đđ- LE PRIX PAYĂ PAR YĂHOSHUA MASHIAH POUR L'HUMANITĂ đđ
- Bien-aimĂ© dans le Seigneur Yehoshua, ici-dessous, en tant qu'ĂȘtre humain, crĂ©Ă© par Elohim ; si aujourd'hui, nous pouvons exister, nous rĂ©jouir, profiter des biens et des bĂ©nĂ©dictions de ce monde, et surtout : profiter de la nouvelle naissance et de l'espoir pour le royaume des ci
đ- C'est (seulement grĂące Ă une personne, appelĂ©e : Yehoshua Mashiah, le roi des rois, le fils d'Elohim, la progĂ©niture de David, le prince de la paix, le lys des vallĂ©es, le rocher des Ăąges, l'ancien des jours, la parole de vie, le lion de l'hommage de Juda... )
đ- Oui, il (a payĂ© le prix, et par n'importe qui, par son sang, pour notre salut) ;
đ- Et nous ne le faisons pas (peut-ĂȘtre ne devrions pas suivre chacun d'entre nous avec un problĂšme pour qu'ils prennent conscience de cela),
đ- Mais d'un autre cĂŽtĂ© il est normal, et mĂȘme trĂšs normal d'utiliser plutĂŽt la chicote de l'esprit, en passant par les Saintes Ăcritures, la Bible, la parole de la vie pour redresser l'esprit, la mentalitĂ©, la pensĂ©e, les habitudes, le caractĂšre, le style et le chemin de la vie de nos semblables afin que nous vivons selon sa volontĂ©).
đ- Et comme un verset, pour illustrer ce message ; nous prendrons (Ga 3:13-14) ; qui dit : << CHRIST NOUS A RACHETĂ DE LA MALĂDICTION DE LA LOI, ETANT DEVENU UNE MALĂDICTION POUR NOUS CAR IL EST ĂCRIT : MAUDIT EST TOUS CEUX QUI S'ACCROCHENT Ă UN ARBRE >> (Vs 13)
đ- Qui veut dire ici, qu'aprĂšs le pĂ©chĂ© de nos pĂšres et ancĂȘtres ; Adam et Eve dans le jardin d'Eden) ; (Gen 3:1-6);
đ- Il n'existait pas un prix suffisamment grand et juste qui pourrait racheter notre Ăąme, en parlant de celle des ĂȘtres humains, entre les mains et l'enclos du diable, l'ennemi commun de l'humanitĂ© et de nos Ăąmes) .
đ- Parce que bien que (l'acte commis dans le jardin d'Eden ne concernait visiblement que ces deux personnes : Adam et Eve ; il est important de savoir que cela concerne aussi tous les ĂȘtres humains qu'Elohim a crĂ©Ă©) comme nous le rappelle l'apĂŽtre Paul dans (Rm 5:12)
đ„- Parce que par (eux, suivant leur gĂ©nĂ©alogie, que nous avons tous Ă©tĂ© crĂ©Ă©s).
đ- Donc par leur (le pĂ©chĂ© lui-mĂȘme, s'ils Ă©taient punis, cette peine ne se limitait pas Ă eux seulement, mais condamnait aussi tous les ĂȘtres humains dans ce monde).
đ„- Raison pour laquelle Elohim dans sa bontĂ© aimante, sachant cela, nous a envoyĂ© son fils Yehoshua Mashiah pour nous racheter et nous sauver).
đ- Il n'a pas (de plus) hĂ©sitĂ© Ă sacrifier sa vie, volontairement, au prix de son sang pour le salut de nous tous). (Jn 10:17-18)
đ„- En rĂ©alitĂ©, (aprĂšs ce pĂ©chĂ©, toute l'humanitĂ© a Ă©tĂ© condamnĂ©e et destinĂ©e Ă ĂȘtre et Ă rester maudite, si Yehoshua Mashiah n'avait pas fait ce qu'il a fait).
đ- Parce qu'il a acceptĂ© de devenir ce qu'il n'aurait jamais pensĂ© devenir un jour, par amour pour nous, c'est-Ă -dire : ĂȘtre maudit).
đ„- Et ceci, comme le dĂ©montre le verset suivant (Vs 14) (afin qu'en lui, Yehoshua, par notre foi en lui, la bĂ©nĂ©diction d'Abraham qui nous a Ă©tĂ© promise s'accomplisse).
đđ- Alors mon FrĂšre et ma SĆur dans le Seigneur Yehoshua, CrĂ©atures et enfants d'Elohim, jeunes gens, sachent qu'en retour, comme dĂ©montrĂ© (Jn 15,13) ; qui dit : << IL N'Y A PAS DE PLUS GRAND AMOUR QUE D'ABANDONNER SA VIE POUR SES AMIS >>
đ„- Nous devons (montrer notre amour Ă Yehoshua Mashiah par notre gratitude pour ce qu'il a fait) ;
đ- Et ceci, par (notre style et façon de vivre, suivant ses lois, commandements et principes).
đ„- Parce que comme il (s'est offert une fois, portant sur lui-mĂȘme le poids de nos pĂ©chĂ©s et la malĂ©diction qui nous pesait);
đ- L'apĂŽtre Paul nous rassure qu'il : << APPARAĂT SANS PĂCHĂ UNE SECONDE FOIS Ă CEUX QUI L'ATTENDENT POUR LEUR SALUT >>
đ„- Et (bien sĂ»r, Ă ceux qui n'ont pas rejetĂ© son offre de se rĂ©concilier avec Elohim, en continuant Ă vivre malgrĂ© ce qu'il a fait dans le pĂ©chĂ©).
đ„đ„-((DONC SOYONS CONSCIENTS DE CELA))đ„đ„
đ„đ„đ„[[PRIĂRE RELATIVE Ă CE MESSAGE]] : Mon PĂšre ! Mon pĂšre ! merci pour ce message.
- Oh Seigneur, je t'en prie.
prĂ©sence constante dans ma vie, et pour l'opportunitĂ© d'ĂȘtre
te rapprocher encore plus à travers la connaissance de ta parole, les épreuves et l'expérience que j'ai acquise dans cette vie et dans cette vie au nom de Yehoshua.
- Accorde-moi la grĂące de te chercher
et de vous retrouver dans mes moments de
silence et priĂšre au nom de Yehoshua.
- Que ma vie soit toujours une
offre d'amour et de service Ă
toi et mon voisin au nom de Yehoshua.
- Pardonnez-moi aussi pour toutes les fois oĂč j'ai contribuĂ© Ă vous traduire par ma dĂ©sobĂ©issance envers vous en vivant contrairement Ă votre volontĂ© ici sur terre, nom de Yehoshua
- merci de m'avoir écouté et écouté ; et aidez-moi à vivre dans l'intimité de votre présence et à suivre vos enseignements tout au long de ma vie ici terre au nom puissant de Yehoshua.
- Aide-moi.
vivez dans l'intimité de votre présence et
suivez vos enseignements tout au long de ma vie ici sur terre, au nom puissant de Yehoshua, j'ai priĂ© ; Amen. đ„đ„đ„
âïžâïž-((GLOIRE SOIT RENDUE Ă ELOHĂM))âïžâïž
!!!! BON DĂBUT DE SEMAINE Ă TOUS ET DEMEURONS BĂNI AU NOM MAJESTUEUX ET SOUVERAIN DE YEHOSHUA MASHIAH !!!! AMEN !!!
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Le roi en jaune
Aujourd'hui je vais vous parler de cette drĂŽle de lecture, "le roi en jaune" de Robert double you Chambers, qui n'est pas a priori dans mes meurs ni mes frĂ©quentations, mais dont la rĂ©putation en biais, traversiĂšre, et surtout l'espĂšce de gĂ©nĂ©alogie d'oeuvres Ă©tranges que celle-ci a engendrĂ©es, valent autant de trĂšs nettes recommandations. D'autant qu'elle-mĂȘme est inspirĂ© d'une nouvelle de 1886 "un habitant de Carcosa" que j'ai lue dans la foulĂ©e et qui est de Sa MajestĂ© Ambrose Bierce, auteur du trĂšs mirifique dictionnaire du diable, avec lequel je peux dire que j'ai fait ma vie maintenant, et dont certainement je me risquerai Ă vous lire une ou deux entrĂ©es dans un keepsake prochain. Je me fais une croix sur la main. Le roi en jaune est un recueil de nouvelles pas toutes fantastiques comme je le pensais, je parle du genre fantastique, et dont le trait d'union, le fil rouge, est que dans chaque situation il est mentionnĂ© l'existence de la piĂšce de thĂ©Ăątre "le roi en jaune" dont la lecture rend fou, ou mĂ©dium... Ou actualise des maniĂšres de cauchemars. Je l'ai peut-ĂȘtre ratĂ©, mais je n'ai pas vu cette mention du livre maudit dans la nouvelle de la demoiselle d'Ys, mais j'ai peut-ĂȘtre mal lu. Ă vrai dire ce n'est pas ma tasse, mais pour les amateurs de Lovecraft et du fantastique de cette farine-lĂ , je comprends que ce soi un must. Quant Ă moi j'ai Ă©tĂ© content de fermer le livre, et de me rĂ©veiller. AprĂšs je comprends avec quelle dĂ©fĂ©rence ça a pu inspirer Lovecraft et par quel biais Alan Moore a pu s'en emparer. Et par quel biais de bais il y est fait rĂ©fĂ©rence dans l'excellente saison 1 de la sĂ©rie True Detective. Le roi en jaune devient le roi jaune, et son atroce sanctuaire s'appelle Carcossa.
Brrrr... True detective, il faudra que j'en parle ici. Et pas que de la premiĂšre saison. LĂ oui on est dans mon coeur de meule.
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Ăvangile de JĂ©sus-Christ selon saint Matthieu 25,31-46
Â
« En ce temps-là , Jésus disait à ses disciples :
31 « Quand le Fils de lâhomme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siĂ©gera sur son trĂŽne de gloire.
32 Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs :
33 il placera les brebis Ă sa droite, et les boucs Ă gauche.
34 Alors le Roi dira Ă ceux qui seront Ă sa droite : âVenez, les bĂ©nis de mon PĂšre, recevez en hĂ©ritage le Royaume prĂ©parĂ© pour vous depuis la fondation du monde.
35 Car jâavais faim, et vous mâavez donnĂ© Ă manger ; jâavais soif, et vous mâavez donnĂ© Ă boire ; jâĂ©tais un Ă©tranger, et vous mâavez accueilli ;
36 jâĂ©tais nu, et vous mâavez habillĂ©Â ; jâĂ©tais malade, et vous mâavez visitĂ©Â ; jâĂ©tais en prison, et vous ĂȘtes venus jusquâĂ moi !â
37 Alors les justes lui rĂ©pondront : âSeigneur, quand est-ce que nous tâavons vuâŠÂ ? tu avais donc faim, et nous tâavons nourri ? tu avais soif, et nous tâavons donnĂ© Ă boire ?
38 tu Ă©tais un Ă©tranger, et nous tâavons accueilli ? tu Ă©tais nu, et nous tâavons habillĂ©Â ?
39 tu Ă©tais malade ou en prison⊠Quand sommes-nous venus jusquâĂ toi ?â
40 Et le Roi leur rĂ©pondra : âAmen, je vous le dis : chaque fois que vous lâavez fait Ă lâun de ces plus petits de mes frĂšres, câest Ă moi que vous lâavez fait.â
41 Alors il dira Ă ceux qui seront Ă sa gauche : âAllez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu Ă©ternel prĂ©parĂ© pour le diable et ses anges.
42 Car jâavais faim, et vous ne mâavez pas donnĂ© Ă manger ; jâavais soif, et vous ne mâavez pas donnĂ© Ă boire ;
43 jâĂ©tais un Ă©tranger, et vous ne mâavez pas accueilli ; jâĂ©tais nu, et vous ne mâavez pas habillĂ©Â ; jâĂ©tais malade et en prison, et vous ne mâavez pas visitĂ©.â
44 Alors ils rĂ©pondront, eux aussi : âSeigneur, quand tâavons-nous vu avoir faim, avoir soif, ĂȘtre nu, Ă©tranger, malade ou en prison, sans nous mettre Ă ton service ?â
45 Il leur rĂ©pondra : âAmen, je vous le dis : chaque fois que vous ne lâavez pas fait Ă lâun de ces plus petits, câest Ă moi que vous ne lâavez pas fait.â
46 Et ils sâen iront, ceux-ci au chĂątiment Ă©ternel, et les justes, Ă la vie Ă©ternelle. »
(Texte biblique tirĂ© de « La Bible â traduction officielle liturgique â AELF »)
(Illustration du site Apprenez-nous Ă prier)
Commentaire Mt 25,34
« Venez, les bĂ©nis de mon PĂšre, recevez en hĂ©ritage le Royaume prĂ©parĂ© pour vous depuis la fondation du monde. » (Mt 25,34) Par cette parabole, JĂ©sus nous rĂ©vĂšle notre vocation, le projet que Dieu a sur lâhumanitĂ© en nous crĂ©ant : nous sommes faits pour ĂȘtre roi. Et il faut Ă©crire « roi » au singulier ; car câest lâhumanitĂ© tout entiĂšre qui est crĂ©Ă©e pour ĂȘtre reine ; « Remplissez la terre et dominez-la » dit Dieu Ă lâhomme au commencement du monde. (Gn 1,28). LâidĂ©e que nous nous faisons dâun roi, entourĂ©, courtisĂ©, bien logĂ©, bien vĂȘtu, bien nourri⊠câest trĂšs exactement ce que JĂ©sus revendique pour tout ĂȘtre humain. Le Livre du DeutĂ©ronome, dĂ©jĂ , affirmait que si lâon veut vivre lâAlliance avec Dieu, il faut Ă©liminer la pauvretĂ©Â : « Il nây aura pas de pauvres parmi vous » (Dt 15,4) au sens de âVous ne devez pas tolĂ©rer quâil y ait des malheureux et des pauvres parmi vousâ. JĂ©sus sâinscrit dans la droite ligne de cet idĂ©al attribuĂ© Ă MoĂŻse. A tous ceux qui auront su avoir des gestes dâamour et de partage le Fils de lâhomme dit : « Venez, les bĂ©nis de mon PĂšre » : ce qui veut dire âvous ĂȘtes ses fils, ses filles, vous lui ressemblez ; vous ĂȘtes bien Ă lâimage de ce berger qui prend soin de ses brebisâ dont parlait ĂzĂ©chiel dans la premiĂšre lecture. « Chaque fois que vous lâavez fait Ă lâun de ces plus petits de mes frĂšres, câest Ă moi que vous lâavez fait ». Le jugement porte sur des actes concrets ; curieusement, ce nâest pas lâintention qui compte ! Matthieu avait dĂ©jĂ notĂ© une phrase de JĂ©sus qui allait dans le mĂȘme sens : « Ce nâest pas en me disant : Seigneur, Seigneur ! quâon entrera dans le Royaume des cieux ; mais câest en faisant la volontĂ© de mon PĂšre qui est aux cieux. » (Mt 7,21). Il reste que ce texte garde un caractĂšre un peu choquant par lâopposition radicale entre les deux catĂ©gories dâĂȘtres humains, les bĂ©nis du PĂšre, et les maudits : et dâailleurs, dans laquelle pourrions-nous ĂȘtre comptĂ©s ? Tous, nous avons su, un jour ou lâautre, visiter le malade ou le prisonnier, vĂȘtir celui qui avait froid et nourrir lâaffamé⊠Mais tous aussi, nous avons, un jour ou lâautre, dĂ©tournĂ© les yeux (ou le porte-monnaie) dâune dĂ©tresse rencontrĂ©e. Aucun de nous nâoserait se compter parmi « les bĂ©nis du PĂšre » ; aucun non plus ne mĂ©rite totalement la condamnation radicale ; Dieu, le juste juge, sait cela mieux que nous. Aussi, quand nous rencontrons dans la Bible lâopposition entre les bons et les mĂ©chants, les justes et les pĂ©cheurs, il faut savoir que ce sont deux attitudes opposĂ©es qui sont visĂ©es et non pas deux catĂ©gories de personnes : il nâest Ă©videmment pas question de sĂ©parer lâhumanitĂ© en deux catĂ©gories, les bons et les justes, dâun cĂŽtĂ©, les mĂ©chants et les pĂ©cheurs de lâautre ! Nous avons chacun notre face de lumiĂšre et notre face de tĂ©nĂšbres. Si bien que, contrairement aux apparences, ce nâest pas une parabole sur le jugement que JĂ©sus dĂ©veloppe ici : câest beaucoup plus grave et dĂ©rangeant : il sâagit du lien entre tout ĂȘtre humain et JĂ©sus : « Chaque fois que vous lâavez fait Ă lâun de ces plus petits de mes frĂšres, câest Ă moi que vous lâavez fait. » Il est saisissant de resituer ce discours de JĂ©sus dans son contexte : dâaprĂšs Saint Matthieu, cela se passe juste avant la Passion du Christ, câest-Ă -dire que ces ultimes paroles de JĂ©sus prennent valeur de testament. Au moment de quitter ce monde, Celui qui nous fait confiance, comme il nous lâa dit dans la parabole des talents, nous confie ce quâil a de plus prĂ©cieux au monde : lâhumanitĂ©..
