Tumgik
#selfie party part deux
canmom · 4 months
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l'aventure de canmom à annecy: épisode DEUX - Samedi, un
so! four hours sleep. ride the subway to central Glasgow. bus to Glasgow Airport. enter the security area. buy sunblock. plane to London Luton is delayed due to window delamination. they decide it's fine. fly to Luton. get off that plane, go out of the security area, go back into the security area, have the bottle of sunblock taken away by security. sprint back to the gate. get on the same exact plane. fly to Geneva Airport. bus to central Geneva. chat with some animation students. coach to Annecy. chat with some more animation students. get the key to my room. figure out which room it is in the mysterious French apartment block. phone the guy to get the code I'm not supposed to need. go inside. get really gleeful about the views. take a selfie. sleep!
that's the story so far. scuffed ass journey but i made it!
after a good old sleep, I had a nice Indian meal from a place i remember from last year, then took an evening wander around annecy to find the Café des Artes which is apparently a bar where people go to socialise if you don't have a party invite. upside: Annecy at night is almost as pretty as Annecy by day; downside: i discovered i still don't know how The Neurotypicals go about just inserting themselves into conversions in that kind of setting. sit in a random sunchair. it rains! but hey, i got some photos.
here is me in the tiniest lift in the world respectively before and after i brushed my hair. it's funny, i don't think I've ever seen a lift that you could literally not fit even a small wheelchair inside before. it's like standing in a coffin.
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other photos will have to wait until i get a mini USB cable to pull them off my camera, which i ingeniously forgot to pack >_<
tomorrow the festival begins in earnest... i don't know if I'll be able to get into the opening ceremony, the website rather cryptically says 'by invitation', but I'll be checking out some Portuguese films. miss getting to chat with Justen here haha, but hopefully I'll make a friend in some lines. someone already asked me for a business card - i guess I'll have to make those next year lol, i totally forgot that part.
most of the stuff I'm excited to see is anime - e.g. Naoko Yamada's new film - but the joy last year was being surprised by stuff so I'm excited to take some chances and hopefully discover another unexpectedly crazy good film like Four Souls of Coyote last year!
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swedesinstockholm · 8 months
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1er janvier
j'ai lu quelque part que cette année le 1er janvier était un full reset parce qu'on est lundi et y avait tout un tas d'autres paramètres que j'ai oubliés mais moi ce matin je me suis réveillée je me suis masturbée et puis j'ai pleuré sur le canapé en lisant le message de bonne année de r. qui me souhaitait plus de joie que jamais, il l'a répété trois fois, joie joie joie, et ça m'a fait pleurer qu'il sache à quel point j'en manque et à quel point elle m'est difficile d'accès. j'ai l'impression d'exsuder de la tristesse par chacun de mes pores et que mon incapacité à accéder au fun repousse les gens. je pleurais aussi parce que la personne la plus susceptible de m'apporter de la joie c'est lui justement. je lui ai répondu et puis je suis allée me promener sur la plage, j'ai pris des selfies avec la mer et je lui en ai envoyé un en mettant bisous de la mer et moi et puis j'ai passé la journée à y penser parce qu'il me répondait pas et c'est pas comme ça que j'avais envie de commencer l'année.
j'ai écrit les prémisses d'une nouvelle chanson en marchant sur la plage, ça c'était trop bien par contre, et les paroles n'ont rien avoir avec r. ce soir j'ai regardé the punk singer parce que je me rappelais que kathleen hanna parlait de la maladie de lyme dedans et si j'avais un seul regret à avoir dans ma vie c'est de pas avoir commencé à faire de la musique toute seule dans ma chambre et de chanter dans un groupe de punk en culotte sur scène quand j'en avais l'âge. parce que je suis trop vieille pour être kathleen hanna maintenant. j'ai quand même décidé que mon futur costume de scène serait tshirt-culotte-collants. à part ça, ma priorité numéro un cette année c'est d'écrire aux gens. reach out, proposer d'aller boire un verre, ne pas avoir peur du rejet, ne pas me dire que je suis un repoussoir, et essayer de m'entourer. l. de paris m'a écrit bisous lara aujourd'hui comme ça sans raison. les gens m'aiment ok.
hier soir j'ai mangé seule sur le canapé avec mon masque mon bol de chips et gaïa qui me tenait compagnie couchée à mes pieds parce que j'avais pas envie de rester seule dans ma chambre avec mes pensées. je me sentais tellement seule que j'étais contente de recevoir des messages de m. en espagne. mon seul plaisir de la soirée: voir f. apprécier ma playlist et chanter sur des vieux trucs en faisant des petits commentaires. il est tellement reposant après une semaine de b. et aller souhaiter la bonne année à la mer à minuit aussi.
2 janvier
ce soir j'ai regardé la suite de 1991 the year punk broke et le début de dig! le doc sur le brian jonestown massacre, j'ai envie de me repasser tous les documentaires de musique de mon disque dur, ce disque dur est une mine d'or j'avais vraiment bon goût avant. journée moins désespérée que hier, j'ai développé ma chanson, je l'ai chantée sur la plage, j'ai vu seul au monde en arrivant mais je l'ai esquivé en escaladant une dune je sais pas pourquoi, j'avais peur de lui parler. j'ai marché jusqu'au phare en chantonnant et j'ai vu le coucher du soleil sur la mer assise sur la plateforme en béton devant le phare avec les deux pêcheurs qui pêchaient rien. en regardant une mouette raser la surface dorée je me suis dit que je devrais recommencer à faire plus attention aux petites choses magiques. et arrêter d'être obsédée par mon téléphone.
en passant devant la vigie j'ai vu la terrasse sans le mûrier. hier h. m'avait dit qu'ils l'avaient coupé. mon mûrier. le mûrier qui me protégeait du soleil comme personne même au plus chaud de l'après-midi. le mûrier qui lisait mon journal par dessus mon épaule depuis mon adolescence. ce mûrier connaissait toute ma vie et maintenant il est parti.
3 janvier
je suis tellement obsédée par la musique que je suis même plus intéressée par mon livre, je veux pas être écrivaine je veux être chanteuse. dans the punk singer au début on voit kathleen hanna qui fait du spoken word et elle raconte qu'un jour kathy acker lui a dit why do you wanna do spoken word? nobody listens to those things, if you have things to stay and you wanna be heard you should start a band. dès qu'on est rentré j'ai pris une douche j'ai changé mes draps et j'ai écouté julie ruin l'album qu'elle a enregistré toute seule dans sa chambre à trente ans quand elle a arrêté bikini kill. elle a acheté un synthé un sampler et une boite à rythme et elle l'a fait. mais la toute première chose que j'ai faite en arrivant, avant de me doucher, c'est allumer mon téléphone que j'avais pas allumé depuis hier soir et quand j'ai vu que j'avais pas de message de r. je suis devenue légèrement mélancolique et je me suis dit que je pouvais pas continuer à le laisser affecter mon humeur comme ça, c'est pas tenable, j'en peux plus d'être triste.
j'ai réussi à me remonter vers la surface en écoutant l'album de kathleen hanna et puis je suis allée essayer ma nouvelle chanson au piano et j'ai mis des accords très basiques dessus mais il faut bien que je commence quelque part. c'est basique mais j'aime bien. la prochaine chanson que j'écris je veux faire un truc moins mélancolique. j'ai envie d'avoir cette résidence à la kufa rien que pour pouvoir utiliser l'argent de la bourse pour m'acheter un microkorg et un micro et une carte son pour tout brancher et je sais pas quoi encore. hier h. et f. sont passés nous dire au revoir pendant que j'écrivais des paroles dans mon carnet sur le canapé et f. m'a demandé qu'est-ce que tu fais? tes devoirs? et j'ai rigolé en disant oui parce que jamais de la vie j'aurais osé lui dire que j'écrivais une chanson, c'est pas trop un truc qui se fait dans la famille.
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J27 ▪️ Pfaffendorf - Cobourg
26,4 km [609,4]▫️+500 m [+13 005]▫️27 °C
Ciel uniformément bleu. Il fait 20 °C quand on part, plus chaud que bien des fois en arrivant. On dirait que pour cette dernière, le chemin veut se faire pardonner !
Dans les champs, les paysans rattrapent leur retard. Les vacanciers ont sorti leurs vélos (électriques). Les MirBen transpirent enfin un peu et renouent avec les pauses-fraîcheur à l’ombre des arbres. Une dernière montée. Cobourg reste toujours invisible. Une dernière descente. On aperçoit le château fort qui domine la ville et ça y est, déjà dans le centre. On enfile la rue principale, on passe la Ketschentor, encore un petit effort à travers la foule et on arrive sur la Marktplatz, point final de notre périple estival. Arrêt du chrono, selfie devant la statue du Prinz Albert von Sachsen-Coburg und Gotha, et c’est parti pour célébrer dignement avec une bière du cru, ce qui se révèlera la partie la plus ardue de notre journée. Tous les touristes sont de sortie et comme il est près de 17 heures 30, les terrasses sont déjà occupées par les gens qui dînent (rappelez-vous, l’Allemand mange tôt) en plus des gens qui boivent ! Après trois tours du centre, on trouve finalement une petite table ombragée qui sera vite garnie de deux beaux bocks en grès que surmonte une jolie mousse blanche ! Prost ! À notre Brunswick - Cobourg 2023 !
Et je laisse le mot de la fin à Mireille : « Ben c’était bien sympa ! ». On ne peut mieux dire. Ça sent la saison II.
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fafou-en-finlande24 · 6 months
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Vendredi 15 Mars : Dernier jour à Kemi.
Je me lève vers 7h30 et déjeune en partie avec Sam qui doit partir faire le contrôle technique du fourgon.
Je me prépare et vais faire un petit tour de ville. Je m'arrête faire deux courses et vais voir le bâtiment de la mairie en haut duquel il y a un bar panoramique.
Malheureusement pour moi le gérant a eu un souci avec son fils malade et a dû fermer. Je vais jusqu'à l'église mais elle n'est pas ouverte au public.
Le temps de faire une dernière course et je retrouve Sam vers 11h15. On se prépare à manger. Il avait prévu une salade de pommes de terre au thon et au céleri branche et à l'oignon.
Sam a prévu d'aller plus au Sud vers un lieu amené à être transformé en zone minière.
On y part après manger, à 40 minutes de trajet environ. On marche à pied directement dans les quinze cm de neige fraîche de la veille.
La zone concernée est coincée entre une réserve naturelle et une zone militaire. On fait un aller retour par cette route non dégagée, 3,4 km au total.
On a pu voir au moins cinq pics épèches, des becs croisés des marais, une très jolie espèce, des traces d'écureuils, de lièvres, d'hermine, de lagopède (perdrix boréale).
Nous étions tranquilles, seulement le bruit du vent dans les pins et les bouleaux et les animaux autour.
Samuel pourra faire un retour à la ligue de protection des oiseaux locale pour appuyer le dossier contre l'installation de cette mine.
Sur le trajet retour on rencontre, perchée sur un lampadaire, une chouette lapone, une rareté selon Samuel, sa troisième fois en vingt ans.
Elle est massive, au plumage bigarré et avec des larmes blanches sous les yeux. Je peux prendre pas mal de photos que Sam partagera avec un de ses amis spécialiste.
Arrivés à la maison Sam prépare la pâte à pizza et on fini de préparer les ingrédients. Puis on amène Lumi à son entraînement.
On passe le temps d'attente à marcher autour d'un étang. On verra les premiers cygnes revenus de migration.
De retour à l'appartement on prépare les pizzas. Sam s'est vraiment pas loupé sur la pâte, elles sont délicieuses. Dernier selfie familial pour le souvenir et pour Isa.
On enchaîne ensuite avec le sauna de l'immeuble réservé le vendredi au créneau 21h - 22h pour la famille Chazalmartin.
Il est bien aménagé et très chaud. On est monté jusqu'à 80 degrés. J'ai fait trois fois 5 minutes ce qui fut plus que suffisant.
Je finis de me préparer puis Sam m'amène à la gare. Il s'est remis à neiger. Mon train est parfaitement à l'heure.
Je salue Samuel et le remercie encore pour leur accueil et les merveilles qu'il m'a fait découvrir.
Il y a une gamine assez bruyante dans mon wagon et je ne dormirai que peu les quatre premières heures.
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trans-n-enby-stuff · 7 years
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Hello, I heard you like selfies? 
The name’s Quinn (Vio to friends) and I’m a nonbinary demiboy from Germany! (he/they pronouns)
My bf had this back to school thing last thursday and apparently showed his friends photos of me and they thought that I’m a cis guy. And? I never thought that I’d pass that well? Only happened once before and I wasn’t even out to myself back then.
Anyway, I really like your blog, Chris, please stay awesome and keep doing what you do, cause you’re very good at it! I really like this little safe space.
Oh and if anyone wants to, they can follow me on my personal @theskytoyourplants - I like making friends c: 
~ You heard wrong, I LOVE selfies!! Vio (can i call you vio??) your hair is AMAZING! I love the blue so much!! I also love your glasses?? You're just pretty cute overall tbh plus your bf sounds pretty awesome. Thank you for saying such sweet things??? You're so sweet?? I'm glad you like it here :D Oh!! And your piercings are,,, amazing
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camilleauquebec · 3 years
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La super forme
Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que cette pandémie nous aura à tous amené deux choses: une leçon de patience et du ventre.
Sans rire, s'il y a bien une chose qui remonte à chaque fois le moral, c'est manger. Que ce soit en pandémie ou en guerre mondiale, un bon petit plat bien riche nous aide à continuer.
Ce n'est pas pour rien en effet que les rations militaires Françaises sont les plus prisées. Elles s'échangent encore aujourd'hui sur le front à prix d'or: une ration française contre cinq rations américaines.
Tout ça pour dire, nous étions bien contents d'être en France pour une grande partie de la pandémie. Surtout pour ma part, vu que ma religion se base sur une baguette et du fromage.
Nous nous sommes donc remonté le moral à chaque annonce gouvernementale, chaque rallongement de confinement, et chaque sentiment d'enfermement ou de frustration. A grands coups de fourchette ... Sachant tous les deux bien cuisiner, les possibilités étaient d'ailleurs infinies.
Mais malheureusement, glucides + glucides, ce n'est pas comme en mathématiques... ça ne s'annule pas.
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Et en prévision de ma nouvelle vie, autant vous dire que je me suis gavée de baguette et de fromages en tous genre pendant le mois qui a précédé mon départ. Inévitablement, tous mes pantalons avaient soudain perdu deux tailles (un mystère, vraiment).
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Julien pour sa part, bénéficie d'une morphologie doublée d'un métabolisme en or, qui ne lui fait pas prendre un gramme. (l'enfoiré)
Au contraire, il a perdu du poids ! du muscle de toute évidence. Cet homme-là a aussi fait du hockey sur glace professionnellement une majeure partie de sa vie, alors forcément, il est vraiment en forme.
Quand nous sommes arrivés chez Annie, il a donc ressorti sa machine de bodyweight, qu'il tenait de sa période universitaire. Moi qui n'avais jamais testé cette technique d'entraînement, outre en avoir entendu parlé, j'étais bien curieuse. Comme son nom l'indique, le travail des muscles se repose seulement sur l'équilibre de tout le corps. Et cela muscle le core (la ceinture abdominale/bras/trapèze) en profondeur.
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Enfermés pendant quatorze jours, autant vous dire qu'on développe parfois une envie de hurler. Cela nous change même du confinement en France que l'on a quitté avant de venir. Au moins, en confinement, on avait encore le droit de faire les courses. Une petite balade à pied, prendre l'air, c'est bon pour le mental.
Ici, chez Annie, nous étions vraiment reconnaissant pour son jardin à l'arrière de la maison. Et nous avons décidé de sortir notre frustration à travers le sport.
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Toujours sous mon meilleur jour, vraiment.
Julien, devenu mon coach sportif et coach de vie, n'oublia pas de me signaler qu'avec le bodyweight, il ne fallait jamais oublier de compléter par des exercices de jambes.
J'ai une soudaine réminiscence de selfies de types inconnus à la gym, devenus accros aux haltères et un peu moins aux squats, et dont les jambes ressemblent à des spaghettis.
Je m'assure donc de suivre ses conseils pour ne pas ressembler à ça.
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valeriehervo · 4 years
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Un vent nouveau semble souffler sur le plaisir féminin. La jouissance des femmes – avec ses infinies variations – est désormais décrite et promue par celles qui la fréquentent de plus près.
