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#Expédition
francepittoresque · 8 months
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21 janvier 1840 : découverte de la Terre-Adélie par le navigateur Jules Dumont d’Urville ➽ http://bit.ly/Decouverte-Terre-Adelie Après un séjour nécessaire de près d’un mois à Hobart-Town (Australie), l’expédition de Dumont d’Urville, constituée des navires l’Astrolabe et la Zélée, fait une nouvelle pointe au sud et découvre sous le cercle polaire une terre que l’explorateur nomme « Terre Adélie », en hommage à sa femme
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ditesdonc · 23 days
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Le toit du monde
Souvenir de voyage par Catherine Vincetti
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Il y a des évènements de notre enfance qui nous marquent pour toujours. C'est ce qui s'est passé quand au CP, notre institutrice nous avait emmenées assister à une conférence de Frison-Roche "la migration des caribous en arctique". Je me souviens très bien, c'était à la salle Rameau à Lyon. Ces images m'ont transportée et je me suis dit: un jour, tu iras là-bas.
C'est comme cela qu'en 1992, je me suis retrouvée sur un kayak, dans l'Isfjord, au Spitzberg, l'île sur le toit du monde. Un bateau nous a déposés au pied d'un glacier, nous étions 6, et il devait venir nous récupérer à un autre point 12 jours après. Ce fut un enchantement permanent. Le silence qui n'en était pas, puisqu'il y avait le bruit de l'océan, les oiseaux, le bruit du vent sur la glace, le son des icebergs qui se détachaient des glaciers. Nous avions décidé de dormir à la belle étoile, si l'on peut dire, puisqu'il n'y avait pas de nuit. Et quel bonheur d'ouvrir les yeux le matin sur toute cette beauté!
Alors, quand le ciel est devenu sombre et angoissant, que l'océan s'est déchainé, que nous n'étions pas sûrs de pouvoir accoster, les vagues nous emportant vers le large, je me suis dit que peut-être, j'allais mourir là.
Mais peu m'importait, j'étais allée au bout de mon rêve.
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stephanedugast · 11 months
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📌[TRÉSOR] 🐳 10 LIVRES MER 2 I 10. Avouons-le, c’est la couverture de sa version originale parue aux EDITIONS ALBIN MICHEL qui m’a marqué, même si je préfère d'ailleurs celle de la version anglo-saxonne (Cf. ci-dessous).
J’ai lu ce récit quand je me suis intéressé aux navigatrices qui à la rame (ANNE QUEMERE) ou en planche à voile (Raphaëla LE GOUVELLO) s’attaquaient à leur tour à la traversée du Pacifique.
Je dois aussi confier que le nom du protagoniste – Thor Heyerdahl – m’interpellait. Cela faisait très viking comme sonnait bien également « Kon Tiki », le nom de son radeau lancé dans une traversée d'un océan à tord baptisé de Pacifique.
La promesse d’aventures et d’inattendus était forte…
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📚 10 LIVRES MER 🌊 #2 BEST-OF I Par Stéphane Dugast
✔ L’EXPÉDITION DU KON-TIKI sur un radeau à travers le Pacifique de Thor Heyerdahl, 1948.
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✒️ HISTOIRE Le récit de l'expédition maritime menée en 1947 par Thor Heyerdahl, anthropologue, archéologue et navigateur norvégien, à bord du radeau baptisé « Kon-Tiki ».
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💬 CITATION
« Plus d'une fois enfin, en de telles nuits, nous avons sursauté parce que deux yeux ronds et brillants surgissant, soudain de la mer à côté du radeau, nous fixaient sans faire un mouvement, comme pour nous hypnotiser. Nos visiteurs étaient souvent des pieuvres géantes qui venaient flotter à la surface de l'eau, leurs yeux verts diaboliques luisant dans l'obscurité comme du phosphore.»
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n-a-colia · 2 years
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Luna
Chapitre I :
         Dans cet immense désert de glace, je cherchais à me réchauffer les mains en frottant mes gants l’un contre l’autre, en vain… À cause de la neige qui recouvrait leurs visages, on ne pouvait lire les émotions qui traversaient mes camarades mais j’imaginais qu’ils désiraient tous rentrer chez eux. Néanmoins, rentrer chez soi n’était pas la solution. Le froid de ce lieu nous faisait oublier qu’il imprégnait aussi nos foyers. Qu’il empêchait nos femmes et nos enfants de dormir. Qu’il dévorait les imprudents qui sortaient la nuit. Qu’il réveillait notre plus grande source de danger, jusqu’alors endormie : Les déshonorés. C’était pour cela que nous marchions…
« Pause… » supplia une voix étouffée derrière moi.
         Je me retournai et vis l’homme à bout de souffle s’effondrer sur la glace recouverte de neige. Je hurlai au convoi de s’arrêter. L’homme devant moi hurla au suivant et ainsi de suite jusqu’à ce que tout le monde s’immobilise car il n’était pas facile de s’entendre dans ce torrent de neige. Je m’approchai de l’homme à terre et tentai de le relever en le prenant par le bras.
« Allez, debout ! »
Mais l’homme ne tenait plus sur ses jambes. Il était à deux doigts de s’évanouir. La personne devant moi vint à ma rescousse et tenta de le tenir de l’autre côté. À deux, nous arrivions à le transporter, ses bras au-dessus de nos nuques, malgré ses pieds qui trainaient au sol. Mais nous perdions trop de calories.
« Qu’est-ce qu’il se passe ? cria Berni en nous rejoignant.
— Il n’arrive plus à avancer !
— On n’a pas le luxe de se soucier de lui ! »
Arrivé à notre hauteur, Berni poussa le corps de l’homme inconscient et il chuta derrière nous. Il repartit ensuite vers l’avant du convoi. La personne qui était venu m’aider se rua sur le corps de l’homme à terre pour le soulever de nouveau, mais j’avais compris, lorsque Berni le poussa, que j’allais manquer de forces pour le porter… Je me tournai vers lui.
« Berni n’a pas tort ! On mourra tous les trois si on essaye de le secourir ! »
L’homme qui tentait de le sauver eut un bref moment d’étonnement, puis il secoua la tête en grognant. Seul, il releva le corps de son compagnon. Je partis un peu plus en avant pour rattraper le convoi qui ne nous attendait plus.
         Les secondes s’écoulaient lentement. Les minutes étaient des heures et après une heure qui m’eut sembler durer une éternité, je constatai que la nuit allait bientôt tomber. Je ne sus dire si le froid était plus intense qu’avant ou si ce n’était qu’une impression, mais nous allions devoir trouver refuge rapidement. C’est alors qu’elle me parla :
« Tarian, tu vas bien ? »
Sa voix était douce et d’un réconfort inégalable mais elle semblait distante. Elle n’était pas encore assez haut dans le ciel pour pouvoir me parler distinctement.