(Note du P. Mario Doyle, C.Ss.R. : Ce commentaire reproduit largement celui dâune bibliste bien connue des catholiques de France : Marie NoĂ«lle Thabut)
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I found very nice illustrations for Maurice Druon's book cycle Les Rois Maudits (English: The Cursed Kings). The artist's name is Celine Pottier.
ĐŻ ĐœĐ°Ńла ĐŸŃĐ”ĐœŃ ŃлаĐČĐœŃĐ” ОллŃŃŃŃĐ°ŃОО Đș ŃĐžĐșĐ»Ń ŃĐŸĐŒĐ°ĐœĐŸĐČ ĐĐŸŃĐžŃĐ° ĐŃŃĐŸĐœĐ° "ĐŃĐŸĐșĐ»ŃŃŃĐ” ĐșĐŸŃĐŸĐ»Đž". Đ„ŃĐŽĐŸĐ¶ĐœĐžŃŃ Đ·ĐŸĐČŃŃ ĐĄĐ”Đ»ĐžĐœ ĐĐŸŃŃŃĐ”.
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Les nouvelles expĂ©riences dâune vie sans fin (2/15)
Chapitre 2 - suite et finÂ
I2.eT-/5t : le prisonnier médite
Le soleil amorçait Ă prĂ©sent sa longue chute vers les collines verdoyantes, lorsque Qilby fut enfin autorisĂ© par lâenvoyĂ© de Bonta Ă regagner sa chambre, dans lâattente du lendemain et du dĂ©part pour le Zinit. Le mont, le vaisseau, le laboratoire⊠Leur ancienne maison.
     Il avait pu Ă©chapper au supplice de lâescorte, mais il ne se faisait pas dâillusions : tous les regards des passants, gardes, serviteurs, communs, glissaient sur sa silhouette comme autant dâavertissements⊠Le moindre faux pas, et les sanctions seraient immĂ©diates. Ses doigts se refermĂšrent machinalement sur les maillons de mĂ©tal blanc Ă son cou, comme pour tenter de desserrer leur Ă©treinte⊠La lĂ©gĂšre dĂ©charge de Stasis quâil reçut lui fit grincer des dents de douleur. Ces chaĂźnes Ă©taient bien plus intangibles que cette maudite museliĂšre, mais faisaient partie dâun tout, sâintĂ©graient parfaitement dans le dĂ©cor : une corde argentĂ©e pour une cage dorĂ©e.
 Si je souhaite mâenfuir, la partie ne sera pas aisĂ©eâŠ
Il va me falloir prendre en compte le
fait que je suis désormais connu des plus grands.
La moindre absence ne manquera pas dâalerter ce
Joris ainsi que lâautre Roi feuillu !
Il a beau jouer la carte de lâhospitalitĂ©, me prend-t-il
pour un imbĂ©cile pour ne pas voir le doute lâhabiterâŠÂ ?
Sa pathétique intervention ce matin au déjeuner en
est dâailleurs une parfaite illustration, et-
      Il sâarrĂȘta. Devant lui, sur lâun des hauts plateaux sculptĂ©s Ă mĂȘme lâĂ©corce, deux enfants sâamusaient sans se soucier de la foule sâaffĂ©rant autours dâeux. La poussiĂšre recouvrait leurs vĂȘtements quelques peu Ă©limĂ©s, malgrĂ© leur bonne facture : trĂšs probablement la progĂ©niture de lâune des familles employĂ©es par la Cour. Un voile Ă©thĂ©rĂ© enveloppa la scĂšne, donnant dâautres traits, dâautres visages, dâautres noms Ă ces formes se chamaillant innocemment. De quel souvenir sâagissait-il ? Il y en avait tellement⊠Ces scĂšnes du quotidien, qui avaient fini par le rendre malade de pas leur rĂ©pĂ©tition, leur fadeur. Combien de ces fraĂźches Ăąmes avait-il rencontrĂ©es ? BordĂ©es ? SurveillĂ©es ? SanctionnĂ©es ? ĂduquĂ©es ? ProtĂ©gĂ©es ? AimĂ©es ?... EnterrĂ©es ? Â
     Ces bambins nâĂ©taient pas diffĂ©rents des spectres de son passĂ©Â : trop naĂŻfs pour ĂȘtre prĂ©occupĂ©s des travaux et tourments des adultes, encore enjouĂ©s pour balayer les protocoles et biensĂ©ances dans une partie endiablĂ©e de Chacha-et-Rachitik⊠Juste assez ivres de leur jeunesse pour ne pas prendre garde Ă -
 « Attention !! » Son corps prit le dessus sur sa conscience, rattrapant le col du plus maigrelet avant de lâĂ©carter du bord vertigineux oĂč leurs roulades les avaient menĂ©s.
      Alors quâil reprenait sa respiration, la jeune CrĂą toujours retenue pas ses phalanges crispĂ©es, il dut enfoncer ses canines dans la chair tendre de ses lĂšvres pour retenir un cri plaintif dâen franchir le seuil : son camarade de jeu Sadida  venait dâinvoquer une frĂȘle, mais remarquablement coriace liane Ă©pineuse⊠Et la jambe gauche du scientifique en Ă©tait la cible, de vilaines entailles faisant dĂ©jĂ leur apparition.
 « Quâest-ce-que - ?!Â
- RelĂąche-la !! » SâĂ©poumona le petite pousse. « RelĂąche Ciarel, le mĂ©chant !!
- J-je -Â ?! Mais, enfin -Â !
- Les grands avaient raison : tâes dangereux ! » Sanglots Ă©touffĂ©s. « Jâte laisserai pas lui faire du mal, tâentends ?!
- Cours, Tyli ! » Lâencouragea alors soudain la tignasse blonde, tentant vainement de sâextirper de lâemprise de lâĂliatrope. « Va prĂ©venir ta mĂšre !! La garde, nâimporte qui, tâen fais pas pour moi ! Cours et ne te retourne surtout pas !
- Que-quoi ? Oh, non, non, non !! » Sâhorrifia alors Qilby, Ă prĂ©sent conscient du dĂ©sastre quâil avait entraĂźnĂ© sans le vouloir.
      Et tandis quâil regardait, impuissant, le chahut provoquĂ© ameuter des Ăąmes curieuses, pour ne pas dire suspicieuses, les larmes monter aux yeux de lâenfant dont il venait Ă peine de sauver lâamie, il nâaurait pas un instant songĂ© que son salut puisse venir⊠de la part de celui dont il moquait lâattention quelques minutes auparavant.
 « Allons, allons, les enfants, ce nâest pas une maniĂšre de remercier celui venu nous prĂȘter main forte dans ces temps troublĂ©s âŠÂ » Le timbre grave du Roi Sadida retentit, forçant la plupart des badauds Ă retourner Ă leurs activitĂ©s, et les deux concernĂ©s Ă se faire plus petits quâils ne lâĂ©taient dĂ©jĂ .
« V-Votâ MajestĂ©Â ! » SâĂ©cria le dĂ©nommĂ© Tyli, impressionnĂ©.
« Sir ! » SâĂ©cria la jeune CrĂą, visiblement moins sujette Ă la tĂ©tanie de lâĂ©tiquette. « Câest lui, celui que vous et papa avaient dit quâil Ă©tait dangereux : il nous a attaquĂ© moi et Tyli ! Et sans aucune raison en plus ! Vous devez nous ai- !
- Messire QilbyâŠÂ » LâintĂ©ressĂ© releva la tĂȘte, quittant la petite furie quâil craignait dĂ©sormais de relĂącher. « Est-ce vrai ?
- Qu- Non ! Bien sûr que non ! » Une pénible déglutition et un mouvement en direction des autres. « Dans leur jeu, ces deux petits im-conscients étaient sur le point de rouler dans le ravin, et-
- MĂȘme pas vrai, menteur ! » RĂ©cria la plus Ă©nergique. « On nâĂ©tait pas sur la grande terrasse, dâabord, et puis Tyli mâauraient rat- !
- CiarelâŠÂ » Le ton sans appel du suzerain fit sâabaisser les oreilles pointue de lâenfant. « Il me semble que cela nâest pas la premiĂšre fois que toi et Tyli ĂȘtes surpris Ă jouer dans les environs, mĂȘme aprĂšs que nous vous lâayons formellement interditâŠÂ » Reproches. « Nâavez-vous pas assez de tout  le village pour vos escapades ?
- M-mais, on connait dĂ©jĂ le v-villageâŠÂ » Tenta le petit Sadida.
« Par-dessus cela, vous osez accuser un autre Ă votre place ? Un de nos hĂŽtes qui plus est ? » DĂ©signant la vigne mordante, qui, Ă©galement, ne semblait pas de taille face au courroux royal et prĂ©fĂ©ra disparaĂźtre dans le sol. « Et vous lâavez attaquĂ©Â ?! »
      La mine dĂ©confite des fautifs nâavait pas dâĂ©gal, et Qilby ne put retenir un lĂ©ger rictus moqueur Ă leur encontre. Oh quâil connaissait cette expression, combien de fois lâavait-il lue chez un jeune Glip surpris Ă la flamme dâune bougie malgrĂ© lâheure tardive, chez un Yugo audacieux, la bouche encore couverte de miettes de pain au sucre ? Toutefois, ĂȘtre du cĂŽtĂ© de la victime plutĂŽt que celui du juge⊠Voire du coupable⊠En voilĂ une sensation satisfaisante !
 « Bon, je ne pense pas quâil soit profitable que de prolonger davantage cet entretienâŠÂ » Conclut le Roi. « JâespĂšre que cela vous servira de leçon : si cela se reproduit une fois de plus, je nâhĂ©siterai pas Ă en toucher deux mots Ă vos parents.
- Oh non ! PitiĂ©, Votâ MajestĂ©Â ! » SâĂ©criĂšrent les enfants. « On sâra sages, promis !
- Bien, mais attention Ă tenir votre engagement. » Regard chaleureux, autorisation silencieuse, mais auparavant⊠« Au fait, ne croyez-vous pas quâils vous reste quelque chose Ă faire ? »
      Devant leur air perdu, il soupira doucement et Ă©carta lâune de ses paumes en direction de lâĂliatrope qui tentait alors de sâappuyer doucement sur sa jambe engourdie. Le petit Sadida fut le premier Ă saisir la demande :
 « Oh-hey, hum, p-pardon Mâsieur lâĂ©tranger ! » Donnant un coup de coude Ă sa camarade.
« O-ouais, pardon⊠Pour tout çaâŠ
- On recommencera plus, jurĂ©Â ! » Un regard discret pour les fines croĂ»tes sanguinolentes. « JâespĂšre q-que je ne vous p-pas trop fait m-mal tout Ă lâheureâŠÂ »
      CâĂ©tait amusant, hilarant, pitoyable. Comme si ce marmot aurait pu venir Ă bout dâun ĂȘtre plurimillĂ©naire versĂ© dans les arts du Wakfu tel que lui ! Enfin⊠Cette chimĂšre Ă©tait bien plus proche de la rĂ©alitĂ© depuis quâil portait ce fichu collier ; il ne devrait peut-ĂȘtre pas sâavancer sur ses chances de rĂ©ussite aussi aveuglĂ©ment. Un sourire se voulant rassurant, mais le ton forcĂ©Â :
 « Jâai dĂ©jĂ vĂ©cu pire, ne tâen fais pas pour ça. »
      Lâespace dâun instant, il crut lire une certaine forme de surprise, dâinquiĂ©tude Ă©galement, dans ces iris ambrĂ©s, mais ces derniĂšres se dĂ©tournĂšrent bien vite pour rejoindre les pas effrĂ©nĂ©s de lâautre qui lâavait devancĂ©. Les enfants sâĂ©taient Ă©vanouis dans lâun des dĂ©dales noueux du palais, et une large main trouva sa place sur son Ă©paule.
 « Comment vous sentez-vous, Messire Qilby ? DĂ©sirez-vous que je vous accompagne, ou mĂȘme que jâenvoie chercher lâune de nos Eniripsas ?
- Hum ? Oh non, jeâŠÂ » Ce dĂ©vouement au bien-ĂȘtre de ses invitĂ©s ne cessait de lâĂ©tonner. Il sera sa perte. « ⊠Je vous remercie humblement pour votre intervention, Votre MajestĂ©, mais je pense pourvoir survivre Ă lâattaque de⊠Quelques mauvaises herbes.
- Vous savezâŠÂ » Son regard sâassombrit. « MĂȘme au jeune Ăąge de votre adversaire, un Sadida est capable de demander lâassistance de plantes vĂ©nĂ©neuses⊠Parfois mĂȘme mortelles. »
      Alors il semblerait que ce bon vieux suzerain ne soit pas aussi gĂąteux quâil ne lâavait songĂ©Â : il savait simplement mieux manier lâart de la diplomatie⊠Et par cela mĂȘme, celui de lâintimidation. Comme pour confirmer ses rĂ©flexions, un rire franc vint aussitĂŽt dissimuler les prĂ©cĂ©dentes menaces :
 « Enfin ! Estimons-nous heureux que le jeune Tyli nâai jamais Ă©tĂ© des plus assidus concernant cette branche de nos spĂ©cialisations !
- En effetâŠÂ » LĂ©ger rire nerveux. « Estimons-nous heureuxâŠÂ
- Qilby. » Le sĂ©rieux empreignant son nom ramena lâintĂ©ressĂ© au prĂ©sent⊠Il semblerait que le Roi souhaitait continuer Ă multiplier les facettes et masques. « Jâai vu ce que vous avez fait pour ces enfants, comment vous vous ĂȘtes jetĂ© pour rattraper la petite CiarelâŠ
- Je nây ai pas vraiment rĂ©flĂ©chi. » Tenta-t-il de rationnaliser.
« Et jâen ai parfaitement conscienceâŠÂ » Reprit le Roi. « Sachez que tous ici ont Ă©tĂ© avertis de vos mĂ©faits passĂ©s, y ont mĂȘme assistĂ© pour certains, et en tant que leur rĂ©gent, je me dois dâĂȘtre le plus vigilant. Ă ce titre, et pour vous avoir cĂŽtoyĂ© pendant plusieurs semaines, je vous sais assez intelligent pour ne pas tenter une initiative aussi simpliste que de regagner notre confiance ainsi.
- Je suis⊠honoré ? » Ironisa presque le scientifique.
