Tumgik
#et le dernier habite juste à côté de chez moi mais il ne fait jamais de soirées et puis on se voit moins parce qu'on est adultes
lilias42 · 6 months
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Acte 5 de “Tout ce que je veux, c'est te revoir…”
Bon, retour à l'histoire des Fraldarius avec la suite de cette histoire... et retour du running gag "j'avais dis dans le dernier billet que le prochain serait le dernier mais en fait non", il va encore avoir un autre billet car cette histoire fait maintenant 600 pages alors qu'elle était censée être courte. Je sais, moi aussi.
Enfin bon ! On reprend juste après les derniers évènements du dernier billet : Lambert est de plus en plus isolé avec Gautier qui s'allie à Sreng et fait sécession, Ivy et Oswald qui prennent les choses en main de leur côté tout comme Ludovic et les habitants de Fhirdiad, Lambert qui a ce qu'il mérite, et Félix qui a enfin retrouvé Rodrigue et Alix.
Comme toujours avec cette histoire, fans de Lambert, Rufus et Gustave, ou ceux qui voient le Royaume comme un gros bloc monolithique avec tout le monde qui suit le roi sans réfléchir, passez votre chemin. Ils sont très clairement antagonistes dans cette histoire, et Lambert va tomber encore plus bas dans la partie 6 alors, ne vous faites pas de mal en lisant cette histoire. Il y en a plein d'autres qui vous correspondront surement mieux ailleurs sur Tumblr et AO3.
Et comme toujours, coucou à @ladyniniane ! J'espère que ça te plaira !
Lachésis fit craquer sa nuque sur sa monture, épuisée alors que le soleil se couchait derrière Fhirdiad. Sa sœur et elle avaient passé des semaines à courir dans tout le domaine royal pour récupérer les ordinaires, et elles avaient dû arracher les sommes réclamées pièce de cuivre par pièce de cuivre !
« Déesse ! Quelle plaie ! Heureusement que nous étions en mission pour les Blaiddyd sinon, le nom de notre famille aurait été terni à jamais… encore plus chez les nobles qui ne veulent même pas mettre la main à la bourse… râla Thècle, épuisée. Et Déesse ! Quelle mauvaise gestion !
– Nous sommes d’accord, nos petits gèrent mieux leur argent de poche, marmonna Lachésis. Pour les baillis qui ont été nommé par Sa Majesté Ludovic ou quand Nitsa était encore là pour éviter les catastrophes, pas de problème, c’était propre, mais pour ceux nommés par Lambert, je préfère éviter de commenter de peur d’être impolie.
– C’était gérer avec les pieds oui… Nitsa serait morte de honte… comment elle a pu tomber amoureuse d’un homme pareil ? Maman n’avait pas tort quand elle disait qu’avoir donné Héléna en mariage à Lambert, c’était comme donner de la confiture à un cochon, sauf que le cochon à l’excuse d’être un cochon pour mettre ce qui est bon pour lui partout, pas Lambert.
– Fallait surtout demander à Myrina vu qu’elles ne se cachaient rien toutes les deux mais, si j’ai bien compris de mon côté, c’était surtout grâce à l’année à Garreg Mach où ils se sont beaucoup rapprochés… et puis, sur la fin, ça sentait mauvais leur mariage, même elle commençait à se détacher… elle lui a même interdit d’entrer dans sa chambre alors qu’elle accouchait, c’est Myrina qui lui a tenu les mains avec Effrosyni alors qu’elle mettait son fils au monde, ça veut tout dire…
– Ça aurait été mieux si Sa Majesté Ludovic avait pu mettre en œuvre son idée de monarchie élective… et si Nitsa avait eu le temps d’envoyer les papiers du divorce dans sa tête d’ahuri…
– Tout ce qu’il méritait si tu veux mon avis. Il l’a épuisée jusqu’à l’os, » gronda l’ainée, les mauvais souvenirs et la peur pour sa sœur refaisant surface, la voyant perdre des forces de jour en jour, comme une chandelle n’ayant plus ni cire ni mèche. « Nitsa avait toujours eu la santé de maman… je m’en souviens, elle n’était jamais tombée malade… pas une seule fois… mais quand elle s’est mariée… je ne sais pas, c’était comme si Lambert était un vampire et lui aspirait la moindre goutte de sang et de vitalité… elle était épuisée et affaiblie tout le temps… enfin, normal quand elle avait son travail et celui de son mari à faire car, elle devait toujours passé derrière lui…
– Quand on sait ça, ce n’est pas étonnant qu’elle ait eu autant de mal à mettre le petit prince au monde… elle qui voulait tant avoir un enfant…
– Et encore, il ne serait peut-être jamais né si Dame Félicia n’avait pas été aussi prévenante avec elle et Sa Majesté Ludovic aussi soucieux d’elle… enfin, on en reparlera plus tard, on doit retourner supporter « l’ahuri en chef » directement à Fhirdiad… les ramena à la réalité Lachésis.
– Je m’étais contenté de l’appeler « l’ahuri » mais, ça lui va bien aussi. En tout cas, je plains Rodrigue qui a dû le supporter tout ce temps ! Surtout qu’on ne peut pas l’ouvrir avec Rufus ! Râla Thècle.
– S’il croit que je vais la boucler sur la gestion de leurs comptes, il se met le doigt dans l’œil jusqu’au coude et continue à s’enfoncer, grogna l’ainée de la fratrie. C’est un gosse immature et irresponsable mais, il va falloir le faire grandir à coup de pied au cul à ce stade. Autant l’un que l’autre.
– Si toi, tu commences à devenir grossière, c’est qu’ils sont fichus. Enfin bon, je propose qu’on passe à la taverne avant d’aller au palais, histoire de voir comment les choses ont évoluées à la capitale. En plus, il est tard, les enfants se couchent tôt.
– Hum… tu as raison, faisons ça, » accepta Lachésis. « Les citoyens de Fhirdiad seront surement plus bavards loin des larbins de Rufus. »
Les deux sœurs se turent en entrant à la capitale, se faisant discrètes, même si les gardes des portes les reconnurent tout de suite. Cependant, ils acceptèrent très vite de ne pas les annoncer – même trop vite – et les encouragèrent plutôt à aller à la taverne dit du père Mercier ce soir.
« On vous jure ! Si vous voulez avoir l’avis de la personne la plus lucide de tout Fhirdiad sur la situation du Royaume, il faut aller là-bas ! Lui assura le soldat avec un gros accent de Dominic, surement un qui avait été levé en masse par Rufus. Vous ne serez pas déçues, croyez-nous ! Et il faut que vous entendiez tout ce qui s’est passé ici ! C’est juste à peine croyable ! »
Les deux sœurs esquivèrent son insistance en jurant qu’elles allaient y réfléchir, même si elles se méfiaient de cette proposition. Vu les antécédents de Rufus, cela pouvait être un guet-apens… mais d’un autre côté, cette taverne était très fréquentée par des soldats de Fraldarius et de Charon, et le propriétaire serait fiable alors, peut-être… elles iraient peut-être avec quelques gardes… surtout qu’elles savaient se défendre, en particulier dans des espaces confinés… et quand elles virent l’état de la capitale, elles se dirent qu’elles n’avaient rien à perdre à connaitre l’avis des habitants…
Les rues étaient sombres et mal entretenues, avec des ordures qui bouchaient les égouts et transformaient la chaussée en mare de boue putride. Les seules personnes bien nourries étaient les rats festoyant au milieu des immondices, et les ratiers chargés de les chasser, même s’ils manquaient très clairement de chat pour tous les exterminer. Sinon, les faces étaient émaciées, creusées par la faim et la fatigue, les yeux vides d’usure après tout ce qui s’était passé ces dernières semaines… le terrain parfait pour le développement d’une épidémie…
« Un seul malade… un seul… et la peste est de retour… c’est pas vrai ! Enragea Lachésis. On avait dit et répété que la somme qu’on laissait à l’entretien des égouts ne devaient pas être utiliser pour autre chose ! On court à la catastrophe ! »
Les deux sœurs passèrent sur la place principale pour voir si rien n’y était placardé, n’espérant même plus que Rufus n’y fasse pas étalage de sa cruauté et de son incompétence. Une grande affiche s’y trouvait bien, juste à côté du gibet où se balançait un corps balloté par le vent, se décomposant déjà. Il aurait dû être dans une fosse commune depuis longtemps… même pas par compassion envers un criminel (et les Charon seraient curieuses de savoir si ce crime en était un aux yeux de la loi ou de ceux de Rufus), juste par mesure de salubrité public histoire que la pourriture ne contamine par l’eau ou les personnes qui passaient à côté… et à la lecture du placard, cela les étonna presque qu’il n’y ait pas plus de monde pendu au gibet… Déesse, Rufus était allé jusqu’à ressortir la réglementation de Clovis ! Heureusement que les juges ne devaient pas la respecter sinon, ce serait une véritable boucherie ! Comment Rodrigue avait pu laisser passer ça ?! Enfin, connaissant Rufus… et si…
« On y va ce soir ? Proposa Thècle.
– Ça me semble plus que nécessaire… » marmonna Lachésis.
S’équipant tout de même d’une armure sous leur manteau et leurs habits de fonctionnaires, ainsi que de gantelets rapides à mettre, les deux sœurs se rendirent à la taverne du père Mercier en compagnie de quelques gardes de confiance. L’établissement était plein à craquer, toutes les tables discutant vivement entre elles, même si le ton se fit plus bas quand leur groupe passaient à portée de voix. Le soldat de la porte les vit passer depuis sa table, sauta de sa chaise et les conduisit au bar où se trouvait le patron de l’établissement, le hélant sans hésiter.
« Eh ! Mercier ! Elles sont là !
– Ah ! Bonsoir mes dames. Je vous sers un verre d’eau ? Leur proposa-t-il simplement. Je n’ai plus rien d’autre.
– Bonsoir, et ne vous en faites pas pour cela, lui assura Lachésis. On aimerait surtout vous poser des questions sur ce qui a bien pu se passer à Fhirdiad, et ce n’est surement pas Rufus qui nous dira la vérité alors, on aimerait avoir la version des citoyens de la ville.
– Elle pourrait parler à l’albinois, il sait de quoi il parle. Et c’est les Charon, elles crachaient aussi sur le Lambert et le connard.
– Hum… je sais pas, il a pas mal toussé… et imagine si…
– Non, c’est bon, ne t’en fais pas, ça ira. C’est juste mes poumons qui sont fragiles… et l’air ambiant en ville ne m’aide pas…
Un jeune homme d’un peu moins de vingt ans sortit de l’arrière-boutique, enveloppé dans une couverture mais, la main qui la tenait était couverte d’encre. Au nom de la Déesse… c’était fou à quel point il pouvait ressembler à Sa Majesté Ludovic dans sa jeunesse ! Lachésis était petite à l’époque du coup d’État contre le roi Clovis mais, elle était sûr que ce jeune albinois aurait pu se faire passer pour le roi à cette époque… le père Mercier se tourna vers lui, le soutenant doucement, prévenant avec inquiétude.
– Fait tout de même attention Ludovic, l’air de Fhirdiad semble être encore plus mauvais pour toi que pour nous autres… ça doit te changer de celui d’Albinéa…
– Oui, il est bien meilleur là où je vivais avant mais, ne t’en fais pas, je peux tenir. On m’a prévenu de votre arrivée, j’imagine que vous êtes les filles de la matriarche Catherine Charon, Lachésis et Thècle, les salua-t-il. Ludovic Hange, albinois et scribe au palais, on m’a beaucoup parlé de vous.
– Enchanté Citoyen Hange, le salua Lachésis à la manière charonis. Nous aurions des questions à vous poser sur l’état de la capitale. Que s’est-il passé pendant notre absence ? On se croirait de retour à l’époque de Clovis ou d’avant les grands travaux d’assainissement.
– Une décision de Rufus, les sommes allouées à l’entretien des canalisations et des égouts ont été redirigés vers le maintien de l’unité du Royaume, et la future expédition punitive contre Gautier… déclara-t-il en s’asseyant face aux deux sœurs, ajoutant en les voyant écarquiller les yeux, elles n’avaient pas dû avoir de nouvelles de la capitale pendant plusieurs semaines. Enfin, commençons par le commencement avec ce qui s’est passé après votre départ…
Ludovic et les fhirdiadais résumèrent les derniers évènements aux charonis, détaillant seulement les éléments les plus importants. À la fin de leur histoire, Thècle passa sa main sur son visage, fatiguée rien qu’à entendre tout ceci…
– Déesse… quelle honte pour Faerghus… il est tellement incompétent qu’il vaut mieux être transformé en loup que de le subir ! Et pauvre Félix quand il va voir son père et son oncle arrivés devant lui en étant des loups ! Et ces méthodes de gouvernement… c’est pas le fils de son père, mais de son grand-père… autant pour Rufus que pour Lambert… c’est une honte d’aussi mal géré ses caisses et son Royaume… qu’est-ce que je dis, il ne doit même pas savoir ce qu’il se passe dans son propre palais alors, dans tout Faerghus, n’y pensons même pas ! Tu m’étonnes que les Gautier se soient barrés chez les srengs ! Et bien en plus si le nouveau margrave a accepté d’espionner le roi pour que leurs émissaires puissent mesurer à quel point il est incompétent ! Et pour qu’il admette nous avoir espionner, il ne doit plus en avoir rien à cirer de Faerghus ! On se retrouve avec le garde-frontière du côté ennemi à cause des conneries de Lambert et Rufus !
– Nous sommes bien d’accord… déclara Ludovic en hochant la tête. J’imagine que la situation dans le domaine royal n’est guère plus reluisante.
– Non… pour résumer rapidement, il n’a plus un sou en caisse dans une bonne partie du domaine royal et on a dû arracher la moindre pièce de cuivre à tous les commerçants et bourgeois vu que Rufus veut des espèces sonnantes et trébuchantes, pas des paiements en nature, sauf si c’est des fournitures militaires. Au moins, on a pu épargner les paysans les plus pauvres qui n’ont pratiquement jamais vu une pièce de monnaie de leur vie mais sinon, on a fait raquer tout le monde, du bailli au commerçant en passant par le curé. Autant vous dire que cela a encore plus sali l’image du roi…
– Et encore Lachésis, ça, c’est pour les ordinaires, image ce que cela aurait été si on avait dû récolter les extraordinaires dans tout le Royaume, lui rappela sa sœur. Là, c’est bon, tout le monde ressortait encore plus les fourches qu’ils ne le font déjà avec les levées en masses d’hommes et de vivres, et on reviendrait à l’époque des Grandes Jacqueries d’avant l’indépendance. On se dirige vers ça de toute manière… enfin, on devait déjà engueuler Lambert mais, on va encore plus lui arracher le crâne…
– Il invoque Héléna pour nous dire de nous calmer comme il l’aurait fait avec Sylvain, je ne réponds plus de rien… ajouta l’ainée. Tenter de le convaincre de parler en invoquant son ami Félix, alors que c’est Lambert lui-même qui a mis la famille de ce gosse en miettes. On va avoir du boulot pour relever le niveau de la capitale… au moins pour éviter que notre sœur soit la femme de l’homme qui a mené Faerghus à sa perte, il a déjà assez souillé sa tombe comme ça…
– Hum… si je puis me permettre, je crois que ce n’est pas la peine de vous démenez pour cette raison…
Les deux sœurs se tournèrent vers une femme de l’âge de Lachésis, proche de la cinquantaine, accoudée au bar alors qu’elle serrait son verre dans ses mains. Un jeune bucheron blessé à la tête s’approcha d’elle, posant sa main sur ses épaules.
– Que veux-tu dire maman ? Tu sais quelque chose en rapport avec la reine ?
– La question, c’est plutôt quelle reine… la femme tourna la tête vers les sœurs et Ludovic, l’air sombre et blasé quand elle annonça. Le roi s’est remarié, ça fait déjà des années à présent. Le petit prince avait trois ans quand c’est arrivé…
Lachésis et Thècle n’en crurent pas leurs oreilles quand cette femme leur annonça une nouvelle pareille. Non… c’était pas possible… leur famille gérait tous les papiers et l’administration du Royaume, ils étaient les gratte-papiers de la couronne depuis des générations ! Ils auraient forcément dû voir les papiers d’un maudit mariage ! Même morganatique !
– Quoi… ne put s’empêcher de lâcher la cadette avant de demander. Comment pourriez-vous être au courant ? Nous n’avons jamais rien vu qui allait dans ce sens ! Avez-vous une preuve de ce que vous avancez ?
– C’est parce que la Dame numéro deux vivait en recluse, même si elle apparaissait parfois officiellement. C’était Patricia Arnim, la « sœur » de Cornélia Arnim, marmonna-t-elle en faisant des guillemets autour du mot sœur. Hein… connerie, elles sont aussi sœurs que vous et moi. Tout ce qui existe dans le Royaume sur cette femme est faux. Je suis bien placé pour le savoir, j’étais une de ses servantes, et croyez-moi que si la paye était suffisamment généreuse pour que je ne révèle jamais son secret, vu le tempérament de chien de cette femme et comment le roi mène sa barque en ce moment, j’en ai plus rien à cirer. Et comme preuve, je dirais simplement qu’une nourrice normale n’a pas un carrosse attitré pour un voyage dans un autre pays, alors que toutes les autres s’entassent avec les autres domestiques. Elle avait eu le droit à une voiture pour elle toute seule car, elle a tanné le roi pour en avoir une afin de voyager avec plus de confort, et en privé, elle disait que c’était également pour donner plus de travail aux ducs de Fraldarius. Sa Majesté les avait mis dans la confidence pour avoir leur avis apparemment. Ils étaient contre mais, Lambert ne les a pas écoutés, évidemment… Patricia et eux ne s’appréciaient pas de base d’ailleurs, avant que cela tourne à la guerre ouverte après ce qui est arrivé au louveteau de la famille, quand il a failli être brûlé vif par Volkhard von Arundel.
– Patricia Arnim… marmonna Lachésis, pesant les arguments et informations qui arrivaient en essayant de ne pas se laisser influencer par son propre ressenti envers Lambert. Je voie de qui il s’agit et certes, le mariage avec une adrestienne de rang aussi modeste aurait pu être l’objet de contestation. Nous n’ignorons pas que nombre de grandes familles ont voulu succéder à notre sœur mais, malgré cette différence de rang, le mariage avec une roturière n’est pas interdit pour le roi. Cela aurait été d’un ridicule consommé quand le roi Loog lui-même était un fils bâtard ayant passé tout le début de sa vie à gagner sa pitance comme laboureur, et quand la quasi-totalité de ses proches alliés étaient également des enfants illégitimes ayant vécu comme des roturiers et étaient mariés à des roturiers. Même si nos relations avec l’Empire sont tendues, si cette Patricia Arnim a coupé tous les liens avec Adrestia et qu’elle a épousé tous les intérêts de Faerghus, il n’y aurait eu aucun problème à ce qu’elle convole avec le roi, surtout si elle est roturière, ce n’est pas la haute noblesse adrestienne, et Cornélia a rendu de grands services à la capitale et a une position considérable. Ils se seraient mariés de manière morganatique, certes, au moins pour éviter des problèmes de succession avec notre neveu mais, Dimitri restera toujours le premier-né du roi, avec un emblème et sa mère est la fille de la quatrième famille du Royaume en importance, et à octante-quatorze voix près, ça aurait été notre ancêtre Sybille qui aurait été élu reine à l’indépendance. Sa position d’héritier est donc complètement inattaquable, sauf si la nouvelle reine était une fille d’empereur, de roi ou de shah, ce qui ne semble pas être le cas, et qu’elle aurait eu un enfant avec un emblème majeur, ce qui n’est jamais arrivé, la Déesse soit louée. Quel intérêt a autant caché cette union ? Nous l’aurions certes mal pris sur le coup dans notre famille mais, la période de deuil était passé et si elle était digne de succéder à Héléna, nous l’aurions accepté, même si je doute qu’elle le soit si même les ducs de Fraldarius ne l’appréciaient guère. Et vous avez également dit qu’elle n’était pas vraiment la sœur de Cornélia Arnim, c’est exact ?
– Oui Dame Charon, elle prétend être sa sœur pour se cacher, et c’est justement là le problème, c’est qu’elle est une membre de la famille impériale d’Adrestia mais, pas par le sang, par alliance. C’était une ancienne concubine de l’empereur Ionius, Anselma von Arundel, ainsi que la mère d’une de ses héritières, la princesse Eldegard qui a l’emblème de Seiros. Cependant, Anselma a fui l’Empire suite à une crise et des tensions au sein du harem et elle est venue se réfugier auprès du roi. Ils se sont rapprochés et sont tombés amoureux l’un de l’autre, ce qui les a amenés à convoler ensemble. C’est pour ça qu’elle a défendu Arundel bec et ongle alors qu’il a failli brûlé vif un gosse, d’un parce que c’était son grand frère, et de deux parce qu’il avait ramené dans ses bagages la fille d’Anselma, Eldegard, pour la protéger d’une autre période de crise à Embarr et la ramener à sa mère. Sans cette sombre affaire, Sa Majesté aurait même souhaité qu’Eldegard reste indéfiniment à Fhirdiad pour faire plaisir à sa femme.
– Attendez… la coupa Thècle. Vous voulez dire que non seulement, Lambert est marié à une épouse de l’empereur et donc, c’est de la bigamie vue que ses concubines sont attachées à lui à vie, qui est aussi la mère d’une potentielle future impératrice… cinquième dans l’ordre de succession mais quand même, c’est tout à fait possible qu’elle le devienne étant donné que les empoisonnement sont monnaie courante dans le harem… qu’elle est la sœur d’un noble frontalier qui a été exilé à vie de Faerghus après une tentative d’homicide sur mineur avec circonstances aggravantes… qu’elle est ici sous un faux nom et avec de faux papiers, ce qui est complètement illégal… le tout pour la cacher de son premier mari, ce qui est compréhensible aux demeurants vu ce qu’elle a dû vivre mais, on n’aurait jamais pu nier être au courant de sa situation si sa véritable identité était découverte un jour, ce qui aurait été un casus belli de premier choix pour Ionius, encore plus si Lambert refusait de la renvoyer de l’autre côté de la frontière… et en plus, il voulait garder la propre fille d’Ionius, qui a les dents longues comme pas possible, qui ne nous a pas attaqué à son arrivée sur le trône uniquement parce qu’il avait peur de Sa Majesté Ludovic même s’il avait la tuberculose et a dû très vite faire face à de grandes oppositions en interne, dans le Royaume ? Dans son propre palais auprès de son fils qui plus est alors, si Ionius décide dans sa grande mansuétude de ne pas nous attaquer pour retenir sa fille en otage, il se contente de l’enlever, il pourrait enlever le fils de notre sœur au passage ? C’est bien ce que vous venez de nous dire ?!
– Oui, même si tout est au passé, elle est morte dans la Tragédie de Duscur… enfin, c’était bien mérité, elle poussait le roi à y aller… elle s’était éloignée de lui après qu’il ait exilé son frère pour tentative de meurtre…
– …Après qu’on lui ait mis la décision de justice dans les mains pour le forcer à prendre une décision vous voulez dire, la corrigea Lachésis en maugréant, comprenant mieux le bourbier où c’était enfoncé Lambert quatre ans auparavant. On ne l’aurait pas forcé à se décider, il serait encore en train de réfléchir si oui ou non, il fallait exiler un homme qui a tenté de tuer un gosse de neuf ans sans raison. Enfin, si c’était le frère de sa… de sa femme… pas étonnant qu’il ait autant hésité à le bannir, même si c’était une sentence extrêmement clémente pour son cas… nous qui croyons que c’était à cause de son habitude de détester mettre les mains dans la boue et se les salir, c’est encore plus pathétique qu’on ne le pensait… il délègue toujours ce genre de jugement, que ce soit aux Fraldarius ou nous… Déesse, Nitsa doit se retourner dans sa tombe ! Arundel mettait même son fils en danger ! Il aurait très bien pu recommencer et brûler vif Dimitri après avoir été à deux doigts de tuer Félix ! Tout ça pour les beaux yeux de cette femme ?! Et c’était quoi son rapport avec Duscur qu’on en finisse ?