« Luna ! m’exclamai-je. Qu’il est bon de t’entendre à nouveau…
— Tu m’as manquée aussi. »
Je marchai en regardant mes pas s’enfoncer davantage dans la neige mais j’étais rassuré. Je savais qu’avec elle à mes côtés, nous allions nous en sortir. Sa voix imprégnait mon esprit et résonnait dans mon corps. Elle et moi ne formions plus qu’un à la nuit tombée.
« J’ai craint de mourir aujourd’hui…
— C’est normal, mon amour… Il n’y a pas plus périlleux voyage que le vôtre. »
La buée qui sortait de ma bouche obstruait ma vision. Je soufflai :
« Et… Comment se porte le Sud ?
— Il s’est reposé. Ils sont dans de meilleurs conditions que vous. Tu ne devrais pas t’en soucier.
— Oui… Tu as raison. »
Soudain, une main vint me taper l’épaule. C’était Grimar qui m’avait rejoint sans que je m’en aperçoive.
« Alors ? Tu te mets à parler tout seul mon bon vieux Tarian ? Le froid te monte à la tête !
— Haha ! Oui… J’essaye de me remonter le moral. »
Il renifla puis respira par la bouche. Après un court instant, il reprit :
« Moi aussi, parfois, je pense au Sud. C’est agréable de se dire qu’ils s’en sortiront grâce à nous. Tu ne trouves pas ?
— Oui. Mais c’est encore plus réconfortant de se dire qu’on les rejoindra tôt ou tard.
— Bien dit ! Bon. Trouvons une planque avant de mourir congelés… »
Il accéléra le pas vers l’avant du convoi.
         C’est alors que j’entendis un bruit derrière moi. Je m’arrêtai et me tournai lentement. L’homme qui avait tenté de secourir l’évanoui s’était effondré. Il était à plat ventre, la tête dans la neige et ne bougeait plus… La mort allait s’emparer de lui pour sa bravoure irréfléchie. C’était injuste, mais c’était ainsi. Les plus courageux mourraient, les plus lâches survivaient… Cependant, je ne pus m’empêcher de penser qu’il aurait peut-être réussi à tenir la marche si j’avais été à ses côtés pour l’épauler. Serions-nous tous les trois morts ? Ou aurions-nous survécus ? Je me retournai et continuai d’avancer.
« Tarian, me dit Luna, je vois une tempête de neige venir sur vous.
— As-tu un abri en vue ?
— Oui… Une grotte. Tournez à droite au sommet de la colline enneigée que vous gravissez. »
J’utilisai mes dernières forces pour courir à l’avant du convoi. La montée était rude mais il fallait faire vite, alors je dépassai tous les membres de notre expédition avec détermination. Luna gardait toujours une voix détendue, même lorsqu’un danger de mort était proche et je savais que je ne pouvais me fier à sa tonalité apaisante. Le temps pressait.
« Berni !
— Quoi ? dit-il en se retournant vers moi.
— Il faut tourner à droite ! Une grotte nous attend pour la nuit, là-bas. »
Étonné par mes talents divinatoires, il pouffa :
« Ah ! Es-tu déjà venu dans le coin ?
— Non mais…
— Alors laisse-moi me préoccuper de l’abri. D’accord ? »
Je me retrouvais démuni. Je ne pouvais leur confier que je m’adressais à la Lune en cachette, car ils m’auraient pris pour un fou. De plus, cela aurait remis en question toute l’expédition. Nous étions partis du Sud vers le nord sur mes conseils. J’avais prétendu que, selon mes études des textes anciens, la solution au cataclysme de l’hiver noir se trouvait au Nord, au pied d’une effigie ancienne. S’ils apprenaient que c’était la Lune qui me l’avait appris, ils se retourneraient contre moi à coup sûr…
         Je pris alors la décision de partir devant Berni et le convoi entier. Je courus dans la direction indiquée par Luna et Berni m’ordonna de m’arrêter mais je n’y fis pas attention… Ils avaient besoin de moi pour connaitre le chemin vers l’effigie et je m’en servais pour prendre le commandement lorsque c’était absolument nécessaire. Ils coururent tous après en hurlant pour que je les rejoigne mais mon obstination n’avait pas de limites.
« Plus que quelques pas, Tarian. » m’assura Luna.
J’arrivai enfin à destination. C’était une caverne creusée naturellement dans une grande colline pentue. Des stalactites recouvraient le sommet de l’entrée et l’intérieur était plongé dans une obscurité profonde. Je pénétrai à l’intérieur et, alors que la neige arrêta de me fouetter le visage, j’eus enfin un sentiment de sécurité… Les autres me suivirent.
« Allumons un feu ! me pressai-je. Avez-vous de quoi…
— Bon sang Tarian ! s’insurgea Berni. Ne nous refais plus jamais ça ! Si tu crèves, on crève tous ! Tu piges ? Je pensais que ça serait évident pour un érudit, mais apparemment je me trompais…
— Désolé Berni, mais… »
Il mit son avant-bras contre ma gorge et me poussa contre les parois de la grotte pour me coincer.
« “ Mais ” ?! Mais quoi ? Refais ça encore une fois, et je te coupe la main pour que ça rentre… »
Je restai muet, terrifié et étranglé par ce mastodonte qui me menaçait. Il me relâcha et je pus enfin respirer. Les autres restèrent silencieux mais je voyais bien à leur mine apaisée qu’ils étaient heureux de ma trouvaille.
         Quand nous allumâmes le feu, la température remonta drastiquement et nous pûmes retirer nos capuches chaudes sans crainte. En outre, nous y vîmes enfin plus clair. La grotte n’était pas très profonde mais il y avait suffisamment de place pour tous les sacs de couchage. Le crépitement du feu résonnait dans l’enceinte chaleureuse de notre abri. La pierre de l’intérieur caverneux était lisse comme de la glace mais il s’agissait bien de roche. En regardant de plus près le fond de la grotte, quelque chose m’interpela. C’étaient de nombreuses peintures noires et rouges qui formaient des symboles divers. Les dessins semblaient encrés dans les murs et ils avaient été tracés à l’aides d’outils rudimentaires. Étonnamment, malgré l’évidence des faibles moyens de ceux qui avaient peint, les représentations étaient très bien dessinées.