« NĂ©anmoins, cela ne change en rien ce Ă quoi jâai assistĂ©. » Sourire, presque encourageant. « Vous nâavez pas rĂ©flĂ©chi Ă votre geste⊠Cela ne signifie pas quâil Ă©tait involontaire.
- Hum ? Que-âŠÂ ? » Mais il nâeut pas le temps de poursuivre.
« Dites-moi, simple curiosité de ma part, avez-vous trouvé à votre goût le thé servi au Grand Conseil lors de votre derniÚre visite ?
- JeâŠÂ ? » Finalement, ces passages incessants du Tofu Ă la Dragodinde questionnaient durablement ses jugements sur la prĂ©tendue sagesse de cette buche couronnĂ©e. Pris de court, il verbalisa la premiĂšre rĂ©ponse qui lui vint Ă lâesprit. « N-non, de souvenir, celui-ci Ă©tait amer et, hum⊠peu encourageant en bouche ? »
      Pendant de longues, bien trop longues secondes, il dut soutenir le regard analyste du Roi, qui finit cependant par relĂącher, tant physiquement que mentalement, son drĂŽle dâhĂŽte. AprĂšs lui avoir administrĂ© une « franche tape amicale » dans le dos (qui faillit, dâailleurs, bien renvoyer lâĂliatrope au sol), il sâĂ©loigna en le congĂ©diant par ces mots :
 « TrĂšs bien, sâil en est ainsi, alors je veillerai Ă ce que de nouveaux Ă©chantillons vous soient prĂ©sentĂ©s dâici peu ! Quitte Ă subir ce sĂ©jour, autant le rendre un brin plus agrĂ©able, ne pensez-vous donc pas ? » SâĂ©cartant, son imposante canne battant Ă nouveau lâĂ©corce. « En vous souhaitant une solide nuit de repos Messire Qilby : vous en aurez plus que besoin au regard de la route vous attendant demain !»
      Se redressant tout en massant dĂ©licatement ses vertĂšbres endoloris, le scientifique ne put quâobserver, abasourdi, la sortie particuliĂšrement insouciante de son interlocuteur. Quelque chose dans ses paroles tiraillait sa conscience. Une incohĂ©rence. Une question. Il balaya nĂ©anmoins lâĂ©vĂšnement, prĂ©fĂ©rant se retirer dans le calme de sa chambre pour rĂ©flĂ©chir aux plans du lendemain. Il y avait tant Ă prĂ©voir, Ă conserver secret, Ă anticiper⊠Sans cesse, Yugo et AdamaĂŻ revenaient sur le devant de la scĂšne⊠Lâombre de Phaeris veillant toujours. Quelles seraient leurs rĂ©actions Ă la dĂ©couverte de Zeden ? Pourrait-il enfin empĂȘcher la destruction de quelque chose qui lui tenait Ă cĆur ? Tout nâĂ©tait que poussiĂšre, il ne se berçait pas de faux espoirs: son havre de recherche, mais aussi de paix, finirait par devenir ce Ă quoi, ce et ceux, quâil cĂŽtoyait Ă©taient vouĂ©s⊠Un souvenir. Demain, il ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour le faire durer un peu plus longtemps. Il ne pouvait pas gagner face au nĂ©ant, mais il pouvait nĂ©gocier pour un jour, une heure, une minuteâŠ
 Tss, me voilĂ tombĂ© bien basâŠ
Fut une Ă©poque oĂč il mâaurait Ă©tĂ© possible dâen reconstruire
un sans mĂȘme y songerâŠ
      En effet, cela lui aurait Ă©tĂ© possible, un jeu dâenfant mĂȘme ! Toutefois, il nâosa pas se demander si, aujourdâhui, avec les moyens et son influence de jadis⊠Il en aurait Ă©tĂ© capable. En outre, Ă la nuit tombĂ©e, aprĂšs sâĂȘtre forcĂ© Ă avaler son bouillon clair accompagnĂ© dâun quignon de pain noir puis noyĂ© dans des draps qui nâaccueilleront jamais le sommeil rĂ©parateur pourtant tant dĂ©sirĂ©, une pensĂ©e finit par raviver ses prĂ©cĂ©dentes interrogations⊠Pour une raison Ă©trange, il nâarrivait pas Ă se souvenir du goĂ»t exact de ce fameux « thé » sur lequel le Roi lui avait demandĂ© son avis. AprĂšs quelques recherches rodĂ©es dans le rayonnage consacrĂ© Ă cette pĂ©riode, le constat le rendit perplexe : il nâavait pas bu de quelconque breuvage lors de cette sĂ©ance de Conseil ! Enfin, il sâagissait sĂ»rement dâune autre extravagance pour lui donner lâillusion quâil serait traitĂ© « le plus justement possible ». Mieux valait lâoublierâŠ
 .
.
.
 Haha⊠Oublier !
Fin du Chapitre 2
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43 ^^
43. what books did you grow up with?
hmm, i actually have a very good year-by-year overview of "selected works" from ages 9â14 in the form of my book report notebook for the national reading badge (you had to report 5 books to the school librarian (below is a selection); this was independent of the compulsory readings in the regular language classes), which i tend to keep at hand bc i love it bc it has my illustrations in it
so when i was 9, i read:
Hans Christian Andersen â The Wild Swans (De vilde svaner; Divji labodi)
Svetlana MakaroviÄ â Oka the Owl (Sovica Oka)
Holly Hobbie â Toot and Poodle: A Present for Toot (Rilko in Cvilko: Rilkov rojstni dan)
when i was 10:
Phillip Pullman â The Subtle Knife (Pretanjeni noĆŸ)
Thomas Brezina â The Dragon's Midnight Haunting(?) (Lindwurmspuk vor Mitternacht; Zmaj straĆĄi opolnoÄi)
Jules Verne â Journey to the Center of the Earth (Voyage au centre de la Terre; Potovanje v srediĆĄÄe Zemlje)
Georgia Byng â Molly Moon's Incredible Book of Hypnotism (Molly Moon in njena Äudovita knjiga o hipnozi)
when i was 11:
Harriet Beecher Stowe â Uncle Tom's Cabin (KoÄa strica Toma)
Jules Verne â Michael Strogoff (Michel Strogoff; Carski sel)
J. K. Rowling â Harry Potter and the Half-blood Prince (Harry Potter in polkrvni princ [sic])
when i was 12:
Cornelia Funke â The Thief Lord (Herr der Diebe; Kralj tatov)
Garth Nix â Sabriel
William Nicholson â The Wind Singer (Vetrna piĆĄÄal)
Maurice Druon â The Accursed Kings: The Royal Succession (Les Rois maudits : La Loi des mĂąles; Prekleti kralji: Zakon moĆĄkih)
when i was 13:
George R. R. Martin â A Song of Ice and Fire: A Game of Thrones (Pesem ledu in ognja: Igra prestolov)
Jonathan Stroud â The Amulet of Samarkand (Amulet iz Samarkanda)
Kate Mosse â Labyrinth (Labirint)
when i was 14:
Phillip K. Dick â Do Androids Dream of Electric Sheep? (Ali androidi sanjajo o elektriÄnih ovcah?)
Giovannino Guareschi â Don Camillo
Ildefonso Falcones â Cathedral of the Sea (La catedral del mar; Morska katedrala)
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Je viens de dĂ©couvrir en cherchant cette citation que Wikisource a de belles illustrations pour ce chapitre, âLâĂ©vĂȘque en prĂ©sence dâune lumiĂšre inconnueâ.
Allez, encore une citation :
Le conventionnel rouvrit les yeux. Une gravitĂ© oĂč il y avait de lâombre sâempreignit sur son visage.
â Monsieur lâĂ©vĂȘque, dit-il, avec une lenteur qui venait peut-ĂȘtre plus encore de la dignitĂ© de lâĂąme que de la dĂ©faillance des forces, jâai passĂ© ma vie dans la mĂ©ditation, lâĂ©tude et la contemplation. Jâavais soixante ans quand mon pays mâa appelĂ©, et mâa ordonnĂ© de me mĂȘler de ses affaires. Jâai obĂ©i. Il y avait des abus, je les ai combattus ; il y avait des tyrannies, je les ai dĂ©truites ; il y avait des droits et des principes, je les ai proclamĂ©s et confessĂ©s. Le territoire Ă©tait envahi, je lâai dĂ©fendu ; la France Ă©tait menacĂ©e, jâai offert ma poitrine. Je nâĂ©tais pas riche ; je suis pauvre. Jâai Ă©tĂ© lâun des maĂźtres de lâĂtat, les caves du TrĂ©sor Ă©taient encombrĂ©es dâespĂšces au point quâon Ă©tait forcĂ© dâĂ©tançonner les murs, prĂȘts Ă se fendre sous le poids de lâor et de lâargent ; je dĂźnais rue de lâArbre-Sec Ă vingt-deux sous par tĂȘte. Jâai secouru les opprimĂ©s, jâai soulagĂ© les souffrants. Jâai dĂ©chirĂ© la nappe de lâautel, câest vrai ; mais câĂ©tait pour panser les blessures de la patrie. Jâai toujours soutenu la marche en avant du genre humain vers la lumiĂšre, et jâai rĂ©sistĂ© quelquefois au progrĂšs sans pitiĂ©. Jâai, dans lâoccasion, protĂ©gĂ© mes propres adversaires, vous autres. Et il y a, Ă Peteghem en Flandre, Ă lâendroit mĂȘme oĂč les rois mĂ©rovingiens avaient leur palais dâĂ©tĂ©, un couvent dâurbanistes, lâabbaye de Sainte-Claire en Beaulieu, que jâai sauvĂ© en 1793. Jâai fait mon devoir selon mes forces et le bien que jâai pu. AprĂšs quoi jâai Ă©tĂ© chassĂ©, traquĂ©, poursuivi, persĂ©cutĂ©, noirci, raillĂ©, conspuĂ©, maudit, proscrit. Depuis bien des annĂ©es dĂ©jĂ , avec mes cheveux blancs, je  sens que beaucoup de gens se croient sur moi le droit de mĂ©pris, jâai pour la pauvre foule ignorante visage de damnĂ©, et jâaccepte, ne haĂŻssant personne, lâisolement de la haine. Maintenant, jâai quatre-vingt-six ans ; je vais mourir. Quâest-ce que vous venez me demander ?
â Votre bĂ©nĂ©diction, dit lâĂ©vĂȘque.
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Verset du jour et ses passages
Verset du jour et ses passages
Tu ne maudiras pas ce peuple, car il est béni. Nombres 22.12
Esdras 4.1-11
Interruption des travaux4 Les ennemis de Juda et de Benjamin apprirent que les Juifs issus de l'exil construisaient un temple en l'honneur de l'Eternel, le Dieu d'Israël.
2 Ils vinrent alors trouver Zorobabel et les chefs de famille pour leur dire: «Nous voulons construire avec vous. En effet, nous adorons votre Dieu, comme vous, et c'est Ă lui que nous offrons des sacrifices depuis l'Ă©poque oĂč Esar-Haddon, roi d'Assyrie, nous a fait monter ici.»
3 Mais Zorobabel, Josué et le reste des chefs de famille d'Israël leur répondirent: «Ce n'est pas ensemble que nous devons construire une maison pour notre Dieu; nous la construirons tout seuls à l'Eternel, le Dieu d'Israël, comme nous l'a ordonné le roi Cyrus, roi de Perse.»
4 Alors les populations du pays dĂ©couragĂšrent le peuple juif; elles l'intimidĂšrent pour l'empĂȘcher de construire
5 et elles soudoyĂšrent des conseillers pour faire Ă©chouer son entreprise. Ces manoeuvres durĂšrent toute la vie de Cyrus, roi de Perse, et jusqu'au rĂšgne de Darius sur la Perse.
6 Ainsi, sous le rÚgne d'Assuérus, au début de son rÚgne, ils écrivirent une accusation contre les habitants de Juda et de Jérusalem.
7 A l'époque d'ArtaxerxÚs aussi, Bishlam, Mithredath, Thabeel et le reste de ses associés écrivirent à ArtaxerxÚs, roi de Perse. La lettre était écrite en caractÚres araméens et formulée en araméen.
8 Rehum, le commandant, et Shimshaï, son secrétaire, écrivirent au roi ArtaxerxÚs la lettre suivante à propos de Jérusalem:
9 «Rehum, le commandant, Shimshaï, son secrétaire, et le reste de leurs associés, originaires de Din, d'Arpharsathac, de Tharpel, d'Apharas, d'Erec, de Babylone, de Suse, de Déha et d'Elam,
10 ainsi que les autres peuples que le grand et illustre Osnappar a exilés et installés dans la ville de Samarie et dans le reste de la région située à l'ouest de l'Euphrate, etc.»
11 Voici la copie de la lettre qu'ils envoyĂšrent au roi ArtaxerxĂšs:
«Tes serviteurs, les habitants de la région située à l'ouest de l'Euphrate, etc.
Nombres 22.1-14
Appel de Balak à Balaam22 Les Israélites partirent et campÚrent dans les plaines de Moab, de l'autre cÎté du Jourdain, vis-à -vis de Jéricho.
2 Balak, fils de Tsippor, vit tout ce qu'Israël avait fait aux Amoréens, 3 et Moab fut trÚs effrayé en face d'un peuple aussi nombreux, il fut saisi de terreur en face des Israélites. 4 Moab dit aux anciens de Madian: «Cette foule va dévorer tout ce qui nous entoure, comme le boeuf broute l'herbe des champs.» Balak, fils de Tsippor, était alors roi de Moab. 5 Il envoya des messagers trouver Balaam, fils de Beor, à Pethor sur l'Euphrate, dans le pays de ses compatriotes, afin de l'appeler et de lui dire: «Un peuple est sorti d'Egypte. Il couvre la surface du pays et il s'est installé vis-à -vis de moi.
6 Viens donc maudire ce peuple pour moi, car il est plus puissant que moi. Peut-ĂȘtre ainsi pourrai-je le battre et le chasser du pays car, je le sais, celui que tu bĂ©nis est bĂ©ni et celui que tu maudis est maudit.»
7 Les anciens de Moab et ceux de Madian partirent avec des cadeaux pour le devin. Ils arrivĂšrent chez Balaam et lui rapportĂšrent les paroles de Balak.
8 Balaam leur dit: «Passez la nuit ici et je vous donnerai réponse d'aprÚs ce que l'Eternel me dira.» Les chefs de Moab restÚrent donc chez Balaam. 9 Dieu vint trouver Balaam et dit: «Qui sont ces hommes que tu as chez toi?» 10 Balaam répondit à Dieu: «Balak, fils de Tsippor, le roi de Moab, les a envoyés me dire:
11 'Un peuple est sorti d'Egypte. Il couvre la surface du pays. Viens donc le maudire. Peut-ĂȘtre ainsi pourrai-je le combattre et le chasser.'» 12 Dieu dit Ă Balaam: «Tu ne les accompagneras pas, tu ne maudiras pas ce peuple, car il est bĂ©ni.» 13 Balaam se leva le lendemain matin et dit aux chefs de Balak: «Partez dans votre pays, car l'Eternel refuse de me laisser vous accompagner.»
