « ne connaissent pas la colère ». Au sein de la discipline, on s'obstine à camoufler les cultures primitives sous une façade idyllique : 61 % des hommes waorani ont beau connaître une mort violente, un anthropologue qui décrit ce peuple amazonien en parle néanmoins comme d'une « tribu où règne l'harmonie » du fait d'une « éthique mettant l'accent sur la paix ». Lorsque vous considérez ce genre de société comme harmonieuse, il est peu probable que vous soyez impressionné par un Chagnon qui voit dans les Yanomamö un « peuple féroce », alors que seulement 30 % des hommes sont tués par d'autres hommes. Ce même anthropologue, pour qui les Waoroni se feraient fort d'une éthique pacifiste, mettra d'ailleurs ses plus beaux habits jargonneux pour accuser Chagnon de « projection des traditionnels préjugés de la construction occidentale de l'Altérité ».
Mais c'est face à la découverte des unokai – titre honorifique récompensant des hommes pour en avoir tué d'autres – que les anthropologues vont le plus blêmir. Selon les calculs de Chagnon, les tueurs ont environ trois fois plus d'enfants et deux fois plus d'épouses que les autres. Détaillant ses observations dans un article publié dans Science en 1988, Chagnon laisse entendre que les hommes victorieux dans ce phénomène culturel – démontrer sa prouesse militaire à tuer pour se venger – étaient tenus en meilleure estime par le groupe et étaient aussi considérés comme plus séduisants par les femmes. Dans certains cercles extérieurs à l'anthropologie, là encore, la théorie de Chagnon n'est pas surprenante, mais ses implications pour l'anthropologie pouvaient être profondes. Dans La Part d'ange en nous, Steven Pinker souligne que si les hommes violents s'avèrent plus adaptés sur un plan évolutif que les autres, « cette arithmétique, si elle persistait pendant plusieurs générations, favoriserait une tendance génétique à vouloir et à pouvoir tuer ».
Les conflits sur les moyens de reproduction – les femmes – (...) – ont façonné la psychologie masculine humaine
La question de savoir si la meilleure fitness darwinienne des hommes violents est un phénomène universel à toute l'humanité préhistorique reste contestée. Chagnon va visiblement dans ce sens : « Les conflits sur les moyens de reproduction – les femmes – ont dominé les machinations politiques masculines durant toute l'histoire de l'humanité et ont façonné la psychologie masculine humaine », écrit-il. Ses détracteurs n'en croient pas leurs yeux. Non seulement accusait-il une société amazonienne jusqu'ici inconnue de récompenser ses mâles les plus violents par un succès reproductif, mais il en déduisait que l'humanité tout entière était elle-même souillée du sang de nos ancêtres ! Dans cette hypothèse, ils voient une menace : une nouvelle façon de penser le comportement humain risquait de s'immiscer en anthropologie pour promouvoir un nouveau paradigme d'écologie comportementale appliquée à l'humain. Chagnon fait une entrée fracassante sur le champ de bataille des science wars et les anthropologues vont faire la queue pour le couvrir d'opprobre et tourner ses hypothèses en ridicule. Le « débat » sera si mesquin que certains anthropologues refuseront d'utiliser sa translittération « Yanomamö », pour lui préférer « Yanomami ». S'ils n'arrivaient pas à s'entendre sur le nom du peuple, sur quoi d'autre pouvaient-ils espérer tomber d'accord  ?
Aux yeux de Chagnon, son plus redoutable critique fut l'éminent anthropologue Marvin Harris. Harris avait été officieusement couronné roi de la discipline après la publication de son magnus opus The Rise of Anthropological Theory. Fondateur de la très influente école matérialiste d'anthropologie, il soutient que les ethnographes devraient d'abord chercher des explications matérielles au comportement humain avant d'envisager des alternatives, car « la vie sociale humaine est une réponse à des problèmes pratiques de l'existence ». Selon Harris, la structure et la « superstructure » d'une société sont en grande partie des épiphénomènes de son « infrastructure » ; en d'autres termes, que l'organisation économique et sociale, les croyances, les valeurs, l'idéologie et le symbolisme d'une culture évoluent à la suite des changements des circonstances matérielles d'une société particulière et que des pratiques culturelles apparemment désuètes tendent à refléter la relation entre l'Homme et son environnement. Par exemple, l'interdiction de la consommation de bœuf chez les Hindous en Inde n'est pas principalement le fait d'injonctions religieuses. Ces croyances religieuses sont elles-mêmes des épiphénomènes des véritables causes : les vaches sont plus précieuses pour tirer les charrues et produire des engrais et du combustible pour chauffer les maisons. Le matérialisme culturel privilégie les explications de type « étique » sur l'« émique », il ignore les opinions des membres d'une société et entend découvrir la réalité qui se cache derrière ces opinions.
Ainsi, lorsque les Yanomamö expliquent que la guerre et les combats sont causés par les femmes et les vendettas, Harris leur cherche une explication matérielle relevant des préoccupations immédiates de survie. Les données de Chagnon confirment que plus un village est grand, plus les risques de combats, de violence et de guerre sont élevés. Dans son livre Good to Eat : Riddles of Food and Culture, Harris soutient que les combats sont plus fréquents dans les plus grands villages yanomamö parce qu'ils épuisent les stocks de gibier local plus rapidement que les petits villages, ce qui ne laisse aux hommes pas d'autres choix que de se battre entre eux ou d'attaquer des groupes extérieurs pour combler leurs besoins en protéines. Lorsque Chagnon présente la théorie matérialiste de Harris aux Yanomamö, ils éclatent de rire et répondent : « Oui, nous aimons la viande, mais nous aimons beaucoup plus les femmes. » Selon Chagnon, les petits villages sont moins violents parce que leurs membres sont biologiquement plus proches – ces communautés ne sont composées que de deux ou trois grandes familles, avec des systèmes de répartition et de partage des femmes plus stables.
Un soir, Chagnon assiste à un débat sur la sociobiologie entre Edward Wilson et Harris au Smithsonian Institute. À un moment donné, alors qu'il est en train de décrire les dangers de la sociobiologie, Harris fait une pause et s'exclame : « Saviez-vous qu'il y a un anthropologue, un homme désormais célèbre pour ses longues recherches sur les Indiens d'Amazonie, qui prétend, mesdames et messieurs, que ces tribus n'ont pas seulement un gène de la guerre, mais qu'elles ont aussi des gènes de l'infanticide  ! » Une telle caricature du point de vue de Chagnon que ce dernier fait passer une question au modérateur. Il veut qu'Harris « donne le nom de ce fameux anthropologue qui affirme qu'il existe des gènes de la guerre et de l'infanticide ». Mais pendant toute la session des échanges avec le public, Harris ne cesse de temporiser sa réponse, tant et si bien que le modérateur en vient à annoncer la conférence terminée. Qu'à cela ne tienne, Chagnon se lève et demande une nouvelle fois à Harris de donner le nom de l'anthropologue mystère. Le public, qui reconnaît immédiatement Chagnon de ses documentaires, se met à crier : « Qu'il parle  ! Laissez-le parler  ! » Momentanément décontenancé, Harris avoue que s'il a mal compris Chagnon, il l'invite à revenir à l'anthropologie. La réponse de Chagnon ? « Mais je ne l'ai jamais quittée. »
En butte aux missionnaires salésiens
Si les critiques de Harris et d'autres anthropologues continuent de pleuvoir sur Chagnon aux États-Unis, sa réputation en vient à se détériorer sur un autre front. Dès son arrivée en Amazonie, Chagnon avait entretenu des relations cordiales avec un prêtre missionnaire des Salésiens de Don Bosco. En réalité, Chagnon et le prêtre sont devenus tellement bons amis que le religieux demande un jour à Chagnon de tuer un de ses compagnons de mission, accusé d'avoir rompu son vœu de chasteté en couchant avec une femme yanomamö. Le prêtre craint que l'incartade ne salisse l'honneur de l'ordre salésien. Évidemment, Chagnon refuse, mais cela met leur relation à rude épreuve. Elle se détériore davantage lorsque Chagnon découvre que les missionnaires distribuent des fusils aux autochtones et que ceux-ci les utilisent dans leurs guerres. En outre, les missionnaires ignorent toutes les recommandations de Chagnon pour préserver les Indiens de la rougeole : en voulant convertir les Yanomamö, les salésiens contribuent à la propagation rapide de la maladie. Les liens entre les missionnaires et Chagnon se rompent définitivement lorsque l'anthropologue collabore à un documentaire où les religieux sont présentés sous un jour moins que flatteur. Au début des années 1990, les missionnaires entendent chasser tout bonnement Chagnon d'Amazonie et redoublent d'efforts lorsqu'ils apprennent que la BBC et Nova sont sur le point de produire un nouveau documentaire dans la forêt tropicale portant sur sa dispute avec Marvin Harris. Ils arriveront à leurs fins : les salésiens font pression sur Maria Luisa Allais, la responsable de la Commission indienne du Venezuela, pour qu'elle refuse à Chagnon un permis dont il avait besoin pour revenir dans le pays et continuer ses recherches.