« Les… Des vestiges ! m’écriai-je. Des vestiges d’une civilisation passée ! »
Les autres me regardèrent, mais ils n’eurent que peu d’attrait pour ce que je leur montrais. Cependant, moi, j’étais au paradis… Je voyais ce qu’aucun autre historien n’avait vu avant moi et cela me comblait de fierté et d’enthousiasme.
         Je passai mes doigts sur un soleil au visage d’homme qui dormait, levé au-dessus de ce qui me semblait être du bétail en enclos. Puis, je me tournai vers un autre dessin qui me fit vibrer le cœur. C’était celui d’une lune, au visage d’une belle femme, les yeux ouverts et rivés vers un homme seul au milieu des montagnes du sud. Sur le dessin, on aurait dit que la lune était heureuse de le voir… Mais des symboles que j’imaginai représenter de la neige ensevelissait presque l’homme au centre de la peinture.
« Le cataclysme de l’hiver noir… Il… il a déjà eu lieu. Et nous sommes proches de la fin. »
Le reste du groupe était resté près du feu et ils sortaient de la nourriture de leur sac à dos pour reprendre des forces. Je regardai davantage ce qui était peint, puis je me dirigeais vers la sortie en prétextant :
« Il faut que j’ailles prier.
— Ouais c’est ça ! se moqua un homme. Va prier ton dieu imaginaire !
— Demande-lui qu’il m’apporte un bon gigot rôti pendant que t’y es ! »
Et tous rirent à ces remarques idiotes et insensibles qui se voulaient intelligentes.
         Je me plaçai à une dizaine de mètres de la caverne et observai le ciel. Je la voyais enfin pleinement… Elle était magnifique dans ce ciel bleu marine qui s’assombrissait peu à peu. Sa taille immense me donnait l’impression que je pouvais la toucher en tendant le bras. D’un blanc éclatant, elle brillait dans mes yeux.
« Luna…
— Tarian ? J’avais fini par croire que tu allais me laisser seule ce soir… »
Elle semblait rassurée qu’il n’en fût rien. Je m’assis sur un rocher enneigé.
« Ma belle Lune, j’ai une question à te poser.
— Qu’y a-t-il, mon amour ?
— Dans cette caverne, des gravures montraient des choses… que tu m’avais caché.
— Ah… »
Je lui souris d’un air résigné, les avant-bras tombants sur mes genoux.
« Ce n’est pas grave. Je m’attendais un peu à cette issue. Mais, une question me tourmente ma douce… As-tu déjà aidé un autre homme avant moi ? »
Elle prit un temps avant de me répondre. Puis elle emprunta une intonation qui trahit un soupçon de mélancolie.
« Tarian… Ce que vous appelez “ le cataclysme de l’hiver noir ” n’est pas un phénomène nouveau. De nombreuses époques avant la votre ont dû y faire face… Cependant, malgré de brèves bribes de souvenirs, je n’ai pas gardé l’entière mémoire de ces évènements. Je ne me souviens plus des autres, mais il est probable que tu ne sois pas le premier homme avec qui j’arrive à entrer en contact… »
Ces mots me tiraillèrent l’estomac.
« Je te remercie pour ta franchise. »
L’air ambiant devint plus frais. J’étais pris dans les tourments de n’être le premier homme à partager son intimité. Après un long silence, je trouvai la force de la regarder de nouveau et elle me susurra :
« Tu devrais te mettre à l’abri. La tempête est proche. »
Je me relevai et, sur le chemin vers la caverne, elle ajouta d’une voix miniature :
« Tarian ? »
Je me retournai vers elle.
« Je t’aime…
— Moi aussi je t’aime… Moi aussi. Malheureusement. »
Je retournai auprès des autres, après quoi, une vague blanche recouvrit la nuit à l’extérieur de la grotte dans un vacarme grotesque.
         Je rejoignis mon sac de couchage et mangeai un bout de viande séchée avant de m’endormir, car je savais que la journée du lendemain allait être plus éprouvante que celle-ci. Comme ce fut le cas pour tous les jours précédents…
Chapitre II :
         Le lendemain, nous nous réveillâmes à l’aube. Je ne pouvais déjà plus entendre Luna et il me tardait de traverser cette journée pour de nouveau lui parler. Dans la grotte, l’homme qui s’était moqué de ma foi dormait encore. Berni lui donna des coups de pieds pour le réveiller mais cela n’eut aucun effet… L’homme était mort de froid durant son sommeil.
         Le nombre de survivants à cette expédition baissait à vue d’œil depuis quelques jours. Nous étions 30 au départ, au réveil de ce matin, nous n’étions plus que 23. Malgré le fait que je fusse habitué à la mort à cause du cataclysme de l’hiver noir, les premiers à tomber lors de notre expédition m’eurent procuré le même sentiment que lorsque je fus confronté à la mort pour la première fois. Un sentiment troublant, semblable à une bête parasite noire qui déséquilibre son hôte et lui tord les tripes… Peut-être était-ce l’impression que si les autres étaient tombés, j’allais inévitablement finir par mourir moi aussi.
         Sans plus attendre, Berni lança l’ordre de faire marche vers le nord et nous le suivîmes, laissant l’athée sarcastique à son tombeau. Dehors, la neige avait totalement cessé de tomber. La température était toujours très basse et nous sentions nos joues geler lorsque nous avancions, mais nous n’étions plus sous les torrents de glace qui nous déchiraient le visage. À la place, un silence de mort résonnait dans le désert blanc.
         Après quelques heures de marche, nous arrivâmes à un immense lac gelé. Il était recouvert par la neige, mais nous sentions la glace sous nos pas. Berni s’arrêta pour examiner l’épaisseur de cette dernière. Il s’agenouilla et retira la neige devant lui, puis il observa attentivement l’eau gelée. Après un court instant, il dégaina son fusil et il envoya un coup de crosse violant sur le givre. Celui-ci ne fut même pas fissuré et Berni nous fit signe de le suivre. Il guida le convoi en direction du centre du lac.
         Alors que j’étais en avant dernière position de notre file indienne, Grimar vint me rejoindre, le sourire aux lèvres. Il avait ce don pour relativiser toutes choses et garder la bonne humeur en lui. Je ne comprenais pas comment il faisait et je l’admirais en l’enviant secrètement.
« Ça va Tarian ? Tu tiens le coup ?
— Je crois… Enfin, je ne sens plus mes pieds.
— Haha ! Moi non plus. Mais ils marchent. C’est le principal, non ?
— Tu as sans doute raison. »
Il parlait presque en chuchotant, comme pour ne pas déranger ceux qui étaient concentrés sur leurs bruits de pas pour avancer. Il me mit la main sur l’épaule et me sourit silencieusement. Avait-il vu que j’étais démoralisé ? Était-ce pour cela qu’il venait me parler ? Je ressassais en effet la discussion d’hier avec mon aimée… Je me posais tout un tas de questions.