14 Les chefs moabites se levÚrent, retournÚrent auprÚs de Balak et dirent: «Balaam a refusé de venir avec nous.»
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L'Ăvangile du dimanche 22 novembre 2020
FĂȘte du Christ-Roi de l'univers - Ez 34,11-12.15-17 /Ps 23(22),1-2abc.3-6 /1 Co 15,20-26.28 /Mt 25,31-46ĂzĂ©quiel a repris l'image antique des bergers pour qualifier les rois du peuple d'IsraĂ«l. Cette image du berger dit la prĂ©occupation de Dieu pour les faibles et les exclus, ceux et celles que les puissants ont maltraitĂ©s, rejetĂ©s, marginalisĂ©s. Nous fĂȘtons aujourd'hui le « Christ-Roi de l'univers ». La royautĂ© de JĂ©sus s'est manifestĂ©e dans le service du plus faible, qui est tĂ©moin de la fragilitĂ© de la vie. La description symbolique du jour du jugement dernier montre que ce jour se prĂ©pare au quotidien. « Cette scĂšne eschatologique doit toujours ĂȘtre appliquĂ©e Ă l'histoire de l'homme ; elle doit toujours ĂȘtre prise comme âmesure' des actes humains, comme un schĂ©ma essentiel d'examen de conscience pour chacun et pour tous. » (JP II). Chacun Ă notre mesure, nous pouvons faire ces gestes Ă©lĂ©mentaires de misĂ©ricorde qui touchent l'ĂȘtre humain dans son corps ou son esprit : nourrir l'affamĂ©, dĂ©saltĂ©rer l'assoiffĂ©, accueillir l'Ă©tranger, veiller le malade, visiter celui qui est en prison (physiquement ou psychologiquement).
Ăvangile de JĂ©sus-Christ selon saint Matthieu 25,31-46
En ce temps-lĂ , JĂ©sus disait Ă ses disciples : « Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siĂ©gera sur son trĂŽne de gloire. Toutes les nations seront rassemblĂ©es devant lui ; il sĂ©parera les hommes les uns des autres, comme le berger sĂ©pare les brebis des boucs : il placera les brebis Ă sa droite, et les boucs Ă gauche.Alors le Roi dira Ă ceux qui seront Ă sa droite : âVenez, les bĂ©nis de mon PĂšre, recevez en hĂ©ritage le Royaume prĂ©parĂ© pour vous depuis la fondation du monde.Car j'avais faim, et vous m'avez donnĂ© Ă manger ; j'avais soif, et vous m'avez donnĂ© Ă boire ; j'Ă©tais un Ă©tranger, et vous m'avez accueilli ; j'Ă©tais nu, et vous m'avez habillĂ© ; j'Ă©tais malade, et vous m'avez visitĂ© ; j'Ă©tais en prison, et vous ĂȘtes venus jusqu'Ă moi !âAlors les justes lui rĂ©pondront : âSeigneur, quand est-ce que nous t'avons vu⊠? tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? tu avais soif, et nous t'avons donnĂ© Ă boire ? tu Ă©tais un Ă©tranger, et nous t'avons accueilli ? tu Ă©tais nu, et nous t'avons habillĂ© ? tu Ă©tais malade ou en prison⊠Quand sommes-nous venus jusqu'Ă toi ?âEt le Roi leur rĂ©pondra : âAmen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait Ă l'un de ces plus petits de mes frĂšres, c'est Ă moi que vous l'avez fait.âAlors il dira Ă ceux qui seront Ă sa gauche : âAllez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu Ă©ternel prĂ©parĂ© pour le diable et ses anges.Car j'avais faim, et vous ne m'avez pas donnĂ© Ă manger ; j'avais soif, et vous ne m'avez pas donnĂ© Ă boire ; j'Ă©tais un Ă©tranger, et vous ne m'avez pas accueilli ; j'Ă©tais nu, et vous ne m'avez pas habillĂ© ; j'Ă©tais malade et en prison, et vous ne m'avez pas visitĂ©.âAlors ils rĂ©pondront, eux aussi : âSeigneur, quand t'avons-nous vu avoir faim, avoir soif, ĂȘtre nu, Ă©tranger, malade ou en prison, sans nous mettre Ă ton service ?âIl leur rĂ©pondra : âAmen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l'avez pas fait Ă l'un de ces plus petits, c'est Ă moi que vous ne l'avez pas fait.âEt ils s'en iront, ceux-ci au chĂątiment Ă©ternel, et les justes, Ă la vie Ă©ternelle. »Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Que ton rĂšgne vienne !Le Verbe est Roi, Roi du ciel et de la terre. Le Verbe vit et rĂšgne, en Dieu. Le Christ ne vit que lĂ oĂč il rĂšgne ; il est essentiellement Roi ; il vit en nous dans le degrĂ© oĂč il domine tout en nous, oĂč il rĂšgne sur nos facultĂ©s, oĂč il commande Ă notre activitĂ©.
Quand en nous tout vient de lui, c'est-Ă -dire quand nous ne pensons plus que comme lui, quand nous ne voulons plus que ce qu'il veut, quand nous n'agissons que selon son bon plaisir, nous soumettons tout nous-mĂȘme Ă ses pieds, alors il rĂšgne en nous. Tout ce qui est propre, personnel en nous, disparaĂźt pour faire place aux pensĂ©es, aux vouloirs du Verbe divin. Il faut que cette domination du Christ en nous soit complĂšte. Cent fois le jour, nous le demandons : « Que votre rĂšgne vienne ! » Oh ! Qu'il advienne, Seigneur, ce jour oĂč vous rĂ©gnerez entiĂšrement en moi ; oĂč aucun mobile propre ne gĂȘnera votre pouvoir en moi, oĂč je serai comme vous, entiĂšrement livrĂ© au PĂšre, oĂč aucune inspiration propre ne contristera en moi l'action de votre Esprit !
Ce jour-lĂ , nous aurons dĂ©posĂ© autant qu'il est en nous, nous aurons abaissĂ© de notre mieux notre personnalitĂ© propre devant le rĂšgne du Christ. Il sera vraiment pour nous tout en toutes choses (cf. 1 Co 15,28). Moralement, nous n'aurons plus rien de propre, tout lui appartiendra, tout lui sera soumis, tout lui sera donnĂ©.Source l'Ăvangile au quotidien
Voir en ligne : Dimanche dans la Ville
Illustration : Jardinier de Dieu
Illustration :Ă l'Ă©coute des Ă©vangiles
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satires, nicolas boileau (1701)
prĂ©face de lâauteur, 1701Â
"le public trouvera bon que je prenne congĂ© de lui dans les formes, et que je le remercie de la bontĂ© quâil a eue dâacheter tant de fois des ouvrages si peu dignes de son admiration. Je ne saurais attribuer un si heureux succĂšs quâau soin que jâai pris de me conformer toujours Ă ses sentiments, et dâattraper, autant quâil mâa Ă©tĂ© possible, son goĂ»t en toute chose.â
âUn ouvrage a beau ĂȘtre approuvĂ© dâun petit nombre de connaisseurs ; sâil nâest plein dâun certain agrĂ©ment et dâun certain sel propre Ă piquer le goĂ»t gĂ©nĂ©ral des hommes, il ne passera jamais pour un bon ouvrage.â
âQue si on me demande ce que câest que cet agrĂ©ment et ce sel, je rĂ©pondrai que câest un je ne sais quoi quâon peut beaucoup mieux sentir que dire. A mon avis, nĂ©anmoins, il consiste principalement Ă ne prĂ©senter au lecteur que des pensĂ©es vraies et des expressions justes. Lâesprit de lâhomme est naturellement plein dâun nombre infini dâidĂ©es confuses du Vrai, que souvent il nâentrevoit quâĂ demi ; et rien ne lui est plus agrĂ©able que lorsquâon lui offre quelquâune de ces idĂ©es bien Ă©claircie et mise dans un beau jour. Quâest-ce quâune pensĂ©e neuve, brillante, extraordinaire ? Ce nâest point, comme se le persuadent les ignorants, une pensĂ©e que personne nâa jamais eue, ni dĂ» avoir : câest au contraire une pensĂ©e qui a dĂ» venir Ă tout le monde, et que quelquâun sâavise le premier dâexprimer. Un bon mot nâest un bon mot quâen ce quâil dit une chose que chacun pensait, et quâil la dit dâune maniĂšre vive, fine et nouvelle.â
âPuis donc quâune pensĂ©e nâest belle quâen ce quâelle est vraie, et que lâeffet infaillible du Vrai, quand il est bien Ă©noncĂ©, câest de frapper les hommes, il sâensuit que ce qui ne frappe point les hommes nâest ni beau ni vrai, ou quâil est mal Ă©noncĂ©, et par consĂ©quent, un ouvrage qui nâest point goĂ»tĂ© du public est un trĂšs mĂ©chant ouvrage.â
âet il en arrive de ces ouvrages comme dâun morceau de bois quâon enfonce dans lâeau avec la main : il demeure au fond tant quâon lây retient ; mais bientĂŽt la main venant Ă se lasser, il se relĂšve et gagne le dessus.â
âmais en voilĂ assez, ce me semble, pour marquer au public ma reconnaissance et la haute idĂ©e que jâai de son goĂ»t et de ses jugements.â
âje ne suis point de ces auteurs fuyant la peine, qui ne se croient plus obligĂ©s de rien raccommoder Ă leurs Ă©crits, dĂšs quâils les ont une fois donnĂ©s au public.â
âUn ouvrage ne doit point paraĂźtre trop travaillĂ©, mais il ne saurait ĂȘtre trop travaillĂ© ; et câest souvent le travail mĂȘme, qui, en le polissant, lui donne cette facilitĂ© tant vantĂ©e qui charme le lecteur. Il y a bien de la diffĂ©rence entre des vers faciles, et des vers facilement faits.â
âCâest ordinairement la peine que sâest donnĂ©e un auteur Ă limer et perfectionner ses Ă©crits que le lecteur nâa point de peine en les lisant. Voiture, qui paraĂźt si aisĂ©, travaillait extrĂȘmement ses ouvrages.â
âJe nâai donc point de regret dâavoir encore employĂ© quelques-unes de mes veilles Ă rectifier mes Ă©crits dans cette nouvelle Ă©dition, qui est, pour ainsi dire, mon Ă©dition favorite : aussi y ai-je mis mon nom, que je mâĂ©tais abstenu de mettre Ă toutes les autres.â
âCâest donc au public Ă mâapprendre ce que je dois penser de cet ouvrage, ainsi que de plusieurs autres petites piĂšces de poĂ©sie quâon trouvera dans cette nouvelle Ă©dition, et quâon a mĂȘlĂ©es parmi les Ă©pigrammes qui y Ă©taient dĂ©jĂ . Ce sont toutes bagatelles, que jâai la plupart composĂ©es dans ma premiĂšre jeunesse, mais que jâai un peu rajustĂ©es, pour les rendre plus supportables au lecteur.â
mention dâun âdĂ©mĂȘlĂ© poĂ©tiqueâ avec Perrault
Il est bon que le lecteur soit averti dâune chose, câest quâen attaquant dans mes ouvrages les dĂ©fauts de plusieurs Ă©crivains de notre siĂšcle, je nâai pas prĂ©tendu pour cela ĂŽter Ă ces Ă©crivains le mĂ©rite et les bonnes qualitĂ©s quâils peuvent avoir dâailleurs.â
âAprĂšs cela, si on mâaccuse encore de mĂ©disance, je ne sais point de lecteur qui nâen doive aussi ĂȘtre accusĂ© [...] En effet, quâest-ce que mettre un ouvrage au jour ? Nâest-ce pas en quelque sorte dire au public : Jugez-moi ? Pourquoi donc trouver mauvais quâon nous juge ? Mais jâai mis tout ce raisonnement en rimes dans ma neuviĂšme satire, et il suffit dây renvoyer mes censeurs.â
le libraire au lecteur, 1666
âCes satires dont on fait part au public nâauraient jamais couru le hasard de lâimpression si lâon eĂ»t laissĂ© faire leur auteur. [...] Sa modestie lui persuadait que de les faire imprimer ce serait augmenter le nombre des mĂ©chants livres quâil blĂąme en tant de rencontres, et se rendre par-lĂ digne lui-mĂȘme en quelque façon dâavoir place dans ses satires.â
âEt il a cru enfin que, puisquâun ouvrage, tĂŽt ou tard, doit passer par les mains de lâimprimeur, il valait mieux subir le joug de bonne grĂące, et faire de lui-mĂȘme ce quâon avait dĂ©jĂ fait malgrĂ© lui.â
âMais en mĂȘme temps il mâa laissĂ© la charge de faire ses excuses aux auteurs qui pourront ĂȘtre choquĂ©s de la libertĂ© quâil sâest donnĂ©e de parler de leurs ouvrages, en quelques endroits de ses Ă©crits. Il les prie donc de considĂ©rer que le Parnasse fut de tout temps un pays de libertĂ© ; que le plus habile y est tous les jours exposĂ© Ă la censure du plus ignorant ; que le sentiment dâun seul homme ne fait point de loiâ
âEn un mot, il les supplie de faire rĂ©flexion que si leurs ouvrages sont mauvais, ils mĂ©ritent dâĂȘtre censurĂ©s, et que, sâils sont bons, tout ce quâon dira contre eux ne les fera pas trouver mauvais.â
âJâai charge encore dâavertir ceux qui voudront faire des Satires contre les Satires de ne point se cacher. [...] Quâils Ă©crivent donc librement : comme ils contribueront sans doute Ă rendre lâauteur plus illustre, ils feront le profit du libraire ; et cela me regarde. [...] je leur conseille dâattendre encore quelque temps, et de laisser mĂ»rir leur mauvaise humeur. On ne fait rien qui vaille dans la colĂšre. Vous avez beau vomir des insultes sales et odieuses : cela marque la bassesse de votre Ăąme, sans rabaisser la gloire de celui que vous attaquez ; et le lecteur qui est de sang-froid nâĂ©pouse point les sottes passions dâun rimeur emportĂ©.â
reproche Ă lâauteur âdâavoir pris ses pensĂ©es dans JuvĂ©nal et dans Horace. Mais, tout bien considĂ©rĂ©, il trouve lâobjection si honorable pour lui, quâil croirait se faire tort dây rĂ©pondre.âÂ
discours au roi
âEt qui seul, sans ministre, Ă lâexemple des dieux, / Soutiens tout par toi-mĂȘme, et vois tout par tes yeux, / GRAND ROI, si jusquâici par un trait de prudence, / Jâai demeurĂ© pour toi dans un humble silence, / Ce nâest pas que mon cĆur, vainement suspendu, / Balance pour mâoffrir un encens qui tâest dĂ» ; / Mais je sais peu louer ; et ma muse tremblante / Fuit dâun si grand fardeau la charge trop pesante, / Et, dans ce haut Ă©clat oĂč tu te viens offrir, / Touchant Ă tes lauriers, craindrait de les flĂ©trir.â
âCe nâest pas que ma plume, injuste et tĂ©mĂ©raire, / Veuille blĂąmer en eux le dessein de te plaireâ
âMoi donc, qui connais peu PhĂ©bus et ses douceurs, / Qui suis nouveau sevrĂ© sur le mont de neuf sĆurs, / Attendant que pour toi lâĂąge ait mĂ»ri ma muse, / Sur de moindres sujets je lâexerce et lâamuse.â
âMoi, la plume Ă la main, je gourmande les vices, / Et gardant pour moi-mĂȘme une juste rigueur / Je confie au papier les secrets de mon cĆur. / Ainsi, dĂšs quâune fois ma verve se rĂ©veille, / Comme on voit au printemps la diligente abeille / Qui du butin va composer son miel, / Des sottises du temps je compose mon fiel.â
