Tumgik
#comment le faire revenir en rampant
mediummaraboutdako · 2 years
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Comment récupérer son ex magie blanche
Comment récupérer son ex magie blanche
Comment récupérer son ex magie blanche votre ex vous manque et vous ne savez plus quoi faire pour le récupérer. Vous avez supplié, menacé, lu des bouquins et suivi tous les conseils de vos amis, mais rien n’y fait, vous n’arrivez pas à oublier votre ex et vous ne savez plus comment le faire revenir ? C’est dans ces situations là que nous avons tous pensé un jour ou l’autre à connaitre le secret…
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lesarchivesmagnus · 4 years
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Les Archives Magnus - Episode 7 : Le Joueur de Flûte
                                                ARCHIVISTE
Déposition du Sergent Clarence Berry, concernant son temps de service avec Wilfred Owen durant la Grande Guerre. Déposition originale faite le 6 novembre 1922. Enregistrement audio par Jonathan Sims, archiviste en chef de l'Institut Magnus, Londres.
Début de la déposition.
                              ARCHIVISTE (DÉPOSITION)
Beaucoup de monde me dit que j'ai de la chance, vous savez. Peu de gens sont revenus de la guerre en un seul morceau. Et si vous ne tenez pas compte des brûlures, alors c'est bien ce que j'ai fait. Encore moins de monde a passé les quatre années au front, comme moi. Je n'ai jamais été envoyé en traitement à cause d'un obus ou d'une blessure, et même ma confrontation avec un lance-flammes allemand n'a fini que dans un hôpital de première ligne à Wipers. J'étais encore dans cet hôpital de campagne lorsque les combats ont commencé dans la Somme, donc je suppose que j’aie eu de la chance aussi.
Quatre ans... J'ai parfois l'impression d'être le seul à avoir vu tout ce foutu cirque de bout en bout, comme si j'étais le seul à connaître la Grande Guerre dans toute sa terrible gloire. Mais au fond de moi, je sais que l'honneur, tel qu'il est, doit revenir à Wilfred. On ne l'aurait pas cru d'après ses poèmes, mais en tout cas, son temps au front n'a pas été très long, un peu plus d'un an. Pourtant, il a connu la guerre comme je ne l'ai jamais connue. Il est certainement la seule personne que je connaisse qui n’ait jamais vu le Joueur de Flûte.
J'ai grandi dans la pauvreté dans les rues de Salford, alors je me suis engagé dans l'armée dès que j'ai eu l'âge. Je sais que vous avez déjà entendu des histoires de garçons courageux s'engageant à 14 ans, mais c'était avant le début de la guerre, donc il n'y avait pas une telle demande de main d'œuvre et les recruteurs étaient beaucoup plus scrupuleux pour s'assurer que ceux qui s'engageaient étaient en âge. Malgré cela, j'étais presque trop maigre pour qu'ils me prennent et je faisais à peine le poids requis. Mais finalement, j'ai réussi et, après mon entraînement, j'ai été affecté au 2e bataillon du régiment de Manchester, et il n'a pas fallu longtemps avant que nous soyons envoyés en France avec le Corps expéditionnaire britannique. Vous semblez être du genre instruit, donc je suis sûr que vous avez lu dans les journaux comment cela s'est passé. Mais assez vite, les tranchées ont été creusées et l'ennui a commencé à s'installer. Mais l'ennui c'est bien, comprenez, quand l’alternative c'est les bombes, les snipers et les attaques au gaz, mais des mois passés assis dans un trou plein d'eau dans le sol, espérant que votre pied ne commence pas à enfler, eh bien... c'est aussi une certaine sorte de terreur silencieuse.
Wilfred nous a rejoints en juillet 1916. Je ne connais pas bien son parcours, mais il est clair qu'il venait d'un milieu suffisamment bon pour être nommé sous-lieutenant à l'essai. J'étais sergent à l'époque, et j'avais donc pour mission de lui donner le genre de conseils et de soutien dont un nouvel officier a besoin de la part d'un sous-officier ayant deux ans de boue sous les ongles. Malgré ça, j'avoue avoir eu une certaine aversion pour cet homme lorsque je l'ai rencontré pour la première fois - il était plus gradé que moi et que la plupart des autres dans la tranchée, tant sur le plan militaire que social, et il semblait considérer toute cette histoire avec un mépris manifeste. Il y a une sorte de torpeur qu'on adopte après des mois ou des années de bombardement, un vide conscient qui, je pense, l'a offensé. Il était d'une politesse sans faille, bien plus que ce à quoi j'étais habitué dans la boue des Flandres, où les conversations, telles qu'elles étaient, étaient grossières et sombres. Pourtant, sous cette politesse, je pouvais sentir qu'il écartait d'emblée toute suggestion que je lui faisais ou tout rapport que je faisais. Je n'ai pas été surpris de l'entendre dire qu'il écrivait de la poésie. Pour être parfaitement honnête, je m'attendais à ce qu'il soit mort dans la semaine qui suivait.
Il faut dire que Wilfred a réussi à tenir presque un an avant que quelque chose d'horrible ne lui arrive et, au printemps suivant, je me risquais à dire que nous aurions presque pu nous considérer comme amis. Il avait écrit des poèmes durant cette période, bien sûr, et les lisait occasionnellement à certains des hommes. Ils appréciaient généralement, mais personnellement, je trouvais que c'était abominable - il y manquait quelque chose et chaque fois qu'il essayait de mettre des mots sur la guerre, ça sonnait faux, comme si ce qu'il avait à dire n'avait pas d'âme. Il parlait souvent de ses aspirations littéraires, et de son désir de se souvenir, de saisir ce qu'était vraiment cette guerre et de l'immortaliser.
Si je pouvais me permettre, j'oserais dire que ses propos étaient présomptueux. Lorsqu'il parlait ainsi, il avait la curieuse habitude de faire une pause au milieu de la conversation en inclinant la tête, comme si son attention avait été attirée par un son lointain.
Le dégel printanier venait de se terminer quand c'est arrivé et nous étions à l'offensive. Notre bataillon se trouvait près du bois de Savy quand les ordres sont tombés - nous devions attaquer la ligne Hindenburg. Notre cible était une tranchée sur le côté ouest de Saint-Quentin. C'était une progression tranquille. Même à ce point-là, il y avait souvent encore de l'excitation lorsque les ordres étaient donnés, même si c'était généralement atténué par la peur étouffante que l'on ressent en attendant le coup de sifflet. Pourtant, ce matin-là, il y avait quelque chose de différent dans l'air, une crainte oppressante. Nous avions déjà lancé ce type d'attaque et nous savions que le changement en arrivant dans la vallée nous exposait aux tirs d'artillerie. Et les tirs d'artillerie ont toujours été la partie la plus effrayante pour moi. On pouvait éviter les baïonnettes, esquiver les balles, ou même bloquer le gaz si on avait de la chance, mais l'artillerie ? Tout ce que vous pouviez faire contre l'artillerie était de prier.
Même Wilfred l'a ressenti, je pouvais le voir. Il était généralement assez bavard avant le combat. Morbide, mais toujours bavard. Ce matin-là, il n'a pas dit un mot. J'ai essayé de lui parler et de lui remonter le moral, comme c'est le devoir d'un sergent, mais il a juste levé la main pour me faire taire, et a tourné la tête pour écouter. À ce moment-là, je ne savais pas ce qu'il entendait, mais cela l'a fait taire. Même lorsque nous avons atteint la crête, et que nous avons tous essayé de noyer le bruit assourdissant de l'artillerie avec notre propre cri en chargeant, il n'a fait aucun bruit.
Le sol tremblait sous l'impact des obus, et j'ai couru de trou à trou, de cratère en cratère, en gardant la tête basse pour éviter les balles. En courant, j'ai senti une douleur lancinante à la cheville et j'ai avancé dans la boue. En baissant les yeux, j'ai vu que j'avais la jambe prise dans du fil barbelé, à moitié caché par la terre humide retournée. J'ai senti un vent de panique me gagner et j'ai essayé frénétiquement d'enlever le fil de fer de ma jambe, mais je n'ai réussi qu'à me griffer la main assez fortement.
J'ai regardé autour de moi, désespérément, pour voir s'il y avait quelqu'un d'autre à proximité qui pourrait m'aider. Et là, à moins de vingt mètres devant moi, j'ai vu Wilfred debout, le visage dénué de toute expression et la tête se balançant selon un rythme inaudible. Et puis je l'ai entendu - glissant doucement sur la pulsation des canons, le bruit des fusils et les gémissements des hommes mourants, une faible mélodie de flûte. Je n'aurais pas pu vous dire s'il s'agissait d'une cornemuse ou d'une flûte de pan ou d'un instrument que je n'avais jamais entendu auparavant, mais son sifflement était sans équivoque et m'a frappé d'une tristesse profonde et d'une douce peur rampante.
Et à ce moment-là, j'ai su ce qui allait se passer. J'ai regardé Wilfred, et lorsque nos regards se sont croisés, j'ai vu qu'il savait lui aussi. J'ai entendu un seul coup de feu, beaucoup plus fort que tous les autres en quelque sorte, et je l'ai vu se tendre, les yeux écarquillés. Et puis le tir de canon l'a touché, et il a disparu dans une éruption de boue et de terre.
J'ai eu tout le temps de faire son deuil, couché dans cet horrible trou jusqu'à la tombée de la nuit, où j'ai pu dégager ma jambe aussi tranquillement et doucement que possible avant de ramper vers notre tranchée. Ça a pris du temps ; chaque fois qu'une fusée éclairante montait, je ne pouvais que rester immobile et prier, mais le bon Dieu a jugé bon de me laisser atteindre notre ligne relativement indemne. J'ai été rapidement emmené à l'hôpital de campagne, qui était surchargé comme toujours. Ils n'avaient pas beaucoup de médicaments ou de personnel à disposition, et certainement pas de lits libres, alors ils ont nettoyé mes blessures à l'iode, les ont pansées et m'ont laissé partir. Ils m'ont dit de revenir si j'avais la gangrène.
J'ai jeté un coup d'œil aux alentours pour voir si je pouvais trouver Wilfred, mais il n'y avait aucun signe de lui nulle part. En demandant dans la tranchée, personne ne l'avait vu revenir parmi les blessés, alors j'ai commencé à me faire à l'idée qu'il était mort. Il n'était pas le premier ami que j'avais perdu aux mains des Allemands, ni même le premier que j'avais vu mourir devant moi, mais quelque chose avec cette musique étrange que j'avais entendue dans les moments précédant l'explosion m'est resté dans l'esprit et m'a fait penser à Wilfred pendant de nombreux moments de calme.
C'est probablement environ une semaine et demie plus tard que j'ai entendu des cris venant du bout de la tranchée. C'était un groupe de scouts qui faisait des repérages vers la rivière qui coulait près de Savy Wood. Apparemment, ils y avaient trouvé un officier blessé gisant dans un trou d'obus et l'avaient ramené. Je me suis rendu sur place et j'ai été stupéfait de voir que c'était Wilfred. Son uniforme était déchiré et brûlé, il était couvert de sang et ses yeux avaient une expression froide et distante, mais il était bel et bien vivant. Je suis retourné avec lui à l'hôpital de campagne, avec le capitaine de l'escouade qui l'avait trouvé.
Apparemment, il était resté dans ce trou pendant des jours, depuis la bataille. Ils l'avaient trouvé là, à moitié mort de déshydratation et de fatigue, couvert du sang d'un autre soldat. L'obus qui avait créé le trou dans lequel il avait fini avait clairement anéanti une autre pauvre âme, et c'était dans ses restes que Wilfred avait reposé pendant presque deux semaines.
J'ai attendu à l'extérieur de la tente de l'hôpital pendant qu'il se faisait soigner. Le médecin est sorti sous peu, un regard grave sur son visage. Il m'a dit que le lieutenant était physiquement indemne - ce que je considérais à l'époque comme un miracle - mais qu'il avait subi l'un des pires cas de choc d'obus que le médecin ait jamais rencontré, et qu'il devait être renvoyé en Angleterre pour y être soigné. Je lui ai demandé si je pouvais le voir, et le médecin a accepté, bien qu'il m'ait prévenu que Wilfred n'avait pas dit un mot depuis qu'il avait été amené ici.
Dès que je suis entré dans la tente médicale, j'ai été submergé par le doux parfum de la chair en décomposition et les gémissements de douleur et de désespoir. La forte odeur du désinfectant m'a rappelé des souvenirs désagréables d'attaques au chlore gazeux. Mais j'ai fini par trouver le chemin du lit de Wilfred et, bien sûr, il était là, regardant le monde en silence, mais avec une intensité qui m'a alarmé. J'ai suivi son regard jusqu'à un lit voisin, et là, j'ai vu un soldat que je ne connaissais pas. Son front était couvert de sueur et sa poitrine se soulevait et retombait rapidement, puis s'arrêtait brusquement. J'ai réalisé d'emblée qu'un homme venait de mourir, et que personne ne l'avait remarqué, sauf Wilfred.
J'ai essayé d'engager une conversation, j'ai fait quelques plaisanteries sans intérêt. "Comment ça va, mon vieux ?" "J'ai entendu dire que tu as eu un petit problème." "Content que tu te sois trouvé un trou perdu." Ce genre de bêtises. Rien de tout cela n'a semblé provoquer de réaction chez lui, et au lieu de cela, il s'est tourné vers moi et après un long moment, il a simplement dit : "J'ai vu la guerre."
Je lui ai dit que c'était certain, qu'il n'y en avait pas beaucoup qui s'était sorti de ce genre de chose et qui étaient restés si longtemps dans ce genre trou, entourés de la mort... Enfin, il avait clairement vu la guerre et c'était une chose pourrie et sanglante. Mais Wilfred a juste secoué la tête comme si je ne comprenais pas, et pour être honnête, je commençais à avoir l'impression que ce n'était pas le cas, et il m'a dit à nouveau qu'il avait "vu la guerre". Il a dit que ça n'était pas plus grand que moi.
J'ai d'un coup pensé qu'il devait décrire peut-être une horrible hallucination qu'il avait eue alors qu'il gisait dans cet endroit misérable, et je lui ai demandé de me dire à quoi ressemblait la guerre.
Je me souviens exactement de ce qu'il a dit. Il m'a dit que ça avait trois visages. L'un pour jouer de sa flûte en os, l'autre pour crier son ultime cri de guerre et le troisième qui ne voulait pas ouvrir la bouche, car quand il le faisait, le sang et la terre détrempée s'écoulaient comme une cascade. Les bras qui ne jouaient pas de la flûte tenaient des lames, des fusils et des lances, tandis que d'autres levaient la main pour implorer en vain la pitié, et un autre pour saluer. Il portait un manteau de laine en lambeaux, vert olive là où il n'était pas taché de noir, et en dessous, on ne voyait rien d'autre qu'un corps battu, tailladé et fusillé jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des plaies.
J'en avais assez entendu à ce stade, et je l'ai dit à Wilfred, mais s'il m'a entendu, il n'en a donné aucune indication. Il m'a dit que la guerre, "le Joueur de flûte", était venue le chercher et qu'il avait supplié de rester. Il avait interrompu sa mélodie pendant un instant et, d'un de ses bras, il avait tendu la main et lui avait remis un stylo. Il a dit qu'il savait qu'il reviendrait pour lui un jour, mais qu'à présent il vivrait lui aussi pour jouer sa mélodie. La façon dont il me regardait à ce moment-là était la même que celle dont il m'avait regardé avant que l'obus ne frappe, et pendant un instant j'aurais pu jurer que j'avais de nouveau entendu cette musique dans la brise.
Je suis parti presque immédiatement après cela, et on m'a dit plus tard qu'il avait été renvoyé en Grande-Bretagne, pour se rétablir à Craiglockhart. Les autres hommes se plaignaient des avantages des officiers et des vacances agréables pour le lieutenant, mais ils ne savaient pas ce qu'il avait vécu et j'avais beaucoup de mal à l'envier moi-même. A un moment donné, j'ai demandé à l'équipe qui l'avait ramené s'il avait un stylo quand ils l'ont trouvé, mais ils m'ont répondu que non. La seule chose qu'ils avaient trouvée à proximité était les plaques de l'homme mort parmi ses restes. Un homme nommé Joseph Rayner.
Et pendant un long moment, c'était tout. Wilfred était de retour à la maison pour récupérer et assumer des fonctions plus légères, pendant que je continuais à piétiner dans la boue des Flandres. J'ai moi-même frôlé la mort à quelques reprises - y compris avec le lance-flammes qui m'a marqué de façon si particulière. Cela aurait pu être pire, bien sûr ; si la pluie n'avait pas presque liquéfié la boue du no man's land, j'aurais été réduit en cendres.
J'ai cependant commencé à remarquer quelque chose parmi les troupes. Chaque fois que nous nous alignions pour monter, je les regardais, je regardais leurs visages. La plupart d'entre eux ne montrait rien que la peur bien sûr, mais quelques-uns semblaient distants. Le sifflet les faisait sursauter et, les yeux écarquillés, ils s'élançaient.
J'avais déjà vu ça avant avec Wilfred, mais j'avais toujours pensé que c'était simplement l'esprit qui essayait d'étouffer la probabilité de sa propre mort. En regardant, je ne pouvais pas m'empêcher de remarquer la légère inclinaison de leurs têtes, comme si ils tendaient doucement l'oreille pour entendre un air lointain. Ces hommes ne sont jamais retournés dans les tranchées.
Vous connaissez l'expression "to pay the piper" (recevoir la monnaie de sa pièce). J'y ai beaucoup réfléchi pendant ces nombreux mois - la dette de Hamelin, qui, par cupidité, s'est fait enlever ses enfants pour ne jamais les récupérer. Saviez-vous qu'Hamelin est un véritable endroit en Allemagne ? Oui, pas très loin de Hanovre si je me souviens bien. Nous avons eu un prisonnier de là-bas. Je voulais lui poser des questions sur le vieux conte et lui demander ce qu'il savait du Joueur de flûte. Mais le pauvre homme ne parlait pas un mot d'anglais et il est mort quelques jours plus tard d'une blessure infectée par un éclat d'obus. Il a passé ses dernières minutes à fredonner un air familier. Cette nuit-là, alors que nous nous frayions un chemin dans la boue et le métal cassé lors d'une autre attaque futile, je me suis demandé : sommes-nous les enfants volés à leurs parents par l'air du joueur de flûte ? Ou sommes-nous les rats conduits à la rivière qui se sont noyés parce qu'ils ont mangé trop de céréales des riches ?
Ce sont cependant des rêveries pour les poètes, dont je ne fais pas partie. Mais j'ai continué de lire le travail de Wilfred et j'ai été surpris de voir à quel point il avait changé depuis son départ. Alors qu'il aurait pu être considéré comme trivial, il y avait maintenant une tragédie qui découlait de ces mots. Même maintenant, je ne peux pas écouter Exposition sans être de retour dans cette maudite tranchée en hiver. Et le public a clairement ressenti la même chose, puisque l'un des rares journaux que nous avons réussi à faire passer à la ligne a publié un long article faisant l'éloge de sa première collection. Malgré tout cela, il y avait quelque chose qui me gênait.
Wilfred est revenu dans le 2e bataillon de Manchester en juillet 1918. Il avait manifestement beaucoup changé durant son absence et semblait être d'assez bonne humeur, bien que nous ne parlions plus vraiment, et lorsqu'il me regardait, je voyais dans ses yeux une peur qu'il était prompt à cacher. La guerre touchait à sa fin à ce moment-là. Une fatigue se faisait sentir partout ; même les mitrailleuses ennemies se montraient plus lentes et plus réticentes dans leur tir, mais ça incitait nos commandants à nous pousser à des opérations de plus en plus agressives. Une tentative désespérée de pousser l'Allemagne à se rendre, je suppose, et nos attaques se sont multipliées.
Le premier jour d'octobre, nous avons reçu l'ordre de donner l'assaut à une position ennemie à Joncourt. Je me souviens que le temps était magnifique ce jour-là - un dernier jour de soleil avant que l'automne ne s'installe. Nous avons porté l'assaut avec un certain succès, car je crois que l'artillerie allemande n'était pas correctement alignée, et pour la première fois depuis son retour, je me suis retrouvé à combattre aux côtés de Wilfred. Je peux dire sans mentir que durant toute la guerre, je n'ai jamais vu un soldat se battre avec autant de férocité que ce que j'ai vu en lui ce jour-là. Je m'empresse d'ajouter que cette déposition n'est pas faite par admiration - la sauvagerie que j'ai vue en lui lorsqu'il a transpercé un homme avec sa baïonnette... Je préfère l'oublier. Alors qu'il chargeait, il a poussé un terrible cri de guerre et, juste un instant, j'aurais pu jurer que je l'ai vu projeté une ombre qui n'était pas la sienne. J'ai lu dans le journal qu'il avait gagné la Croix militaire pour cette attaque.
C'est un mois plus tard que je me suis réveillé et que je l'ai trouvé assis à côté de mon lit. Il m'a fixé, sans méchanceté, bien qu'il y ait quelque chose dans ses yeux qui m'ait mal à l'aise. "C'est presque fini maintenant, Clarence", m'a-t-il dit. J'ai dit oui, il semblait que tout cela touchait à sa fin. Il a souri et a secoué la tête. Il est resté assis pendant un certain temps, et à un moment donné, une fusée éclairante a éclaté dans le ciel, dehors, et une quantité suffisante de cette lumière rouge a traversé la porte de fortune de l'abri pour que je puisse voir que Wilfred pleurait. Je savais qu'il écoutait l'air du joueur de flûte. Il m'a demandé si je l'avais entendue, et je lui ai répondu que non, que je ne l'avais pas entendue, et que je n'étais pas sûre de l'avoir jamais vraiment entendue. Il a hoché la tête et m'a dit qu'il ne savait pas lequel de nous deux était le plus chanceux, et moi non plus.
Wilfred Owen est mort en traversant le canal à Sambre-Oise deux jours plus tard. Il ne devait pas y avoir beaucoup de résistance, voire aucune, mais certains des soldats stationnés là-bas ont riposté. Je me suis retrouvé accroupi derrière lui alors que le capitaine, qui avait été touché à la hanche, était tiré à l'abri.
Alors que nous nous préparions à charger, Wilfred s'est arrêté d'un seul coup et s'est tourné vers moi avec un sourire sur le visage. À ce moment, j'ai vu un filet de sang commencer à couler d'un trou ouvert dans son front. Je pense que je dois le dire clairement - j'ai vu beaucoup de gens se faire tirer dessus. Je sais à quoi cela ressemble et comment un trou de balle apparaît. Mais ici, le trou de balle s'est simplement ouvert, comme un œil, et il est tombé à terre, mort.
On m'a dit plus tard que c'est ce jour-là que les premières négociations de paix ont été engagées entre les nations, et que l'armistice a été signé presque exactement une semaine plus tard. Nous avons été renvoyés chez nous peu de temps après.
Je crois que ce n'est pas seulement ce jour-là, mais à ce moment précis, lorsque Wilfred est tombé, que la paix a été assurée. Personne ne peut me convaincre du contraire. Le Joueur de flûte l'avait-il épargné avant ? Est-ce qu'il l'avait simplement utilisé pour ensuite se débarrasser de lui ? Je ne sais pas et j'essaie de ne pas trop y penser. J'ai une femme maintenant, et un enfant en cours de route mais je fais encore des cauchemars de temps en temps. La parade du jour de l'armistice est passée devant ma maison l'année dernière, et j'ai du fermer ma fenêtre quand la fanfare militaire est passée. Ce n'était pas un air que j'avais envie d'entendre.
                                                 ARCHIVISTE
Fin de la déposition.
S'il fallait d'autres preuves de la désorganisation de mon prédécesseur, nous les avons ici. Une déclaration de 1922 classée au milieu des années 2000. Il est évident qu'il n'y a pas beaucoup de recherches ou d'investigations supplémentaires à faire sur une affaire vieille de presque cent ans, surtout quand elle implique un personnage aussi bien documenté que Wilfred Owen.
C'est quand même une histoire assez intéressante, et j'ai l'impression de reconnaître le nom "Joseph Rayner" de quelque part, bien que je ne puisse pas dire d'où. J'ai fait en sorte que le dossier soit remis à sa place dans les archives.
Fin de l'enregistrement.