« As-tu déjà vu plus beau paysage que celui-ci ? me demanda-t-il.
— Quoi ?
— Je te vois, à regarder tes pieds à l’arrière du convoi. À errer dans ta mémoire pour te détacher de la situation. Mais as-tu au moins relevé la tête depuis ce matin ? »
J’étais perplexe. Je ne compris pas immédiatement ce que voulait me dire Grimar, mais lorsque je relevai les yeux, je sus ce qu’il voulait me transmettre.
         Le lac que nous traversions était un grand bassin blanc. Autour de lui, d’immenses montagnes de roche bleue et de glace montaient jusqu’au ciel qui était d’un bleu si clair qu’on aurait dit de la neige. Nous avancions vers une gigantesque fente entre les deux montagnes au nord du lac. C’était comme si les monts s’étaient séparés d’eux même pour laisser un passage aux voyageurs. Le paysage était magnifique… En me retournant, j’estimai que nous étions au centre du lac blanc.
« Je comprends mieux…
— Et maintenant, voici la leçon du père Grimar : Si tu arrives à contempler, tu ne pourras jamais sombrer.
— L’âme d’un poète… J’essaierai de m’en souvenir. »
Il lâcha mon épaule pour me donner une tape amicale en riant, puis il reprit les devants et me laissa seul à mon admiration. À trop contempler la Lune, j’en avais oublié le monde.
Le cœur plus léger, un sourire se dessina sur mes lèvres et j’avançai confiant, tenant les bretelles de mon sac à dos en bombant le torse. L’air ne me brûlait plus les narines, mais il m’oxygénait d’un second souffle tandis que je regardais les courbes naturelles des montagnes alentour.
C’est alors qu’un bruit de craquement se fit entendre derrière moi… Je ne réalisai pas directement et me tournai lentement, toujours heureux de connaitre un nouvel air. L’homme qui me suivait était à quelques mètres de moi, immobile et la terreur au visage. Il leva prudemment les yeux vers moi, avant de crier de toutes ses forces :
« Les déshonorés ! Ils sont… »
D’un coup, la glace se brisa sous ses pieds et une main l’aspira dans les eaux profondes et gelées du lac blanc. S’ensuivit une autre explosion dans la glace, plus loin que celle-ci, puis une autre, et encore une ! Quand je me retournai vers les autres, tous étaient happés par ce déluge infernal. Je criai : « Courez ! » avant de m’élancer moi-même vers le nord.
         J’entendais les cris des déshonorés qui remontaient à la surface. C’était le cri d’une horde qui avait prit en chasse un groupe d’humains. Leurs hurlements étaient comme noyés dans l’eau qu’ils avaient dans leurs poumons. Pourtant, ils étaient bien plus puissants que ceux qu’émettaient les déshonorés du Sud. Le froid les réveillait, le Nord les enrageait.
         Dans ma course, je passai à côté de l’homme qui était devant moi dans le convoi. Il était resté bouche bée face à cette nouvelle menace. Je tentai de le tirer pour qu’il me suive :
« Viens ! On n’a pas le temps ! »
Mais la peur le pétrifiait sur place… Il chuta en arrière et, en me retournant, je sus qu’il était trop tard pour lui. Les déshonorés recouvraient la glace derrière nous. Ils étaient tellement nombreux que l’on aurait dit une masse noire de chair informe qui se déplaçait à toute allure. Ils couraient en biais, à quatre pattes dans la neige, tel des animaux, le regard planté dans les nôtres alors que leurs orbites n’étaient plus que des cratères sombres. Comme ceux du Sud, leurs lèvres étaient arrachées et des dents acérées sortaient de leur bouche, pour remplacer celles qu’ils avaient de leur vivant.
         Je laissai l’homme tétanisé sur place et courrai aussi vite que je le pouvais. J’entendis un hurlement d’agonie et j’eus le malheur de regarder au-dessus de mon épaule… L’homme à terre se fit recouvrir de ces choses qui lui sautèrent dessus puis lui arrachèrent les membres et des parties du visage à l’aide de leurs dents. Heureusement, les cris de l’homme cessèrent rapidement.
         J’étais le prochain à subir cette sentence ignoble. Le convoi avait commencé à courir en même temps que moi et ils avaient une avance d’une dizaine de mètres. Il nous restait une longue course avant d’arriver au passage du Nord dans la montagne. Je priai en silence pour que quelque chose se produise, mais il n’y eut rien… Je pensai alors à Luna. Que m’aurait-elle dit dans pareille situation ? Aurait-elle trouvé une solution ? J’entendais les bruits d’os qui se brisent des déshonorés qui se rapprochaient de moi. La mélancolie s’empara de mon cœur lorsque je m’aperçus que je n’avais même pas fais mes adieux à ma Lune. La nuit passée, nous nous étions quittés en de mauvais thermes et je compris, en cet instant, toute la stupidité dont j’avais fait preuve… Éprouver des regrets à l’heure de notre mort était certainement la pire chose qui pouvait nous arriver, mais c’était ainsi. J’avais vécu dans la peur, il était normal que je meure dans le regret.
         Résigné à ce que ma vie se termine, les yeux rivés sur la neige devant moi, je décidai de suivre une dernière fois le conseil de Grimar avant que les déshonorés ne me rattrapent. Je levai les yeux vers les montagnes qui n’étaient plus très loin.
         C’est alors que je vis Berni courir vers l’arrière du convoi, fusil à la main… Il me fixait du regard, d’un air colérique. Il brandit son arme devant lui, la mire devant son œil droit, puis il tira dans le tas de déshonorés. Un cri perçant retentit sur le lac tandis que je continuai ma course, presque à bout de souffle.
« Fonce, enfoiré ! » me hurla-t-il en tirant un autre coup de fusil.
         Une fois à sa hauteur, il courut avec moi. Nous arrivions presque au passage convoité et ses coups de fusil avaient retardé l’arrivée des déshonorés mais ils nous rattrapaient peu à peu. Grimar était devant nous. Moins endurant, il commençait à faiblir. Quand j’arrivai à ses côtés, je le poussai dans le dos pour lui donner un second souffle. Il eut l’air surpris, puis, les traits de la compassion reprirent le dessus. Lui aussi priait pour notre survie. Mon intervention lui redonna de la force et il se mit à courir aussi vite que nous. De l’autre côté de Grimar, je remarquai que Berni avait sorti un explosif à retardement de l’une des grandes poches de son manteau. Il jeta un œil derrière nous, m’envoya un regard noir, puis, il cogna le visage de Grimar d’un coup de coude. Le pauvre s’écroula au sol et Berni déclencha le compte à rebours de son explosif avant de le lâcher sur le buste de Grimar.