âLe mal est quâen rimant, ma muse un peu lĂ©gĂšre / Nomme tout par son nom, et ne saurait rien taire. / Câest lĂ ce qui fait peur aux esprits de ce temps, / Qui, tout blancs au dehors, sont tout noirs au dedans. / Ils tremblent quâun censeur, que sa verve encourage / Ne vienne en ses Ă©crits dĂ©masquer leur visage, / Et, fouillant dans les mĆurs en toute libertĂ© / Nâaille du fond du puits tirer la vĂ©ritĂ©. / Tous ces gens Ă©perdus au seul nom de satire / Font dâabord le procĂšs Ă quiconque ose rire.â
âPour eux un tel ouvrage est un monstre odieuxâ
âChacun voit quâen effet la vĂ©ritĂ© les blesseâ
âLeur coeur qui se connaĂźt, et qui fuit la lumiĂšre, / Sâil se moque de Dieu, craint Tartuffe et MoliĂšre. / Mais pourquoi sur ce point sans raison mâĂ©carter ? / Grand Roi, câest mon dĂ©faut, je ne saurais flatterâ (65)
âMa muse toute en feu me prĂ©vient et te loue. / Mais bientĂŽt la raison arrivant au secours / Vient dâun si beau projet interrompre le cours, / Et me fait concevoir, quelque ardeur qui mâemporte, / Que je nâai ni le ton, ni la voix assez forte.â (66)
âComme un pilote en mer quâĂ©pouvante lâorage, / DĂšs que le bord paraĂźt, sans songer oĂč je suis, / Je me sauve Ă la nage et jâaborde oĂč je puis.â
Satire I
âDamon, ce grand auteur Ă la muse fertile / Amusa si longtemps la cour et la ville / [...] Las de perdre en rimant et sa peine et son bien, / Dâemprunter en tout lieu et de ne gagner rien, / Sans habit, sans argent, ne sachant plus que faire / Vient de sâenfuir, chargĂ© de sa seule misĂšre ; / Et bien loin des sergents, des clercs et du palais, / Va chercher un repos quâil ne trouva jamais.â
âLa colĂšre dans lâĂąme et le feu dans les yeux, / Il distilla sa rage en ses tristes adieux : / Puisquâen ce lieu, jadis aux Muses si commode, / Le mĂ©rite et lâesprit ne sont plus Ă la mode, / Quâun poĂšte, dit-il, sây voit maudit de Dieu, / Et quâici la vertu nâa plus ni feu ni lieu, / Allons du moins chercher quelque antre ou quelque roche / DâoĂč jamais ni lâhuissier ni le sergent nâapproche / [...] Mettons-nous Ă lâabri des injures du temps.â (67)
âMais moi, vivre Ă Paris ! Eh ! Quây viendrais-je y faire ? / Je ne sais ni tromper, ni feindre, ni mentir, / Et, quand je le pourrais, je nây puis consentir.â
âPour un si bas emploi, ma muse est trop altiĂšre / Je suis rustique et fier, et jâai lâĂąme grossiĂšre : / Je ne puis rien nommer si ce nâest par son nom. / Jâappelle un chat un chat et Rolet un fripon.â
âEt je suis Ă Paris triste, pauvre et reclus, / Ainsi quâun corps sans Ăąme, ou devenu perclus.â
âAinsi de la vertu la fortune se joueâ (68)
âIl est vrai que du roi la bontĂ© secourable / Jette enfin sur la muse un regard favorable / Et, rĂ©parant du sort lâaveuglement fatal / Va tirer dĂ©sormais PhĂ©bus de lâhĂŽpital. / On doit tout espĂ©rer dâun monarque si juste / Mais sans un MĂ©cĂ©nas, Ă quoi sert un Auguste ? / Qui voudra sâabaisser Ă me servir dâappui ? / Et puis, comment percer cette foule effroyable / De rimeurs affamĂ©s dont le nombre lâaccable ?â
âFaut-il donc aujourdâhui jouer un nouveau rĂŽle ? / Dois-je, las dâApollon, recourir Ă Bartole ?â
âEt, dans lâamas confus des chicanes Ă©normes / Ce qui fut blanc au fond rendu noir par les formesâ
âQuittons donc pour jamais une ville importune, / [...] OĂč tout me choque ; enfin, oĂč... Je nâose parler. / Et quel homme si froid ne serait plein de bile, / A lâaspect odieux des mĆurs de cette ville ? / Qui pourrait les souffrir ? et qui pour les blĂąmer, / MalgrĂ© muse et PhĂ©bus nâapprendrait Ă rimer ? / Non, non, sur ce sujet, pour Ă©crire avec grĂące, / Il ne faut point monter au sommet du Parnasse ; / Et, sans aller rĂȘver dans le double vallon, / La colĂšre suffit et vaut un Apollon.â
âTout beau, dira quelquâun, vous entrez en furie. / A quoi bon ces grands mots ? doucement je vous prieâ
âAinsi parle un esprit quâirrite la satireâ
âPour moi, quâen santĂ© mĂȘme un autre monde Ă©tonne, / Qui crois lâĂąme immortelle, et que câest Dieu qui tonne, / Il vaut mieux pour jamais me bannir de ce lieu. / Je me retire, donc. Adieu, Paris, adieu.â
Satire II (Ă M. de MoliĂšre)
âRare et fameux esprit, dont la fertile veine / Ignore en Ă©crivant le travail et la peine ; / Pour qui tient Apollon tous ses trĂ©sors ouverts, / Et qui sait Ă quel coin se marquent les bons vers / [...] Enseigne-moi, MoliĂšre, oĂč tu trouves la rime.â
âMais moi, quâun vain caprice, une bizarre humeur, / Pour mes pĂ©chĂ©s, je crois, fit devenir rimeur, / Dans ce rude mĂ©tier oĂč mon esprit se tue, / En vain, pour la trouver, je travaille et je sue. / Souvent jâai beau rĂȘver du matin jusquâau soir / Quand je veux dire blanc, la quinteuse dit noir.â
âEnfin, quoi que je fasse, ou que je veuille faire, / La bizarre toujours vient mâoffrir le contraire.â
âEt, maudissant vingt fois le dĂ©mon qui mâinspire, / Je fais mille serments de ne jamais Ă©crire. / Mais, quand jâai bien maudit Muses et PhĂ©bus, / Je la vois qui paraĂźt quand je nây pense plus / [...] Et de mes vains serments perdant le souvenir, / Jâattends de vers en vers quâelle daigne venir.â
âMais mon esprit, tremblant dans le choix de ses mots, / Nâen dira jamais un, sâil ne tombe Ă propos, / Et ne saurait souffrir quâune phrase insipide / Vienne Ă la fin dâun vers remplir la place vide ; / Ainsi, recommençant un ouvrage vingt fois, / Si jâĂ©cris quatre mots, jâen effacerai trois.â
âSans ce mĂ©tier fatal au repos de ma vie, / Mes jours, pleins de loisirs couleraient sans envie, / Je nâaurais quâĂ chanter, rire, boire dâautant, / Et, comme un gras chanoine, Ă mon aise et content, / Passer tranquillement, sans souci, sans affaire, / La nuit Ă bien dormir, et le jour Ă ne rien faire.â (73)
âTous les jours malgrĂ© moi, clouĂ© sur un ouvrage, / Retouchant un endroit, effaçant une page, / Enfin passant ma vie en ce triste mĂ©tier, / Jâenvie, en Ă©crivant, le sort de Pelletier.â
âUn sot, en Ă©crivant, fait tout avec plaisir. / Il nâa point en ses vers lâembarras de choisir ; / Et, toujours amoureux de ce quâil vient dâĂ©crire, / Ravi dâĂ©tonnement, en soi-mĂȘme il sâadmire. / Mais un esprit sublime en vain veut sâĂ©lever / A ce degrĂ© parfait quâil tĂąche de trouver ; / Et, toujours mĂ©content de ce quâil vient de faire, / Il plaĂźt Ă tout le monde, et ne saurait se plaire.â
âToi donc, qui vois les maux oĂč ma muse sâabĂźme, / De grĂące, enseigne-moi lâart de trouver la rime : / Ou, puisque enfin tes soins y seraient superflus, / MoliĂšre, enseigne-moi lâart de ne rimer plus.â
Satire IIIÂ
âAh ! de grĂące, un moment, souffrez que je respire / Je sors de chez un fat, qui, pour m'empoisonner, / Je pense, exprĂšs chez lui m'a forcĂ© de dĂźner.â
âMoliĂšre avec Tartuffe doit y jouer son rĂŽle / Et Lambert, qui plus est, mâa donnĂ© sa parole.â
âNous n'avons, m'a-t-il dit, ni Lambert ni MoliĂšre ; / Mais puisque je vous vois je me tiens trop content. / Vous ĂȘtes un brave homme ; entrez : on vous attend.â
âLe couvert Ă©tait mis dans ce lieu de plaisance / OĂč j'ai trouvĂ© d'abord, pour toute connaissance, / Deux nobles campagnards grands lecteurs de roman, / Qui m'ont dit tout Cyrus dans leurs longs compliments. / J'enrageais.â
âLes cheveux cependant me dressaient Ă la tĂȘte : / Car Mignot, câest tout dire, et dans le monde entier / Jamais empoisonneur ne sut mieux son mĂ©tier. / J'approuvais tout pourtant de la mine et du geste, / Pensant qu'au moins le vin dĂ»t rĂ©parer le reste. / [...] Et qui rouge et vermeil mais fade et douceureux / N'avait rien qu'un goĂ»t plat, et qu'un dĂ©boire affreux. / A peine ai-je senti cette liqueur traĂźtresse, / Que de ces vins mĂȘlĂ©s je reconnus l'adresse.â
âPoint de glace, bon Dieu ! Dans le fort de l'Ă©tĂ©Â ! / Au moins de juin ! Pour moi, j'Ă©tais si transportĂ©, / Que, donnant de fureur tout le festin au diable, / Je me suis vu vingt fois quitter la table ; / Et, dĂ»t-on m'appeler et fantasque et bourru, / J'allais sortir enfin quand le rĂŽt a paru.â
âAimez-vous la muscade ? On en a mis partout.â
âPour moi, j'aime surtout quand le poivre y domine : / J'en suis fourni, Dieu sait ! Et j'ai tout Pelletier / RoulĂ© dans mon office en cornets Ă papier. / A tous ces beaux discours j'Ă©tais comme une pierre / Ou comme la statue est au festin de Pierre / Et sans dire un seul mot, jâavalais au hasard...â
âLe vin au plus muet fournissant des paroles, / Chacun a dĂ©bitĂ© ses maximes frivoles, / RĂ©glĂ© les intĂ©rĂȘts de chaque potentat / CorrigĂ© la police, et rĂ©formĂ© lâĂtat...â
âDe propos en propos on a parlĂ© de vers. / LĂ , tous mes sots, enflĂ©s d'une nouvelle audace, / Ont jugĂ©s des auteurs en maĂźtres du Parnasse : / Mais notre hĂŽte surtout, pour la justesse et l'art, / Ălevait jusqu'au ciel ThĂ©ophile et Ronsardâ
***
âMais, tandis qu'Ă l'envi tout le monde y conspire, / J'ai gagnĂ© doucement la porte sans rien direâ
Satire IV (Ă M. lâabbĂ© Le Vayer)
âD'oĂč vient, cher Le Vayer, que l'homme le moins sage / Croit toujours avoir seul la sagesse en partage ?â > exemples du pĂ©dant, du galant, du bigot, du libertin
âEt combien la Neveu, devant son mariage, / A de fois au public vendu son p...â
âTous les hommes sont fous, et malgrĂ© tous leurs soins, / Ne diffĂšrent entre eux que du plus ou du moins. / Comme on voit qu'en un bois que cent routes sĂ©parent / Les voyageurs sans guide assez souvent s'Ă©garent / L'un Ă droit, l'autre Ă gauche, et, courant vainement, / La mĂȘme erreur les fait errer diversement : / Chacun suit dans le monde une route incertaine, / Selon que son erreur le joue et le promĂšne ; / Et tel y fait l'habile et nous traite de fous, / Qui sous le nom de sage est le plus fou de tous. / Mais, quoi que sur ce point la satire publie / Chacun veut en sagesse Ă©riger sa folie, / Et, se laissant rĂ©gler Ă son esprit tortu, / De ses propres dĂ©fauts se fait une vertu.â
âLe plus sage est celui qui ne pense point l'ĂȘtre ; / Qui, toujours pour un autre enclin vers la douceur, / Se regarde soi-mĂȘme en sĂ©vĂšre censeur, / Rend Ă tous ses dĂ©fauts une exacte justice, / Et fait sans se flatter le procĂšs Ă son vice.â
âSans mentir, l'avarice est une Ă©trange rage, / Dira cet autre fous non moins privĂ© de sens, / Qui jette, furieux, son bien Ă tout venantâ
âQui des deux en effet est le plus aveuglĂ©Â ? / L'un et l'autre, Ă mon sens, ont le cerveau troublĂ©.â
FrĂ©doc : âAttendant son destin d'un quatorze ou d'un sept / Voit sa vie ou sa mort sortir de son cornet.â
âChapelain veut rimer, et c'est lĂ sa folie.ïżœïżœ
âQue ferait-il, hĂ©las ! Si quelque audacieux / Allait pour son malheur lui dessiller les yeuxâ
exemples du bigot et du médecin
âle plus fou est souvent le plus satisfaitâ
Satire V (Ă Monsieur de marquis de Dangeau)
âMais je ne puis souffrir qu'un fat, dont la mollesse / N'a rien pour s'appuyer qu'une vaine noblesse, / Se pare insolemment du mĂ©rite d'autrui, / Et me vante un honneur qui ne vient pas de lui.â
âQue sert ce vain amas dâune inutile gloire / [...] Si, tout sorti qu'il est d'une source divine, / Son cĆur dĂ©ment en lui sa superbe origine, / Et n'ayant rien de grand qu'une sotte fiertĂ©, / S'endort dans une lĂąche et molle oisivetĂ©Â ?â
âPourquoi voulez-vous que, par un sot abus, / Chacun respecte en vous un honneur qui n'est plus ? / On ne m'Ă©blouit point d'une apparence vaine : / La vertu, d'un cĆur noble est la marque certaine. / Si vous ĂȘtes sorti de ces hĂ©ros fameux, / Montrez-nous cette ardeur qu'on vit briller en eux, / Ce zĂšle pour l'honneur, cette horreur pour le vice. / Respectez-vous les lois ? Fuyez-vous l'injustice ?â
âMais fussiez-vous issu d'Hercule en droite ligne, / Si vous ne faites voir qu'une basses indigne, / Ce long amas d'aĂŻeux que vous diffamez tous, / Sont autant de tĂ©moins qui parlent contre vous ; / Et tout ce grand Ă©clat de leur gloire ternie / Ne sert plus que de jour Ă votre ignominie.â
âEn vain, tout fier d'un sang que vous dĂ©shonorez, / Vous dormez Ă l'abri de ces noms rĂ©vĂ©rĂ©s ; / En vain vous vous couvrez des vertus de vos pĂšres, / Ce ne sont Ă mes yeux que de vaines chimĂšres ; / Je ne vois en vous qu'un lĂąche, un imposteur, / Un traĂźtre, un scĂ©lĂ©rat, un perfide, un menteur, / Un fou dont les accĂšs vont jusqu'Ă la furie, / Et d'un tronc fort illustre une branche pourrie.â
âJe m'emporte peut-ĂȘtre, et ma muse en fureur / Verse dans ses discours trop de fiel et d'aigreurâ
âQue maudit soit le jour oĂč cette vanitĂ© / Vint ici de nos mĆurs souiller la puretĂ©Â ! / Dans les temps bienheureux du monde en son enfance / [âŠ] Le mĂ©rite faisait la noblesse et les rois ; / Et, sans chercher l'appui d'une naissance illustre, / Un hĂ©ros de soi-mĂȘme empruntait tout son lustre. / Mais enfin par le temps le mĂ©rite avili / Vit l'honneur en roture, et le vice anobliâ