En 1993, une tragédie frappe l'Amazonie lorsque des chercheurs d'or traversent la frontière en provenance du Brésil et massacrent plusieurs Yanomamö, dont des femmes et des enfants. L'explorateur Charles Brewer-Carías est choisi pour diriger une commission présidentielle sur le massacre, et il veut que Chagnon en fasse partie, vu qu'il est l'un des rares anthropologues au monde à parler yanomamö. Lorsque le président vénézuélien Carlos Perez apprend que Chagnon s'est vu refuser un permis d'entrée, il téléphone au ministère de l'Éducation et lui ordonne de lui en délivrer un derechef. Maria Luisa Allais, visiblement dans ses petits souliers, s'exécute et Chagnon récupère ses papiers. Le fait que Chagnon ait court-circuité la Commission indienne et fasse maintenant partie de la commission présidentielle chargée d'enquêter sur le massacre exaspère au plus haut point les salésiens. Ils pensent que l'enquête leur revient de droit. Dès le premier jour des investigations, un évêque salésien accompagné d'hommes armés de fusils automatiques se pose en hélicoptère sur le lieu du massacre et ordonne à Brewer-Carías et à Chagnon de déguerpir. Le gouvernement étant alors à la veille d'un coup d'État et peu disposé à faire respecter la loi et l'ordre dans les profondeurs de l'Amazonie, la commission d'enquête sera rapidement dissoute. Toute sa vie, Chagnon regrettera que les morts n'aient pu obtenir justice.
Une crise sans précédent
Malgré leur amère rivalité intellectuelle, Marvin Harris ne va jouer aucun rôle dans les sensationnelles accusations portées contre Chagnon, voulant qu'il ait mené ses recherches en Amazonie de manière contraire à l'éthique. Celles-ci seront le fait d'une coalition d'anthropologues moins éminents, dont certains occupent des fonctions de premier plan dans des organisations militantes créées de toutes pièces pour s'opposer à Chagnon. David Maybury-Lewis, président de l'association Cultural Survival, fut l'un des premiers critiques de Chagnon et aussi l'un des premiers anthropologues à conspuer la « férocité » qu'il attribuait aux Yanomamö. Un étudiant de Maybury-Lewis, Terence Turner, président pour sa part de Survival International USA, sera un détracteur encore plus farouche de Chagnon. Survival International, qui s'en est récemment pris à Steven Pinker pour La Part d'ange en nous, promeut depuis longtemps l'image rousseauiste de peuplades traditionnelles devant être préservées dans toute leur splendeur naturelle des ravages du monde moderne. Survival International vilipende toutes les découvertes anthropologiques susceptibles de compliquer cet angélique tableau et Chagnon s'est aventuré en plein dans leur ligne de tir. Sur leur site internet, on trouve toujours une pétition reprochant à Chagnon sa caractérisation des Yanomamö comme « peuple féroce, violent et archaïque ».
Pendant des années, Terence Turner de Survival International prêtera main-forte à un soi-disant journaliste, Patrick Tierney, qui enquêtait sur Chagnon pour son livre Au nom de la civilisation. En 2000, alors que le livre de Tierney est sur le point d'être publié, Turner et son collègue Leslie Sponsel écrivent à la présidente de l'American Anthropological Association (AAA) et l'informent qu'une crise sans précédent est sur le point de toucher l'anthropologie. En effet, Tierney affirme que Chagnon et Neel avaient propagé la rougeole chez les Yanomamö en 1968 en utilisant des vaccins défectueux ou que les documentaires de Chagnon dépeignant la violence des Yanomamö ont été truqués et que plusieurs Yanomamö l'ont payé de leur vie sur le tournage de scènes dangereuses. En outre et entre autres, Chagnon est accusé d'avoir généré de la violence parmi les Yanomamö, falsifié ses données, déclenché des guerres et aidé des politiciens corrompus. Neel est également accusé d'avoir refusé des vaccins à certaines populations autochtones dans le cadre d'une expérience. Les médias ne tardent pas à se faire l'écho des calomnies de Tierney, dont le Guardian qui publie un article incendiaire accusant Neel et Chagnon d'eugénisme. Turner affirme pour sa part que Neel croyait en un gène du « leadership » et que le pool génétique humain pouvait être amélioré en éliminant les individus les plus médiocres. « L'implication politique de cet eugénisme fasciste », déclare Turner au Guardian, « est clairement que la société devrait être réorganisée en petits isolats procréatifs dans lesquels des hommes génétiquement supérieurs pourraient devenir dominants et ainsi éliminer ou réduire les perdants en esclavage ».
Une guerre sans merci
À la fin de 2000, l'American Anthropological Association (AAA) annonce une consultation au sujet du livre de Tierney. La nouvelle n'est pas tout à fait rassurante pour Chagnon, vu le passif de l'organisation avec des anthropologues ne suivant pas la ligne du parti. Lors de la controverse Freeman-Mead, quand l'anthropologue néo-zélandais Derek Freeman avait critiqué le livre de Margaret Mead Adolescence à Samoa, le magazine Science, édité par l'association américaine pour l'avancement des sciences (AAAS), louera le travail de Freeman au moment même où l'AAA le conspuait. L'AAA s'en prendra d'ailleurs à l'AAAS à laquelle elle reproche de pas avoir condamné Freeman. Sauf que selon une enquête approfondie de l'Académie des sciences, les affirmations de Tierney étaient « manifestement fausses », son livre portant « un grave préjudice (…) à la science elle-même ». Du côté de l'AAA, on estime que l'ouvrage de Tierney a « rendu un précieux service à notre discipline ». L'AAA décide de réunir un groupe de travail, l'« El Dorado Task Force », chargé non pas d'« enquêter » sur Chagnon, ce qui aurait violé son code de déontologie, mais sur les affirmations de Tierney.
Derrière les portes closes de l'AAA, les tensions sont vives. « Détruisez ce message », écrit Jane Hill, chef du groupe de travail à Sarah Hrdy, une autre anthropologue. « Le livre n'est qu'un tas de fumier (nous utiliserons des mots plus ripolinés dans notre rapport, mais nous sommes tous d'accord là-dessus). Je pense néanmoins que l'AAA devait faire quelque chose, parce que je suis persuadée que les travaux des anthropologues auprès des peuples indigènes en Amérique latine (…) et leur avenir ont été gravement remis en question par ces accusations. Le silence de l'AAA aurait été interprété comme un acte d'approbation ou de lâcheté. La postérité jugera du bien-fondé de cette décision. » Bouleversé d'apprendre que la communauté anthropologique pourrait prendre au sérieux les accusations de Tierney, Chagnon est hospitalisé pour un évanouissement causé par le stress. Soupçonnant que le groupe de travail avait été constitué pour pousser Chagnon sous le bus, l'anthropologue Raymond Hame démissionnera de la commission. En 2002, l'AAA se voit remettre le rapport du groupe de travail : s'il n'est pas une « enquête » en bonne et due forme, il reproche néanmoins à Chagnon d'avoir dépeint les Yanomamö d'une manière « néfaste » et le tient responsable d'avoir fait passer ses recherches avant leurs intérêts.
Lavé de tout soupçon
Les accusations les plus graves de Tierney s'effondrent cependant comme un château de cartes. En 2000, les chefs élus des Yanomamö publient un communiqué, affirmant que Chagnon était arrivé après l'épidémie de rougeole et qu'il avait sauvé des vies, « Le Dr Chagnon – que nous connaissons sous le nom de Shaki – est venu dans nos communautés avec des médecins et il nous a vaccinés contre la maladie épidémique qui nous tuait. Grâce à lui, nous sommes des centaines à avoir survécu et nous sommes très reconnaissants au Dr Chagnon et à ses collaborateurs pour leur aide. » Des enquêtes de l'American Society of Human Genetics et de l'International Genetic Epidemiology Society concluent toutes au caractère sans fondement des accusations de Tierney quant à l'épidémie de rougeole. L'université du Michigan renouvelle sa confiance à son professeur. Les articles se multiplient dans les revues spécialisées pour dénoncer les conclusions erronées du groupe de travail de l'AAA. En 2005, l'American Anthropological Association vote le retrait du rapport et lave Chagnon de tout soupçon.
En 2000, un communiqué commun entre leaders yanomamö et leurs voisins Ye'kwana réclame la tête de Tierney : « Nous exigeons que notre gouvernement national enquête sur les fausses déclarations de Tierney, qui entachent la mission humanitaire qu'avait menée Shaki [Chagnon] avec beaucoup de tendresse et de respect pour nos communautés. » L'enquête ne verra jamais le jour, mais la réputation de Tierney, déjà bringuebalante, est achevée par les travaux de l'historienne des sciences Alice Dreger. Elle découvre, entre autres, que si Tierney remercie une anthropologue vénézuélienne de lui avoir fourni un dossier sur Chagnon, en réalité, comme l'anthropologue l'avouera à Dreger, Tierney en était le seul auteur et l'avait fait passer pour une source à charge indépendante.