« Non ! m’écriai-je en me ruant vers lui.
— Arrête de jouer aux héros ! »
Berni me tira par le bras tandis que je tentai de me débattre… Mais la horde s’approchait dangereusement. Grimar allait être submergé dans quelques secondes et il fallait que j’avance si je ne voulais pas finir comme lui. Dans ma course, je le regardai une dernière fois. Comme d’habitude, il souriait. Il brandissait l’explosif lancé par Berni, comme un drapeau que l’on admire.
         Nous entrâmes dans le passage de la montagne, puis une explosion nous perça les tympans… Essoufflés, nous nous arrêtâmes pour observer le lac. Un immense trou dans la glace était à l’emplacement de Grimar et les quelques déshonorés restant souffraient sur la neige ou se dispersaient pour nous fuir. Le silence de mort refit surface. Nous avions survécu, mais à quel prix ? La haine prit possession de moi et je poussai violement Berni mais il ne recula que d’un mètre.
« Pourquoi as-tu fait ça ?! »
Il m’envoya un coup de la crosse de son fusil au visage et je m’effondrai sur la neige.
« Combien de fois t’ai-je déjà demandé de marcher vers l’avant du convoi ? Grimar est mort par ta faute, Tarian ! »
Je me relevai difficilement, le nez en sang. Debout, je vacillai et personne n’osait rien dire. Ils étaient tous sous le choc de ce qu’ils venaient de vivre. Je regardai de nouveau ce cratère dans la glace et le poids de la culpabilité me terrassa. Berni avait raison. Je m’étais toujours obstiné à marcher à l’arrière du convoi afin de repérer les hommes qui faiblissaient pour en informer le groupe. Si j’avais marché à l’avant, Grimar m’aurait rejoint et il aurait survécu. Après cette pause au gout amère, je poursuivis la marche à l’avant du convoi.
         Berni me suivait de près désormais et j’avais perdu le second souffle que Grimar m’avait insufflé. Mes forces me lâchaient et je le sentais… Dans mes tourments, je ne trouvais plus que le désir de revoir Luna. J’épiai le ciel en chaque instant pour y chercher ma Lune dans ses eaux claires et dévoreuses…
Chapitre III :
         La journée avait paru plus longue que les autres. Personne n’avait osé parler après l’incident du lac. Nous étions démoralisés et la fin du chemin semblait inatteignable. Nous marchions sur des plaines blanches, encore et toujours, tandis que le ciel commençait à s’assombrir. Le calme de l’endroit était perturbant mais nous avions fini par nous y habituer.
         J’étais toujours à la tête du convoi, Berni derrière moi mais j’avais fait en sorte de le distancer de quelques mètres pour pouvoir parler à Luna lorsqu’elle se montrerait. Nous allions devoir trouver un abri rapidement, car la nuit, les températures étaient impossibles à tenir à l’extérieur. J’épiai le ciel, quand soudain, elle me contacta d’une voix distante :
« Tarian ?
— Luna… Je suis désolé pour hier soir ! »
À l’annonce de ces mots, un soulagement m’envahit.
« Tarian… Tu as vécu une dure journée, n’est-ce pas ?
— Oui… Grimar est mort. Nous nous sommes fait attaquer par une horde de déshonorés. J’ai eu si peur de ne plus jamais t’entendre… J’ai bien cru ne pas avoir la force de tenir jusqu’au soir.
— Mais tu l’as trouvée. »
Je respirai bruyamment. Sa voix me soulevait l’estomac comme lors des premiers jours de passion d’une amourette. Je relevai le regard de mes pieds dans la neige et je la vis au loin. Elle se montrait timidement, mais elle n’allait pas tarder à nous illuminer de sa douce lumière.
« Mais je l’ai trouvée… »
         Soudain, Berni arriva à mes côtés alors que nous étions face à une colline de neige. Je ne l’avais pas entendu arriver. Il resta muet un petit moment et moi aussi, puis il me questionna :
« Tu parles souvent tout seul. Pourquoi ?
— C’est une sorte de prière.
— Ah. Et dans ta prière, tu entends quelqu’un, puis tu lui réponds ?
— Je… »
Il empruntait un ton inquisitoire. Il se posait des questions et je commençai à craindre qu’il ne me prenne pour un fou. Depuis combien de temps m’espionnait-il dans mes discussions avec Luna ?
« C’est juste que j’imagine les réponses. J’imagine avoir un dialogue avec un être supérieur…
— Intéressant. Et tu te fies à ce que cet être inventé te dit pour savoir où aller dans ce désert de glace ?
— Non, je…
— Est-ce que tu mets nos vies en danger pour la simple raison que ton petit copain imaginaire te donne des ordres ?
— Je… »
Il s’arrêta brusquement et il jeta son sac à dos au sol. Puis il me confronta en me poussant d’un geste brusque. Je m’effondrai sur la neige et, tandis que les autres du convoi se rapprochaient de nous, Berni m’accusa encore :
« Tu trouves ça drôle hein ? Nous mener en bateau parce que t’es taré te fait bien marrer, n’est-ce pas !? »
Il sortit son fusil et le pointa sur moi. À ce moment, la personne qui était derrière nous s’interposa en hurlant :
« Berni ! C’est toi qui pètes les plombs !
— Ah oui ? J’ai dû sacrifier Grimar pour cette ordure ! En réalité, je ne pense même pas qu’il sache où il nous emmène. »
L’homme qui prenait ma défense se rapprocha de Berni pour lui ôter le fusil des mains, mais ce dernier lui envoya un violent coup de crosse dans la joue. Il me reprit dans sa ligne de mire, le regard perçant alors que j’étais allongé au sol et sans défenses. La haine se lisait dans ses yeux et mon sang se mit à se geler d’une sombre terreur.
« Tarian ! s’inquiéta Luna.
— Berni, arrête ! Je te dis que ce ne sont que des prières ! Je ne mettrai jamais…
— Tais toi ! Grimar en valait dix comme toi ! »
Soudain, l’homme que Berni avait attaqué vit rouge et il lui sauta dessus. Les deux tombèrent et s’ensuivit une lutte vigoureuse dans la neige. Je me relevai et tentai d’intervenir, mais les deux hommes bougeaient trop pour que je tente quoi que ce soit. Ils se disputaient le fusil, roulant dans tous les sens pour prendre le dessus. Des coups de poing et des coups de tête étaient envoyés et le reste du convoi restait sans réagir. Luna me confia alors :
« Mon amour, vous êtes proche de votre but. L’effigie n’est pas loin !
