Tumgik
#avis et commentaires
bookinette · 7 months
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norellenilia · 4 months
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Bonjour ! C'est le Mois des Fiertés ! 🌈 Est-ce que je vous ai déjà parlé de la fois où j'ai été accusée de propagande LGBT par une admin de Beemoov ? :'D
Bon je grossis le trait mais pas tant que ça, j'y ai juste repensé l'autre fois et ça m'a énervée :')
Disclaimer, c'était il y a 7 ans maintenant, début 2017, et je ne suis même pas sûre que l'admin en question travaille encore à Beemoov depuis le temps, donc bon.
C'était sur Ma Bimbo, car oui mon aventure avec Beemoov a commencé avec ce site, quasiment 5 ans avant Eldarya :') Bref, après 2013, traumatisée que j'étais (littéralement) par la manif pour tous, j'avais commencé à recenser les "arguments" homophobes que j'entendais le plus, et dans un texte, je les démontais un à un, et j'avais publié ce texte dans mon profil de Ma Bimbo, parce que c'était un site que je fréquentais beaucoup à l'époque, j'avais pas de blog ou de réseau social, bref, j'avais besoin d'un endroit où mettre ça, et ma description était déjà bien complète, un peu plus un peu moins, hein x)
Le temps passe et régulièrement je recevais des messages de gens qui me disaient "omg j'adore ta description, merci pour ce texte c'est hyper important" etc. Ca fait chaud au cœur et je me dis toujours que c'est important qu'en effet les gens aient ce son de cloche, qu'il faut jamais laisser des propos homophobes (ou autre hein mais c'était pas le sujet) sans réponse, sans rien pour contrebalancer. Tout allait très bien, je faisais ma vie sans m'en soucier plus que ça.
Puis un jour, je reçois un MP d'une pote qui disait texto : "Tu as vu ta description ??" Avec un screen de mon profil où tout ce qui restait de ma description c'était un "EDIT MODO" en très gros suivi d'un message dont j'ai oublié le contenu, ça devait dire que je respectais pas les règles du site ou jsp.
Et effectivement, y'avait PLUS RIEN. L'edit modo était tout ce qui restait de mon profil travaillé avec soin, j'avais même fait des petites bannières pour séparer les catégories, avec des chibis dessinés à la main et tout, j'étais dégoûtée, et bien sûr complètement interloquée.
Je m'en vais trouver une modo en ligne, je lui explique la situation, elle me donne alors le nom de la modo qui avait été chargée de l'affaire. Je contacte donc la modo en question, et elle me dit qu'une bimbo avait apparemment signalé ma description pour contenu inapproprié ou un truc du genre, et je comprends pas ce qui a bien pu justifier ça. La modo me dit alors... Que c'est parce que j'ai parlé de sexualité.
J'ai fait ça, moi ???
Le seul truc que je concède, c'est une citation de l'article Wikipédia sur la sexualité animale, que voici (peut-être que l'article a été modifié depuis, mais la citation c'était peu ou prou ces mots-là) : La sexualité animale ne se limite pas toujours à des rapports monosexuels ou hétérosexuels à intention reproductive. Ainsi, les comportements sexuels animaliers peuvent avoir différents objets et revêtir de multiples formes. Les spécialistes ont noté divers comportements analogues aux comportements humains non reproductifs comme la masturbation, ou d'autres qui pourraient évoquer de l'homosexualité, bisexualité.
Je dis à la modo qu'à part ça je vois rien, plusieurs fois elle me dit "mais tu te rends bien compte qu'il y a pas le droit de parler de sexualité ?" Je lui dis que oui et que c'est pour ça que j'en ai pas parlé mdrrr, que si c'est à cause du mot "masturbation" je veux sincèrement bien l'entendre (y'avait pas encore l'interdiction de la plateforme Beemoov aux moins de 16 ans, du coup les modos s'en donnaient à coeur joie pour pousser des cris d'orfraie quand quelqu'un disait des trucs comme "je lui fous de l'eau dessus pour la rafraîchir" car "foutre" c'est vulgaire :') ), mais quand bien même, pourquoi TOUTE ma description a-t-elle été effacée ? Pourquoi le passage concerné seul n'a-t-il pas été édité ? Pourquoi n'ai-je été prévenue à AUCUN moment de la procédure ?? J'aurais pu recevoir un MP m'avertissant du propos à retirer, ou quitte à tout retirer, m'envoyer un MP en m'expliquant pourquoi ça a été fait ? (En y repensant, je ne sais même pas combien de temps s'est écoulé entre l'effacement et le message de ma pote...)
Et là, la modo finit par m'expliquer un truc... Je me souviens plus du délire exact parce que malheureusement j'ai pas conservé les MP, mais en gros la modo a demandé son avis à l'admin sur la démarche à effectuer, et l'admin lui aurait dit de tout effacer parce que je parlais de sexualité et qu'une partie de mon profil pouvait être assimilé à de la propagande et que ce n'était pas un lieu pour parler de ce genre de trucs.
(Je tiens également à faire remarquer que la modo aura jusqu'au bout été incapable de me dire ce qui m'avait valu d'être accusée de parler de sexualité sur mon profil exactement, tout simplement parce qu'elle l'a supprimé sans se poser de questions après la directive de l'admin et n'a donc jamais vraiment lu ce qui était écrit.)
J'ai voulu écrire à l'admin pour avoir des explications parce que je trouvais (et trouve toujours) ça hyper grave de parler de "propagande" pour un texte qui avait pour but de remettre les points sur les i par rapport à des postures fausses, dégradantes et discriminatoires, mais ses MP étaient fermés. La modo m'a proposé de revoir mon texte avec moi pour le soumettre à l'admin et pouvoir le remettre dans ma description, mais je ne l'ai jamais fait. J'étais trop dégoûtée et je n'avais pas envie de devoir me censurer pour une personne qui pensait que de toute façon, le concept même de ce texte était de la "propagande".
Et entre nous je pense que j'aurais perdu mon temps parce que la suite a montré que, sur beaucoup de sujets, la discussion n'était pas très possible avec cette personne, que ce soit sur MB ou sur un autre jeu Beemoov sur lequel elle avait travaillé mdr 🙄
Enfin voilà c'était mon aventure. Ca me fait doucement rigoler avec la politique de pinkwashing que Beemoov a fini par adopter :')
(Et t'façon ma description -que j'avais refaite en entier juste sans le texte de propagande lol- n'existe plus, je viens de revérifier y'a plus rien, mais je pense qu'il y a eu des bugs parce que j'arrive même pas à modifier, le lien ne semble pas marcher mdr, du coup c'est foutu pour de bon vu que le site est à l'abandon comme Eldarya.)
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rown-cheese · 9 months
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Mes lectures de 2024! ✧⁠◝⁠(⁠⁰⁠▿⁠⁰⁠)⁠◜⁠✧
Quelque chose que j'ai très fort envie de faire pour la nouvelle année, c'est répertorier toutes mes lectures que je ferai cette année (romans, BDs, etc...)! Rien qu'aujourd'hui, j'ai pu lire deux petites BDs et finir un tout petit roman (je n'aurai pas tout le temps ce rythme) mais il est tard, ahah, alors je pense que j'en parlerai demain, parce que ça me permettra de faire tout ça correctement, eheh
Je ne sais pas trop comment parler de mes lectures pour l'année à venir alors si vous avez un conseil, je prends, mais je vais au moins faire mes présentations comme ceci:
Nom du livre et de l'auteurice
Photo du livre
Résumé du livre avec mes mots à moi
Prévention sur les CW/TW potentiels qui m'ont marqué, et si le livre prend la peine de nous prévenir pour ça
Commentaire personnel sur le livre et à quel point je l'ai aimé ou non, et si je le recommande ou non
Aussi! Je me suis mis pour objectif de lire 35 livres cette année, donc un rythme de 2-3 livres par mois alors voyons si j'y arrive!
Et puis, si vous voulez me conseiller un livre, faites donc mais je ne confirme en rien de si/quand je vais l'acheter et de quand je le lirai, ahah :'))
J'espère que je pourrai réussir à vous intéresser avec ma future liste, et peut-être même que je vous donnerai envie de découvrir certains d'entre eux!
(je ne crois pas avoir le savoir infini, bien sûr, et ce n'est pas parce que j'ai un avis sur un livre qu'il est universel, vous pouvez ne pas être d'accord, bien sûr)
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lerefugedeluza · 2 days
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🌎 Nouvelle vidéo 🌍
Une vidéo toute simple où je vous fais part de mes réflexions sur le voyage. Dans un monde où, notamment sur les réseaux sociaux, on nous incite sans arrêt à faire nos valises et à partir à l'aventure, je me demande "mais finalement, à quoi bon voyager ?"
Que vous soyez de grands voyageurs ou que vous ayez le voyage en horreur, n'hésitez pas à venir me partager votre avis en commentaire.
Des bisous & passez un bon week-end !
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oompahmuzik · 15 days
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🎶 Bienvenue sur mon blog musical ! 🎶
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Je me présente : Benjamin, je parle de musique sur internet et j'ouvre ce Tumblr pour vous partager mes artistes et mes groupes préférés du moment 😍
N'hésitez pas à me donner vos recos en commentaire et donner votre avis !
Enjoy ✌️
xoxo
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frenchlitclub · 5 months
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Voici les résultats pour notre première lecture de fin avril !
Le groupe 1 avancé a voté pour lire Mémoires d'un Éléphant Blanc de Judith Gautier !
Disponible ici: https://fr.wikisource.org/wiki/Mémoires_d’un_Éléphant_blanc
Le groupe 2 débutant a voté pour lire L'étranger d'Albert Camus !
À lire ici
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Si vous voulez partagez vos réactions, commentaires, avis, sur Tumblr, vous pouvez utiliser le tag #lectureavril24 et mentionner le blog si vous voulez que je reblog vos posts !
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sh0esuke · 10 months
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" Love Spell "
𝗠𝗲𝘁 𝗲𝗻 𝘀𝗰𝗲̀𝗻𝗲 : Astarion
𝗥𝗲́𝘀𝘂𝗺𝗲́ : Tav et ses compagnons se retrouvent autour d'un feu de camp, histoire de discuter, malheureusement pour l'héroïne, elle ne tarde pas à devenir le centre d'intérêt de tous, avec comme sujet principal : son affection pour l'elfe vampirique Astarion.
𝗔𝘃𝗲𝗿𝘁𝗶𝘀𝘀𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 : morsure, description de sang, référence à la fornication
ENG : PLEASE DO NOT STEAL MY WORKS. If you want to translate it, ask me first then we can talk about it. If you want to find me on Wattpad or AO3, my accounts are in my bio, these are the ONLY ONES i have. FR : MERCI DE NE PAS VOLER MES OS. Si vous avez envie de les traduire, merci de me demander la permission avant. Si vous voulez me retrouver sur Wattpad ou AO3, j'ai des liens dans ma bio, ce sont mes SEULS comptes.