– Et bien, elle a dit qu’elle voulait le suivre en Duscur, et que ce serait l’occasion de renouer ensemble pendant ce voyage… si j’ai bien compris, le seigneur Alix est venu lui voler dans les plumes à ce sujet et le seigneur Rodrigue a aussi tenté de le faire revenir à la raison concernant Son Altesse mais, rien à faire, le roi n’écoutait que Patricia et son frère… alors…
Le bruit du poing de Thècle qui s’abattit sur le comptoir la fit taire, son visage furieux éclairé par son emblème. Elle était hors d’elle… tout… tout…
– Tous ces morts… ma grande sœur… mon petit frère… ma propre fille… mes neveux et nièces, mes beaux-frères et belles-sœurs… nos citoyens… tous ces gens… tous ces gens sont morts parce que cet abruti voulait absolument renouer avec sa femme, femme qui est un risque pour la sécurité nationale au passage, qui a eu le culot de le pousser dans cette direction parce qu’elle n’était pas contente car pour une fois, Lambert a agi en roi et banni quelqu’un de dangereux et encore, uniquement parce que notre famille était sur ces talons avec une Myrina furieuse derrière l’épaule ! C’est ce que vous êtes en train de nous dire ?!
La servante hocha la tête, provoquant encore plus l’ire des deux sœurs. Se reprenant un peu, Lachésis demanda, même si elle ne se faisait guère d’illusion là-dessus, histoire de voir à quel point Lambert avait craché sur tout, autant son rôle de roi, de père et de mari.
– Au moins… est-ce qu’au moins, elle était digne d’Héléna ? Lambert, je n’en parle pas, seule une truie est digne de lui, et se serait insulté la truie de lui imposer un mari pareil mais, est-ce qu’au moins humainement, cette Patricia ou Anselma était digne de la grande reine qu’était ma sœur ? Est-ce qu’elle était digne d’être la belle-mère du fils d’Héléna et a été une aussi bonne mère pour lui que notre Nitsa l’aurait été ?
– Hélas non… au début, ça allait mais, je pense qu’elle était un peu intimidée et encore choquée par ce qu’elle avait fui, elle tentait même de se lier d’amitié avec les Fraldarius. Mais assez vite, sa vraie nature est ressortie… elle était capricieuse, il fallait sans cesse que tout ce qu’on faisait corresponde exactement à ce qu’elle voulait, même si c’était impossible à réaliser. Ça devait être pile ce à quoi elle pensait et ce qu’elle voulait sinon, elle n’acceptait rien, que ce soit sa nourriture, ses vêtements, la décoration de ses appartements ou même la réalité. Les Fraldarius lui disaient souvent non et la ramenaient sur le sol de Fodlan alors, elle ne les aimait pas, point. Et elle était aussi extrêmement jalouse, même des gens qui ne peuvent plus rien lui prendre… je pense que c’est une habitude qu’elle a pris au harem impérial mais, elle ne supportait pas que Lambert parle de sa première femme devant elle, même si c’était au prince, alors que Sa Majesté Héléna est sa mère. Un autre point de friction avec les Fraldarius d’ailleurs, ils ne se gênaient pas pour parler de Dame Héléna devant elle. Donc non, elle n’était pas digne de lui succéder à la place d’épouse de roi… c’est pour ça que j’en ai plus rien à secouer de balancer tout ça, j’ai été chassé sans salaire maintenant qu’elle est morte, c’était une patronne horrible et Lambert fait n’importe quoi, il ne mérite pas que je me taise !
– Cette femme est jalouse au point d’envier une morte ? Et au point d’interdire à son mari de parler à son enfant de sa mère qui ne l’a jamais connu ? Mais achevez-nous à ce stade d’indignité !
– J’ignorais également tout cela, marmonna Ludovic après Thècle, attentif sans rien laisser transparaitre. Enfin, en cherchant un peu, on devrait retrouver ce qui est lié à cette Patricia, Anselma ou peu importe. En tout cas, Lambert prouve une fois de plus qu’il pense plus à ce qu’il veut lui et son entourage proche, qu’à ce dont le Royaume a besoin. Il y a eu un conflit avec l’Empire autour du plateau de Brionnic, n’est-ce pas ? Alors, autant éviter un maximum de donner plus d’argument à Ionius pour convaincre son ministre des armées de nous attaquer, encore moins pour « sauver » une personne ou deux au détriment de milliers d’autres.
– Dans les deux cas, il aura de nos nouvelles dès demain, croyez-nous sur parole, menacèrent les deux sœurs, furieuses et humiliées.
Elles descendirent d’une traite leur verre qu’avait rerempli le père Mercier pour se calmer, puis les remercièrent pour ses informations et de repartirent, elles avaient une longue nuit qui les attendaient, surtout qu’elles avaient bien l’intention de prendre Lambert au saut du lit. L’élément crucial d’une embuscade était l’effet de surprise qui empêchait de s’organiser correctement et de se défendre, faute de renseignement ou de préparation insuffisante.
Cette caricature de roi avait envoyé leur famille à la mort dans une embuscade à cause de sa stupidité, il méritait de se prendre un retour de bâton équivalent.
De son côté, le père Mercier regarda Ludovic poser encore quelques questions à la femme, tout en prenant des nouvelles du bucheron avec qui il avait combattu au marché noir, Tristan, même s’il lui passa une tisane avec un peu de menthe forte trouvée à l’orée de la forêt. L’odeur fraiche lui débouchait bien les bronches, même si c’était mettre un bandage sur une jambe de bois. L’air même de la ville attaquait ses poumons sans pitié, comme s’il les pourrissait à l’intérieur même de son corps… ça devait le faire souffrir horriblement mais, Ludovic ne montrait rien et gardait la tête haute malgré tout…
« Le drame de Ludovic, c’est d’avoir un corps aussi fragile et d’être mal-né malgré son emblème… songea-t-il en lui donnant le breuvage tout chaud. Il serait né dans une grande famille, il aurait fait un excellent seigneur, même s’il aurait eu un règne court si sa santé ne suivait pas… »
Le jeune homme prit le verre en le remerciant, le tavernier décryptant son sourire si discret mais reconnaissant.
« Je vous rendrais votre gentillesse, je vous le promets, » souffla Ludovic une fois ses bronches dégagées.
Le connaissant, le père Mercier n’en doutait pas une seconde.
*
Quand il ouvrit les yeux, Lambert mit un peu de temps à comprendre où et quand il était. Il faisait sombre, la nuit ne devrait pas tarder à tomber et des nuages recouvraient le soleil, plongeant le ciel dans l’obscurité profonde et dans un torrent de pluie démentielle… on se croirait en plein milieu de la nuit…
Une petite flamme s’alluma dans le coin de ses yeux, éclairant tout son monde alors qu’il se rendait compte qu’il était dans la grande salle de Garreg Mach… Héléna la tenait dans sa main, illuminant une table où était assis Rodrigue et Alix côte à côte en se partageant un livre, faisant face à sa première épouse et Félicia ainsi qu’Ivy qui était assis à l’envers sur une chaise, les bras croisé sur le dossier et la tête dessus… c’était à la fois si proche et si lointain… à peine vingt ans pourtant et tant de chose avait changé… Lambert se souvient alors de ce jour-là, à l’académie des officiers… un orage de tous les diables les avaient obligés à passer leur dimanche à l’intérieur alors, en se perdant dans la bibliothèque en cherchant de quoi lire pour passer le temps, les jumeaux étaient tombés sur un recueil de chant de Faerghus. Ils s’étaient donc amusés à chanter les différents airs du recueil une bonne partie de l’après-midi pour tout le monde, une petite troupe finissant par se former autour d’eux pour les écouter. Leur voix avait toujours été magnifique…
La lumière de la flamme éclaira le visage halé d’Héléna, faisant revivre ses yeux d’aigue-marine et sa longue chevelure blonde tressée, notant avec nostalgie et regret qu’elle partageait sa crinière indomptable avec leur fils… son visage était à la fois si semblable et si différent de celui de Patricia… comme éclairé par une chandelle, on ne pouvait que voir son calme, son sérieux et son doux sourire à la fois si rare et si précieux… elle rayonnait force et de santé dans chaque morceau de son être…
« Héléna… »
Le veuf leva la main, la tendit vers sa première épouse, cherchant à se rapprocher de sa douce chandelle qui lui avait réchauffé les mains tant de fois, le guidant sur le bon chemin avec sa lumière rassurante…
Les jumeaux changèrent alors d’air, se mettant à entamer la « Supplique de Fraldarius », même si aucun des deux n’aimaient les hypothèses autour de cette chanson. Ils appréciaient la chanter pour toutes les émotions à l’intérieur mais, trouvait que l’interprétation des érudits autour ne collait vraiment pas à ce qu’ils ressentaient dans les paroles…
« Dans la nuit sans étoile, le vent mugit dans le noir,
Les ronces m’écorchent et m’enserrent en riant,
Les chaines cruelles boivent sans soif mon sang,
Ô dieux, à la lune je ne peux que hurler mon désespoir, »
La voix des jumeaux s’immisça dans ses pensées, les parasitant avec leurs paroles étranges et inquiétantes alors que la flamme dans les mains d’Héléna faiblissait…
Deux yeux bleus d’eau percèrent la pénombre, avant qu’en n’émerge une silhouette longiligne, forte et presque invisible dans l’obscurité, avant qu’il ouvre une gueule écarlate, remplie de longs crocs comme d’immenses croissants de lune, coupants comme des sabres… Lambert s’écria alors, même s’il le reconnut tout de suite, mort de peur pour son épouse.
« Héléna ! Attention ! »
« Dans le froid de l’hiver, la bise se moque de moi,
Tous mes os se figent un par un,
Ils se pétrifient jusqu’à la fin,
Ô dieux, à la lune je ne peux que hurler mon effroi,
Cependant, le loup se contenta de lui donner un petit coup de truffe à la jeune femme, attirant son attention avant de lui montrer un chemin. Sans hésiter malgré sa méfiance naturelle, peut-être parce qu’elle reconnaissait ses yeux d’eau, Héléna le suivit sans hésiter, s’enfonçant dans un couloir sombre avec lui.
Fou d’inquiétude et de peur que ça dégénère après sa crise de colère, Lambert les suivit en courant, essayant de les rattraper mais, quand il sortit du boyau, il n’était plus à Garreg Mach… non… non… il était de nouveau entouré des corps Duscur…
Héléna portait à présent sa longue robe blanche et bordeaux, brodé de son emblème et de l’astre céruléen, ses longs cheveux dénoués battant en silence dans le vent à la fois brûlant et glaciale, portant ses mots étranglés alors qu’elle se baissait vers les morts…
« Nia… Momon… »
Elle se releva, ses gestes saccadés faisant penser à ceux d’une poupée désarticulée, choquée en découvrant d’autres corps portant leur emblème, des visages d’adultes qu’elle n’avait connu que pendant leur enfance, des gardes et des fidèles de sa famille…
« Tous… tout le monde… »
Sa voix s’étrangla d’un coup alors qu’elle s’élançait vers la dernière personne que Lambert aurait voulu qu’elle voie, n’arrivant pas à la rejoindre avant qu’elle ne trouve la tâche bleu roi dans cet océan de blanc et de brun-rouge…
« Oh non ! Dimitri ! »
Héléna se précipita vers lui en enjambant les corps comme elle pouvait, le prenant tout de suite dans ses bras en utilisant la magie de soin, murmurant à leur fils, même s’il ne pouvait pas l’entendre, brûlé et étranglé de fumée…
« Dimitri… tient bon… tient bon… je vais te soigner… Mitsos… »
« Dans le noir des ténèbres, même le soleil cruel est ennemi,
Mes yeux déjà asséchés de larmes brûlent,
À sa vue dont ils ne supportent plus la férule,
Ô dieux, à la belle lune j’hurle, elle est ici ma seule amie. »
Le loup réapparut, s’asseyant à ses côtés en passant sa truffe sur les cheveux calcinés du blessé… Héléna se tourna vers lui, le fixant droit dans les yeux, telle qu’elle était avant sa mort. Sa peau semblait livide malgré son teint halé, des cernes sombres et profondes balafrant son visage, ses longs cheveux hirsutes et cassants comme de la paille… tel que la peste l’avait laissé…
« Tel que toi, tu l’as épuisée… susurra le loup sans qu’Héléna semble l’entendre, cette dernière lui demandant sans hésiter.
– Qui… qui a fait ça à mon fils ?
Sans un mot, le loup tourna alors son regard vers Lambert, retroussant ses babines dans un sourire satisfait quand Héléna se redressa, fixant son mari alors que son visage choqué changeait, s’enflammait de colère, le criblant du regard avec fureur.
« Ô Lune, grande lune si belle qui m’écoute toujours chaque nuit,
Ce soir, malgré les ronces qui m’étranglent et toujours me lacèrent,
Je te hurle mon désespoir, je te hurle ma rage, je te hurle ma prière,
Ô Lune, entend mon sort hurler au fond de cette prison de suie ! »
– Lambert… comment as-tu pu… comment as-tu pu emmener notre fils ici… comment as-tu pu emmener mon fils dans une expédition aussi dangereuse ?! Tu aurais dû le laisser au palais en sécurité ! Il n’avait rien à faire dans une expédition pareille !
– Héléna… je… je te jure que je ne pensais pas que ce serait aussi dangereux pour lui… lui promit-il en essayant de s’approcher d’elle, ouvrant ses bras. J’aurais su, jamais je ne l’aurais…
– Tout le monde t’a prévenu, le coupa-t-elle en se fermant, se mettant entre Lambert et Dimitri, comme pour le protéger. Myrina t’a dit et répété que ce passage était très dangereux et qu’il ne fallait surtout pas t’attarder dans ce piège à rat. Kimon t’a dit que tes lettres étaient mal faites et tes promesses irréalistes alors, il fallait travailler à nouveau avec les ambassadeurs pour trouver des accords plus réalistes mais que dans tous les cas, cela allait abimer nos relations avec Duscur, ce qui incitait à encore plus de vigilance. Lachésis t’a dit plusieurs fois qu’il fallait faire arrêter Kleiman et le mettre sous les verrous afin d’éviter qu’il n’aggrave encore plus la situation, et Thècle qu’elle avait besoin de plus de temps pour examiner son cas pour le juger. Tu as refusé et résultat, il continue à massacrer d’autres êtres humains sur la frontière sans que tu ne remarques rien et avec l’accord de Rufus. Rodrigue t’a répété plusieurs fois à quel point c’était dangereux pour Dimitri de l’emmener, et à quel point ils n’avaient pas le temps de tout préparer correctement pour assurer au maximum la sécurité de tout le convoi, Alix aussi te l’a encore répété avec force. Mais tu n’as écouté personne et maintenant, tout le monde est mort par ta faute ! Tu as le sang de notre propre enfant sur les mains !
– Héléna… je… je…
« Même si je suis prisonnier, je m’évaderai !
Même si je ne suis plus que mon désespoir, je m’en servirai !
Même couvert de chaines, jusqu’à la dernière je les lacérerai !
Ô lune ! Au pire des maléfices je me sacrifierai ! »
Il tenta encore de s’approcher malgré tout mais, sa première épouse enflamma ses mains avant de les serrer en poing, prête à frapper pour défendre Dimitri derrière elle, tout semblable à plusieurs représentations de la Flamme Passionnée, protégeant les siens en s’enflammant elle-même. La douce chandelle semblait être tombé dans l’huile, se propageant partout autour d’eux pour plonger la vallée étroite dans des flammes bleues, embrasant un grand bûcher funéraire pour les morts et un cocon protecteur pour Dimitri.
Lambert paniqua, sentit ses doigts fondre dans cette fournaise de plus en plus infernal, emportant Héléna à qui Dimitri s’accrochait à présent, le laissant seul. Il crut entendre la voix de Patricia au loin, l’appelant vers elle mais, ses appels ne firent que rendre les flammes encore plus fortes, plus cruelles, creusant sa peau alors qu’il tentait en vain de trouver une issue, un passage, une échappatoire… n’importe quoi qui pouvait le faire sortir d’ici !
« Que les dieux qui m’abandonnent me haïssent aujourd’hui,
Car moi la pauvre créature enfermée sort ses crocs acérés,
Même si devenir une bête est le pire des sorts à redouter,
Je suis prêt à en être une pour sortir de cette prison honnie ! »
En levant les yeux, suivant l’origine du chant qui résonnait tout autour de lui, l’homme vit à nouveau le loup le fixer depuis le sommet des ravins, la tête sur ses pattes, souriant toujours à pleines dents en le voyant se débattre, se tortiller dans les flammes en essayant en vain de s’échapper.
« Toi… ! »
Emporté par sa propre colère de la farce grotesque que lui imposait le loup qui avait remplacé son ami, Lambert arriva à trouver assez d’élan pour sauter, attraper le rebord de la falaise et à se hisser là où était la bête cruelle, rien que pour lui faire ravaler son sourire après avoir monté Héléna contre lui. C’était sa faute s’il cauchemardait à ce point ! C’était sa faute si elle était aussi en colère et fatiguée !
Cependant, quand il arriva à se hisser au sommet battu par le blizzard, le loup s’était un peu éloigné, riant toujours à la manière de Foa alors qu’il se relevait, un rire saccadé et malade, comme s’il se moquait de lui, le trouvait pathétique de tenter de l’attraper.
« Reviens ! Reviens et rends sa place à…
– Seulement si tu arrives à me rattraper ! Ghia ! Ghihi ! Ghihihi ! Que la Lune voie qui gagne ! »
Il repartit en riant, tâchant la blancheur éclatante des lieux avec sa noirceur de ténèbres, le forçant à s’enfoncer dans le blizzard. Lambert le suivit comme il pouvait mais, il était bien plus lourd que lui, ses pas s’enfonçant dans la neige épaisse, le noyant presque dans la poudreuse tranchante, alors que le loup courrait à vive allure sur le manteau neigeux et craquant, seules de légères traces de pattes vite recouvertes par le blizzard marquant son passage alors qu’il chantait à nouveau.
« La roue du destin tourne et tourne,
Les routes se mêlent et s’entremêlent,
Les saisons passent et vite trépassent,
On ne reconnait plus rien du tout !
Je cherche mon chemin ! S’écria le pauvre fol,
De quel chemin parles-tu ? Répondit la Lune
Le glorieux chemin que m’a destiné la fortune !
Qu’il est orgueilleux ! Ce pauvre fol est frivole !
Car notre chemin n’est jamais par un autre tracé,
Il est toujours fait de milles et milliers de pas bien décidés,
Il est toujours soigneusement pavé par notre seule volonté,
Tu as toi-même décidé par tes choix de te blesser !
Mon pauvre fol orgueilleux ! Ta pitoyable errance…
…n’est que le résultat de ta propre ignorance ! »
« Tais-toi ! C’est faux et tu le sais ! Je n’ai jamais décidé que tout tournerait ainsi ! Jamais je ne voulais que…
– Mais tu as tout de même décidé que tu mènerais le Royaume à sa perte.
Lambert s’arrêta net, figé en découvrant son père au sommet de la montagne, Areadbhar luisant dans ses mains, en grand habit de monarque, la couronne d’or de Loog ceignant son front, illuminé par la Lune… après avoir rencontré Blaiddyd en personne, Lambert ne pouvait que voir que Ludovic avait exactement les mêmes yeux que leur ancêtre… le loup était là aussi, allongé aux côtés de l’ancien roi, toujours aussi satisfait de lui-même, le narguant toujours… c’était encore plus cruel de sa part en sachant ce que son père allait lui faire remarquer…
– Regarde Lambert, lui ordonna son père en montrant la vallée en contrebas. Regarde le résultat de ton indécision et de tes décisions. Regarde les conséquences de tes actes.
Bien obligé d’avancer, l’homme obéit et regarda au bas de la colline. Tout était sombre, tout était plongé dans le noir sans aucun soleil à l’horizon… comme sans lendemain… il n’y avait personne aux alentours, juste des ombres indéfinis, comme vidé de toute vie…
– Non… il y a encore de la vie en Faerghus… on arrivera à se relever… on…
– Tu répares ce que tu as brisé toi-même, répliqua Ludovic avec sa voix froide, serrant Areadbhar entre ses mains. J’avais laissé derrière moi un Royaume sain, prospère après tant d’année de guerre et de terreur… toute ma vie, j’ai travaillé afin que le règne de mon père ne se répète pas… que tant de personnes ne subissent pas à nouveau de telles atrocités…
– Mais je n’ai jamais voulu faire le moindre mal à mes sujets ! Je ne les ai jamais entrainés dans des guerres sanglantes !
– Non, en effet. Mais tu méprises leurs vies tout autant que lui, bien que ce soit de manière différente. Clovis se moquait éperdument de la vie des autres, seule la sienne comptait, et il les envoyait à l’abattoir sans hésiter ou remord. Toi, à cause de ton inconscience et de ta naïveté, tu agis sans prendre en considération les risques qu’encours tout le monde, car tu es persuadé que tout se passera bien et que sinon, ce sera possible de réparer ce que tu as brisé, alors que rien ne peut rendre une vie perdue ou réparer cette absence… le tout en écoutant de moins en moins les voix qui s’élevaient contre toi et te conseillaient d’être plus prudent, et en n’écoutant que les personnes qui ne cherchaient qu’à profiter de la situation… souffla-t-il en passant sa main sur la tête du loup, avant de le fixer droit dans les yeux. Et vois où tout ceci t’a mené… mon plus grand regret est d’être mort aussi tôt, trop vite pour t’empêcher d’accéder au pouvoir. Tu n’as pas les épaules pour être roi, tu n’es pas fait ni digne d’une telle tâche, » sanctionna-t-il alors que du sang tuberculeux coulait de sa bouche, comme quand il retenait ses toux avant de mourir, mais il restait malgré tout droit et ferme, seuls ses poings tremblant de colère. « À cause de ma propre faiblesse, j’ai laissé le Royaume entre les mains d’un inconscient qui a tout détruit sur son passage en étant persuadé de bien agir, et cela l’a conduit à sa ruine. Le Royaume est meurtri par le deuil, la colère et le ressentiment, la faim le gangrène, la maladie guette dans la pénombre, attend son heure pour tourmenter encore plus notre peuple… il se délite même, Gautier est déjà en train de faire sécession vers Sreng où ils ne seront plus obligés d’obéir à tes ordres lunaires, et que crois-tu qui se passera quand Fraldarius apprendra ce que tu as fait à ses ducs ? Quand ils verront Rodrigue et Alix revenir sous la forme de loups tourmentés par le désespoir ? Que pensera Galatéa en voyant que Rufus les a déjà abandonnés ? Charon en voyant ta mauvaise gestion et quand ils apprendront l’affront que tu as fait à leur sœur ? Que penses-tu ce qui va arriver à Faerghus après tout ce que tu as fait et laissé faire ?
Lambert ne répondit pas, regardant son père sans savoir quoi dire… à part pour le fait que les Charon n’apprendront jamais pour Patricia, encore plus maintenant que… il avala sa salive en repoussant tout ce qui avait pu lui arriver…
– Et elle, elle est partie volontairement dans un voyage qu’elle a voulu. Elle n’a pas été arraché de force à ses proches.
L’homme jeta un regard au loup, à présent debout en regardant au loin, semblant chercher quelque chose dans les flammes. De près, on voyait ses côtes saillantes, des blessures sanguinolentes tachant sa fourrure de nuit, que ses grands yeux de chat étaient rougis de larmes… Ludovic se baissa vers le loup pour passer ses mains sur la tête du loup, doux et calme, moins froid avec lui qu’il ne l’avait jamais été avec presque personne d’autre… même si Lambert savait en son for intérieur que son père avait été chaleureux avec lui, souvent même avant que la politique et la question de la succession n’envenime leur relation, il ne put empêcher la jalousie de ronger son cœur, sachant à quel point Ludovic aurait préféré que ce soit ce loup son héritier plutôt que lui…
– Que de vies perdues et ruinées à cause de ton inconscience et de ma propre faiblesse…
Le loup passa un coup de langue sur la joue de Ludovic, avant que l’ancien roi ne se relève et le regarde dans les yeux, sa colère gelant Lambert sur place.