— L’effigie… Berni, nous sommes… »
Mais avant que j’eusse le temps de finir ma phrase, un coup de feu retentit… L’homme qui avait tenté de me sauver se l’était pris en plein ventre, lui laissant un trou béant… Il s’écroula sur la neige, la teintant d’un filtre rouge cramoisi qui s’étalait autour de lui. Il n’eut pas le temps de souffrir qu’il était déjà parti.
Berni se releva, la haine toujours accrochée au cou tandis que nous étions tous choqués par cette scène. Berni avait-il sombré dans la folie ? Allait-il vouloir tous nous décimer… Je remarquai cependant la culpabilité sur son visage durant un bref instant mais elle fut rapidement remplacée par une colère noire à mon égard. Il sortit une machette de l’étui qu’il avait sur le côté gauche de sa ceinture, puis il s’approcha lentement de moi…
C’est alors qu’un cri perçant éclata dans la vallée de glace. Les déshonorés… Le coup de fusil les avait réveillés. Il fut suivi d’un autre cri, puis, avant que ce soit au tour du troisième de nous glacer le sang, Luna m’épaula :
« Courrez ! Ils sont proches. Guide-les au son de ma voix, mon amour… »
         Je vis une faille dans l’agressivité de Berni qui commençait à craindre le pire et j’en profitai pour gravir la colline en face de nous en criant aux autres de me suivre. Je guidai alors le convoi dans une course pour la survie. Une fois le petit mont franchi, je m’apercevais que nous nous trouvions au milieu d’un cimetière de collines. Nous ne pouvions voir plus loin que la prochaine sur notre route et elles nous encerclaient. Heureusement, avec Luna auprès de moi, je ne cédai pas à la panique.
« Tourne à droite Tarian.
— Ok ! »
Je suivais ses ordres à la lettre tandis que les 19 personnes restantes me suivaient.
« Ne grimpe pas cette colline. Les déshonorés y sont enterrés sous ses neiges. »
Grâce à l’adrénaline, je ne sentais plus le froid. Je savais que si les collines obstruaient notre vision du terrain, il en était de même pour les déshonorés. Nous avions l’avantage. Durant ma course, je regardai le ciel de nouveau. Luna était plus proche que jamais. Elle était resplendissante dans le ciel noir et j’eus même l’impression qu’elle me sourit…
         Nous pourfendions les neiges des monts morts jusqu’à ce qu’elle me dise que nous étions tirés d’affaire. Je m’arrêtai pour souffler un peu et le groupe me rejoignit. Berni était parmi eux. Silencieux dans la honte, il tenait toujours son fusil en mains mais c’était surtout pour dissuader les attaques des autres membres de l’expédition… Il s’était condamné à se transformer en déshonoré à sa mort, et il le savait…
« Mon amour, l’effigie… Je la vois comme je te vois. Monte la colline du Nord.
— Quoi ? Enfin ? … »
Les autres ne comprirent mon enthousiasme, mais une fois la colline franchie, nous fûmes tous sans voix.
         Au loin, au sommet du dernier petit mont de neige, un titan de glace reposait assit. Il observait le sol d’un air triste. Sa longue barbe était recouverte de stalactites et il avait posé sa main droite sur le sol devant lui. Il était gigantesque. Il touchait les nuages du haut de son crâne. Je reconnus alors, l’homme dessiné dans la caverne. C’était le visage qui était peint dans le soleil.
         Sans plus attendre, nous nous hâtâmes de le rejoindre. La marche fut longue et silencieuse, bien que certains eurent l’enthousiasme de s’adresser aux autres d’une voix joyeuse.
         Une fois au pied du colosse de givre, je relevai la tête pour mieux l’examiner. Il était inerte, seul et mélancolique au Nord du monde. Je m’adressai alors à Luna :
« Et… Comment va le Sud ?
— Il est dans une mauvaise posture. Mais il sera sauvé ce soir… »
Je regardai alors dans la main du titan, posée dos contre le sol. Il y avait un pilier de pierre à hauteur d’homme sur lequel des branches et des brindilles de bois reposaient. Malgré l’humidité environnante, elles étaient totalement sèches. Sachant ce qu’il allait se produire, la tristesse gagna mon cœur. Je m’adressais de nouveau à Luna, faisant fi du regard des autres :
« Ma chérie… T’avoir eu à mes côtés fut la plus belle chose qui me soit jamais arrivée. Dans mes livres et durant mes études, j’étais si seul… Mais ce soir-là, le soir où tu m’as parlé pour la première fois, j’ai enfin ressenti une chaleur humaine au milieu de l’hiver. Je me délecte des souvenirs de ces longues nuits passées à tes côtés, à te contempler par la fenêtre de mon bureau…
— Je t’aime… »
Sa voix me sembla plus féminine que jamais. Elle résonnait en moi et ses mots furent comme ceux d’un adieu dont on se souvient pour la vie.
« Je t’aime aussi, ma belle Lune. »
Je m’approchai alors du pilier, la larme à l’œil. Je retirai mon sac de mon dos et j’y pris une torche et une boite d’allumettes. J’allais allumer la torche, quand soudain, j’entendis un bruit de métal, juste derrière moi. Berni posa son fusil sur le haut de mon dos.
« Recule de là. » me glissa-t-il dans l’oreille.
Je fus sans voix. Figé par la peur. Allait-il plonger le monde dans les ténèbres pour une histoire d'égo ? Selon la prophétie, j’étais le seul à pouvoir accomplir le rituel et, les jours passants, le temps pressait. Bientôt, la terre serait recouverte par les glaces. Il reprit la parole d’une voix sombre :
« Je ne comprends pas comment tu as su nous guider jusqu’ici, mais une chose est sûre : tu ne me doubleras pas. Tu croyais peut-être que je ne verrais pas ton petit manège ?
— Berni ! » intervint un autre.
Mon bourreau se retourna sans réfléchir et il lui tira dans le visage. L’homme courageux s’effondra sur le coup et tout le monde se recula alors que Berni replaçait son canon au niveau de mes poumons.
« Tu croyais pouvoir m’avoir ? Tout le long du voyage, tu semblais désolé pour les autres membres de l’expédition… Comme si tu allais nous sacrifier.
— Non, tu te méprends… »
La lune se mit à briller davantage. Progressivement, elle devint de plus en plus blanche tandis que la température chutait drastiquement.
« Celui qui sera réellement sacrifié, ce sera moi.