𝙽𝚘𝚖𝚋𝚛𝚎 𝚍𝚎 𝚖𝚘𝚝𝚜 : 𝟕,𝟔𝟑𝟕.
Commentaires, likes et reblogues super appréciés. Tout type de soutien l'est, merci beaucoup !! <33
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« Qu'il est bon d'enfin se poser. » s'extasia Gayle. « J'ai bien cru que cette journée ne se finirait jamais ! »
Regroupés autour du feu de camp, Gayle nous avait rejoint. Il prit place entre moi et Ombrecœur, accompagné d'un profond soupir d'aise ainsi que d'un bol de soupe fumant, comme nous tous. Quelques-uns de nos compagnons manquaient à l'appel, Karlach, Wyll et Astarion. Le reste était présent. Cela faisait un assez bien grand groupe autour d'un si petit feu, surtout avec Halsin qui faisait la taille de deux hommes. Collés les uns contre les autres, cela fonctionna cependant. Gayle nous souhaita un bon appétit, je l'en remerciai et nous commençâmes notre dîner.
« Alors Tav, ta journée s'est bien déroulée ? »
La bouche pleine et les yeux ronds, je relevai doucement les yeux en direction de mon interlocuteur. La soupe était délicieuse, je m'en voulais de devoir m'arrêter, sans parler du fait que j'étais affamée.
« Excellente, Halsin, merci de demander. »
M'essuyant le coin de mes lèvres de mon pouce, je poursuivis :
« Et vous, au camp, tout va bien ? Vous ne vous ennuyez pas trop ? »
« Si seulement le mot ennui pouvait égaler ce que je ressens. » pesta soudain Lae'zel, nous coupant la parole. « L'idée de me laisser ici est totalement ridicule, je mérite d'être au front, pas enfermée en ce lieu empestant la peur. »
« Désolée Lae'zel. »
« Ne vous excusez donc pas, tâchez de faire mieux à l'avenir. »
Un petit sourire se fraya un chemin sur mes lèvres.
« C'est promis. » affirmai-je.
Gayle termina sa bouchée, il toucha mon coude du sien, attirant mon attention, et se mit à parler :
« De notre côté tout va bien. » dit-il. « Quelque peu ennuyant, en effet, mais un peu de repos ne fait jamais trop de mal. »
« Entrer en territoire ennemi va changer la donne, je crois. Je l'espère. »
« Le territoire des ombres est un endroit dangereux, » acquiesça Halsin. « nous aurons besoin des plus courageux pour pouvoir nous en sortir et ne pas succomber à la malédiction. »
« Il est évident que je serais de la partie. Monstres et fantômes se plieront à ma volonté inébranlable. »
Les propos de Lae'zel nous firent tous un peu sourire ⸺outre Ombrecœur. Il était vrai que parfois sa vantardise pouvait nous mettre dans l'embarras, Lae'zel et ses stéréotypes, la fierté de ses racines.. Elle ne cessait de nous conter l'histoire de sa race et leur féroce volonté de nous réduire en esclavage. Absolument charmant. En cet instant, néanmoins, ses dires furent les bienvenus, du moins à mon avis. C'était réconfortant en un sens. Si même elle n'avait pas peur de ce qui nous attendait en ces terres maudites, alors peut-être qu'en effet nous parviendrions à nous en sortir vivant. J'essayai de m'en convaincre.
Lae'zel nous regarda tour à tour de ses petits yeux rageurs. Elle nous défia méchamment, prête à sauter sur celui ou celle qui répondrait à sa provocation. Malheureusement, personne ne fit le premier pas. Elle retourna donc à son dîner.
« Il est possible de prendre quelques jours pour nous reposer, ça ne serait pas de refus. » songea Ombrecœur. « Ou envoyer d'autres personne à notre place. »
« Je dois avouer que notre amie n'a pas tort. Ça fera d'une pierre deux coups. » déclara Gayle.
Déposant ma cuillère dans mon bol de bois, je dévisageai Ombrecœur. L'expression confuse, je restai dubitative.
« L'underdark n'était pas si terrible que ça ? »
« Ce n'est pas ce que je dis, croyez-moi. » insista la concernée. « Ce voyage m'a beaucoup permis d'apprendre et de me dépasser, je ne vous en serai jamais assez reconnaissante. »
« Vous y avez découvert une immense forge, je me trompe ? » nous questionna Halsin.
« Mhh. C'est de là que Ombrecœur tient son bouclier et son armure. »
La concernée bomba le torse.
« Les armures des enfants de lady Shar sont extrêmement résistantes, mais je dois avouer que celle-ci est fantastique. Il me tarde de l'utiliser davantage sur le champ de bataille. »
« Je n'en doute pas. » sourit Halsin.
« Il n'empêche, avant de la revêtir de nouveau, j'aimerais me reposer. Ces derniers jours m'ont semblé interminables.. »
« Vous avez bien travaillé. » nous complimenta Gayle. « Grâce à vous, nous pouvons enfin avancer, alors en effet, vous méritez du repos. »
En réponse, Lae'zel claqua de la langue, s'attirant notre attention à tous.
« Un problème ? » demanda Ombrecœur.
Notre amie guerrière nous foudroya de nouveau du regard, cette fois-ci, un peu plus en colère. Nous la regardions finir son bol d'une traite et ensuite se lever. Elle le fit d'une manière étrangement élégante. Fièrement, Lae'zel se tint face à nous. Elle nous toisa, plissa les yeux, et déclara ces quelques mots avant de s'en aller jusqu'à sa tente :
« Le repos est un luxe auquel nous n'aurons pas accès avant d'être guéri. Attendez donc, mais ne feignez pas la surprise lorsque l'ennemi en profitera pour s'emparer de votre esprit et faire de vous son esclave. Quant à moi, je me battrai jusqu'au bout. »
« Cela me tue de l'admettre, mais Lae'zel n'a pas tort. »
J'hochai la tête, jetant un coup d'œil à Halsin. Ombrecœur poussa un long soupir.
« Il serait quand même judicieux que certains d'entre nous se reposent. » dit celle-ci.
« Chaque chose en son temps. » parla Halsin d'un ton calme, presque paternel. « Nous pourrons parler des choses qui fâchent demain, pour l'instant, profitons de cette belle soirée. Fêtons notre survie. »
Mes mains déposèrent mon bol près du feu. Les flammes s'en allèrent caresser gentiment ma peau, la colorant d'un doux mélange de orange et jaune. Il faisait toujours frais le soir, surtout dans cette contrée, mais un feu de camp suffisait amplement. Non seulement il nous éclairait, mais aussi il nous réchauffait. J'aimais me tenir auprès de celui-ci, il m'apportait un grand réconfort. Les minutes suivantes s'écoulèrent dans un silence de plomb. Outre le crépitement des flammes, les bruits de Gayle et Halsin mangeant tel les hommes maladroits qu'ils étaient, de Lae'zel et Wyll prenant place à nos côtés, pas grands mots furent échangés.
De mon côté, j'en avais profité pour admirer le ciel. Il était magnifique, d'une splendeur inégalable.
Malgré la température qui baissait, je ne fus point dissuadée de m'en aller. Ça n'était pas seulement à cause de la présence de mes compagnons ⸺elle me rassurait grandement lorsque je venais à douter ou à prendre peur⸺ mais plutôt du spectacle étoilé qui se déroulait sous mon regard. Il était d'une banalité pitoyable, mais d'un majestueux accablant. Le ciel était noir, quelque peu bleu marine, ici et là, et quelques courants d'étoiles le parsemaient. Il était effectivement banal. Deux couleurs et quelques points de lumières..
Ce tableau s'accapara pourtant mon entière attention.
« Ça n'était pas un repas cinq étoiles, mais je me sens soudain revigoré. »
Gayle fit sourire deux de nos compagnons.
« On fait avec ce qu'on peut. » parla Wyll. « Essayez donc de faire un dîner pour huit personnes avec des restes. »
« Je vous tire mon chapeau. » plaisanta le magicien. « Mais sans prétention, j'affirme pouvoir faire mieux. »
« Voyez-vous ça... »
« N'y a-t-il donc aucune trace d'humilité en vous, Gayle ? » demanda Ombrecœur.
« Pas de ce que je me souvienne, non. »
Leurs rires firent échos dans mes oreilles. J'avais fermé mes yeux depuis peu, mes mains posées en arrière à même le sol et la tête renversée en arrière. Ma chevelure tombait dans mon dos. La fatigue s'en prenait à moi, je n'étais pas très sûre de pouvoir tenir encore longtemps, j'avais même du mal à croire que Ombrecœur puisse elle-même continuer à tenir. Elle ne semblait pas le moins du monde épuisée. C'était impressionnant.
Lorsque mes yeux se rouvrirent, ils tombèrent sur la tente d'Astarion.
« Être magicien a ses avantages; je cuisine les repas les plus succulents. Elminster le sait mieux que quiconque. »
« Votre ami mage ? » s'étonna Wyll.
« Dommage qu'il ait été trop occupé à s'empiffrer de nos réserves... »
« C'est un sacré personnage. » rit Halsin.
« Ça je ne vous le fait pas dire. » le suivit Gayle.
La tente était refermée, malgré les éclats de lumière passant à travers le tissu, je ne voyais pas grand chose. Mes yeux se plissèrent. J'observai son grand miroir doré élevé sur une table aux côtés arrondis, les coussins parsemant le devant de sa 'demeure' ainsi que le tapis présent sur l'entrée. Le tout était contradictoire. J'esquissai un fin rictus à cette pensée, redressant ma tête et la tournant sur le côté ⸺pour mieux observer ce que j'avais sous les yeux⸺, songeant que, malgré son désir d'avoir une tente présentable, Astarion était resté maladroit.
Quelques instants plus tard, à l'entente d'éclats de vaisselle, j'avais entendu Halsin et Gayle converser.
« Très impressionnant. » parla Halsin.
« N'est-ce pas ? »
Au dessus de nos têtes, bols, cuillères et verres tourbillonnaient dans les airs. Du bout de ses doigts, Gayle les fit s'empiler. Le tout retomba joliment au sol. Cette fois, tout était rangé, présenté merveilleusement au centimètre près sous nos yeux émerveillés. Ma bouche s'entrouvrit à cela.
« C'est Elminster m'a appris ce tour, d'ailleurs. »
« Il vous trouvait désordonné, j'imagine ? » songea Wyll.
« Comment avez-vous deviné ? » s'étonna le magicien.
Je pouffai gentiment, accompagnée par Halsin et Ombrecœur. Wyll et moi échangeâmes ensuite un regard complice.
« Un intuition. » murmura ce dernier.