"J'ai commencé à écrire de la littérature érotique car je trouvais que le plaisir féminin était rarement mis en avant dans ce que je lisais. J'en avais marre des écrits misogynes et des récits mettant invariablement en scène une jeune pucelle découvrant les joies de la chair grâce à un homme forcément plus vieux et plus expert en la matière", s'exclame Octavie Delvaux.
Comme nombre de ses congénères ayant décidé de s'exprimer autour du plaisir féminin, l'écrivaine trentenaire fait partie d'une classe d'âge qui estime avoir été "privée de modèles sexuels" durant son enfance et son adolescence. "Pour tout vous dire, il y a une scène, dans le film La leçon de piano, où l'on voit Harvey Keitel se glisser entre les jambes de l'héroïne pour caresser un minuscule bout de peau, accessible car son bas est troué. C'est trois fois rien… mais c'est le truc le plus érotique et, surtout, le plus axé sur le désir féminin qu'il m'ait été donné de voir lorsque j'étais jeune."
Des propos qui n'étonnent pas Emmanuelle Julien, journaliste et auteure du blog Paris Derrière, qui se souvient de son adolescence : "Dans les années 90, à part le Doc de l'émission “Lovin'Fun”, on n'avait accès à rien. Et quand je dis rien, je ne parle pas seulement des informations techniques. Il n'y avait pas de discours féminin sur notre rapport au plaisir, pas d'images le mettant en valeur."
L'alpha et l'oméga de la sexualité
Il fut un temps – pas lointain du tout – où le sexe au cinéma se résumait à "la femme en dessous et l'homme au-dessus, avec orgasme évidemment simultané signalant la fin du coït", se rappelle Géraldine, qui a entamé sa vie d'adulte "en imaginant que la position du missionnaire constituait l'alpha et l'oméga de la sexualité".
La vidéo du jour :
Géraldine a dû également attendre d'avoir 20 ans avant d'entendre parler pour la première fois du seul organe exclusivement dédié au plaisir féminin : "C'est en lisant un magazine que j'ai découvert l'existence du clitoris. Je sais que cela peut paraître dingue aujourd'hui, mais à l'époque – il y a tout juste vingt ans – ce mot n'était jamais employé. Comme si le clitoris – et tout le plaisir qui en découle – n'intéressait personne." Vingt ans plus tard, dans un épisode de sa première saison, la série Broad City met en scène une jeune femme en train de discuter sur Skype avec une copine tout en faisant l'amour avec son copain, sur qui elle est assise à califourchon.
Mais la Toile a permis [...] l'émergence d'une parole de plus en plus libre et affirmée autour du plaisir féminin
Que s'est-il passé, au cours de ces deux dernières décennies ? Internet, qui a tout changé. "On réduit souvent le Web à la pornographie, tant il a démultiplié l'accès à ce type d'images. Mais la Toile a surtout permis la multiplication de forums où les femmes pouvaient enfin échanger autour de la sexualité, et l'émergence d'une parole de plus en plus libre et affirmée autour du plaisir féminin", explique Emmanuelle Julien. Aujourd'hui, il suffit d'ailleurs de taper "sexe" et "féminin" sur un moteur de recherche pour qu'apparaissent les pages personnelles de filles chaque jour moins effarouchées, dissertant sodomie, cunnilingus ou mérites comparés de tel ou tel sextoy.
Au fil des blogs et des témoignages a fini par éclater une évidence tue pendant des années : la sexualité des femmes est tout aussi exigeante, impérieuse et diverse que celle des hommes.
La polyphonie des désirs féminins
"Vous retroussez ma jupe et empoignez mes fesses pour m'attirer plus près de vous. Une pression sur mes reins me plaque contre votre braguette. Je sens votre érection battre contre mon sexe bouffi d'excitation. Mon clitoris palpite à grands coups", écrit ainsi Octavie Delvaux dans son recueil de nouvelles A cœur pervers1.
"A l'image de celle qui parle dans cet extrait, la plupart de mes héroïnes sont des femmes fortes, volontiers dominatrices, qui n'ont pas peur de communiquer leur désir et d'affirmer ce qu'elles veulent." Et l'écrivaine d'ajouter : "Je ne sais pas s'il y a un plaisir typiquement féminin ou masculin. Mais ce dont je suis sûre c'est que la femme a, autant que l'homme, un univers érotique qui lui est propre, et rien à gagner d'attendre systématiquement de l'autre qu'il lui dicte ses désirs."
Affirmer ses envies et la polyphonie des désirs féminins : tel est l'objet de la plateforme américaine OMGYes, promue au printemps 2016 par l'actrice féministe Emma Watson. A ce jour, ce site est le seul au monde à proposer des vidéos en ligne dans lesquelles des femmes reproduisent les gestes qui les mènent à l'orgasme.
"Je stimule mon clitoris selon un mouvement de haut en bas, dans le sens des aiguilles d'une montre", confie ainsi Amber, tandis qu'un gros plan de son sexe – et de son doigt, parcourant méthodiquement ses lèvres, dans une scène que l'on imagine mille fois vécue – complète le propos. Si l'on peut déplorer que cette plateforme, vitrine d'une recherche américaine basée sur l'expérience sexuelle de plus de deux mille femmes âgées de 18 à 95 ans, ne soit pas entièrement gratuite – l'accès au pack complet de vidéos y est facturé 29 € –, la démarche constitue une première.
Car, comme le dit Cerise, une célibataire de 38 ans qui a visionné quelques-unes de ces vidéos : "On a déjà toutes vu un sexe de femme en plan serré, dans un porno. Sauf que là il n'y a aucun pénis qui vient s'y introduire. Le plan est long, on a le temps de découvrir ce sexe en détail et c'est hyper-pédagogique."
Autant de façons de jouir que de femmes
Mais il est encore plus pédagogique de constater, au gré des vidéos, que ce qui plaît à Amber ne parle pas forcément à sa voisine de plateforme, qui serait bien incapable de prendre du plaisir ainsi. Comme le résume la sexologue Catherine Blanc2 : "Il y a autant de façons de jouir que de femmes : chacune peut déployer son art personnel en la matière et s'émerveiller à l'infini des capacités de son propre corps."
Car si, comme l'écrivait la romancière américaine Anaïs Nin, "l'érotisme est l'une des bases de la connaissance de soi, aussi indispensable que la poésie", il semblerait que les femmes françaises soient de plus en plus disposées à se connaître. En tout cas, Chloé, 31 ans, est formelle : "Moi, pour prendre mon pied, faut que le mec chope le rythme qui va me faire décoller. Ce rythme, je le connais – et parfois je les laisse chercher… ou les aide à trouver si le désir se fait trop pressant."
Il faut se méfier de l'uniformisation des goûts en matière sexuelle. Au lit, il ne peut y avoir d'autres règles que celles que nous inventons
La jouissance de Céline, 35 ans, doit également assez peu au hasard : "Je me caresse systématiquement le clitoris lorsque je fais l'amour avec un homme. Comme ça, je suis aux manettes : libre de déclencher le point de non-retour au moment opportun."
Autant de techniques individuelles qui ne sauraient constituer un accès au nirvana clé en main, comme le rappelle la chanteuse, danseuse et écrivaine Julia Palombe, qui a fait paraître un manifeste contre la société de la mal-baise3 : "Je pense qu'il faut se méfier de l'uniformisation des goûts en matière sexuelle. Au lit, il ne peut y avoir d'autres règles que celles que nous inventons chaque jour. Croire que le désir est figé et qu'il se manifeste toujours de la même manière est un non-sens."
Contre le tout pornographique et ses diktats
En croisade contre le tout pornographique et ses diktats, Julia Palombe incite à nous méfier des jouissances aussi systématiques qu'obligatoires. Et Catherine Blanc de rappeler : "La libération ne doit pas devenir une nouvelle norme". Car si la jouissance n'était qu'une affaire de gestes qui fonctionnent et de corps qui répondent, invariablement dociles, aux mêmes stimulations, cela se saurait. Pour beaucoup de femmes, le principal obstacle à une vie sexuelle satisfaisante réside encore dans un manque de confiance – en elles comme en leur droit au plaisir.
"Je reçois chaque jour des appels d'auditrices qui se soucient moins de leur épanouissement sexuel que de celui de leur partenaire, rappelle ainsi Brigitte Lahaie, qui anime sur Sud Radio une émission quotidienne consacrée au sexe. Il est vrai que la parole des femmes s'est libérée, mais ce qui se passe sous la couette est loin d'être au diapason. Nombreuses sont celles qui méconnaissent encore leur propre corps, n'évaluent leur vie sexuelle qu'à l'aune de la satisfaction de leur partenaire… ou attendent de lui qu'il les guide vers leur propre plaisir."
Contrairement aux idées reçues, la sexualité des couples au long cours est souvent plus satisfaisante que celle des amants débutants
Catherine Blanc poursuit : "Pour pouvoir lâcher prise, il faut accepter le regard de l'autre sur un corps qui ne sera jamais parfait – et, qui plus est, risque de nous surprendre, soumis à l'abandon du plaisir. Ce qui n'est pas toujours évident dans une société du contrôle de l'image et du selfie généralisé." "Peur d'être ridicule, peur d'être laide, peur d'être vulnérable, peur de s'attacher, détaille la journaliste scientifique Elisa Brune4 : on ne veut pas se mettre en danger, s'avouer faible, se montrer captive, on veut rester maître de soi."
Et face à ce regard de l'autre, il y a autant de femmes que de stratégies : quand Céline lâche plus facilement prise "avec des inconnus, qu'elle est sûre de ne jamais revoir", certaines ne parviennent à s'abandonner que dans le cadre confortable d'ébats intimes. "Contrairement aux idées reçues, la sexualité des couples au long cours est souvent plus satisfaisante que celle des amants débutants, note le sociologue Michel Bozon5. La connaissance mutuelle des fonctionnements sexuels comme la confiance entre les partenaires sont indéniablement propices à la jouissance. Mais il est évident que la sexualité s'enrichit aussi au fil des rencontres. Puisque chaque partenaire va dévoiler de nouvelles pratiques et transmettre sa conception singulière de l'acte sexuel."
Emmanuelle se souvient : "Je venais de divorcer, j'avais deux enfants et pas mal de complexes quand j'ai rencontré Nicolas. Je ne suis plus avec cet homme, mais je me rappelle parfaitement la première fois où il m'a expliqué, alors que je cachais mon visage sous la couette, qu'il n'y avait rien de plus jouissif pour lui que de m'observer lorsque je perdais le contrôle."
Ce qu'elle avait peur de lui montrer, lui le considérait comme un cadeau. Ce jour-là, elle a appris la jouissance, s'autorisant à lâcher prise.
Les chants d’elles...
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lelivredecoco · 4 years
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CHAPITRE TROIS
La violence est venue progressivement. Il me l’a fait crescendo : des menaces ; les objets ; ses objets ; mes objets ; ses mains ; mes mains ; mon corps, mon visage, ma dignité, puis mon humanité.
D’abord les menaces,
En premier il ne me menaçait pas directement, il me menaçait en me parlant de son passé. Pendant nos disputes, ou après il me parlait des violences qu’il avait pu avoir durant ses relations précédentes, ou envers ses proches. Il m’a avoué avoir giflé son ex, à cette confession j’avais bêtement répondu que je n’étais pas elle, qu’il n’allait jamais me faire une telle chose. Il me l’avait pourtant dit clairement qu’un jour il allait me le faire, que je le pousserai à bout, et que par ma faute, il me giflerait sûrement. En prévention à ce destin, il m’a quitté plusieurs fois, je n’aurai jamais dû revenir, il a eu raison finalement. Mais toutes les fois où il m’a quitté pour éviter qu’un jour il ne me frappe, je revenais, le suppliant même parfois de me reprendre. J’étais convaincue qu’avec moi les choses allaient être différentes, je pensais être celle qui lui fallait, et j’ai même rejeté la faute sur les autres. Si il avait été violent, c’était à cause d’elle, ou des autres, mais jamais à cause de lui, jamais.
Puis il a commencé à menacer mes proches, pas à eux directement, à moi. Quand je faisais quelques choses qu’il n’appréciait pas, il s’imaginait que c’était à cause de l’influence d’une personne de mon entourage. Son rituel était simple; premièrement me dire des compliments d’un de mes proches puis de le rabaisser malgré tous ses bons côtés. En second il m’expliquait en quoi cette personne était mauvaise pour moi. Il arrivait à me convaincre que certaines de mes actions était influencées par celle-ci, et bien sûr que c’était contre lui, donc contre nous, contre mon bien être. Et enfin pour s’assurer que je ne recommence plus et que je m’éloigne de mes proches. Il me disait qu’il n’aimerait pas avoir à régler ses comptes avec un de mes proches. Car il était impulsif, et colérique malgré lui. Comme je vous l’ai dit plus tôt, il suggérait toujours, il n’a jamais menacé directement mes proches, sauf une fois, une semaine après l’avoir quitté, il a menacé un de mes amis directement.
Pour vous donner un exemple, sa cible préférée était un de mes meilleurs amis, qui est gay. Oui, mon ex est homophobe, mais en privé, publiquement il ne l’avouera jamais, et ne ferait rien d’homophobe. J’ai toujours été admirative du travail d’Alexander McQueen, il fait partie des artistes qui ont influencés mes choix professionnels. L’année où je me suis mise avec lui, Alexander McQueen a habillé Lady Gaga pour son clip Bad Romance. Vous le savez tous Lady Gaga est une figure du mouvement LGBT, j’ai toujours aimé ce qu’elle faisait. Alors McQueen et Gaga ensemble j’étais aux anges! Suite à ça, et booster par mon meilleur ami. J’ai osé acheter une paire de chaussure de Jeffrey Campbell, le modèle Nightwalk, les chaussures à talons sans talons ! Merveilleux ! J’ai décidé de les porter au lycée, c’était assez drôle. Avec les conseils de mon ami, j’ai porté ça de façon décontracté: un jean déchiré, un peu loose, un petit pull simple et mes Nightwalk à paillettes. J’étais à l’aise, jusqu’au soir où j’ai dû rendre des comptes. J’avais osé m’habiller de cette façon. Pas de fleurs, pas de baskets, j’avais commis une atrocité. Il m’a rabaissé, il a rabaissé mon ami, et les homosexuels en général. Il a rabaissé les artistes qui m’inspiraient. Puis m’a menacée d’aller rabaisser directement mon ami, et de le ridiculiser. À l’époque, cet ami la n’assumait pas entièrement son homosexualité. Je devais le protéger, la noirceur de l’homme que j’avais choisi ne devait pas atteindre mes proches. Je me devais d’être le mur entre lui et mes proches. Pour ça j’ai dû m’éloigner d’eux et l’écouter lui. J’étais incapable de le quitter, il m’avait eue, mais il ne les aura pas.
Un jour il m’a menacée de me faire dormir dehors si je fêtais Halloween avec mes amis. Je ne l’ai pas cru mais il l’a fait. Je me suis retrouvée à deux heures du matin, dehors. J’avais seize ans, ou dix-sept ans peut être. Je n’avais pas de permis, pas de moyen de transport en commun pour rentrer chez moi la nuit. Uber n’existait pas et je n’avais pas d’argent non plus, et il était impossible d’appeler mes proches pour leur demander de l’aide. Ils ne savaient pas ce qui se passait dans ma vie. J’ai donc dormi dehors, avec mon sac d’affaires qu’il m’avait jeté à la figure. Je n’ai pas vraiment dormi, j’ai passé la nuit adossée contre un mur dans son quartier, à réfléchir pourquoi j’étais dans cette situation et comment j’allais faire pour m’excuser. Oui, je pensais sincèrement que je méritais ça, que j’avais dépassé les limites et que je lui devais des excuses.
Le lendemain, j’ai attendu qu’il sorte de chez lui, il ne répondait pas à mes messages. Quand enfin je l’ai vu, il était normal, comme si il ne m’avait pas mis à la porte en pleine nuit. Il semblait calme, mais il y avait toujours la noirceur dans ses yeux. Il m’a juste dit en rigolant que j’étais minable, et pitoyable. Puis il partit faire sa vie, après des heures à pleurer et sans réponse de sa part, je décidais de retourner enfin chez moi.
Ensuite les objets,
Les premiers objets qu’il a cassé, étaient des objets sans importance. Il donnait un coup de pied dans une poubelle, jetait violemment un truc trouvé au sol. Il faisait ça juste pour appuyer sa colère, je ne pensais pas que cela devait m’alarmer. Je ne savais pas qu’il s’agissait d’un signal, signifiant qu’il allait devenir violent. Je ne peux pas vous citer d’exemple précis, ces actes étaient tellement banales pour moi à l’époque. Ce n’est qu’avec du recul que j’ai pu me rendre compte de leurs importances.