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payetoncouple · 4 years
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emprise malsaine
J'ai 18 ans. Cela fait environ 7 mois que je suis avec mon copain. 7 mois que je suis sous son emprise et dans une relation abusive qui me détruit. J'en suis consciente, mais incapable de le quitter. Enfin à long terme. J'ai des élans de lucidité, ou je veux sauver ma peau. Mais mr arrive toujours à me faire culpabiliser, à me faire croire que le problème vient de moi, et je finis toujours par revenir en rampant…
Il faut savoir que j'ai toujours eu des relations compliquées avec les hommes. À mes 11 ans, j'ai été violee à plusieurs reprises par un homme. Si naïve et fragile à ce jeune âge, j'ai été détruite par ce vol de Mon insouciance, par cet homme qui s'était approprié mon corps. J'ai fini par croire que, comme il me l'avait fait comprendre, je n'étais bonne qu'à ça, et d'ailleurs je n'existait que pour ça. Je suis passé par diverses tentatives pour mettre fin à mes jours, je suis tombé dans l'anorexie, la drogue, l'alcool etc etc… je n'arrivais plus à me regarde en face. Des photos qu'il m'avait forcer à faire ont été publiées sur Facebook. Bien sur personne ne connaissait l'histoire derrière, et vous laisse imaginer le harcèlement qu'il s'en est suivi, par absolument tout le monde. Je me suis mise à coucher avec n'importe qui. Je subissais tellement cette image de moi, imposée par les autres, les rumeurs etc que j'ai fini par agir comme ce qu'elles disaient de moi. Au cours de l'année de mes 12 ans, j'en ai parlé à mes parents, qui ont été dépassés, se sont sentis coupable. On ne s'est plus parlé avec mon père durant 4 ans. Ma mère m'a amenée porté plainte, je n'aurai jamais imaginé que même la police, sencé me protéger dans ma tête de petite fille, pourrait me pointer du doigt et prononcer ses mots “ tu le voulais avoue, maquillé comme t'es à ton âge ”. Je voudrais retrouver ces flics et leur expliquer qu'un maquillage n'excuse en rien, et que c'était une façon pour moi de camoufler ce visage et ce corps que je ne savais plus voir. Passons. J'ai rencontré des bonnes personnes. Des personnes qui ont réussis à me faire prendre conscience que j'avais réagis comme je le pouvais pour me protéger, pour m'en sortir, que je ne devais absolument pas me sentir sale mais surtout aller de l'avant et laisser tout ça derrière moi. J'ai réussi à changer, à arrêter de me détruire pour cet homme qui n'en valait absolument pas la peine, je me suis reconstruite et suis devenue une personne que je respecte enfin.
Tout allait enfin mieux pour moi, j'étais heureuse. Libre comme jamais, indépendante. Puis j'ai rencontré Mon copain. Je revenais d'un voyage humanitaire de 3 mois en Argentine. Au début il était vraiment l'homme que j'attendais. Protecteur, il s'intéressait à moi tout en me laissant vivre et en s'émerveillant pour chacunes des actions que je menais. Enfin je me projetais avec un homme. Puis son vrai visage à commencé à se montrer. Moi qui avait pour la quasi totalité des amis mecs ( je me suis forgé caractère je m'en foutiste qui collait en général mieux avec ce genre ), je me suis retrouvée à etre obligé de couper les ponts avec tous, sans exceptions. Ça n'a pas tardé avant que je doive faire la même chose avec les filles, qui lui rappelaient trop Mon “ passé de putain” soi disant, alors que je les ai connues après et qu'elles n'avaient aucun rapport avec tout ça. J'ai du quitter mon travail, après de trop nombreuses crises parce que “ il n'y a que moi que tu dois servir, et eux, ils vont tous te mater” ( j'étais serveuse en restaurant ). J'ai pris ça pour de la protection, il ne voulait que le meilleur pour moi. De la possessivité oui. Moi qui était une bonne vivante, toujours en train de faire la fête, avec plein d'amis, je me suis retrouvée seule chez moi. Lui a une situation très compliquée avec ses parents, et ne peut dormir chez lui. Je me suis alors arrangé pour que tout les soirs, TOUT les soirs, ils dorment chez moi, devant mentir à mes parents pour cela. Des qu'il se réveillait il partait, parce qu'il avait des potes à voir, alors que moi je devais l'attendre sans bouger à la maison. Puis attendre qu'il ait finit ses choses pour que je puisse lui ouvrir et enfin aller me coucher. À chaque désaccord , j'étais totalement rabaissée. “ sale pute t'es sale , jamais je pourrais avoir une femme comme toi” “ regarde toi, clocharde que t'es” dès que je n'allais pas dans son sens. J'acceptais tout ça, parce qu'il me disait que c'était ma faute et que je récoltais seulement ce que j'avais cherché, que si vraiment j'avais vécu tout ça au contraire jamais je n'aurai voulu retoucher un garçon. Puis de toute manière “ t'as de la chance que je sois la, regarde toi sale pute aucun homme ne voudrait de toi”. Quand j'allais dans son sens, tout allait bien. Il était vraiment attentionné, alors je pardonnais ces écarts, et me disait qu'avec le temps il n'y aurait plus que des bons moments. Faux. Il s'est mis à être jaloux de mes petits frères, et à vouloir m'en éloigner. Il m'a isolé sans même que je m'en rende réellement compte. En septembre, je dois reprendre des études. Assistante sociale. C'est véritablement une vocation d'aider les gens, à tel point que même dans ma vie Perso j'ai cette attirance vers les personnes avec des vies très compliquées, inconsciemment. Sa vision de tout ça? “ mêle toi de ton cul un peu, y'a plein d'autres métiers, pourquoi tu choisis à etre avec des mecs? T'aimes trop ça te faire baisé en fait”. Je passe des concours, j'arrive très bien classé, mais il n'y a pas d'école dans ma ville. Je dois partir, pour 2 ans. Il dis de lui même qu'il veut me suivre. On trouve un appart tout les deux, enfin je cherche de nombreux et nombreux apparts qui ne lui vont jamais, je m'en prends de nouveau plein la gueule. Jusqu'a un qui lui va. Pas du tout à moi, mais je cede, cest un bon compromis s'il me suit ( ce que je ne lui ai jamais demandé ). Mes parents s'engagent, se portent cautionnaire pour nous 2. À partir de ce moment, il me reproche de l'obliger à quitter sa vie, à tout lâcher pour une “ salope que je suis”. Je lui re explique qu'il est libre de ses choix, qu'il me suit s'il en a envie mais que je ne l'oblige à rien. On a du avoir cette discussion là une bonne cinquantaine de fois. À chaque fois que je ne voulais pas faire quelque chose pour lui “ supprime tout tes réseaux sociaux ” par exemple, sachant que j'ai déjà plus que les quelques filles qu'il a bien voulu me laisser, c'était son chantage. “ tu me demandes de me suivre et toi t'es même pas capable de faire ce petit truc pour moi?” Nos embrouilles devenaient de plus en plus fréquentes, de plus en plus violentes. Toujours des menaces, déguisées lorsqu'on était “ en bon terme” du chantage. Il a donné un nombre de coups incalculable dans ma voiture, qui peut en témoigner par tout les impacts, fais un grand nombre de trous dans les murs de chez moi, cassé toutes mes affaires les plus précieuses, déchirées mes photos etc… de nature grande gueule, je me suis retrouvée impuissante, sans être capable de rien, à le regarder faire ses crises et attendre en espérant que ça se termine vite et qu'il n'y aura pas trop de dégâts. Un matin, je me suis habillée vite fait et enfilé un jogging de foot que j'avais moi même acheté. Il est entré dans une colére monstre ( ah oui, parce que j'avais pas le droit de regarder le foot, ça me faisait sûrement rappeler mes ex). Il a déchiré chacun de mes ensemble de foot, a mis tout les habits de mon placard par terre, a craché dessus. J'étais incapable de dire quelque chose je pleurais. “ mais pq tu pleures ? Cest ta faute tout ça viens lève toi!!!” Il m'a attrapé par Le Bras et m'a déshabillé. Il m'a tenue nue en face du miroir et m'a dis “ regarde toi. T'es pas une femme, t'es une poubelle” puis à fini par me cracher dessus. Je ne mérite pas ça. J'ai fait des erreurs dans le passé, mais entendre ça de l'homme que j'aimais, ça a fini de me détruire. J'ai fini par appeler à l'aide et mon père est monté et l'a fait sortir. Et pourtant… j'ignore pourquoi mais j'y suis retournée. Jai pas pardonner j'y pense encore tout les jours, mais j'y suis retournée. Je ne sais même pas pourquoi j'écris tout ça. Mais j'ai peur de lui. Ce n'est absolument pas la vision que j'ai d'un couple, ni de l'amour. Je m'en suis pris des coups, des insultes, des mots plus durs les uns que les autres. Mais aussi des câlins, des cadeaux, des marques d'affections. Comment cela est il possible du même homme ?? Je sais qu'il souffre. J'ai l'impression qu'il est dans mon devoir de l'aider, bien que cela me détruise, et que je n'ai plus rien à voir avec la personne que je suis. Je n'arrive pas à partir, j'ai l'espoir de le libérer. Pourtant je n'y crois pas non plus, il a ce besoin de me contrôler, vraiment tout de moi. Je ne sais pas comment m'en sortir, des que j'essaye de le quitter c'est des mélanges de mots d'amour et de menaces, sur ma famille sur mes petits frères… j'ai peur, je n'ai plus l'envie de vivre, c'est pas la vie que je veux. Je me sens honteuse, coupable de nouveau, plus sale que jamais, alors que j'avais réussi à me sortir de tout ça….. il me manipule, je ne sais plus quoi faire… à chaque fois que j'essaye de me détacher il me retourne le crâne, me dis qu'il va se faire aider, je retourne dans ses bras seulement pour retomber d'encore plus haut… Ce n'est pas un couple!!! Fuyez mes dames, soyez plus fortes que moi, protégez vous….. Le couple est une relation bienveillante dans laquelle on doit se sentir en sécurité. Si tu trouves que ton partenaire te tient des propos blessants mais que tu as du mal à le quitter, n’hésite pas à lire l’article Pourquoi c'est dur de sortir d'une relation violente ?
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alexar60 · 5 years
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Furie
Dans mon immeuble, ne demandez pas ce qui est arrivé à la voisine du premier étage. Nous voulons oublier. On veut tout oublier !
Elle était gentille, serviable et adorable. Elle disait toujours bonjour, souhaitant une bonne journée aux gens qu’elle rencontrait. On retient surtout son sourire inoubliable. Il charmait les hommes et savait apporter la confiance aux femmes. Elle n’avait aucun ennemi, entourée seulement d’amis et de proches toujours prêts à la soutenir en cas de besoin. Quand les soirées chez elle étaient trop bruyantes, les voisins l’excusaient facilement car elle apportait à chaque fois quelques présents pour se faire pardonner.
On ne sait pas comment cela commença. Au début, personne ne se souciait de son absence, mais au bout de quelques jours sans l’avoir croisée dans les couloirs, on s’inquiéta. Après un mois, sa mère vint tambouriner sur la porte. Personne ne répondit. Elle alerta les voisins qui trouvèrent étrange de ne pas la voir ouvrir, d’autant qu’on entendait ses pas mais aussi les meubles bouger. Par moment, la télévision résonnait un peu fortement, mais nous découvrîmes plus tard que ce n’était pas la télé. Durant les nuits, moi-même fut réveillé par d’horribles cauchemars. Elle était là, rampant comme un lézard sur le mur de l’immeuble. Elle grimpait à la recherche d’une fenêtre ouverte. Dans mes rêves, l’une des miennes, généralement celle de la cuisine, l’était. Alors elle entrait, le visage grimaçant, montrant des dents jaunes presque pourries. Elle marcha le corps en arrière, le ventre face au plafond. Elle soufflait respirant fortement comme si ses poumons ne supportaient pas l’air. Endormi ou occupé à faire quelque chose, je ne l’entendis pas marcher jusqu’à moi. Alors, elle s’arrêta, vociféra des mots oubliés avec une voix grave puis elle fonça sur moi pour dévorer mon visage. Je me réveillai en sueur, persuadé avoir vécu ce songe éprouvant.
Par la suite, des voisins racontèrent plus ou moins avoir fait le même rêve. Il y avait cependant quelques différences, tel la couleur de sa robe de nuit ou ses mots ainsi que sa façon d’attaquer. Mais tous, s’inquiétèrent de ne la voir que dans leur rêve.
Ayant un double des clés, le concierge fut sollicité. Nous fûmes pris de nausée quand il ouvrit la porte. Au-delà des immondices trainant dans le couloir, nous découvrîmes des animaux morts, des rats, des corbeaux, des chats dont celui de mes voisins les plus proches. Tous étaient momifiés, vidés de leur sang comme si on avait bu leur fluide vital à même la chair. Nous continuâmes à marcher entre les ordures ; dans la salle à manger, nous trouvâmes des vêtements souillés de sang et d’excréments. La télévision gisait sur le sol, l’écran était cassé. Le robinet de la cuisine fuitait laissant des gouttes rebondir sur une casserole encore sale. L’odeur de moisi imprégnait la pièce, les poubelles débordaient de nourriture avariée. Nous dûmes combattre une nuée de mouches pour atteindre la fenêtre et l’ouvrir.
L’air était tellement irrespirable que nous évitâmes de parler. Nous nous dirigeâmes ensuite dans la chambre, alertés de sa présence par une respiration sifflante. Elle était dans le noir, les volets fermés empêchaient de la voir. Quelqu’un appuya sur l’interrupteur. Elle était sur le lit dans la position de nos cauchemars, le corps à l’envers. Sa peau devenue blanche marquée de scarifications, sentait fortement le souffre et la pourriture. Ses cheveux d’un blond châtain à l’origine avaient pris une couleur noir corbeau. Ils balayaient  le sol quand elle marchait. Elle nous regardait de ses yeux blancs, opaques, ils n’avaient plus rétine. Sa bouche ouverte prononça des insultes à notre présence. Elle nous maudit, promit de se venger en nous possédant si nous l’attaquions. Elle vomit une substance verdâtre tout en lâchant des gaz putrides. Nous n’osâmes pas entrer dans la pièce. Un voisin montra du doigt le plafond noir de mouches. Elles ne bougeaient attendant patiemment que la pauvre fille leur offre à manger. Car sur le sol, nous vîmes de nombreuses traces de vomis, de merde et de sang sur lesquels grouillaient des centaines d’asticots. La mère préféra sortir, s’évanouissant dans le hall.
L’horreur nous submergea quand elle décida de bouger. Elle marchait en arrière à quatre pattes, la tête regardant à l’envers. Elle s’avança dans notre direction puis s’arrêta et après avoir craché du sang, elle ordonna à son fils de nous parler. Nous fûmes étonnés car elle n’avait pas d’enfant, seulement en relevant sa chemise de nuit, nous fûmes pris d’un effroi terrifiant en découvrant ses cuisses couvertes d’un sang brun séché depuis longtemps mais surtout la tête d’un fœtus coincé dans son sexe. L’avorton gardait les yeux fermés, la bouche entrouverte, il était bien mort.
Après les avoir appelés, les pompiers ne savaient pas comment faire avec un cas pareil. Elle mordait, crachait tous ceux qui l’approchaient de trop près. Alors, ils appelèrent la gendarmerie pour la capturer. Une patrouille de quatre agents ne fut pas suffisante. Toutefois, avec des renforts, ils réussirent à la maitriser. Certains policiers et pompiers constatèrent que l’acidité de ses crachats brulait leur uniforme. L’un d’eux finit même torse nu. Enfin, elle partit dans un centre psychiatrique où les médecins ne purent définir son trouble. On suggéra un lien entre la fausse-couche et sa folie. Mais de là à se désarticuler, personne ne put l’expliquer. Quelques voisins lui rendirent visite, une fois, deux fois. Généralement, ils préférèrent arrêter à la troisième fois, en raison des insultes et autres menaces. D’ailleurs, la nuit qui suivait leur visite, les cauchemars revenaient. Elle resta six mois à l’hôpital psychiatrique, nourrit par intraveineuse, attachée par sangles sur son lit. Elle était toujours surveillée car elle arrivait souvent à défaire ses liens. Et toujours, cette armée de mouches au plafond. Chaque matin, les femmes de ménage devaient chasser ces insectes qui revenaient plus nombreux le soir.
Quand elle mourut, d’une certaine façon, nous fûmes soulagés pour elle parce que son supplice devait être infernal. Je compris qu’elle décéda officiellement de fatigue. Son corps fut enterré, de nombreux amis furent présents, et l’horreur fut particulière quand elle surgit de son cercueil durant leurs rêves. Dans leurs cauchemars, elle promettait de revenir.
Pour l’oublier, nous décidâmes de ne plus parler d’elle. Seulement, les résidents de l’immeuble de face s’inquiètent au sujet d’une de leur voisine qui ne donne plus signe de vie. Pourtant, ils pensent l’entendre parler à haute voix et marcher et d’autres bruits étranges. J’ai discuté avec l’un d’eux, il m’a parlé de cauchemars dans lesquels il la voyait entrer chez lui et s’en prendre à sa famille. Je ne lui ai pas dit, mais une nuit, pendant que je buvais un verre d’eau, je crus voir par la fenêtre une forme féminine grimper la façade de leur immeuble en rampant. Sa manière rappelait les lézards à la recherche d’une proie. Elle marcha jusqu’à trouver une fenêtre entrouverte. Alors, elle se faufila dans l’appartement et par peur de subir le courroux de ce démon, j’ai préféré me taire.
Alex@r60 – janvier 2020
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lavegetarienne · 3 years
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bonjour vous! 
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je ne suis pas morte et non! et vous non plus j'espère? bon qu'est ce que j'ai à vous raconter de bien niaiseux pour me justifier? 
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beh rien je crois... si ce n'est que j'ai adopté un cuiseur vapeur (d'occasion bien sûr) et que c'est le coup de foudre entre nous. on cuisine ensemble tous les jours. c'est un mâle a priori, car il s'appelle Seb 
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je trouve que c'est une belle façon de manger post-jeûne... et accessoirement je me demande COMMENT JE N'AI PAS EU L'IDEE D'EN ACHETER UN AVANT???????
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   bwef, nevermind. voilà c'est à peu près tout.
sinon que en allant chercher des violettes en forêt pour mon cheese cake, j'ai aussi ramassé des orties, et comme je suis pas douée, et très approximative comme fille, j'm'ai piqué les doigts, mais bon... 
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j'ai trouvé cette super recette chez Mathilde Combes, du site Nature & Autonomie c'est un site que je recommande vraiment si vous aimez beaucoup les plantes et que vous avez envie de faire connaissance plus en détail avec elles... même si l'ortie n'est pas la plus glamour, ni la plus attirante, mon cher Victor Hugo lui a dédié un poème sensible et plein de délicatesse, que j'aime depuis bien longtemps (dans les Contemplations, bien sûr ♥)
J’aime l’araignée et j’aime l’ortie, Parce qu’on les hait ; Et que rien n’exauce et que tout châtie Leur morne souhait ; Parce qu’elles sont maudites, chétives, Noirs êtres rampants ; Parce qu’elles sont les tristes captives De leur guet-apens ; Parce qu’elles sont prises dans leur œuvre ; Ô sort ! fatals nœuds ! Parce que l’ortie est une couleuvre, L’araignée un gueux ; Parce qu’elles ont l’ombre des abîmes, Parce qu’on les fuit, Parce qu’elles sont toutes deux victimes De la sombre nuit. Passants, faites grâce à la plante obscure, Au pauvre animal. Plaignez la laideur, plaignez la piqûre, Oh ! plaignez le mal ! Il n’est rien qui n’ait sa mélancolie ; Tout veut un baiser. Dans leur fauve horreur, pour peu qu’on oublie De les écraser,
Pour peu qu’on leur jette un œil moins superbe, Tout bas, loin du jour, La vilaine bête et la mauvaise herbe Murmurent : Amour !
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ingrédients
- 7 poignées d’ortie fraîche (à défaut, de l'ortie séchée, en magasin bio, ça le fait aussi) - 2 pommes de terre  - 1/2 oignon  - 1 gousse d’ail  - un peu de St Hub - un peu de crème végétale - sel, poivre du moulin - jus de citron
  préparation
faire revenir l’oignon dans le St Hub, le tout dans une casserole, puis quand il est translucide, ajouter l’ail, l’ortie bien lavée, et les pommes de terre coupées en morceaux. laisser cuire 15 à 20 minutes, en ajoutant un peu d'eau et du sel. 3. quand les pommes de terre sont cuites, mixer avec soin, jusqu’à ce que la soupe soit bien onctueuse. juste avant de servir, ajouter le jus d’un demi-citron, un peu de crème fraîche, et 3 tours de moulin à poivre. 
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  l'ortie m'évoque aussi le conte d'Andersen "Les cygnes sauvages", qui n'est sans doute pas aussi connu que "Le vilain petit canard" ou "La petite fille aux allumettes", et qui raconte l'histoire de la princesse Elisa dont la marâtre a transformé les onze frères en cygnes sauvages. Elisa doit briser la malédiction en leur tissant des tuniques à base d'ortie qu'elle ramasse dans les cimetières la nuit venue. accusée de sorcellerie, elle manque d'être brûlée vive, mais elle finit par délivrer ses frères.
je me rappelle particulièrement de ces illustrations:
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  et si vous voulez en lire plus sur l'ortie, je vous recommande ces articles:
https://booksofdante.wordpress.com/tag/histoire-ortie/  
https://plantes-sauvages-comestibles.com/lortie-plante-extraordinaire/ 
bonne lecture et bon appétit! 
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judithprivette · 4 years
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Economiser La Creation De Site Web Est Intéressant Pour N'importe qui
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Les Faits Mal Connues A Propos de Explorer La Creation De Site Web.
Bonifer La Creation De Site Web Que Vous Devez Connaitre Avant De Choisir
Le Guide Ultime De Comparer La Creation De Site Web
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Il a en outre un plus grand degré de soutien - Conception de site Internet. Néanmoins, tout cela comprend évidemment une plus grande dépense d'adhésion, et il n'a toujours pas toute la flexibilité et les capacités de personnalisation que WooCommerce. Squarespace dispose d'une option d'abonnement au commerce électronique, donc si vous avez sélectionné Squarespace pour créer votre site et que vous avez également des demandes d'achat très simples, vous pouvez sélectionner ce cours.
Il se compose d'un nom de domaine gratuit, de la sécurité SSL, de l'optimisation des moteurs de recherche, de la récupération du panier abandonné, de remises, de l'expédition par un fournisseur en temps réel, etc. Néanmoins, il a été noté qu'il n'est pas aussi facile à utiliser que Shopify (Creation de site web Québec). Tout comme Shopify, il n'est tout simplement pas aussi flexible que WooCommerce. Wix a en fait une extension Shopify qui est très agréable pour le client.
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Plus la présentation et le contenu de votre site sont meilleurs, plus votre site apparaîtra certainement sur les pages de résultats des moteurs de recherche. L'optimisation des moteurs de recherche comprend principalement le respect des pratiques: Recherche de mots-clés ainsi que mise en œuvre Code de site Internet optimal Vitesse d'emballage rapide Etre protégé ainsi que la mise en place d'un certificat SSL; SSL est l'innovation commune en matière de sécurité et de sûreté qui fait que certaines données transmises entre les serveurs Internet ainsi que les navigateurs Internet restent privées Avoir un site Web adapté aux mobiles Présence de liens de retour de qualité supérieure (liens sur des sites externes avec un contenu connexe) qui aboutissent à votre site Avoir de bonnes affaires d'évaluations positives en ligne (Google, Yelp, Facebook, etc.) Utiliser des liens Web internes sur votre site pour que les gens continuent de cliquer et de lire Utiliser les réseaux sociaux pour créer un lien vers votre site (LinkedIn, Twitter, Facebook, Pinterest, et ainsi de suite) L'optimisation des moteurs de recherche est un processus continu extrêmement vital qui peut suggérer la distinction entre apparaître sur la toute première page des pages Web de résultats des moteurs de recherche (ce qui entraîne de grandes quantités de trafic gratuit vers votre site Web) ou la page 300 ( ne causant aucun trafic Web).
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Les Questions Mal Connues A Propos de Comparer La Creation De Site Web.
Recevoir La Creation De Site Web Que Vous Devez Connaitre Avant De Choisir
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  Vous trouverez ci-dessous quelques idées pour élaborer une stratégie de maintenance de site Web pour petite entreprise: Inspectez les informations relatives à l'équipement du webmaster au moins une fois par mois et recevez également les erreurs essentielles par e-mail en temps réel. Utilisez les données de trafic du site Web pour en savoir plus sur votre marché cible afin que vous puissiez mieux les gérer. Informations sur les performances d'utilisation pour maximiser et corriger les mises en garde et les erreurs.
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Le Guide Ultime De Magasiner La Creation De Site Web
Le Guide Ultime De Magasiner La Creation De Site Web
Comme vous pouvez l'informer après avoir lu cet article, le développement d'un excellent petit site de service peut ne pas être aussi basique que vous le supposiez initialement. Néanmoins, si vous vous conformez aux étapes décrites dans cet article, votre entreprise locale aura une possibilité exceptionnelle de bien réussir sur le marché Internet. Je suis un concepteur Web qui se concentre sur WordPress, le style graphique, la croissance du site Web adapté aux mobiles, le référencement (optimisation des moteurs de recherche), la publicité et le marketing au paiement par clic (Pay Per Click), l'interface, le commerce électronique et les blogs / réseaux sociaux publicité et marketing dans les médias.
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manieresdedire · 4 years
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Désamour et bonne fortune
(Nouvelle publiée par la revue “Le Nouveau Décaméron”)
Elle nous a laissés en plan. Brutalement, sournoisement. Sans un mot d’explication ou d’excuse. Elle avait réussi sa fuite, provoqué un effet de souffle ravageur. Bien joué !
J’en fus, à dire vrai, soufflé.
Elle avait des motifs à déclarer notre famille en cessation d’activités normales pour cause de faillite amoureuse... J’en partageais sans doute, de nombreux. Mais nous abandonner de cette manière, c’était violent, indigne, minable.