« Quoi qu'il en soit, le travail est fait. »
Gayle se vanta avec fierté. Il présenta son œuvre d'art d'un geste de la main très théâtral avant d'hocher la tête, visiblement satisfait avec lui-même.
« La magie n'est pas qu'utile sur le champ de bataille, voyez-vous, même au quotidien, elle peut se révéler adéquate. »
« Vous nous en cachez d'autre, des sorts aussi ridicules ? »
Malgré le ton tranchant et les propos violents de Lae'zel, Gayle étudia sérieusement la question. Son menton posé sur son poing, il songea.
« Pas que je sache, non. »
« Vous en apprenez d'autres alors ? » demandai-je.
« Toujours ! » me répondit-il avec vigueur. « Un magicien doit constamment élargir son champ de possibilité, soin, malice, combat, rien ne doit lui échapper pour mener à bien sa quête. Mais rien de ce que vous ne savez déjà, mes chers amis. »
« Fascinant. » le félicita Wyll.
Tout doucement, j'avais commencé à triturer mes doigts. Ma respiration se faisait lourde.
« Oh, peut-être... »
La plupart d'entre nous ⸺tous, pour ainsi dire⸺ dévisagèrent Gayle.
« Oui ? » s'intéressa Ombrecœur.
« Eh bien, il y a en effet un sort dont je ne vous ai encore jamais parlé. Il ne m'a pas été utile depuis que nous nous sommes rencontrés, principalement parce qu'il aurait été inutile face aux gobelins. »
Soudain, Wyll rit. Il s'essuya le dessous de l'œil en prenant la parole.
« Un sort de puanteur ? »
Halsin et Gayle le suivirent. Quant à moi et Ombrecœur, nous nous contentâmes de sourire, contrairement à Lae'zel qui, elle, était restée de marbre.
« C'est un sort assez différent. » parla le magicien, quelques temps après s'être repris.
Beaucoup d'entre nous arquèrent un sourcil. À cela, Gayle releva sa main et, soudain, une traînée rose brillante la suivit. Elle flotta dans l'air sur ses pas, nous éblouissant. Mon cœur battit un peu plus vite. La lumière du feu de camp faisait s'éblouir ce que nous avions sous les yeux, que c'était joli... Gayle inspira ensuite profondément et releva la tête dans notre direction.
« Un sortilège d'amour. »
Nous retînmes notre souffle. Ce fut unanime, immédiat.
À peine ces quatre mots prononcés, Gayle s'était accaparé notre attention entière.
« Manipuler l'ennemi par les sentiments est une tactique pitoyable. » pesta Lae'zel d'un ton frôlant l'outrance. « La fierté d'un soldat se trouve dans la force de ses membres. »
« Nos avis divergent sur ce point, j'en ai bien peur, mon amie. » annonça Gayle.
« Je ne suis pas votre amie. »
« Oui, oui. » il sourit. « Autant pour moi. »
« Un sortilège d'amour..? » murmura Ombrecœur. « Je pensais pourtant qu'ils étaient dangereux ? »
« Ils le sont, ils l'ont toujours été. »
Gayle baissa la main, emportant avec lui sa poudre rosée. Dans l'air, une légère odeur florale s'était levée, elle me titilla les narines.
« Mystra me l'a appris. Je ne l'ai jamais vraiment cru sur ça, mais elle avait tendance à dire que l'amour était l'une des plus grandes armes contre un adversaire. La possibilité de troubler l'ennemi, de réduire à néant ses espoirs et de lui arracher toute source de réconfort. »
Gayle ouvra la paume de sa main. Une source de lumière y scintillait. Il la referma aussitôt.
« Je n'aime pas l'utiliser. »
« Il est à ce point dangereux ? » le questionna Halsin.
« Je ne dirais pas dangereux. »
Gayle déglutit.
« Disons plutôt que ce sort a ses contre-bas. L'utiliser a un prix. » conta-t-il. « Il exige de faire face à des conséquences. Je peux vous le montrer, si vous le désirez. »
Wyll et Halsin hochèrent la tête.
« Tant qu'aucun d'entre-nous ne meurt à la fin de votre petit tour ça me va. » affirma l'épéiste.
« Je partage l'avis de notre ami. »
« Je suis d'accord. » murmurai-je.
« Très bien, alors. »
Gayle se tourna vers Ombrecœur, celle-ci assise à sa gauche. Gentiment, il lui tendit sa main.
« M-Moi ? » paniqua la noiraude. « Vous êtes certain ? Je ne pense pas que ça soit une- »
« Ne vous en faites pas, je ne vous ferais rien de mal. »
Gayle affirma ceci en emprisonnant sa main tremblante dans les siennes. Il les pressa ensemble, un peu comme un sandwich, et poussa un faible soupir. Ombrecœur fronça les sourcils. L'expression angoissée sur les traits élégants de son visage ne trompait personne. Je m'attendais à tout. La matérialisation de son amour, une explosion, un double, des paroles. Les secondes suivantes s'écoulèrent dans le silence. Nous attendîmes.
Finalement, une lumière survint. Puis, une flèche.
De la poitrine d'Ombrecœur, une flèche rose était apparue. Elle brillait immensément, m'éblouissant au passage. Je déposai ma main sur mon front afin de me protéger de ses rayons et l'observer curieusement pointer en direction du ciel. Elle était de taille normale, d'une banalité accablante, sachant les choses effroyables que Gayle avait dit à propos de ce sortilège, cela me laissa perplexe.
« Je n'irais pas jusqu'au bout, n'aie crainte. »
En abaissant la tête, j'aperçus les yeux d'Ombrecœur. À présent, son visage n'était plus tiraillé par de la peur. Ombrecœur avait l'air impassible, comme vidée de toute énergie, de tout sentiment, les traits de son visage détendus au possible, ses pupilles inexpressives, son cœur vide, cela me fit froid dans le dos. C'était comme si, en l'espace d'un seul instant, Gayle avait aspiré son âme. Elle n'était plus qu'une coquille vide.
« Pouvez-vous me dire ce que cette flèche indique ? » la questionna notre ami magicien.
Ombrecœur zieuta la dite flèche. Elle se racla la gorge, eu brièvement l'air confuse, puis prit la parole.
« Lady Shar. »
« Et, dites-moi, est-ce que vous aimez cette Lady Shar ? Est-ce que vous la vénérez ? »
« Je.. Je ne sais pas ? Je ne pense pas. »
Elle posa sa main sur sa poitrine, l'endroit même où la flèche s'était extirpée. Sa voix était tout aussi étrange que ses propos, Ombrecœur était à bout de souffle, chaque parole était un effort, une torture. Plus que confuse, elle était perdue.
« Je ne ressens plus rien. C-Comment est-ce possible ? Je suis pourtant née pour servir lady Shar, je suis supposée l'aimer et la servir. »
De quelques gestes de ses doigts, de manière tout à fait habile, Gayle fit pivoter la flèche ⸺au lieu de pointer haut vers le ciel, elle pointa en bas, en direction de la poitrine de Ombrecœur⸺, elle tourna sur elle-même, et il la fit la transpercer aussitôt. Ombrecœur hoqueta. Ses yeux s'ouvrirent en grand et elle serra sa poitrine dans le creux de sa main, inspirant d'un grand coup, à l'instar d'avoir été frappée en plein poumons. Elle questionna du regard Gayle. Ce dernier se contenta de déposer une main chaleureuse sur son épaule et de l'aider à se remettre de tout ce qui venait de se dérouler.
Gayle nous regarda juste après.
« Vous comprenez, maintenant ? »
« Qu'est-ce que vous lui avez fait, exactement ? » s'empressa de lui demander Wyll.
Gayle toisa l'épéiste. Il me jeta un coup d'œil.
« Je lui ai volé son amour le plus cher. »
Mon cœur se serra dans ma poitrine. J'en eus le souffle coupé.
« Volé ? » s'inquiéta Halsin. « Est-ce possible ? »
« L'amour est une chose complexe, instable. Mais Mystra elle-même me l'a autrefois dit, et je vous le répète : l'amour est une arme, tant qu'on sait s'en servir, rien n'est impossible. »
Gayle continuait de caresser le dos de Ombrecœur tout en parlant. Gentiment, il lui demanda si elle se sentait bien et elle répondit fébrilement, d'un simple hochement de tête.
« Est-ce qu'il y a des conditions à remplir pour faire ce sort ? » m'interrogeai-je.
« Vous êtes à ce point curieux ? »
La plupart d'entre-nous hochâmes la tête. Notre magicien en sourit.
« Eh bien, ça me demande beaucoup d'énergie. » confessa-t-il. « L'amour est une chose puissante, il est difficile de le manipuler ou de le supprimer. Ici je n'ai fait que l'emprisonner sous une autre forme et en montrer la source, mais je ne pense pas qu'un sort le supprimant puisse exister en ce monde. »
« Ce sortilège touche tous types d'amour ? » renchérit Wyll.
« Le plus intense. » acquiesça Gayle.
Il lâchait Ombrecœur et rapportait ses mains à ses jambes. Je le zieutai nerveusement.
« L'amour peut prendre différente forme, on peut aimer une mère, mais l'amour maternel aussi peut différer d'un amour romantique. Ce sortilège se focalise sur celui-ci. Il concentre l'amour d'une créature dans une flèche, » expliqua-t-il en démontrant le tout de ses doigts, il les fit former une boule invisible et instable. « et, généralement, sans amour, la chose perd l'envie de se battre, ou alors, si j'estime que cela ne suffira pas, soit je la brise, soit je la transperce avec. Je fais mine de lui rendre son amour, mais j'accélère la vitesse et son amour fini par la consumer. »
« Briser la flèche ? » répéta Halsin. « Cela ne reviendrait-il pas à briser son amour ? »
« En un sens. » le brun concéda. « Mais l'amour est perdu, pas supprimé. »
« Ça doit demander beaucoup de contrôle sur soi, de préparer un tel sort. » songea Ombrecœur.
« En effet. »
Gayle esquissa un rictus nerveux. Se grattant la nuque, il ferma ses yeux.
« Comme je vous l'ai expliqué, si je ne vous l'ai pas montré jusqu'à présent, c'est qu'il y a une raison. Je n'aime vraiment pas l'utiliser, et, face à des gobelins sans cœur, ça ne nous aurait pas permis de gagner pour autant. »
« C'était très impressionnant. » insista-t-elle.
Sous nos yeux émerveillés, Gayle rit.
« Vous voulez une seconde démonstration ? »
Nous hochâmes tous vigoureusement la tête. Il avait captivité notre attention, à présent, nous étions incapables de passer à autre chose.
Gayle me prit cependant de court lorsqu'il se tourna afin de me faire face. Persuadée qu'il allait choisir Lae'zel ou Halsin, je ne m'étais pas attendue à ce qu'il me sourit avec ses si jolis yeux scintillants et qu'il me tende sa main. Hésitante, je le toisai.