– Que pensais-tu accomplir en te comportant en tyran n’écoutant que ses ennemis ?
Lambert n’eut pas le temps de répondre, Ludovic disparut dans un tourbillon de neige, le lacérant de toute part alors que tout devenait de plus en plus sombre tout autour de lui… le plongeant dans les ténèbres les plus froides et terrifiantes…
Un fredonnement incompréhensible grouilla dans l’obscurité humide, le glaçant malgré sa familiarité…
Les ténèbres se dissipèrent à peine, alors que Lambert échouait dans une forêt noueuse et sombre… il faisait tellement humide, on se serait cru dans l’eau tellement l’air en était saturé… ces bois n’étaient pas éclairés par le soleil, seule la lune, l’Astre Céruléen et les étoiles tâchaient la nuit, éclaboussant les branches noires et emmêlées les unes les autres de leur lueur blafarde… ce n’était même pas ce qui illuminait vraiment sa vision, mais une forme blanche au fond du chemin, appelant encore et encore quelque chose mais, Lambert ne comprenait pas un seul mot de ce que disait la silhouette, floue comme un reflet dans une flaque… il s’approcha, hésitant avant de vraiment de retrouver le loup qui reprenait forme humaine en chantant toujours…
« Au clair de la lune, le vent chante,
Tu pleures dans cette forêt de cendres,
Les nuages vont alors tous descendre,
Pour que plus jamais, le mal te hante.
Au clair de la lune, les loups murmurent,
Sans un bruit, ils s’approchent de tes blessures,
Ils t’entourent, te réchauffent avec leur fourrure,
Cette protection si douce te rassure.
Au clair de la lune, la forêt te protègera toujours ici,
Aux hurlements des loups, la brise te réconforte,
Tous pansent tes blessures et au loin les emporte,
Dans leur rassurante étreinte, enfin tu t’endors guéri. »
Rodrigue était apparu face à lui, tout différent de celui qu’il était avant de se transformer. Ses joues étaient de nouveau pleines, ses gestes plus assurés et précis, ses pas bien plus stables, son dos bien droit, son maintien fier et royal… il semblait à nouveau en pleine santé, comme avant… une grande peau du loup recouvrait ses épaules comme une grande cape, cachant un peu son habit sarcelle et blanc pur, le rendant presque lumineux au milieu des ténèbres. Son chapelet était autour de son cou plutôt que sur son poignet droit, l’emblème de Fraldarius reposant sur son cœur, de nouveau en bon état alors qu’avec le temps, l’homme l’avait tout abimé à force de faire rouler les perles et de serrer les breloques dans ses prières… Un cercle d’argent orné de pierres de lune ceignait ses boucles noires, vibrant presque avec sa peau si pale… il avait l’air d’un meneur de loup, comme un être de légende sorti tout droit d’une chanson de geste… le roi de la forêt et de la nuit venant voir en personne qui avait osé franchir la frontière de son Royaume…
Ses yeux de chat se posèrent sur Lambert, profond comme le lac, illisibles… ce n’est qu’à ce moment-là que l’homme se rendit compte que le loup… l’homme face à lui… Rodrigue… peut-être… avait un foulard autour de lui, fait pour porter un enfant, vide, ainsi qu’une besace surement remplie de quoi soigner… il devait encore le chercher partout…
« Que… que veux-tu ? Demanda Lambert. C’est toi qui as provoqué tout ceci, n’est-ce pas… ?
– Quoi donc ?
– Tout ce qui vient de se passer ! Héléna ! Ludovic ! Duscur ! Dimitri ! Même la voix de Patricia ! C’est toi qui me les as montrés ! C’est toi qui les as amenés ici et les monter contre moi !
– Toi ou moi ?
– Qu’est-ce que tu veux dire ? Explique-toi à la fin ! Et pourquoi tu te riais de moi tout à l’heure ?!
– Est-ce tes actions ou les miennes qui les ont rendus furieux ? Personnellement, j’ai ma réponse, se moqua-t-il avec un sourire qu’il n’avait jamais vu sur le visage de Rodrigue. Dans tous les cas, c’est bien mérité. Ce mépris et ce rejet sont tout ce que tu mérites.
Lambert eut un mouvement de recul face à son ami. Même s’il était redevenu humain, tout son comportement ressemblait à celui d’un loup tournant autour de sa proie, l’épuisant avant de sauter sur elle et lui rompre le cou pour la dévorer…
Rodrigue voulait le dévorer… il attendait le moindre signe de faiblesse pour lui sauter dessus et finir de le décapiter, il en était sûr… !
– Comment as-tu pu changer comme ça… osa demander Lambert. Nous… nous étions amis…
– Amis… répéta-t-il en posant sa main sur son menton, l’étudiant avec un mélange de mépris et de sarcasme, jouant encore avec lui en le faisant attendre. Amis ou outils… tu n’as fait que m’utiliser pour faire ton travail à ta place, tout comme Rufus… m’épuiser jusqu’à la dernière goutte de force et d’espoir… comme tu l’as fait pour Héléna… puis tu m’as tout pris… tout… tu m’as pris tout ce qui comptait pour moi, le tout en souriant tout le temps et en étant persuadé de le faire pour le bien de tous, alors que tu ne faisais que satisfaire tes propres désirs et ton égocentrisme…
– Tu sais bien que je ne pensais pas à mal… marmonna encore Lambert en détournant le regard, ne pouvant pas supporter de voir ce qu’était devenu son ami, ce regard froid et cruel sur son visage d’habitude si gentil et chaleureux. Je ne pensais pas que je te faisais souffrir au point de te… !
– Allons, relève la tête, lui ordonna-t-il sur un ton amical et enjoué, encore plus terrifiant que tout le reste ici, comme si tout ceci n’était qu’un jeu pour lui. Ait au moins le courage de regarder tes victimes en face quand elle vienne te demander des comptes. Et tu ne savais pas que tu me faisais souffrir ? Répéta-t-il. Tu ne savais pas qu’emmener mon enfant et mon compère de force dans un voyage aussi dangereux me faisait souffrir ?
Il fit un premier pas de loup dans sa direction.
– Tu ne savais pas que nous forcer à tous la main d’envoyer nos sujets et nos proches à la mort nous faisait souffrir ?
Un autre pas.
– Tu ne savais pas à quel point être obligé de te laisser autant de pouvoir sur Glenn me faisait souffrir ?
Encore un autre pas.
– Tu ne savais pas qu’agir comme si la mort de son père n’était pas importante pour Dimitri, que tu traites la mort aussi à la légère me faisait souffrir ?
Malgré la menace, Lambert était incapable de bouger, happé par le tourbillon de question de l’entité face à lui, harponné par ses yeux si bleu posés sur lui.
– Tu ne savais pas que devoir tout faire pour encore réparer tes erreurs à ta place me faisait souffrir ?
Rodrigue était maintenant face à lui, posant encore et encore des questions avec ce sourire de loup, de plus en plus sombre et menaçant, semblant immense malgré sa plus petite taille.
– Tu ne savais pas que travailler pour l’homme qui a tué mon fils et mon compère me faisait souffrir ?
Rodrigue leva ses mains, armées de longs ongles semblables à des griffes, souriant toujours, la lune se reflétant sur ses crocs blancs.
– Tu ne savais pas que m’arracher mon louveteau et mon frère me faisait souffrir ?
Il enroula ses doigts griffus autour de sa gorge, le tirant jusqu’à ce qu’il soit front contre front en crachant la dernière question.
– Tu ne savais pas à quel point je te hais pour m’avoir tout prit ? À quel point je te hais de toute mon âme depuis ce jour où tu es rentré sans eux ? Que tu es naïf… c’est à vomir…
Il serra en grognant, son sourire et son masque abandonné, ne laissant qu’une émotion brute de haine, de dégout et de détestation gravé au plus profond de sa voix et de son être.
– Rends-les-moi… rends-les-moi ! Rends-moi tout ce que tu m’as volé !
– Rodrigue ! » Protesta Lambert en tentant de se libérer, accrochant ses propres mains à celles de l’homme en échouant à le faire lâcher prise malgré sa force… est-ce qu’il était vraiment devenu un être surnaturel pendant qu’il s’était transformé ?! Il semblait sortir d’un autre monde ! « Je t’en supplie ! Calme-toi !
– Rends-les-moi ! Je veux mes enfants ! Je veux ma famille ! » S’écria-t-il, tout croc dehors, en serrant encore plus fort, assez pour le griffer… du sang coulait le long de sa gorge… il était sur le point de l’égorger ! « Tu as répandu le sang de Glenn et de Nicola pour survivre comme le vampire que tu es ! C’est à cause de toi qu’ils sont morts ! Rends-les-moi tous les deux !
– Je ne peux pas ramener les morts !
– Il fallait y penser avant ! Tu nous demandes l’impossible alors, fait-le aussi ! C’est leur sang qui te permet de vivre aujourd’hui ! Rends-le-leur ! Rends-leurs tout le sang que tu leur as volé !
– Rodrigue… tu m’étrangles !
– Rends-moi Glenn ! Rends-moi Nicola ! Et surtout, rends-moi Félix ! Rends-moi mon louveteau ! Tu es allé jusqu’à me prendre mon seul enfant qui me restait ! La dernière personne que Félicia a rencontrée et aimée plus que sa vie avec Glenn ! Tu nous as pris notre dernier petit ! La personne que j’aime le plus au monde ! Tu as même osé m’arracher Félix par caprice après avoir tué Glenn par inconscience ! Je veux retrouver mon louveteau ! Rends-le-moi !
– Rodrigue ! Je… Lambert haleta, ayant du mal à parler, perdant de plus en plus d’air. Je ne peux pas le récupérer comme ça… Dimitri doit vou…
– Rends-moi mes fils ! Rends-moi le seul fils qui t’a échappé ! Rends-moi Félix ! Arrête de te comporter comme un enfant gâté et rends-moi Félix ! Je veux ma famille ! Lui, tu ne pourras pas me le voler ! Pas lui aussi ! Je ferais tout pour récupérer mon enfant ! Tout ! » Lui jura-t-il en serrant encore plus fort ! Il allait finir par faire sauter sa tête en déchirant son cou ! « Alors, rends-le-moi ! Maintenant !
– Rodrigue ! Par pitié ! Arrête ! »
Lambert se réveilla d’un coup en hurlant, reprenant son souffle à grandes bouffées sans pouvoir s’empêcher de presser ses mains contre sa gorge, s’attendant pratiquement à sentir du sang et des entailles profondes sous ses doigts… il sentait encore les mains de son ami la saisir et serrer… lui hurler de lui rendre sa famille… lui hurler sa haine… non… ce n’était pas possible… Rodrigue ne pouvait pas le considérer ainsi… le haïr avec autant de force… ce n’était qu’un cauchemar… rien qu’un cauchemar… rien de plus…
Pourtant, il entendait encore le cri, le hurlement du loup résonné dans la nuit alors qu’il s’échappait enfin de ce rêve étrange…
« Je te hais ! »
L’homme fit tout pour repousser ce mensonge… c’était un mensonge, c’était forcé… Rodrigue ne pouvait pas…
Malgré tout, le rêve continua à le hanter une bonne partie de la matinée, tellement qu’il finit par se résoudre par aller voir Rufus pour en parler malgré tout… il avait beau jurer qu’il n’avait rien à voir avec les exactions de Kleiman, que c’était juste un appui de circonstance pour une situation très tendue qui demandait tous les bras disponibles pour s’en sortir, Lambert ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine appréhension avec lui… comme si quelque chose dans ses mots sonnaient faux… cependant, Rufus restait son grand frère… son grand frère à qui il pouvait tout dire et tout partager, même les choses les plus inavouables ou gênantes… son grand frère qui l’avait toujours mis en confiance, pour le meilleur comme pour le pire mais, c’était déjà beaucoup quand on passait derrière un roi de la stature de Ludovic… il ne pouvait pas s’empêcher de lui faire confiance pour quelque chose d’aussi étrange qu’un rêve pareil… même si ça concernait Rodrigue et qu’il n’ignorait pas leur antipathie réciproque…
Lambert alla dans le bureau de son frère mais, en voyant qu’il n’était pas là, il décida de l’attendre, il ne devrait pas s’absenter bien longtemps… Rufus travaillait bien plus qu’avant la Tragédie, il avait aussi droit de prendre une pause de temps en temps…
« Même s’il aurait pu en accorder aussi à Rodrigue… enfin, c’est fait maintenant… »
Une petite cassette dans un coin du bureau attira l’attention de l’homme. Elle était tout simple, décoré de quelques vrilles végétales mais, il la reconnaitrait entre mille… Rufus y tenait beaucoup… la seule fois où il avait disputé Dimitri, c’était quand il avait voulu la récupérer pour qu’elle soit le coffre au trésor d’un roi maléfique dans un de ses jeux… même Lambert n’avait jamais vu ce qui avait à l’intérieur… il s’était toujours imaginé qu’il s’agissait de la correspondance intime de son frère, d’où son angoisse que qui que ce soit voit le contenu de cette cassette… même si Rufus avait aussi promis avec aplomb de lui montrer son contenu quand il reviendrait triomphant de Duscur… bon, pour le triomphant, c’était raté mais…
« Non… c’est à lui… c’est sa vie privée… il me le montrera quand il voudra… »
Mais c’était si tentant… et Rufus lui avait dit qu’il lui montrerait en plus…
Il ne perdait rien à juste la manipuler un peu…
La première chose qui étonna Lambert en la prenant dans ses mains était le poids de la boite. Elle semblait pleine à ras bord s’il se fiait à son poids, alors qu’elle semblait plus légère quand Rufus lui avait montré la dernière fois…
« Qu’est-ce qui a bien pu… »
Il ne put résister et força la boite, l’ouvrant sans souci avec sa force.
La cassette ne contenait que du papier, des lettres mêmes à première vue mais, ce qui étonna Lambert, c’était qu’il ne s’agissait pas de l’écriture soignée de Rufus… non… elle était bien plus biscornu, comme écrite par quelqu’un de plus jeune ou un gaucher étalant l’encre avec sa main en rédigeant… et il y avait plusieurs scriptes…
Même s’il se força à penser qu’il s’agissait des lettres de ses amants, des soupçons empoisonnèrent le cœur de Lambert alors qu’il dépliait une missive au sceau déjà cassé…
« Papa, pourquoi tu ne m’écris plus ?! J’ai plus de nouvelles de toi depuis des semaines ! Qu’est-ce qui se passe ?! »
« C’est l’écriture de Félix ! Mais qu’est-ce qu’une de ses lettres pour son père fait là ?! »
Lambert en sortit une autre, reconnaissant l’écriture d’Alix, le début de la lettre étant dans le même ton que la précédente.
« Rodrigue, je sais que tu ne vas pas bien, je le sens, je sens que tu es mal et que ça ne s’améliore pas… je ne sais pas pourquoi je n’ai plus de lettre de toi, est-ce que c’est à cause de ça ? »
Son sang se gelant de plus en plus, Lambert en sortit deux autres, portant cette fois l’écriture de Rodrigue, destinées à son fils et à son frère, également décachetées comme si elles avaient déjà été lues. Son ami parlait de ses mêmes inquiétudes, des lettres qui n’arrivaient pas et de son inquiétude… Même demande, même inquiétude… Déesse ! Qu’est-ce qu’elles faisaient là ?!
« Non ! On m’a volé mes lettres ! Alix a demandé à Ivy de lui faire passer une lettre de sa part où il disait qu’il n’en recevait plus de ma part, alors que je lui écris tous les jours et lui aussi ! Quelqu’un vole les siennes et celles de Félix ! C’est pour ça que je n’ai plus de nouvelles ! »
Il entendait encore le gémissement paniqué de Rodrigue, tout le désespoir qu’il n’avait pas perçu au départ dans sa voix, toute l’inquiétude et la peur qui se mêlaient ensemble à l’intérieur…
« Rufus ne peut tout de même pas être… »
Cependant, malgré tous ses efforts pour trouver des excuses à son frère, Lambert dut se rendre à l’évidence en se rendant compte que toute la correspondance volée de Rodrigue était là… les lettres qu’il avait envoyées, celles qu’il avait reçu… tout… tout était là ! Tout était ouvert ! Rufus n’avait tout de même pas tout lu ?!
Aucun doute, c’était lui le voleur de leur correspondance… mais… mais pourquoi ? Pourquoi faire ça ? Pourquoi faire quelque chose d’aussi cruel ?! Rufus détestait Rodrigue et Alix de toute son âme à cause de Ludovic mais, pas à ce point tout de même !
Lambert pensait ne pas pouvoir être plus horrifié mais, quand il vit des papiers roulés tout au fond de la cassette, semblant plus anciens et usés, même tâchés de sang pour certains, un doute noir lui dévora le cœur… non… non… non…
Il attrapa un rouleau et le déroula en tremblant…
« À mon Royaume, que j’ai toujours désiré servir au mieux… »
L’homme ne put que reconnaitre l’écriture de son père, la plume tremblante de Ludovic… le parchemin était même tâché de ses crachats de sang à cause de sa tuberculose…
Comme happé par le rouleau, Lambert ne put s’empêcher de continuer à lire les mots, même s’il se doutait du contenu… voir même le redoutait plus encore que les fantômes et les cauchemars…
« Malgré l’horreur, je n’ai jamais oublié le règne de mon père. Toute ma vie durant, je n’ai jamais oublié ces rues couvertes de sang, la terreur et la faim mais, ce qui me marqua le plus était son aplomb. Clovis était persuadé d’être dans son bon droit et ne le cachait pas. Même si ces actes étaient immoraux, il s’appuyait sur la loi en la détournant à son profit, devenant inarrêtable dans sa position de roi pour commettre toutes ses exactions. Dès lors, mon seul objectif fut de mettre Faerghus à l’abri d’un autre souverain tel que lui. « Protéger et servir le peuple du Saint-Royaume de Faerghus », tel a été la devise qui a guidé chacun de mes pas avec l’aide de mes proches pour que jamais, je n’en dévie un seul instant…
Lambert sentir son cœur battre à toute vitesse dans sa poitrine. Ce… ce parchemin… c’était le testament de son père… c’était le testament de Ludovic ! C’était Rufus qui l’avait pendant toutes ses années ?!
Cependant, une grande crainte demeurait : comment empêcher un autre Clovis d’arriver ? Comment empêcher qu’un autre souverain tel que lui ne monte sur le trône ? Ne soit imposer par le hasard cruel de la naissance ? Clovis était le fils ainé de sa mère et malheureusement pour l’orgueil de notre lignée, elle n’était guère plus recommandable que son fils. Elle était seulement qu’un peu plus discrète que lui mais, possédait les mêmes torts, centrant de plus en plus de pouvoir sur elle-même au détriment de ses contradicteurs mais, par ce geste, elle détruisait de précieux garde-fous qui pouvaient endiguer les exactions du pouvoir royal, soigneusement construit par Loog le Lion et sa fille Sophie la Sage. Ces deux souverains ont été élus avec peu d’avance, savaient qu’ils devaient composer avec l’ensemble de leur royaume et de leur peuple pour faire grandir Faerghus sans plus de violence après la guerre, que des contradicteurs n’étaient point des ennemis à anéantir mais, des personnes nécessaires à toute remise en question de chaque action, afin de peser le pour et le contre puis, changer d’avis ou camper sur ses positions une fois que nous ayons entendu tous les arguments.
Le passage à la succession filiale nous a assené un coup majeur, nous avons commencé à nous croire tel les Hresvelg, choisis par la Déesse pour régner et le pouvoir nous ait monté à la tête. Notre objectif n’était plus de servir notre peuple comme l’avait voulu le roi Loog, mais que notre peuple nous serve afin de gagner de plus en plus de pouvoir, centralisant toujours plus les fonctions de commandement sur notre propre personne et dépouillant nos adversaires des armes qui leur permettait de nous arrêter quand nos actions devenaient dangereuses pour notre peuple. Au comble de notre hubris, nous avons même commencé à traiter toute une lignée comme des objets jetables, des boucliers qui ne servent qu’à prendre les coups à notre place pour que nous puissions survivre, pendant que cette famille portait perpétuellement le deuil de tous ses membres sacrifiés aux Blaiddyd… Nos ancêtres doivent rougir de honte devant notre décadence…
J’aimerais dire que tout ceci s’est arrêté avec la mort de mon père mais, je ne me fais guère d’illusion. Le hasard fait qu’à chaque fois, à chaque naissance, à chaque génération, il y aura toujours un risque qu’à nouveau, un autre Clovis naisse. Je n’ai échappé à la décadence de ma famille que grâce à mon corps faible malgré mon emblème, inapte à la guerre et facilement malade, ce qui m’a permis de vivre au sein d’une famille aimante et normale, pour qui je ne ressent que de l’affection, et que je ne remercierais jamais assez pour leur accueil et leur amour, même si je les ai à mon tour meurtri d’un deuil dont je porte la responsabilité et la culpabilité chaque jour.
J’ai tout fait pour bien éduquer mes enfants, pour les emmener au plus loin des conceptions de leur grand-père et leur inculquer que ce n’est pas le peuple qui doit servir le roi, mais le roi qui doit toujours servir son peuple en premier lieu. Cependant, je me suis rendu compte que cela ne faisait pas tout… Mon fils Lambert est un homme au grand cœur, gentil et chaleureux, ainsi qu’un guerrier accompli à la force extraordinaire. Je suis fier de ses prouesses au combat et heureux d’être son père malgré notre relation compliquée. Il reste mon fils et je l’aime de tout mon cœur mais, cette amour ne peut masquer l’ampleur de ses défauts moraux.
Il est chaleureux mais, également négligent et naïf. Malgré tous mes efforts, jamais je ne suis arrivé à lui faire comprendre qu’on ne peut aider tout le monde, qu’il fallait choisir qui aider car, tout le monde n’a pas besoin d’aide de la même manière et qu’il fallait concentrer le soutien au plus faible mais, dans une vision naïve de l’égalité, il reste persuadé que le mieux à faire est d’aider tout le monde à part égale, sans se soucier du contexte de départ, ce qui le rend très inefficace et indécis dans des situations où il doit justement trancher un conflit sans pouvoir satisfaire tout le monde. Sa négligence envers ses proches combinée à cette naïveté et son entêtement pousse ces derniers à devoir ajuster tout ce qu’il fait, rattrapant avec les quelques pouvoirs que nous leurs avons laissés ou rendus ce qu’ils peuvent pour éviter de léser le Royaume.
La première victime de cette situation est malheureusement ma belle-fille, Héléna. C’est une femme brillante, avec un grand avenir devant elle, sachant convaincre même les plus entêtés comme son mari mais, cela est se fait au prix de grands efforts et de longues négociations qui ont malheureusement eu raison de sa santé. Puisse-t-elle me pardonner un jour de lui avoir imposer un tel époux, elle qui méritait de pouvoir monter bien plus haut que de se contenter d’être l’ombre balayant derrière le roi. Elle attend à présent leur enfant, et j’espère pouvoir vivre assez longtemps pour pouvoir rencontrer ce petit être que mon cœur sait déjà être exceptionnel, que j’aimerais de tout l’amour qu’il reste dans ma carcasse rongée par la tuberculose, mais mon esprit ne cesse de me rappeler à l’ordre, de me demander s’il ne risquerait pas d’avoir hérité des défauts de son père plutôt que des qualités de sa mère… et dans le même souffle, m’excuser envers lui et sa mère de leur imposer un père que je sais être aussi négligent. Je prie pour que la paternité le rende au moins responsable et prudent avec la santé de son enfant pour que jamais, il ne le mette en danger.