— Ah oui ? Un lâche qui se sacrifie ? Et tu crois que je vais avaler ça ? »
Il mit son doigt sur la gâchette de son arme et je sentis la mort se rapprocher. Mes joues me faisaient souffrir à cause du gel et je regardai une dernière fois ma Lune. Elle me prodigua un dernier conseil :
« Tarian, mon amour, tu devrais cacher tes yeux de tes mains… Il est parfois préférable de ne pas voir les monstres de la nuit. »
Je fermai les yeux et mis mes gants devant.
« Haha ! Même dans la mort, tu es pitoyable… Adieu ordure. »
Berni appuya sur la queue de détente de son arme… Mais il n’y eut rien que le vide. Le givre avait envahi le canon du fusil et il était inutilisable.
         Après un court moment de surprise, Berni s’aperçut que la lune était plus brillante que jamais. En tournant le regard vers elle, il hurla d’un cri effroyable. Il souffrit tellement fort qu’aucun mot ne put être prononcé, seulement des râles d’agonie. Il balança son fusil et se mit à genoux, puis il retira ses gants dans une folie crasseuse et il planta ses doigts dans ses yeux pour les arracher. Du sang giclait de sa bouche tandis que ses cris étaient désormais noyés dedans. Il ne ressemblait dès lors plus à un humain, mais à une créature de douleur inimaginable. Il se roulait par terre pour faire sortir une vision d’horreur de sa tête.
         C’est alors que je m’emparai de la torche tombée à terre et que je l’allumai rapidement à l’aide de mes allumettes. Sans y réfléchir davantage, je mis le feu au flambeau de l’effigie. En me retournant, je constatai que Berni n’était plus qu’un déshonoré de plus, encore conscient de sa vie d’avant. Mais quelque chose m’interpela. Un craquement assourdissant résonna entre toutes les montagnes du Nord. Derrière moi, la main de l’effigie se referma sur le flambeau et un grondement retentit. L’homme titan se réveillait. Une forte chaleur émana de son corps alors qu’il commençait à se relever. Il se frotta les yeux de ses mains gigantesque et, peu à peu, la glace qui le recouvrait fondit.
         C’était un dieu à la peau claire et brillante. Ses yeux bleus ne regardaient que moi et je sus que l’heure était venue. Autour de moi, les autres explorateurs coururent se mettre à l’abri plus loin, mais leur sort était déjà scellé. Le géant posa de nouveau sa main sur le sol et je la gravis avec difficultés. Il me porta à hauteur de son visage, puis, il prit la parole d’une voix roque et imposante :
« C’est donc toi qui m’as réveillé… Comment te nommes-tu, petit homme ?
— Tarian… »
J’étais terrifié et je voulais adresser mes dernières paroles à Luna, mais je n’en eus pas la force.
« Tarian hein ? C’est un joli nom. Apprends à l’oublier. »
Il prit une mine plus triste en regardant le monde autour de lui.
« Tarian… Je prie pour que tu saches mieux que moi inculquer à tes enfants l’importance du spirituel et des valeurs… »
Il semblait désespéré. Les traits de son visage âgé s’effondraient dans un tourment que je ne comprenais pas.
« Mais… C’est aussi ce que m’avait dit mon prédécesseur. Bon courage, Tarian. »
Il se tourna ensuite vers la lune pour lui adresser ses dernières paroles.
« Luna, mon amour… Tu m’as tellement manqué. »
Sans attendre de réponse, le géant referma ses doigts au-dessus de moi, m’enfermant dans sa main chaude. Luna me dit alors :
« Adieu, mon amour… Je ne t’oublierai jamais. »
Et une implosion de flamme recouvrit le monde.
         Les autres expéditeurs furent anéantis sur le coup tandis que les glaces du cataclysme de l’hiver noir se mirent à fondre partout de par le monde. Le géant qui me tenait se consuma peu à peu dans la douleur, tandis que je me sentais grandir… La flamme avait été ravivée. L’hiver était passé, le printemps se levait sur le monde.
         Je m’endormis dans une sérénité particulière. Quand je me réveillai, je voyais la terre depuis l’espace. Je pouvais voir chaque partie de l’hémisphère Sud en détails et je l’éclairai de ma lumière chaude et solaire… Je vis des enfants qui s’amusaient ; des amoureux sur un banc ; des rivières de verdure et des arbres vivants. J’avais l’impression de revivre mes jeunes années… Au centre de mon village natal, je pus apercevoir des habitants brûler une effigie de bois me ressemblant. Je sentis leur foi m’enivrer d’une fierté nouvelle. J’étais piégé dans cet astre du firmament, mais je ne m’étais jamais senti aussi vivant. La joie que je contemplais dans ce monde était tout ce dont je rêvais… Mais une pensée sombre me condamna à la mélancolie… Alors que j’arrivai au nord du monde, je compris que jamais plus je ne verrai la nuit…
La Lune, mon amour, ne croisera plus jamais ma route. Je n’entendrai plus jamais sa voix. Cette sentence est celle des hommes courageux, après tout… C’est ainsi. Telle est ma damnation pour avoir un jour croisé son chemin… Et, bien que la mélancolie ne me quittât jamais, je gardai son visage au cœur de ma mémoire… Dans une chaude larme, je fis pleuvoir l’amour sur le monde en l’imprégnant d’un doux souvenir réconfortant :
Luna.
Nouvelle du : 18_19_20 / 10 / 22
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conatic · 1 month
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L'aventurier mouscronnois Louis-Philippe Loncke contraint d'abandonner sa traversée à pied d'un désert australien - L'Avenir
Source : lavenir.net
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hcdahlem · 1 month
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L’été en poche (25): La Trilogie baryonique
Dans ce roman de science-fiction, Pierre Raufast raconte la tentative de sauvetage d'un équipage bloqué dans un trou noir en 2173. L'occasion d'ausculter l'état de notre planète et d'imaginer les progrès scientifiques. Passionnant!
En 2 mots: Pour la première fois depuis bien longtemps, en 2173, un problème survient sur un vaisseau Orca: Slow et Sara se retrouvent prises au piège derrière un trou noir. Fort heureusement un second vaisseau est dans les parages. Youri et Tom vont tenter de venir au secours de leurs collègues. Ma note ★★★★ (j’ai adoré) Si vous voulez en savoir plus… Ma chronique complète publiée lors de la…
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biereetboutades · 1 year
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Voyage Espagne 2023 - Jour 3 :  Tarragona
Aujourd’hui nous allons partir en expédition. On ne s’est pas levés de très bonne heure donc nous n’allons pas aller très loin. Direction Tarragone, une très belle ville où les vestiges romains côtoient la vieille ville médiévale et des immeubles biens modernes. 