« Moi..? »
« Oui, vous. »
Gayle glissa sa main chaude dans la mienne.
« Tav, ma bonne amie, je me suis toujours demandé quel pouvait être la chose qui vous poussait à aller de l'avant sans une once de doute. »
« Oh- C'est rien. Je- Je peux vous l'assurer. »
Je tentai de retirer ma main de son emprise.
« Essayez donc avec Wyll, il doit en mourir d'envie. »
Ma tentative de distraction tomba à l'eau lorsque Wyll répondit que la décision de Gayle lui suffisait amplement. Apparemment, lui aussi avait l'envie d'avoir le fin mot de cette histoire, son sourire complice ne trompa personne. J'en eus un peu mal au cœur, légèrement angoissée. Gayle raffermit sa prise sur ma main, il me tira un peu en avant. Ses yeux se perdirent dans les miens.
« Ça sera rapide, promis. »
« Je ne suis pas sûre que ça soit une bonne idée. Gayle, je- »
Immédiatement, quelque chose me transperça la poitrine.
La présence de ce corps étranger écrasa mes poumons contre les côtes de ma cage thoracique. J'haletai. M'agrippant aux mains de Gayle sur la mienne, j'ouvris grand les yeux et, à bout de souffle, le contemplai. Quelque chose me quittait. Douloureusement, je sentais quelque chose m'abandonner, s'extirper de moi, à l'instar d'un vieux pansement oublié, gluant à l'épiderme. Cela fut d'une violence inimaginable, néanmoins sans un bruit. Privée d'air, j'étais incapable d'exprimer ma douleur. Et plus cette chose me quittait, moins j'avais mal, car, peu à peu, j'oubliai ce qui m'abandonnait. Lorsque je rouvris mes yeux, je me sentis vidée. Aspirée de l'intérieur. J'étais...
J'étais bouche bée.
« Curieux, cette flèche ne pointe pas au même endroit. » observa Wyll.
« La mienne pointait en direction de lady Shar. » expliqua Ombrecœur en montrant le ciel. « Elle qui vieille sur moi et me guide. »
« Mais celle de Tav- »
Wyll fronça les sourcils.
Tous dévisagèrent la flèche extirpée de ma poitrine. Tout comme celle de Ombrecœur, elle se tenait au dessus du feu de camp. À bien la regarder, en effet, je m'aperçus qu'elle ne se tenait pas face au ciel, plutôt, à la hauteur de notre camp. Un peu vaseuse, je mis un certain temps à en comprendre la raison.
« Oh. »
« Eh bien, ça alors... » murmura Ombrecœur.
Lae'zel marmonna quelque chose dans les lignes de "stupide", "indigne" tandis que Gayle et Wyll échangèrent un coup d'œil pour le moins embarrassé. Je ne leur prêtais plus attention. Il me manquait une chose, là, dans ma poitrine. Un grand vide me consumait. J'y apportai ma main libre.
« Je ne m'y attendais pas, pour être honnête. » avoua l'épéiste.
« Oh, vraiment ? » s'étonna Ombrecœur. « Après tout ce temps ? Je pensais que c'était évident. »
Hein ?
« Astarion ? Compréhensible. » déclara Lae'zel en reniflant. « C'est un vampire, une créature de séduction, il n'est pas étonnant que l'un d'entre nous ait succombé à ses charmes. »
« Il faut dire que les deux se tournent aussi autour depuis le début. »
« Tout à fait. »
Ombrecœur et Lae'zel hochèrent mutuellement la tête.
« N'oublions pas aussi que Tav ne l'a jamais laissé de côté, il a participé aux moindres sorties de groupe. Pas besoin de se demander pourquoi. »
« Sans oublier la réunion festive que nous avons eu avec les Tieffelins. » compléta Lae'zel. « Les deux se sont éclipsés toutes la soirées et ont batifolé jusqu'au petit matin. »
Brusquement, Gayle s'exclama.
« D'accord ! D'accord, d'accord ! »
Il leva ses deux mains dans les airs, suppliant les deux femmes de la bande de se taire, ce qu'elles firent, bizarrement, sans attendre.
« N'allons pas jusqu'à exposer les secrets de nos amis, cette affaire ne nous regarde pas. » souffla-t-il.
« On ne fait que dire la stricte vérité. »
« J'avais moi-même remarqué une certaine affinité entre Astarion et Tav. » songea Halsin. « Mais je ne m'étais pas douté une seule seconde qu'il y avait quelque chose entre eux deux. »
« J'étais persuadé que ça n'était qu'une tactique d'Astarion pour boire son sang. » confessa Wyll.
« Manipuler et séduire ? Cela ressemble bien à ceux de son espèce.. » affirma Lae'zel. « C'est un véritable vampire, une bête assoiffée de sang, prête à tout pour festoyer. C'est remarquable, admirable. »
« Admirable ? » s'indigna Ombrecœur. « Dites plutôt répugnant ! Comment ose-t-il tromper notre amie pour sa propre survie ? »
« Les vampires n'ont jamais été des créatures de confiance. » reprit Wyll. « J'ai dû mal à croire que Tav ait pu tomber amoureuse de lui. »
« Allons, allons. »
Mes paupières se rouvrirent. J'entendis Gayle de nouveau essayer de calmer les spéculations de nos compagnons.
Les battements de mon cœur commencèrent à se calmer. Mes veines, quant à elles, persistaient à palpiter contre moi, elles me gênaient au niveau de mes poignets et de ma jugulaire, je sentais ma peau bouger d'elle-même et ma gorge se nouer. Toutes ces messes basses, ces affirmations et observations de la part de mes compagnons me mirent dans une position délicate. Je n'osais plus les regarder dans les yeux. Alors, comme ça, ma relation avec Astarion n'était pas passée inaperçue ? Je m'étais pourtant convaincue que, avec notre situation actuelle, nos amis n'en auraient que faire. Nous avions tous nos priorités...
Mais non, visiblement, ils avaient eu tout le loisir de nous observer et de se renseigner sur mes allers-retours auprès de Astation. Humiliant était un mot faible pour qualifier ce que je ressentais.
Avaient-ils aussi remarqué les traces de morsures parsemant ma gorge ? M'avaient-ils entendue me lever tard le soir, dans le but de rejoindre sa tente ? J'avais passée tant de nuits dans ses bras... Je ne comptais plus les fois où je m'étais perdue dans son étreinte, avec idiotie et amour. Peut-être étaient-ils au courant depuis le début, cela devait être synonyme de routine à leurs yeux.
« Je ne... Hum. Je ne suis pas amoureuse. »
Rouvrant les yeux, je constatai que la flèche avait disparu.
« Vraiment ? » s'indigna faussement Wyll.
« Nous ne sommes qu'amis. » insistai-je. « Astarion est juste quelqu'un dont j'apprécie la compagnie, c'est quelqu'un de profond. Et— »
Lae'zel m'interrompit.
« Dites plutôt que vous avez succombé à ses charmes, il est évident que vous ne trompez personne. »
« C'est faux ! »
Apportant mes mains à ma poitrine soudain chaude, je fronçai les sourcils. Que c'était horrifiant d'avoir à me justifier..
« La flèche n'a pas pointé sa tente, ça n'est qu'une direction ! Ma famille pourrait s'y trouver, ou alors un vieil ami, je n'en sais rien. »
Face au manque de réaction de mes compagnons, je soupirai. Leur attention entière était mienne, ils me regardaient tous avec de gros yeux accusateurs. J'en étais consciente : peu importait mes justifications, ils n'en seraient pas satisfaits.
« Vous aviez raison, Gayle. Le prix à payer est trop haut pour un tel sort. »
Mon ami magicien hocha la tête.
« De plus, rien ne dit qu'Astarion est dans sa tente, il pourrait très bien être parti chasser. Tout cela n'est que spéculation. »
« Il n'empêche, » ajouta Ombrecœur sur un ton observateur. « vous êtes drôlement sur la défensive, pour quelqu'un qui n'a rien à cacher. »
Je forçai un sourire.
« Vous trouvez ? »
« Tout à fait. »
Elle se rassis confortablement auprès du feu et y apporta ses mains afin de les réchauffer. Son visage de profil était élégant. Une lueur orangée brillait sur sa joue et faisait scintiller sa pupille, elle luisait aussi sur ses lèvres. Ombrecœur ne quitta point son expression sévère.
« Enfin, vous êtes maîtresse de vos décisions, je crains que nous n'ayons pas notre mot à dire dans cette histoire. »
« Évidement... Même si ça ne signifie pas que je suis amoureuse de lui. »
« Bien évidemment. » acquiesça Wyll.
« Absolument. » renchérit Halsin.
« Indubitablement. » conclut Gayle.
Lae'zel roula des yeux au ciel.
« Quelle discussion pitoyable, d'un ennui mortel. »
Elle se leva.
« Où allez-vous, ma chère ? Déjà prête à nous abandonner ? »
Lae'zel foudroya du regard le magicien. Elle eût vivement tourné la tête, faisant virevolter sa chevelure au passage et nous forcer à nous figer sur place de part son expression rageuse.
« Je n'ai que faire de vos discussions sentimentales. » aboya-t-elle. « Tout ce qui m'importe est de servir ma reine en me débarrassant du parasite corrompant mon esprit. Venez donc me chercher lorsque que vous aurez trouvé une solution à ce problème. »
Sur ce, la guerrière s'en alla. Elle retourna immédiatement à sa tente et s'y recueillit dans le but de prier, je la vis faire d'un œil curieux. Puis, au moment où Gayle parla, il détourna mon attention d'elle.
« Quelle rabat-joie.. »
« Pas étonnant. » répondit Wyll. « Ceux de son espèce ne sont satisfaits qu'au cœur de guerres et bains de sang. Lae'zel ne comprend certainement rien à l'amour. Dommage pour elle. »
Un bref silence s'installa ensuite.
Le tour de Gayle finit, Lae'zel partie, il ne restait que lui, Halsin, moi-même, Ombrecœur et Wyll auprès du feu. Accompagnés de quelques verres à moitié vides, nous les finîmes en un rien de temps tout en profitant de cet instant de repos amplement mérité. Ombrecœur était quelque peu recroquevillée sur elle-même, elle triturait son gobelet en argent sans un mot. Halsin et Wyll faisaient de même tandis que Gayle, lui, ne cessait de me jeter des coups d'œil. Malgré le fait que je ne levais pas la tête afin de m'en assurer, je la sentais, la lourdeur de son regard sur moi, cette curiosité qui le démangeait, et le sentiment d'inconfort qu'il faisait s'installer en moi. Je fis mine de l'ignorer, peu enclin à remettre le sujet de mon affection pour Astarion sur la table.
Mon verre de vin attira mon attention entière.