En 2012, Tierney a disparu des radars. Il n'écrit ni ne se montre plus jamais plus en public. Chagnon, lui, a été élu à l'Académie nationale des sciences, la plus prestigieuse distinction qui puisse être décernée à un scientifique après le prix Nobel. Pour Chagnon, l'exonération est totale mais, aujourd'hui encore, certains anthropologues continuent de véhiculer les mensonges de Tierney. Si Turner a fini par les abandonner, il cherchera jusqu'à sa mort en 2015 d'autres preuves accablantes contre Chagnon. En 2013, l'anthropologue David Price publie un article dans le journal d'extrême gauche CounterPunch pour critiquer la décision de l'Académie nationale des sciences. Il y cite le livre de Tierney sans se fatiguer à préciser que l'auteur et ses arguments ont été depuis longtemps discrédités. L'anthropologue Marshall Sahlins, également thuriféraire de Tierney, démissionne de l'Académie nationale des sciences pour protester contre l'élection de Chagnon. David Graeber, son protégé, commente « Sahlins est un véritable homme de principe (...) Il n'a jamais eu beaucoup de patience pour les machos yankees en débardeur qui prenaient d'assaut les jungles et traitaient leurs habitants de brutes sauvages histoire d'avoir une excuse pour se comporter eux-mêmes en brutes sauvages ». Les querelles entre détracteurs et partisans de Chagnon ne sont pas près de s'éteindre, malgré les preuves disponibles. Comme Alice Dreger le faisait remarquer à Graeber sur Twitter en 2013 : « Si Sahlins n'arrive pas à admettre que Chagnon n'a rien fait, alors peut-être qu'il n'avait effectivement plus sa place à l'Académie nationale des sciences. »
Le véritable schisme
Pour le Scientific American, cette controverse incarne les « heures les plus sombres de l'anthropologie » et soulève de troublantes questions pour l'ensemble de la discipline. En 2013, Chagnon publie son dernier livre, une autobiographie où il écrit que l'anthropologie est depuis longtemps tiraillée par un schisme bien plus important que n'importe quelle opposition entre paradigmes de recherche ou écoles d'ethnographie. Le schisme entre ceux qui se consacrent à la science de l'humanité, les anthropologues au vrai sens du terme, et les opposants à la science, que ce soit ceux que l'on définit vaguement comme « postmodernes » ou les militants qui se déguisent en scientifiques et font passer la défense des droits autochtones avant la recherche de la vérité objective. Comme ambassadrice de la faction activiste des anthropologues, Chagnon désigne Nancy Scheper-Hughes et cite sa déclaration selon laquelle nous « n'avons pas besoin de nous engager philosophiquement pour les notions de raison et de vérité chères aux Lumières ».
si nous ne pouvons pas penser les institutions et les pratiques sociales en termes scientifiques et objectifs, alors l'anthropologie sera encore plus faible et inutile
Qu'importe les raisons et les torts des trois décennies de débat entre Chagnon et Harris, le paradigme matérialiste était une hypothèse scientifiquement discutable. Chagnon finira d'ailleurs par admettre qu'il avait bien plus en commun avec son vieux rival qu'avec les nouvelles générations de chercheurs-activistes. « Ironiquement, Harris et moi avons tous les deux plaidé pour une vision scientifique du comportement humain à une époque où un nombre croissant d'anthropologues ne pouvaient plus voir l'approche scientifique en peinture », écrit-il. Lorsque Nancy Scheper-Hughes déclare « si nous ne pouvons pas penser les institutions et les pratiques sociales en termes moraux ou éthiques, alors l'anthropologie me semble assez faible et inutile », Marvin Harris lui répond : « Si nous ne pouvons pas penser les institutions et les pratiques sociales en termes scientifiques et objectifs, alors l'anthropologie sera encore plus faible et inutile. »
Pour Chagnon comme pour Harris, il était dangereux que l'anthropologie ne soit plus une entreprise scientifique. Et tous les deux estimaient que des anthropologues, sans même parler d'autres chercheurs en sciences sociales, déguisaient un activisme de plus en plus anti-scientifique par le recours à un charabia postmoderne obscurantiste. Dans les années 1980, Chagnon ne renouvela pas son adhésion à l'American Anthropological Association parce qu'il ne comprenait plus le « charabia postmoderne inintelligible » enseigné dans le domaine. Dans son dernier livre, Harris abondait presque dans le sens de Chagnon : « Les postmodernistes sont désormais capables d'écrire sur leurs pensées d'une manière exceptionnellement impénétrable. Leur prose néo-baroque avec ses propositions enchâssées, ses syllabes entre crochets, ses métaphores de métaphores, ses pirouettes verbales, ses fioritures et ses figures stylistiques n'est pas un simple épiphénomène ; il s'agit bien plutôt d'une saillie raillant quiconque s'essayant à écrire des phrases simples et intelligibles dans la plus pure tradition moderniste. »
Dans la discipline que l'on appelle aujourd'hui anthropologie, la quête de connaissances sur l'humanité est à bien des égards devenue méconnaissable. Selon Chagnon, l'anthropologie culturelle était entrée dans « une ère de ténèbres ». Avec sa mort, l'anthropologie s'avance un peu plus vers l'obscurité.
*Matthew Blackwell est un écrivain australien, diplômé de l'université du Queensland en économie et en anthropologie. Vous pouvez le suivre sur Twitter @MBlackwell27
**Cet article est paru dans Quillette. Quillette est un journal australien en ligne qui promeut le libre-échange d'idées sur de nombreux sujets, même les plus polémiques. Cette jeune parution, devenue référence, cherche à raviver le débat intellectuel anglo-saxon en donnant une voix à des chercheurs et des penseurs qui peinent à se faire entendre. Quillette aborde des sujets aussi variés que la polarisation politique, la crise du libéralisme, le féminisme ou encore le racisme. « Le Point » publiera chaque semaine une traduction d'un article paru dans Quillette.
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canardventriloque · 6 years
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Et l’amour défait son trône de velour
A comme Amour, B comme celle que j'ai ''aimé'' en premier. Elle était là derrière le A, je ne la voyais pas. Le 07 janvier est son jour, était son jour, ne l'a jamais vraiment été.
Qu'est-ce qu'aimer ?
Je rêve encore d'elle quelques fois, mais ça ne veut plus rien dire je crois, en tout cas ça ne me fait pas ou plus grand chose. Elle est loin maintenant. Il n'y a que le goût de la cerise qui est proche, une douleur qui reste.
En ce temps là j'ai vu ma tombe s'ouvrir dans une terre sèche et délétère. Depuis, j'y plante des graines.
Et je cherche encore le cerisier (peut-être suis je assis sur sa branche? Peut-être ce texte est-il une de ses feuilles).
(Une pierre bleue tombe au fond de l'eau quelque part, les échos se répercutent contre les parois).
Ecriture émotionnelle sinueuse.
(L'eau s'ensommeille autour du galet).
Je pense très fort à elle, elle aussi, parfois elle et elle.
Je pense fort à lui et dès fois quand je suis avec lui je sens mon affection pour lui être très forte. Je l'aime très fort, je pense que j'aimerais le toucher davantage. Je n'en suis pour autant pas frustré ou malaisé.
J'aime toucher le corps des personnes que j'aime, seulement quand je suis sûr que mes caresses sont bienvenues. J'ai peur d'être intrusif et trop tactile.
Cependant je ne suis pas à l'aise qu'on me touche.
J'ai peur d'être fermé et pas assez tactile.
Je me sens souvent difforme et étranger à mon corps. Il est là et je suis à côté, c'est froid et ça tremble, c'est sec et ça s'assèche.
J'ai honte de moi. J'ai peur de ne pas plaire. J'ai peur d'être rejeté. J'ai peur d'être ennuyeux, gênant, malaisant, blessant, énervant, inintéressant. J'ai peur de faire du mal.
J'ai peur que le silence ne suffise pas. J'ai peur de n'avoir que le silence à demander.
J'aimerais passer plus de moments intimes et calmes, en tête à tête ou non. Ou avec toutes ces personnes réunies (ce serait si étrange, comme mettre des ondes puissantes dans une même pièce, tout en vibrerait si fort, ce serait insoutenable).
J'aimerais m'étendre près d'iel, faire des caresses, des câlins. Regarder son visage s'endormir, s'éveiller, fureter, rêvasser, s'éclairer, s'assombrir, se troubler, s'épanouir.
J'aimerais "juste" pouvoir rester là et te regarder.  
Ne plus jamais rien dire.
Seulement s'émouvoir, rire.
Parfois chuchoter, jouer, se tourmenter. Se réconforter. S'apaiser. S’enlacer.  
Les câlins sont très différents d'une personne à une autre. Je crois que mes préférés sont ceux avec A. Ceux avec M sont très forts. Avec W si croustillant.
J'aimais beaucoup ceux avec B. Avec K c'était dément.
C je veux te faire des gros câlins.
Chaque câlin finit par former une cicatrice. Je voudrais rester là tout contre toi. Ou bien m'en aller très vite très loin me cacher et pleurer. Chaque câlin donne aussi une énergie phénoménale, ou bien cela peut m'achever un peu.
J'ai envie de tendresse, de paresse, de lignes de flottaisons volubiles et grumeleuses.
J'aime effleurer la peau, les cheveux, communiquer par mes mains, sentir les courants de l'être de l'autre, essayer d'apaiser, de faire du bien, de caresser l'âme par le cuir chevelu.
Quand j'aime, je ne sais pas où je vais, mais je sais que j'aime rester là près de toi. Je ne te demande pas de t'occuper de moi. Je ne te demande pas de me donner de l'attention ou quelque chose. J'aime bien juste être là, pas loin. J'aime être dans la même pièce que toi, partager le même espace-temps que toi, les mêmes mètres cubes d'air que toi. J'aime t'écouter, te regarder, te toucher, te sentir, te ressentir.
J'ai peur d'être là en trop, d'être un poids, d'être demandeur, d'être oppressant, étouffant, angoissant, anxiogène.
Je ne crois pas me sentir incomplet et chercher à me compléter à travers une autre personne. Quand j'aime, j'éprouve un grand élan vers l'autre et j'ai envie d'être là, présent au monde avec cette personne. Je veux être près d'elle de temps à autre, quand elle le voudra, quand je le peux, pour la remercier infiniment d'être et d'exister et d'accepter de me parler et de me voir.
Je suis heureux de sentir cette existence, cette palpitation, cette fragrance d'être qui m'enivre. Et cet élan me pousse vers toi. Je ne sais où marcher, je me laisse tomber vers tes éclats et je veux m'éclipser derrière tes paupières. Peut-être que quand j'aime, je renonce à moi un peu. J'ai envie de faire de la place pour toi, si tu veux, comme tu veux, tout me va. J'ai envie de m'étriper pour toi.