Au fil du temps, il s’est imposé à moi une chose : jamais mon fils ne doit monter sur le trône. Cette nouvelle position peut autant le rendre plus responsable, enfin lui faire prendre conscience des choses mais, je sais que cet optimisme n’est nourri que par mon affection, et je ne puis m’appuyer uniquement sur elle pour confier le destin de Faerghus à qui que ce soit. Ma raison ne peut que me rappeler à quel point le risque qu’il prenne encore plus confiance en lui ne le mène sur une pente glissante, une pente où il n’écoutera plus personne, même ses amis les plus chers à son cœur et ne se fassent manipuler par des ennemis qui sauront profiter de ses failles. Héléna s’épuise bien assez chaque jour pour éviter que cela arrive, je ne veux pas lui causer encore plus de tort.
Aussi trouverez-vous dans les papiers accompagnant ce testament la procédure complète à suivre pour que le prochain souverain soit élu, à la manière de Loog le Lion et de sa fille Sophie. C’est un projet qui me tient à cœur depuis des années et que je voulais mettre en place depuis mon accession au trône mais, mon corps me trahit avant que je ne puit l’organiser moi-même. Il est à peine fini mais, mes poumons me tuent lentement, rongent ma vie et l’absorbent pour nourrir la tuberculose qu’ils abritent. Je vous prie de pardonner mon inconscience et mon retard, tout le temps que j’ai mis avec mes proches à conclure ce système et de ne pouvoir le mettre en place moi-même. Ainsi, ce sera aux citoyens de Faerghus de choisir eux-mêmes le souverain qui leur convient, et ainsi, ils échapperont aux cruels hasards de la naissance, ainsi que de nouveaux garde-fous pour éviter tout débordement tel que le pays en a connu sous trop de mes ancêtres.
Ainsi, en mon âme et conscience, je me dois de l’admettre et reconnaitre que dans la situation actuelle, si je devais voter pour élire le prochain roi, ma voix irait aux jumeaux Rodrigue Achille Fraldarius et Alix Persée Fraldarius. Selon mon expérience, mon esprit et ma propre réflexion, ainsi que l’observation de leurs parcours et décisions antérieurs, ils sont les plus à même de prendre soin du Royaume pour le mener vers un jour meilleur.
Quant à mes fils, je me doute que Rufus ne me pardonnera surement jamais de refuser le trône à son frère. Lambert est de loin la personne qu’il aime le plus au monde, et je remercie la Déesse que mes fils s’entendent si bien mais, la raison doit l’emporter sur l’affection. Bien que je ne puisse pas arracher notre domaine à son contrôle, il sera au moins entouré par des conseillers et des baillis dont la fidélité est acquise à notre peuple et non à notre famille, et je ne doute point que les Charon sauront fournir des personnes compétentes et fidèles à Héléna. Je ne puis qu’espérer qu’elle trouvera quelqu’un qui l’aidera à échapper à tout ceci et si la situation s’empirerait encore, la force de quitter une personne ne lui apportant rien d’autre que de l’épuisement malgré ses sentiments pour Lambert.
Beaucoup diront sans doute que ces lignes ne sont que folies, nourries par la tuberculose qui me rongerait l’esprit mais, je jure devant la Déesse avoir encore toute ma tête. Toute ma vie, j’ai travaillé pour être digne des habitants du Saint-Royaume de Faerghus, digne de ce peuple fort et courageux qui s’est révolté contre l’injustice et la cruauté de l’empereur pour faire nation et vivre selon ses propres aspiration, digne de ce hasard qui m’avait élu roi d’un si grand peuple. Je suis conscient que l’élection du roi ne règlera pas tous les problèmes de notre pays, beaucoup de travail doit encore être fait avant que les sujets… que dis-je, les citoyens de Faerghus vivent dans un pays sain et absout des difficultés que nous connaissons à présent. J’ai commencé à tracer cette voie tout en reconstruisant le Royaume à partir des décombres qu’a laissé Clovis dans son sillage, je regrette de ne pouvoir plus avancer alors que mon corps me trahit. Je garde cependant l’espoir que les prochains souverains qui me suivront sauront tous avancer dans cette direction. Si tel que je l’espère, Rodrigue Achille et Alix Persée Fraldarius, sont élus, j’ai peu de doute sur le fait qu’ils sauront être dignes de cette mission.
Je vous souhaite une vie longue, heureuse et en sécurité à tous. J’espère de tout mon cœur que mes fils continueront à grandir et s’amélioreront avec le temps, bien malgré tous mes doutes. On dirait bien que ma raison ne peut pas complètement prendre le pas sur mon affection, et me pousse à croire à un avenir radieux pour eux. Je prie également pour que mon successeur connaisse un long règne de paix, une paix que mérite ce Royaume si résilient malgré toutes les difficultés qu’il a vécues.
En mon âme et conscience.
Ludovic le Troisième Clodomir Blaiddyd, dit le Prudent. »
Lambert se laissa tomber sur la chaise au fur et à mesure de la lecture, ne pouvant s’empêcher de relire plusieurs fois tout le rouleau. L’écriture était tremblante, saccadé comme si Ludovic s’était arrêté plusieurs fois à cause de ses toux, le parchemin tâché de sang témoignant qu’il avait encore dû en cracher, rendant la fin pratiquement illisible sous le sang, les tâches et l’encre baveuse, comme si on avait roulé le testament avant qu’elle n’ait fini de sécher…
« Ainsi, en mon âme et conscience, je me dois de l’admettre et reconnaitre que dans la situation actuelle, si je devais voter pour élire le prochain roi, ma voix irait aux jumeaux Rodrigue Achille Fraldarius et Alix Persée Fraldarius. Selon mon expérience, mon esprit et ma propre réflexion, ainsi que l’observation de leurs parcours et décisions antérieurs, ils sont les plus à même de prendre soin du Royaume pour le mener vers un jour meilleur. »
L’homme ne pouvait s’empêcher de relire ce passage encore et encore. Les noms étaient recouverts d’une énorme tâche de sang assez épaisse, ce serait surement illisible dans quelques années quand le parchemin aura encore vieilli mais, malgré tout, Lambert ne pouvait que les décrypter, les relisant encore et encore.
Son père l’avait complètement déshérité au profit de Rodrigue et Alix.
Des souvenirs parasites refaisaient surface, rappelant des séances de travail les réunissant tous, autant Héléna que les jumeaux. Lambert parlait beaucoup mais, se faisait souvent rappeler à l’ordre et réexpliquer les choses. Face à lui, Rodrigue analysait les situations en a rien de temps, devinant facilement l’origine des tensions, pendant qu’Alix proposait des solutions et Héléna le cadre pour les mettre en place. L’impression d’être à la traine malgré toutes les explications… le regard fier de son père qui couvait les jumeaux en disant qu’ils ressemblaient à leurs parents… même si Lambert n’avait jamais voulu ressembler à Ludovic à cause de leurs différences de caractère, encore moins à sa mère assoiffée de sang, il ne put s’empêcher de les envier… de vouloir entendre le même compliment sur son travail… comme eux deux… voir son père être fier de lui ainsi…
Ludovic lui faisait si peu confiance qu’il aurait préféré confier aux jumeaux de Fraldarius son précieux royaume, ce à quoi il tenait le plus au monde et pour lequel il s’était battu comme un lion depuis toujours… disait même qu’il s’excusait envers Héléna de l’avoir marié à lui… qu’elle aurait mérité mieux que balayer derrière lui…
À cette lecture, plusieurs souvenirs prirent une teinte différente, même les plus anodins. Même si Ludovic l’avait enlacé plusieurs fois pendant son mariage, Lambert ne put que noter qu’il l’avait aussi fait une fois avec Rodrigue et Félicia, leur souhaitant quelque chose qu’il n’avait pas entendu, même si le sourire de Rodrigue trahissait que c’était des vœux plutôt que des recommandations… sa proximité bien plus calme avec les jumeaux, ainsi qu’avec Héléna, les longues heures où ils pouvaient discuter tous les deux, alors que Lambert avait du mal à lui parler longtemps, cela finissait souvent en dialogue de sourd des deux côtés… même des souvenirs d’enfance prenaient un gout amer, les fois où son père se penchait vers eux pour leur parler, son regard attentionné…
Est-ce que… est-ce que Ludovic… est-ce que son propre père…
« Non… faut que je me reprenne… c’est la tuberculose… elle lui a fait perdre tous ses sens… Ludovic m’aimait aussi… il le dit dans son testament alors qu’il n’a aucun sens… et quand nous étions petit, c’était surtout de la culpabilité pour les jumeaux… Ludovic ne s’est jamais pardonné la mort de Guillaume. Il en a toujours pris la responsabilité… même ici, il le dit… ce qu’il ressentait, c’était surement de l’affection, mais aussi de la pitié et de la culpabilité… il s’en voulait pour la mort de leur père… »
« C’est ma faute… j’aurais dû être plus prudent et mieux anticipé les risques… Guillaume aurait survécu et les Fraldarius n’auraient pas été encore endeuillé par notre faute… à cause de mon inconscience, Guillaume est mort… lui avait déjà dit Ludovic sur la fin de sa vie, le visage encore plus sombre que d’habitude, son deuil ressortant encore vingt ans plus tard. J’espère que tu n’auras jamais à porter une telle responsabilité… autant ce deuil que la mort d’un de tes sujets. »
« Porter une telle responsabilité… le deuil d’un Fraldarius et d’un de mes sujets… si tu savais père… si tu savais ce que j’ai fait… »
Lambert relisait encore et encore le testament, ainsi que les autres travaux cachés dans cette cassette, presque compulsivement pour tenter de comprendre son père, l’entendre peut-être le sermonner pour ce qu’il avait fait, vouloir le faire parler même depuis sa tombe pour savoir quoi faire de ce testament dans une situation pareille, s’il devait le révéler et l’appliquer dès maintenant même si c’était évident que tout avait été écrit sous la dicté de la tuberculose mais, est-ce que cela ne ferait pas exploser le Royaume à un moment pareil ?! Enfer ! Il ne savait même pas s’il voulait que Rodrigue, Alix ou Héléna soient là pour en discuter vu comment Ludovic parlait d’eux ! Mais il avait tellement besoin de leurs bons conseils !
Cependant, la seule personne qui passa la porte n’était ni le Rodrigue qu’il connaissait qui saurait gérer la situation, ni Alix prêt à lui remettre les pendules à l’heure, ou Héléna lui présenter les différents chemins possibles en le conseillant pour le pousser vers le bon, mais c’était Rufus. Rufus qui avait…
Récupérant plus d’énergie que jamais depuis la Tragédie, Lambert se redressa d’un coup en montrant les lettres et le testament, fou de rage et de trahison.
« Rufus ! Tu peux m’expliquer ?! Qu’est-ce que ça faisait dans ta cassette ?!
– Tu l’as ouverte ?! Couina pratiquement son frère, pris au dépourvu par la question furieuse.
– Tu m’avais dit que tu me la montrerais après le voyage ! Et n’essaye pas d’esquiver la question ! Qu’est-ce que la correspondance de Rodrigue, Alix et Félix fait dans ta cassette ?! Et pourquoi le testament de notre père et ses travaux sur la monarchie élective y sont aussi ?! C’est toi qui as appelé les secours quand Ludovic s’est effondré à cause de sa tuberculose ! Est-ce que tu en as profité pour voler son testament et ses travaux ?!
– Calme-toi Lambert, je peux t’expliquer. Ludovic ne m’a pas laissé le choix… il ne savait plus ce qu’il faisait…
– Comment ça ? En quoi ? Et ça ne me dit pas pourquoi tu as cette correspondance ! Rodrigue l’a cherché partout !
– Ludovic allait te déshériter pour donner le pouvoir aux fils de Guillaume ! Il allait détruire notre famille pour préférer celle de son soi-disant grand frère ! Il n’avait aucun respect pour toi ! Il ne pensait qu’à ces foutus jumeaux qu’ils mettaient sur un piédestal en te dénigrant, car il aurait voulu qu’ils soient à ta place ! C’était pour te protéger !
Rufus l’avait pratiquement craché avec tout le venin, toute la haine qu’il ressentait pour Ludovic et pour les jumeaux. Il continua, incontrôlable.
– Ludovic te détestait ! Tu viens de le lire non ?! Il n’avait aucune confiance en toi ! Il te crache dessus dans tout ce foutu papier ! Tu es roi ! C’est toi qui devais devenir roi ! C’est ton héritage ! ça nous appartient ! Notre famille est la famille royale de Faerghus depuis le début du Royaume ! C’est Loog qui a mené la révolte des Bâtards et en a fait la guerre du Lion et de l’Aigle ! C’est lui qui a gagné ! C’est lui qui a été acclamé vainqueur ! Personne d’autre ! Et lui, parce qu’il a rencontré un mauvais roi dans toute sa vie, il en fait une généralité et il a voulu tout détruire sur son passage ! Et il a voulu donner le pouvoir à ces foutus jumeaux car c’était les fils de Guillaume ! Il se cachait derrière son petit doigt en disant qu’ils étaient plus compétents que toi mais, c’est de la connerie ! Il ne voyait que les fils de Guillaume en eux ! Rien d’autre ! C’était les fils de son grand frère alors, tout devait leur revenir ! Il ose même cracher sur ton mariage ! Soi-disant que tu avais épuisé Héléna et fait perdre la santé ! Il était malade et il a perdu l’esprit ! Tu n’as jamais fait ça ! Tu y tenais à Héléna même si elle était trop bien pour toi ! C’était juste la petite créature de Ludovic et de la matriarche Catherine là pour te faire faire ce qu’eux voulaient ! Et même si c’était sa créature, tu ne lui aurais jamais fait de mal ! Il délirait ! Et il a osé me dire de faire ce qui est bon pour le Royaume et pas pour moi-même ! C’était lui qui faisait tout avoir ce que lui voulait au dépend du Royaume ! Tout ce que j’ai fait, c’était pour te protéger ! …
Lambert le fit taire en posant ses mains sur les épaules, le regardant droit dans les yeux en lui demandant.
– D’accord pour le testament. Je veux bien comprendre ton raisonnement, même s’il est complètement faux. Notre père appréciait les jumeaux mais, pas plus que nous. On était ses fils et il nous aimait tous les deux, je le sais. Pour les jumeaux… c’était compliqué… tu sais bien qu’il s’est toujours senti coupable de la mort de Guillaume alors, il tentait de compenser envers eux mais, ce n’était pas de l’affection… juste de la culpabilité… rien de plus, j’en suis sûr… tout comme Héléna, il pensait juste qu’elle ferait une bonne reine pour Faerghus et il a vu juste, pas la peine d’en faire sa créature… mais, je te comprends aussi. Tu es mon grand frère, tu pensais que Ludovic voulait me faire du mal en me déshéritant, même s’il avait sans doute ses raisons à lui et que tu n’avais pas à voler son testament. J’aurais voulu le lire honnêtement, même si ça m’a fait très mal de voir à quel point il ne me faisait pas confiance vis-à-vis du Royaume, encore plus maintenant… je ne sais même pas si je l’aurais appliqué, c’est évident que c’est la tuberculose qui lui a fait écrire tout ça… je veux dire, regarde un peu l’état du parchemin ! Il est couvert de crachat de sang ! Il ne savait plus du tout ce qu’il faisait ! ça aurait été facile de le faire casser… Mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu as volé la correspondance de Rodrigue, Alix et Félix ? Pourquoi tu as fait ça ? Elle est même ouverte alors, tu l’as surement lu… pourquoi ? C’était inutile et cruel…
Le visage de Rufus s’assombrit, essayant d’éviter le regard de Lambert alors qu’il marmonnait.
– Il te conseillait mal et te poussait à prendre de mauvaises décisions, comme quand tu as envoyé Dimitri à Charon. Il aurait dû rester ici. Je pensais qu’il finirait par partir si je le fatiguais assez alors, je lui ai pris ces lettres, pour le motiver encore plus à rentrer chez lui.
– C’était mon idée d’envoyer Dimitri à Charon, et on a bien fait, il guérit bien mieux avec le bon air de la montagne qu’ici. Et si tu voulais le faire partir, pourquoi tu as dit que c’était une bonne idée qu’il se soigne ici ? Tu aurais plutôt dû l’encourager à partir, non ? Rufus… il soupira, n’en pouvant plus de tout ceci, trop de question tournant dans sa tête et voulant juste une réponse. Écoute… je t’ai toujours fait confiance et ta parole est vraiment très importante pour moi. Tu es mon grand frère et je sais que je peux toujours compter sur toi. C’est pour ça que je suis très souvent ce que tu me conseilles de faire, car je sais que je peux te faire confiance mais… mais en ce moment, j’ai l’impression que… que c’est plus compliqué. D’abord, il y a la manière dont tu as traité Rodrigue, puis tu as remis des peines de Clovis pour la justice, puis il y a Kleiman qui arrive au palais et prend part à tout alors que c’est lui qui a commencé toute cette histoire, puis on retrouve un sac rempli de têtes humaines dans leurs appartements et ils repartent en trombe, et maintenant, je retrouve la correspondance volée de mon meilleur ami et le testament de notre père dans ta cassette. Par pitié Rufus, dit moi la vérité, qu’est-ce qui se passe dans ta tête ? L’implora-t-il en redoutant le pire. J’aimerais te faire confiance mais, ça devient très difficile avec tout ça !
– Tu ne voyais pas le vrai visage Rodrigue… marmonna-t-il.
– C’est-à-dire ? Explique-toi à la fin !
– C’était un enragé lui aussi ! Toujours à faire ce qu’il voulait et à avantager son fief, toujours à te dire non, toujours à nous mettre des bâtons dans les roues, toujours à être apprécié de tous et de Ludovic le premier ! Je ne sais pas par quel maléfice il réussissait, autant lui qu’Alix mais, ils ont toujours eu la faveur de tous, ils ont toujours réussi partout et charmé tout le monde à tes dépends ! Alors qu’ils ont toujours été plus faible que toi et ce ne sont que des ducs ! Ce ne sont que des ducs et que fait cet imbécile de Jacque quand il leur demande de les prendre à leur service, pour réparer sa « faute » d’avoir laissé Félix seul avec Arundel sans imaginer qu’il pourrait l’attaquer ? Il s’agenouille devant eux en leur demandant à rentrer dans leur garde pour rattraper son erreur, alors qu’il est à ton service ! Ils se comportaient quasiment comme des rois ! C’est pas qu’ils sont devenus des loups, c’est que leur apparence ressemble enfin à ce qu’ils sont vraiment ! C’était tout ce qu’il méritait !
Lambert eu alors un mouvement de recul, comme si son grand frère c’était transformé d’un coup en monstre, comprenant d’un coup tout ce qui était arrivé à son ami et pourquoi il avait dû subir tout ceci, tout son corps fondant d’un coup comme neige au soleil.
– Tu leur as volé leurs lettres par haine… tu voulais le faire souffrir… c’est ça ? Tout ce que tu voulais, c’est faire souffrir Rodrigue… tout ça car… car…
Sans attendre de réponse et un nouveau mensonge de la part de Rufus, Lambert partit sans se retourner, ne voulant pas en entendre plus, serrant la cassette et son contenu contre lui, s’y accrochant presque comme à une ancre, même si elle le noyait par sa simple existence. Comment… comment son frère avait-il pu… comment avait-il pu être aussi ignoble juste parce que… parce que leur père appréciait beaucoup les jumeaux ? Tout ça pour ça ?! Pour un ressentiment envers quelqu’un de mort depuis quatorze ans et alors le Royaume était au plus mal ?! Toute cette souffrance pour ça ? Par haine ?! Qu’il ait vu ça comme une petite mesquinerie ne l’étonnerait même plus à ce stade !
« Alors, même mon propre frère peut me trahir… Rufus… alors qui… qui est encore… »
« Est… ta… faute… ! »
« Tu n’as écouté personne et maintenant, tout le monde est mort par ta faute ! Tu as le sang de notre propre enfant sur les mains ! »
« Que pensais-tu accomplir en te comportant en tyran n’écoutant que ses ennemis ? »
« Je te hais ! »
Seuls les cris et le jugement lui répondirent… les doigts des fantômes finissant le travail de cette hache en l’étranglant encore et encore…
En arrivant dans son bureau avec l’espoir de pouvoir se poser une seconde et réfléchir à tout ce qui c’était passé, il trouva Lachésis et Thècle, visiblement furieuses malgré la façade de froideur.
L’homme avait l’impression d’observer la scène de loin, comme s’il n’en faisait pas partie, spectateur de cette farce qu’il avait écrit lui-même.
Les deux sœurs l’informèrent que l’état des comptes était catastrophique et que les baillis qu’il avait choisis lui-même étaient des incompétents.
« Je comprends… je ferais plus attention…
– Il fallait le faire avant… »
Lachésis lui apprit qu’elles savaient tout ce qui s’était passé à la capitale pendant leur absence, à quel point c’était une honte pour tout Faerghus et qu’elles avaient donc décidé de retourner dans leur famille.
« Ce serait préférable pour le Royaume que vous restiez…
– Pour finir transformer en loup nous aussi et user jusqu’à la corde par votre incompétence ? Il en est hors de question. »
Thècle ajouta que comme le voulait la coutume pour les magistrats en fin de carrière, elles rapporteraient à Charon tous leurs documents, leurs notes et leurs archives de la capitale, ainsi que leurs hommes et une grande partie de leur vivre selon le précédent instauré par Sylvain le Renard.
« Les Gautier en ont eu le droit, je me voie mal vous le refuser…
– Bien. »
Et enfin, elles enfoncèrent un dernier clou dans son cercueil en lui crachant au visage qu’elles savaient pour Patricia, qu’elles savaient ce qu’il avait osé donner comme belle-mère à leur neveu, tous les dangers auxquels il avait exposé le Royaume en l’épousant, et que les Charon n’oublieraient pas cette insulte envers deux d’entre eux.
« Pourquoi ? Finit par demander Thècle, essayant de comprendre. Pourquoi avoir exposé le Royaume à de tels danger pour une seule femme indigne de succéder à notre sœur ?
– Je l’aimais… répondit l’homme dans un souffle sans énergie.
– Si vous l’avez traité comme Héléna, pauvre femme, cracha Lachésis. Et ce n’est guère une raison suffisante pour faire planer un risque d’invasion sur la tête de tous vos sujets. Notre sœur rougirait de honte en voyant votre déchéance. »
Et qu’est-ce qu’il pouvait bien répondre à ça ? Qu’est-ce qu’il pouvait bien répondre d’autre ? Comment il pouvait se justifier ? Toutes ses décisions lui semblaient faciles, bancales et inutiles maintenant qu’on lui demandait des comptes sur chacune d’entre elles…
Devant son silence, les deux sœurs lui jetèrent à nouveau un regard mauvais avant de se détourner, partant en claquant la porte.
Lambert leva les yeux vers la chaise face à lui, même s’il savait qu’elle était complètement vide, espérant trouver quelqu’un, une âme bienveillante, un peu d’aide comme il en avait toujours trouvé à ses côtés.
Seul le Rodrigue de son cauchemar répondit à sa supplique, le toisant de haut avant de lui grogner au visage, le lacérant de ses griffes, gravant ses mots dans sa peau avec ses crocs à chaque souffle, chaque morsure…
« Il fallait y penser avant. »
Pour la première fois de sa vie, Lambert se sentit terriblement seul…
*
Rodrigue passa sa main sur sa fourrure, l’approchant pour la première fois depuis qu’ils s’étaient retransformés quelques jours auparavant. Alix et lui s’étaient reposé et avaient recommencé à prendre en main le duché, reconnaissant envers l’excellent travail de Loréa qui avait su le maintenir et résister aux insistances de Rufus. Mais depuis cette nuit, il ne l’avait toujours pas touché à nouveau, contrairement à son frère… ni même se regarder dans un miroir sans col, son cou à présent recouvert d’une grande marque sarcelle, l’entourant tout entier comme un collier… il n’avait pas trop de séquelle à part ses sens plus forts, surtout sa vue de nuit, son gout pour la viande encore plus prononcé, et il était encore plus dans la tête de son jumeau, plus souvent, même s’ils n’étaient pas sûr que c’était à cause de leur état d’esprit actuel ou si ce serait permanent… pour ce qui était positif…
La fourrure était douce sous ses doigts, épaisse et moelleuse, comme pour accueillir un petit voulant faire sa sieste dans un endroit chaud où il serait en sécurité… bien plus rassurante que ce collier gravé dans son cou, apparut un jour après qu’il ait retrouvé sa forme humaine… en regardant au niveau de la gorge de sa fourrure, il arrivait à distinguer le même motif que sur sa propre peau…
« Tu peux attendre encore un peu si tu ne te sens pas près, lui assura Alix, comme toujours à ses côtés. Ça n’a eu aucun effet sur moi mais, c’est toi le magicien et la source de la transformation. Tu es resté en loup bien plus longtemps que moi. On ne sait pas comment tu vas réagir avec ta magie…
– …je ne préfère pas… j’ai peur de la fuir si je repousse trop… les semaines qui ont passé sont déjà flous, je ne veux pas avoir l’impression que l’avenir le sera aussi à cause de cette fourrure… au moins, on sait comment me ramener si je me transforme à nouveau en l’ayant sur les épaules…
– Dans tous les cas, on va mettre un moment avant de se remettre complètement de tout ça mais, si c’est ce que tu veux, c’est toi qui te sens.