Lui aussi à moitié vide, son rebord était tâché par les marques de mes lèvres trempées, il reposait autour de mes doigts, majestueux, de grande valeur et fier. Le métal était dur. Au creux de ma paume, il me réchauffait l'épiderme. Je passai mon pouce sur les quelques motifs en relief et humai silencieusement. Le temps de l'observer, je me perdis dans mes pensées.
Je n'avais plus aucune notion d'espace ou de temps. Mais les rayons de notre chère amie la lune me certifiaient que mes compagnons et moi-même avions encore un peu de temps avant que le soleil ne se lève. Les paroles de Ombrecœur me revinrent à l'esprit, plus précisément, sa proposition de prendre quelques jours de repos avant de reprendre notre route. Ou alors de tout simplement laisser nos autres compagnons prendre la relève. Cette idée me charma.
Cependant, cette idée ne me plut pas autant que je l'eus cru. Du moins, pas à mon égard.
Ombrecœur pouvait bien rester au camp si elle le désirait, de même pour Lae'zel, Karlach ou Astarion. Ils le méritaient bien. Il était vrai que parfois je leur en demandais un peu trop. Quant à moi, j'étais dans l'incapacité de les imiter, je le sentais, je le savais. J'en étais parfaitement consciente. Faire une pause, dans des temps pareils ? M'autoriser un quelconque repos tandis que je risquais de succomber à mon parasite à n'importe quel moment ? À mes yeux, ça n'était que pure folie. Je le savais, en effet : je ne pourrais jamais trouver le repos dans de telles conditions.
Sentant Gayle se rapprocher de moi, je tendis soudain l'oreille. Tournant ma tête, nos regards se rencontrèrent.
« Quelque chose vous tracasse ? »
Je contestai gentiment.
« Non, je suis juste un peu fatiguée. »
« J'espère que ça n'est pas à cause de mon sortilège de tout à l'heure, je vous assure, je ne pensais pas que ça se conclurait ainsi. » se justifia-t-il.
Furieusement embarrassée, je me pinçai les lèvres. Et voilà que ça recommençait...
« Non, non, Gayle, je viens de vous le dire, je suis juste fatiguée. La journée a été dure. »
Ma tête était à présent remplie d'images d'Astarion. J'en avais le cœur gros et des papillons à l'estomac.
« Épuisée, même... » murmurai-je dans un souffle.
Ses beaux yeux couleur rubis qui tant de fois me laissaient sans voix, sa chevelure couleur neige emmêlée à la texture et splendeur divine, son sourire cynique charmeur. Tout me revint à l'esprit. J'en eus le souffle court. Je me demandais bien ce qu'il pouvait faire, voilà quelques heures qu'il s'était enfermé dans sa tente et n'en était pas sorti. Des heures que je n'avais pas entendu sa voix, effleuré la pulpe de ses mains de mes doigts...
« Tav ? »
Gayle passa vigoureusement sa main devant mon visage.
« Tav, vous êtes avec nous ? Vous me me recevez ? »
« Mhh ? »
Mes yeux clignèrent à répétition. Je n'avais pas entendu un mot de ce qu'il m'avait dit.
« Vous ne m'écoutez pas..? »
La moue renfrognée de Gayle était ridicule. Embarrassante au possible. Un grand gaillard de son âge... Son expression capricieuse me fit esquisser un sourire.
« Excusez-moi, j'étais perdue dans mes pensées. »
« Je vois ça... Vous n'avez pas écouté un mot de ce que j'ai dit. » conclut-il faussement contrarié. « Il serait judicieux que vous alliez vous coucher, vous m'avez l'air d'en avoir grand besoin. »
« Vous trouvez ? »
« Cela va sans dire. » affirma-t-il. « Loin de moi l'idée de critiquer, mais vous avez un teint affreux. »
Gentiment, je me mis à rire. Cachant mon sourire derrière la paume de ma main, j'hochai la tête.
« Message reçu, je vais me coucher. »
« Je pense faire de même. » acquiesça Ombrecœur, sortant soudainement du silence, son regard précédemment perdu dans les flammes du feu de camp.
« Il se fait effectivement tard, laissez moi suivre vos pas. » déclara Wyll.
Quelqu'un manquait à l'appel, cela titilla ma curiosité.
« Halsin est parti ? »
« Il s'est éclipsé il y a peu. » me répondit l'épéiste.
« Vous allez dormir, vous aussi, Gayle ?  » demandai-je.
Mon ami hocha la tête dans un petit sourire. Il suivit Wyll et Ombrecœur en se levant, sur son passage, tous les trois laissèrent leur vaisselle ⸺celle-ci sera faite au petit matin, comme d'habitude, malgré les dangers que cela pouvait représenter. Il me salua ensuite.
« Je le crains. Si personne ne se porte volontaire pour me tenir compagnie, j'ai bien peur que ma soirée ne se conclue sur une note amer. Autant y mettre un terme à vos côtés, mes chers amis. »
« Très bien alors. Bonne nuit à vous. »
« Bonne nuit. » me salua Ombrecœur.
Wyll la suivit presque immédiatement, juste après m'avoir saluée de la main.
« Bonne nuit, Tav. »
« Faites de beaux rêves mon amie. » conclut ensuite Gayle.
« À vous aussi. » souris-je.
Cela n'était pas étonnant pour mes compagnons, le fait que je reste auprès du feu du camp, choisissant de ne pas les imiter. Ils me laissèrent tous auprès de celui-ci, sans me poser de questions, sans me regarder curieusement. J'avais ma propre tente, en effet, elle m'attendait un peu plus loin, m'y rendre aurait été un jeu d'enfant. Cependant, je choisis la chaleur et beauté des flammes présentées sous moi au froid et l'isolement que représentaient mes quartiers.
Je vis mes amis s'en aller tour à tour, refermant leur tente sur leurs pas. Puis, petit à petit, mes yeux se fermèrent et je m'allongeais au sol. Mes paupières s'étaient faites extrêmement lourdes. Un silence de plomb dominait les lieux. Hormis moi, le camp était à présent vide, de peu plongé dans l'obscurité, rendu à l'état sauvage. Mes bras se croisaient, j'y posais ma tête. Mon corps fut parcouru d'un léger frisson. Je levai une de mes jambes, ramenant mon genou auprès de mes côtés, allongée sur le ventre. Je faisais face aux flammes, et, même si j'avais les yeux fermés, je pouvais les sentir me dorer le visage et danser sur mes paupières. Je les sentais presque bouger sur moi, vivre, étouffer, se mouver avec joie et ardeur, telle une douce berceuse m'accompagnant dans les bras de Morphée.
Je n'entendis que le feu crépiter, les feuilles des arbres bouger sous les mouvements du vent, et des animaux rôder aux alentours.
La nature m'entourait de sa tenue d'Ève.
Présentée à moi dans sa verdure naturelle, ses animaux fiers et admirables, aucunement tachée par les artifices de la vie urbaine. Je m'autorisais à me présenter face à elle de la même manière : sans arme, mes yeux fermés et ma garde baissée, et alors, des minutes s'écoulèrent. Mère Nature me berça en son sein, elle me protégea.
Cependant, Morphée manqua à l'appel.
Mes doigts se mirent à tapoter les bords poilus de mon sac de couchage, dans ma tête, j'avais commencé à compter un regroupement de lapins sautillant. Je les comptais, pensant que cela m'aiderait à m'endormir. Mes doigts s'enroulèrent autour de ma couchette, j'entortillai mon index auprès d'une mèche de poil et la frottai de mon pouce. Cependant, rien n'y faisait : je n'arrivais pas à m'endormir.
Il me sembla qu'une heure s'était écoulée lorsque je rouvris les yeux. Mes paupières papillonnèrent gracieusement, constatant que le feu de camp n'allait pas tarder à s'éteindre. Me redressant sur mon coude, je m'assis, me frottai les yeux et poussai un faible bâillement. Malgré mon épuisement, je n'arriverai pas à m'endormir, c'était certain.
Après un instant, j'entendis quelqu'un arriver. Un murmur se glissa au creux de mon oreille.
« Mais qui voilà... »
Astarion s'accroupit à côté de moi. D'un geste habile, il jeta deux bûches dans le feu, le ranimant aussitôt, et prit place à côté de moi. Mes sourcils se froncèrent.
« Qu'est-ce qui t'amène ici ? » m'interrogeai-je, intriguée.
Astarion me zieuta calmement.
« Quoi, je n'ai pas le droit de profiter d'un peu de chaleur ? Pauvre moi... »
« Ce n'est pas ce que je— »
« Je sais, mon cœur, ça n'est pas ce que tu voulais dire. Ça te tuerait de me briser le cœur, mhh ? »
Sa taquinerie me força à détourner le regard.
« J'avais un petit creux, mais à cette heure-ci les animaux dorment et je n'avais pas envie de m'éloigner du campement. » il m'expliqua. « Alors je me suis dis; pourquoi pas me nourrir de notre très chère et douce Tav ? »
Surprise, je le dévisageai. Astarion ne me regardait pas, il contemplait le feu devant nous, son regard ensanglanté illuminé par la couleur orangée des flammes. Ses yeux brillaient immensément, il était à bout de souffle.
« C'est là que je t'ai trouvée endormie. » ajouta-t-il.
Il se tourna et passa son regard sur mes clavicule et mon décolleté nus.
« Frigorifiée. »
Mes mains s'agrippèrent au tissu de mon pantalon, inconsciemment, je me mordis l'intérieur de la joue. Le ton de sa voix n'était pas inhabituel, Astarion avait toujours été quelqu'un de charmeur et sensuel. Chaque mot qu'il me susurrait était fait pour me charmer, me cueillir au creux de sa paume de main. Mais pouvais-je nier le fait que cela fonctionnait ? Non. J'en étais tout bonnement incapable. Rien que soutenir notre contact visuel était difficile pour moi.
« Il.. Il fait un peu froid, c'est vrai. »
Astarion guida sa main sur ma cuisse, il entremêla ses doigts aux miens et, l'espace d'un instant, je crus apercevoir dans son regard des mouvements, un peu comme un symbole d'hypnose.
« Je connais un moyen efficace de remédier à ce problème, je peux t'aider, si tu le désires. »
L'entendait-il, mon cœur ? Il tambourinait contre ma poitrine. Déglutissant, je priai les Dieux pour qu'ils m'offrent un instant de répit. À chaque mot chuchoté, Astarion frappait l'air hors de mes poumons, j'en avais la bouche pâteuse et les yeux humides.
« Je pensais que tu avais faim ? » le questionnai-je en guise de distraction.
Astarion esquissa un rictus.