Ces passions qui parfois m'emportent me plongent généralement dans la douleur, la tristesse et l'évitement. J'ai trop peur de m'imposer dans la vie de l'autre, de faire trop sentir mon existence. Il y a cet élan irrépressible qui me lance vers l'autre, mais j'ai peur d'être trop visible. Mais je ne veux pas être invisible. Je veux être là, mais pas trop. Je ne sais pas comment faire.
J'ai peur de me surexposer et d'éclipser.
J'ai peur de n'être rien.
J'ai peur de vouloir être rien.
J'ai peur d'être collant et d'être rejeté.
J'ai peur que mon amour pour toi soit aussi l'amour de ma destruction.
J'ai peur de ne pas t'écouter, de n'écouter que moi. Persuader de ne pas m'entendre j'ai tendance à tout éteindre.
Pendant longtemps, amour et mort ont partagé en moi le même chemin d'existence. Se donner à la mort, c'est se donner à l'amour. Se donner à l'amour, c'est se donner à la mort. C'est se confier à ce qu'il y a des plus profond dans la vie, la passerelle qui relie toute chose. Une légèreté insoutenable. Une lourdeur volatile. Un vide plein. Une foisonnance impalpable.
La mort, c'est l'amour à l'état pur.
Comment aimer sans vouloir me tuer ?
Il y a cette envie malsaine en moi, de trouver une personne avec qui mourir. Je crois que je le ressens moins. Je me vois mieux mourir seul.
Mais je ne me vois toujours pas vivre.
J'ai envie d'être allongé à tes côtés aux racines d'un arbre, un grand orme ou un souple bouleau. Le vent caresse les herbes qui ondulent et des bribes de feuilles et de rêves virevoltent dans tes cheveux. Avec comme coussin le silence et nos soupirs nous regardons les branches danser. On entend un vieux poste de radio au loin. Je te regarde en souriant. Tu es belle/beau. Une coccinelle s'accroche à tes cheveux où j'entortille mes doigts. La coccinelle s'échappe sur mon index et je la dépose sur le bout de ton nez. Elle déploie ses ailes et s'envole, tu suis sa course avec attention et ton regard s'allonge sur l'horizon. Je dépose mon être dans cette alvéole contemplative. Je suis content d'exister en même temps que toi.
C'est un peu comme ça que je vois les choses, mais bien sûr pour chaque personne il y a un mood, des sensations, des perceptions différentes. Chaque amour est unique, il faudrait en décliner les tonalités et les notes le long d'une harpe céleste dont l'infini est en éternel devenir pour tenter d'en aborder les rivages de ses vastes saveurs et exhalaisons, de ses rutilances et miroiteries, de ses joailleries et éclats d'âme sablonneux. Toute vie est un miracle car toute vie porte l'amour. Je dirais même : toute vie est amour. Dès lors, la tête me tourne tant l’immensité nous tend les bras à chaque instant.
Il n'y a donc pas de mécanique ou de route. Dès fois je me laisse porter. Dès fois je me dissous. Souvent ça n'a pas de sens, souvent c'est sans conséquences. Sous le manteau du temps présent de l'être-là il y a un squelette de sensations et d'émotions, comme un motif qui se répète, et ce squelette c'est moi. L'historicité de l'amour et de ses manifestations. Je suis un squelette enveloppé dans un manteau. Un manteau d'hiver.
J'essaye d'écouter tes pas dans la neige et les flocons qui dansent.
Je veux écouter tes mélodies.
Je veux me taire et aspirer l'écho de ton âme. J'en garderai quelques bruits que j'emporterai avec moi. Je veux laisser de la place. Je veux que tu emplisses mon espace.
Mais j'ai peur que ce soit trop douloureux. Te laisser t'installer en moi et dans mes perceptions me semble dangereux. J'ai beaucoup trop peur que tout s'arrache et qu'un jour je me retrouve dans un univers encodé par des scripts perdus de toi. Je vis dans un vaste cimetière de ressentis en dissolution. J'ai mal de sentir le monde se défragmenter, encore. J’appréhende. Mon squelette est craquelant. Mon squelette est désarticulé.
Et j'ai si peur de tout brouiller encore, de tout étouffer, de tout alourdir, de tout épaissir.
J'ai si peur.
Toute la difficulté d'être me semble contenue dans ce point vital : aimer.
(Suis-je un cadavre qui s'anime ? À la dérive ? Ou porté par le flot et le flux de tout ce qui est ?)
  J'en suis arrivé à la conclusion que vivre n'est que douleur et qu'il ne nous reste plus qu'à aimer. Il n'y a qu'en aimant que je trouve la vie supportable. Il n'y a qu'en aimant que j'accepte d'être.
Alors j'aime, et qui vivra verra, mais ça reste un discours et la vie est fébrile.
« Je pense que accepter la mort, c'est comprendre l'amour, et inversement » - C
(Ai-je accepté ? )
(La pierre qui coule)
Et pour toi, c’est quoi l’amour ?
~ Écrit entre le 23 décembre 2018 et le 07 janvier 2019 ~
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luma-az · 5 years
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La technique et le ??? de l’écriture
Honnêtement, je ne sais même pas quoi mettre en second mot de ce titre.
J'ai commencé ce billet en me disant que je lisais trop de trucs sur les techniques d'écriture, récemment. Sans doute parce que Tumblr a envahi ma vie et que j'ai trouvé plein de profils intéressants. Et je reste toujours très fan des gens qui prennent le temps de réfléchir et faire des recherches pour apporter des réponses sérieuses à des questions qui semblent random, et qui sont en fait passionnantes ("et si des fées vivaient à l'université avec les humains", "comment est-ce que la magie d'un univers de fantasy pourrait aider des personnes souffrant de maladie mentale", etc...). Loin de tuer le coté "magie de la magie", je trouve que ces problématiques et leurs différentes réponses, les différents angles pour y répondre, élargissent notre imaginaire et poussent toujours à de nouvelles questions. Aucun problème de ce coté là.
Non, ce qui me gêne en fait ce sont les aspects techniques de l'écriture en elle-même. Les conseils après lesquels j'ai couru avidement, on ne va pas se mentir. Comment faire une bonne scène d'introduction, un bon personnage, une bonne description, un bon enjeu. Le héros aux milles visages (oui, bon, je ne l'ai pas lu, mais comme tout le monde sur internet je connais le résumé du résumé). Et même des techniques pour se mettre dans l'ambiance pour écrire, avec des routines, etc...
Je n'adhère pas à tout ce que je lis ou entends. Après tout, j'écris des fictions depuis plus de vingt ans (oui, j'ai commencé très jeune, et oui j'ai mis des années avant d'écrire quelque chose qui tenait la route, je n'ai pas été un petit prodige ou quoi que ce soit), donc je sais ce qui fonctionne pour moi ou ne fonctionne pas. J'ai déjà écris quatre romans complets et une sacrée quantité de nouvelles, je sais de quoi je parle. Pourquoi je vais lire tout ça, maintenant, à trente ans passé ? Après avoir passé mon adolescence à vomir l'analyse de texte qui "détruit la magie", alors que je n'avais pas envisagé une seconde de faire des études de littérature (qui était la voie où à peu près tout le monde me voyait...), pourquoi maintenant que je me focalise là-dessus ?
Au départ, je voulais progresser un peu plus facilement. Oui, j'ai écris des histoires, mais elles auraient pu être meilleures. La preuve, si je les écrivais maintenant, elles seraient meilleures. J'ai progressé en passant des années à écrire à tâtons, en avançant par essai-erreur, en passant de l'imitation candide de mes auteurs préférés à l'utilisation de mes propres trucs préférés. Je vois devant moi des champs entiers de domaines d'écriture dans lesquels je ne me sens pas à l'aise, et si d'autres personnes peuvent me donner des moyens de progresser sans avoir besoin de faire tout ce chemin seule en partant de zéro, ça serait super.
Mais au final, trop d'analyses m'ont surtout ranimé un fort sentiment d'illégitimité.
C'est de ma faute. Je n'ai pas juste regardé vers l'avant et ce que je voulais mettre en place dans mes histoires. J'ai aussi regardé en arrière. Vers ce que j'ai déjà écris. Et... forcément, ce n'est pas toujours beau. Ou clair. Ou bien structuré. Qu'est-ce que je voulais dire, là ? Quel est le sens de cette scène ? De ce personnage ?
En général, la réponse est : ça paraissait cool sur le moment. Cette scène était badass, j'aime ce personnage et sa manière de réagir, j'avais envie de voir la suite. Basiquement, j'écris que ce j'ai envie de lire. Des nouvelles avec zéro description, qui t'embarquent pour un enjeu et le résolvent en dix pages, parce que pourquoi faire du background dans une nouvelle, on n'est pas là pour s'attacher. Des romans fleuves qui se la jouent "série" parce que j'aime avoir plein de détails et de point de vue sur les personnages qui évoluent, et que j'aime en avoir plein. Un roman idée, parce que j'étais sûre que c'était intéressant, et ok l'héroïne et l'intrigue sont moins importantes mais je me suis bien amusée à me balader là-dedans. Des fanfictions sur des "et si...", parce que c'est toujours intéressant de prendre les mêmes personnages, de changer un détail et de voir en quoi ça influence tout le reste. Et des fanfictions-essais pour travailler les styles où je suis mauvaise, mais avec du matériel de base que j'aime sinon je vais m'ennuyer.
Non, je ne pense pas beaucoup au lecteur quand j'écris.
Sauf que maintenant, des lecteurs, j'en ai. Sur Wattpad en gratuit, et même des gens qui payent mes histoires auto-édités.
Argh.
(ce argh est un mélange de ouais c'est génial ! et de putain mais du coup il va falloir que je fasse attention à ce que je fais !)