Le père lui serra la main en réponse, comme quand ils étaient petits pour ne pas se séparer, cherchant de la force dans sa présence avant de draper la fourrure noire sur ses épaules. Elle n’était pas très lourde malgré son ampleur, l’enveloppant complètement des pieds à la tête… malgré ses craintes, il y avait un côté… apaisant à ce poids, comme un bouclier qui le protégeait… mais, rien ne se passait, rien d’étrange, il restait bien humain… au moins, cela confirmait que cela ne ferait pas comme avec celle des selkies, il ne se transformerait pas dès qu’il mettait cette peau…
– Il n’y a rien… souffla-t-il de soulagement. Il n’y a rien…
– C’est déjà un bon début, lui assura Alix.
Voulant en finir aussi avec cette crainte, Rodrigue fit craquer un éclair dans sa main, faisant un exercice simple en le passant d’une paume à l’autre, avant de le faire disparaitre et de le remplacer par un sort de foi, le nosferatu brillant entre ses doigts avant qu’il ne l’étouffe. Rien non plus pour la magie de base… et il ne pourrait pas tester la magie de plus haut niveau aujourd’hui, Pierrick lui interdisait encore et son corps sortait d’une rude épreuve, il ne devait pas le maltraiter encore plus…
Ses épaules retombant de soulagement, l’homme s’autorisa un instant de répit, se laissant tomber sur son lit avec la fourrure. Alix mit aussi la sienne sur ses épaules, avant d’en mettre un pan sur celle de son frère, ce dernier faisant exactement la même chose avant de se laisser tomber épaule contre épaule côte à côte.
– Il ne s’est rien passé… la Déesse soit louée… il ne s’est rien passé…
– Ouais, on va rester humains pendant un bon moment on dirait… tant qu’on est tous les trois, on le restera…
– Oui… arriva à sourire une seconde l’ainé avant d’avouer, redevenant plus sombre. Je ne me souviens presque rien de ces dernières semaines… juste de quand je t’ai retrouvé, quand on a retrouvé Félix et mon envie de le revoir… de tous vous revoir… tous… souffla-t-il, le cadet comprenant que trop bien le « tous ». Le reste… impossible de le voir correctement…
– …Comme si c’était baigné de brume… compléta Alix. C’est pas bien plus net de mon côté… aucune idée si c’est une bonne ou une mauvaise chose… d’un côté, j’aimais courir partout avec toi mais, je n’ai pas envie de me souvenir de tout ce que j’ai déchiré avec les dents… bon, baffer Rufus, c’est pas mal comme souvenir mais, d’avoir le gout de son sang dans la bouche quand je lui déchiquetais le bras, moins … ni de quand je t’entendais pleurer et chanter tous les soirs en suppliant car, tu étais seul et qu’on voulait se revoir…
– Ça, c’est difficile à oublier… surtout tout ce qui s’est passé avant qu’on se transforme… Rodrigue se recroquevilla dans sa fourrure, comme si elle le protégerait à nouveau de cet homme. Ô Déesse et Lune… cela faisait si mal… je… c’était comme si cela les amusait tous de me déchiqueter le cœur… je n’en pouvais plus… cette transformation… c’était plus une cachette et un échappatoire qu’une vraie solution… juste pour ne plus souffrir…
– C’est normal… tout depuis des mois… c’était juste un cauchemar éveillé, autant en tant qu’humain que loup… enfin, c’est fini maintenant… on ne les reverra pas de sitôt… je ne les laisserais plus te faire plus de mal, c’est promis, lui jura Alix sans hésiter.
– Moi aussi, je te protégerais… d’eux tous et de leurs ordres absurdes… autant toi que Félix… plus rien ne vous arrivera… pas tant que je serais là…
Ils restèrent encore quelques instants l’un contre l’autre, quand ils flairèrent l’odeur du louveteau, arrivant à grands pas, une bonne odeur de groseilles fraiches avec lui… c’était la saison après tout et ils aimaient tous ces fruits dans la famille…
« Papa ? Alix ? Vous êtes là ? Demanda Félix en passant la tête dans la chambre de son père.
– Oui, entre Félix, » l’autorisa en souriant Rodrigue, toujours soulagé de le voir, son instinct lui répétant encore et encore de le garder auprès de lui, lui rappelant à quel point il avait été proche de le perdre, encore plus renforcé par la perte de Glenn si peu de temps auparavant… leur famille avait subi trop de chose en trop peu de temps…
« Il y a encore plein de groseilles dans la forêt, même si vous avez surement déjà deviné, anticipa-t-il, avant de se refermer un peu en voyant les jumeaux dans leur fourrure. Tu l’as mise ?
– Oui… je devais le faire… pour savoir… et pour le moment, rien n’a changé et cela n’a aucun effet sur moi, même quand j’utilise de la magie faible, ne t’en fais pas, lui jura-t-il. Pour le moment, je la contrôle…
– D’accord… mais fait attention quand même. »
Il les rejoignit et Rodrigue ne put s’empêcher de le tirer sur ses genoux, voulant juste rester au plus près de son fils… même s’il faisait tout pour ne pas devenir envahissant, il était devenu très collant une fois redevenu humain, cherchant toujours une trace récente du passage de ses proches, le simple fait de les savoir près de lui, qu’il pourrait arriver rapidement pour les aider et les protéger… heureusement que ses sens étaient devenus aussi aiguisés que ceux des loups, cela aidait dans ce genre de situation… pas plus tard que la semaine dernière, il n’avait pas vu Félix de toute la matinée alors, le père s’était mis à paniquer en l’appelant de toutes ses forces et à retourner toute la pièce où il était afin de trouver une trace de son petit… heureusement que Loréa avait pu vite lui remettre les idées en place, Rodrigue priant pour que Félix n’ait pas vent de ce qui s’était passé… il avait trop peur que son petit culpabilise comme quand il l’avait retrouvé… mais Félix avait senti que quelque chose n’allait pas et avait fait si attention au moindre de ses faits et gestes que Rodrigue lui avait avoué… tout le monde portait des pommes de senteurs avec un parfum spécifique à présent, histoire que l’odeur soit plus présente et que les jumeaux ne fassent pas une autre crise… c’était presque une obsession à ce stade, encore plus que pour Alix… d’après Pierrick, c’était à cause de la séparation trop violente avec sa famille, surtout aussi peu de temps après la mort de Glenn… il les avait déjà perdu une fois alors, son esprit refusait et craignait plus que tout que cela recommence…
« Là aussi, seul le temps vous permettra à tous les deux de guérir… »
Rodrigue priait pour que le médecin dise vrai… au moins, les pommes de senteur les avait un peu aidés, c’était un début…
Pour oublier son angoisse et plus profiter de la présence de son fils, le père croqua dans une des baies fraichement cueillies et passé à l’eau du lac, souriant en retrouvant le gout acide qu’ils aimaient tous.
« Elles sont très bonnes, merci beaucoup Félix.
– Avec tout ça, on avait manqué le début des fruits rouges ! On a du retard à rattraper ! En plus, depuis qu’on envoie plus rien à Fhridiad, étrangement, on a des rations plus grosses pour manger, qui l’eut cru ? Se moqua un peu Alix.
– Tout le monde, et tout le monde mange mieux maintenant, c’est mieux, répliqua Félix en avalant une baie. On est allé en chercher avec Cassandra avant qu’elle n’aille aider la patrouille aérienne…
Cependant, malgré tout, Rodrigue ne pouvait que voir l’air sombre sur le visage de son fils, un peu ailleurs.
– Il y a quelque chose qui ne va pas Félix ? Lui demanda-t-il alors, sachant que le laisser tout seul avec des pensées sombres n’apporterait rien de bon.
– C’est rien… c’est juste que… d’habitude… il fit une pause, cherchant ses mots avant de dire, ces mots si simples qui étaient aussi les plus difficiles. C’est avec Glenn…
Les jumeaux ne comprirent que trop bien, entendant presque l’ainé des deux louveteaux dire à quel point son petit frère était adorable de leur apporter des baies, juste pour le voir s’énerver à cause des taquineries, puis de le remercier en appréciant les fruits avec eux, même tous les jours… encore plus une fois revenu alors que du côté de Fraldarius, les choses commençaient à se tasser après la Tragédie, les gens étaient surtout remonté contre les dernières exactions de la capitale et tournaient toute leur rage contre la famille royale rendu responsable de tous les deuils, et même s’ils étaient dans une situation périlleuse de quasi révolte contre le pouvoir royal, les choses allaient mieux en interne. La disette s’éloignait de plus en plus de leurs foyers mais, les fantômes demeuraient, plus présent que jamais après le choc et les semaines mouvementés pour survivre… il devait encore plus hanté Félix… c’était la première fois qu’il vivait le deuil de quelqu’un d’aussi proche de lui… il était trop petit pour celui de Félicia… il l’était encore… la mort arrivait toujours trop tôt…
Rodrigue posa alors sa main dans son dos, protecteur, alors qu’il murmurait.
– Oui… il devrait y avoir Glenn…
– C’est pas juste… il devrait être là… pourquoi c’est sa chambre à lui qui est vide ?
– C’est toujours injuste, encore plus dans une situation comme celle-ci, souffla-t-il en lui frottant le dos, sentant que ses larmes n’étaient pas loin. C’est toujours dur et ça fait mal… il n’y a que le temps et le soutien qui peuvent guérir ce genre de plaie, même si elle reste toujours…
– Combien de temps ?
– Cela dépends des gens… et tu n’as pas besoin de ne plus avoir mal tout de suite… il faut que tu prennes le temps qu’il te faut pour guérir… pour ne pas être obsédé par la mort de la personne, et arriver à se raccrocher aux bons souvenirs…
– Mais ça fait mal… je veux Glenn… je veux qu’il revienne… mais je ne veux pas avoir mal… marmonna Félix en se serrant un peu plus contre son père, se cachant dans son étreinte, comme si la tristesse et le deuil ne le trouveraient pas à l’intérieur.
– Mais si tu bouches tes émotions ou fait tout pour ne pas être triste, ça va exploser un jour ou l’autre, ajouta Alix en passant sa main sur la tête de son neveu. On a mis un an avant d’accepter que notre père ne reviendrait pas, ça pourrait prendre plus de temps, et c’est pas grave. Le tout, c’est que tu ne te noies pas tout seul dedans, et que tu ne t’isoles pas sinon, ça va te dévorer aussi. Le tout, c’est que ton deuil ne te tire pas vers le bas et que tu arrives à aller mieux.
– Le principal, c’est de ne pas rester seul avec sa propre souffrance et sa tristesse, c’est le meilleur moyen pour sombrer. Tant que nous restons tous ensemble, nous arriverons à surmonter cette épreuve… qu’en penses-tu louveteau ?
– D’accord… moi aussi, je resterais avec toi papa… et avec toi aussi Alix… leur jura Félix, restant encore dans l’étreinte rassurante. « La meute est forte ensemble »… c’est ce que disait Glenn…
– Il avait bien raison, » sourit un peu Rodrigue malgré la tristesse, essayant de s’accrocher aux souvenirs de son fils ainé souriant alors qu’ils étaient en famille.
Ils passèrent un peu de temps ensemble, les jumeaux n’ayant pas encore retrouver assez de force pour travailler toute la journée, même s’ils avaient repris. Ils ne pouvaient pas laisser tout le travail de gestion du duché uniquement à Loréa, ils devaient le reprendre en main mais, Pierrick les mettait en garde contre le risque de rechute. Mieux valait éviter de trop forcer pour le moment.
Félix continuait de leur montrer les leçons qu’il avait pu faire pendant ces dernières semaines. Rodrigue sourit en voyant tout le travail de son fils, fier de voir qu’il s’était accroché malgré tout pour continuer à être assidu dans ses études. Tout ceci lui serait très utile quand il serait grand…
Ils entendirent tous un grondement sortir de sa poitrine.
Sur le coup, l’homme ne comprit pas trop, commençant à s’inquiéter de ce que cela voulait dire qu’il pouvait faire ce bruit et comment il avait pu le faire physiquement, jusqu’à ce qu’après avoir été étonné comme eux, son louveteau se mette à sourire en déclarant.
« Tu ronronnes comme un chat !
Il sourit alors, passant sa main sur la tête de son petit en soufflant, moins anxieux que tout à l’heure à cause de ce grondement.
– C’est parce que je suis très fier de toi… »
*
Quand les côtes de Kleiman sortirent de l’horizon, Ivy regarda tout autour d’elle, tentant d’évaluer encore une fois les forces en présence. Il y avait son navire autant fait pour le commerce que pour les combats maritimes, mais aussi tout un tas d’embarcations diverses et variées, autant de pêche en haute mer que de cabotage, de grands commerces ou fluviales qui avaient osé les suivre sur des eaux bien plus houleuses. Tout le monde savait que Kleiman était dangereux, c’était évident, et plus personne ne pouvait entrer dans sa ville sans que plusieurs marins ne disparaissent alors, entre ça, la colère générale contre l’inaction du pouvoir royal, et les talents d’orateur d’Oswald, les marins de toute la côte nord-ouest de Faerghus les avaient rejoints. Plusieurs langskips srengs glissaient à toutes vitesses devant eux, ayant même eu le temps de se rendre en Duscur pour rendre les têtes des morts à leurs frères afin qu’ils puissent avoir les hommages funéraires, mais aussi les informer de l’objectif de cet escadron de marine hétéroclite, autant pour avoir des renforts que pour éviter qu’ils ne croient à une autre invasion. Bon, officiellement, les duscuriens n’avaient rien répondu pour ne pas encore plus compliqué leurs relations avec Faerghus mais, plusieurs navires de grandes guildes commerçantes avaient pris la mer avec des cargaisons diverses pour les rejoindre, avec la complaisance discrète d’un chef local.
Même après une vie entière à parcourir toutes les mers, Ivy avait rarement vu une compagnie aussi hétérogène, une bonne partie parlant mal la langue des autres mais, le langage des ports permettait de se comprendre entre eux afin de manœuvrer efficacement tous ensemble.
Tout ce monde acceptait de coopérer dans un seul but : arrêter Kleiman et sa soif de sang, autant duscurien que des simples passants dans sa ville.
« Qui aurait pu croire que tout ceci pourrait arriver et qu’on serait entrainé dans une histoire pareille… marmonna Ivy.
– Recommencer est un meilleur mot qu’arriver…
Elle regarda Oswald, son regard sombre braqué vers la côte. Il était en habit simple d’archer, bien protéger par son armure, son carquois rempli de flèche, comme un soldat ordinaire, à l’exception de la capuche tout autour de sa tête pour éviter qu’on le reconnaisse. Elle ne l’avait jamais vu aussi renfermé sur lui-même, même si ses yeux restaient déterminés.
– Les cinq messagers ne sont pas revenus. Ils auraient dû revenir depuis au moins trois jours alors qu’on demandait juste à Kleiman de s’expliquer sur la disparition de vingt-sept personnes. Ma main au feu, nous retrouverons leur tête sur une pique au-dessus des portes du port… ou alors, il va nous les renvoyer couper en morceaux… c’était dans les « bonnes » habitudes de Clovis… j’espérais que tout ceci se serait terminé une fois que Clovis a été décapité et envoyé dans le caveau des criminels… Justine aussi disait que c’était terminé… qu’on aurait pu se dire que nos enfants ne vivraient jamais des choses pareilles, mais tout recommence encore… il serra le poing sur son carquois. Ludovic doit se retourner dans sa tombe en voyant la déchéance de son sang.
Ivy hocha la tête, comprenant le tourment qui l’habitait. Oswald avait surement vu plus de choses dans sa vie que bien des gens avec qui il avait grandi, leur avait même survécu pour la plupart, et il avait survécu au règne de Clovis sans que l’Alliance ne soit envahi avec Justine von Daphnel. Il aurait surement préféré finir sa longue vie sans devoir affronter tout ça.
– On a ça maintenant alors, mieux vaut le régler maintenant avant que ça n’empire et tant qu’on le peut encore. En plus, les espions srengs ne se sont pas fait repérer depuis qu’ils sont infiltrés et ils ont pu saboter les chaines qui protègent l’entrée du port. On est aussi arrivé à avoir une bonne idée d’à quoi ressemble l’intérieur des murailles avec les corbeaux des srengs, et comme vous l’avez dit, on voit d’ici que Kleiman est un seigneur mineur avec juste une grosse maison qui n’est pas construite comme une forteresse, ça devrait nous simplifier la tâche, même si on doit faire attention à ce qu’il nous réserve.
Oswald hocha la tête, arrivant à fendre un léger sourire.
– Vous avez raison. Si les messagers ne reviennent pas, raison de plus pour se dépêcher avant que les espions n’y passent aussi. Nous devons arrêter tout ceci, au moins en coupant la tête du pire, et je fais confiance aux faerghiens pour finir d’arracher les racines du mal. Pour le moment, concentrons-nous sur la bataille qui nous attend. Merci capitaine.
– C’est normal.
– Eh ! Les leicesters !
Oswald baissa la tête vers le navire duscurien juste en-dessous de lui, la capitaine leur hurlant que c’était l’heure. Ivy répondit qu’ils étaient prêts.
Les navires se mirent alors en ordre de bataille comme ils pouvaient malgré leurs différences de structures et d’expérience, celui d’Ivy et des quelques corsaires expérimentés menant les autres afin de les protéger, leur coque étant faite pour résister à des assauts. Entre eux, les navires srengs avaient rangé leurs voiles afin d’être plus discrets, se cachant pour que les défenseurs ne les voient pas foncer vers les chaines sabotées. Derrière, en seconde ligne, les navires plus fragiles se tenaient prêts. Dotés de rames, ils seraient chargés de tous les emmener dans le port, plus rapide et maniable que les grosses caravelles à voiles. Leur objectif était au moins d’atteindre le port, puis s’enfoncer en ville jusqu’à la maison seigneuriale. Une fois là-bas, il faudrait capturer Kleiman et ses hommes de confiances au plus vite et le mettre aux arrêts avant qu’ils ne puissent s’enfuir.
Ils devaient être rapide, précis et tout faire pour éviter de trop grosses pertes à cause de leurs forces limitées et très diverses. Il n’aurait droit qu’à un seul essai sinon, la corde tendue qui les tenait tous ensemble cèderait et ils se disperseraient surement sur le champ…
« Comme quand on a une proie qui ne nous a pas repérés dans notre ligne de mire… »
Oswald empoigna plus fermement son arc, faisant une prière aux Braves et à sa bonne amie Justine. Il ne louperait pas sa cible.
Les navires s’étaient approchés à portée de voix quand un homme leur hurla depuis le haut des remparts.
« Halte-là navires ! Que faites-vous ici !
– Nous sommes de la corporation des marchands de Faerghus et des navigateurs venus d’autres horizons ! S’écria la capitaine qui avait été élue pour les représenter, une pure faerghienne, afin de mettre les gardes plus en confiance que si c’était des étrangers qui arrivaient en masse sans aucun représentant faerghien. Nous avons envoyé cinq messagers auprès de votre seigneur afin de lui demander pourquoi des matelots et des civils disparaissaient aussi souvent dans ce port ! Etant donné qu’ils ne sont pas revenus depuis trois jours, nous sommes venus en masse lui demander de répondre à nos questions et de faire en sorte que ces disparitions cessent !
– Et notre seigneur les a envoyés paitre ! Nous n’avons à répondre que devant son seigneur Mateus et le roi !
– Mais un seigneur, aussi petit soit-il, se doit aussi d’assurer la sécurité sur ses terres ! S’il ne remplit pas ce devoir, nous pouvons venir directement lui demander des comptes ! En vertu de ce droit, nous voulons lui parler tous autant que nous sommes ! Et s’il les a repoussés, où sont passées ces cinq personnes ?!
– Ce n’est pas notre problème ! Foutez le camp maintenant ! Ou nous emploieront la force contre vous ! Que vous soyez faerghiens, leicesters, ou des meurtriers de duscuriens ! Nous sommes déjà très cléments de ne pas avoir incendié les navires qui transportent les assassins de nos frères !
Il eut quelques minutes de concertations entre les bateaux, autant pour vérifier que tous étaient prêt discrètement, que pour éviter que les défenseurs se méfient, ainsi que pour donner un peu plus de temps aux espions à l’intérieur de finir leur travail. La femme finit par hurler, en cœur avec tous les autres navires qui hurlèrent dans leur langue respective.
– Nous refusons !!! Nous rentrerons !!! Et nous libérerons nos camarades !!!
– Vous choisissez donc de finir par le fond ! Arbalétriers ! En position !
– Navigateurs du Midgard ! Cria Oswald en sreng. À vous !
– On a vu ! Que Thor combatte à nos côtés ! RAMEZ !!!
Tous les capitaines srengs abattirent le dos de leurs armes sur le tambour des rameurs, donnant le signal de départ.
Les navires cachés filèrent tout de suite vers les portes, glissant à toutes vitesses sur les eaux vers les dessous de la porte, s’attaquant tout de suite à la chaine qui le fermait. Normalement, des assommoirs étaient placés juste au-dessus des chaines pour contrer ce genre d’attaque sans devoir passer la tête au-dessus des créneaux mais…
– Les assommoirs ont été bouchés ! On a été saboté !
« Les espions srengs n’ont pas volé leur réputation d’être plus redoutables à dix qu’une armée de dix mille soldats ! »
Un énorme trait passa tout près d’eux, endommageant le bastingage. Le prochain tir atteindrait leur coque, c’était sûr ! Oswald repéra aussi vite qu’il put la meurtrière où devait être caché une arbalète de tour, prête à enfoncer leur pont. Il leva tout de suite son arc, se concentra sur la trajectoire qu’avait emprunté le trait, et tira sans hésiter. La flèche arriva à passer la meurtrière et étant donné qu’aucun carreau d’arbalète ne suivit le premier, il avait dû toucher le responsable de l’arme. Kleiman était officiellement un seigneur sans beaucoup de ressource, il ne devait pas avoir les moyens d’avoir plusieurs engins de guerre aussi puissant et couteux qu’une arbalète de tour, ni beaucoup d’homme aptes à la manier. Les assaillants devraient être tranquilles un moment avant que les défenseurs n’arrivent à trouver quelqu’un d’autre pour la réarmer et l’utiliser.
Au bout de quelques minutes, le cri rauque d’un cor se fit entendre.
– Le signal ! Aux navires à rames ! S’époumonna Ivy en quittant son poste en rassemblant ses hommes, Noce répétant ses ordres en volant de partout.
Oswald obéit, sautant lui-même dans le premier navire qui arriva avec la capitaine. Une fois la chaloupe pleine, les marins se mirent tous sur les rames, ramant au rythme du tambour pour s’harmoniser entre eux. Les minutes sans pouvoir rien faire d’autres qu’attendre paraissaient interminables, à la fois dans l’attente d’arriver et prêt à contre-attaquer dès qu’un ennemi était à portée de flèche.