« Je peux faire les deux à la fois, mais tu le sais déjà ça, n'est-ce pas, mon amour ? »
« Je— »
La peau de sa main était froide, son toucher était étrange ⸺du moins familier, à cause du nombre de fois où nous avions finis l'un contre l'autre⸺ mais la rugosité de son épiderme, la largeur sa main et fermeté de sa poigne me faisaient fondre sur place. La pointe de ses oreilles était finement rouge, sûrement à cause du feu, de même pour ses pupilles. À s'y méprendre, on aurait pu croire qu'il était troublé.
« Je pourrais commencer là. »
Sa main se détacha de la mienne pour toucher ma hanche. Astarion força un sourire satisfait en m'entendant retenir mon souffle, surtout lorsqu'il remonta ses doigts agiles sur mon nombril, puis en dessous de mon sein, là où mon cœur embrasé reposait.
« Remonter ici, et... m'attarder sur cette zone. » ajouta-t-il en frottant mon sein de son pouce.
Son regard s'était brièvement détourné du mien le temps de faire les yeux doux à ma poitrine. Astarion la fixa de manière avide. Ses lèvres se séparèrent et ses yeux s'ouvrirent en grand, il me sembla hors d'atteinte, comme dans un autre monde. Astarion s'arrêta peu après et força un énième sourire.
« Ça fera d'une pierre deux coups, je prends mon pied et tu t'endors. »
Secouant la tête, je me saisis de sa main.
« Et si je n'en avais pas envie ? »
Il m'accueillit par une expression confuse.
« J'ai envie d'autre chose, si ça ne te dérange pas. »
« Oh, tu veux faire tout le travail ? » sembla-t-il comprendre. « Ça me va, mais dépêche toi, je n'ai pas tout mon temps. »
Je secouai vivement la tête. Apportant sa main entre mes seins, je la serrai fort contre moi, rassurée par ce doux contact physique entre nos corps, Astarion me parut davantage perplexe. Je savais mes prochaines paroles osées, néanmoins, toujours sous l'emprise de la fatigue, l'idée de partager nos chairs à un autre niveau me séduit beaucoup plus que celle de fondre sur son sexe et de le laisser me guider jusqu'au septième ciel. Je ne me sentais plus trop moi-même. Mes paupières se faisaient si lourdes...
« J'aimerais... J'aimerais te prendre dans mes bras. »
Surprise fut un mot faible pour décrire l'expression qui s'installa sur son visage. Astarion me dévisagea. Outré, il ouvrit la bouche et grimaça.
« M'enlacer ? Tu veux m'enlacer ? »
À l'instar d'avoir été insulté sur trois génération, Astarion récupéra sa main.
« Tu te fiches de moi ? » s'exclama-t-il. « Je te propose mondes et merveilles et toi tout ce que tu me réclames c'est un câlin ? »
J'acquiesçai vivement, charmée par la simple pensée de pouvoir me fondre dans son étreinte. M'approchant de lui, je déglutis. Astarion ne reculait pas. Horrifié, il me laissa m'allonger contre son torse, le forcer à se reposer à même le sol. Mes jambes se mêlaient aux siennes, j'humai son odeur, l'inspirai à plein poumons et, gentiment, frottai ma tête contre son pectoral. Toujours rien de son côté, Astarion ne réagissait plus.
« C'est agréable. » murmurai-je.
J'étais du côté du feu, mon dos lui faisait face tandis que mon visage, lui, était noyé dans l'obscurité. Mon compagnon, lui, hormis son visage, était fondu dans le noir. Son corps ne recevait pas une once de lumière.
« C'est surtout stupide. »
Tout doucement, sa main se fraya un chemin autour de mes hanches, de son bras, Astarion me plaqua contre lui.
« Mais j'imagine que ça pourrait être pire.. »
Un sourire fleurit sur mes lèvres.
« Merci. »
« Mhh. N'en profite pas trop pour passer ta main dans mon pantalon, je t'ai à l'œil. » il ajouta.
Sa menace me fit pouffer.
« Bien évidemment, je n'aurais jamais osé. »
Je remontai ma tête et déposai un baiser sur sa mâchoire, mes lèvres s'y attardèrent un petit moment, chérissant la douceur de sa chair. Je fermai mes yeux en l'embrassant, même lorsque Astarion tourna la tête afin de m'embrasser en retour; je ne les avais pas ouvert. Notre échange dura un instant à l'allure éternelle. Astarion me serra contre lui, pressant sa bouche contre la mienne et remontant sa main au niveau de mon crâne pour que, lorsque je cherche à me reculer à la recherche d'une quelconque source d'air, il me jette dans les portes du paradis et me renvois à la recherche de ses baisers avides d'amour. J'y plongeai joyeusement. Je ne regardais pas en arrière, je me perdais dans l'intensité de son affection, dans le rythme fou imposé par sa bouche, dans l'étreinte de ses bras fermés. Je ne lui refusai rien.
Pas même lorsqu'il chercha à me mordre.
Docilement, je lui offris ma nuque et le laissai planter ses canines dans ma chair. Ma jugulaire fut poignardée. Une douleur vive s'empara de moi mais, accompagnée par les caresses de sa main, je ne le repoussai pas, Astarion se nourrit donc de moi. Il pressa ses lèvres sur ma peau déjà bien martyrisée et suçota le liquide s'en échappant. Son corps gagna en chaleur. Le mien devint froid et faible. La perte de sang mélangé à la fatigue me rendit extrêmement faible, cela m'en donna des fourmis dans les doigts. Rouvrir les yeux me semblait de plus en plus difficile.
« Bonne nuit, mon amour. »
« Non, je ne suis pas prête à dormir. » contestai-je faiblement.
Perdre cet instant pour le tromper dans les bras d'un autre m'était inconcevable. Morphée pouvait bien attendre. Qu'il attende une éternité entière si il le fallait, je n'aurais quitté l'étreinte de Astation pour rien au monde. J'y aurais péri, si tel avait été son désir.
« Je peux rester réveillée encore un peu, ça ira. »
Je ne m'étais pas sentie partir.
Mes paroles n'avaient été que murmurs dès l'instant où j'avais certifié à Astarion que je n'étais pas prête de m'en aller. Être blottie dans ses bras m'eût forcée à m'endormir plus vite que je ne l'eus cru. Je m'étais assoupie l'instant suivant, car, lorsque je me réveillai, je ne me souvins pas du reste. Seulement de la sensation de son corps contre le mien, et de la vitesse avec laquelle mon cœur s'était mis à battre.
Puis, comme les autres matins précédents, j'étais entrée dans la tente de Ombrecœur et, avec le sentiment d'embarras le plus infâme jamais ressenti auparavant, lui avais demandé de s'occuper des traces de morsures au creux de ma nuque.
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kamomille9 · 1 year
Text
Fanfic Pendranièvre : Le Coeur a ses Raisons... Chapitre 6
Bonjour à toutes et tous !!
Je sais j’ai tardé à poster ce nouveau chapitre mais grâce à @ladychoco je me suis mis un bon coup de pied aux fesses ! Et le voilà 😉
J’espère qu’il vous plaira, j’ai hâte de lire vos commentaires.
Bonne lecture.
Chapitre 6 : La Réalisation
Arthur Pendragon n’était pas connu pour être un homme patient. Que ce soit pour attendre des nouvelles de son ex-femme, ou pour tolérer le nombre incalculable d’abrutis étant venus demander sa main à Léodagan, c’était tout bonnement pareil. Le Roi de Bretagne avait les nerfs à vifs. Une semaine sans aucune nouvelle, pas une lettre pas un mot… Il pensait que Guenièvre aurait au moins pris la peine de rassurer ses parents… Cela dit, cela ne devrait pas le surprendre puisqu’elle ne les avait même pas informés de son départ. Alors, quand Angharad vint le voir pour lui dire qu’elle avait des nouvelles, il se dit qu’il était bien bête de ne pas avoir pensé à elle plus tôt.
_ Le seigneur Perceval m’a envoyé une lettre, dit-elle, la porte de la chambre du Roi juste ouverte.
_ Entrez !
_ Il dit qu’il se trouve chez la tante de Madame …
_ La sœur de Léodagan ?
_ Il semblerait… Le seigneur Perceval ne sait pas écrire, c’est l’oncle de Madame qui l’a aidé à la faire… Je doute que Madame soit au courant de cette initiative…
_ Vous avez sans doute raison… Elle sait que si elle révélait sa position, tous ces idiots qui frappent ici depuis quatre jours iraient directement la voir.
_ Et en quoi cela dérange Monsieur que Madame ait des prétendants ?
Arthur lança un regard noir à Angharad. La jeune femme avait toujours eu la langue bien pendue, il ne devrait pas en être surpris. Pour autant, il n’avait pas de conseil à recevoir d’une femme même pas foutue de faire comprendre ses sentiments à Perceval. Il préféra donc ignorer sa question et la congédia sans ménagement.
_ Monsieur devrait bien réfléchir… car s’il veut récupérer Madame, il ferait mieux de le faire pour les bonnes raisons et pas simplement parce que d’autres hommes se sont, eux, aperçus que Madame était digne d’être aimée et non trompée et humiliée à longueur de temps.
La servante prit alors ses jambes à son cou, n’attendant pas la réponse du roi. Elle savait qu’elle avait dépassé les bornes mais il fallait qu’il comprenne qu’il ne pouvait plus jouer comme il le faisait… S’il voulait vraiment refaire de Guenièvre sa reine, elle devait s’assurer que les choses seraient différentes pour sa maîtresse. Elle ne devait pas revenir si le Roi comptait ne rien changer à son comportement.
-o-
C’était difficile à admettre mais Angharad avait raison. Le Duc d’Armorique était venu rencontrer Léodagan afin de lui demander la main de Guenièvre. Un de plus ou un de moins, après tout quelle importance, son ex-beau-père les avaient pratiquement tous fait fuir. Seulement, cette fois, Léodagan avait reçu poliment le jeune homme d’environ trente ans. Grand, des cheveux châtains et des yeux verts, il aurait pu charmer n’importe quelle dame du royaume. Toutefois, ce n’était pas n’importe quelle dame du royaume qu’il voulait courtiser mais bel et bien l’ancienne Reine… et cela faisait du mal à Arthur de le reconnaître mais il était un parti tout à fait convenable. Le roi de Carmélide devait être du même avis car il avait reçu le prétendant avec une politesse qu’il ne lui connaissait pas… En effet, attiré par l’appât du gain et par l’idée d’emmerder royalement Arthur, Léodagan avait pris soin d’écouter attentivement la demande de ce duc bien sous tous rapports. Ne rester maintenant qu’à savoir où se cachait Guenièvre… Une information qu’Arthur décida finalement de garder pour lui…
Après tout, n’avait-il pas le droit de faire comme bon lui semblait ? Il était le Roi non d’un chien ! C’est alors qu’au détour d’un couloir désert, il entendit une conversation des plus instructives :
_ Elle est enfin partie, nous devons en tirer avantage ! chuchotait Démétra, face aux autres maîtresses du Roi.