Je crois que je ne m'attendais pas à réussir, en fait. Même si on reste sur une réussite à petite échelle, ça fait du monde qui apprécie de lire mes histoires (j'ai toujours du mal à me représenter ça en fait) et qui a envie que la suite soit tout aussi bien. Et justement, c'est ce que j'écris en ce moment, la suite.
Autant vous dire que j'ai du mal.
Et tout les conseils que j'ai lu ne font que me freiner davantage.
Je sais ce que j'ai mis en place dans le premier tome. Je sais ce que je veux raconter dans le deuxième. J'ai caractérisé mes personnages et je sais quelle évolution je vais leur donner.
A partir de là, quand j'écrivais le premier tome avec la foi de celle qui tente d'écrire un roman pour la deuxième fois et n'est pas plus certaine de le finir que le premier, je me contentais de me poser devant l'ordinateur en me disant : "bon, j'en étais où ? Ah oui. Alors voilà ce qui se passe ensuite".  Pas de plan, pas de structure équilibrée, juste un bon vieux "Sauras-tu ?" comme dans Misery. Avec parfois des blocages assez tout ou rien (type "je suis nulle, personne n'aura jamais envie de lire ça"), parce que sinon c'est pas drôle.
Mais maintenant je sais que je suis capable de finir un roman. Et je me pose beaucoup trop de questions sur la réception des lecteurs. Est-ce que c'est assez prémâché, calibré, compréhensible ? Ou est-ce que ça l'est trop ? Qu'est-ce qu'ils vont penser de l'évolution de ce personnage ? Est-ce que c'est du déjà vu ? Est-ce que ça va surprendre ? Est-ce que les lecteurs vont avoir de l'empathie pour ce personnage ? Est-ce que je ne valide pas implicitement les mauvais comportements de ce personnages ?
Je crois que ce n'est pas le moment de me poser ces questions. Elles sont légitimes. Mais je n'ai pas de réponses, puisque pendant que je me prends la tête JE N'ECRIS RIEN.
Si certains arrivent à planifier tout ce qui va arriver dans leur histoire, bravo à eux. Moi, je ne peux pas analyser à l'avance. L'histoire ira là où mes centres d'intérêts/obsessions/problématiques inconscientes vont me porter. Si les lecteurs ne les voient pas, il faudra que je corrige, que je sois plus claire, plus incisive, ou autre chose, je verrai a bien en fonction du problème. Si les lecteurs ne sont pas d'accord, ben... on n'est pas d'accord. Voilà. Ça arrive.
Je pense que les analyses littéraires sont utiles pour élargir l'intérêt que peut avoir une histoire, en permettant de mettre à jour des sens cachés. C'est important pour les lecteurs. Les techniques d'écriture, quand à elles, sont des outils à manier avec précaution quand on est auteur. C'est important de ne pas se retrouver à essayer de réparer ce qui n'est pas cassé. L'expérience et le retour des autres sont toujours utiles pour s'améliorer, mais la surcorrection est aussi un ennemi de l'écriture.
J'ai l'impression d'être très arrogante en disant ça alors que je suis loin d'être estampillée "écrivain à succès", mais je pense que pour l'écriture de son histoire, il faut d'abord se faire confiance. Plus tard, des bêtas lecteurs vont aider à voir toutes les incohérences qu'on a pu rater. Mais déjà, il faut écrire une histoire qu'on peut lire soi-même avec plaisir, au premier degré, sans la passer à la moulinette de notre analyse. Le moment de se confronter au regard des lecteurs et de corriger vient toujours bien assez tôt.
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plumeofacat · 3 years
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Chapitre 4
Viper hausse une arcade sourcilière et étudie le visage de Lanna qui transforme réellement sa tête en volcan à la phrase de G, même ses cheveux se dressent sur sa tête quelque secondes. Elle tente de parler, puis, voyant qu'elle n'y arrive pas, elle prend une gorgée de son milkshake presque terminé. Le squelette le plus petit de la table regarde sa version alternative avec la même expression, attendant les explications qui ne viennent pas. Surtout que G se délecte malicieusement de la réaction de l'humaine étrange.
Viper : Je ne croyais pas que c'était ton genre, Lanna...
Lanna : J'étais... Je... C'est compliqué.
G : Je sais juste séduire les demoiselles en manque...
Lanna : Plutôt celle qui décide de combattre une phobie en fonçant dedans...
Viper : Une phobie ?
Lanna : Rien d'actualité...
G : Vu que tu réagis exactement comme avant, je dirais que oui, c'est encore d'actualité...
Lanna : J'ai soudainement envie de me créer une veste...
?? : SANS !
G : Ho... Frisk est arrivé...
Frisk de Echotale, AKA Echo, a les mêmes cheveux bruns actuellement dépeignés et les mêmes yeux dorés que toutes les Frisk. Sa peau semblable à celle de Lanna fait ressortir sa tenue composée d'un haut s'arrêtant à sa poitrine et rayés rouge et noir, un mini-short en jeans qui tient avec une ceinture sur des leggins noirs et des bottines rouges. Sur chacun de ses poignets, un bracelet noir avec une chaine cassée qui pend se trouve.
La nouvelle arrivée pose ses mains sur ses hanches et jette un coup d'œil à Lanna, agacée. La rouge soupire et fait un petit sourire désolé, alors que le seul qui ne comprend pas ce qui se passe observe silencieusement en mangeant son pudding.
Echo : Tu devais m'attendre ici et qu'est-ce que je vois en arrivant ? Tu flirtes avec Lanna !
Lanna : Heu... Pas avec.. Plutôt sur...
G : C'est vrai que tu es en rendez-vous amoureux...
Lanna : Nan, il m'a sauvé dans son univers, je le remercie en l'emmenant ici, c'est tout.
G : *sourire moqueur* Ha bon ?
Echo : Peu importe !
G : Désolé, baby girl <3 Je voulais juste parler avec mon amie en t'attendant...
Lanna : Echo, tiens-le en laisse...
Echo : Il aimerait trop ça...
Lanna : Il préfère tenir la laisse que l'avoir autour du cou...
Echo : Mouais... Pour l'instant, je l'emmène avec moi... Désolé du dérangement...
Lanna : No prob ! Tant qu'il ne refait plus un coup de ce genre...
L'humaine et le squelette dernièrement arrivé repartent, Echo tirant G par le bras jusqu'au comptoir. Puisqu'ils sont de nouveaux seuls, Viper hausse un sourcil et croise les bras en ne quittant pas du regard la tomate.
Lanna : Quoi ?
Viper : Lui ? Sérieusement ?
Lanna : Comme il l'a si bien dit lui-même, il m'a séduite... Et je n'étais pas en état de dire non
Viper : T'étais drogué ?
Lanna : Non...
Viper : Saoule ?
Lanna : Non plus... Juste effrayé par... La vie et je voulais m'accrocher au moindre signe qu'on m'aimait...
Viper : *fronce des sourcils* Hmm...
Lanna : *honteuse* Les effets de la malédiction me pèsent parfois trop sur les épaules, OK ?
Viper : Vous avez parlé d'une phobie...
Lanna : Ça... Je ne veux pas que tu le saches...
Viper :... Tant que de nouveaux problèmes à ce propos ne me laissent pas en plan, je ne demanderais pas.
Lanna : Merci... Tu veux d'autres puddings ?
La jeune femme pointe les assiettes vides du squelette qui regarde la table quelques secondes, puis il se prépare à refuser. Sauf que l'idée de pouvoir manger encore des puddings lui semble trop intéressante. Il débat mentalement devant le sourire amusé de Lanna qui invoque des lunettes de soleil avant de glousser.
Lanna : Attends-moi une minute, je vais t'en chercher
***************
Dans le salon de Ink et Lanna, le frère prend lentement son verre de lait, tandis que la sœur court partout pour se préparer à partir, portant une paire de shorts de sport noire avec une camisole rouge. Les pas pressés mènent la jeune femme devant ses bracelets qu'elle met à toute vitesse, puis devant ses espadrilles qu'elle met en sautant sur un pied pour enfiler l'autre soulier. Le squelette regarde la rouge d'un air encore endormi, puis il lui tend un masque en baillant.
Ink : Lanna, il est 6 h du mat...
Lanna : Je sais, je suis en retard !
Ink : Prends ton masque pour ne pas te faire attaquer sur la route...
Lanna : Tu as eu le temps de le faire ?! Merci !!
Ink : No prob... Tu vas où ?
Lanna : M'entrainer avec Viper ! Chao !!
À la vitesse de l'éclair, Lanna met son masque et saute dans un portail que personne n'a vu s'écrire tellement elle l'a fait vite. Le créateur fige quelques secondes, puis il soupire en se tournant vers la cuisine.
Ink : Il est trop tôt pour m'inquiéter... *se sert un café*.
Dans la maison des Swapfell bro, Viper est en train de mettre son foulard en prenant son thé du matin, nouvelle habitude prise avec celle qu'il attend. Swapfell Chara se fait réveiller par le bruit et elle descend les marches en bâillant, attirant l'attention du squelette réveillé.
Iris : Sans... il est 6 h du mat...
Viper : je sais, Lanna devrait arriver d'une minute à l'autre !
Iris : Tu veux bien faire moins de bruit ? Je veux dormir...
Viper : J'ai presque terminé de me préparer, on va s'entraîner dans à l'autre bout de la ville, donc tu ne devrais pas entendre...
Iris : OK...
Elle se retourne et monte lentement dans sa chambre, alors qu'un bruit de portail se fait entendre et Lanna en sort en criant « Chao !! » puis elle ferme le portail. Elle sourit à Chara qui lance un regard fatigué aux deux lève-tôt, puis la rouge pointe la porte avec sa tête.
Lanna : Prêt ?
Viper : Plus que prêt ! Un peu plus et je perdais patience à force de t'attendre !