La passion et la tendresse avait déserté la grande maison que nous habitions tous les quatre depuis neuf ans, s’y étaient substituées une sorte de mélancolie, d’attachement faute de mieux et des habitudes. Je savais qu’il fallait en sortir. Mais j’étais velléitaire.
Il y eut des signes avant-coureurs qu’un mauvais coup se préparait. Elle faisait preuve de retenue dans ses propos à mon égard, me parlait moins, plus précautionneusement, s’efforçait de faire bonne figure, c’était nouveau. Parfois, venait me visiter, l’illusion fugace qu’elle réalisait que sans changement d’attitudes de notre part, nous nous saborderions avec certitude, mais avec probablement des regrets et de la peine à la clef.
Adepte du gradualisme, avec une tendance à l’indifférence clémente, je n’aimais pas les ruptures, n’agissais jamais à l’emporte-pièce. Et puis je croyais aux rebonds, les vrais.
J’allais changer. Je devais être plus "fort", plus... décidé, tranchant, sincère.
Elle avait fait ses emplettes sans vergogne, enlevé notre jeune fils, emporté trois ou quatre jolis meubles, des objets rares. Des tableaux m’appartenant en propre et même mes manuscrits inachevés rangés dans quatre cartons à bouteilles de vin (crut-elle, en dépit de la différence de poids, qu’ils en contenaient encore ? Mes projets de romans faisaient, heureusement tous, l’objet de sauvegardes électroniques). Elle avait raflé tous les tapis persans, les jolies vaisselles, l’équipement TV-Hi-Fi. tous mes disques qui n’étaient pas de Jazz. Et m’avait laissé ses nombreux livres à la con sur le "développement personnel" - elle croyait que c’était de la philosophie - au sujet desquels je me suis longtemps demandé s’ils lui avaient été profitables. Ce n’était ni un geste visant à m’aider dans ma nouvelle vie, ni de l’humour - elle n’en avait jamais manifesté aucun, ni ne l’avait bien compris sous ses différentes variantes -. Elle avait dû les oublier dans la précipitation mise à décamper. Elle m’avait dérobé sept ou huit mètres linéaires de livres de la NRF - Gallimard, tous imprimés entre 1920 et 1962, dont certains conservaient des pages non encore coupées. Des livres des auteurs chéris de mes années de lycée et de fac, découverts et achetés après vifs marchandages, sur les quais de Seine et au cœur du Quartier Latin, sous le règne aujourd’hui révolu des libraires et des bouquinistes, d’avant celui des clans de la fripe, de la godasse, des restaurants du monde, des bijouteries de pacotille et des coiffeurs sous franchise ; les vrais épiciers et les droguistes d’antan avaient plié bagages depuis des lustres.
La Mercedes bleu électrique était en révision chez son concessionnaire, elle n’avait pas pu fuir avec. La Vespa crème et son banc sophistiqué de musculation également. Elle n’avait pas si parfaitement choisi son moment ni embarqué Léa. Ma fille, pas la sienne. Quelle chance j’eus de la trouver à la maison, le soir en rentrant ! Elle ne m’évita pas la sensation extrêmement désagréable des effets du parfait enchaînement "uppercut à la mâchoire, direct à la tempe et crochet au foie", qui ne me laissa, étrangement, que faiblement groggy et larmoyant, mais Léa m’offrit ses bras, des mots et des silences réconfortants et un verre de vin blanc généreusement servi.
Tout n’était pas perdu.
Le lendemain, après avoir fait l’inventaire complet des soustractions matérielles infligées à mon confort et à mon patrimoine, je trouvai , dans le dressing camouflé par des valises vides m’appartenant, un gros carton, à vins aussi, bourré de billets de banque judicieusement rangés, qui, me doutais-je, devais provenir de ses trafics coutumiers en brocantes et que je conserverai avec la ferme intention de les dépenser sans jamais m’en vanter. Comment avait-elle pu l’oublier ? Sans doute la précipitation, puis sitôt la mémoire revenue, la difficulté de revenir et de reconnaître des turpitudes tombant sous le coup de la loi... délicat après une Blitzkrieg qui vit l’ennemie victorieuse prendre la fuite avec succès (!?). Avait-elle confondu avec mes manuscrits ? Et sous cette hypothèse, pourquoi les quatre colis ? Restait-il encore trois cartons de moyennes coupures ? S’ils existent, je les trouverais.
Je ne pus même pas puiser dans cette manne inattendue pour régler les honoraires de mon avocate. J’eus le tort de m’en offusquer quand celle-ci me déclara préférer un règlement par chèque, croyant qu’elle instruisait contre moi, un procès en argent sale quand il ne s’agissait que de respecter la réglementation en vigueur (qu’elle éprouvât des soupçons se comprenait, et encore, elle ne savait rien du filon sur lequel j’étais tombé).
Elle avait profité de ce que je travaillais dur à mon nouveau roman, attablé des heures durant, buvant lentement des express délicieux, dans une brasserie à la mode d’un quartier couru de la capitale, pour envahir avec des complices impudents et imbéciles, notre espace familial - qui n’avait connu, je m’empresse de le dire, que douceur, puis tiédeur et enfin froideur, et qu’aucune colère ni séances pugilistiques ne troublèrent - et faire sa razzia.
Elle emportait aussi ce qui ne voyait pas : des lambeaux de ma vie, de cœur, d’âme, de peau, de chair. Et me laissait, généreuse, toute l’administration du bordel ambiant (factures, relances, expertises, mises en vente, abonnements, crédits immobiliers, dettes courtes,...) et toutes ces heures dont je n’avais plus besoin pour dormir puisque dorénavant je ne dormirai plus (ou presque).
Le désamour n’est pas le contraire de l’amour qui serait indifférence, irritation, détestation, rejet, ne plus aimer... Je me le représente comme l’espace de temps qui commencerait à l’instant incertain où l’on s’aime moins et s’achèverait juste avant de ne plus s’aimer. Graphiquement : la descente sans charme d’une courbe après pic euphorisant. Topographiquement : le retour lent et pénible d’un "septième ciel". C’est l’amour en train de se fissurer en étoile, sûrement, ou dont les fils se défont progressivement, en route vers sa fin. Il est puissamment ancré dans l’amour dont il procède et auquel, encore, il ressemble. Je me le figure toujours amour, celui qui souffre de ne plus être à la hauteur de ce qu’il a été, de ce qu’il s’était imaginé qu’il serait et qui, par dépit, inconsciemment, subrepticement, tournerait vinaigre. Le désamour ne se ressent pas comme la fin d’une histoire - ce pour quoi, il y croit encore et en quoi il se méprend ou se fourvoie -, il est l’expérience d’un "chemin de croix" habitée par le dangereux désir que rien ne change (à défaut que tout revienne), la mort au bout. En attendant, il se vit comme un inassouvissement, un désordre douloureux, une colère rampante contre l’autre rendu responsable de ce qui dysfonctionne.
Puis elle se dissimula. Je n’eus enfin de ses nouvelles que par l’entremise de l’avocat bedonnant, barrésien plutôt que rabelaisien, obtus, brutal, bavard de la barbare Barbara (le prénom de celle qui me quitta donc, sèchement) qu’elle avait mandaté pour me demander le versement d’une pension alimentaire d’un montant exagérément faramineux, pour "l’entretien" de mon fils Raphaël que je n’avais pas l’intention d’abandonner (les deux...) à sa mère, le pauvre et que je n’avais pas pas revu pendant les six semaines qui suivirent son enlèvement et précédèrent ce maudit courrier si peu digne d’être recommandé. Quelle outrecuidance quand on sait, tandis qu’elle était mieux payée que moi et travaillait beaucoup moins, dans un bureau confortable (elle me l’avait dit) de cet étrange et secret ministère des affaires étrangères au sein duquel j’ignorais à quoi elle œuvrait. À propos, l’argent, j’espère qu’il ne vient pas de fonds secrets d’État, je ne veux pas de nouveaux ennuis et là, possiblement, de plus gros encore.
Elle pouvait partir. Ce n’était pas illégitime. Il fallait bien que quelqu’un prît un jour une initiative forte. Elle le fit la première. Mais fuir de la sorte, aussi malproprement, quel essaim de mouches l’avait-il donc piquée ?
Je ne me saoulais pas, j’ai l’alcool en horreur et ne le supporte pas - sauf à raison de deux verres de vin blanc en soirée, les samedis, dimanches et jours fériés - il fallait ajouter les jours de rupture amoureuse - (je possède une plutôt bonne cave, mes amis me le disent, Barbara ne connaît pas d’amateurs et il ne semble pas qu’elle en ait servi à ses hommes de main). Je n’ai jamais compris pourquoi au cinéma et en littérature, le dépit amoureux s’accompagne parfois de cuites carabinées qui ajoutent au désespoir, beaucoup d’inconfort. Je ne me pendis pas non plus (information superfétatoire sous cette formulation) comme j’en avais eu, sinon l’intention, au moins l’idée, et puis, Barbara pouvait revenir... Pour me dire, je ne sais pas, "excuse -moi !", par exemple. Et repartir fissa avant que je la flanque dehors avec véhémence.
Au cours de la procédure de séparation, elle connut de gros ennuis au sein son administration - une crise d’angoisse ayant eu pour effet la destruction partielle mais spectaculaire, du mobilier de son bureau et un début d’incendie dans ses dossiers urgents dont certains depuis fort longtemps -, qui lui valurent d’écoper de la part de son administration bonne fille, une obligation de se soumettre à des examens médicaux au cours desquels furent diagnostiqués des troubles de sa personnalité "ne mettant ni sa vie, ni celle des autres en danger (malgré un départ de feu !?)", "à surveiller (quand même !)" et à des soins. Elle fut interdite d’entrée dans tous les locaux d’archivages de l’Hôtel si particulier du Second Empire et du bord de Seine ainsi qu’ailleurs, dans ses moins fastes dépendances, et ne put, dorénavant, recevoir "d’autres personnalités étrangères qu’arctiques " (sic -!?). Autant dire que cette affaire jeta un froid dans les bureaux voisins et suscita de l’émoi au sein du milieu si spécial et feutré du syndicalisme discret, sinon secret et politico-mondain du quai d’Orsay. Barbara n’ayant pas que des amis dans ce cloaque chic, pseudo-aristocratique, ajouté au fait que rien n’y est plus grisant que le partage des secrets, l’information fuita.
Mon avocate m’avait dit avoir flairé que "quelque chose (qui) n’allait pas", et "qu’on n’inflige pas à un homme comme (moi), pareille et inutile punition". Disposant d’un vaste réseau de connaissances et d’accointances, elle entreprit d’enquêter sur Barbara. Il lui fallut peu de temps pour glaner les informations sensibles et très moches qui précèdent et cependant très utiles à notre demande reconventionnelle aux fins de gagner la deuxième manche.
D’abord, je fus heureux de ne pas être à l’origine de ses déboires de santé, on me rassura à ce sujet. Je compris, a posteriori, certains de ses comportements que je m’étais mal ou pas expliqués : dissimulation, mensonges, obstination, rigidité, volubilité soudaine, refus de la contradiction, hauts et bas, accès de "je sais tout"... j’en passe et en oublie.
Ensuite je jubilais d’avoir obtenu la garde de mon fils, le versement d’une pension alimentaire symbolique, le retour de mes livres qu’elle avait en partie abîmés. Nous revendîmes la maison et nous nous réinstallâmes - ma fille, mon fils et moi, sans elle - dans une jolie banlieue qui avait su rester verte, ce pour quoi elle était un peu chère. Mais l’affaire de ma nouvelle compagne marchait fort. C’est dingue le fric qu’elle brassait rien qu’avec les divorces et d’autres conflits familiaux. Elle cofinançait l’achat de la nouvelle demeure.
Elle s’appelle Zahra, est avocate, et m’a beaucoup aidé à me sortir du guêpier dans lequel Barbara m’avait flanqué.
Je n’étais pas au bout de mes surprises.
Une lettre anonyme suivie de la visite à notre domicile de deux hommes, jeunes, élancés, à la force légèrement dissimulée sous un très élégant et très cher costume gris (chacun le sien), nous apprirent, la première, que Zahra ne m’avait pas tout dit, la seconde, par les bouches des deux fonctionnaires gris, que les innombrables billets de banque avaient peu à voir avec les seules brocantes.
J’appris que les deux femmes s’étaient connues à la fac de droit à Nanterre. Qu’elles avaient été amies, s’étaient déchirées à propos d’un homme, avaient renoué, et que Zahra l’avait dressée contre moi pour lui faire du mal. Elle avait inventé des histoires d’infidélités, d’enfants cachés, de plagiats littéraires, d’addiction au poker, de participations à des nuits "Drag-queen" dont je me serais rendu coupable. C’était la première étape de la démolition entreprise. Heureusement que j’avais gardé pour moi l’information concernant le trésor en numéraire.
Barbara l’avait crue, elle avait fui en voulant me faire payer ma soi-disant dépravation. Et Zahra était tombée amoureuse de moi, bêtement. Et réciproquement tout semblablement stupidement.
Je compris alors pourquoi, bien que préparant l’entier dossier seule, elle se faisait représenter par une consœur devant le juge aux affaires matrimoniales et ne signait aucun document de procédure. Pas question de confrontations entre les deux seules véritables adversaires.
Quelle déveine ! J’aimais vraiment Zahra, ma vie avait changé. J’avais même l’impression qu’elle recommençait... Nous avions le projet d’un bébé que Léa nous proposait de prénommer Hana (c’était ainsi, Zahra ne voulait pas d’un fils).
Les "costumes gris" auto-présentés comme "fonctionnaires-enquêteurs d’État", carte bleue-blanc-rouge à l’appui, au look "agent secret" ou "agent spécial", voulaient savoir si lors des déménagements récents, de grandes quantités d’argent en espèces avait été trouvées et dans la négative si je connaissais par le menu tout ce qui était entreposé chez nous. Ils n’abordèrent étrangement pas, l’hypothèse positive. Ils n’étaient pas officiers de police judiciaire et ne pouvaient procéder à la moindre perquisition (une menace bidon en filigrane de leur courtoisie appuyée), mais je fus soulagé de savoir les cartons stockés, loin de là, chez mes vieux parents à Zonza où il m’étonnerait fort que quiconque, à ses risques et périls, vienne les chercher et encore moins, mettre la moindre main dessus.
Si je déteste qu’on me fasse violence, me démantibule, je n’aime pas non plus, qu’on se serve de moi, qu’on me mente, me manipule, me dissimule des projets me concernant, me bouscule, m’accule. Alors il me fallait envoyer Zahra au diable, commencer à être énergique et résolu.
Prudent, je n’étais pas, dans cette relation, sans protection. Elle non plus. Pour l’achat de la maison nous étions engagés à parts égales en capital comme en crédit. Nous revendîmes. Mes autres avoirs étaient à l’abri. Les siens également. j’espérais être devenu le plus roué des deux mais ce n’était pas gagné.
Il nous aurait été pénible de quitter la maison de Sceaux. Il me fallut, avec mon nouveau conseiller juridique, élaborer un stratagème pour la conserver. J’avais toujours un trésor en espèces, de quoi monter une combine gagnante entre vendeurs, acheteurs et intermédiaire. Il me paraissait, à raison, improbable que Zahra détînt un tel tas de... liquidités pour financer une opération louche.
Léa souvent, s’étrangle de rire en évoquant mon parcours amoureux. Son frère, lui, n’est vraiment pas disposé à plaisanter au sujet de mes mésaventures quand elles concernent simultanément sa mère de laquelle il reçoit, cinq ou six fois l’an, une carte postale (une vraie) des îles "paradisiaques" où elle s’adonne à la plongée et la pêche sous-marine. Elle a toujours aimé cela. Elle lui manque un peu. J’ignore si la réciproque est vraie. Peut-être à l’occasion d’une visite d’un galion coulé au XVIIIe siècle y trouvera-t-elle un coffre empli d’or qui la consolera de l’abandon des billets abandonnés ? Mais en a-t-elle vraiment besoin ? Son train de vie ne semble pas souffrir du manque d’argent. Cette femme au "développement personnel" inattendu, à bord de sa goélette ou au bord des piscines des villas qu’elle fréquente, me restera longtemps une énigme. Si les nouvelle qu’elle donne à Raphaël sont exactes.
C’est étrange, je ne croyais pas pouvoir, au sortir de semblables tribulations, redevenir serein et optimiste, et virer calculateur et cynique. La vie se charge de battre les cartes et nous nous adaptons ou nous mourons. Pas seulement symboliquement.
Mais bon, les enfants sont de bonne humeur, les beaux jours sont revenus. L’auto et le scooter pareillement. Si je revois Barbara, je lui rendrais son banc de musculation.
Nous n’avons pas quitté notre maison en bordure du parc de Sceaux.
Finalement, indifféremment au coup monté, c’est un grand bienfait que Barbara soit partie. Nous serions peut-être, à cette heure, en train de nous faire du mal. Au lieu de cela, dans notre immense jardin, avec des amis et des collaborateurs de ma maison d’édition, nous célébrons la vente du 50 000ème exemplaire de mon dernier roman et un nouveau tirage.
Une certaine routine peut maintenant, commencer à s’installer...
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zhannabelle-fr · 4 years
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Pourquoi c’est tellement important de porter les amulettes et comment ils travaillent dans les situations différentes ?
Zhannabelle partage ses connaissances concernantes l’influence des objets de force sur notre vie
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Chacun veut être heureux, avoir une bonne santé et beaucoup de succès. Mais il y a vraiment peu de personnes qui savent que les amulettes et les porte-bonheurs peuvent aider en voie de la réalisation d’un rêve. Bien sûr, qu’ils doivent être faits personnellement et le plus souvent ce sont eux qui « choisissent » son propriétaire. Mais ce sera mieux si un expert dans les questions de la vie spirituelle comme Zhannabelle Vous aidera à faire ce choix. Cela Vous protégera des fautes dangereuses.
Les choses extraordinaires avec un sens très spécial
Il y a beaucoup de siècles chaque famille a eu ses propres amulettes et port-bonheurs. Ils étaient particulièrement gardés et respectés, passés d’une génération à une autre. Les gens ne savaient pas régler une moindre question sans aide puissante de l’amulette ; sans les port-bonheurs on ne pouvait pas commencer un voyage, conclure un mariage. Pendant les guerres ils permettaient aux soldats de survivre sous les balles et revenir à la maison. Malheureusement, actuellement cette tradition est presque oubliée.
Zhannabelle dit, que c’est une des raisons du manque de compréhension parmi les générations et de la disparition des liens parentaux. Cela cause les divorces, les doutes permanents des gens, l’impossibilité de trouver sa place dans cette vie. Les enfants n’apprécient plus l’expérience de leurs parents et ne les respectent plus. Mais, en même temps, ils ne sont pas capables de construire une nouvelle bonne base pour leur famille, ils ont de mauvaises habitudes, ils souffrent de la solitude et des dépressions. Et ces faits ne sont pas étonnants, car le contact énergétique fin des générations concentré et passé à travers les amulettes et les objets de valeur familiaux est également perdu.
Les gens ne prient plus la Force Divine habitante dans les amulettes et les port-bonheurs pour qu’elles les aident, mais par contre ils sont prêts à vendre leurs âmes pour les bibelots à la mode. Zhannabelle note cette particularité avec une grande inquiétude : les choses sans une âme et les bijoux ont une énergie destructive.
Ils se produisent pour les masses sans utilisation des connaissances, de l’expérience sacrale, de l’amour.
 Ce n’est que des bijoux simples ! Mais souvent on nous propose d’acheter en ligne ou dans les magasins les talismans contre les dommages énergétiques ou les amulettes pour attirer la fortune et l’argent. Et au mieux ils sont inutiles. Mais parfois de beaux objets de force pareilles peuvent être néfastes pour leur propriétaire ou même pour toute sa famille car personne ne peut pas dire qui l’a créé. Il est probable que c’était un charlatan qui ne savait pas comment manier les amulettes ou, ce qui est encore pire, un sorcier.
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Pas tous les souvenirs sont également inoffensifs !
Imaginons que sous l’influence de la publicité Vous avez acheté une amulette. Mais n’attendez pas obtenir l’aide qu’on Vous avait promis dans la publicité. Un tel objet n’a aucune valeur ou énergie puissante. De plus, si Vous achetez une amulette ou un porte-bonheur chez une personne inconnue, Vous risquez Vos santé et même vie. Particulièrement cela concerne de vieilles affaires et des objets de culte d’autres religions : des brises, des attrape-rêves, des statuettes, des symboles différents.
À chaque son cours Zhannabelle prévient : soyez particulièrement prudents pendant les voyages à l’étranger.
N’achetez pas les souvenirs aux marchés aux puces, chez les sorciers et les guérisseurs.
Et même dans un magasin des souvenirs il Vous faut penser deux cents fois avant d’acheter un porte-bonheur « pour attirer la bonne chance ». Les choses de cette sorte en réalité peuvent complètement changer Votre destin et un régime de vie de toute Votre famille. Et personne ne peut Vous garantir que ces changements seront positifs.
Michaelia, Francfort :
�� Est-ce qu’il y a des gens qui n’aiment pas apporter des bibelots de leurs vacances ? Moi, j’offre toujours des petits riens à tous mes parents, amis et même à mes collègues pour les faire plaisir. Cette fois, au cours de mon voyage en Inde je n’ai pas pu résister et mon dernier jour dans ce pays je suis allée dans un très petit magasin des souvenirs. Toute la salle minuscule était remplie par des bibelots brillants. Je me suis perdue dans cette diversité et à ce moment-là le vendeur en un horrible anglais m’a proposé une statuette admirable, dorée et incrustée avec les pierres naturelles. Je n’ai pas su dire « Non » !
Chez nous la statuette a trouvé une place d’honneur au centre de la cheminée à côté de la photo familiale. Et les choses bizarres ont commencé à se passe dans notre maison. Elle était littéralement attaquée par les insectes. Même les services spéciaux que nous avions appelés trois fois n’ont pas pu nous en sauver. Dans cette semaine notre chien préféré, le golden retriever Chuck, a disparu.
Peu après une petite terrasse où nous aimions boire le thé en été s’est effondrée. Par miracle, personne n’était blessé saufs mon mari qui était hospitalisé à cause d’une lésion assez grave.
J’étais bouleversée : c’était déjà assez de malheurs ! Mais les événements les plus terribles étaient à venir. Notre fils aîné qui jouait au football un jour a perdu la capacité de marcher ! D’abord, je suis devenue vraiment furieuse parce que j’ai pensé qu’il faisait semblent pour ne pas aller à l’école. Mais quand je l’ai vu rampant dans la toilette, j’étais obligée de commencer son examen médical.
Les médecins ne savaient pas quoi faire, car les analyses étaient normales et les os et les articulations n’étaient pas traumatisés non plus. Je me sentais absolument perdue. Ma maison et ma famille se détruisaient sous mes yeux. Sur la conseille de ma sœur j’ai invité Zhannabelle. C’est un miracle qu’elle a accepté de nous aider personnellement ! Zhannabelle a compris tout de suite que nous sommes sous l’influence d’une magie noire très forte.
Sans rien dire elle s’est approchée à la cheminée et a sévèrement commandé d’enlever la statuette indienne pas seulement de la maison, mais le plus loin possible de la ville et même du pays.
Le beau bibelot était plein d’énergie sombre du monde des morts. Elle buvait les forces de la maison et des membres de la famille. Zhannabelle a dû faire quelques rituels complexes pour nettoyer restaurer notre énergie. De plus, elle a fait une amulette spéciale ciblée à protéger notre famille de tous les malheurs possibles.
Il est difficile d’imaginer ma joie quand le lendemain mon fils littéralement s’est mis debout, mon mari allait aussi mieux. Les insectes bizarres ont disparus comme s’ils n’étaient jamais là. Et notre Chack est revenu.
Maintenant je préviens tous les amateurs des voyages et des choses historiques : c’est très dangereux de les acheter et apporter à la maison ! »
Votre maison est votre château
Les amulettes correctes peuvent protéger de l’énergie négative, de mauvais gens et des situations tragiques pas seulement leurs propriétaires, mais également toutes ses familles. Tout dépens de la force de cet objet.
Zhannabelle dit qu’il faut obligatoirement acheter une amulette si dans Votre maison il y a une énergie négative.  Voici des signes de son influence à la famille :
Les enfants tombent souvent malades, se comportent mal.
Les membres de la famille habituellement tranquilles et amicaux commencent les disputes sans aucune raison.
Les choses différentes disparaissent et cassent trop souvent, la technique tombe en panne.
Ni Vous, ni membres de Votre famille n’ont d’envie de rentrer à la maison.
 Les animaux se conduisent bizarrement ou quittent la maison.
Vous dormez mal pendant les nuis sans raison apparente
Observez Vos sentiments et évaluez la fréquence des cas décrits. S’il y a plusieurs correspondances, Vous avez besoin de l’aide professionnelle de Zhannabelle comme purification énergétique de la maison, des cérémonies spéciales, la création des amulettes et des porte-bonheurs.