âChacun pour ses vertus n'offrit plus que des noms.â
âAlors, pour soutenir son rang et sa naissance, / Il fallut Ă©taler le luxe et la dĂ©pense ; / Il fallut habiter un superbe palais, / Faire par les couleurs distinguer ses valets / Et, traĂźnant en tous lieux de pompeux Ă©quipages, / Le duc et le marquis se reconnut aux pages.â
âSi tu veux te couvrir d'un Ă©clat lĂ©gitime, / Va par mille beaux faits mĂ©riter son estime ; / Sers un si noble maĂźtre ; et fais voir qu'ajd / Ton prince a des sujets qui sont dignes de lui.â
Satire VI
âQui frappe lâair, bon Dieu ! de ces lugubres cris ? / Est-ce donc pour veiller quâon se couche Ă Paris ? / Et quel fĂącheux dĂ©mon, durant des nuits entiĂšres / Rassemble ici les chats de toutes les gouttiĂšres ?â
âTout conspire Ă la fois Ă troubler mon repos, / Et je me plains ici du moindre de mes mauxâ
âLĂ , dâun enterrement la funĂšbre ordonnance / [...] LĂ , je trouve une croix de funeste prĂ©sage / [...] LĂ , sur une charrette une poutre branlanteâ
âOn nâentend que des cris poussĂ©s confusĂ©ment : / Dieu, pour sây faire ouĂŻr tonnerait vainement.â
âNe sachant plus tantĂŽt Ă quel saint me vouer, / Je me mets au hasard de me faire rouer. / Je saute vingt ruisseaux, jâesquive, je me pousse ; / GuĂ©naud sur son cheval en passant mâĂ©clabousse : / Et, nâosant plus paraĂźtre en lâĂ©tat oĂč je suis, / Sans songer oĂč je vais, je me sauve oĂč je puis. / Tandis que dans un coin en grondant je mâessuie, / Souvent pour mâachever, il survient une pluie : / On dirait que le ciel, qui se fond tout en eau, / Veuille inonder ces lieux dâun dĂ©luge nouveau.â
âMais en ma chambre Ă peine ai-je Ă©teint la lumiĂšre, / Quâil ne mâest plus permis de fermer la paupiĂšre.â
âJe fais pour reposer un effort inutile / Ce nâest quâĂ prix dâargent quâon dort en cette ville.â
âMais moi, grĂące au destin, qui nâai ni feu ni lieu, / Je me loge oĂč je puis, et comme il plaĂźt Ă Dieu.â
Satire VII
âMuse, changeons de style, et quittons la satire : / Câest un mĂ©chant mĂ©tier que celui de mĂ©dire / A lâauteur qui lâembrasse il est toujours fatal : / Le mal quâon dit dâautrui ne produit que du mal.â
âEt tel mot, pour avoir rĂ©joui le lecteur / A coĂ»tĂ© bien souvent des larmes Ă son auteur.â
âChacun dans ce miroir pense voir son visage : / Et tel, en vous lisant admire chaque trait, / Qui dans le fond de lâĂąme et vous craint et vous hait.â
âSâil faut rimer ici, rimons quelque louange ; / Et cherchons un hĂ©ros parmi cet univers, / Digne de notre encens et digne de nos vers.â
âJe pense ĂȘtre Ă la gĂȘne, et, pour un tel dessein, / La plume et le papier rĂ©sistent Ă ma main. / Mais, quand il faut railler, jâai ce que je souhaite.â
âCâest en vain quâau milieu de ma fureur extrĂȘme / Je me fais quelquefois des leçons Ă moi-mĂȘme ; / En vain je veux au moins faire grĂące Ă quelquâun : / Ma plume aurait regret dâen Ă©pargner aucunâ
âLe mĂ©rite pourtant mâest toujours prĂ©cieux : / Mais tout fat me dĂ©plaĂźt, et me blesse les yeux ; / Je le suis partout, comme un chien fait sa proie, / Et ne le sens jamais quâaussitĂŽt je nâaboie.â
âSouvent jâhabille en vers une maligne prose : / Câest par lĂ que je vaux, si je vaux quelque chose.â
âA Rome ou dans Paris, aux champs ou dans la ville, / DĂ»t ma muse par lĂ choquer tout lâunivers, / Riche, gueux, triste ou gai, je veux faire des vers. / Pauvre esprit, dira-t-on, que je plains ta folie ! / ModĂšre ces bouillons de ta mĂ©lancolie ; / Et garde quâun de ceux que tu penses blĂąmer / NâĂ©teigne dans ton sang cette ardeur de rimer.â
âEnfin, câest mon plaisir ; je veux me satisfaire. / Je ne puis bien parler, et ne saurais me taire ; / Et, dĂšs quâun mot plaisant vient luire Ă mon esprit / Je nâai point de repos quâil ne soit en Ă©crit : / Je ne rĂ©siste point au torrent qui mâentraĂźne.â
Satire VIII (Ă M. M***)
âLe plus sot animal, Ă mon avis, câest lâhomme.â
âCe discours te surprend, docteur, je lâaperçoi. / Lâhomme de la nature est le chef et le roi : / Bois, prĂ©s, champs, animaux, tout est pour son usage, / Et lui seul a, dis-tu, la raison en partage. / Il est vrai de tout temps, la raison fut son lot : / Mais de lĂ je conclus que lâhomme est le plus sot.â
âQuâest-ce que la sagesse ? une Ă©galitĂ© dâĂąme / Que rien ne peut troubler, quâaucun dĂ©sir nâenflammeâ
âOr cette Ă©galitĂ© dont se forme le sage / Qui jamais moins que lâhomme en a connu lâusage ?â (exemple de la fourmi)
âMais lâhomme, sans arrĂȘt dans sa course insensĂ©e, / Voltige incessamment de pensĂ©e en pensĂ©e : / Son coeur toujours flottant entre mille embarras, / Ne sait ni ce quâil veut, ni ce quâil ne veut pas. / Ce quâen un jour il abhorre, en lâautre il le souhaite.â
âVoilĂ lâhomme en effet. Il va du blanc au noir : / Il condamne au matin ses sentiments du soir : / Importun Ă tout autre, Ă soi-mĂȘme incommode, / Il change Ă tout moment dâesprit comme de mode : / Il tourne au moindre vent, il tombe au moindre choc / Aujourdâhui dans un casque et demain dans un froc.â
âDe tous les animaux, il est, dit-il le maĂźtre / - Qui pourrais le nier, poursuis-tu. - Moi, peut-ĂȘtre.â
âCe maĂźtre prĂ©tendu qui leur donne des lois [le lion] / Ce roi des animaux, combien a-t-il de rois ?â
âLâambition, lâamour, lâavarice ou la haine / Tiennent comme un forçat son esprit Ă la chaĂźne.â
âDebout, dit lâavarice, il est temps de marcher.â
â- Et pourquoi cette Ă©pargne enfin ? - Lâignores-tu ? / Afin quâun hĂ©ritier bien nourri, bien vĂȘtu, / Profitant dâun trĂ©sor en tes mains inutiles / De son train quelque jour embarasse la ville.â
âTout beau, dira quelquâun, raillez plus Ă propos ; / Ce vice fut toujours la vertu des hĂ©ros. / Quoi donc ? A votre avis, fut-ce un fou quâAlexandre ? / - Qui ? Cet Ă©cervelĂ© qui mit lâAsie en cendre ? [...] MaĂźtre du monde entier sây trouvait trop serrĂ© ! / LâenragĂ© quâil Ă©tait, nĂ© roi dâune province, / Quâil pouvait gouverner en bon et sage prince, / Sâen alla follement, et pensant ĂȘtre dieu, / Courir comme un bandit qui nâa ni feu ni lieu ; / Et traĂźnant avec soi les horreurs de la guerre, / De sa vaste folie emplir toute la terreâ
âEt voyons lâhomme enfin par lâendroit le plus beau. / Lui seul vivant, dit-on, dans lâenceinte des villes, / Fais voir dâhonnĂȘtes mĆurs, des coutumes civiles, / Se fait des gouverneurs, des magistrats, des rois, / Observe une police, obĂ©it Ă des lois.â
âVoit-on les loups brigands, comme nous inhumains / Pour dĂ©trousser les loups courir les grands chemins ?â
âLâours a-t-il dans les bois la guerre avec les ours ? / Le vautour dans les airs fond-il sur les vautours ?âÂ
âLâanimal le plus fier quâenfante la nature / Dans un autre animal respecte sa figure, / De sa rage avec lui modĂšre ses accĂšs, / Vit sans bruit, sans dĂ©bats, sans noise, sans procĂšs.â
âChacun lâun avec lâautre en toute sĂ»retĂ©, / Vit sous les pures lois de la simple Ă©quitĂ©, / Lâhomme seul, lâhomme seul, en sa fureur extrĂȘme, / Met un brutal honneur Ă sâĂ©gorger soi-mĂȘme. / CâĂ©tait peu que sa main conduite par lâenfer, / EĂ»t pĂ©tri le salpĂȘtre, eĂ»t aiguisĂ© le ferâ
âDoucement, diras-tu ! que sert de sâemporter ? / Lâhomme a ses passions, on nâen saurait douter ; / Il a comme la mer ses flots et ses caprices : / Mais ses moindres vertus balancent tous ses vices. / Nâest-ce pas lâhomme enfin dont lâart audacieux / Dans le tour dâun compas a mesurĂ© les cieux ? / Dont la vaste science, embrassant toute chose, a fouillĂ© la nature, en a percĂ© les causes ? / Les animaux ont-ils des universitĂ©s ? [...] Non, sans doute ; et jamais chez eux un mĂ©decin / Nâempoisonna les bois de son art assassin.â
âToi-mĂȘme rĂ©ponds-moi : Dans le siĂšcle oĂč nous sommes, / Est-ce au pied du savoir quâon mesure les hommes ?â
âQuicinque est riche est tout : sans sagesse il est sage / [...] Lâor mĂȘme Ă la laideur donne un teint de beautĂ© : / Mais tout devient affreux avec la pauvretĂ©.â
âEt que sert Ă Cotin la raison qui lui crie : / NâĂ©cris plus, guĂ©ris toi dâune vaine furie, / Si tous ces vains conseils, loin de la rĂ©primander, / Ne font quâaccroĂźtre en lui la fureur de rimer ?â
âUn Ăąne, pour le moins, instruit par la nature, / A lâinstinct qui le guide obĂ©it sans murmure, / Ne va point follement de sa bizarre voix / DĂ©fier aux chansons les oiseaux dans les bois : / Sans avoir la raison, il marche sur sa route. / Lâhomme seul, quâelle Ă©claire en plein jour, ne voit goutte ; / Et dans tout ce quâil fait nâa ni raison ni sens. / Tout lui plaĂźt et dĂ©plaĂźt, tout le choque et lâoblige ; / Sans raison il est gai, sans raison il sâaffligeâ
âNon, mais cent fois la bĂȘte a vu lâhomme hypocondre / Adorer le mĂ©tal que lui-mĂȘme fit fondreâ
âQuoi ! me prouverez-vous par ce discours profane / Que lâhomme, quâun docteur est au-dessous dâun Ăąne ?â
â- Oui, dâun Ăąne : et quâa-t-il qui nous excite Ă rire ? / Nous nous moquons de lui : mais sâil pouvait un jour, / Docteur, sur nos dĂ©fauts sâexprimer Ă son tour ; / Si pour nous rĂ©former, le ciel prudent et sage / De la parole lui permettait lâusage ; / Quâil pĂ»t dire tout haut ce quâil se dit tout bas ; / Ah ! docteur, entre nous, que ne dirait-il pas ?ïżœïżœïżœ
âOh ! que si lâĂąne alors, Ă bon droit misanthrope, / Pouvait trouver la voix quâil eut au temps dâEsope, / De tous cĂŽtĂ©s, docteur, voyant les hommes fous, / Quâil dirait de bon coeur, sans en ĂȘtre jaloux, / Content de ses chardons, et secouant la tĂȘte : / Ma foi, non plus que nous, lâhomme est une bĂȘte !â
Satire IXÂ
le libraire au lecteur
âLâauteur, aprĂšs avoir Ă©crit contre tous les hommes en gĂ©nĂ©ral, a cru quâil ne pouvait mieux finir quâen Ă©crivant contre lui-mĂȘme, et que câĂ©tait le plus beau champ de satire quâil pĂ»t trouver.â
âCâest donc Ă moi quâil a confiĂ© lâoriginal de sa piĂšce, et il lâa accompagnĂ© dâun petit discours en prose, oĂč il justifie, par lâautoritĂ© des poĂštes anciens et modernes, la libertĂ© quâil sâest donnĂ©e dans ses satires.â
Ă son esprit
â Assez et trop longtemps ma lĂąche complaisance /Â De vos jeux criminels a nourri lâinsolenceâ
â On croirait Ă vous voir dans vos libres caprices / Discourir en Caton des vertus et des vices, / DĂ©cider du mĂ©rite et du prix des auteurs, / Et faire impunĂ©ment la leçon aux docteurs, / QuâĂ©tant seul Ă couvert des traits de la satire / Vous avez tout pouvoir de parler et dâĂ©crire.â
âQui vous a pu souffler une si folle audace ? / PhĂ©bus a-t-il pour vous aplani le Parnasse ? / Et ne savez-vous pas que, sur ce mont sacrĂ©, / Qui ne vole au sommet tombe au plus bas degrĂ©, / Et quâĂ moins dâĂȘtre au rang dâHorace ou de Voiture, / On rampe dans la fange avec lâabbĂ© de Pure ?â
âLe plus sĂ»r est pour nous de garder le silence, / Un poĂšme insipide et sottement flatteur / DĂ©shonore Ă la fois le hĂ©ros et lâauteur ;â Â
âQue vous sert-il quâun jour lâavenir vous estime, / Si vos vers aujourdâhui vous tiennent lieu de crime, / Et ne produisent rien, pour fruits de leurs bons mots, / Que lâeffroi du public et la haine des sots ? / Quel dĂ©mon vous irrite, et vous porte Ă mĂ©dire ? / Un livre vous dĂ©plaĂźt : qui vous force Ă le lire ? / Laissez mourir un fat dans son obscuritĂ© : / Un auteur ne peut-il pourrir en sĂ»retĂ© ?â
âCe quâils font vous ennuie. Ă le plaisant dĂ©tour ! / Ils ont bien ennuyĂ© le roi, toute la cour, / Sans que le moindre Ă©dit ait, pour punir leur crime, / RetranchĂ© les auteurs, ou supprimĂ© la rime. / Ăcrive qui voudra. Chacun Ă ce mĂ©tier
Peut perdre impunĂ©ment de lâencre et du papier.â
âMais vous, qui raffinez sur les Ă©crits des autres. /Â De quel Ćil pensez-vous quâon regarde les vĂŽtres ? /Â Il nâest rien en ce temps Ă couvert de vos coups, / Mais savez-vous aussi comme on parle de vous ?â
âGardez-vous, dira lâun, de cet esprit critique. / On ne sait bien souvent quelle mouche le pique. /Â Mais câest un jeune fou qui se croit tout permis, / Et qui pour un bon mot va perdre vingt amis.â
âJâai peu lu ces auteurs, mais tout nâirait que mieux,
Quand de ces mĂ©disants lâengeance tout entiĂšre
Irait la tĂȘte en bas rimer dans la riviĂšre.
Voilà comme on vous traite : et le monde effrayé
Vous regarde dĂ©jĂ comme un homme noyĂ©.âÂ
Rien nâapaise un lecteur toujours tremblant dâeffroi,
Qui voit peindre en autrui ce quâil remarque en soi.
Vous ferez-vous toujours des affaires nouvelles ?
Et faudra-t-il sans cesse essuyer des querelles ?
Nâentendrai-je quâauteurs se plaindre et murmurer ?
JusquâĂ quand vos fureurs doivent-elles durer ?
RĂ©pondez, mon esprit : ce nâest plus raillerie :
Dites⊠Mais, direz-vous, pourquoi cette furie ?
Quoi ! pour un maigre auteur que je glose en passant,
Est-ce crime, aprĂšs tout, et si noir et si grand ?