Iris : *arrive, agacé* Mon œil ! Il vient à peine d'attacher son foulard et de mettre ses bottes !
Viper bleuit et ordonne à Iris de retourner se coucher, alors que Lanna glousse et se dirige vers la sortie. Le gêné suit son élève jusque dehors, puis il lui prend le poignet pour l'emmener à Waterfall, ce qui intrigue la rouge, mais elle ne dit rien... Du moins, au départ.
Viper : Tu as ton nouveau masque à ce que je vois !
Lanna : yap ! Ink me l'a donné avant que je parte !
Viper : C'est parfait pour sortir cette fois !
Lanna : *hoche de la tête* Yep, mais je vais l'enlever pour l'entraînement... De toute façon, tu ne cherches pas à me tuer quand tu vois mes yeux...
Viper : Et il n'y a personne autour en général.
Lanna : D'ailleurs... Comment ça se fait qu'on s'entraîne ici et pas là où tu t'entraines avec Alphys ?
Viper : Pour éviter que des gens ne nous croisent et pour éviter que tu ne gèles avec cette tenue...
Lanna : *se regarde* Bha... C'est vrai que c'est froid la neige, mais...
Viper : Remerci moi en te préparant à te battre.
Lanna : D'accord... Je t'avertis, je dois créer l'épée pendant le combat, puisqu'avec Loucas, je ne crois pas que j'aurais le temps de le faire hors combat et d'arriver à chaque fois...
Viper : Tu es certaine ? Ce n'est que le premier entraînement, on peut y aller plus doucement...
Lanna : T'inquiètes, quand je m'entrainais avant, j'ai appris à le faire.
Viper hoche la tête et invoque son fouet préféré. Ce fouet a comme extrémité d'attaque une des épées qu'il invoque de temps à autre, tandis que l'autre extrémité est semblable aux grappins à cordes, mais c'est en os avec un bout pointu en plus sur le dessus du grappin. Entre les deux extrémités, une colonne vertébrale en os semblant appartenir à un dragon permet de se servir de cette arme comme d'un fouet. Lanna, quant à elle, enlève son masque et le lance loin, avant de prendre son crayon et de regarder son professeur dans les orbites, un sourire de défi sur le visage.
Viper : Aujourd'hui, on va juste tester de quoi tu es capable et après, on adaptera l'entraînement
Lanna : À tes ordres, capitaine !
Sans dire ou faire plus pour se préparer, Viper attaque Lanna en lui lançant la lame qu'elle évite sans problème commençant à écrire « épée » en bougeant, ne se souciant même pas des fautes irréfléchies. Pendant qu'elle écrit son mot, la rouge est forcé de tourner sur elle-même pour éviter un autre coup, puis, gracieusement, son crayon devient une épée pendant qu'elle tourne sur place. Son sourire s'agrandit alors qu'elle s'approche en évitant des coups pour être moins loin de Viper et, lorsqu'il est à portée de lame, c'est lui qui affiche un sourire satisfait.
Surprise, la rouge ne reste plus attentive et reçoit un coup de pied dans le ventre, ce qui lui coupe son air et la recule en même temps. Encaissant le coup, Lanna se prépare à relancer l'attaque, utilisant sa lame pour repousser le fouet. Cependant, elle ne peut approcher, le capitaine de la garde royale ne la laissant pas faire. C'est donc dans un grognement que l'élève saute par-dessus la tête de dragon et tente d'approcher, mais la colonne vertébrale de l'arme du professeur l'entoure et la fige sur place.
Viper : Perdue...
Lanna : Ho tu crois ? <3
Le squelette hausse un sourcil, alors que le fouet ne bouge pas. Cependant, l'humaine ne perd pas son sourire et elle tourne sur elle-même pour dérouler le fouet, décidant de tenir l'arrière de la tête de dragon dans ses mains. Agréablement surpris, Viper affiche le même sourire, alors qu'il tire en même que l'humaine sur son extrémité. Surprenamment, ils ont une force assez similaire pour que le Swapfellien perde un peu de concentration et la laisse le tirer vers elle. Cependant, il n'est pas capitaine de la garde royale pour rien, il ne se laisse pas déconcentrer trop longtemps, il arrive à éviter le coup que Lanna veut lui donner, tout en s'approchant à quelques centimètres d'elle. Elle sursaute et tente de reculer, mais elle se prend le pied dans le fouet et tombe au sol, ce qui la fait grogner, car elle n'a pas le temps de rouvrir les yeux que la lame au bout du fouet est devant elle.
Viper : Maintenant ? Tu acceptes la défaite ?
Lanna : Il faudra plus que mon arrière-train dans l'herbe mouillé pour me forcer à abandonner <3
Elle tire la langue et se roule au sol pour s'éloigner de la lame, puis elle saute sur ses jambes. Les deux concurrents ne perdent pas leur sourire commun alors qu'ils se préparent à se battre de nouveau. Pour une fois, c'est Lanna qui attaque la première sans chercher à désarmer Viper, tentant plutôt d'arriver par-derrière. En revanche, surprendre ce squelette est plus dur que de monter le mont Everest avec des flèches comme pioches. Il se tourne vers elle et lui attrape les poignets, avant de les faire tomber au sol en lui coinçant les jambes. La jeune femme tente de se débattre, mais n'y arrive pas, ce qui la fait soupirer. Viper lui lance un regard qui lui redemande si elle abandonne.
Lanna : Tu crois que me plaquer au sol suffira à te laisser dominer ? <3
Il fronce les arcades sourcilières, puis il subit un coup de boule dans le front, ce qui lui fait perdre légèrement sa poigne. Assez pour que Lanna puisse échanger leurs positions en souriant fièrement.
Lanna : perdu <3
Viper : Tu me crois assez faible pour que ça suffise ?
Lanna : non, je sais que tu es assez fort pour mettre tout le monde à terre, mais là, je suis celle qui domine <3
Viper : Ne crois pas pouvoir garder le dessus longtemps <3
Avec sa télékinésie, Viper entoure Lanna avec le fouet et il la tire dans les airs pour l'éloigner. Agacée, la rouge utilise sa propre télékinésie pour ramener son arme, puis elle glisse la lame entre son ventre et la corde squelettique pour faire un mouvement de levier, lui laissant l'espace nécessaire pour se sortir de ce pétrin. Elle retombe sur ses pieds et fonce directement sur le Sans de cet univers, cherchant à l'atteindre, en vain. Il lui reprend son arme et donne un coup de lame, l'arrêtant à un centimètre de la gorge de son élève.
Viper : Cette fois, tu es morte...
Lanna : *grogne* merde...
Il relâche Lanna et lui rend son arme, rangeant son fouet magiquement. Épuisée, la perdante s'assoit au sol et soupire. Elle transforme son épée en crayon, puis elle invoque une bouteille de peinture magique pour la boire immédiatement. Le gagnant rigole, puis il s'installe de même en face d'elle.
Viper : Tu es plutôt forte en fait !
Lanna : *agacé* Mouais... Tu n'as même pas une égratignure...
Viper : Parce que je suis super fort. Tu as tenu plus longtemps que les soldats actuellement en entraînement.
Lanna : Hmm ? Sérieusement ? Je devrais prendre ça comme un compliment...
Viper : Ça en est un ! Tu es plus forte que ce à quoi je m'attendais...
Lanna : Bha, classique Paps et Sans m'ont entraîné aussi... Pour que je me débrouille...
Viper : Ils ont fait un bon boulot... Mais je peux t'en apprendre plus...
Lanna : *glousse* Je n'en doute pas une seconde ! Merci beaucoup !
Viper : Tu as du potentiel, alors ce ne sera pas chiant comme boulot.
La jeune femme glousse et propose de prendre une douche chez lui. Il ose à peine lui demander pourquoi elle ne rentre pas chez elle pour le faire, mais en voyant l'expression gênée de son amie, il comprend et pouffe.
Viper : Peur de te perdre en rentrant chez toi ?
Lanna : je dois économiser ma magie, tout de même...
Viper : *rigole* Aller ! Vient ! Je te laisse ma douche !
Le duo se lève et se prépare à partir, la jeune femme reprenant son masque qu'elle installe pour la route. Viper observe son amie, se demandant quoi lui apprendre de plus pour qu'elle soit meilleure au combat. Remarquant le regard de son ami, Lanna fait un petit bruit de gorge signifiant sa curiosité.
Lanna : Viper ? Qu'est-ce que tu as à me regarder comme ça ?
Viper : Je me demande comment on s'arrange pour le prochain entraînement.
Lanna : Ha ! On fera comme tout à l'heure... Mais cette fois, tu ne te retiendras pas, OK ?
Le squelette hausse une arcade sourcilière et fige presque, alors qu'il laisse la rouge entrer en premier dans la maison. Il lui dit d'aller dans la salle de bain, puis il va se prendre un verre d'eau. Il boit pensivement, ne remarquant même pas que son frère et l'humaine habitant la maison viennent le voir.
Viper : Elle est plus forte qu'elle en a l'air... Comment je pourrais...
Iris : Ne me dis pas que Lanna t'a battu !
Viper : Hmm ? Non, mais elle est surprenante, il faut que je lui donne la formation pour lieutenant, je crois...
Pup : Elle doit être super forte, alors !
Le monstre encore plein de sueur hoche de la tête, puis il porte son verre à ses dents pour la dernière gorgée, avant de sursauter en la crachant. Pourquoi ? Tout simplement parce que Lanna est arrivé en soutif en demandant un coup de main de Swapfell Sans. Elle garde une main sur son ventre qui saigne au point de faire paniquer le grand squelette.
Viper : Quand est-ce que tu t'es blessé comme ça ?