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Les règles d’un bon choix des amulettes et des port-bonheurs de Zhannabelle
Trouver une amulette n’est pas si facile car c’est une chose exceptionnelle et unique. Correctement choisie, elle peut changer Votre vie assez sérieusement : aider à guérir, accélérer la réalisation des plans, attirer dans Votre destin les situations et les gens nécessaires. L’ancien propriétaire de l’objet de force est aussi très important. Et si c’était une personne avec une mauvaise énergie ou un mauvais destin ?
Pour cette raison Zhannabelle conseille toujours vivement de demander les chamans héréditaires de créer Votre porte-bonheur parce qu’ils sont de véritables maîtres dans ce domaine. Une amulette est juste unique, car elle est faite spécialement pour Vous. Pendant une cérémonie spéciale le chaman la remplit d’une bonne énergie, attire à l’objet de force un assistant. C’est lui qui protégera Vous et Vos proches, assure le succès dans les affaires très différentes et favorise la mission de Votre vie.
La création de tel objet est assez compliquée : elle demande de larges connaissances très spéciales, l’énergie, la force.
Le propriétaire de l’amulette doit la porter tout le temps avec lui. Il est recommandé de la mettre près du corps et ne montrer à personne. Vous pouvez également la poser dans Votre sac à main ou installer dans Votre voiture.
Au cours de ses séminaires Zhannabelle donne toujours à ses élèves la meilleure possibilité : c’est bien quand le porte-bonheur et son propriétaire se choisissent sans aide de tiers. Si l’objet de force est le vôtre, Vous le sentirez. Il peut Vous attirer, magnétiser, vibrer ou radier de lumière, de chaleur visible et sensible seulement pour Vous. Et sûrement c’est une grande chance de trouver une amulette dans un des Lieux de Force.
Certainement, parfois nous n’avons pas l’occasion d’aller à une retraite spirituelle dans un Lieu de Force. Mais Vous pouvez toujours trouver Votre objet de force en ligne ! Oui, Zhannabelle Vous offre cette chance unique comme un de ses élèves ! Écrivez-la !
Cette protection sera la plus puissante, elle aidera non seulement son propriétaire, mais également sa famille.
Jeanne, Provence :
« Je voyage pas si souvent, mais juste avant mon mariage j’ai décidé d’aller avec mon amie à une retraite spirituelle dans un des Lieux de Force. Là, j’ai vu mon port-bonheur qui m’a attiré lui-même. Petit et très brillant, il reluisait au soleil et radiait une chaleur extraordinaire. Je l’ai pris dans mes mains et puis ne l’ai jamais laissé.
Deux jours plus tard, comme d’habitude j’étais dans mon bureau.
Et soudain, mon port-bonheur ‒ le pendentif à mon cou a tremblé et m’a brûlé.
Les images de mon fiancé et d’un camion allant à la rencontre de lui sont apparus devant mes yeux. C’était trop effrayant ! J’ai eu le souffle coupé. De toutes mes forces j’ai serré mon porte-bonheur dans le poing et l’ai pressé contre mon cœur, quelques minutes après la vision est disparue.
Je courrais chez nous sans regarder sous mes pieds. Mon amoureux allait bien, il ne voulait rien raconter pour ne pas me déranger parce qu’il n’était absolument pas blessé. Et même sa voiture est restée intacte. Sur une route étroite un énorme véhicule articulé de couleur rouge (exactement comme dans ma vision) en plein vitesse allait sur lui. Miraculeusement il a su échapper la catastrophe à moins d’un centimètre du camion. Mon fiancé a dit qu’il n’avait même pas compris comment tout s’est passé. C’est une merveille, n’est-ce pas ?
Dès ce jour mon porte-bonheur est une relique de notre famille ».
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Les qualités d’un véritable porte-bonheur
Vous serez surpris d’apprendre que les amulettes peuvent disparaître. Et dans ce cas Vous ne devez pas avoir peur, car ce n’est pas un mauvais signe. La disparition d’un objet sacré veut dire qu’à cette étape sa mission est accomplie, l’amulette Vous a protégé.
Mais dans le moment Vous avez besoin de l’aide des Dieux, l’amulette apparaît de nouveau dans Votre vie (et le plus souvent d’une façon absolument inattendue !).
Zhannabelle raconte souvent les histoires pareilles qu’elle entende de ses élèves. La trouvaille de ton porte-bonheur seul et unique et de plus au Lieu de Force  est une véritable chance et un grand cadeau. Le chaman Vous bénira et apprendra à porter correctement Votre amulette et la soigner. Cette chose deviendra Votre protecteur, aidera à réaliser les rêves de Votre cœur et à vaincre les obstacles sur le chemin vers Votre but, Vous cachera contre les soucis et les personnes malignes. 
Zhannabelle dit toujours qu’une amulette pure peut même aider son propriétaire à grandir moralement. Grâce à elle une personne devient plus sage, tolérant, résistant, apprend à rester fort et trouver des solutions des questions les plus compliquées. Le propriétaire arrive à trouver son appel, acquérir une bonne réputation et le respect dans son domaine, établir les relations avec ses proches, trouver son bonheur personnel.
Voulez-Vous avoir une aide et une protection fondamentale de Votre amulette individuelle ? N’hésitez pas à écrire à Zhannabelle tout de suite !
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dtkid · 7 years
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Traquer les siens #03: Amour
 Il est à terre, rampant aussi loin que possible. Laissant dans la neige une large piste rouge foncée.. Il veut lui échapper. Partir loin. N'est plus en état de se battre. Il a causé un éboulis qui devrait la retenir un peu. Le temps qu'elle s'en dégage. Mais il sait que ça ne l'a pas tué. Les Hauts savent tuer les hauts. Les Hauts savent aussi ce qui ne tue pas les Hauts.   Mais si il rampe assez fort, assez vite, assez loin, il devrait parvenir à lui échapper. Au moins pour cette fois. Et revenir plus tard pour la détruire.
 Il n'a pas été assez malin. Il s'est fait prendre de vitesse. Il était tellement habitué à surprendre ses ennemis, où à ce qu'ils l'attaquent frontalement, sûrs de leur puissance.. L'idée qu'une d'entre eux puisse le prendre par surprise lui avait échappé. Ne lui avait même pas effleuré le crâne. Le temps qu’il réalise son corps était transpercé en quatre points.      Heureusement qu’il avait amené un atout supplémentaire avec lui. Une charge explosive. La détonation avait fait chuter les rochers, enterrant la Corrompue sous leur poids. Il s'était alors laissé tomber en contrebas, dévalant la pente abrupte jusqu'à ce qu'un tronc n'arrête sa chute. Crachat de sang. Douleur sourde sur tout l'abdomen. Fuire.
 Dans la nuit et le blizzard, il s'adosse à un arbre. Quatre balles dans le chargeur. Pas d'autre chance. Son esprit sombre dans les ténèbres et une fois de plus, se recouvre peu à peu des lambeaux du temps passé.   **************************************************************************************************
   Il tombe à quatre pattes dans la neige. La lueur rouge sort de ses yeux. Il a envie de se les arracher. De s'arracher le visage, la peau, les muscles. Se planter quelque chose loin dans la poitrine, que ça s'arrête, que ça s'arrête, que ça s'arrête.  Il ne sait pas où aller, ne sait pas quoi faire. Il ne sait plus pourquoi il y a de la neige. Il veut juste mourir.   Depuis qu’on lui a appris que les siens avaient commis l’Ultime Sacrilège, il se cache. Mais son état mental se dégrade de plus en plus. A chaque nouveau massacre d’humains un peu plus pied.  Ses pouvoirs sont hors de contrôle. Déchaînés contre lui-même.
 Alors que ses yeux brûlent, que tout brûle, que son esprit se disloque et se désagrège, il n'a qu'une envie que tout s'arrête. Mourrir. Mourrir. Mourrir. Enfin mourrir. La lueur rouge innonde son champ de vision, il se noie dedans. Il chute et chute encore. Et aterrit sans fracas.
   Il regarde autour de lui. La plaine de son enfance. Celle où son père lui a appris à lire les étoiles. Mais le soleil bouge bien plus vite que dans la réalité, traversant l'étendue du ciel en une dizaine de secondes. Puis la nuit constellée. Et le jour à nouveau. S'enchaînant, les mois et les années passent en quelques minutes.
"C'est ça le sort de l'immortel. Voir sans fin les mêmes cycles qui se répètent."
 La voix grave a tonné. Teintée de l'écho des tréfonds du passé.
 "Et dire que nos frères et soeurs ont choisi cette vie maudite... - Père..."
Derrière lui, la forme bleutée de son père se dessine, assise sur un rocher fixant l'horizon.
 "En nous concevant, les dieux ont oublié qu’il n’y a pas de pouvoir juste. Et dans notre folie nous nous sommes persuadés que nous étions là pour dominer les éphémères. - Si vous aviez été là... - Rien  ne dit que j'aurais fait un meilleur choix. Seuls les fous croient en leur propre vertu. Tu as eu la chance de fuir à temps. - Maintenant je suis isolé, brisé, ne souhaitant que la mort."
Pendant sa dernière phrase, les larmes ont monté à ses yeux. Il se laisse tomber à côté de son père, soulevant un nuage de poussière. La main paternelle se pose sur son épaule.
 " Tes choix jusqu'ici ont fait ma fierté, fils. Mais maintenant une rude tâche t'attend. - Laquelle ? - Tu le sais et tu as déjà fait ton choix. Je ne suis venu t'apporter que des encouragements et dissiper tes derniers doutes."
 Le Vagabond soupire.
"Je dois effacer les traces de la vanité des dieux, de la folie des Hauts. Je dois éteindre notre race. Mais je suis tellement limité. - Ta vie telle que tu la désirais est terminée. Quitte à mourir, offre toi une mort noble."
Un énorme fracas vient troubler le Rêve et les lambeaux de passé se dissippent. Remplacés par les ténèbres puis par d'autres images colorées.
************************************************************************************************
 Lui et elle. Larika, la femme à la peau sombre. Dans un palais. Dehors l'orage gronde. Il la tient dans ses bras, la cajole. La supplie de venir avec lui. Elle lui demande de tenir son rang, de rester à sa place.  Lui dit que son père aurait eu honte de lui. Un déserteur, un vagabond. Il ne l'écoute pas. Il s'arrache à ses bras. Et quitte le palais, marchant vers la ville humaine la plus proche. Le tonnerre gronde. De plus en plus fort. Envahissant tout.
**********************************************************************************************
 Il entend les rochers qui éclatent au loin. Le bruit le tire de son évanouissement. Ca y est, elle s'en est sortie. Elle est après lui.  Au loin, dans sa vision trouble il voit apparaître sa forme. Un torse de femme surmontant un corps de mille-pattes géant. Les innombrables membres de la créature foncent vers lui à toute allure. Mais il ne voit que des formes. Il ne faut pas qu'il perde connaissance. Sinon tout est perdu.
Il la regarde droit dans les yeux. Arme.
 "Ca reste un plaisir de mourir contre toi."
Les yeux rouges de la femme à la peau sombre se plantent dans les siens. Un coup de feu en plein dans l'épaule ralentit sa course. Elle hurle.
 " Ne t'imagine rien. Notre passé est révolu. Un rapprochement avec un être si inférieur serait désormais... de la zoophilie."
 Il tire à nouveau, arrachant un morceau de joue. Respire de manière saccadée. Maintenant qu'elle est si près il peut voir que l'éboulement ne l'a pas laissé indemne. Sa course, si rapide et agile est devenue pataude. La partie droite de son visage est broyée et elle n'y voit plus que d'un œil. Alors qu'elle arrive à son niveau, il tire une autre balle qui transperce la gorge de son ancienne promise.
 "Je suis désolé. Si je n'avais pas fui... Les choses auraient pu se passer autrement."
L'attrapant par le col, elle le soulève comme s'il avait été fait de plumes. Le plaquant contre l'arbre. Elle se redresse légèrement plaçant ses deux premières pattes, affutées et pointues face à lui. Elle lui plante dans la poitrine et serre, serre fort sur sa gorge. Le Vagabond ne sent plus rien, si ce n'est les gerbes de sang, s'écoulant de la gorge de Larika aterrir sur lui, son menton, son torse.
"Désolé." lâche-t-il dans un murmure.
 Ses yeux se ferment. C'est le noir. Il sent la prise sur sa gorge se relâcher. Il chute. Aterrit là où il était adossé à l'arbre, puis s'effondre dans la neige. Un bruit mou. Quelques mêches de cheveux sur son visage. Pas les siens. Il ouvre les yeux. Le visage sombre de Larika. Paupières fermées. La blessure à sa gorge. Plus profonde. Sauvé par sa précision au tir. Et dire que c'est elle qui lui a appris à tirer.
 Des bruits de bottes s'enfonçant dans la neige. Près de sa tête.
"Merde, elle venait de buter un gars..."
Une main qui se penche, tâte son pouls. Une voix de femme à laquelle répond une autre.
 "Il est encore vivant. En sale état mais vivant. Faut le ramener au camp."
 Il n'a plus la force de bouger, il pourrait articuler quelques mots, mais ça ne servirait à rien. Elles n'ont pas compris. Rien qu'à la manière dont elles le portent, il le sent. Si elles savaient ce qu'il est, elles le traîneraient dans la neige. Là elles le portent comme si sa vie avait de la valeur, comme s'il y avait quelque chose à protéger. Mais il sait comment ça va se passer. Elles vont le déshabiller pour le soigner. Et elles verront le sceau. La seule chose à espérer, c'est que son corps ne guérisse de lui-même avant qu'il ne soit attaché et qu'il puisse se tirer en douce.
 Mais à peine s'est il fait cette réflexion que son énergie recommence à le quitter. Il a perdu beaucoup de sang Son esprit sombre à nouveau dans le noir.
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Les cercles de l’eau
Depuis mon opération j’ai pu à nouveau me poser des questions. Et paradoxalement je m’en pose beaucoup moins aussi.
Ce soir, on va faire lancer une pierre dans l’eau, on verra les reflets qui en naîtront. 
......
Blop.
        Parce que j’ai la chance de ne pas être confronté s’en arrêt à du mégenrage et à de la dysphorie. Maintenant quand je mets un tee-shirt, il me va bien et c’est normal. Je me sens tellement safe en mettant des vêtements. On oublie vite en fait le poids que c’était de se regarder dans le miroir, d’essayer une tenue. Voir la bosse sur le tee*shirt, de se dire: “Non pas aujourd’hui, je vais pas pouvoir assumer. Je vais pas pouvoir être bien, je vais pas pouvoir m’en foutre”. De se changer, de se regarder. De ne pas pouvoir sortir parce que ça fait mal de se voir. 
Ca. C’est bon c’est passé pour moi. Et pourtant, maintenant quand je me regarde nu, avec mon torse presque plat. Je dis presque parce que j’ai gardé un peu de “poitrine” qui forme des petits pecs. 
Maintenant quand je me regarde, je me sens bien. Je me sens mieux. Je me sens moi. Et malgré tout, je peux pas m’empêcher d’avoir une pensé quand je vois des torses plats sans cicatrices. Je ne suis pas jaloux, je ne voudrais pas forcément échanger ma place. Mais quand je regarde en arrière. 
Bordel j’ai vécu une opération. J’ai été sur une table. On m’a ouvert, on m’a enlevé quelque chose et on m’a recousu. Mon corps a du se reconstruire. Mon esprit a dû se reconstruire. Je suis tellement fier de moi. Et je ne suis pas si sûr de pouvoir le refaire. C’est assez traumatisant. Et pour si on me disait demain je dois le refaire, je suis pas sûr que j’irais. 
Alors même que je me sens mieux.
Alors même que je suis un privilégié et que je le sais.
Alors même que je suis vraiment vraiment plus épanoui. 
Alors pourquoi ? Parce que mon corps est fragile, parce que je suis fragile, parce que je n’arrive pas à être je crois. 
Parce que je ne suis “un truc qu’on ne comprend pas très bien”. Parce qu’on utilise toujours mon deadname, et parce que j’entends encore des “elle”. Parce que j’ai envie de porter des jupes au boulot, du maquillage, j’ai envie d’être moi. Et que j’ai pas envie de vivre en cis. 
....
Blop
Depuis mon opération j’aime beaucoup plus jouer avec les codes et j’arrive de nouveaux à mettre des robes, des jupes, du maquillage et à me trouver beau. Je crois aussi que malgré tout, le féminin restera douloureux pour moi. Je me sens féminin, mais je vais avoir du mal à utiliser “elle”. J’y arrive pas. Ca me lacère les os, ça me brûle les tripes à chaque fois qu’on l’utilise. 
Je t’en veux pas. Mais j’ai dû mal à comprendre. J’ai dû mal à comprendre pourquoi vous ne faites pas cet effort en fait. Parce que vous le savez, parce que quand je vais revenir vous allez encore me faire du mal et que je vais repartir en rampant. Que ça va être horrible. 
C’est fou, comme j’avais oublié à quel point ça faisait mal le mégenrage. On oublie on efface. Mais en fait ça reste bien là, bien dans ton esprit et c’est toujours quand tu penses être au calme qu’elle remonte ta bonne vieille amie qui te susurre que jamais personne ne pourra te comprendre en dehors du groupe Queer. Que tu n’es pas si safe que ça. Que tu ne sais jamais. L’enfer est pavé de bonnes intentions. Et que j’ai pas envie de mourir. 
....
Blop
Alors ca va aller. Ca va aller, parce que ça fait.... plus de 3 ans que j’ai commencé à me dire, à m’avouer que j’étais trans. Non pas m’avouer à me dire, à m’assumer, à reprendre droit sur qui je suis, sur qui je veux être. Sur mon identité. Mais pour some reasons I can’t explain to myself. I tend to loose it sometimes, and it’s tricky. It’s going away from where I am. 
...
Blop
Depuis mon opération, j’ai moins de regrets qu’il y a quelques mois. Et je suis content d’avoir des cicatrices qui me rappellent que je suis Trans et que je suis beau. L’année prochaine, je serais torse nu. Face au monde et j’irais tendre mon museau ailleurs. 
Mon opération c’est une entrée étrange en guerre, c’est un retour vers moi. Vers ce que j’aime sans me cacher sans sentir un poids vicieux dans mon ventre. C’est des belles couleurs sur mes lèvres et des promesses dans les yeux. C’est une assurance que je ne possédais plus. Mais c’est aussi une mise en garde. Ne Deviens Pas Cis. Ne Deviens pas Misogyne. Ne Deviens pas Autre. 
Et pourtant, qu’on le veuille ou pas, c’est pas aussi évident. Parce que certains événements nous passent dessus sans qu’on s’en rend compte. Des regards qu’on capte alors que c’est une collègue qui parle. Des paroles prononcées alors qu’on devrait écouter ma collègue. Et moi qui ne sait pas encore vraiment comment faire. Mais qui va y arriver. Et qui le fait déjà un peu. Comme je peux. 
...
Blop
Mon opération c’est aussi une peur de n’avoir ma place un peu nul part, ni pédé, ni lesbienne, ni pan qui ne connait pas les trans. C’est une ouverture parfois un peu dure; 
.... 
Blop
.....
.....
Ca va aller
.....
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nuit-pourpre · 3 years
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Lohorie Valendrin [ep.01]
[Fantasy]
Île coloniale de Tibba, dans l’Archipel du Cyan
Année 146
Une journée d’automne au milieu des bois
Plaît-il ? dis-je en me retournant.
Je replace une mèche de cheveux noirs derrière mon oreille. Je m’éclaircis la voix, posant une petite hache sur mon épaule. Je montre le fer au cavalier qui m'a suivie. Un temps, il hésite.
Vous m’arrêtez ? je demande.
Pas obligé, la gueuse. On peut s’arranger.
Le motif de mon arrestation ?
Le motif que t’attires trop l’attention sur toi. Et tu te mets en danger toute seule, en plus, à courir ces bois !
Le pire danger est devant moi. Et je ne pense pas qu’il soit si terrible.
Il empoigne sa lance. Une sorte d’épieu en fer noir, qu’on utilise pour chasser le sanglier.
Tu te crois de taille, morue ?
Plutôt. Je n’ai pas tes cheveux blancs, mais j’ai tout de même une bonne vingtaine d’hivers derrière moi, dont cinq à travailler avec les patrouilleurs Impériaux. Je suis plutôt habile au combat, pour une fille de mon âge née dans un lupanar !
T’as déjà pris un canasson à pleine allure ? Tu seras moins jolie après.
L’étalon souffle sèchement dans ses naseaux, comme pour légitimer un peu la contenance virile qui manque à son propriétaire.
Je ne fais que passer dans le coin et je ne souhaite pas te faire de mal, je lui annonce, mais si tu m’y forces, Dieu seul pourra t’aider. Et encore.
Déconcerté, il me toise depuis sa monture, dans la clairière. Je dois faire une drôle d’impression. Les loques sur mon dos contrastent avec la qualité ouvragée des bottes que m’a offertes mon employeur, avant mon départ.
L’homme, nerveusement, ricane. Il ne prend pas au sérieux mon avertissement et se met à charger.
Les sabots frappent le sol, décollent la mousse. Et la pointe file au-dessus de ma tête. J’esquive en tranchant dans l’animal avec le fer de ma hache. Le jarret éclabousse une souche. L’étalon s’effondre comme une vague sur un écueil. L’homme se relève sur la terre tremblante. Appuyant sa main à la branche basse d’un châtaignier. Des bogues tapissent les feuilles cramoisies de la clairière. Il se campe en garde, porte la main à sa gaine et fait chanter son glaive. Une épée bâtarde, à la fine lame d’acier équilibrée et sifflante, magnifique, comme seuls en portent les Chevaliers-Intendants. Ses yeux bleus me détaillent avec un étonnement furieux.
Déçu ? je lui demande. Première fois qu’on tombe sur une gueuse qui sait se battre ?
Tu… Qui es-tu ?
Je te répondrai quand tu te videras de ton sang. Ferme-la et fais ce que t’as à faire, troufion.
Confiant dans la supériorité de l’épée sur la hache, il se précipite en avant, l’arme levée. Plusieurs coups de taille et d’estoc manquent de me pourfendre. Je lui découvre une faiblesse. Je dévie un coup d’estoc qui visait ma gorge, glisse sur son flanc, saisis sa garde et frappe son entrejambe avec mon genou. Un coup de hache part d’en bas, et retentit dans les mailles qui couvrent son sternum. Un maillon vole. J’abats un autre coup sur son épaule, puis le désarme d’un coup de botte. L’épée roule sur le chemin. Je perce son haubert après plusieurs frappes contre ses flancs. Suffoquant de douleur, sur le dos, la bouche en sang, il se tord en me voyant m’éclipser un peu, abattre un dernier coup sur le crâne de sa monture, pour abréger son calvaire, et revenir dans sa direction. Il ouvre de grands yeux révulsés qu’il protège de ses paumes :
Pi… Pitié ! Sois charitable, je pensais pas…
Dis-moi pourquoi tu m’as suivie.
J’suis là pour maintenir l’ordre ! Les bois c’est interdit aux pécores, et une gonzesse, là-dedans, ça risque gros, j’aurais pu te protéger.
Tu voulais me protéger avec ta queue ?
Bon écoute, mes mots ont peut-être dépassé ma pensée…
Si tu t’en sers comme de ton épée, je vais décliner. C’était gentil de proposer.
Je suis désolé…
Il crache le sang qui envahit sa gorge et tente de se retourner, mais ma semelle écrase son torse. Je dois l’avouer : l’idée d’avoir enfin un Chevalier-Intendant sous ma botte, je la savoure un peu. Ces “protecteurs” itinérants sont la pire racaille de la Fédération. Agents de terreur des Îles Maîtresses, meurtriers, violeurs, pillards, payés en affranchissement de leurs méfaits commis contre la population des Îles Mineures. Leur métier : exécuter la loi hors des limites de la loi. Apprendre aux colonies la docilité par la peur.
J’ai besoin qu’on soigne mes plaies, tu m’as foutu une sacrée raclée ! Bon écoute, laisse-moi me lever… On oublie pour le cheval, c’est excusé. Je connais quelqu’un ici capable de me guérir. Elle n’est pas loin. Emmène-moi à elle et je te promets une récompense !
Je regarde sa trachée gonfler irrégulièrement, sa gorge en sueur, et je serre les doigts sur la hampe de ma hache.
Même si je te faisais suffisamment confiance pour te croire - et Dieu sait que non - avec un poumon perforé tu vas bientôt te noyer dans ton propre sang.
Pas pour elle ! argumente-t-il avec ferveur. Elle est spéciale ! Ce n’est pas une simple herboriste. C’est la sorcière de la forêt de Gordroan… Mais seuls les gens du coin savent comment la trouver. Les gens du coin et moi !
Très bien. Je vais t’aider à marcher, et toi tu me guides.
Je le soutiens à travers bois. Il bave du sang en glissant contre mon épaule, comme une grosse outre de gnôle mal refermée. Nous atteignons un sanctuaire en décombres. J’identifie le cloître d’un monastère. Le lierre a l’aspect d’un monstre veineux qui grignote ce qui reste des colonnes. Une chose noire et rampante semble avoir été imprimée au sol il y a très longtemps, comme les traces d’un vieil incendie.