Puis ses objets, 
Après les objets, il s’en est pris à ses objets. Le premier qu’il a cassé sous mes yeux par excès de colère envers moi, c’était son téléphone. 
Pour vous remettre dans le contexte, il venait de me prendre en photo avec sa chemise bleue, pendant que j’étais en train de mettre ma petite culotte. Puis il a ajouté cette photo à un album. J’ai demandé à la voir, je ne voulais pas de photo de moi dénudée dans son téléphone, et en me la montrant je vis juste à côté de ma photo, son ex. Elle était dans la même situation que moi, elle portait elle aussi sa chemise, et elle aussi n’avait rien en dessous. 
En vous racontant cette histoire je me rends compte à quel point cela est tordu, photographier deux filles différentes, dans la même situation, avec la même chemise. De plus que c’est lui qui m’avait demandé de la mettre et de me placer à cet endroit. Mais ce n’est pas cet évènement tordu qui m’a fait m’énerver. C’est le fait qu’il garde des photographies dénudées de son ex. Je ne comprenais pas pourquoi, et je me sentais trahie. Le pire est au moment où j’ai arraché son téléphone de ses mains, j’ai vu une autre photo de cette ex, encore nue, se prenant en selfie dans le reflet du miroir. Le détail qui m’a choqué est qu’elle portait des extensions de cheveux. Les extensions ! Ces fameuses extensions qu’elle avait mises il y a une semaine. Elle lui avait envoyé une photo d’elle nue il y a une semaine. En réponse à mes accusations, il m’expliqua, qu’elle n’avait pas confiance en elle. Elle voulait un avis sur sa nouvelle coiffure, et elle sortait de la douche quand elle lui en a parlé. Ceci devait m'expliquer le nude de son ex, et j’y ai cru. J’ai culpabilisé d’avoir insulté cette fille. Je me suis dit que si elle était mal dans sa peau et que de faire ça avec mon mec lui donnait confiance en elle, alors qu’elle le fasse. Je savais que peu importe les photos, il était amoureux de moi. Je lui ai donc présenté mes excuses pour avoir fouillé dans son téléphone. Mais c’était trop tard, la noirceur dans ses yeux était là. Et pour que je ne recommence plus, il a donné plusieurs coups de poings dans son téléphone. Il disait que comme ça il n’y aurait plus de photos, plus de conversations avec son ex, et plus de contact avec moi une fois que je partirai de chez lui.
Après cette dispute, c’est devenu régulier. À chaque dispute il cassait quelque chose qui lui appartenait en m’accusant. Il me disait que je le poussais à bout et qu’il fallait bien qu’il passe sa colère sur quelque chose.
*
Je me rends bien compte de la stupidité avec laquelle je pensais. Je vous explique les choses comme je les ai pensé sur le moment, j’aimerais que vous vous rendiez compte à quel point mon cerveau était formaté à aller dans son sens. Il arrivait toujours à inverser les situations, et à la fin je me sentais coupable. Dans ce cas, je me suis excusée d’avoir mal pris le fait que son ex lui envoie des nudes. C’est aberrant mais c’est la vérité !
*
Enfin mes objets,
Il a commencé à casser mes objets quand on a emménagé ensemble. En même temps j’avais tout acheté, tout meublé donc tout était à moi, mais il a volontairement cassé des objets de valeurs sentimentales. Tous mes cadres, mes étagères sont mortes durant ce combat. Je vais juste vous parler des deux choses qui m’ont le plus marquées. Le soir de la Saint-Valentin, j’avais espoir qu’il m’invite au restaurant. Comme il ne l’a pas fait, c’est moi qui lui proposa. Je n’aurai pas dû, ma proposition créa un débat sur cette fête commerciale qui, selon lui, salissait l’image de l’amour. À la fin, étant à bout car finalement mon point de vue n’avait pas changé. Il m’insulta, s’énerva, frappa dans le mur, m’insulta encore, frappa ailleurs, et continua ainsi un moment. J’ai fini par en pleurer, le suppliant d’arrêter de tout casser. Pour échapper à ma Saint-Valentin atroce, j’ai mis mon casque Marshall, qu’il m’avait offert, et j’ai écouté la musique dans mon lit. Lui était au salon, en train de se calmer. Puis il vint me chercher, et on retourna ensemble au salon pour parler. Je voyais bien que sa discussion n’avait pas pour but d’apaiser les tensions. Je sanglotais en tenant mon casque. Et dans un excès de colère il le cassa, en me disant qu’il détruirait tout ce qui nous lie. Il brisa aussi mes deux énormes verres à vin que j’avais acheté pour nos soirées, il détruisit mes tableaux avec mes peintures que je lui avais offertes. C’était un portrait de nous deux, et un tableau sur ma vision de l’amour. Puis il partit dormir, fier de ses actes, et moi j’ai dû tout nettoyer et dormir sur le canapé. Il avait pris soin de fermer la chambre à clé.
Je me souviens du jour où il a cassé une étagère. La base de la dispute c’était mon repas. J’avais fait des pâtes mais il voulait du riz. Je sais, cela semble ridicule mais je devais faire attention à tout, tous les jours. On avait un planning de repas, et je devais le respecter. Je ne l’ai pas fait donc il s’est énervé et m’a bousculé. Il m’a menacé, puis il s’en est pris à la table que j’avais dressée. Cette fois là j’ai crié après lui, j’en avais marre qu’il casse tout, pour des raisons stupides. Ma rébellion l’a juste incité à en casser davantage. Il donna un coup de poings dans mon étagère blanche. Elle éclata parterre, puis il continua à lui donner des coups à terre en me menaçant de me faire subir le même sort. Cette fois là me marqua car il y avait tellement de violences dans ses yeux, je ne le reconnaissais plus. J’ai vraiment cru qu’il n’arrêterait jamais de frapper. Et je crois que c’est une des premières fois où il me menaça directement.
*
Vous allez remarquer que je vais souvent vous parler de noirceur dans ses yeux. Je m’explique quand on se disputait, je sais que j’avais atteint la limite quand son regard changeait. Je ne sais comment expliquer, mais quand il devenait violent, il avait ce regard noir, sans émotion, juste de la noirceur. Et je redoutais ce regard, avec le temps, j’ai appris à accepter la signification de ce regard noir.
*
Et puis les objets ne suffisaient plus,
Ses mains, 
Ses mains, il a commencé à les utiliser « gentiment » contre moi au bout de quelques mois. Je dis « gentiment » car ce stade de violence n’était rien en comparaison au reste. Bien que toute violence est inacceptable, je suis restée. Je l’ai quitté deux fois uniquement, jamais avant ces deux fois là j’ai songé à le quitter. Il avait fait tout un travail mental sur moi. Je me sentais incapable de rien, seule je n’étais rien à mes yeux. Je ne savais plus ce que j’aimais, ce que j’allais faire, j’avais l’impression que lui seul pouvait me faire vivre.
Le premier geste de violence c’était une bousculade, au début il me poussait doucement, puis il m’a poussé de plus en plus fort. Jusqu’à ce que j’en perde l’équilibre, et que j’en tombe, pour qu’il puisse en rire. Il a fini par me pousser tellement fort que j’avais mal à l’endroit où sa main avait appuyé pour me déséquilibrer.
Après il a augmenté d’un niveau, il m’a giflé. Il me disait que c’était des « gifles éducatives », car je ne comprenais rien. C’était pour mon bien, selon lui. Il comparait son acte à l’éducation d’un enfant à qui on donne la fessée. Il ne me giflait pas fort, je ne sais pas si je me voile la face. Si mon cerveau me déconnectait de la douleur, ou si j’ai perdu la mémoire de la sensation. Mais j’ai l’impression que je n’avais pas mal après ses gifles, elles étaient beaucoup plus douloureuses par leurs significations qu’à leurs impacts sur ma joue.
*
C’est à ce moment là que j’ai commencé à avoir honte. Je n’ai plus jamais parlé de ma relation, jusqu’à aujourd’hui. J’ai gardé tout ce qu’il s’est passé secret. Je n’ai jamais eu le courage de me confier à quelqu’un durant ma relation. Je ne voulais pas qu’on accable l’homme que j’aimais. Je ne voulais pas passer pour une victime, car je ne me sentais pas comme tel. Bien sûr que je ne voulais pas qu’il m’arrive tout ça, mais je ne savais quoi faire d’autre, sauf rester. Je croyais en lui, en ses paroles quand il était pris de remords. Il avait l’air sincère quand il s’excusait, et m’assurait qu’il allait changer. Il me semblait si vulnérable après, que j’y croyais et je restais malgré moi. Je finissais toujours par m’excuser aussi, j’avais un sentiment de culpabilité énorme en moi. Pour moi c’était de ma faute, c’était ma personne qui faisait ressortir ce qu’il avait de plus mauvais en lui, le problème venait de moi. Dans ma tête j’étais l’échec de notre relation, le maillon faible c’était moi. J’avais l’impression que c’était lui la victime, victime de mon incapacité à être une bonne femme.
*
Mes mains,
C’est la première partie de mon corps à avoir reçu un coup de poing de sa part. Assis tous les deux sur son lit, il a donné un coup de poing de nerf dans son matelas. Sauf qu’entre le matelas et sa main, il y avait la mienne. Je sais qu’il a visé ma main, mais sur le moment je me suis dit qu’il ne l’avait pas vu. Ce premier coup m’a valu un hématome qui m’a empêché d’utiliser correctement ma main pendant une semaine au moins. 
Puis ma main est devenue son souffre-douleur, à chaque dispute, il me l’a serré fort. Je vous parle d’une force à en avoir des bleus. Sinon il s’amusait à me tordre les doigts, ou le poignet. Il faisait ça jusqu’à ce que je me soumette, je lui tenais tête parfois. Mais je me suis toujours soumise avant qu’il me fracture quelque chose. Je ne voulais pas devoir aller chez le médecin me soigner, je ne voulais pas devoir le dénoncer si le médecin ne croyait pas mon explication. Je me pliais à ses règles et en plus de ça mon envie de le protéger et de protéger ses actes du reste du monde ne faisait que grandir.
Mon corps, 
Il a commencé à m’étrangler je ne sais même plus comment. Mais c’est devenu un jeu pour lui. Avec ou sans dispute il m’étranglait. Il voulait savoir pourquoi je paniquais, et pourquoi je pleurais comme ça quand il le faisait. Il prenait ça pour une expérience. Je devais avoir confiance, il n’arrêtait pas de me le répéter quand il était au-dessus de moi, avec ses mains autour de mon cou. Dans ses yeux je crois que c’est de l’excitation que je percevais. 
Quand il refermait ses mains sur mon cou, je vidais mon esprit, je me forçais à ne pas faire couler mes larmes, car ce sont ces larmes qui le poussait à aller plus loin. Mais elles venaient tout le temps, elles coulaient le long de mon visage, pour son plus grand plaisir. Je cherchais de l’humanité dans ses yeux, mais je n’ai rien trouver d’autres que du plaisir. J’étais réduite à un jouet pour lui, peu à peu je perdais mon humanité.
*
Je ne me souviens pas de tout, je ne sais pas si c’est mon cerveau qui supprime certains souvenirs pour me protéger. Je ne sais pas si c’est parce que je me suis déjà évanouie sous son emprise. Je ne pourrais vous l’affirmer, la seule chose que je sais c’est que j’avais accepté le danger qu’il était pour moi à partir de là. Je savais que si je restais, je pouvais en mourir. J’en avais conscience, mais je suis restée, je n’avais toujours pas eu ce déclic.
Depuis lui, je ne porte plus de collier, je ne les supporte plus. Mon cou est devenu hypersensible, j’ai du mal à garder un col roulé aussi. Quand j’en mets un, je vais tirer dessus plusieurs fois dans la journée parce que je me sens étouffée. Je me force à en mettre, je trouve ça beau, et j’ai envie que ces séquelles partent. Quand je parle à une personne en qui je n’ai pas confiance, je me protège le cou maintenant, instinctivement. Ma main n’est jamais bien loin de mon cou dénudé, je n’arrête pas de le toucher, ça me rassure de voir qu’il n’y a rien dessus.
*
Désormais mon quotidien était rythmé par tout ce dont je vous parle depuis le début : l’isolement ; les violences mentales ; les insultes ; la manipulation ; les objets cassés ; les gifles ; les étranglements ; nos disputes ; sa colère ; ses excuses ; mes excuses ; et son regard noir.
Vous savez maintenant ce que j’ai accepté de supporter pendant plusieurs années, malgré moi. Sachez que j’ai peur du jugement des autres, les personnes ont tendance à jeter la pierre sur la victime, en insinuant que si on ne veut pas tout ça, on a juste à partir. Et que comme on reste ça veut dire qu’on le veut.
J’aimerais vraiment que vous compreniez qu’on ne veut pas de cette vie, que c’est pas la vie que notre conjoint nous avez promis. Et que si on reste ce n’est pas parce qu’on aime se faire maltraiter, non si on reste au début c’est parce qu’on a un sentiment de culpabilité énorme. Après cette culpabilité, il y a la honte et la peur qui se rajoutent. Puis forcément il y a l’amour qu’on pense ressentir. Certaines personnes se permettent de juger alors que peu de personnes ont le courage de quitter leur conjoint après plusieurs années. Parce que prendre cette décision c’est changer de vie radicalement. En partant on dit au revoir à tout ce qu’on connait, tout ce qui nous rassure, tout ce qui fait de nous ce que nous sommes, on dit adieu à nos espoirs et nos projets qu’on avait le jour où on est tombé amoureux de cette personne. Alors oui on reste, malgré les violences, mais simplement parce qu’on espère qu’elles vont disparaitre un jour. Et puis de toute façon pour avoir le cran de partir il faut avoir confiance en soi, et croyez-moi quand on subit cela, l’estime et la confiance qu’on a de soi est inexistante. Même le néant est beaucoup plus rempli que notre amour-propre.
Si vous vous reconnaissez dans ce que vous lisez, soyez attentif à ce qui va suivre. Moi aussi j’ai lu des témoignages où je me suis vue en ces inconnues. La plupart d’entre elles vivaient pire que moi, elles avaient été hospitalisées d’urgence ou certaines avaient même frôlé la mort. Sachez que même si la seule violence que vous ayez subi est une gifle, cela n’est pas normal. Peu importe le degré de violences, cela reste de la violence. La seule chose qui vous attend si vous restez, c’est la mort. Et si vous en êtes au début, partez. Prenez conscience que cela va juste empirer, qu’une personne violente ne change pas. Pas d’elle-même en tout cas, des excuses ou des beaux discours ne soignent pas leur comportement. 
Puis j’aimerais juste ajouter que vous êtes belles. Je pense que ce qui a fait que j’ai mis du temps à partir c’est que je n’avais plus confiance en moi. J’aurai aimé qu’une bonne fée vienne et me redonne un peu confiance en moi, juste assez pour avoir la force de me dire que je mérite mieux. Alors j’ai envie d’être votre bonne fée, il est important de savoir que vous êtes belle, que vous ne devez pas culpabiliser, vous n’avez pas à avoir peur. Je sais que c’est facile à dire, mais moi aussi j’avais peur, peur d’être seule, peur de ne plus jamais être aimé, peur de ne plus jamais me trouver belle. Je ne savais même plus qui j’étais, ce que j’aimais vraiment. Et aujourd’hui tout cela est derrière moi, j’ai confiance en moi, je me trouve belle, je suis pleine de vie et je me suis rendue compte que le secret du bonheur c’est d’apprendre à s’aimer et s’épanouir par soi-même. Vous pensez sûrement être incapable de penser tout cela de vous-même, commencez petit à petit. Brisez le silence et la solitude qui vous entoure, et admirez-vous.
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fendi-in-pariii · 5 years
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Partie deux (part 2)
The issue is alot of these men are so old , weird or just plain creepy. The majority are like just socially awkward and broke so they cannot mix and mingle and date in the real world. I made 800$ dollars in 48 hours. Off of just sending my own face and my own selfies fully clothed(my instagram pics that are already public🤷🏿‍♀️)Out of 64 men that messaged me only 5 were really about that venmo action. Sooooooo to all you lil girls out there that wanna finesse these ninjas just know you need to bring ya A+ game periodt!🗣🗣🗣🗣🗣
Now moving on to my real point Ive been studying sugaring for the past 6 months trying to impliment these strategies in vanilla dating. lemme tell you that
It works better to be in a spoiled girlfriend sort of situation than being a sugar baby at this point. The money makers are escorting or being a spoiled girlfriend. Now finding your “prince” in between all the frogs is another topic we shall touch on later. It is important to not be desperate and to not be thirsty while you are in this sugar bowl. Not to brag put to bring it into perspective, I am in school fulltime , with a fulltime job at a big 4 finance firm. So this money from SA is going into my savings. I am not living off of this money. We need several streams of income especially us millenials. I know that not all of us have this luxury, but Im just trying to say when you do something out of the desperation everything works against you. If you meet the universe at peace it will grant you peace as well.