Lanna : Pendant l'entrainement...
Viper : *soupire* Ink va me tuer... Viens, je vais soigner ça...
Lanna : Merci...
La rouge sourit honteusement, puis elle suit le squelette dans la salle de bain pour qu'il puisse utiliser utiliser une crème désinfectante sur la plaie. En le faisant, il regarde les cicatrices qu'elle porte avec curiosité, mais ne demande rien, se dépêchant de lui laisser son intimité. Sauf qu'elle n'en a rien à foutre de son intimité, enlevant même ses shorts sans qu'il n'ait le temps de se retourner. Devenue une mûre bien trop mûre, Viper bégaie qu'il doit sortir. Il n'attend pas de réponse de la part de son invité, il sort immédiatement pour la laisser prendre sa douche.
Viper : Tu demanderas de l'aide de la part de Chara pour faire le bandage !
Lanna : *glousse* Pourquoi ? Ce n'est pas comme si j'étais ton genre ! Je suis humaine !
Découragé, la gomme balloune couleur ciel que forme le capitaine de la garde royale soupire en frappant sa paume dans son front. Il s'accote contre la porte et tente de reblanchir, alors qu'il entend l'eau de la douche.
Viper : Tu dois vraiment prendre en compte que j'ai beau être un squelette, je reste un homme hein... Tu as testé avec G, il me semble...
Lanna : *sous la douche* peut-être, mais tu n'as jamais montré d'intérêt pour les humains ! Enfin... Pour personne en fait !
Viper : Tu es chanceuse qu'on ne soit pas attiré l'un par l'autre...
Lanna : *rigole* Yet !
Viper : Arrête de déconner avec ce genre de chose...
Lanna : Comme je n'ai pas d'âme sœur, je sais que ça n'arrivera jamais !
Viper : Hein ?
Lanna : Je te raconterais une autre fois !
Viper : OK... Je vais chercher Chara ! Sommaire : https://plumeofacat.tumblr.com/post/644284810168336384/sommaire Prochain : https://plumeofacat.tumblr.com/post/648020766808539136/chapitre-5
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fallenrazziel · 5 years
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Les Aventures d’Erwin & Livaï #1
Recueil d'OS EruRi, constitué de petites scénettes qui me trottent dans la tête et que j'écris quand l'envie est trop forte^^ Ils seront donc écrits et publiés selon mes émotions du moment. Bien que je place ces OS dans un contexte canon, ils ne font pas partie des Chroniques de Livaï, mais de mon headcanon. Ils ne sont pas non plus publiés dans l'ordre chronologique. Certains épisodes peuvent se suivre mais tous peuvent être lus séparément. Ces OS peuvent être tour à tour romantiques, comiques, tristes, émouvants, coquins ou drôles (pas de sexe explicite).
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Le froid de l'hiver hurlait dehors. Mais dedans, le crépitement des flammes dans le grand âtre du château suffisait à donner une impression de chaleur. Les pierres disjointes des murs anciens laissaient malgré tout passer des courants d'air que le feu ne parvenait pas à faire oublier totalement.
En cette fin d'année 846, les expéditions avaient cessé et ne reprendraient que l'année prochaine. Erwin Smith, le major du bataillon d'exploration, en avait donc profité pour tenter de dénicher un nouveau quartier général pour son régiment. Cet ancien bâtiment fortifié, à l'intérieur du Mur Rose, lui avait paru adéquat, mais le coût des réparations serait exorbitant, pas du tout dans les moyens du bataillon. Seules la salle commune et l'aile ouest tenaient encore debout. Il avait espéré en venant ici que les dégâts du temps ne soient pas si conséquents, et il s'était trompé.
Le temps de s'en rendre compte, la tempête de neige s'était levée, coupant toute possibilité de retour avant plusieurs heures. La nuit était tombée et l'avait forcé à rester ici. Mais il ne s'en plaignait pas ; il était du genre à s'accommoder de toutes les situations. Assis dans le canapé qui trônait dans la pièce, il avait étalé devant lui sur une table basse quelques papiers importants qu'il avait emmenés avec lui. Il devait vérifier l'état des finances et se préparer à se rendre à des soirées de donateurs en cas de besoin.
Il parcourait des yeux de longues listes de fournitures quand la grande porte d'entrée claqua derrière lui. Un souffle violent chargé de flocon envahit la pièce pendant quelques secondes. Il ne sursauta même pas, il savait qui c'était. Il se tourna à demi par-dessus le dossier du sofa et regarda un instant Livaï, son fidèle subordonné, occupé à taper ses bottes contre le mur de l'entrée. Des plaques de neige blanche tombèrent au sol, où elles ne tardèrent pas à fondre grâce à la chaleur ambiante. Les cheveux de jais du caporal étaient constellés de neige brillante et il se secoua un peu pour la chasser. Emmitouflé dans son manteau militaire rembourré, il ressemblait à un petit animal à fourrure à la mine hargneuse plutôt qu'à un humain. Il s'exclama alors :
- Putain, Erwin, on se les gèle vraiment là-bas ! Mais les chevaux sont à l'abri. Ils passeront la nuit au chaud.
Erwin hocha la tête sans répondre et retourna à ses papiers. Il devait se concentrer pour ne pas perdre le fil. Le caporal se déplaça dans son dos, longeant le canapé pour se placer face au feu. Il étendit ses mains devant les flammes et soupira d'aise en sentant sa peau se réchauffer à travers ses gants. Il commença à retirer son manteau doucement, puis avec plus d'empressement, car la neige fondue devait couler en dessous. Erwin sourit à cette vue, et un moment son attention se détourna de nouveau de sa tâche.
Il ne pouvait s'empêcher de regarder Livaï se débarrasser au fur et à mesure de toutes les couches qu'il portait, jusqu'à ce que sa chemise habituelle de militaire apparaisse. Des auréoles de sueur et de neige fondue la marquaient par endroit, et il vit Livaï frissonner.
- Tu devrais rester près du feu et te frictionner, lui conseilla-t-il. Tu risques d'attraper froid.
Sa phrase fut ponctuée par un court éternuement, suivi d'une protestation ennuyée.
- C'est de ta faute si je me suis enrhumé ! On a pas idée de venir ici, loin de tout, alors qu'une tempête de neige se trouve dans les parages !
- Je ne savais pas, les prévisions météo étaient bonnes pourtant...
- Tu sais bien qu'elles sont bidons deux fois sur trois ! Vraiment, je te retiens de m'avoir fait venir ici...
- Hanji et Mike n'étaient pas disponibles, et puis je ne t'ai pas forcé...
- Non, mais c'est quand même de ta faute. Heureusement qu'on a prévu de quoi se changer.
- Je ne savais pas si nous allions rentrer aujourd'hui au QGR, j'ai préféré que nous soyons parés...
Livaï marcha vers son paquetage adossé à un coin de la cheminée, et fouilla dedans un moment. Il en retira un pull en mailles fines, et un pantalon épais, un peu trop larges pour lui. Erwin avait remarqué sa perte de poids récente ; il lui en avait parlé une semaine plus tôt, mais Livaï n'avait pas paru s'en inquiéter.
Le caporal se dirigea avec ses vêtements secs dans un coin de la pièce, une petite alcôve obscure, mais le major ne ratait rien de ses gestes. Il n'avait plus la tête à compulser les listes interminables et la quiétude du lieu le saisit soudainement. Avec le froufroutement des vêtements de Livaï qui glissaient sur le sol, l'endroit lui parut tout à coup très pittoresque et solitaire - et même un peu romantique. Il se laissa aller à la rêverie pendant quelques minutes - tout en gardant ses yeux fixés sur le caporal à moitié nu, à l'autre bout de la pièce.
Quand Livaï revint dans la lumière, il baissa précipitamment les yeux et fit semblant de lire ses papiers. Le caporal essayait de s'enrouler dans une grande couverture. Il le laissa s'approcher et entamer lui-même la conversation.
- J'y crois pas, il a fallu que tu ramènes du boulot, t'es vraiment qu'une tête de mule. Tu peux pas lâcher ça, une minute ?
- Pour une minute, je le peux, plaisanta Erwin. Qu'as-tu de plus utile à me proposer ?
- Ben... cet endroit, déjà. J'ai cru comprendre qu'il ferait pas l'affaire, non ?
- Effectivement.
- Génial, je me suis pelé le cul pour rien et on va devoir passer la nuit entre ces murs remplis de blattes, je parie !
- Si tu veux faire la chasse aux blattes, je crains d'avoir du mal à dormir...
- Je peux pas blairer ces saloperies, s'il y en a, il est hors de question que je pionce là.
- Tu peux essayer l'aile ouest mais elle n'est plus isolée... et il n'y a plus de mobilier.
- Plus rien à part ce canapé moisi.
- Il est encore assez confortable.
- Parce que t'as des grosses fesses.
- Et si tu me disais quelque chose de gentil pour changer ? le supplia-t-il en souriant.
Erwin était habitué à l'humeur souvent exécrable de son subordonné. Il ne lui en tenait jamais rigueur car c'était la seule méthode que Livaï connaissait pour extérioriser ses sentiments. Il ne fallait jamais prendre ce qu'il disait au pied de la lettre. Il tapota le canapé à côté de lui et dit :
- Assieds-toi, tu verras qu'il n'est pas si mal.
Livaï se laissa tenter et s'affala sur le sofa qui grinça un peu sous son poids. Il ronchonna en cherchant une meilleure position.
- Y a des ressorts rouillés là-dedans.
- Ils ne te feront pas de mal. Je ne sens rien, moi.
- T'as toujours réponse à tout.
- Ca fait partie de mon travail.
- Justement, t'as pas dit que tu laisserais tomber un peu ? Au moins ce soir, ça va pas te tuer.