_ On est bien d’accord mais maintenant que c’est fait qui serait en droit de prendre sa place ? demanda Aelys sur le même ton.
_ Nous avons œuvré pendant trop longtemps pour exacerber tous ses défauts auprès du Roi ! Il nous faut agir sans perdre de temps ! Pour ma part, je suis celle ayant été avec le Roi le plus longtemps donc je suis la mi…
_ Attendez un instant ! Pourquoi devriez-vous passer en priorité ?
_ C’est vrai ça ! Si vous étiez vraiment aussi forte que vous le prétendez le Roi n’aurait jamais pris d’autres maîtresses après tout ! s’exclama fermement Tumet, soutenant sa sœur.
_ Je ne vous permets pas ! Et puis, je n’en ai rien à faire de votre avis ! Je suis persuadée de gagner et puisque vous ne voulez pas l’admettre, lorsque je serais Reine j’aurais le pouvoir de me débarrasser de chacune d’entre vous !
_ Comme l’ancienne Reine vous voulez dire ? demanda sarcastiquement Azénor, sous le ricanement des autres pintades de mes deux.
_ Non pas comme l’ancienne Reine puisque nous avons fait tout ce que nous pouvions pour que jamais il ne la touche ! Nous avons eu de la chance qu’elle soit conne comme une chaise et que lui préfère notre compagnie à la sienne ! On a juste eu à maintenir la situation en l’état… Mais quand je serais Reine, je m’assurerai qu’il reste bien dans mon lit comme j’ai toujours su le faire malgré votre présence à toutes !
Sur ces dernières paroles, Démétra s’éloigna de ses « amies », passant juste à côté d’Arthur sans le voir…
_ Va falloir la jouer serrée… On ne peut pas la laisser faire…
_ Arthur aura toujours besoin de maîtresses, même si elle arrive à ses fins. Elle est bien trop sûre d’elle ! Rien ne dit qu’elle gagnera cette guerre…
_ J’ai entendu dire qu’Arthur voulait récupérer Guenièvre…
_ Pfff… Alors ça, je n’y crois pas une seule seconde ! Elle l’a toujours dégoûté ! Cela n’aurait aucun sens qu’il veuille la récupérer !
Tour à tour, elles acquiescèrent. Sachant pertinemment que, de toute manière, elles avaient tout fait pour entretenir ce dégoût. 
_ Et bien mesdames, que la meilleure gagne !
-o-
En retournant à sa chambre, Arthur était mortifié. Comment avait-il pu s’enticher de toutes ses hypocrites, sournoises et mesquines ? Des opportunistes, voilà tout ce qu’elles étaient ! Il savait que quand d’autres auraient mené la vie impossible à ses maîtresses, Guenièvre n’avait eu envers elles que de la bienveillance… Jamais elle n’avait mal parlé de ou à ses maîtresses… Elle aurait été en droit de le faire… Mais elle ne leur avait offert que de la gentillesse et en retour elle n’avait le droit qu’à leur hypocrisie et leurs moqueries…
Non, il ne pouvait pas tolérer cela. Il n’avait pas besoin de ça, d’elles dans sa vie. Elles se croyaient indispensables et irremplaçables. Il comptait bien leur montrer qu’il n’y avait qu’une seule personne dans ce cas : celle qui était déjà partie.
Angharad avait raison. S’il voulait récupérer sa femme, il fallait le faire pour les bonnes raisons et il devait procéder à certains changements afin de mériter son retour. Il devait tout d’abord se poser toutes les bonnes questions. La première : que voulait-il de Guenièvre à présent ? Sa présence, sa gentillesse, sa compréhension… Il y avait autre chose mais il n’était pas prêt… Était-il seulement capable de l’aimer…
La deuxième : était-il en mesure de renoncer à la promesse faite à Aconia ? Voulait-il faire évoluer sa relation avec Guenièvre et lui accorder enfin la seule chose qu’elle avait jamais voulu ? Aimerait-il avoir un héritier avec elle ?
Il se souvenait parfaitement des mots qu’elle avait prononcé avant de partir : « Je ne peux plus accepter d’être humiliée jour après jour, année après année en sachant que jamais vous ne m’aimerez comme moi je vous aime. »
Les choses avaient-elles évoluées pour lui ? Était-il réellement sûr de pouvoir et vouloir changer son comportement ne serait-ce que vis-à-vis d’elle ?
Ses paroles résonnaient dans sa tête depuis plus de six jours maintenant : « J’ai besoin d’être aimée mais aussi d’aimer en retour ! ».
Il ne pouvait pas changer du jour au lendemain. Il le savait mais pouvait-il fournir des efforts et considérer cette femme pour ce qu’elle était : un trésor précieux et inestimable, la seule personne de tout ce foutu pays à n’avoir jamais voulu profiter de son statut et à avoir fait l’erreur de tomber amoureuse de l’homme et non du Roi qu’il est ?
La réalisation le frappa alors aussi soudainement qu’un éclair. La réponse à toutes ces questions était définitivement bien trop simple : Oui. Car elle en valait la peine. Elle méritait qu’il se batte pour elle comme il aurait toujours dû le faire dés le premier jour. Ce ne serait certainement pas facile. Il devrait se jeter corps et âme dans la bataille mais il était prêt. Il la voulait, la désirait mais surtout souhaitait l’aimer comme il aurait toujours dû l’aimer.
-o-
Le lendemain, Arthur convoqua chacune de ses maîtresses dans la salle du trône. S’il voulait prouver sa détermination, autant commencer par cela. Il avait convié Léodagan, Séli, Bohort, Karadoc et Mévanwi à assister au spectacle qu’il allait donner, ceci dans un seul et unique but : faire comprendre à chacun que sa décision était sincère mais surtout irrévocable.
Démétra, Aélis, Azénor, Tumet et Azilis entrèrent ensemble dans la salle. Elles arboraient toutes un grand sourire qui ravie Arthur. En effet, afin de leur donner la leçon qu’elles méritaient, il avait fait en sorte que les personnes ayant été les prévenir leur fassent miroiter une nouvelle de la plus haute importance pour chacune d’entre elles.
_ Bien. Je pense qu’il est inutile de vous faire patienter plus longtemps. Je vous ai fait venir afin de vous annoncer une nouvelle de la plus haute importance. J’ai pris une grande décision.
Les cinq femmes le regardaient avec un immense intérêt et une impatience à peine contenue, tandis que les autres personnes conviées se demandaient dans quelle merde le Roi allait-il les mettre ce coup-ci.
_ Je souhaite ardemment que… Toutes les cinq… Vous vous cassiez d’ici en vitesse !
Dire qu’ils étaient surpris serait un doux euphémisme.
_ Mais Sire… Je ne compr…
_ Vous n’avez absolument pas besoin de comprendre Démétra ! J’ai simplement décidé que la comédie avait assez durée. Vous n’êtes pas à votre place ici. Vous ne l’avez jamais été et ne le serez jamais. Il est grand temps que je cesse de repousser la seule et unique femme digne de siéger à mes côtés. J’en profite pour demander solennellement au roi et à la reine de Carmélide la main de leur fille. Et pour que ce soit bien clair, si par malheur Guenièvre décide de refuser ma requête, ce dont elle aurait tout à fait le droit, je ne veux aucune autre femme. Ce sera Guenièvre de Carmélide ou personne. Je tiens à ce que tous soient au courant, je n’accepterai aucune autre proposition de mariage. Maintenant, je ne le répèterai pas une autre fois : cassez-vous et ne revenez pas !
Sous les regards médusés de toutes les personnes conviées, le Roi Arthur Pendragon se leva de son trône et sortit de la salle les laissant comme des glands. Les anciennes maîtresses n’en menaient pas large et se demandaient comment elles avaient pu en arriver là… Elles n’avaient pas vu venir ce retournement de situation. Personne ne l’avait vu, pas même Mévanwi qui tâchait de se faire aussi discrète que possible. Elle ne l’avait pas cru lorsqu’il disait vouloir récupérer sa femme… Elle allait certainement regretter la lettre qu’elle avait envoyée à peine deux jours auparavant…
Au moins, les choses étaient on ne peut plus claires.
Seule une servante s’étant cachée dans un renfoncement de la pièce esquissa un fin sourire. Angharad était enfin rassurée. Il avait enfin compris… Il restait maintenant à la convaincre elle…
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girafeduvexin · 11 months
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Y a ce tiktok super intéressant sur le maire de Saint-Étienne, la vidéo commence par "A votre avis, quel est le pire maire de France ?" et ce commentaire m'a tuée de rire :
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bookinette · 7 months
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perduedansmatete · 10 months
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salut j avais besoin de ton avis car je sais que tu es quelqu un de direct ou même l avis des gens en commentaire . par rapport à l attirance d un homme ou une femme sur certaine partie du corp .moi par exemple je kiffe trop les jolis pied chez une femme ça m attire de ouf est ce que c est perver ou bizarre à ton avis .
je pense qu'on aime bien ce qu'on veut et que je ne suis vraiment pas la mieux placée pour juger quelqu'un sur ce qu'il aime + c'est super d'être bizarre et pervers tant que ça ne fait de mal à personne (sauf si consenti mdr) bref je crois pas qu'aimer les pieds fasse de mal donc bon go hein
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wilk3officielle · 2 months
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Commentaire de La Confiance et la Clé à molette @halebop-s-art
Disclaimer : Tout d'abord, nous tenions à préciser que cette analyse a pour but de prouver qu'un chapitre de fanfiction peut être considéré comme un objet littéraire à part entière. Ainsi, les personnages présents dans notre extrait n'appartiennent ni à l'auteur, ni à moi-même, mais bien à leur créateur : François Descraques.
Ensuite, notre étude se concentrant sur un extrait de La Confiance et la Clé à molette, je vous conseille fortement d'aller lire l'histoire avant d'entreprendre celle de ce commentaire. Enfin, nous tenions à remercier @halebop-s-art de nous avoir autorisé à travailler sur sa matière littéraire. Bonne lecture !
Le Visiteur du Futur est, à l'origine, une websérie comique mettant en scène des personnages plus burlesques les uns que les autres dans des décors apocalyptiques. Si le protagoniste, Renard, a parfois le droit à des moments de gloire lorsqu'il parvient à sauver le monde, la plupart du temps, il reste l'objet de blagues loufoques. Dans notre extrait de La Confiance et la Clé à molette, le Visiteur nous est présenté d'une manière inédite qui contraste avec ce que nous avons l'habitude de voir ou de lire à propos de ce personnage. De cette tension est apparue une question : En quoi l'utilisation du point de vue du "faux" Henry Castafolte permet-il de montrer la descente aux enfers de Renard ? Tout d'abord, nous verrons que l'utilisation de ce point de vue permet un portrait ambivalent du Visiteur. Ensuite, nous parlerons du véritable professeur Castafolte et de son influence. Enfin, nous nous concentrerons sur la tension qui grimpe dans l'extrait et sur les façons de la faire redescendre.