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Nous rejoignons le centre-ville et décidons de prendre le petit train touristique pour faire un premier repérage. Prenez-le, vous économiserez une journée à Port Aventura, les sensations sont les mêmes. Le tour dure environ une heure. On longe la plage, le port de pêche, puis on remonte dans le centre ville pour traverser la Rambla Nova, la plus grande avenue de la ville. Beaucoup de styles architecturaux se mélangent : entre opulence des vieux bâtiments et épuration des immeubles modernes. Des “mini-châteaux” se fondent au milieu des boutiques de marques. On redescend par des petites ruelles où tu penses que le train ne va pas passer mais en fait, si tu serres les fesses, il passe… et à toute vitesse. Ça secoue un peu la paillasse mais sensations garanties ! 
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Une fois le tour terminé, on décide de faire la version “à pieds”. On redescend vers la plage en longeant l'amphithéâtre romain, puis nous empruntons le chemin qui borde la plage du Miracle (le drapeau est malheureusement toujours rouge) pour arriver au fort. La vue est très belle mais il n’y a pas grand chose à voir au niveau du fort lui-même.
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On remonte en direction de la cathédrale en passant par des ruelles au départ très peu touristiques et assez moches. On va faire un point “architecture en Espagne”. Je suis subjuguée par le fait que c’est un pays où se côtoient des bâtiments magnifiques avec des immeubles absolument dégueulasses. Une fois retournés dans le centre historique, nous admirons les façades colorées en empruntant les rues pavées bordées de bars, de restaurants et de boutiques. Et puis on commence à avoir la dalle, donc on fait du repérage. 
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Et finalement, quoi de mieux que de manger en terrasse juste au pied de la cathédrale ? On s’installe à la Casa Balcells uniquement parce que j’ai vu de la burrata au menu. MON ROYAUME POUR DE LA BURRATA. Et en dessert : Lemon pie ! Et de la bière parce qu’il fait chaud et qu’il faut s’hydrater. 
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Une fois la peau du ventre bien tendue, nous allons visiter la cathédrale. Bon, j’avoue, tout ce qui s’approche de près ou de loin à une église me fout particulièrement mal à l’aise. Mais bon, c’est grand, c’est beau (pour ceux qui apprécient le genre), le jardin est chouette, par contre j’en peux plus des statues de Jésus et ses potes. 
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On redescend en zigzaguant parmi les petites ruelles vers la voiture. Il fait extrêmement chaud, un plouf dans la piscine est grandement mérité.
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monlivrepratique · 1 year
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kelianerd-nature · 1 year
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L'INSECTERIE partage son Secret d'EXPEDITION(S) pour ces Insectes
C’est dans le SUD DE LA FRANCE que presque tous les Insectes pour élevage son Expédiés par cette entreprise : “L’INSECTERIE” qui assure un bon envoie des Insectes commandés aux Clients ! lire l’information sur www.linsecterie.com/blogs !
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lebibliocosme · 2 years
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Neighian, tome 1
Titre : Neighian, tome 1 Auteur : Louise Jouveshomme Éditeur : Mnémos Date de publication : 2023 (février) Synopsis : Neighian. Un nom, un tatouage, un art du combat qui fait gémir tout le Continent. Les Neighians protègent l’Union, pouvoir central et neutre qui rassemble les représentants de toutes les nations, elfes, loups, stygias, vampires, humains, nains ; et maintient une paix fragile entre…
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clove-pinks · 1 year
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Yes, I missed it. Are you happy now?? I left Rhode Island 10 years ago when I got engaged and now the French are gone from Newport.
It feels unreal. The whole time I was growing up you could visit Lieutenant General Jean Baptiste Donatien de Vimeur Comte de Rochambeau at his big encampment there—you might even see Louis Alexandre Berthier making a map! All the tourist traps would be full of French officers, looking to purchase horses or complaining about the American militiamen. It was hilarious if you were in a shop full of French officers and then a Loyalist family came in!
And now they're just... gone. I don't know how to feel about this.
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francepittoresque · 6 months
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OUVRAGE | L'expédition Lapérouse, par Bernard Jimenez ➽ https://bit.ly/Ouvrage-Expedition-Laperouse Dans le sillage d'une des plus illustres expéditions maritimes : revivez cette exceptionnelle aventure humaine et scientifique du départ du port de Brest jusqu'au tragique naufrage à Vanikoro au milieu de l'océan Pacifique Sud
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stephanedugast · 9 months
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📌[ÉCHO] Retrouvez ma plume dans le numéro hors-série de Geo France "Beauté et enjeux des pôles". Je m'intéresse à un naufrage emblématique de l'histoire des mondes polaires, celui de l'expédition Franklin jamais revenue. https://www.prismashop.fr/vn/les-archives-de-geo/VNHGE113.html
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philoursmars · 2 years
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Au Louvre-Lens, il y avait une expo fort intéressante : “Champollion - La Voie des Hiéroglyphes”, sur l’homme, son époque, l’image de l’Egypte en Europe avant l’Egyptologie....
- Jean-Léon Gérôme - "Bonaparte entrant au Caire”
- Jean-Charles Develly - "Vase égyptien Champollion" - Sèvres 1831
- Nestor Lhôte - recueil de dessins, "Paysage de la Vallée des Rois”
- Jean-François Champollion - "Monuments de l'Egypte et de la Nubie - volumes I et II”
- Giuseppe Angelelli - "Portrait de Jean-François Champollion en costume égyptien”
- André Dutertre - portraits pendant l'Expédition d'Egypte,  "Général François-Xavier Donzelot”
-  André Dutertre - portraits pendant l'Expédition d'Egypte, “Louis-Charles-Antoine Desaix”
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conatic · 3 days
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Julien, le « Punisher » liégeois : il a mené plusieurs expéditions punitives contre des dealers dans la région !
Source: sudinfo.be
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hcdahlem · 5 months
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Le Dôme de la méduse
Quel plaisir de retrouver Pierre Raufast au meilleur de sa forme pour clôturer sa trilogie baryonique. Dans cet ultime volet, l'équipage de l'Orca s'apprête à rentrer sur terre avec quelques révélations sensationnelles dans ses bagages.
    En deux mots Après avoir mis hors d’état de nuire le traître qui sévissait dans leur vaisseau, les rescapés de l’Orca s’apprêtent à rentrer au bercail. Dans leurs bagages, ils ont des enregistrements à décrypter. Et peut-être la preuve d’une existence extra-terrestre. La tension est à son comble. Ma note ★★★★ (j’ai adoré) Ma chronique Le message de l’au-delà Quel plaisir de retrouver Pierre…
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