- Bien, qu'allons-nous faire alors ?
Erwin repoussa ses papiers et porta réellement son attention sur le caporal, enroulé dans sa couverture. Il était nonchalamment appuyé sur l'accoudoir opposé et le regardait lui aussi avec intérêt. Erwin se sentit un instant scruté par ce regard jusqu'aux os. Les yeux gris de Livaï paraissaient enflammés par les reflets du feu dans la cheminée. Le caporal brisa le charme.
- Si tu me racontais ce que vous vous êtes dit avec Moustache l'autre jour ? T'as rien voulu me dire et j'ai pas arrêté de me poser des questions. C'était important, top secret, ou quoi ?
- C'était en rapport avec cet espion que nous avons découvert le mois dernier. Apparemment, c'était un cultiste, un fanatique des Murs.
- Il était pas très discret, faut dire. Avec ses discours débiles... Mike a pas tardé à remarquer que son odeur traînait dans ton bureau. Il m'a suffi d'aller le choper...
- Il t'a tout de même forcé à voler sur les toits du QGR !
- Il a pas volé longtemps. Moustache t'a rien dit d'autre ?
Erwin baissa la tête et resta les yeux dans le vague un moment. Il entendit Livaï glisser sur le canapé et s'approcher de lui, juste un peu...
- Nile n'est pas un mauvais homme, tu sais. Il a choisi sa vie...
- Et toi, non ?
- Si, mais... parfois, je l'envie.
- C'est vrai ? s'étonna Livaï. Tu es toujours raide de... Mary ?
- Non, ce n'est pas ça. Mais... sa vie est bien paisible. N'importe qui pourrait l'envier.
- Pas moi. Je pourrais pas rester les bras croisés pendant que les mochetés attendent de nous becqueter de l'autre côté.
- Pourquoi ?
- Je sais pas. J'aurai l'impression d'être inutile.
- Tu as donc besoin de te sentir utile ?
- C'est une sensation agréable.
"Tout comme ta présence juste à côté de moi", pensa très fort Erwin. Mais il se garda bien de l'exprimer à haute voix. Au lieu de cela, il eut envie que Livaï en dise plus. Il s'étala un peu dans le canapé, rejeta la tête en arrière et étendit son bras sur le dossier. Ses doigts effleurèrent les mèches encore humides de Livaï. Il avait tout à fait oublié ses documents si importants...
- Tu ne l'avais jamais ressentie avant ? interrogea Erwin.
- Tu veux dire en bas ? Si, de temps en temps. Mais c'était pas... ce que je voulais.
- Tu avais tes amis pourtant. Ils comptaient pour toi...
- Oui... mais c'était pas... suffisant. Il me manquait quelque chose...
- Quoi ?
Livaï secoua la tête, comme gêné par la question. Peut-être n'avait-il pas de réponse et Erwin s'en voulait de lui imposer cet interrogatoire. Mais il était si près d'obtenir l'explication qu'il attendait depuis si longtemps, il ne voulait pas laisser passer cette chance. Il attendit que Livaï reprenne ses esprits.
- Je voulais... une vie digne, prononça enfin le caporal.
- C'est digne de tuer des titans ? Beaucoup pensent le contraire.
- On s'en fout, moi, ça me va. Je pourrais pas vivre une vie tranquille tant qu'ils seront là.
- Tu penses encore à ton salon de thé ?
- Arrête de te marrer ! Ouais, pourquoi pas. Mais y a du boulot avant ça.
- Pourquoi as-tu à ce point besoin de te battre ?
Erwin se résigna à poser la question qui le taraudait depuis que Livaï était devenu explorateur à part entière. Il eut du mal à la sortir, comme si le simple fait de l'énoncer en révélait trop sur lui-même.
- Pourquoi es-tu resté, Livaï ? Tu aurais pu me tuer et t'enfuir. Tu voulais me tuer, réellement. Alors pourquoi ?
Le caporal resta la bouche ouverte, incapable de prononcer un mot. Il détourna la tête et regarda ses pieds qui dépassaient de la couverture. Erwin suivit son regard et constata que la façon dont il tordait ses orteils en disait long sur ce qu'il ressentait.
- N'essaie pas de comprendre..., souffla Livaï. J'essaie pas, moi, j'essaie plus, j'ai jamais réussi à comprendre. C'est arrivé, c'est tout...
- C'est... "tout" ?
- Je crois que je suis né pour cette vie. C'est suffisant.
- Pas pour moi.
- Tu veux toujours trouver des réponses logiques à tout...
- Il y en a forcément une.
- Pas toujours, non.
Mais Erwin sentait que Livaï cédait. Le caporal se rapprocha de lui, et son visage se trouva alors à quelques centimètres du sien.  Erwin pouvait sentir la chaleur qui émanait de sa peau à travers la laine, et il avala sa salive.
- C'est quelque chose en toi, prononça Livaï doucement. J'ai senti que je devais... aller avec toi. Qu'avec toi, je pourrais enfin être... ce que je devais être... Oh, merde, fais chier, je sais pas comment dire ça...
- Mais il y a bien quelque chose, même si tu n'arrives pas à le décrire...
- Ouais, il y a quelque chose, mais je veux pas vraiment savoir quoi. T'as envie, toi ?
"Et briser ce qu'il y a entre toi et moi, peut-être ?" se demanda Livaï en silence. Le caporal passa sa main dans les cheveux blonds de son supérieur et regarda un moment la lueur du feu jouer sur ses mèches dorées. Quelque chose, dans ses cheveux, dans ses yeux... Il ne pouvait pas le décrire réellement, mais... tout ce qu'était Erwin Smith l'avait appelé. Il avait entendu comme un cri vibrer tout contre son coeur et le monde avait soudainement basculé. C'était étrange de se souvenir aussi parfaitement de ce moment précis sans parvenir à le comprendre pleinement. Mais Livaï s'en moquait. Il lui suffisait d'être là, près de lui, et rien d'autre ne comptait.
Il était parfaitement à sa place et c'était la seule chose dont il était sûr en ce monde.
Erwin se détendit un peu et invita Livaï à se blottir davantage contre lui. Mais le caporal se leva en laissant tomber sa couverture et se dirigea vers l'âtre, comme s'il se sentait tout à coup glacé. Le major se demanda s'il n'était pas allé trop loin, si ses questions n'avaient pas menacé quelque chose de précieux entre eux. Alors, il murmura :
- Non, ça ne m'intéresse pas de le savoir. Ta présence me suffit.
Il tendit la main vers le caporal et celui-ci revint vers lui. Il y avait dans ses yeux quelque chose de nouveau, qu'il n'avait pas encore vu. Ou qu'il avait fait semblant de ne pas voir. Si la confiance totale pouvait s'exprimer par la couleur et la lumière, alors Erwin affirmerait que c'était bien ce qu'il voyait dans le regard de Livaï. Il se sentit comblé comme jamais auparavant. Et pendant un moment, il oublia la vie confortable de Nile et se dit qu'il avait lui aussi de la chance.
Il se mit à bailler et entreprit ensuite d'enlever ses bottes.
- Il est tard, nous devrions essayer de dormir.
- Très bien, je te laisse le canapé.
- On peut s'y serrer à deux, ajouta malicieusement Erwin. Tu ne vas pas dormir par terre.
- Dormir avec toi, moi ? Tu doutes de rien, major. Y a pas assez de place là-dessus ! Tu vas me flanquer par terre !
- Tu n'as qu'à prendre cette place, je dormirai de l'autre côté.
- Compte pas là-dessus ! Et puis je gigote dans mon sommeil. Enfin si j'arrive à m'endormir.
- Si tu fais un cauchemar, je te réveillerai. Ou je te serrerai très fort jusqu'à ce qu'il parte.
Livaï s'éloigna alors avec en tête l'idée de se faire un lit avec les paquetages, mais Erwin n'était pas satisfait. Il susurra :
- Livaï, s'il te plaît.
- C'est un ordre ? demanda Livaï de l'autre côté de la pièce.
- Non, c'est une proposition.
Le caporal se retourna et revint vers le canapé à pas lents. Erwin voulut se pousser, mais Livaï enjamba son corps déjà à moitié allongé pour se caler contre le sofa. Il prit place presque naturellement entre Erwin et le dossier, l'espace laissé libre étant parfaitement adapté à sa taille. Le major attrapa la couverture abandonnée à côté et la remonta sur eux deux. Ils ne disposaient pas d'oreiller, et il laissa la tête de Livaï reposer sur son bras. Sa chaleur rassurante et l'odeur familière de ses cheveux inonda ses sens un instant, mais ce fut la paix qui s'installa en lui, pas le désir.
Le visage enfoui contre la poitrine d'Erwin, son corps pressé contre celui du major, les membres enroulés autour des siens, Livaï écoutait les battements de son coeur. Un coeur si puissant, capable de supporter tant de choses difficiles, et qui gardait aussi tant de secrets. Il tenta de les percer en écoutant ce rythme régulier, de déceler une mélodie, mais finit par abandonner. Erwin gardait ses secrets, mais il avait aussi les siens. Et c'était bien ainsi.
Les lèvres d'Erwin effleurèrent gentiment son front, et Livaï lui délivra dans un soupir :
- Ne me pose plus de question... Laisse-moi juste être près de toi...
- Promets-moi juste de ne pas t'enfuir...
- Idiot.
La main de Livaï se resserra sur la poitrine d'Erwin et il ferma enfin les yeux. Une bûche crépita dans la cheminée.
Ces deux insomniaques, qui fuyaient d'ordinaire les cauchemars que leur apportait le sommeil, dormirent jusqu'au matin, et rien ne vint troubler leur repos.
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