Il nâest valet dâauteur, ni copiste Ă Paris,
Qui, la balance en main, ne pĂšse les Ă©crits.
DĂšs que lâimpression fait Ă©clore un poĂ«te,
Il est esclave-nĂ© de quiconque lâachĂšte :
Il se soumet lui-mĂȘme aux caprices dâautrui,
Et ses Ă©crits tout seuls doivent parler pour lui.
Un auteur à genoux, dans une humble préface,
Au lecteur quâil ennuie a beau demander grĂące ;
Il ne gagnera rien sur ce juge irrité,
Qui lui fait son procÚs de pleine autorité.
Et je serai le seul qui ne pourrai rien dire !
On sera ridicule, et je nâoserai rire !
Et quâont produit mes vers de si pernicieux,
Pour armer contre moi tant dâauteurs furieux ?
Loin de les décrier, je les ai fait paroßtre :
Et souvent, sans ces vers qui les ont fait connoĂźre,
Leur talent dans lâoubli demeureroit cachĂ©.
Et qui sauroit sans moi que Cotin a prĂȘchĂ© ?
La satire ne sert quâĂ rendre un fat illustre :
Câest une ombre au tableau, qui lui donne du lustre.
En blĂąmant ses Ă©crits, ai-je dâun style affreux
Distillé sur sa vie un venin dangereux ?
Ma muse en lâattaquant, charitable et discrĂšte,
Sait de lâhomme dâhonneur distinguer le poĂ«te.
En vain contre le Cid un ministre se ligue :
Tout Paris pour ChimĂšne a les yeux de Rodrigue.
LâAcadĂ©mie en corps[23] a beau le censurer :
Le public rĂ©voltĂ© sâobstine Ă lâadmirer.
Mais lorsque Chapelain met une Ćuvre en lumiĂšre,
Chaque lecteur dâabord lui devient un LiniĂšre[24].
En vain il a reçu lâencens de mille auteurs :
Son livre en paroissant dément tous ses flatteurs.
Ainsi, sans mâaccuser, quand tout Paris le joue,
Quâil sâen prenne Ă ses vers que PhĂ©bus dĂ©savoue ;
La satire, dit-on, est un métier funeste,
Qui plait Ă quelques gens, et choque tout le reste.
La satire, en leçons, en nouveautés fertile,
Sait seule assaisonner le plaisant et lâutile,
Et, dâun vers quâelle Ă©pure aux rayons du bon sens,
DĂ©tromper les esprits des erreurs de leur temps.
Elle seule, bravant lâorgueil et lâinjustice,
Va jusque sous le dais faire pĂąlir le vice ;
Et souvent sans rien craindre, Ă lâaide dâun bon mot,
Va venger la raison des attentats dâun sot.
Câest elle qui, mâouvrant le chemin quâil faut suivre,
Mâinspira dĂšs quinze ans la haine dâun sot livre ;
Et sur ce mont fameux, oĂč jâosai la chercher,
Fortifia mes pas et mâapprit Ă marcher.
Câest pour elle, en un mot, que jâai fait vĆu dâĂ©crire.
Toutefois, sâil le faut, je veux bien mâen dĂ©dire,
Et, pour calmer enfin tous ces flots dâennemis,
RĂ©parer en mes vers les maux quâils ont commis
Puisque vous le voulez, je vais changer de style.
Mais quoi ! répondrez-vous, Cotin nous peut-il nuire
Et par ses cris enfin que sauroit-il produire ?
Interdire Ă mes vers, dont peut-ĂȘtre il fait cas,
LâentrĂ©e aux pensions oĂč je ne prĂ©tends pas ?
Non, pour louer un roi que tout lâunivers loue,
Ma langue nâattend point que lâargent la dĂ©noue ;
Et, sans espérer rien de mes foibles écrits,
Lâhonneur de le louer mâest un trop digne prix :
On me verra toujours, sage dans mes caprices,
De ce mĂȘme pinceau dont jâai noirci les vices
Et peint du nom dâauteur tant de sots revĂȘtus,
Lui marquer mon respect, et tracer ses vertus.
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[ NouveautĂ©s Manga ] . . âȘïžThe Quintessential Quintuplets Tomes 1 et 2 âȘïžBlack Shadow Tome 1 âȘïžYuna de la Pension Yuragi Tome 13 âȘïžReal Girl Tome 9 âȘïžOur Little Secrets Tome 6 âȘïžAku Le Chasseur Maudit Tome 5 . ăThe Quintessential Quintupletsă G A L E R E S P U I S S A N C E 5 ! FĂ»tarĂŽ, un lycĂ©en brillant mais fauchĂ©, dĂ©croche un petit boulot de rĂȘve : professeur particulier pour une famille fortunĂ©e. Or, le garçon dĂ©chante lorsqu'il rĂ©alise que ce n'est pas un Ă©lĂšve qu'il va devoir gĂ©rer, mais des quintuplĂ©es aussi belle que cancres Ă souhait... Entre Ichika la dĂ©sordonnĂ©e, Nino la protectrice, Miku la rĂ©servĂ©e, Yotsuba la joviale et Itsuki la susceptible, FĂ»tarĂŽ va devoir prendre son courage Ă deux mains pour relever le dĂ©fi que reprĂ©sentent les sĆurs Nakano ! . ăBlack Shadowă IL EST LE FILS DU SOLEIL. IL SERA ROI DES OMBRES. Dans le royaume d'Avista, douze grands gĂ©nĂ©raux et Ă©minents sorciers assurent la sĂ©curitĂ© du peuple : les paladins. Junk est le fils de l'un d'entre eux, Jean Whatear, l'incarnation du soleil. Mais constamment Ă©clipsĂ© par ce pĂšre illustre auquel il est censĂ© succĂ©der, Junk peine Ă trouver sa place. Alors, le jour de la cĂ©rĂ©monie qui doit faire de lui un sorcier Ă son tour, le garçon se rebelle contre le destin ! Mais un Ă©vĂ©nement tragique pourrait bien le faire revenir sur sa dĂ©cision... . Disponible dans votre librairie â© @afkmanga â© . . @pika_edition #afkmanga #manga #anime #librairie #librairiemanga #librairienice #niceshopping #nicetourisme #nice06 #nicefrance #niceville #cannes #cannesfrance #cagnessurmer #saintlaurentduvar #antibes #menton #monaco #instamanga #instalibrary #thequintessentialquintuplets #blackshadow #yunadelapensionyuragi #realgirl #ourlittlesecrets #akulechasseurmaudit (Ă AFK Manga) https://www.instagram.com/p/B8LvS2and9H/?igshid=aprc7mgnihly
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ERREMENTARI (2017)
DĂ©barquant sur NETFLIX pour notre plus grand -et inattendu- plaisir, ce film enflammĂ© de Paul Urkijo fait honneur Ă lâancienne lĂ©gende basque Ă©ponyme, contant lâhistoire dâun forgeron ayant pactisĂ© avec le Diable: direction lâan 1835 pour lâĂ©tat de fait, et puis huit ans plus tard, oĂč lâhomme vit dĂ©sormais reclus dans sa forge, vĂ©ritable bastion fait de pointes de ferraille et de piĂšges Ă ours. Sâouvrant sur un gĂ©nĂ©rique infernal oĂč un conteur anonyme -pour le moment- nous relate le background fantastique de ERREMENTARI, on sâimprĂšgne immĂ©diatement de lâambiance dangereuse, avec ces gravures animĂ©es Ă la Gustave DorĂ© couleur braise: on ira mĂȘme jusquâĂ nous indiquer la direction de la porte des Enfers. TrĂšs honnĂȘte dans sa dĂ©marche, ERREMENTARI est joliment rĂ©alisĂ©, avec un rare Ă©quilibre des couleurs, en plus dâĂȘtre tournĂ© intĂ©gralement en basque: immersif, on a presque peur de voir poindre une erreur de mise en scĂšne, ou pire, une suggestion que le film mettra trop longtemps Ă mettre en lumiĂšre. Par chance, ERREMENTARI sâen sort grĂące Ă une rythmique scĂ©naristique irrĂ©prochable, et chaque dĂ©but de soupçon quant Ă lâintrigue sera rĂ©solu dans la seconde: en gros, si vous avez une hypothĂšse concernant lâhistoire, la rĂ©ponse se pointera sans attendre. ClassĂ© chez WikipĂ©dia comme comĂ©die horrifique/fantastique, on prĂ©fĂšre voir en ERREMENTARI un superbe effort cinĂ©matographique relevant le dĂ©fi dâadapter âsĂ©rieusementâ un conte ancien Ă lâĂ©cran: le dĂ©mon existe, aussi drĂŽle que menaçant, et est reprĂ©sentĂ© de maniĂšre photorĂ©aliste, identique aux illustrations de lâĂ©poque. Recelant plusieurs secrets et des scĂšnes icĂŽniques -en plus dâĂȘtre esthĂ©tiques-, ERREMENTARI est sans conteste la version la plus sĂ©rieuse de la dĂ©finition mĂȘme du terme âconteâ: leçon de morale, sacrifices, moments comiques/grotesques, et une peur de lâinconnu qui twiste en reveal complĂštement dingue. Quels sont ces cris atroces qui proviennent de la forge en ruine chaque nuit? De quoi est fait ce forgeron bourru, qui tape Ă mĂȘme le fer chaud avec ses mains? Le Diable est-il rĂ©ellement prisonnier de cet homme maudit, rĂ©putĂ© pour ĂȘtre plus cruel que le Roi des Enfers? Cette jeune orpheline martyrisĂ©e par la religion a-t-elle raison de se rapprocher du forgeron? Mixant une photographie Ă la THE PANâS LABYRINTH (2006) -les environnements, maquillages et dĂ©cors dĂ©taillĂ©s-, la terreur rĂ©elle dâun THE DEVILâS REJECTS (2005) -le forgeron armĂ© dâun bouclier fait maison et dâun masque qui sort de sa maison pour casser du reprĂ©sentant gouvernemental-, et lâaudace/le parti pris dâun THE WITCH (2015), ERREMENTARI se dĂ©marque par son contexte mĂ©connu au cinĂ©ma -les lĂ©gendes basques stylĂ©es-, et sa volontĂ© objective de conter, plus que de raconter, en montrant les Ă©vĂ©nements avec une Ă©vidence probante: mais attendez, câest pas fini! Une fois les twists et reveals de haute volĂ©e nous ayant accrochĂ©s totalement au visionnage, ERREMENTARI va loin, plus loin, que le long-mĂ©trage Ă lâatmosphĂšre dĂ©moniaque auquel on sâattendait: avec son long final osĂ© et rĂ©ussi, nous verrons la fin de cette aventure multi-thĂ©matique -bien que guidĂ©e principalement par les Enfers- sâachever dans lâantre des damnĂ©s, oĂč les serviteurs du Malin guident et harcĂšlent les Ăąmes condamnĂ©es. Une sacrĂ©e paire de couilles que vous avez, Monsieur Urkijo, que de conclure vĂŽtre long-mĂ©trage en Enfer! Et comme si ça ne suffisait pas, le jusquâau-boutisme du rĂ©alisateur ira jusquâĂ citer du Dante Alighieri, en plus de nous emporter dans les flammes infernales, lĂ oĂč il fait chaud et oĂč ça pique: matĂ©rialisation pure du premier -et meilleur- chapitre de la ComĂ©die Humaine du poĂšte italien, ERREMENTARI arrive Ă un niveau qualitatif osĂ©, avec sa plĂ©thore de bons points. Du langage basque disparu du village dâAlava reconstituĂ© Ă lâaide dâun linguiste, Ă lâaudace visuelle enjolivant cette solide lĂ©gende mythologique mĂ©connue, ERREMENTARI est une totale rĂ©ussite du genre, originale, dotĂ©e de ses propres codes et dâune narration en bĂ©ton armĂ©. 2018 nâest pas encore terminĂ©, que les âfilms de lâannĂ©eâ sâenchaĂźnent: et ERREMENTARI en fait Ă©videmment partie, câest certain.
PAYS BASQUE /20
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« DĂ©fense et illustration du genre humain » : un rapprochement par Thierry dâArmor
Lisant DĂ©fense et Illlustration du Genre Humain, je ne rĂ©siste pas Ă vous faire part dâune association dâidĂ©es qui mâest venue subitement Ă la lecture p. 244 derniĂšre ligne du deuxiĂšme alinĂ©a : « la vieille mĂȘme histoire »
En effet, ça mâa rappelĂ© le vers de Rimbaud dans Le Forgeron sur le thĂšme de la rĂ©volte, comme vous le savez sĂ»rement, celui du vers 39 :
â Mais VoilĂ , Câest toujours la mĂȘme vieille histoire »
⊠et de continuer : « Mais je sais maintenant ! Moi, je ne peux plus croire âŠÂ »
Jâavais envie de vous le partager. Un lien de cause Ă effet ?
 Le Forgeron
Arthur Rimbaud
Le bras sur un marteau gigantesque, effrayant
Dâivresse et de grandeur, le front large, riant
Comme un clairon dâairain, avec toute sa bouche,
Et prenant ce gros-lĂ dans son regard farouche,
Le Forgeron parlait Ă Louis Seize, un jour
Que le Peuple Ă©tait lĂ , se tordant tout autour,
Et sur les lambris dâor traĂźnait sa veste sale.
Or le bon roi, debout sur son ventre, Ă©tait pĂąle
PĂąle comme un vaincu quâon prend pour le gibet,
Et, soumis comme un chien, jamais ne regimbait
Car ce maraud de forge aux Ă©normes Ă©paules
Lui disait de vieux mots et des choses si drĂŽles,
Que cela lâempoignait au front, comme cela !
« Donc, Sire, tu sais bien , nous chantions tra la la
Et nous piquions les bĆufs vers les sillons des autres :
Le Chanoine au soleil disait ses patenĂŽtres
Sur des chapelets clairs grenĂ©s de piĂšces dâor
Le Seigneur, Ă cheval, passait, sonnant du cor
Et lâun avec la hart, lâautre avec la cravache
Nous fouaillaient â HĂ©bĂ©tĂ©s comme des yeux de vache,
Nos yeux ne pleuraient pas ; nous allions, nous allions,
Et quand nous avions mis le pays en sillons,
Quand nous avions laissé dans cette terre noire
Un peu de notre chair⊠nous avions un pourboire
Nous venions voir flamber nos taudis dans la nuit
Nos enfants y faisaient un gĂąteau fort bien cuit.
« Oh ! je ne me plains pas. Je te dis mes bĂȘtises,
Câest entre nous. Jâadmets que tu me contredises.
Or, nâest-ce pas joyeux de voir, au mois de juin
Dans les granges entrer des voitures de foin
Enormes ? De sentir lâodeur de ce qui pousse,
Des vergers quand il pleut un peu, de lâherbe rousse ?
De voir les champs de blé, les épis pleins de grain,
De penser que cela prĂ©pare bien du pain ?âŠ
Oui, lâon pourrait, plus fort , au fourneau qui sâallume,
Chanter joyeusement en martelant lâenclume,
Si lâon Ă©tait certain quâon pourrait prendre un peu,
Ătant homme, Ă la fin !, de ce que donne Dieu !
â Mais voilĂ , câest toujours la mĂȘme vieille histoire !
« Oh je sais, maintenant ! Moi, je ne peux plus croire,
Quand jâai deux bonnes mains, mon front et mon marteau
Quâun homme vienne lĂ , dague sous le manteau,
Et me dise : « Maraud, ensemence ma terre ! »
Que lâon arrive encor, quand ce serait la guerre,
Me prendre mon garçon comme cela, chez moi !
â Moi, je serais un homme, et toi, tu serais roi,
Tu me dirais : Je veux !.. â Tu vois bien, câest stupide.