Une fois les portes et les chaines passées, l’archer put mieux voir l’aspect de la ville. Effectivement, petite ville sans trop de moyens et avec des voisins pas trop agressifs… il n’y avait même pas de quais pour débarquer, seulement une jetée où s’échouaient les bateaux de pêche mais, ça les arrangeait.
Les marins attendirent à peine que la coque des chaloupes soient à terre, sautant sans hésiter au sol pour continuer à avancer vers la maison seigneuriale.
« Navires srengs ! Navires duscuriens ! Occupez-vous de tenir les rues ! » Leur rappela Oswald avant de descendre à terre. Les habitants sortiraient moins pour se défendre en voyant des ennemis occuper le terrain, ce qui éviteraient des heurts avec la population de la cité.
Suivant Ivy qu’il couvrait avec ses flèches et remerciant son emblème de l’empêcher d’être trop fatigué malgré ses os qui vieillissaient, Oswald et les autres fodlans s’élancèrent dans la rue principale avant d’entrer dans la maison seigneuriale, peu empêcher par la garde déjà occupée sur le port, et la quelque vingtaine d’hommes restant n’était guère suffisante pour arrêter une grosse centaine de marins déterminés.
Une odeur de cadavre et de corruption piqua les narines des assaillants dès qu’ils rentrèrent dans la cour.
« Cette odeur… Attention ! Les mages noirs sont ici ! Restez sur vos gardes ! Rappela le grand-duc alors que son emblème se calmait une seconde, ayant déjà prévenu tous les navires que Kleiman pourrait utiliser une magie interdite.
– Oswald ! Là-haut !
L’archer regarda dans la direction qu’Ivy lui disait, réagit au quart de tour quand il vit un éclat de magie noire se former et décocha une flèche dessus, la faisant exploser au-dessus d’eux avant que le sort ne touche qui que ce soit. Dans le même temps, Ivy passa sur le côté de l’archer, embrochant un ennemi fonçant sur lui sur le fil de son épée, surveillant derrière son épaule pendant qu’Oswald surveillait le ciel en ordonnant.
– Par ici ! Vite ! Ils sont surement à l’intérieur !
Après avoir enfoncé la porte, les marins entrèrent en trombe dans la grande salle où ils trouvèrent Kleiman, entouré de ses conseillers et de plusieurs mages étranges, avec des motifs qui disaient quelque chose à Oswald…
« Les mages noirs de l’époque de la guerre du Lion et de l’Aigle ! Ils portaient ses motifs-là ! Méfiez-vous des gens en noir ! C’est les plus dangereux ! »
Comme pour souligner ce qu’il venait de dire, une magicienne commença à charger un sort et le lança en vitesse, balayant un marin en un instant, puis un autre qui tentait de l’attaquer par derrière. Le sort ne toucha qu’eux mais, il ne laissa que des sortes de momie complètement desséchées, comme vidées d’eau, de sang et d’énergie vitale, tombant au sol dans un fracas d’os morbide, provoquant la panique et la fuite d’une partie d’entre eux pour éviter d’être le suivant.
Ivy tira Oswald derrière un escalier pour se protéger des sorts, l’aidant alors que la fatigue retenue par l’emblème commençait à l’engourdir et brûler ses muscles vieillissants… C’était pas vrai ! Pile au pire moment ! Sans l’Infaillible pour continuer à le stimuler même pendant un temps calme de la bataille, il disparaissait de plus en plus vite ! Il ne devait pas lâcher maintenant ! La magicienne noire s’approcha comme si elle ne craignait pas de se prendre une flèche ou un projectile, observant tout autour d’elle avec un petit sourire vicieux, les provoquant sans vergogne. Elle empestait la magie noire…
« Les insectes tentent de se débattre à ce que je voie… susurra-t-elle avant d’ajouter en regardant dans leur direction. Enfin, on a aussi un insecte plutôt rare… ça fait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion d’attraper un emblème majeur… allons petit emblème majeur… montre toi… »
« Merde ! C’est quoi cette femme ?! Enragea à mi-mot Ivy. Votre emblème a disparu avant qu’on entre ! Et elle a fait quoi à ces gars ?! C’est ça les effets de la magie noire ?!
– Elle porte les mêmes motifs que ceux du bataillon puant… haleta Oswald. Et c’est bien elle qui sent la magie noire…
– Ah ça pour puer, elle pue… elle comme tous les autres qui ont ce motif d’œil… »
« Allons… lequel d’entre vous est l’emblème majeur ? Honnêtement, il m’intéresse plus que vous tous réunis alors, on peut faire deux choses. Soit, je vous attrape un par un et je vous transforme tous comme les deux insectes qui tombent en poussière sur le plancher pour faire le tri, l’emblème majeur résistera mieux à mes sorts, soit vous me livrez et je vous laisse tous partir en vie.
Un silence retentissant tomba dans la pièce, juste occupée par Kleiman et ses hommes en train de se débattre contre la porte de la trappe qui devait leur servir à s’enfuir, bloquée par une hache qui avait volé quand les assaillants étaient entrés. Ivy et Oswald échangèrent un regard lourd alors que la femme continua, s’échangeant la même question ainsi que la même réponse.
– Cela me semble un marché correct. De toute façon, de misérables insectes tel que vous ne pourrez jamais battre un être qui vous est aussi supérieur tel que moi, vous venez de le voir par vous-mêmes alors, saisissez donc votre chance de survivre et de continuer votre pitoyable existence. Il suffit juste de me donner l’emblème majeur. Vous avez la parole de Bias, la Meneuse Érudite…
Elle fut exaucée quand Ivy poussa aussi violemment qu’elle put Oswald hors de leur cachette, le plus loin possible d’elle. Le vieil homme se recroquevilla sur lui-même, la face tournée vers le sol, sa capuche défaite laissant voir ses cheveux gris et sa fatigue rendant le moindre de ses mouvements tremblants et incertains, se tenant la poitrine comme si son cœur était sur le point de lâcher à cause de toutes ses émotions.
La femme eut un sourire carnassier, s’approchant du vieillard en déclarant.
– Évidemment, vous préférez vivre, c’est bien. Vous avez un minimum d’instinct de survie mais bon, c’est la base pour les bêtes. Et dommage, l’emblème majeur est décrépit et ancien, il ne va plus survivre longtemps et n’a sans doute plus la force de sa jeunesse… les bêtes de votre genre vieillisse si vite… marmonna-t-elle en se baissant vers lui. Enfin, c’est devenu si rare les majeurs à présent, on fera avec… vient donc…
Avant qu’elle n’ait pu finir sa phrase, Oswald se retourna d’un coup et lui envoya le pot minuscule autour de son cou en plein visage, libérant toute la poudre urticante qu’elle contenait, puis l’homme enfonça la pointe d’une de ses flèches en plein dans l’œil, lui transperçant surement le crâne. Bias siffla de douleur en se redressant mais, avant qu’elle n’ait pu s’en débarrasser ou attaquer à nouveau, une épée lui traversa tout le dos pour ressortir de sa poitrine.
– Pour un être supérieur, t’es aussi fragile que les « insectes » qu’on est, marmonna Ivy.
Elle serra le manche de son épée puis, la ressortit d’un coup du corps de la magicienne, laissa un sang rouge très sombre, presque noir s’écouler sur le sol alors que Bias s’effondrait, morte comme tout le monde le serait après une blessure pareille. Les autres mages avec les mêmes motifs qu’elles se mirent tous à paniquer, laissant le temps aux autres assaillants de les maitriser avec Kleiman et le reste de ses sbires.
Reprenant son souffle, Ivy s’approcha Oswald en lui demandant.
« Tout va bien ?
– Oui, ça va, même si ce genre de cabriole n’est plus de mon âge, répondit-il en cherchant un peu son équilibre à cause de la fatigue.
– Bah, pour un gars de quatre-vingts balais, vous vous en sortez plutôt bien, lui assura-t-elle en l’aidant à se rester debout avant d’avouer, même si j’ai eu peur que vous ne vous repreniez pas assez vite.
– J’ai encore quelques ressources on dirait… il eut un sourire en voyant Kleiman ligoté avec ses sous-fifres, alignés le long du mur et désarmés. Au moins, nous les avons attrapé… J’ai bien fait de vous faire confiance. »
*
Une fois Kleiman capturé, la plupart des gardes s’étaient rendus sans trop de difficultés, épuisés par les derniers évènements, même si une partie s’était battue jusqu’au bout en visant particulièrement les duscuriens ou toutes personnes avec une peau un peu sombre, soit à peu près n’importe qui qui passait son temps dehors. Ceux-là avaient refusé de se rendre et avaient préféré se faire tuer plutôt que capturer. Bon, au moins, c’était déjà un problème de régler pour le coup, aussi sordide la conclusion pouvait l’être. Leur patron était tout aussi loquace qu’eux, refusant de dire quoi que ce soit quand Oswald, Ivy et tous les autres le pressèrent de question, se murant dans le silence. On le menacerait de lui arracher la langue qu’il ne parlerait pas, même au sujet de cette Bias.
Et enfin, il restait le groupe de mages étranges avec ce motif d’œil sur eux, rendus inoffensif grâce à des menottes duscuriennes bloquant leur magie. Au début, Ivy crut qu’il faisait partie d’un peuple vivant à Morfis à cause de leur peau extrêmement pale, pratiquement cadavérique, combinée à leur couleur d’yeux et de cheveux très rares mais, ils ne parlaient pas la même langue qu’eux. Enfin, ils semblaient comprendre le fodlan mais, pas moyen de les faire parler eux aussi.
« Rrrrhhhaaaa… ! Pas moyen de les faire passer à table ! Enragea Ivy après une nouvelle tentative de les interroger. Soit ils restent muets comme des carpes, soit ils nous insultent en nous traitant d’insecte !
– C’est vrai qu’ils n’ont pas l’air de vouloir parler mais, restons patient, une partie semble plus se taire par peur que par défi. Ils sont tout maigre et dès qu’on les approche ou élève un peu la voix, ils se recroquevillent sur eux-mêmes quand on arrive comme des personnes battues, fit remarquer Oswald. Les deux qui nous insultent constamment semblent être les sous-chefs après cette Bias et encadrer les autres. Tant qu’ils seront là, ils ne diront rien.
– Hum… alors, autant les séparer et tous les séparer, au moins les chefs de file. Les langues devraient se délier un peu sans eux.
– Oui, et il faut également bien les traiter, cela les mettra en confiance pour qu’ils nous expliquent ce qui se passe ici et nous ouvrent les portes qui nous résistent encore… avec ce genre de personne, un bon repas et de l’attention est le meilleur moyen de les faire parler… »
Sans hésiter, ils isolèrent les chefs de file, puis firent attendre un peu les autres en leur donnant un repas maigre pour le midi. Ce temps seuls avec eux-mêmes et sans nouvelle les angoisseraient sans doute, ils se demanderaient ce qui allait arriver à leurs chefs d’un côté et à eux de l’autre, ce qui rendraient tout geste bienveillant à leur égard plus fort.
Le soir, Oswald leur fit apporter une miche de pain chacun, un grand bol de soupe et une pomme, tout en précisant à ceux qui leur donnerait d’être agréables avec eux. Le petit groupe de sept personnes se tenaient recroquevillés dans un coin, évitant la lumière du soleil couchant, fuyant même la lumière de la bougie en mettant leurs mains sur leurs yeux. Après tout ce qu’il avait vu ces dernières semaines, Oswald devait avouer qu’il serait presque prêt à croire qu’ils étaient comme les vampires des légendes craignant la lumière mais, s’il se fiait à leur réaction quand ils avaient été emmenés ici, c’était plus qu’ils étaient très sensibles à la lumière, comme des créatures des cavernes.
« Veuillez m’excuser, je ne voulais pas vous faire mal, s’excusa-t-il en soufflant sa chandelle, la remplaçant par une petite boule lumineuse plus tamisée. Cela vous convient mieux ?
– … oui… c’est pour nous ? Demanda un homme en montrant les plateaux avec méfiance.
– Oui, c’est votre repas pour ce soir. Vous pouvez manger à votre saoul, leur assura-t-il, ne vous gêner pas.
– De la nourriture d’inférieur, marmonna une femme, le nez retroussé de dégout.
– C’est ça ou vous sautez à la corde alors, fait pas la fine bouche, grogna Ivy, son poignard et son épée à sa hanche afin de dissuader le moindre soupçon d’attaque sur Oswald.
– Une bête qui n’a même pas d’emblème n’est qu’un insecte, rétorqua-t-elle avec bravache.
Cependant, à part ses deux-là, les autres prirent leur propre assiette, tremblant un peu d’appréhension avant de gouter leur soupe. Une d’entre elle eut l’air étonné, regardant son simple bol de brouet comme si elle tenait le plus grand festin de tout Fodlan entre ses mains, avant d’en reprendre une cuillère sans hésiter.
– Vous appréciez on dirait, lui sourit Oswald, affable. C’est encore meilleur si vous mettez du pain avec.
Elle le regarda avec des yeux ronds, se recroquevillant à nouveau quand il lui adressa la parole mais, elle l’écouta, plongeant sa miche dans sa soupe avant de le croquer, ayant à son tour un grand sourire en disant quelque chose dans sa langue qui devait se traduire par « c’est bon », avant de déclarer en fodlan.
– C’est bon.
Elle se fit cependant tout de suite reprendre par la femme qui avait traité Ivy d’insecte, la réprimandant sévèrement à son ton mais, l’homme à côté de celle qui appréciait son repas dû la défendre car, l’orgueilleuse se tut et se résigna à manger son propre repas en ronchonnant. Ils parlaient entre eux une langue étrange… ça ne ressemblait ni au fodlan, ni à l’almyrois, ni au sreng, ni au duscurien, ni à aucune langue qu’Oswald avait entendu pendant sa vie. Soit ils venaient vraiment de contrées reculées, soit ils avaient développé leur propre langage pour communiquer discrètement ensemble.
Celle qui les avait remerciés finit la première en savourant sa pomme après avoir demandé ce que c’était, puis déclara.
– Merci pour ce repas. C’était très bon…
– C’est normal. Je suis content que cela vous ait plu… est-ce que je peux vous demander votre nom ?
– … matricule 456.
– Un matricule ? Vous n’avez pas de prénom à vous ?
– Non, l’Agastya et les grands Meneurs nous interdisent de dire notre nom.
– Ah ? Et pourquoi donc ?
– C’est ainsi, ils nous l’interdisent. Ils sont les seuls à avoir le privilège d’en porter un. Les ouvriers comme nous ne portent qu’un matricule. C’est déjà un grand honneur pour des inférieurs tel que nous d’avoir un numéro attribué par le Grand Agastya…
– C’est débile, ça vous réduit à un numéro alors que vous êtes des humains, comme eux, marmonna la capitaine. Y a que les bagnards et les criminels qui ont des matricules, et c’est pour bien leur rappeler que leurs actes sont tellement horribles qu’ils sont à peine humains.
– Un insecte ne peut pas comprendre que l’on doit le respect aux esprits supérieurs tel que les grands Meneurs et surtout envers l’Agastya, grogna l’orgueilleuse en faisant mine de les regarder de haut, même si Ivy la reprit à nouveau.
– Alors, si nous, on vous appelle par votre matricule, on vous est supérieur étant donné que c’est les « esprits supérieurs » qui vous appelle par des numéros et on est leur ait supérieur car en plus d’avoir un prénom avec un titre, on a en plus un nom de famille alors qu’eux n’en ont pas. Si on est des insectes à ce point, on peut vous appeler par un prénom, et c’est plus agréable pour tout le monde.
– De plus, chez nous, c’est très impoli d’appeler quelqu’un par un numéro, c’est comme ça qu’on parle des criminels comme vient de le dire le capitaine Drake. Par exemple, je m’appelle Oswald, enchanté de faire votre connaissance, déclara-t-il en levant sa main droite. Et vous ?
L’orgueilleuse foudroya la plus bavarde du regard, lui interdisant de parler mais, au bout de quelques secondes et hésitations, elle leva à son tour sa main pour la poser sur son front en déclarant, avant de serrer celle de l’homme.
– Alors… Pomme… ou Soupe… c’est bon… enchanté de faire votre connaissance Oswald.
– Moi de même. Et Pomme est un joli prénom.
L’homme qui l’avait défendu écarquilla les yeux en la voyant serrer la main d’Oswald, lui demandant quelque chose dans leur langue en paniquant, même si Pomme répondit en lui montrant sa paume.
– Bah non… y a rien, tu voies ?
Il eut l’air étonné, puis demanda, visiblement sans voix par cette simple poignée de main.
– Je… je peux aussi ?
– Bien sûr. Enchanté… ?
– Je ne sais pas… Ivy ? C’est joli… si deux personnes ont le droit de porter le même prénom…
– Bien sûr, on ne s’en sortirait plus sinon mais, c’est plus un prénom de femme mais, tu pourrais t’appeler Vivian ? Lui proposa la capitaine. On reste dans les mêmes sonorités comme ça.
Il hocha la tête avant de serrer à son tour la main d’Oswald avec appréhension, avant de la retirer avec étonnement en voyant qu’elle était toujours comme avant. Les trois qui n’avaient rien dit suivirent aussi en se présentant en utilisant apparemment des mots de leur langue, qui eurent la même réaction.
– On… on nous avait toujours dit que pour des ouvriers tels que nous, toucher une bête avec un emblème majeur nous brûlerait… surtout les tarés comme moi et matri… Vivian… avoua Pomme en regardant leurs mains à tous. Que le sang des enfants de la Noyeuse nous dévorerait les mains si on le faisait… quand c’est l’emblème mineur, ça piquerait comme du salpêtre mais, que les emblèmes majeurs brûleraient comme le soleil… que seuls les esprits supérieurs comme les grands Meneurs et l’Agastya étaient assez forts pour résister…
– Et bien, je dois avouer que c’est la première fois que j’entends une telle histoire ! Je vous rassure, je n’ai jamais brûlé personne en leur serrant la main ! » S’esclaffa Oswald, riant à moitié noir. Ces personnes avaient été maintenus dans l’ignorance, surement pendant des années afin de mieux les contrôler, comme dans les sectes les plus dangereuses. Qu’ils ne se rendent même pas compte de ce qu’ils faisaient ne l’étonnerait même pas vu ce qu’il avait devant le nez. Enfin, ça les rendrait plus facile à manipuler maintenant qu’ils voyaient de leurs yeux des preuves de ces mensonges.
Ils finirent tous de manger, le remerciant dans leur langue et en fodlan, avant que le grand-duc ne leur avoue, l’air sombre.
« Merci pour votre confiance. Je dois être honnête avec vous, l’heure en ville est très grave. Énormément de marins ont disparus dans ce port et nous avons des raisons de penser que votre employeur, Kleiman, est à l’origine de ses disparitions. À l’origine, nous sommes venus ici pour retrouver ces disparus et éviter qu’il y en ait d’autres. Après la démonstration de force de cette femme, Bias, nous sommes tous très inquiets pour eux. Étant donné que vous étiez en train de vous enfuir avec lui, nous avons toutes les raisons de penser que vous êtes leurs complices, et vous risquez d’être punis de la même façon qu’eux, même si vous n’étiez que des exécutants… leur apprit-il, voyant leurs joues blêmir de plus en plus au fil de ses mots. Cependant, si vous acceptez de nous aider, on pourra s’arranger pour vous éviter de finir comme lui. Par contre, il va falloir nous aider à retrouver les disparus et nous dire tout ce que vous savez.
Oswald les observa, voyant toute l’hésitation se peindre sur leurs visages anxieux. Pomme finit par ouvrir la bouche, tremblante comme une feuille.
– D’acc…
– Non !!! …
Celle qui les avait traités d’insecte s’énerva, reprenant violemment la jeune fille qui se décomposa, morte de peur mais, Oswald intervient, alors qu’Ivy faisait reculer la femme en colère.
– Cause correct aux tiens, c’est pas des chiens.
– La capitaine Drake a raison, on ne parle pas comme ça aux autres. Écoutez, je voie que vous avez peur et qu’elle vient de vous menacer mais, si vous nous aider et nous avouez tout ce qui s’est passé ici, nous vous aiderons et vous ne serez pas en danger, vous avez ma parole.
Pomme le dévisagea, demandant en tremblant, Vivian se tenant à elle en serrant leurs mains ensemble.
– Même contre l’Agastya ? Même contre l’être le plus puissant ? L’Agastya est l’Agastya, l’incarnation de la connaissance et de la puissance sur terre, le chef suprême des terres de la Grande Sphygi qu’il dirige… per… personne ne doit lui désobéir, le questionner ou lui résister…
– Oui, même contre lui s’il veut vous faire du mal ou vous forcer à faire des choses que vous ne voulez pas. C’est lui qui vous a raconté l’histoire que si vous touchiez quelqu’un avec un emblème mineur, vous serez brûlé ?
Pomme se mordit la lèvre avant d’hocher la tête.
– Pour quelqu’un qui sait tout, il vous a dit de sacrés mensonges, leur fit remarquer Ivy avec un air narquois après Oswald. Et s’il est aussi fort que cette Bias, on devrait s’en sortir, on a eu qu’à lui balancer de la poudre urticante dans la gueule et à l’embrocher avec une épée pour la battre. Même si votre Agastya est plus fort, on devrait arriver à le battre en faisant fonctionner nos neurones. Alors, faites ce que vous pensez être juste selon vous, pas selon votre Grand Con si génial qu’il est obligé de mentir en permanence pour se faire obéir car, un peuple qui réfléchit, c’est chiant à gérer.
– Agastya… crrrrétin… marmonna Noce sur son épaule.
La jeune femme finit par craquer, hochant la tête alors qu’elle prenait peut-être une des premières décisions de sa vie.
– Je vous montrerais et vous dirais tout… maintenant que la Meneuse Érudite est morte, sa magie ne devrait plus rien verrouiller… Juste… juste je ne veux pas retourner à Shambhala.
– Moi aussi, je veux bien vous aider, ajouta Vivian. Mais par pitié, ne nous renvoyez pas là-bas… ils nous tueront pour vous avoir parlés…
– Cela devrait pouvoir se faire, leur assura Oswald.
Les deux mages se levèrent, sous le regard effrayé des trois qui avaient serré la main du descendant de Riegan, et celui désapprobateur des deux derniers mais, ils restèrent fermes sur leur décision et les suivirent hors de la pièce. Les deux amis – peut-être… ça ressemblait à de l’amitié selon le grand-duc mais, il n’était pas sûr qu’ils sachent même ce que c’était… – les ramenèrent dans la grande pièce centrale, leur disant que leur « laboratoire » était sous la grosse dalle par où Kleiman et eux-mêmes avaient tenté de s’enfuir. Avec l’aide de plusieurs forgerons et tailleurs de pierre de la ville, ils arrivèrent à la forcer malgré les déformations, puis des hommes en armes descendirent les premier, suivit d’Ivy, Oswald, Pomme et Vivian.
Le boyau était assez étroit, à peine large comme un chevalier en armure, mais pour des personnes aussi maigres et de petite taille que les deux mages, cela restait praticable. Aucune torche n’éclairait l’endroit, remplacé par des sortes de longs rubans luisant, encastrés de chaque côté du couloir, indiquant le chemin dans la pénombre. Si c’était les lumières auxquels ils étaient habitués et qu’ils passaient beaucoup de temps sous terre, ce n'était pas très étonnant qu’une flamme leur fasse mal aux yeux, manque d’habitude… une odeur de plus en plus nauséabonde envahissait leurs narines alors que les deux mages baissaient la tête, gagnés par la honte… une odeur de cadavre et de fumée… de magie noire…
Le groupe marchait depuis quelques minutes quand Oswald commença à entendre les hoquets de stupeurs des hommes d’armes devant eux, avant qu’il ne voie le laboratoire de lui-même, ne pouvant contenir son incompréhension mêlée d’horreur à son tour. Le boyau débouchait dans une énorme cavité éclairée par des pierres semblables aux veines luisantes, éclairant un ensemble de table semblable à celle des chirurgiens mais, avec d’énormes attaches pour tenir les membres, l’odeur de sang séché et de chair putrifié rendant l’air pratiquement irrespirables prenant tout son sens en les voyant. Plus au fond, il y avait un couloir avec deux côtés bien distincts : à leur gauche, il y avait des rangées de dizaine de tubes transparentes comme du verre où flottaient des sortes de boules, et à droite, un damier de pressoirs énormes, de sorte de cuves surplombés de cheminé, et de grands casiers entre les deux.