Mes pensées dérivent dans des teintes moroses. Il y a quelques décennies, des humains ont vécu là. Où il n’y a plus que des ruines et du vert, il y avait des cantiques. Il y avait des champs. Il y avait des vaches dans la prairie, et l’odeur du fumier se mêlait à celle des fleurs. Les lieux ne sentent même plus la charogne, même plus les cendres, même plus la mort. Seul reste un éventail d’histoires possibles, que mon imagination recompose, et un silence, poussiéreux et moite. Ce silence a l’odeur d’une vieille grille d’acier oxydé que l’on ouvre avec précaution, craignant que le gond ne tombe tout seul. Même y éternuer serait un sacrilège. Une âme superstitieuse aurait trop peur d’y invoquer un fantôme. Mais ça n’empêche pas le Chevalier-Intendant d’expulser, moribond, ses tripes.
Nous… Nous y sommes, s’épuise-t-il à articuler. La grotte, là-bas. Il faut entrer, mais surtout, ne pas se signer ! Seulement entrer.
Quoi, c’est tout ? Et le mot de passe ?
Il s’évanouit.
Je le traîne jusqu’à l’entrée de la caverne indiquée. Des ténèbres, un souffle froid m’enveloppe, aussi soudain qu’un maléfice. J’observe le lichen et les mousses qui dégoulinent du plafond. Et l’obscurité chuchote à mes oreilles avec la netteté d’une voix humaine :
Abandonnez tout espoir, vous qui entrez ici.
Après mûre réflexion, je reprends le mourant avachi contre un bouleau et le hisse sur mon dos. J’avance dans l’ombre, non sans crainte, le visage écarlate et les muscles brûlants. Pas besoin de mot de passe, en effet. N’importe qui se serait signé, par automatisme, avant de poser un simple pas dans ce tunnel. Probablement une vieille illusion. Un tour d’enchanteresse pour duper les péquenauds du coin.
La lumière du jour point de l’autre côté. Une pénombre pâle de clairière sous un ciel nuageux. Là, dans un trou rocheux, cirque naturel envahi par la végétation, se dresse une hutte, et à son parvis une vieille femme avec un gros jupon de laine et un pardessus rouge. Les cheveux clairs de sa belle cinquantaine forment une pelote barbelée sur un crâne décoiffé à la garçonne.
Haïthlen el’with ! s’écrie-t-elle en accourant.
Avec une prévenance étonnante, elle me déleste de mon colis pour le coucher au sol.
Je ne vous connais pas, mais si vous avez pu entrer… Que lui est-il arrivé ?
Je ne reconnais pas son dialecte. Mais sans me vanter, même mon accent de Tibba est plus convaincant… Ce n’est pas une native.
L’histoire attendra, vous pouvez le soigner ?
La vie l’a quitté, m’annonce-t-elle avec une gravité qui trahit une émotion sincère.
Vous lui avez à peine effleuré la joue, comment vous pouvez le savoir ?
Ne posez pas cette question à une femme comme moi, jeune forestière. Je ne peux pas le soigner. On ne soigne pas la mort. On la conjure. Je peux le rétablir.
Vous voulez dire…
Cette question non plus, vous feriez mieux de vous en abstenir.
Elle se lève après avoir fermé les paupières du Chevalier-Intendant. La bouche est crispée dans une éruption sanguinolente. Mais son expression lui donne dans la mort une étonnante noblesse. Aucun cadavre n’a l’air d’un criminel. Les poètes ou les savants, un jour, devront nous expliquer ce phénomène.
La sorcière revient. Je scrute ses yeux, gris comme les pierres. Rougis par la fatigue. Ou par un narcotique. La solitude d’une vie d’ermite peut être éprouvante. Elle la transpire, cette solitude si forte que même un peu de compagnie ne saurait la dissiper. Elle la raconte dans son souffle, pourtant avare de mots.
Elle s’agenouille, besogneuse, aux côtés du macchabée.
Un magnétisme à la fois délicat et animal, inspirant confiance, se dégage d’elle. Nos regards se croisent. Je me sens étrangement empathique, mais je me rappelle la raison de ma présence. La véritable raison.
Une cordelette pend à son cou. Le pendentif disparaît sous les mailles de son habit. Je me lève, comme pour faire les cent pas, glissant une main dans ma besace. La sorcière, toute à son rituel, sort d’une de ses manches une sorte de stylet, couleur de cuivre. Elle ne voit pas l’objet que je tiens désormais caché dans la mienne, et utilise l'instrument pour tracer des glyphes invisibles sur la poitrine du macchabée.
Votre ami sera tiré d’affaire à la prochaine lune. Il aura du mal à se souvenir des choses, pendant un temps. Mais son goût de vivre en sera plus durablement affecté. On ne revient pas de là où il est allé sans conséquences. Le trépas est récent, toutefois, et j’ai bon espoir que cet effet indésirable soit plus ténu chez lui que chez les bénéficiaires habituels.
Je réponds calmement, affermissant les doigts sur le pommeau de de mon petit poinçon, forgé en malachite. C’est une magicienne. Une vraie. Je ne peux pas me rater.
Ce n’est pas mon ami.
Elle tourne la tête, interloquée par ma révélation. J’attrape ses cheveux et plonge dans le creux de son dos ma lame. Une simple entaille. Juste assez pour que l’alliage ait un effet sur son système nerveux. Après un hurlement interrompu par l’intensité de la douleur, ses lèvres balbutient en vain des mots de pouvoir. Sa main convulse, dans une routine gestuelle dont je n’ose pas imaginer quel effet elle aurait eu si je n’avais pas frappé la première.
Je la tire au sol, vers l’arrière, j’appuie un genou sur sa poitrine et tâte son cou à la recherche de la cordelette.
Désolée. La vie d’une raclure d'égouts ne m’est pas franchement précieuse. Mais il s’est révélé utile pour te trouver. Les gens du coin veillent fidèlement sur le secret de la forêt de Gordroan, et je n’aime pas la torture. Ce que je te fais, là, je le regrette, c’est juste pour éviter que tu me vaporises, ou que tu fasses exploser ma tête avec tes petits tours. Mais je ne suis ni sicaire, ni adepte des Puritains. Je n’ai pas été payée pour te tuer. Seulement pour récupérer quelque chose que tu as volé à mon employeur. Cette chose-là, n’est-ce pas ?
J’examine le pendentif que je viens de lui arracher tout en le lui montrant. C’est un simple triangle de roche polie, comme de l’obsidienne.
Qui m’a retrouvée ? suffoque-t-elle. Je ne te laisserai pas faire, et au péril de ma vie, je le conserverai ici, ce fragment, jusqu’à ce qu’un digne porteur se présente…
Mon employeur m’avait dit que j’aurais affaire à une vieille folle. Intriguée, je lui demande en souriant :
Je pourrais l’être, cette digne porteuse, non ?
Le digne porteur ne peut avoir du sang sur les mains… Combien d’hommes as-tu déjà massacrés, toi ?*
Pas plus d’une dizaine en tout.
Si jeune pourtant ! Et tu dors la nuit en te disant qu’ils le méritaient tous, n’est-ce pas ?
Ah, non. C’est parfois pénible. Mais je dors quand je suis fatiguée.
Je me relève, libérant sa poitrine et la laissant rouler hors de ma portée. Je range le bibelot. Elle ramasse son stylet, cueille une dague rouillée dans la doublure de sa chausse et se campe face à moi. Je la surveille du coin de l'œil, la main sur la garde de l’épée prise au cavalier. Sa magie neutralisée, elle ne peut pas me faire grand mal. Je tente de la raisonner.
Celui qui m’envoie, lui, prétend que ce bijou est l’héritage de sa famille.
Des mensonges ! vocifère-t-elle.
… Et que ton culte et toi l’avez volé en pensant accomplir une prophétie païenne.
Pfft ! Une prophétie… Seuls les idiots parlent de prophéties. Regarde dans ses tréfonds, mercenaire, tu y verras de quoi je parle ! Tu y verras l’évidence.
Ce n’est pas mon travail. Bien, je perds patience. Tu as un rôle, ici. Tu prends soin des gens du coin. Je l’ai deviné à la façon dont ils protégeaient ton secret ! Ils ont salement besoin de toi. Je vais emporter le corps loin d’ici, maquiller sa mort en accident de chasse… En espérant que les autorités ne s’en mêlent pas trop. Tu pourras continuer ta vie d’ermite, en toute bienfaisance.
Tu ne parles pas comme les gamines de ton âge, persifle-t-elle avec un étrange mépris dans la voix, comme si j’usurpais les mots sortis de ma bouche.
Merci. Tes paroles me vont droit au cœur et j’en prends acte comme preuve de ton honnêteté.
Et tu parles surtout trop. Beaucoup trop.
Alors ça, par contre, on me le dit assez souvent.
Pour toute réponse, elle se jette sur moi, ses deux poignards brandis.
Je l’assomme et quitte le sanctuaire, emportant avec moi le corps du maraudeur assermenté.
Après avoir tué un type comme ça, la plupart des gens auraient tremblé de peur. Mais je serai bien vite partie, car un navire m’attend à Tibba. Une journée de marche.
J’entends la rengaine des corbeaux, dans les ruines du couvent. Ils attendent de voir où je déposerai le corps.
Je repense à ce que m’a dit le Commandeur, la première fois qu’il m’a vue. Après m’avoir sauvé la mise. J’ai une tâche à vous confier, si vous êtes de taille.
Qu’est-ce que j’y gagnerais ? ai-je alors demandé.
Et lui, laconique, m’a aussitôt répondu, comme s’il avait anticipé ma question : vous y trouverez cette chose à laquelle il est interdit de penser, mais que tout le monde convoite.
Par habitude j’ai pensé à de l’or.
Puis d’autres idées, plus niaises, ont pris le pas sur les premières, pendant mon périple Ce qui est interdit et que tout le monde cherche. L’amour ? La connaissance ?
La liberté ? Si c’est le cas, il va m’entendre. Je n’ai pas traversé le continent et bravé les lois une seconde fois pour qu’on me récompense du seul bien que je possède déjà. Si je trouve ici ma liberté, je risque de l’avoir en double… C’est le reste qui me manque.
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jlstanislas · 6 years
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  N°15, Août 2018
  Article écrit par Eric, DELASSUS, (Professeur agrégé (Lycée Marguerite de Navarre de Bourges et  Docteur en philosophie, Chercheur à la Chaire Bien être et Travail à Kedge Business School)   
  Si l’apparition de la notion d’individu dans le paysage intellectuel occidental et sa diffusion dans les mentalités fut un facteur indéniable d’émancipation au cours de l’époque moderne, les excès auquel conduit aujourd’hui le développement de l’individualisme nous invite à penser son dépassement.
Les sociét��s et les entités sociales qui les composent ne peuvent se réduire à des agrégats d’individus et les rapports entre les hommes ne se limitent pas à leur dimension contractuelle. Envisager ainsi les relations humaines pourrait conduire à une nouvelle forme de barbarie occultant la reconnaissance de l’altérité dans la construction de nos diverses identités.
L’une des voies possibles pour échapper à ce risque de déshumanisation serait de revisiter la notion de personne en insistant sur sa dimension relationnelle et sa capacité à donner du sens à nos existences.
Cette voie pourrait conduire dans les pratiques managériales à renouveler les modalités selon lesquelles se constituent les relations humaines dans le monde du travail, à expérimenter, non pas une éthique du management, mais un management véritablement éthique, c’est-à-dire une manière de travailler et de diriger les hommes respectueuse de leur singularité et prenant en considération leur vulnérabilité.
La mort d’homo-œconomicus : quelles sont aujourd’hui les limites de l’individualisme contemporain ?
  Homo œconomicus est un bien pauvre prophète. En voulant surmonter les obstacles qui se dressent à la poursuite de l’enrichissement, et au nom de l’efficacité, il chasse ses propres compétiteurs, les Homo ethicus, empathicus…, ces autres parts de l’homme qui aspirent à la coopération, à la réciprocité. Mais en triomphant de ses rivaux, il meurt, enfermant la nature humaine dans un monde privé d’idéal et, au final, inefficace[1].
Cet extrait d’un ouvrage de l’économiste Daniel Cohen met clairement en évidence les limites de l’individualisme contemporain. L’homo œconomicus, cet individu supposé rechercher rationnellement la satisfaction de son seul intérêt particulier, est mis ici face à son échec. Non seulement aucune main invisible n’est venue orienter ses décisions égoïstes pour qu’elle contribue au bien commun, mais de surcroît il n’est pas parvenu à la satisfaction de son bien propre et en étouffant ses aspirations plus altruistes, il s’est engagé sur le chemin de sa propre destruction. Faut-il s’en étonner ? Certainement pas!
Il y a un caractère profondément mortifère dans l’individualisme contemporain.
En se repliant sur lui-même l’individu se dissout dans sa propre substance à l’intérieur de laquelle il ne parvient à trouver aucune source d’enrichissement. Au bout du compte, même l’efficacité économique n’est pas au rendez-vous. La lutte des individus les uns contre les autres, la compétition et la concurrence généralisées n’ont finalement pour effet que de conduire au partage des richesses existantes et à l’augmentation des écarts entre les revenus.
La crise que nous vivons aujourd’hui marque certainement la fin de l’individualisme moderne et ne pourra se résoudre que par l’adoption de nouveaux paradigmes dans notre manière de tisser nos relations sociales. Il ne s’agit pas, bien évidemment, de revenir aux vieilles utopies collectivistes qui étouffent l’individu, il s’agit plutôt de prendre acte des acquis de l’individualisme pour le dépasser en inaugurant de nouvelles pratiques dans tous les domaines de la vie sociale.
Il s’agit de redonner une dimension éthique aux rapports sociaux et de les rendre par surcroît plus efficaces.
Car il ne s’agit pas ici de mettre l’éthique au service de l’efficacité économique, ce qui serait un contresens majeur au sujet du terme même d’éthique[2]. L’éthique n’est au service de rien d’autre que du bien humain, dont il est vrai qu’une certaine efficacité économique fait partie. Mais ne lui reconnaître de valeur qu’à la seule condition d’être efficace, c’est ne lui accorder qu’une valeur relative et s’autoriser à penser que si l’on trouve mieux que le respect de certaines valeurs pour parvenir à ses fins on est en droit de ne plus les respecter.
Au contraire, ce que nous voulons souligner ici c’est que le souci éthique ne peut être efficace dans tous les domaines qu’à la seule condition d’être traversé par le désir de contribuer au bonheur humain, au bien de tous les hommes.
Si l’efficacité désigne la production d’effets bénéfiques, il n’y a rien de plus efficace que ce qui contribue au bien commun.
Pour un “management éthique” : quels concepts ? 
C’est pourquoi, ce que nous allons proposer ici dans le domaine du management, ce n’est pas une nouvelle éthique du management – il n’y a pas plusieurs éthiques dont les principes varieraient en fonction de leur domaine d’application – mais un management éthique – il n’y a qu’une seule éthique dont il faut déterminer les modalités d’application en fonction du contexte.
Ce management éthique est probablement déjà pratiqué dans certaines entreprises qui l’ont parfois mis en place à la manière dont Monsieur Jourdain faisait de la prose. Mais l’objectif n’est pas tant ici de donner des leçons ou de fournir des recettes que de clarifier les concepts sur lesquels se fonde une telle manière d’organiser les relations humaines dans le monde du travail.
Et s’il est un concept qui semble à ce sujet fondamental, c’est bien celui de personne qui se présente comme plus puissant que celui d’individu pour penser et développer des relations réellement humaines entre les hommes dans le monde du travail et ce à tous les niveaux.
Nous nous proposons donc de revisiter la notion de personne afin de redonner sens au travail et de faire du manager un donateur de sens plutôt que le détenteur d’un pouvoir au seul service d’une efficacité économique toute relative et parfois un peu trop oublieuse du respect de la personne humaine.
Peut-on retrouver les voies du “sens” au travail de la  “personne” ?
S’il est essentiel de revenir à la notion de personne telle que nous la définirons dans la suite de cet article, c’est que sa signification est porteuse de promesses susceptibles de répondre de manière satisfaisante à cet incommensurable besoin de sens qui se manifeste aujourd’hui.
Besoin qui ne s’exprime pas toujours explicitement et qui peut parfois se manifester sous des formes d’une violence qui n’est autre que le signe d’une immense frustration.
Or, si nous voulons mettre fin à cette déshumanisation rampante qui se diffuse insidieusement dans nos sociétés qui se pensent civilisées, si nous voulons, pour reprendre le titre d’un livre de Frédéric Lenoir contribuer à  La guérison du monde[3], il importe de redonner du sens à l’une de nos principales activités, au travail qui occupe une grande partie de notre temps, même s’il est vrai que les loisirs se sont également développés considérablement dans notre civilisation.
Mais en un certain sens, la problématique du travail et du loisir est la même, tous deux peuvent être tout autant source de liberté que d’aliénation, et c’est la pratique individualiste de l’un et de l’autre qui transforme ces activités libératrices en pratiques pouvant parfois être négatrices de la liberté et de la dignité humaine.
Organiser la vie des êtres humains comme celle d’individus dont l’existence se répartit en deux temps, l’un consacré à la production et l’autre à la consommation, sans même se soucier de savoir si ces activités contribuent réellement au progrès humain ou si elle n’ont d’autre résultat que de faire fonctionner un système dont la logique échappe à bon nombre de ses acteurs, ne relève-t-il pas du non sens ?
Ne sommes-nous pas devenus les agents d’une machine qui tourne à vide et qui a oublié totalement la raison même de son fonctionnement ?
Cette carence de sens marque les limites de l’individualisme et d’une civilisation qui en est tout doucement arrivée à privilégier l’avoir sur l’être et surtout sur «l’être ensemble» et «l’être avec».
La manière dont les rapports de production se sont reconfigurés depuis une trentaine d’années a produit une idéologie relayée par les médias et dont le principe est la règle du «chacun pour soi» qui peut conduire à la négation de l’autre dans son altérité et à une certaine forme d’intolérance.
L’individu centré sur lui-même ne parvient parfois plus à comprendre qu’il y a mille manières d’être humain et devient incapable de comprendre l’autre. Il ne voit dans sa différence, dans son altérité, qu’une remise en question de sa propre identité et une source d’inquiétude. Il nous faut donc revoir notre manière de nous percevoir pour restaurer ce respect de la différence d’autrui et retrouver les voies du sens qui passent nécessairement par le retour de la personne humaine dans sa dimension relationnelle.
Il n’y a en effet de sens que là où il y a relations, liens, rapports qui s’instituent entre des termes afin de les faire exister et agir l’un pour l’autre.
Comment  comprendre la question du “sens” ?  3 acceptions possibles
Si nous examinons les différentes acceptions du terme même de sens, c’est toujours la notion de relation qui y est centrale et qui permet d’ailleurs de relier ces différentes significations. Qu’il s’agisse des sens et de la sensibilité, de la signification ou de la direction, le sens se constitue tout d’abord par l’instauration d’un lien, d’une relation.
1/ “Sens” et sensibilité 
Les sens nous relient à la fois à l’extériorité et à l’intériorité de notre corps propre. Je perçois grâce à mes sens les réalités du monde environnant, je suis affecté par tout ce qui est autre que moi. Cependant la sensibilité ne se limite pas à la capacité de percevoir l’univers externe. Ma sensibilité me fait également ressentir un certain nombre de sensations kinesthésiques (musculaires, digestives, respiratoires) par lesquels je perçois mon corps propre[4], c’est-à-dire un corps qui n’est pas une chose, qui n’est pas seulement un corps objet, mais qui est aussi et surtout un corps vécu, un corps qui se sait pour lui-même différent des autres corps qu’il perçoit.
C’est donc par les sens que mon corps prend sens en tant que corps pouvant à la fois être sujet et objet ; pas seulement un corps que j’ai, mais le corps que je suis.
Comme le fait remarquer Maurice Merleau-Ponty dans L’Œil et l’esprit, le corps perçu ne se réduit pas à la partie matérielle de mon être, il est corps touchant et touché pour qui le sensible est la chair même du monde :
Un corps humain est là, quand entre voyant et visible, entre touchant et touché, entre un œil et l’autre, entre la main et la main se fait une sorte de recroisement, quand s’allume l’étincelle du sentant-sensible[5].
C’est donc par les sens que le monde et le corps prennent sens et qu’ils nous permettent d’entrer en contact avec le réel dans toute sa richesse. Le corps n’est pas une simple partie du monde, il est au monde, il habite le monde et par les liens qu’il entretient avec lui, grâce aux sens, il lui donne sens et donne sens à sa propre existence.
Mais la sensibilité ne se réduit pas non plus à la perception des choses, elle est aussi perception d’autrui.
Aussi, faut-il ajouter aux cinq sens une sensibilité plus diffuse, celle par laquelle nous percevons aussi les autres comme autres et pas seulement comme des corps extérieurs. C’est cette sensibilité qui est à l’origine de l’intersubjectivité, cette expérience originaire d’autrui sans laquelle la conscience ne serait probablement jamais renvoyée à elle-même pour devenir conscience de soi.
Les sens nous relient donc aux autres, à nous-même et au monde et c’est en partie grâce à eux que nous pouvons nous jeter dans ce monde, nous y engager pour donner sens à notre existence.
Or, précisément, travailler n’est-ce pas d’abord s’engager dans le monde ? et qu’on le fasse de son plein gré ou contre son gré, on n’échappe pas à la nécessité de cet engagement. Quelques uns qui se croient privilégiés ont le sentiment d’être affranchis de cette impératif, mais c’est au prix d’un désengagement du monde dont on peut penser qu’il ne contribue pas à les rendre réellement heureux.
Ainsi délié apparemment de tout lien, celui qui ne travaille pas mène une vie dont la vacuité n’a d’égal que l’ennui qu’elle engendre, une vie dont le sens s’estompe progressivement. On pourrait certes accorder à ces derniers la possibilité de se livrer aux loisirs, au sens que donnaient les anciens à ce terme, la scholé des grecs ou l’otium latin, mais cette distinction a-t-elle encore aujourd’hui un sens dans nos sociétés marchandes ou toute activité, qu’elle soit manuelle, intellectuelle ou artistique, est automatiquement intégrée dans la sphère du travail et des échanges économiques.
Aussi, qu’une activité relève du travail ou de l’œuvre – pour reprendre la distinction opérée par Hannah Arendt dans La condition de l’homme moderne – n’en est-elle pas moins confrontation au réel, relation d’un corps avec d’autres corps, opposition à la résistance d’une matière – qu’elle soit physique, sociale ou intellectuelle – qui lui échappe et qu’il faut mettre en forme pour satisfaire nos besoins et nos désirs.
C’est cette résistance que nous ressentons, que nos sens et notre sensibilité nous font découvrir, qui met à l’épreuve notre puissance d’être et d’agir et qui nous incite, ou à l’inverse nous fait hésiter, à nous engager dans le monde pour donner sens à une existence qui ne peut être signifiante qu’en étant relié à autre chose qu’elle-même.
2/ “Sens” et signification : 
La condition de l’homme s’inscrit, en effet, dans une relation de signifiant à signifié. Parce qu’il est le seul à pouvoir par l’imagination et la mémoire rendre présent ce qui est absent, l’homme est en capacité de relier ainsi présence et absence pour faire sens.
Ainsi, quand je réalise un projet, je fabrique par exemple un objet, mes actes présents ne prennent une réelle signification que parce qu’ils appellent l’objet qui est en cours de réalisation mais qui n’est pas encore pleinement réel et qui peut donc pour cela être considéré comme absent.
C’est donc ce milieu, entre présence et absence, qui s’inscrit dans une relation entre passé et futur qui donne tout son sens au moment vécu qui est source de nos joies présentes. C’est d’ailleurs cette capacité de rendre présent ce qui est absent qui fait aussi le propre du langage humain, c’est parce que nous disposons des mots que nous pouvons retenir et conserver le passé en le racontant. C’est ce qui fait que les hommes ont une histoire dont ils ont conscience car ils peuvent se transmettre le souvenir d’événements qu’ils n’ont pas nécessairement vécus, mais qui ne se sont pas pour autant évanouis en s’achevant.
C’est aussi cette capacité de se raconter qui constitue notre identité bien que nous ne soyons jamais identiques à nous-mêmes. En effet, comme le souligne Sartre, avec ce talent de manier le paradoxe qui est le sien, « l’homme est cet être qui n’est pas ce qu’il est et qui est ce qu’il n’est pas », parce qu’il est en devenir. En se projetant dans l’avenir, il n’est toujours déjà plus ce qu’il était et pas encore ce qu’il va être, il n’est donc jamais le même. Je ne suis plus aujourd’hui celui que j’étais il y a dix ou vingt ans, pas plus d’ailleurs que je ne suis exactement le même qu’hier.
Cependant, malgré ces changements, je sais que c’est moi qui était cet adolescent révolté d’il y a vingt ou trente ans et que c’est encore moi qui suis devenu aujourd’hui père de famille exerçant telle ou telle profession. Cette identité qui se maintient malgré les changements vient de ce que je peux établir par le récit, par les mots, un lien entre les différents moments de mon histoire.
Et c’est aussi par les mots que j’élabore les projets qui me relient au futur qui se construit et que je construis.
Ainsi peut s’établir entre ce que l’on fait et ce «pour – quoi» on le fait une relation de signifiant à signifié qui donne à nos actions une réelle signification.