My next point is that you have to be confident when you get into this and know what you are doing this for, I am trying to network and get actual green money to put into my bank account. IDGAF about the bags and the trips thats a distraction and its not mine to keep .
I need these loans paid off from school
I need these businesses funded from somebody wallet
Lastly I need to network into a higher business/it salaried career.
Also last note I have so much to say yall gonna be tired of me😅. From observing this and now starting to dip my toe into this. I will say this point blank perodt, these men want sex from you and they are only tolerating you because you are beautuful and young. If you meeting their requirements then they also need to be fulfulling your requirements. DO NOT LOWER YOUR STANDARDS! Because if you were not “good” enough for these men they wouldnt care about you. So make sure that if you are sleeping with them you are charging, if you going on a date with them you are charging. Do not do shit for free or bargain with them out of guilt. Kill that guilt!!!!
Aight peace yalll its my BDAY tommorow 🎉🎉🎉👀♊️👀💃🏿
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reseau-actu · 5 years
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REPORTAGE - Quarante ans après le soulèvement pacifique mené par Solidarnosc, le pays se déchire sur le sens à donner à cet héritage politique.
De notre envoyée spéciale à Varsovie et Gdansk
Cela fait vibrer de revoir ces images en noir et blanc vieilles de 39 ans déjà, qui racontent l’une des plus incroyables révolutions pacifiques du XXe siècle. On y voit le jeune électricien Lech Walesa, leader du syndicat Solidarnosc, se faire porter en triomphe par des foules d’ouvriers qui chantent que «la Pologne n’est pas morte», puis se hisser sur le portail en fer des chantiers navals de Gdansk, devenu célèbre dans le monde entier, en pleine négociation du mouvement ouvrier en grève avec un pouvoir communiste médusé. Il est jeune, allant, mince, la moustache épaisse, l’œil vif et rusé. Il a une manière à lui d’inspirer la foule qui écoute, tout en la modérant. «Je suis venu vous dire que nous avons gagné, nous avons obtenu la création d’un syndicat indépendant… et ce n’est que le début!» crie-t-il aux centaines de milliers de Polonais qui se pressent pour l’acclamer, puis se mettent à prier avec lui pour se donner du courage.
Aujourd’hui, sur cette place rebaptisée place de la Solidarité, il ne reste plus que le célèbre portail qui fit le tour de toutes les télévisions du monde, et bien sûr le monument aux victimes de la répression de 1970, qui périrent, au nombre de 49, sous le feu des balles de la police communiste, lors d’une manifestation historique qui alluma le feu de la révolte polonaise: trois grandes colonnes, qui portent des croix sur lesquelles sont clouées des ancres. Une partie des chantiers navals est toujours en activité à Gdansk, mais pas sur cette partie de la ville où a été construit un magnifique musée de briques rouges ouvert en 2014, le Centre européen de la solidarité.
» LIRE AUSSI - Europe, frontières, mondialisation... Les confidences de Lech Walesa
Le musée et Solidarnosc font aujourd’hui l’objet d’un affrontement aussi terrible que mesquin entre les héritiers du mouvement
Ce lieu remarquable retrace toute l’histoire de l’émergence de la contestation polonaise contre le pouvoir communiste et, bien sûr, la geste de Solidarnosc, une visite passionnante. On y redécouvre à quel point ce mouvement fut massif - 10 millions de membres! - et fut préparé par une mobilisation souterraine complexe et multiforme qui avait commencé depuis des années, dans toutes les branches de la société, des cercles catholiques aux milieux de gauche laïque, en passant par la revue d’émigration Kultura, basée à Paris. On y retrouve aussi des tas de documents, souvenirs, films et objets émouvants, et même une porte transpercée de balles devant laquelle périrent plusieurs manifestants, que des ouvriers gardèrent cachée pendant des années, pour que le pouvoir ne la fasse pas disparaître. Avec un peu de chance, on peut y croiser une légende vivante, Lech Walesa, qui a son bureau dans les étages. Fin avril, lors de notre passage, une chorale de retraités français se mit à chanter à tue-tête pour l’honorer, avant que l’ex-électricien devenu président ne vienne prendre un bain de foule au milieu d’eux, tout sourire, pour une séance de selfies. Mais au lieu d’être devenu un lieu d’inspiration et de rassemblement européen, un sujet de fierté commune pour la politique polonaise contemporaine, le musée et Solidarnosc font aujourd’hui l’objet d’un affrontement aussi terrible que mesquin entre les héritiers du mouvement, reflétant l’état général de division de la Pologne quarante ans après sa leçon de courage et de solidarité. Après avoir été une machine de guerre unie contre le monstre communiste, Solidarnosc s’est fracturé en deux camps qui paraissent irréductibles.
Polémique sur le rôle de Lech Walesa
D’un côté, celui du pouvoir, Droit et Justice, mené par le chef du parti PiS, Jaroslaw Kaczynski, un ancien collaborateur de Walesa, véritable détenteur du pouvoir à Varsovie, qui défend une vision nationale conservatrice de la Pologne et de l’Europe, et contrôle à Gdansk le syndicat Solidarnosc. Et celui de l’opposition libérale, qui tient la mairie de Gdansk et se bat pour garder la main au Centre européen de la solidarité. Walesa, un électron libre qui s’était brouillé avec les libéraux pendant sa présidence, s’est rallié à eux face au PiS. Les deux camps se regardent en chiens de faïence et s’affrontent sur la question de savoir comment seront fêtées les grandes dates anniversaires des événements de 1980 et 1989. Le pouvoir accuse d’ailleurs Lech Walesa d’avoir été un ancien agent de la police polonaise et a publié des documents d’archives de l’ancienne police politique communiste (contestés) pour le prouver, accusations sur lesquelles l’ancien président ironise, estimant extraordinaire d’être accusé d’être un traître malgré son rôle historique incontestable dans la mise à bas du communisme.
» LIRE AUSSI - Il y a 35 ans, la mystérieuse libération de Lech Walesa
Le syndicat Solidarnosc, contrôlé par le PiS, estime aussi que le Centre européen ne devrait pas porter le nom de Solidarité. Nul ne sait si un représentant du gouvernement viendra à Gdansk, pour la célébration, organisée par le Centre européen et la mairie le 4 juin prochain, à l’occasion de l’anniversaire des accords de la Table ronde, qui réunirent autour d’une table les dirigeants de Solidarité, le général Jaruzelski et le parti communiste en 1989 pour une transition pacifique à la démocratie, marquant le début d’une série de révolutions de velours à travers le bloc de l’Est, qui allaient entraîner la chute du mur de Berlin.
«Walesa avait un talent pour tirer ce qu’il y avait de meilleur des gens autour de lui, pendant la bataille de Solidarnosc»
«Walesa avait un talent pour tirer ce qu’il y avait de meilleur des gens autour de lui, pendant la bataille de Solidarnosc. Ce pouvoir fait ressortir le pire», réagit Anna Mydlarska, interprète de Walesa et cinéaste documentariste qui a réalisé, travaillé et sélectionné, la plupart des films exposés. «Il y a une volonté de revanche des troisièmes et quatrièmes couteaux de Solidarité, ceux qui n’avaient pas les premiers rôles en politique ni dans le business et qui sont maintenant sur le devant de la scène», estime pour sa part un ancien de Solidarnosc, Piotr Adamowicz. Un responsable du centre raconte que le nouveau directeur, nommé par le gouvernement, a décidé de changer certaines parties de l’exposition permanente, pour y ajouter une salle consacrée à Anna Walentinowicz «dans le but d’édulcorer le rôle de Walesa» et d’imposer «son récit des évènements». Certains fonds ont également été coupés, suscitant une mobilisation populaire à travers le pays, qui a levé 7 millions d’euros pour combler le déficit.
«C’est terrible de voir ces deux mondes séparés par la haine»
«C’est terrible de voir ces deux mondes séparés par la haine», déclare Teresa Tzabza, une ancienne activiste du syndicat Solidarnosc, qui travailla notamment comme interprète pour les journalistes français, pendant la période héroïque. «Je ne veux pas d’une Pologne divisée. On est comme deux armées sur un champ de bataille, immobiles, mais comme prêtes à se jeter l’une sur l’autre», poursuit-elle. «Ça monte, ça monte, et un jour on tue notre maire».
» LIRE AUSSI - Les deux Europe et l’esprit disparu de Solidarnosc
Pawel Adamowicz, maire de la cité baltique pendant huit mandats, très aimé des habitants de Gdansk, a été assassiné au mois de janvier par un déséquilibré, alors qu’il prononçait un discours lors d’un événement philanthropique. «J’ai vu ça à la télévision, je n’en croyais pas mes yeux! Je le connaissais depuis son engagement de l’époque de Solidarité, il était lycéen et membre du mouvement Jeune Pologne. En tant que maire, il avait beaucoup aidé les gens en difficulté, les pauvres, les femmes, les réfugiés tchétchènes aussi!» se souvient-elle. Teresa dit qu’elle est sidérée de la direction prise par le parti PiS et des dérives qui se profilent sur le contrôle des juges et des médias. «L’homme qui a tué le maire était un déséquilibré, mais on ne peut sous-estimer le venin qu’ont déversé sur lui les médias pro-PiS. Ils critiquaient beaucoup sa politique pro-réfugiés», explique Anna Mydlarska.
Thérapie de choc du capitalisme
Nous quittons le musée en sa compagnie pour arpenter le vieux centre. C’est fou ce que Gdansk a changé depuis 1990, quand l’auteur de cet article avait couvert l’élection historique de Walesa à la présidence d’une Pologne qui sortait à peine de la grisaille du soviétisme, et subissait de plein fouet la thérapie de choc qui avait été choisie pour opérer son passage au capitalisme. Aujourd’hui, la beauté de ce port baltique, dont le centre historique fut bâti par des architectes hollandais, rappelant Amsterdam, resplendit sous le soleil. Anna nous emmène jusqu’à la basilique, où a été enterré le maire. Des habitants s’y recueillent et y apportent des fleurs. Cette église, raconte Anna, est remplie de souvenirs historiques. C’est ici que Walesa venait se recueillir et chercher l’inspiration pendant les moments de grande pression du face-à-face avec les communistes. Le lendemain, nous retrouvons la maire de Gdansk, Alexandra Dulkiewicz, ex-adjointe du maire assassiné dans son bureau du conseil municipal. Dulkiewicz, une jeune politicienne brune, dit ne pas être sûre que la mort de Pawel Adamowicz change quelque chose à la division que connaît la Pologne.
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En pleine bataille avec les autorités du pays sur la question des commémorations, elle se demande comment se passeront les cérémonies du 4 juin, censées célébrer la table ronde de 1989, «que le pouvoir actuel considère comme une trahison», mais que le maire défunt voulait fêter à Gdansk. Elle dit que les choses se compliquent parce que le gouverneur de la région, pro-PiS, a annoncé vouloir réserver le site de la place de la Solidarité ce jour-là pour une manifestation du syndicat officiel Solidarnosc. «La division du pays s’exprime dans cette bataille, pour déterminer qui aura le rôle principal dans ce lieu symbolique», note-t-elle.
«La division du pays s’exprime dans cette bataille, pour déterminer qui aura le rôle principal dans ce lieu symbolique»
Dulkiewicz dit qu’elle a invité toutes les autorités du pays, les maires de nombreuses villes, des ONG. Sur quatre présidents, seul l’actuel n’a pas donné sa réponse. Elle doute qu’il vienne, car «nous n’allons pas changer l’histoire de la Pologne, or le parti au pouvoir veut la réécrire». Le président de l’UE, Donald Tusk, sera en revanche présent, marquant ainsi son grand retour sur la scène politique polonaise, où il pourrait tenter de prendre le leadership de l’opposition dans la perspective des législatives de l’automne. «À midi précisément, nous chanterons l’hymne national et nous lirons une déclaration rappelant les valeurs de liberté et de solidarité auxquelles nous sommes attachés», dit Dulkiewicz. Quand on lui demande s’il existe encore des sujets d’accord entre le pouvoir et l’opposition, elle réfléchit et répond: «Le football!»
«À midi précisément, nous chanterons l’hymne national et nous lirons une déclaration rappelant les valeurs de liberté et de solidarité auxquelles nous sommes attachés»
Au Musée de la Seconde Guerre mondiale, un lieu tout aussi passionnant historiquement que le Musée de Solidarnosc, nous rencontrons Karol Nawrocki, nouveau directeur nommé par le pouvoir, au grand dam de l’ancienne équipe, et l’interrogeons sur l’incroyable empoignade qui se joue en Pologne autour du passé. Ne regrette-t-il pas que les célébrations sur la période Solidarnosc soient l’objet de tels déchirements? «C’est dommage, mais cela s’explique, car l’évaluation des événements est toujours en cours, dit-il. Comme vous le savez, après 1945, la Pologne était un pays non indépendant, et nous n’avions pas la possibilité de débattre librement.»«Malheureusement, après 1989, cette histoire a été négligée par les précédents gouvernements, la politique et le business étaient pleines de personnalités de l’ancien régime, d’agents clandestins dont on ne connaissait pas le rôle, on n’avait pas une vue objective de l’histoire», poursuit l’historien. Il note par exemple que le rôle de Lech Walesa et sa collaboration comme agent de la police politique entre 1970 et 1974 avaient été passés sous silence. «C’est important de le savoir, cela éclaire d’une lumière différente la manière dont il a pris ses décisions comme président», affirme Nawrocki.
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Sous-entend-il que Walesa était un traître, alors que l’Institut du souvenir national a jugé ces documents non authentiques et, surtout, que le leader de Solidarité a été le principal meneur de la révolte qui a mené à la fin du communisme? «Cela a pu influencer son peu d’intérêt pour l’adhésion de la Pologne à l’Otan», suppute Nawrocki. Lors d’un tour du musée, organisé par le responsable du département international, Karol Szejko, nous découvrons les salles consacrées au rôle spécifique de héros polonais que le nouveau directeur a fait installer. Très émouvantes, comme tout le reste du musée, et pointant les témoignages de résistance de certains héros polonais, elles ne nous semblent pas du tout ridicules, contrairement à ce qu’écrit la presse libérale polonaise, a priori remontée contre toute initiative du PiS. Mais les propos de Nawrocki sur Walesa paraissent incroyables, vu le rôle historique qu’il a joué, et ont un petit air complotiste préoccupant. Clairement, des crispations irrationnelles qui planent sur le pays.
Les frères ennemis de Solidarité
«La brouille est particulièrement violente parce qu’il s’agit d’anciens frères devenus ennemis», nous confie Piotr Adamowicz, le frère du maire assassiné et un ancien pilier de Solidarité. Il dit que les gens du PiS qu’il connaît ne sont plus capables d’aller boire des bières avec lui pour s’expliquer. «Ils ont peur d’être vus avec nous, on est des lépreux pour eux.» Piotr pense que le tournant, dans cette relation qui s’aggrave, a été l’affaire de Smolensk, quand l’avion présidentiel de Lech Kaczynski, frère jumeau de Jaroslaw, a explosé au-dessus de la Russie, en 2010. «Depuis, tout a changé. Kaczynski s’est refermé sur lui-même et est même allé jusqu’à déclarer devant le Parlement que l’opposition avait assassiné son frère !»
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Dans le train qui nous emmène à Varsovie, nous discutons avec deux Polonais qui regardent l’affrontement des frères ennemis de Solidarité avec une distance résignée. «Aucun n’a totalement raison, me confie un ingénieur, qui dit qu’il a d’abord voté longtemps pour la plateforme civique libérale, avant de se tourner vers le PiS. Je trouve qu’ils ont amené un élément social important pour aider les familles», dit-il, prédisant qu’ils gagneront les élections européennes et surtout celles d’octobre, car «ils multiplient les cadeaux sociaux». «Ont-ils les moyens? C’est une autre histoire», affirme-t-il, notant que le taux de croissance de l’économie polonaise est à 4 % et que cette dernière est protégée des vicissitudes des crises de l’euro. Son voisin, lui, parle de Walesa et semble se demander si le PiS n’a pas raison. «Walesa est un homme complexe», dit-il… À Varsovie, on ne voit pas trace de la campagne pour les européennes, chacun convenant toutefois qu’elles sont surtout comme une répétition générale des élections parlementaires d’octobre. Le fait que les partis d’opposition aient réussi à se mettre d’accord sur une liste d’union, pour le Parlement de Bruxelles, est présenté comme un test. «S’ils gagnent, cela les mettra en selle pour l’automne», dit Piotr Adamowicz.