C’était ordonné au cordeau… presque scientifiquement…
« Qu’est-ce qu’il y a dans les cuves et les casiers ? Osa demander Oswald, son sang se gelant de plus en plus en devinant ce qu’ils contenaient.
– Vos semblables qu’on a récupéré encore vivant au projet Delta qui a eu lieu quelques lieux plus à l’ouest, et des personnes sur le port, dont je m’occupe, répondit Pomme avec une toute petite voix, les yeux baissés, serrant sa tresse rose vif dans ses mains. Dans les casiers, c’est les corps des morts dont s’occupe Vivian. On est deux défaillants alors, on a la tâche de s’occuper de vos semblables, que ce soit pour les maintenir en vie pour moi ou se débarrasser des restes pour Vivian… c’est ce qui est le plus dégradant.
– Et qu’est-ce qui est pas dégradant pour vous ? » Demanda un soldat duscurien en regardant la scène avec horreur, conscient que plusieurs de ses frères et sœurs avaient dû passer par cette sale macabre. Au nom des Braves, heureusement que les murs ne pouvaient pas parler, même si le simple fait d’imaginer tout ce qui avait pu se produire ici rendait ce silence encore plus insupportable et dérangeant… c’était presque… bien trop calme…
« Assister la Meneuse Érudite… répondit difficilement Vivian.
– C’est-à-dire ? Demanda Ivy, tenant quelques minutes Noce contre sa poitrine pour qu’il se calme malgré l’odeur atroce et le manque de lumière.
– Projet Alpha… continua le mage. Endurcissement des corps et transformation des métabolismes… étude de sujets vivants pour comprendre leur fonctionnement interne et l’utiliser afin de faciliter les expérimentations des Meneurs…
– Attendez… vous êtes en train de nous dire que vous découpiez des gens vivants ?! Mais quel être humain peut être assez tordu pour faire une chose pareille à ses semblables ?! S’énerva-t-elle, Noce contre elle.
– Nous ne sommes pas humains… pas comme vous en tout cas…
– Oui, esprits supérieurs, inférieurs, insectes… tout ça, on connait, vos copains nous l’ont dit tout à l’heure, les coupa Ivy, furieuse et dégoutée, regardant de partout autour d’elle comme si elle cherchait quelque chose. Mais personne ne se sent mal de juste découper des gens encore en vie ?! Vous n’avez pas d’empathie pour eux ?!
– C’est quoi l’empathie ?
Ivy dévisagea Pomme, ne sachant pas si elle devait être en colère ou compréhensive. Aux yeux de cette mage, c’était une question parfaitement normale, elle la posait presque en toute innocence, ne sachant même pas ce que c’était alors que pour la plupart des gens, c’était tout de même la base les émotions et les sentiments. Vu le niveau, c’était même limite énorme qu’elle ait juste osée la poser sa question…
– L’empathie, c’est la capacité à se mettre à la place des autres pour les comprendre et agir en conséquence, expliqua-t-elle lentement en laissant Noce regagner son épaule. Par exemple, quand quelqu’un a mal, tu comprends ce que ça fait et tu tentes de l’aider normalement.
– Ah, c’est comme pour les défaillants comme nous deux alors, comprit Vivian. C’est pour ça qu’on s’occupe des… des « stocks »… c’est pour corriger nos défaillances et nos tares à force…
– Vous voulez dire que l’empathie, c’est pas normal chez vous ? Demanda une guerrière sreng, sans voix.
– Non, c’est les défaillants et les insectes qui s’en font pour les autres. Quand des ouvriers comme nous tombent, tu les laisses par terre, ils n’étaient pas dignes du Grand Plan de l’Agastya… même les Meneurs… nous avons échoué, on sera juste remplacés par d���autres matricules… en particulier ceux comme nous qui sont tarés…
– C’est-à-dire ? Vous avez des problèmes physiques ou mentaux ?
– Non, on serait inepte au travail, on serait déjà mort depuis longtemps, on ne servirait à rien à la cause, c’est notre âme notre problème… on ne sait pas pourquoi… juste… ça fait mal de voir tout ça… marmonna Vivian, complètement perdu, tordant ses longs doigts blancs ensemble alors qu’il secouait la tête, agitant ses boucles orange qui cachait ses yeux de la même couleur perdus dans le vague. On ne sait pas… on ne sait pas… mais, on ne peut pas s’en empêcher… c’est comme si on avait des épingles dans la poitrine… ça fait un peu moins mal quand on leur ferme les yeux et on les met correctement mais, ça fait toujours mal de les entendre… même quand on les entend depuis toujours… et on arrive pas à se concentrer uniquement sur le Grand Plan selon le désir de l’Agastya… on ne sait pas ce qui ne va pas chez nous… on est comme le Traitre Abominable dont on doit taire le nom… on arrive pas à être ce qu’on nous demande être…
– C’est pas une tare alors, c’est juste que vous n’avez pas été cassé par cet Agastya, répliqua Oswald sans hésiter. C’est normal de ressentir de l’empathie pour les autres et d’être mal quand des choses horribles leur arrivent comme… comme tout ce qui a pu se passer ici. Ce Traitre Abominable devait être comme vous et être capable de ressentir de l’empathie malgré tout ce qui lui était arrivé… au contraire, soyez fier de lui ressembler.
Pomme et Vivian échangèrent un regard, perdus, mêmes s’ils firent un signe de tête qui ressemblait à un acquiescement pour eux. Déesse… des êtres vivants incapables de ressentir de l’empathie ou faisant tout pour l’éliminer… c’était la première fois qu’il voyait une telle chose…
Une fois à peu près remis de ce qu’ils venaient d’apprendre, ils se mirent à prendre possession des lieux et à s’organiser pour sortir les rescapés de cet enfer au plus vite. D’après Pomme, le liquide où ils étaient les maintenait en vie et évitait que leurs blessures s’aggravent mais, elle comprit à peu près pourquoi c’était important pour eux de les extirper de ces bocaux.
« Quel était le but de ce « plan Delta » dont viennent toutes ses personnes ? Lui demanda Oswald pendant qu’Ivy et un soldat tiraient une des messagers qu’ils avaient envoyés auprès de Kleiman de sa cuve, étalant lui-même une couverture où l’allonger.
– Je ne connais pas les détails mais, si j’ai bien entendu ce que disait la Meneuse Érudite, ce n’était pas pour nous faire des stocks de cobaye… d’après elle, c’était pour plonger cette partie des protégés de la Noyeuse dans la discorde et le chaos, afin de mieux les infiltrer et de pouvoir faire avancer le Grand Plan. Une autre meneuse est dans votre capitale à vous alors, le chaos l’aidera à avoir plus d’influence… expliqua Pomme en déplaçant des pierres sur une surface rocheuse, semblant actionner des mécanismes par ses quelques gestes alors qu’elle ne pouvait toujours pas utiliser de magie.
– Et vous connaissez le nom de cette meneuse ? Son vrai nom je veux dire, comme Bias.
– … nous, nous l’appelons « Grande Savante » et son prénom, c’est Périandre mais, ce n’est pas sous ce nom que vous la connaissez… et qu’elle a pris la place de quelqu’un d’important… on peut prendre l’apparence des autres de… je vous expliquerait après mais, vous la prenez pour quelqu’un d’autre dont elle a volé le visage et l’identité… je n’en sais pas plus, je n’ai jamais été sous ces ordres, cela fait des années que je suis dévouée au service de Bias… la Meneuse Érudite ! La Meneuse Érudite ! Pardon !
– Allons, ne vous en faites pas, elle est morte à présent, elle ne pourra plus vous faire de mal car, vous l’appeler par son prénom. Et merci, c’est déjà beaucoup d’informations qui nous seront très utiles, » lui assura Oswald, déjà bien content d’avoir trouvé quelqu’un d’un peu plus bavard que Kleiman.
Ils continuèrent à avancer et à tirer les rescapés de Duscur et des enlèvements à Kleiman, quand Ivy se figea, regardant une cuve un peu plus loin.
« Ivyyyy… appela Noce, solidement accroché à l’épaule de son amie.
Elle courut alors d’un coup vers cette cuve, appelant tout de suite Pomme qui arriva sur ses talons avec Oswald.
– Il est en vie ? Par pitié, dit-moi qu’il est en vie et qu’il va vivre… déclara-t-elle, entre le grognement et la supplique, jetant des regards angoissés à celui qui dormait dans ce bocal.
Il s’agissait d’un jeune homme recroquevillé sur lui-même, ses bras forts entourant ses jambes pour les tenir contre sa poitrine pale et couverte de cicatrice de brûlures, surement mortelles si la technologie des « agarthans » – soit le nom de leur peuple ou de leur secte si Oswald avait bien compris – ne l’avait pas sauvé. Sa peau était très pale, contrastant avec ses longs cheveux noirs et bouclés, retenus dans une épaisse tresse qui flottait autour de lui. En le voyant, il comprit tout de suite la raison de la panique d’Ivy…
« C’est fou ce qu’il ressemble à son père… »
– Oui, il l’est. De peu mais, il vivra. Périandre et Myson avaient dit qu’on aurait bientôt d’autres membres de la même famille avec un emblème mineur et un emblème majeur alors, il fallait le laisser de côté pour comparer les trois alors, je l’ai mis au fond…
– D’accord, tu m’expliqueras en détail tout ce que tu sais après mais avant, il faut qu’on le tire de là !
– Bien sûr.
Pomme répéta la même série de mouvements sur la plaque que tout à l’heure, pendant qu’Ivy et l’autre soldat tiraient l’homme inconscient de sa prison de verre, enlevant dans un ordre bien précis les tubes qui le reliaient à sa cuve en trouvant heureusement une respiration qui agitait encore sa poitrine.
La capitaine l’allongea délicatement sur la couverture qu’avait étendu Oswald, l’installant bien avant de lui tourner la tête, comme un noyé pour éviter qu’il ne recrache le liquide de la cuve sur lui ou qu’il reste bloqué dans ses poumons. Puis, tout doucement, les deux leicesters le tournèrent sur l’épaule, l’aidant à vomir.
– Allez… grogna Ivy, tendu comme un cordage de navire. Crache…
– … k… kof ! Kof ! Kreuf !!! Kra…
Le jeune homme rendit tous le liquide bleu luisant présent en lui, crachotant encore alors qu’il essayait de parler.
– Attention, te presse pas trop, t’étouffe pas alors que tu as encore de l’eau dans les poumons…
– I… Ivy… c’est… mais que… les yeux de chat du jeune homme s’écarquillèrent encre plus, même si leurs iris bleu d’eau restaient encore floues, s’affolant à cause des dernières choses qu’il avait vu, surement induit en erreur par l’odeur de sang omniprésente. Non… non… tu dois… les flammes… le sort… Dimitri… tout… ce… krreeeuufff… ! Kof ! Kof !
– Eh ! Je t’ai dit de ne pas t’étouffer ! Le rappela-t-elle à l’ordre alors qu’il crachait encore. Déjà que t’es une vraie pierre, va pas t’étouffer même à terre ! Pour résumer très vite, même si ça c’est mal fini, Dimitri va bien, et même si t’as dû en voir, tu es en sécurité maintenant.
– En… mais… mais comment… ? Je… qu’est-ce… qu’est-ce qui s’est passé… ? Où… où est-ce qu’on est ? Mon… mon père est là ? Et… et Félix ? Tu sais s’ils vont bien… ? Et Alix…
– Là aussi, très longue histoire mais, on va tout te raconter mais pour l’instant, tu dois te reposer. Je te raconterais tout quand tu te seras un peu remis. D’accord Glenn ?
Les yeux du jeune homme rencontrèrent ceux de la meilleure amie de sa mère, cherchant quelque chose de familier et de rassurant… il voulait presque l’entendre raconter ces dernières anecdotes de voyage, leur décrire ses mésaventures dont elle se tirait toujours et si tout c’était passé comme ça l’arrangeait à Almyra… juste pour retrouver quelque chose de normal… tout était tellement flou dans sa tête… la dernière chose dont il se souvenait, c’était des flammes de partout, des cris, et des mages étranges qui le tiraient du mélange de boue, de suie et de sa propre mare de sang… de la sorte de potion immonde qu’ils lui firent boire… puis, plus rien, un grand noir vide et glaçant… il avait tellement de questions… mais Glenn n’arriva qu’à supplier Ivy avant de s’évanouir à nouveau…
– Je veux rentrer chez moi… je veux mon père… Félix… et Alix… je veux retrouver… ma famille…
– Bien sûr, je te ramènerais chez toi, je te le promets, lui jura Ivy en passant sa main sur sa tête.
Glenn se laissa alors happer à nouveau par le sommeil, assez confiant en Ivy pour savoir qu’elle tiendrait parole…
#fe3h#écriture de curieuse#route cf + divergente canon#plus ou moins#j'espère que ça vous plait surtout !#on reprend en douceur après la FE OC Week !#C'étais prêt depuis un moment mais je voulais faire que 5 billets à la base jusqu'à voir le nombre de page et oui...#mieux vaut faire ça en un billet supplémentaire... ce sera mieux et moins condensé en reblog#La distribution de claque recommence ! J'ai beaucoup aimé écrire la scène de rêve ! J'espère qu'elle vous plaira !#(c'est les scènes que je préfère en général : les scènes de rêve ou irréalistes où les persos sont en plein trip#On peut mettre la réalité au placard et y aller à fond sur les symboles et les choses irréalistes tout en gardant la logique propre des rêv#diatribe des avertissements inspirée par une conversation avec un ami hors Tumblr qui a passé +30 minutes à cracher sur un jeu#auquel il n'a pas joué depuis 20 ans et qu'il déteste mais qu'il ne peut pas s'empêcher de cracher dessus en disant que c'est de la m*#avec quelqu'un -moi- qui aime ce jeu vu que c'est sa série de coeur alors pas très agréable à vivre et ça donne envie de rappeler :#Eh... [nom censuré]... ou le dernier jeu est mal fichu. Et si tu n'aime pas cette licence on peut parler d'autre chose...#donc bref : vous aimez pas un truc ou vous n'adhérer pas à un truc soit ne lisez pas soit évitez de le tartiner à la figure de gens l'aiman#ou alors assumez que vous avez donné une chance à quelque chose que vous doutez ne pas aimer pour voir#Enfin fin du négatif bonne lecture à tous !
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yuwhala · 3 years
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Pour le temps qui vous plaira
Arthur avait anticipé ses retrouvailles avec Guenièvre. Après la démolition de Kaamelott et son sauvetage imprévu, il avait hâte de la retrouver. De commencer quelque chose de nouveau, enfin ensemble.
Parce que jusqu’ici, ils n’avaient pas vraiment parlé ni agi après ce qui s’était passé à la tour. Arthur parce qu’il n’avait rien envie de prévoir et Guenièvre certainement parce qu’elle mettait souvent du temps à réfléchir et à comprendre les situations.
Non, c’était faux. Arthur n’avait rien eu envie de prévoir, c’était vrai. Mais la raison principale, qu’il s’était rapidement avoué, c’était surtout qu’il était mal à l’aise avec ses propres sentiments. Il ne savait pas trop quoi en faire parce que étrangement, même s’il avait pensé connaître l’amour, ça n’avait jamais été pareil que ce qu’il avait pour Guenièvre.
Alors en couard qu’il pouvait parfois incarner - parce qu'au-delà des dragons et des hydres dont la peur lui provoquait plus de bénéfice au combat que d’incapacité totale à fonctionner, les sentiments c’était autre chose – il avait entrepris de discuter le moins possible avec Guenièvre après l’avoir embrassé. Il s’était convaincu qu’il faisait ça pour ne pas perdre de temps en explication pour sortir de la tour et des alentours en vitesse avant que quelqu’un rapplique.
Elle avait pourtant réagi après le baiser. Ils s’étaient regardés après avoir détaché leurs bouches et Arthur avait apprécié l’instant. Guenièvre avait semblé en pleine réflexion.
Elle lui avait chuchoté «Ah bon ? », le regardant dans les yeux.
Il lui avait répondu « Ah bon quoi ? », à voix basse lui aussi, son regard lié au sien.
« Vous m’avez embrassé ? » avait-elle demandé, semblant douter de ce qui venait de se passer.
Il avait regardé ses lèvres, qui avaient été si douces sous les siennes, avant de revenir à ses yeux et de lui répondre « Oui, je vous ai embrassé Guenièvre »
Elle avait alors souri, de ce sourire qui était sincère et plein de joie naturelle. Et elle avait chuchoté un petit « oh ».
Il lui semblait avoir vu que ses yeux s’étaient remplis d’eau, il avait alors détourné le regard, le semblant de lumière de lune étant trop bien trop intense pour éclairer la scène qu’il ne savait plus comment appréhender. Il lui avait semblé tellement évident dans l’instant précédent de grimper à cette tour et d’embrasser Guenièvre, et maintenant qu’il avait été confronté à la réalité de la situation, maintenant que ce n’était plus qu’un simple fantasme, il avait commencé à être beaucoup trop conscient du contexte dans lequel il se trouvait.
Alors, sans reposer les yeux sur son visage, il lui avait pris la main, et ne l’avait pas lâchée avant d’avoir rejoint le camp des burgondes. Ils avaient mis presque deux fois plus de temps à revenir qu’à l’aller, Arthur se tenant à cette main autant que Guenièvre tenait la sienne. Il leur faisait parfois faire des petits détours, au lieu de passer à travers un buisson par exemple, ce qui les aurait obligé à se lâcher, ils avaient contourné de cinq petits mètres l’arbuste. Arthur n’avait pensé à rien pendant cette marche. Enfin plutôt, il n’avait pensé qu’à cette main dans la sienne. Parfois l’envie de sourire lui était venue pendant ce trajet, parfois la peur aussi.
Ils avaient fini par se lâcher, il ne savait plus trop comment, mais il se rappelait du froid qu’il avait ressenti au bout des doigts. Le soleil avait commencé à se lever quand ils s’étaient souhaité une bonne nuit. Guenièvre, à qui il avait semblé que le sourire ne l’avait pas quitté depuis la tour, était partie dormir dans la tente où sa suivante et elle même avaient établi leurs quartiers et Arthur avait regardé le soleil finir de se lever.
Les jours suivants ayant été principalement constitués d’entraînements aux manœuvres militaires en musique de leurs nouveaux alliés Burgondes, et de la mise au point d’un plan d’attaque avec les semi-croustillants, les gens de Carmélide et d’autres résistants, il n’avait pas vraiment eu le temps ni la concentration nécessaire pour autre chose. Et s’il était sincère avec lui-même, ça l’avait arrangé d’avoir eu une distraction importante sur laquelle poser toute son attention.
Guenièvre n’avait de son côté rien initié, et quand il finit enfin par croiser son regard avant d’aller à son poste pour gérer les troupes d’un point de vue avantageux, elle lui avait souri. A cet instant, il n’avait pas eu besoin de réfléchir ni d’avoir le temps d’avoir honte, parce qu’il savait qu’il lui avait rendu son sourire et avait été heureux, réellement heureux de voir ses lèvres à elle s’étirer encore plus en réponse.
Alors oui, après sa bataille avec Lancelot, après sa bataille contre lui-même qu’il semblait avoir encore une fois perdue, après que deux glandus dont il savait plus très bien les noms – une des filles de Karadoc et un autre gars qui était plutôt intelligent – l’aient sorti de sa table mortuaire, il avait hâte de revoir Guenièvre et hâte d’enfin commencer quelque chose.
Alors il avait pas vraiment prévu la grande tarte que Guenièvre lui mis, le soir après avoir été aux nouvelles chez les semi-croustillants et avoir fait le tour du château, ou plutôt des ruines de son château à pieds.
« Vous n’êtes qu’un gros con ! » lança-t-elle
Bordel. Elle n’y était pas allé de main morte. Il était carrément sonné et c’était pas uniquement dû à la surprise que le geste lui avait provoqué. Il ne trouva rien de sensible à lui répondre avant qu’elle enchaîne.
« Vous pensiez quoi ? Que vous alliez revenir comme une fleur et que je passerai l’éponge comme la dernière fois ?! Je vous déteste ! »
Arthur ne comprenait pas trop ce qu’elle disait et il était encore bien déboussolé. Alors il se focalisa sur son entourage pour retrouver ses esprits. Ils se trouvaient à présent sur une petite colline à quelques centaines de mètres de là où s’étaient installés les burgondes et d’autres résistants qui fêtaient à présent leur victoire commune.
« Je ne comprends pas » dit-il « Je croyais que notre silence l’un envers l’autre était d’un accord mutuel jusqu’à ce que la situation soit arrangée » continua-t-il en désignant la fête en contrebas de la main.
« Vous croyez que je suis énervée pour ça ?! » Il ne l’avait jamais vu dans une colère pareille. Il se demandait d’où elle la sortait.
« Pour quoi alors ? » Lui, ne trouva pas de colère à donner en échange. Il voulait sincèrement comprendre ce qui mettait Guenièvre dans cet état.
« Dix ans ! » commença-t-elle, en hurlant presque « Dix ans que je rêve de cette baignoire même éveillée, que je me réveille en pleine nuit en ravalant mes cris » ses larmes avaient commencé à tomber « Dix ans que je vis sans savoir si vous vous respirez. Sans savoir si je vais vous revoir un jour. Dix ans ! »
Elle reprit son souffle « Et puis vous revenez comme une fleur. Et moi, bêtasse que je suis, ayant pourtant un autre prétendant, je vous entends à travers une porte avec votre voix toute blasée, je vous vois avec vos cheveux longs ridicules et votre habit noir et tout mon monde, constitué d’une seule et unique tour je vous le rappelle, s’écroule ! »
Arthur voulu lui prendre la main pour faire quelque chose face à la détresse et au torrent d’émotions violentes qui s’exprimaient en Guenièvre. Mais Guenièvre enleva sa main de la sienne quand il l’effleura du bout des doigts.
« Ne me touchez pas ! Vous … vous n’êtes qu’un misérable ! » Elle pleurait tellement. Il détestait se sentir aussi impuissant.
« Vous revenez, vous m’embrassez, vous me faites croire que c’est ce que vous désiriez et puis vous m’abandonnez ! Encore ! »
« Je ne vous ai pas abandonné » se défendit Arthur.
« Ah non ?! Et vous abandonner vous même sur la table d’un château en pleine destruction vous appelez ça comment ?! »
Il ne répondit pas. Il ne savait pas quoi lui répondre parce qu’il n’avait pas considéré la chose sous cet angle. Il n’avait d’ailleurs pas escompté que qui que ce soit fasse part de cet incident à quelqu’un. Surtout pas à Guenièvre.
« Alors quoi ? C’était ça votre plan incroyable ? Me faire croire que vous m’aimiez pour que je garde un bon souvenir de vous ? Vous me faisiez un cadeau d’adieu c’est ça ? Le dernier grand geste de bonté d’Arthur Pendragon ? Vous êtes un monstre. »
« Guenièvre ... »
« Taisez-vous ! »
« Guenièvre je- »
« Taisez-vous je vous dis ! J’ai tellement honte, tellement honte d’avoir une fois de plus été la cruche de cette histoire, mais ce dont j’ai le plus honte c’est d’avoir eu peur pour vous ! D’avoir encore peur pour vous ! »
« Guenièvre »
« Laissez-moi tranquille ! Pourquoi vous êtes revenu ? Pourquoi est-ce que vous ne m’avez pas laissé dans ma tour avec mon preux chevalier qui m’envoyait des lettres par gâteaux ? Pourquoi vous êtes là ? » elle ponctua chacun des mots de sa dernière phrase par une frappe sur l’épaule d’Arthur. C’était l’épaule dans laquelle une dague s’était plantée il y a quelques semaines maintenant, mais il ne broncha pas.