Or, comme le fait justement remarquer Marx dans un texte célèbre du Capital tout travail obéit à un projet. Il préexiste dans l’esprit de celui qui l’accomplit et oriente son action qui n’est signifiante que parce qu’elle se dirige vers ce but élaboré préalablement.
3/ “Sens” et direction : 
Car le sens, c’est aussi la direction, l’orientation de la vie et de l’action. Quoi que nous fassions, lorsque nous agissons c’est toujours dans un but précis, en orientant nos actes dans une certaines direction. C’est pourquoi un auteur comme Sartre a beaucoup insisté sur la notion de projet, exister pour l’homme c’est se «pro – jeter», se jeter en avant pour s’orienter dans une certaine direction et ainsi donner du sens à ce que l’on fait. C’est la capacité que nous avons de nous inscrire dans un devenir qui donne également sens à notre existence. Ce qui ne signifie pas pour autant que l’on néglige le présent et qu’à force d’anticiper l’avenir on passe à côté des satisfactions que l’on pourrait obtenir ici et maintenant.
Comme le fait remarquer Bergson, le présent n’est pas l’instant mais la durée, c’est-à-dire la conscience que nous avons simultanément du passé immédiat et de l’avenir proche. Avoir conscience du moment présent, c’est à la fois retenir le passé et se projeter dans l’avenir. C’est d’ailleurs pour cette raison que pour Bergson conscience rime avec mémoire, car un être qui oublierait instantanément ce qu’il vient de vivre serait également dans l’incapacité d’anticiper le futur et n’aurait aucune conscience du présent.
Si nous avons conscience du présent et si nous pouvons lui donner du sens, c’est parce que nous relions le passé et le futur pour construire le présent. C’est ce qui fait que chacun de nos actes est signifiant renvoyant à un signifié dont la présence est à venir.
Et c’est ici que la question du management peut trouver de quoi se ressourcer.
Si manager c’est diriger, il s’agit donc de donner du sens, d’être porteur de sens. La question se pose alors de savoir de quelle manière. Peut-on imposer ce sens ? Mais cela aurait-il encore du sens ?
N’est-ce pas plutôt dans une co-construction et un partage du sens que le management, tout en étant respectueux de la personne humaine et en raison de ce respect, gagnerait en puissance et en efficacité ?
Imposer le sens serait en effet ici un contresens et consisterait, pour le coup, à réduire le personnel que l’on dirige à son seul statut d’individu instrumentalisé en occultant totalement sa dimension de personne.
Or, si l’on part du principe qu’il ne peut y avoir d’efficacité dans le travail qu’à la seule condition que le personnel qui l’effectue soit motivé, on voit mal comment cette motivation pourrait venir d’une injonction extérieure dont la signification échapperait à celui qui l’exécute.
  Aussi, manager est-ce expliquer, écouter, faire en sorte que le managé s’approprie le sens des actions qu’il doit accomplir. C’est donc en revisitant la notion de personne que nous pourrons penser un management à la fois plus humain et plus efficace, un management plus efficace parce que plus humain.
  Lire la suite de cet article, le mois prochain…
Notes : 
[1] Daniel Cohen, Homo œconomicus, prophète égaré des temps nouveaux, Albin Michel, Paris, 2012, p. 206.
[2] On peut lire à ce sujet la critique du management par les valeurs développée par Alain Etchegoyen dans son livre : La valse des éthiques, Paris, François Bourin, 1991.
[3] Frédéric Lenoir, La guérison du monde, Fayard, Paris, 2012.
[4] On distingue en psychologie le corps propre du corps objet. Le corps objet, c’est le corps envisagé d’un point de vue purement anatomique, le corps humain en général, perçu de l’extérieur ; le corps propre désigne en revanche le corps vécu, le corps que chacun d’entre nous ressent et perçoit comme son corps avec toutes ses particularités.
[5] Maurice Merleau-Ponty, L’œil et l’esprit, Gallimard, Folio, réédition 1985, p. 21-22.
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Nous remercions vivement notre spécialiste, Eric, DELASSUS,Professeur agrégé (Lycée Marguerite de Navarre de Bourges) et  Docteur en philosophie, Chercheur à la Chaire Bien être et Travail à Kedge Business School , de partager son expertise en proposant des publications dans notre Rubrique Philosophie & Management, pour nos fidèles lecteurs de http://www.managersante.com 
Biographie de l’auteur :
Professeur agrégé et docteur en philosophie (PhD), j’enseigne la philosophie auprès des classes terminales de séries générales et technologiques, j’assure également un enseignement de culture de la communication auprès d’étudiants préparant un BTS Communication.
J’ai dispensé de 1990 à 2012, dans mon ancien établissement (Lycée Jacques Cœur de Bourges), des cours d’initiation à la psychologie auprès d’une Section de Technicien Supérieur en Économie Sociale et Familiale.
J’interviens également dans la formation en éthique médicale des étudiants de L’IFSI de Bourges et de Vierzon, ainsi que lors de séances de formation auprès des médecins et personnels soignants de l’hôpital Jacques Cœur de Bourges.
Ma thèse a été publiée aux Presses Universitaires de Rennes sous le titre De l’Éthique de Spinoza à l’éthique médicale. Je participe aux travaux de recherche du laboratoire d’éthique médicale de la faculté de médecine de Tours.
Je suis membre du groupe d’aide à la décision éthique du CHR de Bourges.
Je participe également à des séminaires concernant les questions d’éthiques relatives au management et aux relations humaines dans l’entreprise et je peux intervenir dans des formations (enseignement, conférences, séminaires) sur des questions concernant le sens de notions comme le corps, la personne, autrui, le travail et la dignité humaine.
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Peux-t-on re-considérer la “personne”, dans les relations de travail, par un “Management Ethique” ? par le Pr Eric DELASSUS (1ère partie) N°15, Août 2018 Article écrit par Eric, DELASSUS, (Professeur agrégé (Lycée Marguerite de Navarre de Bourges et  Docteur en philosophie, Chercheur à la Chaire Bien être et Travail à Kedge Business School)   
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lavegetarienne · 3 years
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bonjour vous! 
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je ne suis pas morte et non! et vous non plus j'espère? bon qu'est ce que j'ai à vous raconter de bien niaiseux pour me justifier? 
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beh rien je crois... si ce n'est que j'ai adopté un cuiseur vapeur (d'occasion bien sûr) et que c'est le coup de foudre entre nous. on cuisine ensemble tous les jours. c'est un mâle a priori, car il s'appelle Seb 
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je trouve que c'est une belle façon de manger post-jeûne... et accessoirement je me demande COMMENT JE N'AI PAS EU L'IDEE D'EN ACHETER UN AVANT???????
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   bwef, nevermind. voilà c'est à peu près tout.
sinon que en allant chercher des violettes en forêt pour mon cheese cake, j'ai aussi ramassé des orties, et comme je suis pas douée, et très approximative comme fille, j'm'ai piqué les doigts, mais bon... 
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j'ai trouvé cette super recette chez Mathilde Combes, du site Nature & Autonomie c'est un site que je recommande vraiment si vous aimez beaucoup les plantes et que vous avez envie de faire connaissance plus en détail avec elles... même si l'ortie n'est pas la plus glamour, ni la plus attirante, mon cher Victor Hugo lui a dédié un poème sensible et plein de délicatesse, que j'aime depuis bien longtemps (dans les Contemplations, bien sûr ♥)
J’aime l’araignée et j’aime l’ortie, Parce qu’on les hait ; Et que rien n’exauce et que tout châtie Leur morne souhait ; Parce qu’elles sont maudites, chétives, Noirs êtres rampants ; Parce qu’elles sont les tristes captives De leur guet-apens ; Parce qu’elles sont prises dans leur œuvre ; Ô sort ! fatals nœuds ! Parce que l’ortie est une couleuvre, L’araignée un gueux ; Parce qu’elles ont l’ombre des abîmes, Parce qu’on les fuit, Parce qu’elles sont toutes deux victimes De la sombre nuit. Passants, faites grâce à la plante obscure, Au pauvre animal. Plaignez la laideur, plaignez la piqûre, Oh ! plaignez le mal ! Il n’est rien qui n’ait sa mélancolie ; Tout veut un baiser. Dans leur fauve horreur, pour peu qu’on oublie De les écraser,
Pour peu qu’on leur jette un œil moins superbe, Tout bas, loin du jour, La vilaine bête et la mauvaise herbe Murmurent : Amour !
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ingrédients
- 7 poignées d’ortie fraîche (à défaut, de l'ortie séchée, en magasin bio, ça le fait aussi) - 2 pommes de terre  - 1/2 oignon  - 1 gousse d’ail  - un peu de St Hub - un peu de crème végétale - sel, poivre du moulin - jus de citron
  préparation
faire revenir l’oignon dans le St Hub, le tout dans une casserole, puis quand il est translucide, ajouter l’ail, l’ortie bien lavée, et les pommes de terre coupées en morceaux. laisser cuire 15 à 20 minutes, en ajoutant un peu d'eau et du sel. 3. quand les pommes de terre sont cuites, mixer avec soin, jusqu’à ce que la soupe soit bien onctueuse. juste avant de servir, ajouter le jus d’un demi-citron, un peu de crème fraîche, et 3 tours de moulin à poivre. 
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  l'ortie m'évoque aussi le conte d'Andersen "Les cygnes sauvages", qui n'est sans doute pas aussi connu que "Le vilain petit canard" ou "La petite fille aux allumettes", et qui raconte l'histoire de la princesse Elisa dont la marâtre a transformé les onze frères en cygnes sauvages. Elisa doit briser la malédiction en leur tissant des tuniques à base d'ortie qu'elle ramasse dans les cimetières la nuit venue. accusée de sorcellerie, elle manque d'être brûlée vive, mais elle finit par délivrer ses frères.
je me rappelle particulièrement de ces illustrations:
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  et si vous voulez en lire plus sur l'ortie, je vous recommande ces articles:
https://booksofdante.wordpress.com/tag/histoire-ortie/  
https://plantes-sauvages-comestibles.com/lortie-plante-extraordinaire/ 
bonne lecture et bon appétit! 
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La chose de l'Abime
Une autre nouvelle digne encore une fois de Lovecraft ou du cercle lovacraftien, fortement inspiré avec une chose innommable, véritable monstre des abîmes.
Lors de mon excursion, destinée à analyser l’évolution de la faune et de la flore dans cette région oubliée des indigènes, mon attention fut captée par une grotte aux entrailles béantes...
Dans les contrées sauvages de l’Amazonie, non loin d’Iquitos, la rivière de Purus prenait fin dans un large bassin naturel. Au bas de cette cascade bruyante et bouillonnante, les branches des arbres centenaires venaient pourlécher l'écume de l'instant.
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Tout autour, on pouvait distinguer de fines gouttelettes bleutées qui embrassaient les baies sauvages, révélant la rosée matinale.
Le pourpre des roses amazoniennes contrastait avec d’autres fleurs exotiques aux teintes opalines. Dans les replis naturels où les rayons du soleil ne pouvaient s’infiltrer, les fougères dissimulaient des serpents venimeux et d’autres reptiles visqueux tout aussi mortels. Posés sur des fleurs odoriférantes et épanouies, des papillons aux mille couleurs charmaient mes yeux. Des araignées hybrides, de la taille d’une main, tissaient entre les arbres des toiles soyeuses à l’élégante géométrie. En haut des arbres, je pouvais observer différentes races de primates qui envahissaient l’espace de leurs cris perçants.
Lors de mon excursion, destinée à analyser l’évolution de la faune et de la flore dans cette région oubliée des indigènes, mon attention fut captée par une grotte aux entrailles béantes, enveloppée d’une brume vaporeuse.
Malgré ces abords sinistres, une attirance irrépressible me poussa à explorer dans la plus totale inconscience ce puits infernal situé non loin de la rivière.
Par chance, j’avais en ma possession une corde solide, une machette et une puissante torche.
C’est sans doute en raison de l'incident tragique qui eut lieu lors de ma descente aux enfers, que je me suis retrouvé à l'hôpital du village le plus proche en plein délire, aux dires des hommes en blanc.
Cette fascination me poussant au fin fond de l'inconnu m'a peut-être rendu fou...
De vagues souvenirs martèlent cependant mon cerveau.
Je me rappelle l'atmosphère lourde qui régnait au sein de cet abîme.
Je me souviens aussi qu'une odeur putride me donnait la nausée, entraînant des vertiges et troublant mes sens.
J’ai en mémoire ce boyau qui se rétrécissait de plus en plus, protégé ainsi de toute intrusion humaine, et mes chairs cruellement meurtries par des dents acérées.
La corde à laquelle j’étais attaché, qui mesurait une dizaine de mètres, prit fin peu avant que j’atteigne le sol.
Pris d'une peur panique, je voulais remonter pour m'enfuir de cette tombe qui semblait se trouver au coeur de l’enfer, mais je ne pouvais plus. Tous mes membres sous l’effort étaient tétanisés. Mes forces m’abandonnaient. J'étais au bord de l’épuisement.
La pression de la corde sur mon thorax était si forte que j’avais peine à respirer. Je devais à tout prix m'en libérer à l’aide de la machette, car l’asphyxie me gagnait. Quelle ironie du sort...
Trancher la corde qui me rattachait à la vie, pour sceller mon destin, à jamais peut- être...
Les blessures occasionnées par ma chute sur la terre moite me faisaient mal. Des égratignures tatouaient mes bras ainsi que mon visage. Je sentais le goût amer du sang couler sur mes lèvres, provenant sans doute d’une entaille au front.
Après ma chute, je ne saurais dire combien de temps je restai évanoui ni combien de jours s’écoulèrent.
Quand je revins à moi, j’entrepris d’explorer les souterrains obscurs, gravés de signes et de dessins représentant des animaux aux formes inquiétantes, inconnus de moi.
Ces bêtes, disparues de la surface terrestre, ne ressemblaient en rien à celles qu’on reconstituait dans les musées de la préhistoire. Pas plus que n’était répertorié par l’institut géographique, ce tunnel creusé par l'érosion du temps qui était de la hauteur d'un homme de grande taille. Mes mains palpaient la roche humide. Une nappe phréatique devait couler non loin de là. Je marchais depuis une heure environ - bien que le temps n’ait eu aucune signification ici-bas - lorsque soudain, mes oreilles perçurent un bruissement.
Un étrange écho se répercutait derrière moi, autre que celui de mes pas.
L’effroi me glaçait à tel point que je n’avais pas le courage de me retourner pour projeter ma torche dans l’obscurité. Cet endroit sinistre laissait pressentir que de terrifiantes horreurs étaient tapies dans les pores de la terre.
Les ombres naturelles aux formes hideuses qui se créaient tout autour, rendaient l’atmosphère encore plus étrange. Ce climat angoissant fut accentué lorsque je découvris des ossements épars...
Depuis peu, et en raison de l’écho répété, j'avais la certitude d’être suivi.
J’accélérai mon pas, mes sens n’étaient plus sûrs de ce qu'ils entendaient, ma main tremblait, et pourtant il fallait demeurer calme.
Mais comment le rester lorsque l'on a derrière soi une chose émettant un sifflement immonde, et semblant se déplacer en rampant ?
Face à moi se trouvait une bifurcation séparant le tunnel en deux couloirs, devant laquelle je m’arrêtai.
Ressentant mon hésitation, la chose s'immobilisa.
Mais j'aurais encore mieux aimé entendre derrière moi ce bruit de reptation, plutôt que ce gargouillement innommable ne pouvant être produit par aucun organe humain, en provenance de l’une des deux galeries.
Ce borborygme se faisait de plus en plus net, se rapprochant de moi, mais il m'était impossible d’en localiser la source exactement.
Et derrière moi, la chose rampante reprenait son avancée malsaine.
Je devais briser cette barrière invisible de peur qui me paralysait.
Je balayai cette obscurité épaisse du faisceau de ma torche qui hélas, se faisait de plus en plus faible.
Ce n'est qu'à mon instinct de survie que je dus de ne pas tomber dans l'inconscience la plus totale. En effet, il y avait sur cette terre glaiseuse des empreintes de pieds de taille anormale, dont l’aspect rappelait celui de palmes...
De plus, le relief de ces pas laissait imaginer la forte corpulence de la créature à laquelle ils appartenaient...
Le gargouillement au devant s'amplifia ! Je ne pouvais pas revenir en arrière car la chose m’attendait… Pourtant, fuir le danger est inutile lorsque l’on se trouve dans l’antre des prédateurs… Je décidai de faire demi-tour et de lui faire face. J’étais terrorisé. Qu’allais-je découvrir ? Venait-elle en amie ou en ennemie ?...
Son souffle tiède et fétide m’indiquait qu’elle était proche. Elle devait se trouver à quelques centimètres de moi. Une forme noire se dressa alors devant mes yeux. Très vite, je compris le danger. Je sentais la haine de la bête féroce m’envahir… Je tentai de lui assener un coup de poing… en vain. Mais peut-on assommer le vide ?...
Cette chose se déplaçait rapidement, esquivant tous mes assauts. Des griffes aiguisées lacérèrent mon visage, me meurtrissant douloureusement. Des crocs puissants s’enfoncèrent dans mes cuisses... J’implorai que l'on me porte secours, mais seul l’écho de ma voix me venait en aide.
La pénombre rendait plus difficile la précision de mes attaques. Armé de la machette, je donnais des coups désordonnés qui parvinrent enfin à toucher mon adversaire, pour pénétrer lentement dans un corps mou.
Un râle intense de souffrance retentit dans toute la grotte, laissant place quelques minutes plus tard à un silence morbide. La lutte était terminée.
Impossible dans cette obscurité de distinguer le moindre trait de l'animal que j'avais vaincu car la lumière qui guidait mon pas aveugle dans ces méandres de l'horreur venait de m’abandonner.
Eprouvé par le combat, je pris au hasard le tunnel de droite aux dimensions plus réduites pour me sortir de cet univers halluciné. Quelques instants après, des bruits sourds se firent entendre, mais je savais que ce n’était pas la chose rampante. Je luttai pour ne pas céder à la panique. Une autre créature immonde venait à moi, sûrement alertée par les bruits du combat. Elle était désormais toute proche…
Mais combien étaient-elles ? Où se cachaient-elles ?...
Ne cherchant pas de réponses à mes questions je me mis à courir, trébuchant sur des pierres et me heurtant aux parois qui envenimaient mes blessures.
Soudain, un cri tout droit sorti des gorges de l\'enfer me terrorisa. Tout semblait indiquer que la créature pleurait son compagnon.
Le hurlement qu'elle exhala indiquait clairement son odieux objectif.
Je n'avais aucune chance de survie dans cette grotte ignorée des hommes, et habitée par quelque puissance infernale...
Au bout du tunnel, j'aperçus de la lumière qui se propageait dans une autre galerie. Je m’y précipitai hâtivement malgré les blessures que m’avait causé la bataille.
Je ne saurais donner une explication sensée, mais toute la crypte, gelée par les siècles, était illuminée.
Une rivière souterraine y coulait paisiblement.
Des stalactites aux couleurs de l’arc-en-ciel menaçaient de tomber, tandis qu’une musique venue d’ailleurs m'enveloppait dans une extase infinie. Des chauves-souris aux membranes osseuses étaient suspendues à ces pics opaques faits de glace. Il me semblait même entendre le chant des oiseaux... Quel paradoxe de douceur dans ce cauchemar démoniaque qui ne voulait pas en finir !
Leurs chants suaves, unis au murmure cristallin de la rivière, s’effacèrent peu à peu pour laisser place à une autre musique. Pareilles dissonances n’auraient pu être imaginées par aucun compositeur digne de ce nom.
L’indiscible approchait dans un fracas sourd.
Les chauves-souris et les oiseaux, affolés, s’envolèrent dans la plus grande des confusions. La rivière me sembla changer de couleur. Des rongeurs sortis de nulle part semblaient effrayés, le climat dans ce noyau infernal était apocalyptique.
C’est alors qu’au loin dans un recoin, une silhouette se dessina lentement.
La vision de cette... atrocité… fit cesser les battements de mon coeur.
Elle était difforme et voûtée, ses yeux mi-clos étaient révulsés de haine, ses pieds étaient palmés et ses mains griffues. Tous les démons de l'enfer s'étaient acharnés sur cette horreur supraterrestre. Un liquide verdâtre suintait de son orifice ombilical de manière écoeurante… de longs poils noirs et épais recouvraient tout son corps… Elle semblait être dotée d’une force surhumaine.
L'écume de la démence aux lèvres, le monstre vociféra dans un dialecte incompréhensible…
Mon récit doit s'achever là, car je ne suis plus très sûr de m’être engagé dans un autre tunnel pour descendre inexorablement au plus profond de la terre, afin d’échapper à cette chose maudite qui a été un jour, je pense... un homme !
Pourtant, j’ai la certitude que l’on m’a transporté sur le rivage de Manaus, pour que quelqu’un me découvre et me transporte dans l’unique hôpital psychiatrique de la région.
Je n’ose imaginer que cette chose innommable soit sortie de sa tanière pour m’y déposer, bravant tous les dangers, et surtout le regard des autres.
Quelle en aurait été la raison ?...
Une question hante mon esprit : y avait-il une autre personne dans cette grotte, témoin de mon malheur ?...
Autant de questions qui resteront sans réponse.
Si l'on me demandait de relater mon histoire, je répondrais qu'une amnésie partielle l'a effacée de ma mémoire. D’ailleurs, qui me croirait ?
Lorsque la nuit généreuse dévoile ses mille lumières, j'entends depuis ma chambre d’hôpital, dominant un vaste parc longé par une rivière vaseuse, un bruit de reptation associé à ce sifflement immonde que je ne pourrai jamais oublier, et qui ne peut provenir que de...
Elle m'a retrouvé… et elle m’attend !
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brevesdenatlyn · 8 years
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TOMORROW IS ANOTHER DAY
Tome : 2.
Nombre de chapitres: 21 / 27.
Pairings: Nick Jonas & Katlyn Itachi.
Synopsis: "Il resserra sa prise sur la peau de Katlyn. Elle sentit ses ongles la traverser. Elle grimaça malgré elle. Elle ne voulait pas lui donner la satisfaction de lui montrer qu'elle avait mal, ni qu'elle avait peur."
CHAPITRE 21: DEFI
Jake la tenait par la peau du cou. Il lui faisait mal. Il savait qu'il avait l'avantage. Il pouvait marcher, lui. Pas elle, pas encore. Il savait qu'il pouvait faire ce qu'il voulait d'elle. Katlyn ne pourrait rien faire. Jake jubilait d'avance. Elle ignorait ce qu'il avait l'intention de lui faire. Son sourire ne la rassurait pas. Il approcha son visage du sien. Il arborait ce même sourire que Curt avait quand il l'avait souillée.
  — J'm'amuserais bien 'vec toi. Curt m'a mis hors-jeu la dernière fois. Et, puis, à c'que j'sais, tu n'sentiras absolument rien. C'dommage. J'aurais bien aimé t'entendre hurler pendant que j'prends mon pied mais bon, t'as l'air d'être bonne alors j'vais pas m'gêner. J'suis sûr qu'Nick m'en voudra pas.
— Je te préviens que si tu oses me violer, je...
— Tu quoi ? Nick est complètement sourd. Il ne t'entendra pas hurler. Et les gosses ? Tss. Qu'est-ce que tu veux qu'ils me fassent ? Quant à tes amies, je me suis arrangé pour leur faire avaler un somnifère. Rien ne pourra les réveiller. Tu m'es totalement soumise, Katlyn.
— Comment as-tu pu tomber aussi bas, Jake ?
— J'ai fait la même chose que ton idiot de petit-ami. J'ai lâché prise et je suis tombé dans l'Enfer de la drogue. Sauf que moi, personne ne m'a tendu la main. Toi, tu l'as aidé à s'en sortir. Tu t'en foutais complètement du mal qu'il te faisait et qu'il te fait encore ! Alors, dis-moi, pourquoi est-ce que tu t'accroches encore à lui comme ça ?! Il est sain et sauf. Il s'en est sorti, lui !
  Il resserra sa prise sur la peau de Katlyn. Elle sentit ses ongles la traverser. Elle grimaça malgré elle. Elle ne voulait pas lui donner la satisfaction de lui montrer qu'elle avait mal, ni qu'elle avait peur.
  — Je n'ai pas besoin de m'accrocher à lui. Il me suivra partout où j'irais, sans que je ne lui demande. C'est lui qui s'accroche à moi.
— Mais ça te plait !
  Jake lâcha soudainement Katlyn qui s'écroula au sol, incapable de tenir debout de son propre chef. Le dealer lâcha un rictus avant de la frapper. Lorsqu'elle fut sonnée, il se pencha sur elle et glissa ses doigts sur son cou. Elle déglutit.
  — Ne me touche pas !
  Katlyn lui cracha à la figure. Jake lui colla une gifle pour la punir de son insolence envers lui. Il ferait ce que bon lui semble qu'elle soit d'accord ou non.
  — Je n'ai plus envie de m'amuser maintenant. Je vais te tuer. Nick oppose plus de résistance que prévu. Ta mort le fera bouger un peu plus vite.
  Ses deux mains se placèrent sur la gorge de la jeune femme. Il appuyait sur sa trachée. Peu à peu, l'air lui manqua. Elle se débattit tant bien que mal et essaya d'enlever ses mains.