«La Pologne est toujours un État démocratique. Mais il ne faut pas se boucher les yeux. Le PiS veut construire quelque chose de différent, construire une démocratie illibérale»
Le jeune maire de Varsovie, Rafal Trzaskowksi, une des figures montantes de l’opposition, qui a été élu par 57 % des suffrages, nous affirme que l’opposition «peut gagner», comme son exemple l’a montré. Cet ancien ministre des Affaires européennes dit aussi qu’il regrette vraiment le climat de division qui règne et qu’il est même «encore possible de s’entendre en coulisses sur l’Otan et sur l’UE». Mais il explique que les insultes dont il est la cible sont insupportables. Il a été attaqué pour sa charte des droits des homosexuels et accusé de vouloir forcer les jeunes enfants à la «masturbation» par les chaînes publiques. «Le premier ministre m’a traité de traître, en disant que je travaillais pour les Allemands.» Cela va trop loin, affirme-t-il, parlant de «déshumanisation de l’adversaire par le pouvoir actuel». «Cela a mené à l’assassinat du maire de Gdansk. Ce n’est plus une division gauche-droite, mais une division entre forces populistes nationalistes qui veulent réveiller les sinistres démons du passé et les forces de la tolérance proeuropéenne», affirme-t-il aussi, tout en reconnaissant que son camp a fait des erreurs car il a sous-estimé les souffrances de la population la plus défavorisée, un terrain sur lequel le PiS a porté son effort avec son idéologie de l’État fort et protecteur et son rejet du libéralisme. «La Pologne est toujours un État démocratique. Mais il ne faut pas se boucher les yeux. Le PiS veut construire quelque chose de différent, construire une démocratie illibérale», dit Trzaskowski.
Les responsables du PiS et du gouvernement estiment précisément que le penchant de l’opposition à se présenter comme une force de progrès et à renvoyer les nationalistes aux années 1930 est révélateur de sa condescendance. «La déshumanisation est présente des deux côtés», réplique par exemple le ministre des Affaires européennes, Konrad Szymanski. Difficile de s’y retrouver dans cette mêlée très émotionnelle. L’ancien ambassadeur Slawomir Czarlewski évoque un manichéisme excessif des deux côtés, chacun cherchant à absolutiser le point de vue de l’autre. Une tendance que nous avons déjà observée en Hongrie.
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Le rédacteur en chef du journal Rzeczpospolita, Boguslaw Chrabota, dit que la violence de la propagande des médias d’État est préoccupante, mais note qu’ils représentent 12 % du total. «Nous avons encore une presse indépendante forte. En ce sens, nous sommes très différents de la Hongrie.» Chrabota se dit confiant en la Pologne et appelle l’Occident à ne pas trop la caricaturer, tout en étant vigilant sur les questions d’État de droit. «La liberté est inscrite dans notre ADN. Elle a été forgée notamment pendant la résistance qui a conduit à Solidarnosc. Si nécessaire, elle ressortira», prédit-il, persuadé que le pouvoir des citoyens est suffisamment fort pour survivre à trois mandats successifs du PiS. «Je reste très optimiste pour la Pologne», dit Chrabota.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 18/05/2019. Accédez à sa version PDF en cliquant ici
Source: premium.lefigaro.fr
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monsieurcyclopede · 5 years
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Jour 14 : De Binic à l'île de Bréhat 55 Kilomètres
A partir de Binic et Étables-sur-Mer, les paysages sont les plus sauvage que j'ai pu voir depuis mon entrée en Bretagne. Les ports sont plus petits et plus rares. Les côtes sont maintenant des falaises et ne laissent apparaître que rarement de magnifiques plages à leurs pieds.
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Un peu plus loin, une grande partie de mon itinéraire s'est enfoncé un peu plus dans les terres, composées de nombreux sous bois en fleurs. C'est très vallonné, on se croirait souvent dans le marais de Shrek ou dans la Contrée, j'étais prêt pour le selfie avec Sam le Hobbit mais je l'ai raté.
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Au prix de quelques montées bien raides, j'ai regagné doucement le littoral à partir de Plouha jusqu'à Plouezec, par la route de la corniche. Cette route nous emmène sur les falaises les plus hautes de Bretagne, de France ou d'Europe, c'est selon... J'ai eu les trois versions alors pour ma part j'ai décidé que c'était les plus hautes du monde, comme ça c'est fait. La route sinueuse parcours la lande pleine d'ajoncs lumineux et de bruyères, on survole la manche, c'est parfois vertigineux.
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La descente progressive vers Paimpol nous refait voyager dans quelques magnifiques forêts peuplées d'arbres immenses jusqu'à l'Abbaye Maritime de Beauport, une ruine grandiose dans les marais à l'entrée de Paimpol.
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Je n'ai vu que le port de Paimpol, entre pêche et plaisance, c'est un bel endroit encadré de bars et de restaurants charmants. Mais un port ça donne soit envie de boire, soit envie de voyager, n'ayant pas soif j'ai continué ma route jusqu'à la pointe de l'Arcouest, de là j'ai mis mon vélo sur un bateau pour l'île de Bréhat, je veux y passer deux nuits et goûter au plaisir de l'isolement !
Grosses bises à tous !
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Et pour tout mes potos barbus...
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swedesinstockholm · 11 months
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17 septembre
je fais des infidélités à r., je viens d'envoyer ma nouvelle chanson, ou plutôt le prototype de ma nouvelle chanson à c., il m'a dit qu'il était à la rue, enfin je sais pas s'il l'est toujours, j'espère pas. pendant que j'étais en train de prendre de ses nouvelles j'ai eu une notif de r. qui me demandait si j'étais en train de faire caca sur le selfie avec un flacon de v.i.poo saveur citron que je lui ai envoyé dans les toilettes de h. vendredi soir et j'ai pas pu m'empêcher d'éclater d'un rire sale. pourtant apparemment vendredi soir chez h. je faisais la gueule, parce que hier soir quand elles disaient qu'elles avaient trouvé k. plus avenante que d'habitude, j'ai fait remarquer que ne pas être avenante n'était pas toujours un choix, ce à quoi m. a répondu sèchement que c'était pas compliqué de faire un effort, ne serait-ce que par respect pour les autres, et d'un coup j'ai senti les larmes derrière mes yeux et j'ai commencé à tourbillonner vers les ténèbres en passant par des endroits archi sombres (pas envie d'en parler ici) et au fond la mort me faisait des grands signes. c'est la seule qui peut tout arrêter. je l'ai pas dit ça à c. quand il m'a demandé comment je me portais. et je le dirai pas à f. demain non plus, mais elle de toute façon elle me demandera pas comment je vais.
à part ça j'ai passé une plutôt bonne première journée toute seule, je me suis réveillée avec une hallucination auditive de la voisine qui ouvrait la baie vitrée en appelant mon nom puis j'ai allumé mon téléphone et vu la vidéo que m'envoyait s. où on les voit toutes autour d'une table dans un bar à prague en train de chanter le refrain de ma chanson de la perf de minibang et j'ai explosé de rire et de joie. après avoir déjeuné je suis partie me promener sur la plage grise j'ai marché pendant deux heures et demi en marmonnant des paroles inspirées par la surface marbrée des grandes flaques au bord de l'eau qui ressemblaient à la surface de saturne et aussi à la table basse du salon chez r. et j. quand j'étais petite. hier je marchais dans les vagues entre les digues et mes pieds se prenaient dans les algues et je levais les jambes bien haut pour m'en dépêtrer et je trouvais que c'était une excellente métaphore pour sortir de la mélancolie, je faisais comme si c'était les algues qui me tirent vers l'abysse, celles de kirsten dunst dans melancholia, et que j'avais enfin trouvé un moyen de m'en dépêtrer. délivrer. délivrée libérée. mais bof, pas trop non.
dans tous les cas j'adore me faire pousser par les vagues, qu'elles soient brutales avec moi, qu'elles me plaquent me broient et m'avalent, la mer est mon amante préférée. mais c'est aussi la seule que j'aie jamais eue. the sea is the only lover i've ever had. ce matin elle était verte et elle faisait du bruit pendant que moi je vivais ma petite histoire avec saturne. j'ai passé l'après-midi à travailler sur le texte pour point de chute et ce soir j'ai fait une ratatouille et j'ai regardé un truc sur les camping cars sur m6 et la météo parce que ça y est je suis devenue maman.
18 septembre
finalement en attendant que r. se libère c'est avec c. que je vais collaborer, le temps d'une soirée, il m'a proposé de faire une performance poétique avec lui pour l'expo de tina gillen et j'ai dit oui mais j'ai pas osé demander si c'était rémunéré. il m'a envoyé un million de liens vers des appels à projets/maisons d'édition/revues littéraires/le contact de son ami poète qui ressemble à linus de lost qui pourrait être intéressé par la publication de mon éventuel recueil de poésie dans sa maison d'édition/etc. on est restés au téléphone pendant une éternité et je voulais que tout le monde m'entende parler de ma vie professionnelle d'artiste avec mon accent de la ville sur la terrasse.
j'ai pas continué ma chanson sur saturne ce matin parce que les flaques avaient disparu et j'avais pas d'inspiration, y avait de la brume et le soleil pointait derrière et j'étais trop occupée à essayer d'arriver au cap avant que la brume se lève pour faire des photos d'aqualand dans le brouillard, mais le ciel bleu m'a rattrapée. j'ai fait des jolies photos quand même. y avait des pêcheurs qui pêchaient dans le bassin qui entoure l'île d'aqualand avec les toboggans en fond et ça faisait une atmosphère très paisible. sur le chemin du retour j'ai vu deux femmes rentrer dans l'eau seins nus, une jeune et une plus âgée, peut être que c'était sa mère. la jeune portait un short et je me suis demandé si c'était la même fille que j'avais vue faire la roue seins nus en boxer un matin en haut de la plage. quelle vision.
19 septembre
je me suis levée tard ce matin alors au lieu d'aller au cap d'agde je suis allée nager parce qu'il faisait chaud, j'ai mis mon bonnet et j'ai fait des longueurs de crawl entre les digues, oh c'était bien. j'essaie de trouver une autre manière de le décrire qu'en disant que je me battais avec la mer parce que je me battais pas avec elle, j'adore l'énergie qu'elle me fait dépenser pour pouvoir lui répondre, rester à niveau, j'adore l'intensité que ça génère, j'adore comme ça devient même un peu dramatique. je voulais plus sortir de l'eau. je me suis laissée flotter sur le dos en essayant de m'abandonner complètement à la mer en écartant les jambes face à l'horizon et je pensais à la femme que j'avais entendue sur france inter en déjeunant qui disait que quand on avait fait l'expérience de violences dans l'enfance, souvent après on avait du mal à s'abandonner pendant le sexe et donc à avoir des orgasmes. hier soir en regardant l'amour est dans le pré à un moment y avait un type qui me faisait tellement de peine que j'ai du changer de chaîne parce que ça me rendait trop triste et je me suis demandé si moi je passais dans ce genre d'émission, combien de gens changeraient de chaîne devant l'insoutenable nullité de ma vie?
quand je suis sortie de l'eau j'ai posé mon haut de maillot et je me suis allongée sur ma serviette et c'est mon nouveau truc préféré. c'est très bien pour la confiance en mon corps. je me suis mise d'abord sur le ventre, puis sur le dos, la tête tournée vers la mer, je regardais les gens passer au bord de l'eau en scrutant leur regard pour voir s'ils me mataient mais non, personne me matait, personne n'en avait rien à foutre de mes seins. moi j’en ai toujours quelque chose à foutre des seins. je les regarde du coin de l’oeil, derrière mes lunettes de soleil, sous ma casquette, je mate les femmes seins nus sur la plage et j’ai l’impression d’être une voyeuse perverse. je me suis baignée seins nus avec f. quand elle m'a rejoint, il était temps que la mer voie mes seins. en même temps avec toutes les fois où elle les a fait sortir de mon maillot c'est pas comme si elle les avait jamais vus, petite coquine.
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3moisauboutdumonde · 6 years
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You say goodbye, and I say hello
3 mois plus tard nous y voilà ! Il est l’heure de dire au revoir à la Nouvelle-Zélande et de regagner le bercail. Au programme :
Départ : 5/01, 18h heure locale, soit 6h heure française
Arrivée : 6/01, 20h heure locale, soit 8h en Nouvelle Zélande… le 7/01
Donc, pour résumer, et les matheux pourront me corriger au besoin…. On a 38h de voyage devant nous. Cool. Cool cool cool. Cool cool cool cool cool cool. Cool.
MAIS ON EN EST PAS ENCORE LA.
Tout d’abord, réveil fraîcheur à The Attic Backpackers. La nuit a porté conseil et on s’est dit que si on rentrait les mains vides notre entourage allait nous déshériter, donc on reprend la route des boutiques souvenirs après avoir fait un emprunt à la banque. Une razzia sur les portes-clés et les t-shirts de rugby plus tard, nous retournons à l’auberge pour essayer de faire rentrer tout ça dans nos valises. L’avion n’est qu’à 18h, ce qui nous laisse le temps de profiter une dernière fois d’un resto de la ville. On boucle donc nos valises avant de les stocker à l’auberge et de se rendre dans un délicieux petit restaurant : le Chawla’s Indian Restaurant.
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Comme le veut la tradition on se fait péter le bide (sans prendre une seule minute en considération le fait que l’on va être confiné dans un espace restreint avec des dizaines d’autres passagers qui n’ont rien demandé et seulement 4 toilettes publics. muhehe, ça va être bin l’fun !). On profite de ce temps un peu calme pour faire les plus et les moins de cette splendide aventure entre soeurs. Et donc...
Les moins : cette foutue sortie kayak à Abel Tasman où nos liens ont été mis à rude épreuve, la madame qui ne savait pas conduire à Fox Glacier, le moment où le bus est tombé en panne et où on a cru qu’on allait mourir à Milford Sound (bon après on a eu de la bouffe gratuite donc c’est un tout petit moins), Star Wars épisode XVIII (parce que honnêtement ils auraient pu faire bieeeen mieux), la traversée à vomir (littéralement) entre l’île du Nord et l’île du Sud
Les plus : S’être baignées mi-décembre à Hahei, Bob - son bob et ses oeufs à Cap Farewell, Noël au sommet de la montagne au milieu de nulle part (et accessoirement s’être bien dépassée avant)(et le petit-foie-gras-accompagné-de-sa-petite-bouteille-de-sauvignon surprise), le massage et les sources chaudes du nouvel an à Hanmer Springs, les câlins à Roxy, pouvoir dire qu’on est allé à Hobbiton !, avoir chanté “Aux champs Elysées” dans une grotte avec des glowworms, les sources chaudes et le ciel orageux de Taupo, cette soirée d’hystérie à l’Observatoire de Wellington, la beauté des paysages vers Tekapo, et puis surtout… avoir pu faire tout ça ensemble. ………… BON OK, ça on l’a peut-être pas dit, il n’empêche que c’est vrai. Quelle chance d’avoir pu partager ces aventures - mauvaises comme bonnes - entre soeurs !
Mais l’aventure touche déjà à sa fin (quoiqu’on a encore une aventure de 38h qui nous attend), et il est temps de rentrer. Plusieurs personnes m’ont déjà demandées si j’étais triste de quitter la Nouvelle-Zélande, mais la Nouvelle-Zélande ne me quittera vraiment jamais… ça va j’déconne ! La réponse c’est que oui, forcément un peu, parce que je sais que ce que j’ai vécu ici je ne suis pas prête de le revivre de sitôt, et en même temps non, parce que justement, tout ce que j’ai vécu ici m’a donné la force et l’envie de voir les choses différemment et de me bouger les fesses en France.*
* Edit : Oui alors quand je suis rentrée j’ai quand même fait 4 moins de dépression post retour, en PLS sur le canapé, sans savoir comment reprendre ma vie en mains HAHA
QUOI QU’IL EN SOIT, on en est pas encore là. Pour le moment on récupère nos sacs à l’auberge et on part en direction de l’aéroport. Dernier selfie sous la pluie
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et c'est parti, bye bye Auckland ! Enregistrement des bagages, traditionnelles bêtises et séances photos des soeurs Debiez dans l'aéroport, embarquement, derniers bisous par le hublot à ce doux pays qui m’a accueilli pendant 3 mois, décollage… Au revoir la Nouvelle-Zélande.