Tu crois que jâaime Ă voir ta baraque splendide,
Tes officiers dorés, tes mille chenapans,
Tes palsembleu bùtards tournant comme des paons :
Ils ont rempli ton nid de lâodeur de nos filles
Et de petits billets pour nous mettre aux Bastilles
Et nous dirions : Câest bien : les pauvres Ă genoux !
Nous dorerions ton Louvre en donnant nos gros sous !
Et tu te soĂ»lerais, tu ferais belle fĂȘte.
â Et ces Messieurs riraient, les reins sur notre tĂȘte !
« Non. Ces saletés-là datent de nos papas !
Oh ! Le Peuple nâest plus une putain. Trois pas
Et, tous, nous avons mis ta Bastille en poussiĂšre
Cette bĂȘte suait du sang Ă chaque pierre
Et câĂ©tait dĂ©goĂ»tant, la Bastille debout
Avec ses murs lépreux qui nous rappelaient tout
Et, toujours, nous tenaient enfermés dans leur ombre !
â Citoyen ! citoyen ! câĂ©tait le passĂ© sombre
Qui croulait, qui rùlait, quand nous prßmes la tour !
Nous avions quelque chose au cĆur comme lâamour.
Nous avions embrassé nos fils sur nos poitrines.
Et, comme des chevaux, en soufflant des narines
Nous marchions, nous chantions, et ça nous battait lĂ âŠ.
Nous allions au soleil, front haut,-comme cela -,
Dans Paris accourant devant nos vestes sales.
Enfin ! Nous nous sentions Hommes ! Nous étions pùles,
Sire, nous étions soûls de terribles espoirs :
Et quand nous fûmes là , devant les donjons noirs,
Agitant nos clairons et nos feuilles de chĂȘne,
Les piques Ă la main ; nous nâeĂ»mes pas de haine,
â Nous nous sentions si forts, nous voulions ĂȘtre doux !
« Et depuis ce jour-là , nous sommes comme fous !
Le flot des ouvriers a monté dans la rue,
Et ces maudits sâen vont, foule toujours accrue
Comme des revenants, aux portes des richards.
Moi, je cours avec eux assommer les mouchards :
Et je vais dans Paris le marteau sur lâĂ©paule,
Farouche, Ă chaque coin balayant quelque drĂŽle,
Et, si tu me riais au nez, je te tuerais !
â Puis, tu dois y compter, tu te feras des frais
Avec tes avocats , qui prennent nos requĂȘtes
Pour se les renvoyer comme sur des raquettes
Et, tout bas, les malins ! Nous traitant de gros sots !
Pour mitonner des lois, ranger des de petits pots
Pleins de menus décrets , de méchantes droguailles
Sâamuser Ă couper proprement quelques tailles,
Puis se boucher le nez quand nous passons prĂšs dâeux,
â Ces chers avocassiers qui nous trouvent crasseux !
Pour débiter là -bas des milliers de sornettes !
Et ne rien redouter sinon les baĂŻonnettes,
Nous en avons assez, de tous ces cerveaux plats !
Ils embĂȘtent le peuple . Ah ! ce sont lĂ les plats
Que tu nous sers, bourgeois, quand nous sommes féroces,
Quand nous cassons déjà les sceptres et les crosses !.. »
Puis il le prend au bras, arrache le velours
Des rideaux, et lui montre en bas les larges cours
OĂč fourmille, oĂč fourmille, oĂč se lĂšve la foule,
La foule Ă©pouvantable avec des bruits de houle,
Hurlant comme une chienne, hurlant comme une mer,
Avec ses bĂątons forts et ses piques de fer,
Ses clameurs , ses grands cris de halles et de bouges,
Tas sombre de haillons taché de bonnets rouges !
LâHomme, par la fenĂȘtre ouverte, montre tout
Au R oi pĂąle , suant qui chancelle debout,
Malade à regarder cela !
« Câest la Crapule,
Sire. ça bave aux murs, ça roule , ça pullule âŠ
â Puisquâils ne mangent pas, Sire, ce sont les gueux !
Je suis un forgeron : ma femme est avec eux,
Folle ! Elle vient chercher du pain aux Tuileries !
â On ne veut pas de nous dans les boulangeries.
Jâai trois petits. Je suis crapule. â Je connais
Des vieilles qui sâen vont pleurant sous leurs bonnets
Parce quâon leur a pris leur garçon ou leur fille :
Câest la crapule. â Un homme Ă©tait Ă la bastille,
Dâautres Ă©taient forçats, câĂ©taient des citoyens
HonnĂȘtes. LibĂ©rĂ©s, ils sont comme des chiens :
On les insulte ! Alors, ils ont là quelque chose
Qui leur fait mal, allez ! Câest terrible, et câest cause
Que se sentant brisés, que, se sentant damnés,
Ils viennent maintenant hurler sous votre nez !
Crapule. â LĂ -dedans sont des filles, infĂąmes
Parce que, â vous saviez que câest faible, les femmes,
Messeigneurs de la cour, â que sa veut toujours bien,-
Vous avez sali leur ùme, comme rien !
Vos belles, aujourdâhui, sont lĂ . Câest la crapule.
« Oh ! tous les Malheureux, tous ceux dont le dos brûle
Sous le soleil féroce, et qui vont, et qui vont,
Et dans ce travail-lĂ sentent crever leur front
Chapeau bas, mes bourgeois ! Oh ! ceux-là , sont les Hommes !
Nous sommes Ouvriers, Sire ! Ouvriers ! Nous sommes
Pour les grands temps nouveaux oĂč lâon voudra savoir,
OĂč lâHomme forgera du matin jusquâau soir,
OĂč, lentement vainqueur, il chassera la chose
Poursuivant les grands buts, cherchant les grandes causes,
Et montera sur Tout, comme sur un cheval !
Oh ! nous sommes contents, nous aurons bien du mal,
Tout ce quâon ne sait pas, câest peut-ĂȘtre terrible :
Nous pendrons nos marteaux, nous passerons au crible
Tout ce que nous savons : puis, FrÚres, en avant !
Nous faisons quelquefois ce grand rĂȘve Ă©mouvant
De vivre simplement, ardemment, sans rien dire
De mauvais, travaillant sous lâauguste sourire
Dâune femme quâon aime avec un noble amour :
Et lâon travaillerait fiĂšrement tout le jour,
Ecoutant le devoir comme un clairon qui sonne :
Et lâon se trouverait fort heureux ; et personne
Oh ! personne, surtout, ne vous ferait plier !âŠ
On aurait un fusil au-dessus du foyerâŠ.
Oh ! mais lâair est tout plein dâune odeur de bataille !
Que te disais-je donc ? Je suis de la canaille !
Il reste des mouchards et des accapareurs.
Nous sommes libres, nous ! Nous avons des terreurs
OĂč nous nous sentons grands, oh ! si grands ! Tout Ă lâheure
Je parlais de devoir calme, dâune demeureâŠ
Regarde donc le ciel ! Câest trop petit pour nous,
Nous crÚverions de chaud, nous serions à genoux !
Regarde donc le ciel ! Je rentre dans la foule,
Dans la grande canaille effroyable, qui roule,
Sire, tes vieux canons sur les sales pavés :
Oh ! quand nous serons morts, nous les aurons lavés
Et si, devant nos cris, devant notre vengeance,
Les pattes des vieux rois mordorés, sur la France
Poussent leurs régiments en habits de gala,
Eh bien, nâest-ce pas, vous tous? Merde Ă ces chiens-lĂ Â !
Il reprit son marteau sur lâĂ©paule. La foule
PrĂšs de cet homme-lĂ se sentait lâĂąme saoule,
Et, dans la grande cour, dans les appartements,
OĂč Paris haletait avec des hurlements,
Un frisson secoua lâimmense populace.
Alors, de sa main large et superbe de crasse,
Bien que le roi ventru suat, le Forgeron,
Terrible, lui jeta le bonnet rouge au front !
Arthur Rimbaud, Poésies
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Nul n'osait toucher Ă la couronne maudite sur le siĂšge du roi sombre #montreal #mtl #quebec #canada #toronto #ontario #ink #illustrations #sketch #draw #drawing #doodle #dailysketch #vty_2017 #snapseed #instagramers #igersmontreal #igerscanada #torontolif
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Un nouvel article a été publié sur http://www.rollingstone.fr/le-dernier-vice-roi-des-indes-de-lautre-cote-de-lhistoire/
"Le Dernier Vice-Roi des Indes", de l'autre cÎté de l'histoire
Soixante-dix ans aprĂšs la partition des Indes et la fondation de la rĂ©publique du Pakistan, la rĂ©alisatrice Gurinder Chadha revient sur la genĂšse dâun des plus grands dĂ©placements de population de lâhistoire dans Le Dernier Vice-Roi des Indes. Rolling Stone lâa vu pour vous
Mars 1947. AprĂšs de longues tractations, lâempire britannique est sur le point dâaccorder son indĂ©pendance Ă la pĂ©ninsule indienne. Fraichement nommĂ© Vice-Roi des Indes, Lord Mountbatten (Hugh Bonneville) doit veiller Ă la bonne marche des opĂ©rations, mais face Ă des conflits religieux toujours plus virulents, il se voit contraint de prendre une dĂ©cision radicale : la partition des Indes et la crĂ©ation dâun Ă©tat musulman, le Pakistan.
Au mĂȘme moment, deux jeunes indiens (Manish Dayal et Huma Qyreshi) sont tiraillĂ©s entre lâamour quâils se portent et leur appartenance Ă deux communautĂ©s religieuses que tout oppose.
https://www.youtube.com/watch?v=oErybrt8DmY
Connue pour Joue-la comme Beckham (2002) et Coup de foudre à Bollywood (2004), Gurinder Chadha a consacré une grande partie de sa carriÚre à la représentation la plus juste (et la plus distrayante) possible des rapports complexes que peuvent entretenir britanniques et indiens.
Un plan large aprĂšs lâautre, la rĂ©alisatrice fait certes preuve de peu de fantaisie mais sublime avec Ă©lĂ©gance des dĂ©cors grandioses. De facture pour le moins formelle, Le Dernier Vice-Roi des Indes est indĂ©niablement calibrĂ© pour et par la BBC et mis Ă part son scĂ©nario, son intĂ©rĂȘt rĂ©side dans la performance de ses tĂȘtes dâaffiche. Si Hugh Bonneville est dâune justesse et dâune bonhommie peu surprenantes pour quiconque aurait dĂ©jĂ regarder Downtown Abbey, Gillian Anderson incarne avec brio la vice-reine Edwina dans toute son intelligence et sa force de caractĂšre.
Dans les coulisses de lâhistoire, les jeunes Jeet (Manish Dayal) et Aalia (Huma Qureshi) rayonnent en hĂ©ros maudits dâune romance contrariĂ©e. Ils forment un couple si charmant â et surtout si crĂ©dible â quâils en viendraient presque Ă Ă©clipser leurs illustres partenaires.
Avec Le Dernier-Vice Roi des Indes, Gurinder Chadha laisse la comĂ©die sociale derriĂšre elle pour se consacrer Ă un sujet dâune toute autre envergure. Petite-fille dâune dĂ©placĂ©e ayant fuit le Pakistan pour le Kenya, elle traite avec un profond respect lâun des Ă©vĂšnements les plus dramatiques de lâhistoire de lâempire britannique et prouve avec talent que lâhistoire ne se borne pas Ă ce que les vainqueurs peuvent en dire.
« Nous diviser sur la base de la religion est folie, » dĂ©clare le personnage de Gandhi (Neeraj Kabi) Ă Lord Mountbatten lors de lâune de leurs rencontres, touchant du doigt un Ă©pineux problĂšme ĂŽ combien actuel. A bon entendeur.
Par Jessica Saval
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Impossible de ne pas sâintĂ©resser Ă Â ce livre ! Sa couverture vous appelle de toutes ses forces et croyez-moi, dĂšs que vous lâaurez entre les mains, vous ne pourrez pas repartir sans.
:star:Â HĂ©ros, princes et chevaliers de Joseph Vernot
Album : 128 pages
Tranche dâĂąges : 9 annĂ©es et plus
Editeur : Marmaille et compagnie
Date de sortie : 30 novembre 2016
Collection : SortilĂšge
Langue : Français
ISBN-10 : 2367730865
ISBN-13 : 978-2367730868
Prix Ă©diteur : 20âŹ
Disponible sur liseuse : NON
Acheter ce livre sur le site de lâĂ©diteur
De quoi ça parle ?
Quâils soient sous une armure de fer ou un pourpoint, un casque dâinvisibilitĂ© ou un simple heaume, les chevaliers partagent toutefois la mĂȘme vertu, nichĂ©e en leur cĆur : celle de la noblesse et de la bravoure. De PersĂ©e Ă Beowulf en passant par Arthur et ses Chevaliers de la Table Ronde, leurs quĂȘtes leur font souvent suivre les traces de dragons et autres crĂ©atures funestes. Mais bien souvent, c âest en eux que se dissimule le vĂ©ritable ennemi. Et nous, lecteurs en proie Ă nos propres luttes intĂ©rieures, de nous voir reflĂ©tĂ©s dans leurs cottes de mailles et leurs boucliers Ă©tincelantsâŠ
:star: Mon avis :
Comme dit plus haut, ce livre est juste magnifique. VoilĂ un album qui ravira autant les parents que les enfants. Quel meilleur moyen dâailleurs pour leur faire dĂ©couvrir les contes et lĂ©gendes dâautrefois ?
Ce livre sert dâĂ©crin Ă des histoires intemporelles qui passent le temps, mais ne se dĂ©modent pas ou si peu. On retrouve les codes de la chevalerie avec des rĂ©cits comme ceux sur les chevaliers de la table ronde avec des encarts sur les diffĂ©rents grands protagonistes connus comme Lancelot, Perceval le Gallois, Gauvain et bien sĂ»r celle du roi Arthur. Mais ce nâest pas tout ! Il y a aussi des rĂ©cits divers et variĂ©s (mythologie grecque et nordique), sur le mythe de PersĂ©e, lâhistoire de Sigurd et lâanneau maudit sans oublier des titres qui ne vous seront pas inconnus pour les avoir (sans doute) Ă©tudiĂ©s en classe, comme la chanson de Roland par exemple qui sert ici dâintroduction au livre. Car oui, les histoires contĂ©es par les bardes, mĂȘme si enjolivĂ©es, relataient bien souvent des faits rĂ©elsâŠ
Un livre qui donne envie de se replonger dans les contes et lĂ©gendes dâautrefois !
Je rassure tout le monde, les textes sont accessibles dĂšs 9/10 ans. Ils sont simples clairs et vont dans le vif du sujet. Le but ici est de faire dĂ©couvrir et de donner envie dâen apprendre plus. Le style de la narration ainsi que les magnifiques illustrations qui agrĂ©mentent ce recueil ne vous donneront quâune envie : plonger dedans !
VoilĂ un livre Ă offrir ou se faire offrir Ă nâimporte quel moment de lâannĂ©e. HĂ©ros, Princes & Chevaliers de Joseph Vernot est une vĂ©ritable petite pĂ©pite que lâon a envie de dĂ©vorer tout en y faisant trĂšs attention. Les illustrations et dĂ©corations de lâintĂ©rieur du livre rappellent aussi les enluminures Ă lâĂ©poque des moines.
Souvenez-vous, les livres dâalors Ă©taient uniques et travaillĂ©s avec un soin incroyable. Câest exactement ce que je ressens avec ce recueil.
A possĂ©der dâurgence pour qui aime les beaux livres et les belles histoires <3 !
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 [Chronique beaux livres - Artemissia] Je suis tombĂ©e en amour avec HĂ©ros, princes et chevaliers de Joseph Vernot. Ce recueil est juste une immense pĂ©pite Impossible de ne pas s'intĂ©resser Ă Â ce livre ! Sa couverture vous appelle de toutes ses forcesâŠ
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