  — Maman !
  Jake retira ses mains, surpris. Il se tourna vers la personne qui avait parlé. Emily. Que faisait-elle là ? Katlyn tenta de lui faire comprendre qu'elle devait déguerpir au plus vite.
  — Tiens, donc !
  Jake s'avança vers la petite fille et s'accroupit à sa hauteur pour prendre son menton dans sa main pendant que Katlyn suffoquait. Cette dernière ne pouvait pas le laisser toucher sa fille. Elle se retourna et rampa du mieux qu'elle pouvait sur le sol. Elle s'égratignait les mains et les bras mais ne s'en préoccupait pas. Ce salaud ne s'en sortirait pas comme ça. Elle ne le laisserait pas s'en sortir une seconde fois. Pas après ce qu'il lui avait fait quatre ans plus tôt, pas après l'avoir paralysée... Il ne toucherait pas à sa fille, ni à aucun membre de sa famille. Elle s'approcha de lui et l'attrapa par son T-shirt déchiré. Il tourna la tête vers elle, satisfait de lui-même.
  — Ne t'avise même pas de la toucher avec tes sales pattes !
  Jake rit. Katlyn ne plaisantait pas. Elle savait qu'il se foutait de sa gueule. Après tout, que pourrait-elle lui faire dans l'état où elle était ? Il l'attrapa par les cheveux, ce qui lui arracha un léger gémissement.
  — Crois-tu que tu pourras m'en empêcher ?
  Il la lâcha. La tête de Katlyn heurta le sol. Elle vit noir quelques instants. Jake recommença plusieurs fois avant de la soulever.
  — Je suis capable de te tuer si tu touches à un seul de ses cheveux, marmonna Katlyn malgré sa position de faiblesse.
— Vraiment ? demanda-t-il avant de se tourner vers Emily. Emily, tu vas assister à la mort de ta maman en direct. Un dernier mot, peut-être ?
— ...
  La petite fille ne dit rien, terrifiée. Les larmes coulaient sur ses joues. Comment était-il rentré dans sa maison ? Pourquoi s'en prenait-il encore à sa maman ? Elle était paralysée par la terreur et même l'urgence dans la voix de sa mère ne réussit pas à la sortir de sa torpeur.
  — Cours, Emy ! Sauve-toi ! Réveille Nick !
— Ta gueule ! s'écria Jake en frappant la jeune femme au visage.
— Emy, je t'en prie ! Dégage de là !
  Cependant, sa fille ne bougea pas d'un pouce, trop apeurée par Jake. Ce dernier haussa les épaules, l'air de dire qu'il n'avait rien à craindre. Il dévisagea Katlyn.
  — Aux dernières nouvelles, tu ne savais pas nager. Voyons voir si ça a changé.
— Quoi ?! s'exclama Katlyn, ne comprenant pas avant de voir la piscine. Non ! Non ! Ne fais pas ça !
  Jake prit son élan et la jeta à l'eau, bien au milieu du bassin pour être sûr qu'elle ne pourrait pas revenir à la nage. Bien entendu, Katlyn avait appris à nager entretemps. Elle devait remercier Joe pour ses cours de natation. Cependant, là, ça ne lui serait d'aucune utilité. L'eau la fouetta quand elle entra en contact avec elle. Sous le choc, son corps s'enfonça dans l'eau chlorée. Elle se débattit pour remonter à la surface mais la seule force de ses bras ne suffisait pas. Ses jambes refusaient catégoriquement de bouger. Elle entendait sa fille qui hurlait et le rire satisfait de Jake. Ça éveilla sa colère mais ne lui permit pas de remonter à la surface. Son dos et sa tête heurtèrent le fond de la piscine. A bout de forces et de souffle, elle continua tout de même à lutter en désespoir de cause. Il ne toucherait pas à sa petite fille. Il était hors de question qu'il pose ses sales pattes de dealer sur sa chair et son sang. Katlyn continua de se débattre, rampant autant que possible au fond du bassin. Cependant, manquant terriblement d'air, elle se vit contrainte d'abandonner. Elle allait se noyer dans sa propre piscine. Quelle ironie ! Ses yeux se fermèrent à moitié. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'une lumière ne l'éblouisse. Que se passait-il ?
  — Alors, c'est ça ?! Tu abandonnes ?!
  Katlyn ouvrit brutalement les yeux. Elle connaissait cette voix mais cette personne n'était pas censée se trouver ici. Cette personne n'était même plus en vie.
  — Brooke...
  De l'eau s'engouffra dans sa bouche alors qu'elle prononçait son nom. Enfin, prononcer, c'était un peu gros. Ça n'avait fait que remuer l'eau. Aucun son n'était sorti de sa bouche.
  — La Katlyn que je connaissais avant n'aurait jamais abandonné ! Elle se serait défendue jusqu'au bout pour protéger sa vie ! Tu as de la chance d'avoir une famille, Katlyn. Tu as deux magnifiques enfants qui comptent sur toi ! Et Nick alors ?! Lui aussi compte sur toi. Il a besoin de toi ! Tu ne peux pas abandonner maintenant ! Ce n'est pas le moment pour toi !
— ...
— Tes enfants, tu les vois grandir sans leur mère ?! Tu es une maman extraordinaire, Katlyn ! Et, malgré tout ce que j'ai pu dire sur Nick, c'est un mec bien. Il prendra soin de toi tout au long de ta vie. Tu n'as pas le droit de les abandonner ! Pas maintenant !
  Brooke avait raison, comme avant. Katlyn n'avait pas le droit de partir comme ça sans se battre. Elle devait lutter jusqu'au bout.
  — ...
— Tu n'es qu'une lâche si tu abandonnes maintenant alors que tu as une longue vie qui t’attend ! Remonte à la surface et débarrasse-toi de ce sale type. Fais-le pour ton mec et tes gosses ! Fais-le pour ta vie, putain !
  Oui, Katlyn devait remonter à la surface. Elle devait se débarrasser de Jake pour protéger ses enfants. Comment faire ?
  — ...
— Tu dois donner une autre chance à Nick. Il te rendra heureuse et il se battra pour toi jusqu'à donner sa vie s'il le faut. Tu le sais aussi bien que moi. Pense à Sam également. Ils ont tous besoin de toi. Ils ont besoin que tu vives. Alors, tu vas gentiment remonter ton cul à la surface et mettre cet individu hors d'état de nuire !
  Brooke lui tendit une main qui lui semblait irréelle avec ce halo de lumière. Pourtant, Katlyn la saisit sans hésitation et, sans qu'elle ne comprenne réellement pourquoi, elle se sentit remonter à la surface. Regardant Brooke - ou son fantôme - une dernière fois, elle lui murmura un merci auquel elle répondit par un signe désinvolte de la main et un « prends soin d'eux » avant de disparaitre. Katlyn comprit qu'elle venait d'avoir une hallucination dûe au manque d'oxygène dans son cerveau. Sa tête se retrouva à l'air libre d'un seul coup. Elle respira l'air frais de la nuit à plein poumons, savourant à nouveau l'oxygène qui s'engouffrait dans sa gorge. Elle avait la tête qui tournait, sûrement le contre-effet du manque d'air qu'elle avait éprouvé en restant sous l'eau. Elle ferma les yeux un instant et reprit son souffle doucement, crachant l'eau qu'elle avait pu avaler. Sa fille était toujours là et ne cessait de l'appeler en hurlant, désespérée de ne pas la voir remonter à la surface.
  — Ta maman est hors-jeu, Emy. Pourquoi ne te laisses-tu pas faire ? Je te promets d'aller vite.
  Toi, mon gars, tu n'as même pas intérêt d'essayer de poser tes sales pattes sur ma fille, songea Katlyn. Elle le lui ferait payer. Elle nagea jusqu'au bord de la piscine et attrapa Jake par le mollet. Il se tourna vers elle.
  — Tu as voulu m'envoyer en Enfer. Si ça doit être le cas, je ne partirais pas seule !
  Katlyn tira d'un coup sec sur la jambe du dealer, le faisant basculer dans la piscine à son tour. Il se releva en jurant.
  — Salope !
  Jake alla pour la frapper mais Katlyn l'en empêcha, attrapant son poing et le retenant fermement.
  — Il y a quatre ans, tu avais l'avantage du terrain. Aujourd'hui, tu es loin de l'avoir. Tu es chez moi. Alors, qui va en baver cette fois ? Toi ou moi ? Tu n'auras pas le malheur de toucher à ma fille. Je ne te laisserais pas faire.
— C'est ce qu'on va voir.
— C'est tout vu.
  Profitant du fait qu'il soit prisonnier, Katlyn lui assena un premier coup, puis un deuxième. Elle laissait parler sa colère et sa peur, lui faisant payer tout ce qu'il lui avait fait subir. A chaque coup revenait un souvenir, un souvenir du calvaire qu'il lui avait fait subir et ça décuplait sa rage. Elle serait capable de le tuer, là maintenant, sans aucun remord. Les sanglots de sa fille lui parvinrent aux oreilles, l'arrêtant net. Elle prit alors conscience de ce qu'elle était en train de faire. Elle avait la main serrée sur le T-shirt de Jake et le poing levé. Il avait le visage couvert d'entailles et de sang dûs aux divers coups qu'elle lui avait donnés. Ça ne lui ressemblait pas de perdre son self-control comme ça. Ça ne lui ressemblait pas d'être aussi violente. Choquée, elle lâcha Jake et recula. Ce dernier prit quelques secondes pour se remettre avant de sortir une lame que Katlyn supposa être la même que celle qui lui avait transpercé le dos quelques mois plus tôt. Comprenant ses intentions, elle tenta le tout pour le tout pour le faire lâcher sa lame. Elle ne voulait pas qu'il la tue. Il n'en avait pas le droit. Elle devait vivre. Elle voulait voir grandir ses enfants, les emmener à l'école, leur raconter ses petites anecdotes... Elle ne voulait pas qu'ils grandissent sans elle. Ils avaient besoin d'elle autant qu'elle avait besoin d'eux. La mort avait beau lui courir après depuis dix ans, ce n'était pas aujourd'hui qu'elle gagnerait. Elle ne se laisserait pas faire. Elle parvint à esquiver les coups de Jake et finit par lui faire lâcher son couteau qui alla se perdre dans l'eau. Malheureusement, le dealer profita d'une seconde d'inattention de la part de l'écrivaine pour lui plonger la tête sous l'eau.
  — Tu l'as voulu, Katlyn ! Ton heure est venue !
  Il maintenait sa tête sous l'eau, l'empêchant ainsi de respirer. Elle se débattit mais rien à faire. La fatigue conjuguée au manque d'air dont elle ressentait toujours les effets auraient raison d'elle. Un hurlement brisa le silence de la nuit. Quelqu'un l'appelait. Nick. Il plongea et se jeta sur Jake l'arrachant à son occupation. De nouveau, Katlyn sortit la tête de l'eau et respira à plein poumons. Epuisée, elle alla s'agripper au bord de la piscine, incapable d'en sortir. Elle était trempée et commençait à avoir froid. Les jumeaux s'approchèrent d'elle, inquiets. C'était Christopher qui avait été réveiller Nick après avoir entendu Emy hurler. C'était une chance. Katlyn leva la tête vers eux et leur intima de venir. Ils vinrent et s'assirent au bord de la piscine. Leur maman attrapa leurs deux mains et les serra dans la sienne, glacée.
  — Ça va aller. C'est fini maintenant.
  Katlyn cherchait plus à se rassurer qu'à les rassurer. Elle savait qu'ils avaient eu peur, particulièrement Emy qui était toute pâle. Si Nick n'était pas arrivé, Katlyn serait sûrement morte noyée sous les yeux terrifiés de sa petite fille. Nick sortit de l'eau, ramenant Jake, hors d'état de nuire, en dehors de la piscine. Il se débrouilla comme il put pour l'attacher afin que le dealer ne se sauve pas. Ensuite, il secoua la tête afin de se sécher les cheveux. Il s'approcha de Katlyn et la sortit de l'eau, sans un mot. C'était fini. Tout était fini. Jake lui lança un regard noir. Elle voulait lui parler. Nick la porta jusqu'à lui. Les jumeaux les suivirent.
  — Qu'est-ce que tu veux ?!
— Que tu m'écoutes.
— J'en ai pas envie.
— Tu vas m'écouter quand même.
— Qu'est-ce que tu as à dire ?
— Tu es jaloux du fait que Nick s'en soit sorti, du fait qu'il ait quelqu'un sur qui compter en permanence. Tu ne comprends pas pourquoi on revient toujours l'un vers l'autre malgré les épreuves. Je vais te le dire. On a un lien. Ce lien nous unit depuis qu'on s'est rencontrés. Rien ne peut nous séparer. C'est grâce à moi s'il s'en est sorti, il ne s'en cache pas. C'est grâce à lui si je suis en vie aujourd'hui. Je sais qu'il y a quelqu'un qui tient à toi autant que je tiens à Nick. Je sais que si tu lui parles de tout ça, elle acceptera de t'aider. Je la connais. Elle le fera. Il faut juste que tu lui parles.
— ...
— Je te pose un ultimatum, Jake. Avoue-tout à Selena et je ne porterais pas plainte à propos de cette nuit et tout ce qui s'est passé avant. Je n'ai jamais rien dit. A personne. Je t'offre donc le choix de dire la vérité ou d'aller faire un séjour en taule. A toi de choisir.
  Nick ne serait pas d'accord avec ce qu'elle était en train de faire. Heureusement qu'il ne pouvait pas l'entendre. Katlyn espérait que le contrecoup de l'explosion allait se dissiper très vite. C'était quand même un peu pénible de ne parler que par langage des signes - pour le peu qu'ils parlaient étant donné qu'elle refusait de lui adresser la parole - mais elle devait avouer que là, ça l'arrangeait un peu. Jake ne dit rien, se contentant de la fixer. Il ne comprenait pas pourquoi elle faisait ça.
  — ...
— Tu l'apprécies beaucoup, n'est-ce pas ?
— ...
  Son silence était éloquent.
  — Un jour, on m'a dit « Si tu ne sais plus où tu vas, regarde d'où tu viens. » Tu étais quelqu'un de bien avant. Redeviens cette personne et abandonne toutes ces conneries derrière toi. Reconstruis ta vie avec Selena.
  Jake baissa les yeux et garda le silence une minute. Il finit par relever les yeux vers Katlyn.
  — D'accord. J'accepte ton ultimatum.
  Katlyn ordonna à Nick de le détacher. Il hésita un instant mais finit par se décider. Il installa la jeune femme sur une chaise longue et détacha le dealer qui se leva. Nick le regarda d'un air mauvais, ne comprenant pas ce qui se passait. Au lieu de lui répondre, Jake tendit une main que Katlyn serra.
  — Dis la vérité et je me tais.
— Marché conclu.
  Jake disparut dans la nuit. Nick s'installa derrière Katlyn et la prit contre lui. Si elle ne s'était pas sentie aussi faible, elle l'aurait probablement repoussé. La vérité, c'était qu'il venait de lui sauver la vie et qu'elle se sentait bien dans ses bras. La chaleur qu'il dégageait lui donnait la chair de poule. Ses bras se resserrèrent doucement autour d'elle. Le contact de sa peau brûlante sur sa peau glacée la fit frissonner. Les enfants se joignirent à eux, se moquant du fait qu'ils soient trempés. Ce fut là que Katlyn se rendit compte de quelque chose, quelque chose qu'elle n'avait pas remarqué plus tôt : La jambe de Nick contre la sienne. En temps normal, ça ne lui aurait rien fait mais le fait de la sentir contre elle la surprenait. Elle n'avait jusqu'alors aucune sensation dans les jambes. Elle ne ressentait rien il y a quelques heures encore. Maintenant, elle sentait la jambe de Nick contre la sienne. Elle frappa le jeune chanteur sur le torse et lui désigna leurs deux jambes. Il ne comprit pas. Elle lui montra qu'elle sentait la pression de sa jambe sur la sienne. Il la regarda, surpris mais aussi heureux. Si Katlyn recommençait à avoir des sensations, ça signifiait qu'elle allait pouvoir remarcher et rien ne pouvait lui faire plus plaisir que cette bonne nouvelle à cet instant...
  ×
  Jake frappa à la porte de la maison de Selena. Il était trempé mais ne s'en formalisait pas. Il gardait les yeux obstinément fixés sur ses pieds. Il se sentait coupable. Il n'arrivait pas à comprendre la décision de Katlyn. Après ce qu'il lui avait fait, elle aurait dû l'envoyer derrière les barreaux. Elle avait tenté de le tuer mais sa fille l'en avait dissuadé. Nick l'avait ficelé pour qu'il ne se sauve pas mais Katlyn avait décidé de le relâcher. Elle avait raison. Jake tenait énormément à Selena et, pour rien au monde, il n'aurait voulu qu'elle soit impliquée dans cette affaire. Si au début il ne l'avait séduite que pour faire marcher le Natlyn, il avait fini par tomber vraiment amoureux. Il aimait sincèrement Selena et il ne laisserait personne lui faire de mal. L'intéressée ouvrit soudainement la porte, décoiffée et les yeux bouffis. Il l'avait réveillée. Elle remarqua sa mine déconfite, ses vêtements trempés et le sang qui maculait son visage, conséquence des coups infligés par Katlyn, mais ne fit aucun commentaire.
  — Jake ?
— J'ai quelque chose à te dire.
  Jake était sérieux. Cela inquiéta Selena. Elle le fit entrer et l'obligea à se sécher.
  — Qu'est-ce qui se passe ?
— Tu te souviens de tout ce qui est arrivé à Katlyn, Nick et Demi ? demanda Jake en décidant de jouer la carte de la franchise.
— Oui, répondit Selena, surprise.
— C'était moi.
  La jeune femme le regarda, ayant l'air de ne pas comprendre. Sans un mot, ils se rendirent dans le salon et prirent place l'un en face de l'autre. Maintenant que Jake avait amorcé la conversation, il n'avait d'autres choix que d'aller jusqu'au bout. Il était quand même reconnaissant à Katlyn de lui avoir posé cet ultimatum. Il préférait affronter Selena plutôt que la prison. Il avait très peur qu'elle le prenne mal - ce qui risquait d'arriver - et qu'elle ne le quitte. Ils n'étaient ensemble que depuis quelques semaines mais Jake s'était rendu compte qu'il lui était tout bonnement impossible de lui faire quelque mal que ce soit. Il ne supporterait pas qu'elle mette un terme à leur histoire. Il savait qu'elle allait le faire. Elle ne pourrait pas cautionner tout ce qu'il avait fait à ses amis. Dans ce cas, il s'en irait. Il partirait et il n'essaierait pas de la revoir. Ça lui ferait bien trop de mal. Personne ne pouvait savoir à quel point la culpabilité le rongeait à cet instant. Il devait le faire.
  — Explique-toi. Je t'écoute.
  Jake respira un grand coup pour chasser son angoisse croissante et se lança. Cette situation, il n'aurait jamais cru la vivre un jour. Lui, le grand méchant de l'histoire se rangeait dans le camp des gentils. C'était une histoire parfaite pour un navet.
  — Avant tout, je veux que tu saches que je ne me suis jamais servi de toi et que mes sentiments sont vrais. Je n'ai pas menti quand je t'ai dit ce que je ressentais. Je tiens énormément à toi et c'est bien la raison pour laquelle je vais te dévoiler toute la vérité. Je veux que tu me laisses parler et que tu ne m'interrompes pas.
— ...
  Selena garda le silence et fixa Jake sans ciller, ce qui l'angoissait d'autant plus. Pourtant, il ne baissa pas les yeux. Ce serait synonyme de lâcheté. Après avoir marqué un temps de pause, il reprit.
  — Mon véritable nom est Damon Wyatt Storm. Je suis né à Lansing dans le Michigan le treize février de l'année mille-neuf cent quatre-vingt-douze. Mes parents ont déménagé à L.A. lors de ma quinzième année pour m'encourager à vivre mon rêve. Ça a marché. J'ai réussi à décrocher quelques rôles par-ci par-là jusqu'à obtenir le rôle-titre dans Never try again. Le film a connu un succès phénoménal. Tout le monde me voulait. Sauf que j'étais encore jeune à ce moment-là. Je n'ai pas supporté la pression et je suis tombé dans l'Enfer de la drogue. C'est Curt qui m'y a entrainé, le même Curt qui a enlevé Nick et Katlyn. Dès lors, j'ai perdu tout contrôle. Je suis devenu dépendant et j'ai perdu tous mes contrats. Mes parents m'ont jeté dehors et m'ont laissé me débrouiller. Curt m'a pris sous son aile et m'a fait entrer dans le cartel. C'est lors de l'enlèvement que j'ai appris que Nick Jonas, le Nick Jonas, avait lui aussi fait l'erreur d'entrer dans ce cercle vicieux. Il semble qu'il ait eu un secret à cacher, un secret si lourd qu'il a tenté de l'oublier... Pas de la meilleure façon qui soit. Il devait un sacré paquet d'argent au cartel. Tout le monde était remonté contre lui. Personne n'a réussi à leur échapper de la sorte. J'ai participé à l'enlèvement et à la torture de Katlyn. Quand Curt est décédé, c'est moi qui ai été désigné pour reprendre le business. Tout ce qui leur est arrivé depuis trois mois est de ma faute. C'est moi qui ai enlevé et torturé Demi un mois durant. C'est moi qui ai poignardé et paralysé Katlyn. C'est moi qui ai révélé à Miley que Nick se droguait. C'est à cause de moi qu'ils vivent tous dans la peur. Ce soir, j'ai essayé de tuer Katlyn. J'aurais réussi si Nick n'était pas intervenu. Elle m'a promis de garder le silence sur tout ce que j'ai fait si je lui promettais de tout te raconter. Elle sait que je tiens à toi et... Elle pense que tu sauras me pardonner et m'aider... Elle pense que tu m'aideras à me sortir de toute cette histoire comme elle l'a fait avec Nick. Je... Je ne veux plus avoir affaire au cartel mais je m'en sortirais jamais seul.
  Jake se tut. Selena était livide. Son visage était passé par toutes les émotions possibles durant son récit : Choc, colère, horreur, indignation, incrédulité et tristesse. Jake déglutit. Ce fut elle qui, la première, détourna les yeux, sans doute pour lui masquer les larmes qui coulaient sur ses joues.
  — Alors, pendant tout ce temps, tu mentais ?
— Pas sur mes sentiments. Au début, je l'avoue, tu faisais partie intégrante de mon plan. Je voulais te séduire et faire marcher Nick en menaçant de m'en prendre à toi. Sauf que je suis tombé dans mon propre piège et que je suis réellement tombé amoureux de toi.
— Pourquoi me dire tout maintenant ?
— Parce que Katlyn me l'a demandé. Parce que tu devais savoir la vérité.
— Pourquoi devrais-je te croire sur parole ? Nick n'est pas... Je ne peux même pas prononcer ce mot.
— Selly, Nick...
— Stop ! Ne parle pas de Nick comme ça ! Aurais-je été assez stupide pour ne pas voir que mon meilleur ami se droguait ?
— N'as-tu pas remarqué tous ses changements de comportement et le fait qu'il était souvent malade ? Son organisme ne supportait pas la drogue. Il la rejetait mais le manque le poussait à continuer. S'il n'y avait pas eu Katlyn, il se serait autodétruit.
  De nouveau, Selena garda le silence, ne sachant que dire. Le silence de la nuit était seulement interrompu par ses sanglots qu'elle ne retenait plus, des sanglots qui brisaient le cœur de Jake/Damon. Il se leva et s'approcha doucement d'elle pour effacer ces perles salées mais elle se leva à son tour et le tint à distance.
  — Va t-en... Lui dit-elle en pleurant.
— Selly...
— Va t-en ! Et ne reviens surtout pas ! Je ne veux plus te revoir ! Jamais !
  Elle se détourna et s'échappa en courant et en sanglotant. Jake, de son véritable nom Damon, resta planté là, sans vraiment savoir quoi faire. Les sanglots de Selena résonnaient encore à ses oreilles. Finissant par réagir, il quitta la propriété en fermant doucement la porte derrière lui. Il était conscient d'avoir laissé son cœur dans cette maison. Il ne savait plus quoi faire. Attendre semblait la meilleure solution.
  ×
  Katlyn était assise sur le bord de la baignoire. Nick l'avait délicatement soignée et, maintenant, il l'aidait à se sécher, sans un mot. Il ignorait ce qu'elle avait dit à Jake mais le fait qu'elle lui ait demandé de le relâcher ne lui plaisait pas. Il voulait lui en parler mais ce n'était pas le moment. Il la tenait fermement pour qu'elle ne tombe pas et lui séchait doucement le visage. Katlyn ôta son T-shirt. Nick observa toutes les cicatrices marquant sa peau à vie. Elles étaient toutes là par sa faute. Il tendit la main et caressa doucement l'une de ces cicatrices. Katlyn ne dit rien, le regardant faire. Tout à coup, il ressentit l'envie, ou plutôt le besoin, de l'embrasser. Sa peau était glacée par rapport à la sienne. Ça le fit frissonner. Sans plus hésiter, il déposa doucement ses lèvres sur les siennes. C'était un baiser timide que Katlyn approfondit. Rapidement, ce baiser devint furieusement passionné. Elle commença à caresser le torse de Nick, jouant avec ses réactions. Elle le chauffait. Elle cherchait à aller plus loin. Nick ne voulait pas. Il ne pouvait pas. Katlyn glissa une main dans son caleçon mais il l'arrêta. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait mais... Il ne pouvait pas. Il avait besoin de temps pour ne pas commettre une erreur. De plus, ils n'étaient plus ensemble. Il ne pouvait pas la laisser faire une bêtise qu'elle regretterait par la suite.