J’ai 20 h pour pleurer devant moi.
Oui oui, 20 h.
Fort heureusement, après 3h30 de vol on fait un stop à Brisbane avant de repartir pour Dubai. L’occasion de se dégourdir les jambes en cherchant les toilettes de l’aéroport, de prendre des nouvelles du monde avec le wifi (oui papa on est sur le retour ! Allume l’appareil à raclette !), et de faire ami-ami avec les autres passagers de l’avion dans l’espoir de pouvoir changer de sièges et s’assoir à côté avec Oriane. Bon cette dernière partie marche très moyennement… En même temps qui veut lâcher une place avec hublot ou couloir pour la place de la sardine, au milieu de la rangée ? Certainement pas cette dame, qui lorsque l’on remonte dans l’avion me dit “J’aurais bien échangé avec vous, mais j’ai besoin du hublot, je suis malade en avion” juste avant de fermer le-dit hublot, de sortir son coussin gonflable, ses gâteaux apéros, son casque et de plonger dans la sélection de films proposée par Emirates. Not such luck de mon côté, les 15h de vol qui nous séparent de Dubai s’étendent et s’étendent, et même les quelques films et la pluie de nourriture ne parviennent pas à faire passer le temps. Au bout d’une dizaine d’heures, alors que la plupart des passagers dorment, je décide d’aller me dégourdir les jambes. Quand, entre deux classes, je tombe sur un point ravitaillement j’en profite pour taxer un kit kat à un stewart. On en vient à échanger sur nos vies, et il doit lui aussi sacrément se faire chier, car il me propose alors de me faire visiter la 1ère classe, A L’ETAGE.
Je vous laisse imaginer le tableau : un jeune stewart, vêtu de sa tenu Emirates (donc en mode BG quoi), fait visiter le niveau des riches à une petite paysanne, pauvrement vêtue de son jogging, son pull IUT Nancy Charlemagne qui a subit le passage du temps. Ses yeux injectés de sang sont soulignés de charmantes cernes naissantes et ses cheveux gras luisent sous chaque lampe projetant leur faible lumière. Eh oui, parce que marraine la bonne fée qui te crée un costume en moins de deux pour aller fréquenter la fame ça n’arrive qu’à Cendrillon. Je vous explique même pas les regards interrogateurs des autres stewarts et hôtesses de l’air en me voyant arriver fraîche et pimpante au 2è étage.
Mon poto de voyage ne se démonte pas et me fait donc visiter le mini bar, puis la business class (vous saviez qu’on pouvait s’y allonger ??), puis la first class (vous saviez qu’on pouvait s’y allonger ET avoir des petits box pour ne pas être dérangé ????), PUIS LA DOUCHE AU BOUT DE LA FIRST CLASS. Y’a même un sèche-cheveux putain. On repasse dans l’autre sens sans un bruit pour ne pas réveiller les 10 premières fortunes du monde. De nouveau au mini-bar il me propose un cocktail, et il me faut bien tout ça pour me remettre de ce que je viens de voir. On continue de parler, et avant de descendre rejoindre ma place parmi le petit peuple, mon ami d’Emirates m’invite à me mettre derrière le mini-bar pour une photo souvenir.
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I shit you not.
Grand prince, il m’offre même des réserves de bouffe à partager avec Oriane quand elle sera réveillée. Monsieur le Stewart je ne vous oublierai jamais (ou juste votre nom alors). Merci d’avoir rendu ce trajet un peu plus supportable et beaucoup plus improbable, c’était un joli plot-twist !
Après de looooongues heures, on finit par atterrir à Dubai. Il est 5h30, mais honnêtement je n’ai plus vraiment de notions de temps. Après tout, je suis en train de vivre 3 jours en 2 et mon cerveau a bien du mal à appréhender ce bordel. J’aurais du regarder plus d’épisode de doctor who. Il est donc 5h30 quelque part dans ce monde, et tout ce que je sais c’est qu’on à 9h devant nous avant le dernier vol qui nous ramènera à Lyon, et que je suis bien fatiguée. On cherche donc le spot le plus adéquat à la sieste et l’on finit par trouver des “chaises longues”, mais rien n’y fait c’est moins confo qu’à la plage.
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En PLS, en S, en PL, en boule, sur le ventre, sur le dos… J’essaie toutes les positions mais rien n’y fait, toutes les particules de mon corps ne réclament qu’une seule et unique chose : un matelas. En me voyant mon agitation, un gars à ma droite essaie d’engager la conversation. Pas de chance, il est australien et mon cerveau est frit. On arrive à échanger deux trois phrases bateau avant qu’il lâche l’affaire et se rendorme. A l’aube, les hauts-parleurs de l’aéroport se déclenchent pour délivrer la prière du matin, et c’est à peu près le moment où j’arrive à voler un peu de sommeil. On tue le reste du temps en se baladant dans les halls immenses de l’aéroport de Dubai (c’est tellement grand qu’on ne repasse même pas par là où j’étais à l’aller), puis en squattant le wifi et un pilier avec des prises. Quelques heures plus tard, on se tape une balade de santé de 30min rien que pour rejoindre la zone où se trouve notre porte d’embarquement. Amassée, les traits tirés, et aussi pressée que nous de rentrer, se trouve la moitié de la région Rhône-Alpes.
Nos neurones sont en train de se dissoudre lentement dans un jus de cerveau coupé au Mountain Dew quand on embarque enfin. La 3e et dernière étape de notre trajet peut commencer. Et sans surprise, ces 7 h sont un pur calvaire. Mon corps fait un rejet de greffe de fauteuil du milieu de rangé, et après avoir joué à faire coucou à Oriane de l’autre côté de l’avion, je me retrouve à nouveau à faire les cent pas dans les allées de l’avion. Ma soeur me rejoint et on essaie de passer le temps comme on peut. A mis chemin, alors que je suis en PLS dans le couloir et que j’en viens à me demander où se trouve les parachutes dans cet avion, un jeune homme tente sous nos yeux ébahis l’incroyable tour de draguer une hôtesse tout en demandant de l’alcool. A son accent on comprend qu’il est français, à sa démarche et son haleine qu’il est bourré. Lucky us, il capte qu’on est française aussi et malgré les vagues de haine déferlant de mon petit corps tremblant de fatigue, il décide de venir nous parler. Et comme le ferait tout bon con bourré et français au milieu d’un couloir d’avion, s’adressant à deux jeunes femmes déjà passablement au bout de leur vie, il décide de nous parler de bitcoin. DE BITCOIN PUTAIN. Est-ce que c’est le moment ? Est-ce que c’est vraiment le moment ever d’ailleurs ? Avant qu’on ne puisse ouvrir la porte de secours et l’évacuer comme il se doit, un stewart intervient et nous demande de dégager le couloir et de regagner nos places. Ah ! Serait-ce l’heure du goûter ?
A ma grande surprise cet interminable vol touche néanmoins à sa fin quand nous arrivons à St Exupéry, et j’aurais presque envie d’embrasser le.la pilote tellement je suis soulagée ! Dernier petit coup de speed quand le sac d’Oriane n’arrive pas à l’endroit où l’on récupère les bagages. Ce qui ne me perturbe pas plus que ça étant donné que je dors à moitié sur mon propre sac.
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Mais tout est bien qui finit bien, Oriane récupère son sac, on passe le nouveau contrôle des douanes totalement automatisé - à peu près aussi intense que Fort Boyard -, puis on retrouve les deux meilleures taxi de la planète : Joanna et sa mère. Encore un petit effort et nous voilà à Chassieu. Same old town, same old house, and more importantly same old bed…
Feels good to be home.
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cequilaimait · 5 years
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Knut – 8. Épilogue – Cinq mois plus tard au bord d’un lac
SMS du dimanche 21/05/2017 10h42
 *Téléphone de Justin*
 Knut : Jujuuuuu, devine qui est dans son avion en train d’attendre le décollage pour la Suisse ? :3  Mjau ! Justin : Miaou ! Serait-ce mon petit chaton du froid ? :D Ze suis trop content que vous veniez :3 Ça fait trop longtemps, tu m’as manqué ! J’espère que tu n’as pas trop changé ! On a beau parler assez souvent (vive la poésiiiiie), ça fait 3 mois que tu ne m’as pas envoyé de selfie T_T (par contre, sympa les photos de Stockholm quand il fait jour ! Ça donne envie de venir en été !) Knut : ^^’  Baaaah… J’me cache exprès pour la surprise, tu verras par toi-même ! :P T’en fais pas, toujours bien fringué :3 Et y a plein de trucs que je t’ai pas racontés, parce que je préfère te les dire en face ! Pour voir ta réaction de mes yeux bleus *___* Depuis décembre, j’ai fait plein d’efforts pour te plaire, tu sais :3
Justin : Euh… T’es au courant que j’ai une petite copine ? :3 Et qu’elle est grave Fujoshi ? :3 Knut : OUI ! :3 Et je n’en ai rien à foutre ! xD Mjau ! T’es mon Juju ! C’est ta faute d’abord ! T’avais qu’à pas me dévergonder ! Maintenant, faut assumer ! Je viens en Suisse pour un BISOU ! Et je repartirai pas sans :D
Justin : Mon Dieu, j’ai créé un monstre… … … Putain, c’est trop cool \o/ Knut : Grrrr :3 Bon je te laisse, mon avion décolle… Ze t’aimeuh *___* Tu viens me chercher en arrivant ?
Justin : Oui, promis, c’est prévu avec Madame Duvanel ;-) Bisou et à très vite Knuty-boy :3  
 *****
 Cela faisait donc cinq mois que Justin n’avait pas vu ses amis suédois. Cinq mois pendant lesquels il avait passé de douces vacances au ski avant que sa vie ne reprenne un cours normal, fait de devoirs en classe, de révisions du bac, de préparation aux concours – il était convoqué aux oraux de Sciences Po Paris, ce qui le rendait fou de joie – et de week-end en amoureux, avec Cécile qui veillait sur lui comme une louve sur son petit. Il aimait ça. Cette douceur lui avait permis de survivre toute la fin de son lycée. Puis les beaux jours étaient revenus, et avec eux, les feuilles vertes, la douceur des rayons du soleil et quelques bonnes nouvelles.
Fière de son accord de coopération, Claude Duvanel avait eu tout l’hiver pour préparer un programme de feu pour l’année prochaine, à base de correspondances et échanges entre lycéens et autre projets pédagogiques, mais surtout, elle avait arraché de sa direction l’autorisation d’accueillir dès cette année plusieurs élèves, comme promis lors de son départ. Sans surprise, les volontaires faisaient tous parti du club francophonie, et Justin se réjouissait de les revoir, surtout un certain petit chaton dont il avait, il est vrai, pris goût à la douceur des lèvres.
Après son départ, Knut lui avait envoyé une myriade de messages – plusieurs par semaines – souvent pour parler de tout et surtout de rien. La poésie était le sujet qui revenait le plus dans les discussions. Knut réclamait parfois des vers, des pensées ou des alexandrins pour s’endormir. En échange de quoi, il parlait de ses lectures, parfois de ses rêves et souvent de ses achats shoopings. À part quelques allusions explicites et osées ici et là, les choses charnelles étaient passées au second plan, bien après l’équilibre général du bonhomme. Justin s’était enquis régulièrement de sa santé mentale. Est-ce qu’il allait bien ? Est-ce qu’il était heureux ? Est-ce qu’il avait chassé ses pulsions destructrices ? Les réponses étaient toujours enjouées et positives. Et même quand il pleurait en pensant à sa grand-mère, il préférait simplement le faire en quette de réconfort avant de sourire et de passer à autre chose. La semaine passée en décembre avec son homologue des Alpes avait changé sa vie, ou tout du moins, la façon dont il la percevait. Pour le mieux.
La délégation suédoise devait arriver à l’aéroport de Genève l’avant dernier dimanche de mai, en début d’après-midi, et repartir le samedi suivant. Outre Franciska et ses deux enfants, elle comprenait Viktor, sa sœur et Hakon. Toute la bande. Pour loger tout ce beau monde, il avait fallu s’organiser avec les âmes charitables. Le plus simple fut de louer des places dans une auberge de jeunesse pour la semaine, à la plus grande tristesse de Knut qui, bien heureux de rester avec les copains, voyait tout de même là un de ses principaux espoirs complètement douché. Lui, il espérait être invité chez Justin. Normal. Pour jouer aux jeux vidéo. Comme des ados de leur âge, quoi. Version officielle.
Pour le réconforter, Justin lui avait promis de venir directement l’accueillir à l’aéroport. Plusieurs voitures n’étaient pas de trop pour conduire tout le monde à bon port, et autant son géniteur que celui de Cécile avaient accepté de servir de chauffeurs. Après avoir autant entendu parler des Suédois, la jeune femme avait hâte de les rencontrer, et vu qu’elle avait passé le week-end avec son petit copain… Il était plus simple que son père vienne la chercher directement à l’aéroport avec sa grande espace, tout en rendant service à leurs invités.
Tandis que les parents attendaient dehors avec les voitures, Justin, Cécile et Claude se posèrent devant la porte des arrivées, juste derrière la barrière de sécurité. Avec ses magnifiques cheveux verts – il avait prévu de reprendre son bleu préféré en fin de semaine, juste avant son oral – qui lui tombaient sur le visage et lui masquaient un œil, Justin trépignait d’impatience et ne tenait plus en place, ce qui ne manqua pas d’attirer les regards vers lui. Ce à quoi il répondit à ceux qui le dévisageaient en leur tirant la langue, comme un sale gosse mal élevé. Ce qui lui valut de se prendre une pichenette sur l’arrière du crâne de la part de Cécile.
« Aieuuh ! Tu m’as fait mal ! Madame, y a ma copine qui me martyrise ! Elle a raison ? Maaaaaaais… Abus de chat ! »
Enfin, les portes s’ouvrirent et les premiers passagers – d’abord ceux sans bagages – sortirent de la zone d’arrivée. Puis, cinq minutes plus tard, ce fut au tour de toute la fine équipe stockholmoise d’apparaître au grand jour. Tous respiraient la joie de vivre.
Hakon avait adopté un look plutôt cool, à base de bob sur la tête, de short sur les cuisses et de sandales aux pieds. Il avait laissé pousser sa barbe blonde qui ressemblait enfin à quelque chose et faisait ressortir son charme. Viktor, lui, n’avait pas trop changé. Malgré les températures élevées en cette saison, il portait un bonnet en toile. Ses cheveux fins et noirs lui tombaient toujours sur le visage et ses doigts étaient plus que jamais recouvert de bagues, dont au moins deux nouvelles que Justin n’avait jamais vues. Lillemor était toujours aussi « suédoise », à savoir blonde, grande et rayonnante, comme sa mère qui, dans une tenue décontractée d’été, aurait pu se faire passer pour sa grande sœur. Sabina, enfin, était égale à elle-même, toujours souriante. Et comme le fit remarquer d’un miaulement Justin à sa copine – ce qui lui valut une deuxième pichenette – elle portait quand même vachement bien les décolletés.
« AIIIIIIIE ! Mais elle est violenteuh ! J’vais pleurer, moi, si ça continue ! Bon, au fait, il est où Kisse ? Parce que moi, j’suis quand même venu pour le v… »
L’adolescent aux cheveux verts n’eut pas le temps de finir sa phrase. Avant même qu’il ne prononce le dernier mot, ses lèvres s’étaient laissé capturer par celles tendres d’un adolescent suédois en manque depuis cinq mois.
Knut n’avait même pas essayé de viser la joue. À peine avait-il vu son homologue se dépatouiller l’index en l’air qu’il avait fondu de derrière son chariot à bagages pour se jeter à son cou et lui claquer un baiser passionné. Mais là où son groupe préféra détourner le regard – ils l’avaient senti venir de très loin vu son état d’excitation pendant tout le voyage – et où Claude éclata de rire – plus à cause de la tête de ses propres élèves qu’autre chose – Justin et Cécile écarquillèrent les yeux. L’un de surprise de s’être fait chopper comme un perdreau de l’année avec une fougue qu’il n’avait pas connu depuis longtemps et qui le fit rougir d’embarra – enfoiré de Knut qui se vengeait de la plus douce des manières après s’être lui-même fait avoir cet hiver –, l’autre parce qu’elle s’attendait à tout sauf à une scène pareille.