Tout le temps que l'imposteur Henry passe auprès du Visiteur du Futur, lors de son infiltration dans le laboratoire, lui permet de se fabriquer une image de sa personnalité. Le lecteur découvre ainsi un être "hyperactif, énervé, soûlé, crevé, ennuyé, amusé" à travers une accumulation d'adjectifs qualificatifs. Tous ces éléments, formant ce portrait, sont récoltés avec minutie par l'imposteur, qui malgré les dires de "ses employeurs [qui] l'avaient décrit comme un homme prêt à éliminer tous les obstacles sur son chemin", semble souhaiter se faire son propre avis via ses observations scientifiques. Le verbe voir est conjugué au plus-que-parfait à plusieurs reprises : "avait vu", dans le but de mettre en valeur cette démarche scientifique du faux Henry. Et pour le moment, le portrait est plutôt positif.
Cependant, comme l'indique cette négation répétée à deux reprises : "Henry ne l'avait jamais vu calme". Le contraste entre le comportement jovial décrit plus tôt et ce calme inquiétant désormais observé par Henry, est marqué par la conjonction de coordination à valeur d'opposition "mais" qui introduit la négation la seconde fois. En plus de cette anomalie comportementale, le portrait physique de Renard transmet une sensation de danger. Un jeu sur les sonorités avec l'allitération en [s] : "Dans la courbe des sourcils, dans son sourire sans chaleur." évoque une sournoiserie du Visiteur. Tandis qu'un rythme binaire omniprésent lors de la description de Renard crée visuellement un piège oppressant autour du faux Henry : "ce sourire mauvais et froid" ; "ses yeux trop noirs et trop brillants" ; "un rire bref et sans joie".
Ce changement soudain du comportement de Renard perturbe beaucoup l'imposteur. Si ce trouble est exprimé très clairement dans la proposition "Ce changement de caractère faisait perdre ses repères à Henry.", il est également présent tout au long du récit sous la forme d'aposiopèses. Cela crée une sorte de bégaiement de sa pensée : "au lieu de… de garder" ; "il n'était pas… inquiet" ; "C'était… Il y avait quelque chose".
Henry Castafolte est un personnage multiple de par sa nature robotique même, il en existe alors beaucoup de version. Notre extrait nous en présente deux modèles : celui dont on connaît les pensées, l'imposteur, et un autre qui, s'il n'est pas présent dans la scène, n'en reste pas moins très important dans l'histoire. Comme nous l'indique la présence de l'adjectif possessif "mon" placé juste devant le prénom Henry lors d'une prise de parole au discours direct de Renard, ce second Castafolte est le vrai, ou en tout cas, le compagnon de route du Visiteur. Ce dernier possède une grande influence positive sur Renard notamment en ce qui concerne sa morale. Dans un discours élogieux, le Visiteur utilise jusqu'au verbe pronominal "m'inspire" ainsi que le lexème mélioratif "idéal".
Mais le faux Henry peine à comprendre ce discours, car une amitié avec un robot lui paraît futile. Le terme "machine" est inscrit en italique, ainsi que le terme "ami" entre guillemets, ces spécificités de mise en page témoigne de son animosité vis à vis de cette relation. Il trouve que la "situation [est] absurde".
Malheureusement, sans la présence de sa "boussole morale", métaphore qui compare le Henry du Visiteur à un objet capable de diriger et de canaliser les pulsions de son ami, une "aura de haine, de colère" émane de Renard. Notre extrait est, en effet, d'une extrême violence, puisqu'il s'agit d'une scène de torture, nous retrouvons notamment le champ lexical de la douleur ou du corps : "pommette" ; "grimace" ; "frappe"...
Le texte est donc rempli de violence et de tension. Dans la réplique "Bah BARRE-TOI !" l'utilisation d'une ponctuation exclamative, d'un langage familier ainsi que la surutilisation des majuscules trahissent la violence de Renard. Le même effet est recherché dans l'autre réplique très sèche "Non. Non, pas du tout.", cette fois à l'aide de deux phrases courtes et non verbal.
Heureusement, certains éléments permettent aux lecteurs de souffler un peu. Le personnage de Raph fait redescendre la tension, et fait rire malgré la dureté de la situation, grâce à sa maladresse et son côté enfantin. Ces caractéristiques sont énumérés en rythme ternaire : "un peu timide, un peu pataud, et incapable de le blesser". Chaque fois que l'on se reconcentre sur ce personnage, celui-ci semble éprouver de l'empathie pour le faux Henry malmené. Il est en désaccord avec Renard, et cela passe par des phrases courtes dans lesquelles se trouvent un verbe au passé simple décrivant les réactions du personnages : "Raph sursauta." ; "Raph détourna le regard" ; "Raph ferma les yeux" ; "Raph grimaça"... Le faux Henry est persuadé d'être "l'unique et l'humain". C'est la raison pour laquelle il se considère comme supérieur aux autres Castafolte. Or, le lecteur sait que c'est faux, et son insistance sur ce fait provoque le rire : c'est de l'ironie dramatique. On la retrouve notamment dans l'épanorthose "Henry, le vrai Henry". S'il a peur, il refuse de l'admettre, sa mauvaise foi permet de s'échapper de la scène de torture. Bien sûr qu'il "n'était pas inquiet... ou... quoi que ce soit..."
Pour conclure, nous pouvons dire que le point de vue du professeur Castafolte imposteur permet non seulement de présenter un portrait ambivalent de Renard, mais aussi de faire comprendre l'importance du vrai Henry pour le Visiteur. C'est un véritable cauchemar que notre extrait, dont la tension est parfois relâchée par des procédés tels que l'ironie dramatique ou la présence de personnage amusant.
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the-diaper-dreamer · 2 months
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un court message pour vous dire merci de ce que vous faites pour tous les ABDL 😉
Vos vidéos vont aider beaucoup de monde.
J'ai 45 ans et j'aurais aimé voir se type de contenu bienveillant il y a un peu plus de 30 ans.
Bonne continuation et belle routes à vous deux.
Que l'amour vous accompagne à chaque instant
Un AB...et aussi DL qui s'assume jour après jour ou du moins qui essaye 😀
Merci, pour ton gentil commentaire ! C'est ce genre de chose qui m'encouragent à continuer 💜
D'ailleurs je compte faire une vidéo YouTube sur comment s'assumer en tant qu'ABDL. Cette vidéo est destinée aux personnes qui commencent ou se pose des questions.
Dans un premier temps, je recherche des témoignages : as quel moment t'es tu rendu compte de ton attirance pour les couches ? Comment as tu pris cela? Est ce que tes proches ont été au courant ? L'as tu bien vécu? A partir de quel moment as tu commencé à t'assumer? Voilà... ce genre de questions.
Dans un deuxième temps, je recherche toujours des personnes pour relire le script de la vidéo et donner leur commentaire constructif pour changer/améliorer. Cela me permet d'avoir un consensus sur le message afin qu'il soit le plus proche de notre communauté, et de ne pas seulement donner mon avis.
Voilà. Si une des missions te tente, n'hésite pas à m'envoyer un message sur Insta ou fetlife (je ne vais jamais sur Tumblr)
Take care and stay padded 🤗💜
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aforcedelire · 2 months
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Il était une fois un cœur brisé, Stephanie Garber
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Évangéline Fox a le cœur brisé : l’amour de sa vie va se marier avec une autre ! Désespérée, la jeune fille décide de faire appel à la Fatalité connue sous le nom du Prince de Cœur : en échange de son aide, il lui demande trois baisers (il choisira qui, où et quand) et même si une part d’elle pense que c’est une mauvaise idée, Évangéline accepte. Et ce n’est qu’après avoir donné son premier baiser qu’elle se rend compte que se fier à lui est dangereux et non sans conséquences…
Ça, c’est le plot principal. Depuis la fin de ma lecture, j’ai lu plusieurs avis sur Babelio, et certains soulèvent un des problèmes principaux de ce roman : ça part dans tous les sens. Il y a cette histoire, il y a l’histoire de Jacks-aka-le-Prince-de-Cœur, il y a une histoire de vampire (??), une histoire de prophétie dont ÉVIDEMMENT Évangéline est l’élue, il y a son histoire d’amour avec Luc, puis avec Apollon, il y a les contes et la magie (qui sont avérées et crues au Nord, et juste des histoires pour s’endormir au Sud, alors qu’il y a des preuves, eh ?)… Si on passe au-delà de ce gigantesque merdier, l’histoire est sympa et divertissante.
Par contre, c’est cliché. À commencer par Évangéline. J’avais envie de la secouer : tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, s’ils l’ont trahie c’était pas fait exprès. Elle trouve des excuses à tout, elle ne voit RIEN, même s’il y avait eu une pancarte « elle te veut du mal » au-dessus d’une personnage elle aurait trouvé le moyen de se dire « c’est sûrement une erreur », bref c’est fatiguant.
Autre chose qui m’a fatiguée aussi : le style. Qu’est-ce que c’est que ça ?? Je ne sais pas trop si c’est un problème de traduction, de correction, de style de base de l’autrice, mais en VF c’est lourd et indigeste, il y a des répétitions de partout, et une petite scène qui aurait pu être mignonne m’a complètement larguée tellement l’écriture était chiante. Jusqu’à la moitié du bouquin je passais plus de temps à me dire « j’aurais pas dit ça comme ça » ou « ON A COMPRIS QUE C’EST D’ELLE QU’ON PARLE IL Y A SON NOM 4 FOIS DANS LA PHRASE » qu’à lire. J’ai trouvé ça un chouia moins choquant en VO, mais clairement c’est pas pour le style de l’autrice que j’ai lu ce bouquin.
Malgré tout, j’ai apprécié ma lecture et j’ai passé un bon moment (une fois que j’ai laissé tomber le style, les incohérences et la protagoniste). J’ai lu un commentaire qui disait que la personne lirait quand-même le T2 pour savoir si c’était du génie ou un fiasco en bonne et due forme, et c’est un peu mon ressenti actuel.
31/07/2024 - 03/08/2024
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redogekiddo · 2 months
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Nouvel épisode ! Episode 3 : Reste à ta place
Les trois Illuminés pensent partir comme si de rien n'était. Cependant Ayana n'est pas de cette avis et saura montrer ces technique face à ces adversaire. Bonne lecture !
Si vous souhaitez me soutenir pour que les sorties de la suite soit fluide dans le futur (ou pour que je gagne le concours ^^) N'hésiter pas à : -Partager ! -Liker le chapitre -Noter le webtoon. -Lâcher un p'tit commentaire
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bijouxpardanielle · 5 months
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