  — Je suis désolé. Je ne peux pas te laisser faire.
  Katlyn le regarda dans les yeux pour lui faire passer un message. Elle comprenait et s'excusait de s'être ainsi laissée aller.
  — Désolée. Je... Je n'aurais pas dû, signa-t-elle.
— Je t'aime tellement, murmura-t-il.
— ...
  Nick savait que les sentiments de Katlyn étaient toujours là. Elle venait de le lui démontrer mais elle ne l'avouerait jamais. Il l'obligea à remettre un T-shirt et finit de la sécher. Il se changea à son tour avant de ramener Katlyn à sa chambre, celle à l'étage. Les jumeaux avaient tenu à dormir avec leur maman. Ils avaient eu très peur quand ils avaient vu Jake tenter de la noyer dans la piscine. Nick aussi. Quand Christopher avait voulu le réveiller, il n'avait fait que grogner mais le petit garçon avait insisté et l'avait poussé jusqu'à l'extérieur. Quand Nick avait vu Jake maintenir la tête de Katlyn sous l'eau, il avait plongé sans réfléchir. Tout ce qui lui importait, c'était de la sauver. Il allongea délicatement la jeune femme à côté de ses enfants. Par chance, Sam ne s'était pas réveillé. Il avait donc été épargné par toutes les horribles images de cette nuit. Katlyn le remercia et Nick s'éclipsa pour rejoindre la chambre d'amis du bas, la laissant seule. La nuit avait été agitée et il était épuisé. Il se glissa dans les draps et respira son odeur un instant avant de s'endormir profondément. Il ne supportait plus toutes ces épreuves mais il sentait que tout ça n'était pas fini. Quels malheurs allaient encore leur tomber dessus ?
  → Le lendemain...
  Nick était assis dans la salle de musique avec un ordinateur portable sur les genoux. Katlyn lui avait donné l'autorisation de faire un livechat chez elle pour rassurer les fans d'ici et d'ailleurs qui continuaient de s'inquiéter pour lui depuis qu'il avait perdu connaissance après l'explosion. Il n'était pas sorti de la maison depuis. Katlyn l'en empêchait, prétextant que, tant qu'il n'aurait pas retrouvé l'audition, il valait mieux qu'il reste sagement ici. Nick avait pris place sur le petit divan de deux places installé au fond de la pièce. La caméra qui filmait le livechat avait été installée par un technicien l'après-midi même. Les fans étaient déjà en train de s'acharner sur le tchat, le harcelant pour qu'il les remarque et qu'il leur fasse un signe. C'était toujours la même chose. Ça ne le dérangeait pas mais il trouvait quand même étrange le fait qu'on veuille être remarqué par une star qui vous oublierait très vite. Il lui arrivait de répondre à quelques-unes de ces demandes pour leur faire plaisir. Il avait opté pour un visage impassible dès qu'il était passé devant la caméra. Il leur était inutile de savoir combien il souffrait de sa rupture. D'autant que, hormis sa famille, personne n'était au courant pour l'instant. Katlyn avait tenu à le garder secret. Nick ignorait pourquoi. Il salua les fans qui avaient répondu à l'appel de ce livechat de dernière minute. Bien évidemment, il n'entendait pas le son de sa propre voix, ce qui le perturbait un peu mais il faisait avec. Il répondit à leurs questions, en essayant de ne pas se trahir. Comme il s'y attendait, beaucoup d'entre eux posaient des questions à propos de Katlyn. Certains demandaient même à les voir tous les deux. D'autres demandaient des nouvelles des enfants.
  — « Nick, où est Katlyn ? On n'a pas l'occasion de vous voir ensemble ces derniers temps. Est-ce qu'elle peut te rejoindre ? » C'est une excellente question. Attendez, je vais voir si elle peut venir.
  Nick prit son portable et composa un rapide texto qu'il envoya à Katlyn. Elle répondit tout aussi vite. Nick s'excusa auprès de ses fans et s'absenta pour aller la chercher. Ils prirent tous deux place sur le divan, veillant à rester proches tout en gardant leurs distances pour n'éveiller aucun soupçon.
  — Salut, les gens ! Quoi de nouveau sous le soleil ? Ou sous la pluie selon l'endroit où vous êtes.
  Katlyn adressa un grand sourire à la caméra. Nick remarqua qu'elle traduisait tout ce qu'elle disait en langage des signes, sans se préoccuper de la caméra. Il la remercia intérieurement de faire ce geste afin qu'il puisse suivre ce qu'elle disait sans problème. L'ordinateur reprit sa place sur les genoux de Nick tandis qu'il lisait le flot continu de tweets qui défilait.
  — Ils sont contents que tu sois venue.
— C'est la première fois que je vis un livechat des Jonas Brothers de ce côté de l'écran. C'est étrange comme situation.
  Nick constata que Katlyn continuait de signer tout ce qu'elle disait. D'un signe discret, elle lui fit comprendre qu'elle allait traduire ses réponses afin qu'il puisse suivre. C'était bien ce qu'il pensait.
  — « En parlant de Jonas Brothers, de nouveaux projets sont-ils en cours ? » Eh, bien, pour répondre à ta question, je répondrais honnêtement : Oui. Il s'est passé de nombreuses choses ces quatre dernières années mais nous n'avons pas l'intention d'arrêter notre carrière là. J'ai composé une maquette quelques semaines avant de sombrer dans le coma. Je pense que nous allons travailler dessus dès que Joe et Kevin seront de retour.
— Pour ce qui est des concerts, je n'ai pas eu d'échos de ce côté mais nous vous tiendrons au courant dès que nous aurons des dates. Les garçons sont très impatients de remonter sur scène.
— « Katlyn, est-il vrai que tu as accepté de devenir l'attaché de presse des Jonas Brothers comme tu l'as tweeté quelques jours plus tôt ? »
  Nick ignorait ce détail. Pourquoi personne ne lui en avait parlé ?
  — Oui, c'est tout à fait vrai. J'ai signé un contrat à durée indéterminée il y a quelques jours. Désormais, c'est moi qui gérerais tout ce qui concerne les relations entre la presse et le groupe.
— « N’est-ce pas difficile de travailler avec son fiancé ? » Nous n'en sommes pas encore à ce stade-là de notre relation.
— Non, c'est vrai. De plus, je n'ai pas encore pris officiellement mes fonctions. Ça ne saurait tarder.
— « Des concerts sont-ils prévus dans les prochains mois ? » On a déjà répondu à ça, non ?
— Il faut que je récupère nos plannings. J'en discuterais avec ton père pour savoir.
  Nick se plongea dans la contemplation du tchat, cherchant une question intéressante, sans pour autant en trouver une. Il eut une idée.
  — Pour une fois, c'est moi qui vais poser une question. Je veux que vous me donniez une réponse claire, d’accord ? (Nick garda le silence un instant le temps d'observer les réponses). Je voudrais savoir pourquoi est-ce que certaines de nos fans haïssent Kevin ? Je veux dire, comme tout le monde, j'ai remarqué qu'il connaissait moins de succès que Joe ou moi. Ça arrive, bien malheureusement. Seulement, pourquoi aller jusqu'à le haïr ?
— Ça, c'est une question que je me suis toujours posée.
  L'ex-couple se fit un high five pour féliciter Nick d'avoir eu la bonne idée de poser cette question. Le jeune homme réprima un frisson lorsque leurs deux mains entrèrent en contact. Cette femme le rendait complètement fou. Il la regardait droit dans les yeux. Il savait ce qu'elle voyait dans son regard et il savait aussi qu'il n'arriverait jamais à l'oublier, ni à aimer quelqu'un d'autre comme il l'aimait, elle. Malgré tout, Katlyn semblait ne pas s'en préoccuper. De même qu'elle semblait se remettre de cette rupture bien mieux que lui. Elle attrapa son menton et le força à reporter ses yeux sur l'écran.
  — ...
— C'est là que ça se passe, mon grand.
  Nick se secoua brièvement les neurones pour se recentrer les idées et commença à déchiffrer l'écran en compagnie de Katlyn dont le souffle chaud sur sa peau éveillait des désirs qu'il avait tenté de réprimer depuis qu'il avait eu ce fâcheux incident chez Kevin. Malheureusement, il y avait eu d'autres problèmes du même genre qu'il avait dû arranger tout seul. Si Katlyn continuait de se pencher ainsi sur lui, il n'était pas sûr de pouvoir se contrôler. Elle posa sa main sur son genou, lui désignant un tweet. Nick serra les dents en lisant tout ce qui défilait.
  — Eh ! Pas de menaces de mort ! Kevin est mon frère et, si vous preniez le temps de l'observer, vous verriez qu'il n'est pas aussi différent de moi que vous semblez le penser !
  Katlyn lui frappa le genou pour le forcer à se calmer et commença à parler, tout en signant.
  — A tous les pseudos fans des Jonas Brothers du monde entier qui disent que Kevin ne fait pas partie du groupe et qui vont jusqu'à le haïr, écoutez ça. Je le connais depuis quatre ans maintenant. Laissez-moi vous dire que si vous le connaissiez comme moi je le connais, vous ne diriez pas la même chose. Kevin est vraiment quelqu'un de bien. Il est toujours là pour ses amis et est toujours prêt à les aider. Peu importe ce que vous dites. C'est un ami, un grand frère, une légende. Kevin est mon meilleur ami mais, par-dessus-tout, c'est un héros, mon héros.
  Nick tourna la tête vers Katlyn, très surpris par ce petit discours mais également très ému qu'elle ait pris la défense de son frère en révélant ce qu'elle ressentait à son égard. Avant qu'elle n'ait pu l'en empêcher, il la prit contre lui et la remercia d'avoir fait ce geste pour Kevin. Elle ne le repoussa pas alors qu'elle sentait qu'il profitait de l'occasion. Il déposa un baiser sur sa joue, la faisant doucement rougir. Se ressaisissant pourtant rapidement, Nick se concentra de nouveau sur le livechat pour évaluer les réponses suite à ce petit discours. Les réponses différaient mais allaient tous dans le même sens : l'approbation.
  — Wow.
— S'il faut vraiment que je prouve à quel point Kevin est extraordinaire, je peux le faire. Il suffit de lui donner une guitare et de le faire monter sur scène. Vous verrez alors combien il se donne à fond pour ses fans et même pour les gens qui le trouvent inutile.
— « On te met au défi de le prouver. »
— D'accord. Vous voulez des concerts et vous voulez une preuve. Je peux faire les deux.
— Hein ?
— J'ai pour habitude de détester les paris mais là, c'est l'exception qui confirme la règle.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je parie que je peux organiser deux concerts, un ici même, à Los Angeles, et un autre à Paris, en France. Bien sûr, les Jonas Brothers seront de la partie mais je peux également faire monter Demi Lovato, Miley Cyrus et Selena Gomez sur scène. Ce seraient deux concerts exceptionnels qui ne ressembleraient à aucun autre.
  Nick fixait Katlyn, totalement surpris. Qu'est-ce qui lui prenait de lancer un tel pari ? Elle était complètement folle ! Qu'allait-il se passer si elle ratait son coup ? Elle paraissait satisfaite de son pari et souriait à la caméra. Nick ignorait pourquoi mais il sentait que les prochains mois allaient être agités...
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Buy me a coffee?
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Buy me a coffee?
DEBUT DU TOME 1
PART I || PART II || PART III || PART IV || PART V
PART VI || PART VII || PART VIII || PART IX || PART X
PART XI || PART XII || PART XIII || PART XIV || PART XV
PART XVI || PART XVII || PART XVIII || PART XIX || PART XX
PART XXI || PART XXII || PART XXIII || PART XXIV || PART XXV
PART XXVI || PART XXVII
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lasphinge · 8 years
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apprenti sorcier.
Il faut acter qu'il y a des parties de nous-mêmes qui ne nous sont pas intelligibles. Accessibles, tout du moins, avec les outils cognitifs que nous sommes habitués à mobiliser.  
Je ne pourrai jamais traduire certains des mystères de ma chair, fussent ceux tapis dans les circonvolutions de mon cerveau. Il y a, quelque part, un défaut de traduction. Il n'y a pas assez de symboles à ma portée pour retranscrire ce qui semble alors lourd de ces vérités qui se passent de langage. Ces enseignements – sur moi-même, mon rapport aux autres, mon inscription dans le monde – qui ne peuvent condescendre au statut réducteur de pensée. C'est l'idée, sous-jacente, d'une fulgurance. De ce qui, par sa nature inattaquable – parce que délivrée de la nécessité de toute interprétation, parce  que revêche à toute possibilité d'argumentation -  pourrait à s'y méprendre trouver définition dans la foi, voire même, et c'est du même acabit – la folie. 
J'ai toujours, et je tiens toujours en haute estime cette machinerie de pensées qui fait sa tambouille, sans répit, entre mes deux oreilles. On me le répète plus que je n'ai été longtemps capable de le supporter: je réfléchis trop. Tout est sujet à caution, questionnement, doute, retournement, élucubration, et bien évidemment, introspection. Il ne se passe pas un jour sans lequel je ne me targue et ne me maudisse à la fois d'avoir été dotée d'un cerveau qui m'emmène par monts et par vaux, dans l'excès, le paroxysme, l'intensité, le tout et son contraire, tout le temps, sur tous les plans. Je n'ai, dans le traitement de l'information, dans la gestion des émotions, dans l'accueil des sensations, strictement aucune zone de repos. 
‘Fous-moi la paix quand je te le demande, mais reste quand même à ma portée’. Je n'ai, pendant très longtemps, pas trouvé d'autre façon de le mettre en sourdine que de verser, à l'excès, dans tout ce qui ressemble de près ou de loin à l'interrupteur qui me fait intialement défaut: alcool, sexe. Drogues, évidemment. L'addiction, on le sait, est le déplacement du lien manquant, l'investissement d'un attachement qui ne trouve en l'autre, ou les autres, pas de réponse, réponse satisfaisante tout du moins – et je me sens presque pisseuse à avouer, dans ce qui m'apparait d'une arrogance extrême, que je n'ai pas souvent croisé matière à satisfaire l'immense, l'outrecuidante exigence qui sous-tend chez moi toute possibilité d'attachement. L' addiction est aussi, de surcroît, la réponse à un besoin parfois pressant d'abrutissement. 'Je ne peux me passer de toi, mais je vais t'apprendre à la mettre en veilleuse quand même”.
J'ai grandi en me forgeant par la culture. Par la maîtrise du corps, de sa langue, de ses instincts – par l'intellectualisation de tout, à outrance. Par le refoulement, également, de tout ce qui se prête, de près ou de loin, à des pulsions, à des sucs, de la chair, des hormones, du sang. J'ai grandi avec tout un corps à mater. D'aucuns s'en étonnent, aujourd'hui, pour qui j'habite à leurs dires l'espace et mes mots de façon prégnante, organique. Nul hasard là-dedans: intense et harassant travail de déconstruction et de réassemblage, éprouvant chemin vers une réappropriation de ce corps charnel et de ce corps verbal – pour emprunter l'expression à Marcel Moreau -, sempiternel et infini désir de réconciliation qui traverse, dirige et imprime la plus petite parcelle de mes choix, de mes gestes, de mes mots.
J'ai appris, à mes dépends, de ce corps, qu'une farouche volonté à le domestiquer n'allait pas sans rappel à l'ordre. J'ai appris qu'à vouloir le faire taire, à vouloir nier tout ce qu'il contenait de bruissements angoissants, de ruissellements, de mystères inquiétants, il reviendrait au galop, au centuple. C'est une loi de la nature: rien ne se perd, rien de se crée, et à défaut de transformer cette saloperie ne trouve pas mieux que de renvoyer le colis qu'on avait pourtant expédié sans adresse de retour. Et au prix fort, affranchissement de l'ordre du colis magistral, prioritaire. Et les frais de recherche portent un nom: le symptôme.
Il y en a eu une pelletée, de diagnostics tous plus biaisés les uns que les autres. Il en a eu des ribambelles de spécialistes blasés, d'examens bruyants, de prescriptions d'une inefficacité redoutable, sauf à pervertir ou masquer la nature de ce qui se tramait, inintelligible, en dessous. On ne frappe pas un clou avec une foreuse. On ne vient pas à bout d'une maladie auto-immune – l'esprit attaquant sa propre chair – à coup de bandages appliqués et de piluliers minutieusement dosés.
Le premier qui évoqua les symptômes qui me rongeaient comme les marques de la 'maladie’ de mon esprit - et sa possibilité de guérison - l'a tout simplement réduit, ni plus ni moins, en bon physiologue, à  un cerveau. Première trouvaille, première approche d'excavation, il faut lui accorder le crédit de lui avoir au moins donné un peu de considération. Il a pour lui ce physiologue de ne s'être pas arrêté aux premiers organes défectueux. Je me souviens l'avoir entendu parler de baignoire sans trop plein, de bonde bouchée (il tenait quelque chose, malgré lui, dans cette intuition d'excrétion), et de la nécessité d'une béquille pour éviter la brasse coulée. Une béquille, dans une baignoire, j'ai eu envie de lui dire, vraiment? Vous avez déjà essayé? Un coup à se casser la gueule, sérieusement.
Je me souviens de la notice que j'ai lue par la suite avec un soin religieux, comme ces missels du catéchisme. Il paraît que je fais partie de ce quelque infinitésimal pourcentage de la population chez qui l'absorption d'un anti-dépresseur déclenche très précisément les symptômes qu'il est justement censé contrer. Ben tiens. Se taper une crise incommensurable d'angoisse à vouloir vaincre l'angoisse, y'avait que moi pour atteindre un tel paroxysme dans le paradoxe. Mais à y réfléchir, comment venir à bout d'une peur sans objet?  Atteindre quoi, avec ces véhicules chimiques, avec ces molécules sans but, ni destination donnée? Elles m'ont fait l'effet de ces badauds qui toquent au hasard des rues, s'amusent à pousser le bouton de la sonnette à toutes les maisons, et  viennent lorgner aux fenêtres qu'on cherche à condamner. Ils ne laissent en repartant que de sales trainées devant le perron.
C'est simple, mon corps – bien plus sage que moi, aujourd'hui, je le conçois – a simplement et proprement dit non. Quel salaud, m'obliger à y regarder de plus près. On ne peut même plus fourrer ses crasses sous le tapis? Et alors, d'anguille sous roche, c'est le problème de qui si nous sommes passés à baleine sous gravillon? Est-ce que je fais mon marché chez vous, est-ce que je gueule à vos tréfonds comme une maraîchère ou un poissonnier?
Ce n'est pas la seule entourloupe qu'il m'ait faite. Il n'a eu de cesse de se manifester, occupée que j'étais à ne donner de l'importance qu'à ce qui se tramait au Nord de l'isthme de ce grand, tout grand cou. Violence de cette appréhension, de cette anticipation du gouffre à venir. Violence de la réponse pour contrer ces informations que mon corps me balançait, et dont les manifestations stridentes étaient à la mesure de l'application que je mettais à faire la sourde oreille à tous ses propos. Violence, violence, de cette main qu'on plaque sur un ventre comme sur une bouche béante désespérée de ne pouvoir crier. J'en ai gagné, des abdominaux, à entraver tous les cris de mes viscères, occupée que j'étais à vouloir tuer ce qui me faisait peur – et ne cherchant pourtant qu'à me parler.
Il y a eu quelques paroxysmes. Quelques échauffourées, tentatives pour lui faire la nique.
Et puis cette expérience. La première de nombreuses. Ce moment clivant, où pouvoir réapprendre à danser, ou perdre pied. Bien plus tard, une personne importante dans ma vie m'a donné une définition de la “sainteté” d'esprit qui depuis lors reste à mes côtés, comme ce livre qui ne quitte jamais le chevet: C'est la capacité à aller – et revenir.
Me vient depuis lors cette image du sablier. Pas dans les signifiants qu'il évoque – à moins d'y voir comme une condensation de l'espace-temps, puis par glissement l'idée d'un trou noir qui masquerait une porte, un accès à une autre dimension. Une autre dimension de nous-même – c'est d'une importance capitale, ce nous-même. Il ne faut pas l'oublier, il ne faut pas le remiser, il ne faut pas succomber à cette dimension toute nue, absolue, sans attribut ni épithète. Il y va, justement, de ce ressort du retour, de la capacité à ne pas verser de l'autre côté, de ne pas teindre ces fils desquels nous sommes cousus de toutes les couleurs du spectre lumineux qui, chacun le sait, proviendrait sans doute permis d'un au-delà lointain, le pivot central, l'éclatant soleil. Une couleur qui ne nous serait pas propre, mais tombée du ciel.
L'image du sablier s'impose à moi par sa forme. Cette idée de goulot d'étranglement. La puissance d'une masse, dans sa partie la plus basse rampante, fluide dans sa reptation, inconstante dans sa définition, qui s'invente quelque contour, une peau, de son mouvement-même -  charmée par on ne sait quel foutu sifflet. Qui ne prend forme que dans cette irrépressible ascension, brusque, vers le cerveau. Toute une épopée.
Je ne parle pas ici d'une expérience appelée, d'une volonté de mise en condition pour modifier les perceptions. Je ne parle pas d'un effort de visualisation pour se représenter, à grand coup de métaphores, ce qui dans notre corps se tapit. Je parle de la sensation, on ne peut plus prégnante, on ne peut plus vivace et incarnée, d'une créature de sang froid qui vient buter, dressée, enragée, de toute sa force, contre une porte fermée. La bête, nourrie de tous ces instincts remisés, a la virulence d'un bélier qui n'a pas plus de place pour passer le seuil qu'un trou de serrure. Sacrée masse, au centimètre carré.
C'est cette condensation, ce rétrécissement de toutes les options, le refus de tout échappatoire qui est effroyable à expérimenter. A n'accepter que l'information soit traitée, elle est de manière fulgurante transmise sans concession par le corps – parce qu'on ne lui laisse pas le choix, parce que l'esprit frappé de cécité n'a plus que cette option là. A l'autre bout, j'exerce toute la pression que peuvent fournir des paupières comprimées, des poings serrés, un ventre dur comme pierre, à empiler comme il peut toutes ses briques pour empêcher la bête de passer.
Piètre architecte, persifle-t-elle, mauvaise. J'ai toute une pulsion de vie, forte de l'origine de toute chose, forte de ce principe premier, pour monture. Tu crois vraiment m'arrêter, avec tes barricades dignes d'un Gavroche? Pauvre corps qui tremble, pauvre peau trop étroite, fissurée par les batailles qui sous elles s'amplifient. Lâche prise, tu ne vaux pas tripette.
C'est mourir à chaque fois. C'est cette certitude, cette sensation implacable, au passage – au goulot – qu'à l'empêcher de traverser, elle obstrue toute respiration. Que fait le corps au moment de la mort? Il se résigne. Il n'y a qu'une certitude, à ce moment-là: C'est plus fort que moi. Je ne fais pas le poids. 
Plus personne alors n'est là pour resserrer le noeud coulant. Je ne suis plus à l'autre bout pour resserrer l'étau. Soudain, c'est l'appel d'air, et assez de place pour qu'une caravane entière puisse s'engouffrer. C'est alors que je comprends. Mon corps m'apparaît alors dans toute sa sagesse, et sa sagesse est à la mesure de la bienveillance avec laquelle il m'exhorte à l'écouter. J'en ai fait un monstre mascarade, je lui ai prêté les traits effroyables d'un tortionnaire – alors que je suis celle qui cherche à l'asphyxier.
Je dis comprendre, mais ce n'est pas de l'ordre de la compréhension. Plus d'une préhension, tactile, organique. Je saisis. C'es une vérité, éblouissante, qui imprime sur chaque fibre de mon corps une certitude renversante, quelque chose de l'ordre de la révélation. C'est comme si le message était livré sans  médium. Un trente-six tonnes chargé à bloc, alourdi par son propre élan et la résistance que je lui ai farouchement opposée. Pas de péage. Pas d'échangeur à emprunter par l'inextricable câblage de mon cerveau. D'un seul coup, c'est.
Je ne saisirai jamais l'entièreté de ce qui m'est alors enseigné, et je passerai mon temps à tenter de rapatrier des données qui ne me sont accessibles que lorsque j'y suis. Là-bas, après être passée de l'autre côté du sablier, après avoir accédé à ce champ vaste et incompréhensibe de sagesse dormante, de connaissances souterraines, subconscientes. Je passerai ma vie entière à tenter d'accepter que certaines choses, si elles sont pourtant par ailleurs, dans cette autre dimension de moi-même, effleurées – ne peuvent pourtant être ramenées à ma conscience telle qu'elle se doit de rester pour prétendre conserver un tant soit peu de lucidité.
On ne joue pas sans se brûler à l'apprenti sorcier.
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