Le jeune Suédois était beau. Cécile n’avait pas trouvé d’autre mot pour décrire cet étrange animal. Il portait en lui en sorte de légèreté et d’insouciance qui transparaissait autant de la manière dont il avait fondu sur Justin en se foutant royalement du monde qui l’entourait que de son look fou et coloré jusqu’au bout des cheveux.
Comparativement à la seule photo que la jeune femme avait pu voir, Knut présentait des cheveux bien plus longs, coiffés en chignon sur la tête. Depuis décembre, il les avait laissé pousser, sans jamais les raccourcir, et avait piqué à Justin cette fameuse habitude de les teinter, mais à sa manière, en usant d’un dégradé « tie and dye » pêche qui partait des pointes et remontait sur un tiers de la longueur. Et pour rehausser leur teinte naturellement dorée et affirmer son style, il avait fait le choix de multiples petites barrettes multicolores – rouge, orange, vert fluo, bleu, rose… – disposées ici et là de part et d’autre de sa coiffure.
Il ne fallait pas qu’un chaton puisse être accusé d’en avoir plagié un autre. Celui-là restait égal à lui-même en multipliant les petits effets et accessoires qui le caractérisaient et lui donnaient du style, tels un bon fard à paupière noir et un mascara autour de ses yeux bleus ; une petite boucle d’oreille magnétique circulaire noire à l’oreille gauche ; une courte mitaine en résille à la main gauche qui ne le couvrait que jusqu’au poignet ; une main droite décorée de deux bracelets en plastique rose et bleu ciel, une bague en argent au majeur et d’un verni à ongle dégradé de cyan à blanc de la base à l’extrémité ; une paire de lunettes de soleil à la monture métallisée noires et aux verres à reflets allant de l’orange au violet en passant par le rouge ; sans oublier une de ses fameuse croix en métal, accrochée à son cou par un collier turquoise composée de trois chaines en fil d’aluminium, de plus en plus serrés à mesure qu’on se rapprochait de sa glotte. Chaque élément prit individuellement était à craquer, l’ensemble donnait envie de le bouffer, quand bien même la petite proie s’était mue en impitoyable prédateur.
Son look, pour le reste, était bien plus joyeux que sur la photo. Exit les teintes sombres, bonjour les couleurs et le blanc, avec des accords par forcément naturels, mais qui s’accordaient étrangement bien sûr lui. Le sac à dos qu’il portait à l’épaule était particulièrement bariolé avec des poches et bretelles bleu canard, des lanières en cuir marrons, un rabat rouge et des motifs ethniques sur la partie en toile. Sa chemise à manches courtes en voile blanche était presque transparente et laissait voir son corps d’adolescent fin et très légèrement musclé. Plus bas, il portait un short en jean effilé presque gris, marqué par plusieurs déchirures sur la jambe gauche et surtout par de nombreux patchs en feutrine un peu partout, aussi bien ronds que triangulaires ou rectangulaires, avec chacun sa teinte unie allant du vert pomme au jaune foncé, en passant par le fuchsia. Et enfin, aux pieds, il avait chaussé de simples socquettes claires et des Vans slipon à carreaux blancs et noirs.
Après avoir bien pris le temps d’admirer son mec gesticuler d’embarra – même en rêve, elle n’avait jamais espéré une telle scène –, et alors qu’il titubait encore, Cécile le secoua et le sermonna.
« Bordel, t’aurait pu me prévenir qu’il était aussi mignon ! J’aurais amené mon appareil photo ! »
Reparti se cacher derrière le chariot pour trembler en paix, Knut se fit la remarque qu’en effet, son homologue n’avait pas menti : il sortait avec une horrible Fujoshi. À voir en vrai, c’était encore plus effrayant qu’une fille jalouse.
S’ensuivit immédiatement une discussion dans les longs couloirs de l’aéroport. Justin demanda des nouvelles de tout le monde et apprit avec joie que non seulement, Lillemor et Viktor étaient toujours ensemble, mais qu’en plus, leur couple se portait on ne pouvait mieux depuis qu’ils avaient fait l’effort de se dire les choses et de ne plus garder leurs frustrations pour eux. Malheureusement, l’histoire entre Sabina et Hakon s’était de son côté arrêtée avant même la nouvelle année. Faire semblant n’avait plus aucun sens maintenant que les vrais sentiments du jeune homme étaient connus. Ils préféraient largement rester bons amis.
Ne restait plus à Justin que de prendre des nouvelles de son chaton à lui, qui se baladait gaiment en poussant son chariot et en sifflotant du ABBA :
« Et toi, Knut, les amours ? Ça avance ou toujours coincé ? »
Lillemor eut à peine le temps de bafouiller que son frère s’était « un peu » dévergondé depuis le passage du Français que le premier concerné la coupa pour répondre à sa manière, avec son fameux sourire narquois et fier, le même qu’il avait toujours avant de lancer un miaulement provoquant.
« Bah ouais, tu crois quoi ? Comme Sabina et Hakon n’étaient plus ensemble, j’ai choppé les deux ! Avec Zaza, on est resté ensemble trois mois ! C’était trop cool ! Mais elle a fini par me jeter parce que j’étais trop immature à ses yeux ! Genre, trop obsédé des seins ! Du coup, j’ai chauffé Hakon. Lui, c’était facile, il n’attendait que ça. Mais on n’a joué qu’une nuit ou deux, hein ! Moi, j’voulais juste m’entraîner un peu avant de te revoir, pour pouvoir t’offrir la totale. Mjau ! Par contre, en rentrant, j’me cherche une petite copine ! J’en ai marre d’être seul ! En plus, vu que je ne me branle toujours pas, question de principe… J’suis vite grave en manque ! »
Les réactions fusèrent assez naturellement. Lillemor se passa la main sur le visage en levant les yeux au ciel, incrédule devant le total manque de retenu de son cadet ; Viktor et Claude éclatèrent de rire, Sabina lui tapota sur la tête pour le faire taire ; Hakon blêmit comme jamais et changea trois fois de couleur en baragouinant que les gens n’étaient pas du tout censés savoir ça ; Justin, enfin, ouvrit grand ses paupières avant de déglutir d’un coup sec, puis de piquer un sprint au milieu de l’aéroport, coursé par sa copine qui lui hurlait dessus en le traitant « d’Aaron miniature obsédé des chatons qui ne sait même pas se retenir de leur donner envie d’être bouffés ! ». Ce qui, de l’avis des Suédois, devait sans doute être une insulte, même s’ils ne la comprenaient pas très bien. Toujours est-il qu’ils admirèrent tous sagement, immobiles dans l’aérogare, cette scène digne d’un dessin animé où Justin faisait tout pour ne pas se faire attraper par une jeune femme en furie à la détermination assez confuse, à mi-chemin entre le désir de l’étrangler pour avoir osé rendre fou d’envie un petit blond dans son dos, et pour avoir osé ne pas l’impliquer plus que ça, histoire qu’elle en profite. Dans tous les cas, elle voulait l’étrangler, ce qui fit bien rire tout le monde.
L’installation dans l’auberge de jeunesse se passa plutôt bien. Seul Knut trouva à râler. Lui, il voulait dormir chez Justin, si possible dans son lit, et si possible toutes les nuits. Qu’on lui refuse son caprice le rendit furieux. Heureusement, la nourriture en Suisse était bonne et l’accueil des élèves chaleureux. La troupe suédoise put facilement s’intégrer en classe pour suivre plusieurs cours et, dès le lundi, Knut devint la deuxième mascotte officielle des terminales L, charmés par son look ravageur et par sa grande culture générale en matière de poésie. Certaines filles allèrent même jusqu’à remettre en question la suprématie chatonesque de Justin en observant son homologue miauler et se lécher le dos de la main. Un truc pareil, ça valait de l’or en barres de chocolat Milka.
Le mercredi fut le théâtre de plusieurs visites en bus. Les invités ne pouvaient pas passer à côté du musée du chocolat ou du château de Chillon, situé à l’ombre du Parc naturel régional Gruyère et au bord du fameux lac Leman.
Ce fut d’ailleurs le jeudi – jour de l’ascension et donc férié – que toute la petite bande se retrouva sur une plage du fameux lac, histoire de profiter un petit peu du soleil, du sable et d’une eau certes fraiche mais forte agréable et douce pour la peau. Les jeunes, qu’ils soient Suédois ou Suisses, avaient quartier libre pour s’amuser un maximum et profiter de la météo clémente. Même la soirée était libre : tout le monde avait prévu de faire le pont et les futurs bacheliers avaient bien le droit de se détendre une dernière fois avant les révisions et les épreuves.
Le plus content de cette sortie fut sans aucun doute Knut. Après avoir installé sa serviette pile entre celle de Justin et celle de Cécile, il profita de tous les regards braqués sur lui pour se déshabiller et se mettre en maillot de bain. Exit son fedora à petites mailles en paille, son débardeur séparé par une diagonale bleu en une partie blanche et une partie à motif ethnique café, ses lunettes de soleil aux teintes vertes et bleutés, son short en toile beige foncé et ses espadrilles crème. Ne restèrent plus sur lui que sa petite barrette blanche au-dessus de l’oreille gauche, sa croix en céramique noire accrochée à un collier de pierres bleu ciel ainsi que son court short de bain saumon, jaune clair et turquoise. Ce dernier lui allait comme un gant et renvoyait avec une certaine finesse à la couleur des pointes de ses cheveux, dans lesquels le vent s’engouffrait doucement. Ils avaient tellement poussé depuis l’hiver qu’ils lui tombaient à présent sur les épaules. Entre son regard et son sourire charmeur, son corps de jeune héros, son short presque moulant et sa coupe de surfeur, il était classe. Suffisamment en tout cas pour faire rugir son public, mais pas assez pour se risquer sans paraitre ridicule à glisser un de ses doigts de pieds dans cette eau gelée qui lui faisait face. Il avait beau avoir l’habitude des températures fraiches dans son pays, il préférait de loin les bains bien chauds à la trempette dans le lac Léman.
Frustré devant son refus de se mouiller, Justin lui tira la langue puis plongea dans la flotte la tête la première, avant de se placer à trois mètres du bord et de le fixer d’un air mauvais, de l’eau jusqu’aux narines. Dire que, pour lui faire plaisir et lui rappeler de bons souvenirs, il avait fait l’effort le matin-même de se reteindre les cheveux en bleu électrique… Il avait de sacrément bonnes raisons de grogner.
Assis sur sa serviette, Knut avoua à Cécile, allongée à côté de lui, qu’il avait justement lui aussi envie de raller. Même si elle était la petite amie officielle de sa cible, il n’en avait rien à faire. Il avait justement guetté l’occasion de pouvoir discuter seul à seule avec elle pour mettre les pieds dans le plat. Il voulait sa nuit avec Justin. Il l’exigeait. Et il avait un peu peur que la raison qui avait empêché le chaton des Alpes de la lui accorder, c’était elle. Parce qu’elle était là et que peut-être voyait-elle cela d’un mauvais œil. Peut-être qu’elle n’avait pas bien accepté l’épisode de décembre, même si elle ne le montrait pas à tout le monde. Ce qu’il comprenait tout à fait. Elle était dans son bon droit. Sauf que de son point de vue, ce moment espéré représentait quelque chose de spécial qui allait bien au-delà de la question sexuelle. C’était différent. Une question de vie, en fait…
« Arrête ton char, Ben Hur. », bailla l’adolescent, amusée. « Juju m’a raconté les grandes lignes. Je sais ce qu’il a fait avec toi, et je sais pourquoi il l’a fait. Et tu sais quoi ? Ça m’a vraiment fait super plaisir. »
Un peu incrédule, Knut cligna des yeux et dévisagea la jeune femme. Là, quelque chose avait dû lui échapper. Pourtant, il n’en était rien. Se redressant sur ses poignets, Cécile le regarda avec une sincère tendresse. Elle souriait. L’explication était on ne pouvait plus simple. Elle aimait son chaton.
« Avec ce qu’il a vécu… Tout ce qui lui fait du bien, je prends. Et toi, tu lui as fait beaucoup de bien. Après sa semaine en Suède puis sa semaine au ski, il était revigoré. Je ne l’avais jamais vu aussi content et positif. T’es le troisième après Aaron et moi à qui il a montré volontairement sa cicatrice. Je sais ce que ça représente pour lui, et donc ce que toi, tu représentes. En sortant avec lui, je me suis fait la promesse de ne jamais le limiter dans ses désirs. Il avait trop à reconstruire pour que je puisse me le permettre. »
Le souffle coupé, Knut admira cette jeune femme à peine majeure parler avec une sagesse qu’on ne retrouvait normalement que dans quelques romans mélodramatiques. Sa tendresse et sa sincérité avait de quoi briser des cœurs. Encore plus lorsqu’elle évoqua avec une foutue lucidité la fin proche de son histoire. L’année prochaine, ils ne seraient plus ensemble. C’était écrit. Justin voulait faire ses études à Paris. Pas elle. Elle resterait en Suisse. Elle ne pouvait pas se montrer égoïste. Elle devait penser à lui avant tout, car c’était en acceptant d’être heureux qu’il l’avait rendu heureuse. Et là, alors qu’elle se retenait de pleurer, elle adressa une simple prière au jeune Suédois :
« J’espère que quand il sera à Paris, tu lui rendras visite et tu t’occuperas de lui ! D’accord ? »
À ces mots, Knut prit une grande inspiration. Il en avait besoin. Puis il acquiesça plusieurs fois de la tête au rythme de nombreux miaulements :
« Mjau, mjau, mjau ! Je promets ! Je viendrais en vacances et je lui ferais plein de câlins ! Je l’adore, je l’adore, je l’adore trooooop. »
« Vous parlez de quoi ? », les coupa une voix, appartenant justement à Justin qui venait de sortir de l’eau et qui grelottait devant eux. « De c’que Kisse adore ? De poésie du coup ? Ou de mode ? Oh, d’ailleurs, Cécé, tu savais que Knuty s’épilait intégralement ? C’est trop beau ! »
Se levant brusquement, le jeune blondinet fit face à son meilleur rival et lui sourit en grinçant des dents et en le traitant, en Suédois, de petit enfoiré à la langue bien pendue, ce qu’étrangement Justin comprit parfaitement même s’il ne pigeait pas un mot de ce langage, comme le prouva son sourire et sa petite langue qui dépassa de ses lèvres avec impertinence.
Comme il fallait s’y attendre d’un chaton qui osait tout – c’était même à ça et à la couleur de leurs cheveux qu’on reconnaissait les meilleurs –, le jeune Français accompagna la provocation de faits, en s’agenouillant tout sourire d’un coup sec, tirant avec lui des deux mains le maillot de bain de son camarade.
« La preuve ! Regarde Cécé ! C’est pas trop mignon ? »
Mort de honte, Knut hésita entre se cacher de la main le visage ou le zob. Malheureusement pour lui, son calbut aux chevilles et la panique le firent trébucher dans le sable. Justin en profita pour immédiatement s’emparer du trophée qu’il venait d’arracher, puis pour courir en direction de l’eau en miaulant et en l’agitant au-dessus de sa tête !
« Miaou, miaou, miaou ! Viens le chercher ! »
Il était au moins aussi hilare que Knut avait envie de chialer. Ce qui finit presque par arriver. Les cheveux dans tous les sens, les joues toutes rouges, habillé uniquement de sa barrette et de son collier et les deux mains posées juste devant son entre-jambes, et ce devant un parterre de Suisses et de Suédois qui le regardaient entre amusement et dépit, le jeune adolescent sautilla tant bien que mal jusqu’au lac afin d’y cacher sa nudité, d’y rejoindre Justin et de négocier le retour à demeure de ce foutu short dont il avait bien besoin. À la limite de la syncope ou pire, d’un irréversible changement de couleur de son visage, Knut jura deux choses : d’une, que ce n’était pas des larmes mais bien les vaguelettes qui avaient mouillé ses yeux et de deux, qu’il se vengerait avant la fin de son séjour, et que cela ferait très très mal. Vraiment.
La petite humiliation de Knut ne marqua heureusement pas trop les esprits, même s’il passa une bonne partie de l’après-midi à se plaindre de son sort auprès des Suissesses de terminale, de Sabina et de Cécile. Bref, auprès de tout ce qui avait des seins et qui voulait bien lui faire un câlin, histoire de bien faire bisquer son rival. Après de rapides négociations avec les adultes, Justin et sa petite amie furent invités à diner et à passer la nuit à l’auberge de jeunesse où toute la troupe Suédoise créchait, histoire de profiter au maximum de leur présence avant leur départ. La demoiselle était censée dormir dans la chambre des filles et Justin dans celles des garçons, où trônait un grand lit double et plusieurs lits simples.
Le repas se passa dans une ambiance chaleureuse. Jusqu’à ce que Knut se plaigne d’un mal de crâne et demande à Justin de l’accompagner jusqu’à la chambre pour l’aider à trouver un doliprane. Flairant le mauvais coup, le chaton aux cheveux bleus accepta, à condition que sa petite amie les suive, histoire de prouver à la tablée qu’ils pouvaient directement arrêter là leurs stupides paris et rangez les jetons normalement dévolus au Hold’em Poker censé être joué juste après le dessert.
Comment se retrouva-t-il attaché les poignets au sommier, en caleçon sur le lit ? Lui-même eut bien du mal à l’expliquer. Il n’avait pas du tout vu le coup venir. Il en cria même de rage :
« PUTAIN CÉCILE, T’ABUSES ! JE T’AI DIT MILLE FOIS QUE JE DÉTESTAIS ADORER LES TRUCS KIFANTS QUE TU ME FAIS FAIRE ! TRAITRESSE ! »
À peine était-il rentré dans sa chambre que sa petite amie s’était jetée sur lui, l’avait copieusement embrassée devant le petit Suédois avant de le faire tomber sur le matelas. Justin croyait juste que sa meuf était folle et qu’elle voulait marquer son territoire au nez et à la barbe de son rival, raison pour laquelle il s’était laissé faire. Comprendre à la tenue que Knut venait d’enfiler en quelques secondes que ces deux-là étaient en réalité de mèche le fit rugir, un peu de curiosité et beaucoup de colère. Le retour inattendu du Virgin Killer Kitty Pyjama, accompagné de barrettes « oreilles de chats » de la même couleur bleutée avait en effet eu de quoi le faire trembler. Tout autant que le sourire ravi du Suédois qui se léchait les babines tandis que Cécile terminait de nouer avec une fine cordelette les poignets de son petit ami.
« En fait, elle est vachement cool ta copine ! Quand elle a vu à quel point j’étais triste cette après-midi à cause de toi, elle a décidé de m’aider à me venger, en échange du droit de pouvoir filmer ! C’est dingue comment les Fujoshi sont super corruptibles ! Le deal en or ! Désolé Juju, mais là, t’es à moi ! »
« Ouais ! », compléta la jeune femme avant de sortir de la pièce en sautillant « Moi, j’vous suivrais de l’autre chambre sur mon mac à partir de la webcam posée sur la commode, pour pas vous déconcentrer ! Amusez-vous bien les garçons ! »
Ainsi, Justin se retrouvait face à ses responsabilités, et surtout face à son destin. Un destin excité comme une puce qui afficha très rapidement son état en se débarrassant de son pyjama, ne gardant pour seul habit que ses barrettes et ses longs cheveux sur les épaules. Tout le reste était parfaitement visible, de son corp nu et épilé jusqu’à son envie qui se dessinait rapidement sur son visage. Knut ne s’excusa même pas au moment de reproduire le moment gênant de l’après-midi, en tirant le caleçon de Justin jusqu’aux chevilles. C’était sa douce petite vengeance à lui. Constater que le chaton aux cheveux bleus n’était pas du tout indifférent à la chose le conforta dans sa décision. Timidement, c’est-à-dire rouge comme une tomate, le regard fuyant et un sourire horriblement gêné au visage, Knut avoua ce qu’il se répétait en boucle dans sa tête depuis le début de la semaine.
« La dernière fois, t’as été gentil, tu m’as ménagé, alors que tu aurais pu faire ce que tu voulais… Là, j’veux que t’en profites à fond ! C’est pour ça que j’ai demandé à Hakon de me préparer, de m’habituer en me... Enfin… Tu vas voir ! C’est mon cadeau pour te remercier ! »
Plutôt que de répondre, Justin fixa juste son camarade avec un sourire à moitié mauvais, à moitié empli de désir. La curiosité l’emportait sur la peur. L’envie sur la gêne d’être vue. Le sens du devoir sur la morale. Il laissa simplement Knut faire ce qu’il avait en tête. Il lui devait bien ça.
Ravi de voir qu’il avait le champ libre, le chaton Suédois se jeta sur la fine intimité de son partenaire et la dévora des lèvres sans réfléchir, mêlant petits mordillages, baisers et félines léchouilles amoureuses. Tout était bon pour le faire ronronner, et surtout le préparer à la suite.
Lorsqu’enfin Knut fut assuré que Justin n’en pouvait plus, il s’allongea sur son torse et lui bouffa le cou et les papilles, en se frottant de manière non équivoque à son entre-jambe.
« Attends Kisse, tu… tu ne vas pas… », paniqua le jeune Français.
« Si… », répondit simplement le Suédois souriant, en plongeant son regard humide et pétillant dans ses yeux bleu-vert.
Complètement sous le contrôle des baisers, des miaulements et de la gourmandise de son amant, Justin ne put qu’accepter que ce dernier se mue en Andromaque, se donnant en de puissants soupirs à sa tendre virilité. Knut avait tant rêvé ce moment, celui où il offrirait au garçon qui avait changé sa vie sa première expérience du genre : prendre un mâle de son espèce.
Justin en suffoqua presque. Avec Cécile, il avait l’habitude. Avec un être de son propre sexe, il ne l’avait jamais envisagé, se voyant bien trop faible et fragile pour tenir ce rôle. Et pourtant, là, alors que Knut contrôlait tout, cela lui parut comme une évidence. Les conventions, il n’en avait rien à foutre. Seul comptait le rougissement de ses joues et surtout les soupirs et petits miaulements caractéristiques de son partenaire qui n’en pouvait plus de se remuer ainsi, de plus en plus fort, de plus en plus vite, de plus en plus chaud.
« Mjau… Mjauuuuu… Mjauu… Mj… »
Pour terminer de miauler, encore aurait-il fallu que Knut puisse respirer. Avec les lèvres de Justin collées aux siennes, la chose semblait plus compliquée. C’était trop, il explosa le premier, marquant le torse de son amant de sa simple passion.
Paniqué et gêné, le petit Suédois se releva, s’excusa et détacha immédiatement Justin, pour lui permettre d’aller s’essuyer, avant qu’il ne puisse doucement finir son office. Le chaton aux cheveux bleus ne l’entendit par de cette oreille. Grognant d’un sourire nerveux, il poussa son camarade et se jeta sur la webcam pour l’éteindre, avant de constater et crispant ses mains et faisant grincer ses dents qu’elle n’avait simplement jamais été allumée.
« CÉCIIIILE ! BORDEEEEEEEL ! SORCIERE ! Rha, j’vais me venger ! Kisse ? Désolé, mais t’es foutu ! Tu vas en chier pour elle ! »
Se retournant brusquement en direction de sa victime désignée, Justin ne put que constater que, loin de fuir, Knut n’en attendait pas moins. Situé face à lui, le jeune Suédois s’était spontanément positionné à genoux sur le matelas, un morceau de cordelette directement entre les dents, en mode « attache-moi grand fou ». Son attitude ne laissait aucun doute sur le rôle qu’il comptait tenir. Dans une meute de chats, il y avait toujours un dominant. Et ce n’était clairement pas lui.
« Mjauuuuuuuuuuuu ! »
Incapable de résister devant quelque chose d’aussi mignon et provocant, Justin se jeta sur son partenaire et le dévora des cuisses à la tête, avant de clairement oser profiter de la situation. Sans la moindre contestation, Knut se retrouva un bâillon dans la bouche, à quatre pattes les fesses à l’air, une cordelette nouée en collier et laisse autour du cou et une autre liant ses pieds. Et il aima tout ce qui suivit, des petites tapes qui donnaient un délicieux goût de piquant à son abandon jusqu’au dernier râle de Justin, lâché au moment même où ce dernier l’avait ceinturé le plus fortement, le ventre plaqué de tout son poids sur son dos, une seconde avant de lui glisser les plus beaux mots à l’oreille.
« Toi, j’crois que j’t’aime presque autant que Cécile et Aaron… »
Dans la salle à manger, les autres adolescents attendirent un long moment que les deux chatons se soient tendrement endormis dans les bras l’un de l’autre pour aller se coucher à leur tour, histoire de ne surtout pas troubler leur doux repos et leurs rêves.
Dans la chambre des filles, son ordinateur plié à côté d’elle, Cécile avait passé la soirée à regarder les étoiles par la fenêtre, dans son débardeur et sa jupe. La lune brillait dans le ciel et se réfléchissait sur sa joue, marquée par une goute orpheline. Dans quelques jours, Justin serait à Paris pour passer son oral. Il ne pouvait que le réussir. Elle le savait. Cette épreuve marquerait la fin de leur histoire.
Elle n’espérait qu’une seule chose. Que toutes celles que Justin écrirait après elle soient aussi belles.
Tout simplement.
Fin.
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trans-n-enby-stuff · 7 years
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A lovely anon pal called me out on my lack of selfie posting so here are some selfies ft. Really messy hair (I'm greeting it cut soon god bless) and my stimmy bracelet. Also new glasses
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dashinberlin · 6 years
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The First Day of the Rest of My Life in Berlin
Welcome to my diary. I have been meaning to keep one of these for the whole of my twenties but I never got around to it. I’m currently 26 years old and today was the day that I moved to Berlin. It was a   decision i made one year and ten days ago on the 13th of November. IT came about because my dreams and career have been stagnating for a while [4 years] In London and I really wasn’t happy anymore, especially after moving back in with my dad because my previous residence was too full of dogshit and used needles. I got up at about 8 I think. Dean, my ex boyfriend and best friend came over about 9, and we spent the morning sorting out a bunch of my last belongings. It was all very frantic and rushed, but I left the house in a state my dad was relatively pleased with. 
We went to the post office first to mail some rubber to my crush in America. It was rubber from my passed away Sir. We were such a scene trying to fix the broken granny trolley full of stuff for dean with parcel tape in front of a busy post office.  We got on the tube. It was a nightmare trying to navigate with three things on wheeels and about 5 or 6 back packs or bags. It was really strange and busy the whole things. Given that I had given myself a year to plan all of this, the fantasy-land version of myself had dreamed that everything would have been packed up and put to bed months ago, however the real version of me new I would be a qausi ,but never ever complete disaster as usual. In my head I think of myself as being one on a team of rag tag misfit kits who save the day wearing inventive but destroyed outfits, and brandish effective yet fucking weird and unconventional looking weapons.  
So yeah we got to the airport and checked in, nearly burst into tears telling the lady on the desk i’d been planning this day for a year. my mate Bill works at heathrow and he came and joined us at the whetherspoons to see me off. When we’d drank and the time came for us to leave I decided now was the perfect time to record a video with Dean where we read off and performed our list of completely fucking weird and abstract foiles-es-deux language memes from the stickynotes app on my laptop. “blabble fish” “octoboyfriend” “Hatch distress call” and “pacman around the shop” were all memes that we re-enacted for this video. it was LOLZ. 
And then the time was upon us. We walked to the gate, and we said goodbye. I pretty much instantly burst into tears telling dean good bye and how much i loved him, whilst holding him.  We’ve been joined at the hip seeing each other at least two times a week for four years so it was a bit tough. We said we loved each other and were thankful for the times we had. I gave bill a “come here Bill!” and pulled him close. 
Got through security and put my head-phones on. Next song up on my list was Foals- Spanish Sahara. This track is a work of art. It progresses so slowly I had to skip the first minute to be able to skip to the part where you could actually say it was a beginning verse. I walked to my gate (A26) as the song progresses. ....  This whole time, the last year I knew was going to be year of closing doors behind me, some shut easy, some shut with the sound of broken hearts bittersweet wishes. When I decided to leave London it was like suddenly my 3d interaction with the city and all the people in it had become a massive one way track labyrinthine palace and at every step where i knew it was the last time i’d be in one place, or talk to one person, I neatly and quietly closed the door of this memory behind me. At first you’re zig zagging all over town shutting doors, but when it gets closer to things like, your leaving party, and your last ten tube rides, and then last time you see people you see every day, and then suddenly you’re listening to Spanish Sahara (a song about abandoning a foresaken place) and you’re looking through airport glass at the plane your about to board and you let out a great big silent scream because the fucking plane door now not only represents final closure of the palace of your life in London, all the hopes, failures dreams, tears, memories, laughs, blood, semen, and ambitions of this place. It staggeringly also carries the weight of being a portal to another dimension. At this point the plane ceases to be a plane, but instead is now a vessel that carries you from your neatly shut-down city of failed dreams, through time and space, to your future in a world that you really don’t know that much about, apart from that there was a big wall that cut it in half, and that it is currently the  stunning playground of Gay Angels, Neo Nazi Demons, and all those in between... oh and by the way, they’re all dancing to techno and fucking on the dancefloor. 
So I board the plane. I go to my seat I booked, its by a window at the very back. I’m sitting there with tears in my eyes and a woman turns around from the seat in front of me and asks in german if the lighter she has just found on the floor is mine. I tell her no its not, an eventually in german “Dass is nicht mein feuerzoig” and we strike up conversation. I tell her very quickly this is my moving flight to berlin that i’ve been planning on for one , and she’s instantly overwhelmed with compassionate amazement. Her name is Ingrid. She was super sweet to me, and told me numerous times that she had huge respect for me making this gigantic leap, and the guts it took to make it, and how much fun berlin would be, and how so many people never listen to their gut instinct. Over the cours of the flight she tells me over her story, how she lived in Berlin for 10 years, in Schoneberg no less, and how she thought she’d be happier becoming a sister in a convent, and how her dream led her astray, and how it had hurt to leave everything to start again and it not worked out. She explained how she worked in finance for a bit, and then a hospice which was a her true calling in life, and now how she was doing finance work again....and was very unfulfilled.  I told her more of my year,  how the dogshit needle house and years of london stagnation had made me so anxious sometimes at work I just wanted to sit there and cry and scream at the blank wall in front of my desk. And how something drastic needed to be done. I told her how I lost Michael in Berlin and how is death affected me, nd how I believe in magic and the amazing energy of the universe that will help and guide you if you are good, and you believe, and if you ask nicely and you yearn, and you work hard it will heLP YOU THE FUCK OUT. Ingrid supported all my additions with points of her own, and I think in that moment she new that like me, her life had become derailed from it’s path towards destiny and that it was time to get off of this path of pointlessness and back on one which makes her happy.  That vessel. The wormhole to another life. Was a magical place to be. The plane flew over a beautiful wash of white clouds the whole way to Germany, and their textures changed from bright sunshine to darkness very quickly as sunset speed was enhanced by the plane’s cruising speed of threehundredandX MPH. With the ground obscured by smokewaves and light switch of the earth being flicked off so quickly, it was the transition from one path to another was practically audible. It was like the closing palace was actually my universe collapsing into a singular hyper dense singularity, and this new state, one even smaller than an atom was where I was in the vessel in that moment. The changing of the sky and the earth around me was actually the visual signs that my new future was being rotated and recalibrated around me, so that when the door of that fucking plane opened, a new palace and a new universe and a new future would burst out in front of me, sprawling infinitely. The name of that future is Berlin. 
The plane lands. I get my bags with Ingrid. We take a selfie, proclaim the importance and sacred of our meeting and we move on.  In the cab ride back to my place the driver welcomes me to Berlin and we instantly start talking about the insane nightlife. By the end of the cab ride he has revealed to me that he has always wanted to go to berghain and i give him some ideas of he could look cool and get in. and he is very thankful. He also told me how when he’s having sex he loves speaking in english because he finds it super fucking hot...like seriously, he spoke so emphatically that from what i can tell, english sex is to him what bondage fisting is to me. 
I hang about for ten minutes waiting for Alis excited as fuck. When she arrives and opens the foor and screams “welcome to your new chapter!!” she looks slightly concerned at me for  second because a few seconds has passed now and I’m so fulll of amazement and awe at those words my mouth was a big jar with a small lid, and  filled with big word pickles and none of the eighty word pickeles could come out. . . So I just sort of jumped in the air and screamed a abit. We climbed about 7 flights of  stairs up to the flat with my HEAVY Fuckng bags where she let me in and showed me my new room. Which. just. oh. my god. It’s. just. so fucking big. I can’t even believe it. I have the best room in the house! It’s long and tall, you could get about two and a half of my old bedroom in brixton into it easily.  Suddenly I was here, The sparks of my new life palace constructing itself in front of me. All I could think was that it seemed so easy in a way.  Like I had asked, and yes i did work, and save, and put in love and money and effort, and it just appeared in front me and now I can just go walk over, and pick it up and hold it and it’s mine. MY DREAM IS MINE AND ITS COMING TRUE EVERY SECOND THAT PASSES. 
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