Guenièvre finit par s’asseoir par terre, en pleurant dans ses propres bras. Il s’assit à côté d’elle, mais pas trop proche non plus, pour lui laisser un peu d’espace.
« Je vais parler maintenant et j’aimerais que vous écoutiez »
Elle tourna sa tête, toujours enfouie dans ses bras, du côté opposé à Arthur. Il ne commenta pas, ne la blâmant pas.
« Je n’avais pas prévu d’y rester »
« Menteur » baragouina-t-elle sous ses bras
« J’aurais dû vous dire que je prévoyais d’affronter Lancelot c’est vrai. Mais je pensais qu’à l’issu du combat, j’aurai eu la force de mettre fin à sa vie. Mais ça ne m’a pas semblé juste. Je n’ai pas pu. C’est un tyran, il vous a enfermé dix ans dans une tour, a détruit une bonne partie du royaume et a terrorisé ses habitants et en a tué la plupart mais je n’ai pas pu le faire. »
Guenièvre avait arrêté de pleurer, mais elle n’avait pas encore relevé la tête vers lui.
« Alors je me suis senti faible. Je me suis senti inutile. Je n’ai rien fait d’autre que lui donner une opportunité de fuir et fomenter un autre coup d’état dans son coin. Pendant dix ans je l’ai laissé faire, préférant jouer les tanneurs bien au chaud et au calme. Je suis responsable de ce qui s’est passé. Et sur le coup mes vieux démons sont ressortis. Ça et la pluie de rochers qui tombaient sur Kaamelott, j’y ai vu un signe du destin, le capitaine qui coule avec son navire et sur le coup ça m’a semblé approprié. »
Guenièvre avait levé la tête, mais ses larmes avaient repris.
« Je suis désolé Guenièvre, je ne voulais pas vous faire souffrir. Jamais je ne vous aurais embrassé si j’avais prévu d’y rester. J’ai trop d’estime pour vous pour vous faire subir ça. Je suis désolé que vous en doutiez. »
Il lui caressa la joue, tentant de faire disparaître les larmes qui coulaient à flots. Elle appuya sa joue dans sa main et Arthur sentit un poids s’enlever de son âme.
« Le fait est que je vous aime Guenièvre. Je ne sais pas exactement depuis quand mais je vous aime depuis longtemps déjà. Je crois que cet amour ne fait que grandir à chaque fois que je vous vois et ça me fait peur.»
Il marqua une pause pour respirer.
« Vous êtes quelqu’un qui ne veut que mon bien et ça me fait peur. Vous ne souhaitez qu’une chose c’est que je reste à vos côtés et j’ai peur d’un jour manquer à cette promesse que je voudrai vous faire. J’ai peur qu’un jour ma faiblesse ait raison de moi »
« Arrêtez s’il vous plaît. » Guenièvre s’était redressée, assise le dos bien droit, mais pleurait de plus belle.
Elle prit résolument la main d’Arthur dans les deux siennes. Elle regarda Arthur droit dans les yeux, du mieux qu’elle put étant donné les larmes qui y siégeaient.
« Vous n’êtes pas faible. Vous ne l’avez jamais été et vous ne le serez jamais, peu importe ce que vous en pensiez. »
Arthur dû faire un effort herculéen pour retenir les larmes qui lui étaient venu d’un seul coup. Un mélange de soulagement intense et d'amour profond.
Guenièvre continua « Je suis désolée de m’être énervée. Je pensais que vous aviez tout prévu. J’ai eu tellement peur quand un éclaireur est venu nous dire que vous aviez disparu. J’ai cru que Lancelot vous avez capturé de nouveau ou qu’un Saxon avait eu raison de vous. Et puis la fille de Karadoc m’a dit vous avoir trouvé allongé sur une table, conscient, pendant que Kaamelott vous tombait sur la tête et je me suis retrouvée dans une rage folle, tellement en colère contre vous mais surtout contre moi même d’avoir été aussi bête. »
Elle respira un grand coup, ses larmes se faisant plus rares, puis continua, jouant maintenant avec les doigts de la main d’Arthur, les faisant rouler entre les siens « Je suis désolée. Je serai là pour vous si vous avez besoin de moi. Si un jour vous voulez partager vos peurs avec moi, je suis un peu quiche vous savez, mais peut-être qu’ensemble, on pourra y faire quelque chose. »
« Merci » dit-il, des traîtresses de larmes ayant finit par s’échapper de ses globes oculaires. Il avait conscience que ce mot n'était pas suffisant pour exprimer la reconnaissance qu'il devait à Guenièvre. Il aurait aussi voulu s’excuser plus encore mais il ne savait pas par où commencer, ayant des années de retard en terme d’excuses à rattraper.
« Merci de m’avoir sorti de ma tour » répondit-elle, souriant et posant la main d’Arthur sur sa joue.
Le temps passa en silence après cela. Guenièvre jouait avec la main d’Arthur, ce dernier la laissant faire. Arthur se calmait en admirant chacun de ses gestes, chacune des ses micro-expressions illuminées par la lune une fois de plus. Ce moment l’apaisa.
Guenièvre se stoppa dans un mouvement puis se mit à genou, posant la main d’Arthur sur son cœur. Elle le regarda dans les yeux et lui demanda très solennellement « Voudriez-vous rester avec moi quelques-temps ? »
Arthur avait été intime avec plus d’une femme, mais jamais lui sembla-t-il, ne s’était-il senti aussi à nu devant l’une d’elles. Alors il puisa dans tout le courage qu’il possédait et prit la main de Guenièvre avec sa main libre et la posa sur son cœur à lui « Pour tout le temps où vous voudrez de moi »
Guenièvre avait beau avoir affirmé qu’il ne connaissait pas la faiblesse, le sourire qu’elle lui rendit devait pourtant bien en faire partie.
FIN
Merci d'avoir lu ! Sinon j'écris d'autres trucs bien mièvres parce que le niais, c'est la vie et que le pendranièvre a décidé de se graver dans mon esprit, donc si vous voulez lire des trucs où il se passe pas grand chose d'autre que de la niaiserie qui dégouline de vos yeux, tadam : https://archiveofourown.org/users/Hasuruzaf/pseuds/Hasuruzaf/works?fandom_id=587182
(Also, allez checker les autres fics Kaamelott sur Ao3, y'a des auteur'rices fantastiques qui font fondre mon petit coeur en chamallow)
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girly-mess · 3 years
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{ Billet d'humeur #14 }
When my overthinking habits strike again...
          La nuit dernière, j’ai encore laissé mon cerveau vadrouiller jusqu’à l’aube. Impossible de fermer l’oeil tellement mon esprit était bloqué sur tout ce que j’aurais aimé pouvoir verbaliser.
          Souvent, quand je suis seule, je me mets à avoir des conversations entières avec moi-même, comme si je parlais à une pote. Que dis-je... Des monologues plutôt. Je pense que n’importe qui me prendrait pour une tarée si on me voyait faire. Je ne sais pas si je suis la seule... Par exemple, il y a quelques semaines, je profitais du bain de soleil que m’offrait ma petite baie vitrée, depuis mon canapé, et je me suis surprise en train de parler à voix haute sur ce qui me préoccupait dernièrement, comme si j’avais quelqu’un en face de moi. Alors qu’il y avait absolument PER-SONNE, juste moi. Et je me rappelle m’être dit “Putain, heureusement que je n’ai pas de vis-à-vis dans mon appart. Sinon mes voisins d’immeuble me prendraient pour une folle !”. Surtout que je n’avais pas d’écouteurs dans mes oreilles, la TV était éteinte et je parlais en fixant le mur... De loin, on pourrait penser que je parle à un fantôme. 
          Mais bref, my point is... ce sont les seuls moments où je verbalise mes pensées. Le reste du temps, quand je ne prends pas le temps d’écrire ce qui me préoccupe noir sur blanc, je garde tout pour moi. Rares sont les gens avec qui je partage l’étendue de mes cogitations cérébrales. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce serait des heures et des heures de monologue si je devais détailler tout ce qui me traverse l’esprit. Et je ne veux pas être égocentrique au point de monopoliser toute la conversation, lorsque je passe du temps avec mon entourage. Et puis, j’aurai l’impression de les faire chier avec mes questionnements et ma prise de recul constante. Si je passe mon temps à refléter sur mon passé pour tenter de comprendre toute la psychologie qui s’y cachait et toutes les leçons à en découler, c’est mon problème. Et je ne peux que comprendre que ça puisse être barbant et rébarbatif pour mes proches. Donc je me retiens de les emmerder avec le contenu de mes introspections régulières.
            La nuit dernière, la raison de mon insomnie se prénomme H. Yeap... Le dernier mec en date qui obnubile mes pensées. Laissez-moi vous décortiquer tout ce qui s’est passé dans mon cerveau on fire, all night long, au point où j’ai à nouveau fondu en larmes, laissant ainsi mes insécurités prendre le dessus. Again. J’y reviens dans un instant, vous allez comprendre. Il ne m’a absolument rien fait de mal et il ne se doute pas une seule seconde de la tornade qui a lieu dans mon esprit depuis que je l’ai rencontré. Enfin, du moins, je ne crois pas qu’il sache. Vraiment, je n’ai pas grand chose à lui reprocher. It’s just all in my head. 
          Comme je l’avais mentionné dans le post précédent, depuis que je l’ai rencontré en Juin dernier, nos dates ont toujours été supers et plus je passe de temps avec lui à discuter, plus il me plaît et suscite mon intérêt. Mais le fait est que... Une fois rentrée chez moi et seule avec moi-même, je me pose 3000 questions en même temps and everything gets entangled & messy in my head. Et je ne sais pas si c’est mauvais signe qu’il déclenche ça chez moi ou si c’est juste me and my overthinking ways qui font de l’auto-sabotage. J’ai pourtant l’habitude d’être une overthinker, mais ça faisait longtemps que je n’avais pas fini en larmes à force de tout questionner au beau milieu de la nuit. Surtout que ces derniers temps, ça m’arrive beaucoup plus fréquemment de m’endormir sur un oreiller trempé au petit matin. Alors je commence sérieusement à me demander si ce sont mes traumas émotionnels, ma peur du rejet et mes insécurités qui reviennent à la surface, pour m’empêcher de foncer tête baissée dans une potentielle relation avec lui, en essayant de me convaincre qu’il va juste sortir de ma vie aussi vite qu’il est rentré, parce que je risque d’être too much to handle pour lui, emotionally speaking. Ou si ce sont mes tripes qui tentent de me faire comprendre qu’il n’est pas le mec que je recherche et qu’il ne me correspond pas tant que ça. 
            Pourtant, à chaque fois qu’on se fait un nouveau date, tout se passait très bien. Je ne remettais jamais en question son intérêt et son attirance pour moi. On discutait de tout et de rien, avec aisance, on se dévoilait progressivement l’un à l’autre, et on se rapprochait physiquement aussi. Sans pour autant avoir échangé la moindre salive ni fluide, if you know what I mean. C’est pas faute d’en avoir exprimé l’envie, ceci dit. Surtout lui, en tout cas. Mais je sais pertinemment que si on franchit ces caps-là - avant même qu’il ait réglé des choses importantes de sa vie, qu’il se doit de régler s’il veut pouvoir avancer l’esprit libre de tout obstacle - I will be f*ckin’ hooked. Je parlais d’ocytocine et d’endorphines dans mon billet précédent, et bah... C’est exactement ça, le problème ! Déjà que je suis pas mal attaché à ce mec à cause des rapprochements physiques qu’il y a eu, alors si je devais l’embrasser un nombre incalculable de fois et coucher avec... Vous imaginez un peu le taux produit d’endorphines et d’ocytocine après ça, sérieux ?! De quoi tomber irrémédiablement amoureuse... Et vous imaginez si le sexe est OUF, en plus ?!!! Je fais comment après, pour rester détachée et ne pas trop m’emballer, hein ?!
          Ok, ok, je me calme. 
          Je disais donc... qu’à chaque nouveau rencard et même quand on ne faisait que s’échanger une tonne de messages entre 2 dates, les choses allaient comme sur des roulettes. Son langage corporel, son incapacité à garder très longtemps ses mains loin de moi, sa façon très directe de me dire à plusieurs reprises qu’il avait envie de m’embrasser, son respect des boundaries ( mon dieu, qu’est-ce que c’est sexy, un mec qui attend ton consentement pour passer à l’étape supérieure ! Rien que quand il me disait qu’il n’allait pas tenter de m’embrasser tout en me faisant un câlin, ça me donnait envie de l’attraper par la bouche... ), tout chez lui me montrait que je n’avais pas à m’inquiéter de ce qu’il pouvait bien ressentir pour moi. Mais c’était sans compter mon cerveau qui adore venir casser l’ambiance, pour tout remettre en question. Et c’est ce qui s’est encore passé, la nuit dernière...
            Pour vous re-situer le contexte, en ce moment-même, H. et moi, on s’est instauré un silence radio pour le reste de l’été pour qu’il puisse vivre sa vie de son côté et profiter pleinement de son célibat, sans que je sois là pour le distraire et l’empêcher de faire son introspection tranquille. Et l’idée, c’est de se faire un check-up d’ici Septembre, pour voir où il en est. Sauf que mon cerveau se régale de cette information pour me torturer et me glisser à l’esprit qu’en un seul mois, il aura jamais le temps de réfléchir à tout et d’effectuer les changements qu’il souhaite. Et, par conséquent, qu’il va avoir besoin de beaucoup plus de temps que ça, ce qui est largement prévisible et compréhensible. Mais entre temps, c’est moi qui vais me retrouver à devoir prendre mon mal en patience, avec un gros sentiment de vide dans la poitrine, puisque - je le rappelle - mon attachement envers lui est déjà bien présent. Le manque se fait, d’ailleurs, atrocement ressentir, à l’instant même où j’écris ces paragraphes.  
            Cette petite voix que j’ai dans la tête - qui est ma propre voix, hein - ne cesse de me répéter en boucle toutes les éventualités possibles. Comme par exemple, qu’il va fuir quand il réalisera à quel point je suis endommagée comme meuf et que je vais avoir besoin qu’il me rassure régulièrement, qu’il me montre régulièrement que je l’intéresse toujours. Ou encore, qu’il va se rendre compte que s’il a autant fait traîner la situation avec son ex, c’est parce qu’il espère secrètement se remettre avec elle, pour ne pas avoir à considérer leur relation de plus d’une décennie comme un bel échec. Après tout, il suffit que l’un des deux soit prêt à convaincre l’autre de réessayer, non ? Ou même qu’il s’intéresse à moi uniquement parce qu'il est attiré physiquement et sexuellement, mais qu’une fois qu’il aurait eu ce que je me refuse de lui donner pour l’instant, il finirait par se lasser très vite. Dans la même veine, j’ai aussi pensé au fait que je puisse être qu’une relation-pansement à ses yeux, mais sans qu’il s’en rende compte encore. C’est à dire que pour le moment, il a l’air hyper emballé et sur le même niveau d’intérêt que moi, mais dans quelques mois, ça va se dissiper jusqu’à ce qu’il finisse par m’annoncer qu’il a passé de supers moments avec moi mais qu’il a finalement vraiment besoin d’être seul. Ou pire, me ghoster. Quoique... C’est pas trop son genre de faire ça, je pense, mais sait-on jamais. 
            Cela dit... Et si c’était moi qui m’étais emballée trop vite ? Et si c’était ma dépendance affective qui me faisait croire à tort que H. m’intéresse vraiment, alors qu’au final, je ne le connais encore que très peu et qu’il n’est peut-être pas exactement ce que je recherche ? Je sais pourtant déjà qu’à première vue, en plus de se plaire, on est compatible sur certains points. Et ça, c’est important à déterminer. Le feeling, l’alchimie, les sentiments, c’est bien beau... mais c’est pas suffisant pour faire durer une relation sérieuse. Il faut que les 2 personnes soient prêtes à s’investir pleinement dans la relation, à faire des efforts, à communiquer régulièrement et à entretenir la flamme. Il faut aussi que les lifestyles s’accordent, que les besoins essentiels de chacun soient satisfaits et qu’ils cherchent à aller dans la même direction. Exemple tout bête mais courant : Si l’un des deux est anti-mariage et/ou ne veut pas du tout d’enfants, mais que l’autre oui, il n’y aura pas de compromis qui tienne. Et ce n’est certainement pas en mettant la pression à l’autre, ou en espérant que l’autre change d’avis que la relation va perdurer. Et ça, même si les 2 personnes s’aiment profondément. Ce sont des éléments trop importants pour l’avenir du couple et c’est le genre d’informations qu’on ne peut pas ignorer indéfiniment. Une telle divergence signe l’arrêt de mort de la relation, en général, à mes yeux. A moins que l’un des deux soit réellement prêt à sacrifier ses envies, but it wouldn’t be fair to do so. Et quand bien même, la personne qui se sacrifie va être malheureuse et va développer de la rancoeur au fil du temps. 
            Bref, tout ça pour dire que dans tous les cas, même si j’arrive à faire taire mon cerveau pour m’empêcher de m’auto-saboter, j’ai énormément de choses à découvrir sur H. pour être certaine qu’on soit vraiment compatible et qu’on peut se lancer l’esprit tranquille dans une nouvelle relation sérieuse. Du moins, s’il veut bien de moi...
            Parce que OUI, par expérience, je m’attends encore à ce qu’il se barre de ma vie du jour au lendemain, dès qu’il saura ce que je commence à ressentir pour lui. A chaque fois que je me suis attachée émotionnellement à quelqu’un, je m’en suis mordue les doigts. Et j’ai bien peur que ça se reproduise... J’ai déjà l’habitude de voir ma piscine d’amour entièrement vide, entre mes parents qui sont emotionally closed-off et qui ne savent pas exprimer la moindre affection à leurs enfants - car eux-même ont eu des parents partisans du tough love - et ma vie sentimentale qui a toujours été laborieuse ( pour ne pas dire déséquilibrée et à sens unique ), alors pourquoi est-ce que ça changerait maintenant ? 
          Je lis et j’entends partout qu’avant de laisser quelqu’un t’aimer correctement, il faut d’abord s’aimer soi. Et à l’heure actuelle, je ne m’aime pas encore totalement. J’y arrive doucement. Je remarque de plus en plus que j’aime bien mon reflet dans le miroir, que je me trouve mignonne, sexy même parfois, que je me sens un peu moins complexée par ma graisse abdominale. Et ça fait un bien fou quand j’ai de telles pensées positives au sujet de mon corps ! C’est déjà un bon progrès par rapport à avant, où je ne me sentais jamais assez bien. So keep it up, girl ! You can do it.
            Pour revenir au sujet principal : Je ne sais pas pourquoi j’anticipe toujours le pire qui puisse arriver. Si ça se trouve, ce que je ressens et mon attachement pour lui est complètement réciproque. Si ça se trouve, je me suis triturée l’esprit pour rien durant tout ce temps et tout va se décanter tranquillement, jusqu’à me retrouver dans la relation saine, stable, aimante et passionnée que j’attendais tant. Si ça se trouve, peu importe ce que je vais lui dévoiler sur moi, ça ne lui donnera jamais envie de prendre ses jambes à son cou et il m’acceptera telle que je suis, au même titre que moi, je suis prête à l’accepter comme il est, avec ses défauts que j’ai étrangement hâte de découvrir ( mdr ) tellement le mec me paraît proche de la perfection. 
            Mais encore une fois, je suis de nature pessimiste donc je prévois souvent tout ce qui peut mal tourner, dans une vaine tentative de réduire les dégâts, sauf que ça ne fonctionne jamais puisque jusqu’ici, j’ai toujours fini avec le coeur complètement en miettes. J’ai dû ensuite galérer à recoller les morceaux et j’aimerais bien ne pas sentir à nouveau mon coeur se briser à l’intérieur de ma poitrine, c’est pourquoi je fais mon maximum pour ralentir l’évolution de ce rapprochement avec H. Taking it real slow, you know ? J’essaye vraiment de respecter les règles que je me suis fixée pour ne pas tomber follement amoureuse de ce mec. Which means... No kissing and no sex until further notice. Mais la vérité, c’est que... je suis déjà bien dans la merde, même sans ça. Plus on me prive de quelque chose, plus j’en ai besoin et je m’y accroche... That’s what we call a craving. I got so used to the lack of affection and love my entire life, that every time someone shows me a little bit of it and then suddenly stops supplying me, I go mad and crave it like an addict or something. Almost like an extremely-hungry vampire who cannot stop siphoning blood from someone’s neck. Drôle d’exemple, je sais.
            M’enfin, bon... Vous avez déjà un bel aperçu de tout le bordel qui se passe dans ma tête quand mes pensées se mettent à vagabonder dans tous les coins la nuit. Et ce sont les pensées les plus négatives qui me font toujours chialer, au bout d’un moment, jusqu’à ce que la fontaine soit à court d’eau. J’ai conscience que j’ai beaucoup de traumas émotionnels à soigner, peut-être devrais-je sérieusement penser à voir un.e psy si je veux régler ça plus rapidement... J’en ai pas envie, mais peut-être que c’est la prochaine étape à franchir pour aller de mieux en mieux ? Who knows ? Mais à défaut de se résoudre à aller voir un.e psy, j’aimerais bien juste avoir un flip switch pour éteindre mon cerveau, de temps en temps, quand même...
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joaniepencil · 3 years
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L’île de l’amour
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Chapitre 6
Résumé : Les vieux démons de Marshall refont surface.
Avertissement : 18 ans et plus. Smut, mention de maladie et de mort. Tristesse. Heureusement plein de fluff aussi! Comme toujours les photos ne m'appartiennent pas, Google est mon ami!
Durant les semaines qui suivirent, Rosie n’eut pas une seconde à elle. Les visites touristiques s’enchainaient les unes après les autres et dès qu’elle avait une minute à elle, elle en profitait pour donner un coup de main à Sarah au pub. Elle avait perdue une serveuse en pleine saison touristique. Rosie lui avait offert de la remplacer, voyant une façon de faire de l’argent de plus. Sarah à court de ressource avait accepter tièdement au départ mais Rosie avait accumulé tellement de dette qu’elle avait su la convaincre.
Elle se sentait souvent submergée et déboussolée, elle regrettait parfois de ne pas avoir prit le job à Londres le soir en fermant la porte de son studio complètement claquée.
Elle avait jeté sa carrière aux ordures pour quoi aux finales? L’image de Marshall souriant lui vint en tête. Pour une relation compliquée? Des gens qui ne l’appréciait que très moyennement et une vie de misère?
Son père était tellement fier et content que son avenir soit assuré dans une banque.
Une après-midi de pluie tandis qu’elle passait la serpillère au Shack en réfléchissant à tous les changements dans sa vie depuis 6 mois l’abattement et la déprime prirent le dessus sur son courage.
Le menton appuyé sur le manche de sa serpillière, elle regarda durant un instant la pluie tombée. La petite cloche de la porte sonna.
-On est fermé, désolée, dit-elle, les yeux dans le vague.
-Rosie? Qu’est ce que tu fais là? Lui dit Marshall. Sarah est là?
Marshall tenait dans ses mains un cageot de pomme de terre qui devait bien pesé 50 kilos dégoulinant d’eau. Rosie lui ouvrit la porte de la cuisine.
-Le plus jeune de Sarah avait mal au ventre, elle est rentrée. Elle va revenir plus tard ne t’inquiète pas. Elle ne me laisse pas toute seule ici.
Marshall entra un second cageot.
-Tu travaille ici maintenant? Tu n’es plus guide touristique?
-Je travaille ici aussi quand je n’ai pas de visite. Alors tu as de bonne récolte à se qu’on dit?
Il prit nonchalamment une tasse et se versa un café que Rosie venait d’infusé.
-Oui je n’ai pas à me plaindre. On a un bel été. Tu travaille beaucoup? Il s’appuya sur le comptoir du bar.
-Oui, je n’arrête pas beaucoup.
Elle recommença à passer la serpillère.
-C’est pour ça que tu ne me rappelle pas ?
Rosie s’arrêta de bouger. Il l’avait contacté à plusieurs reprises mais elle ne lui avait pas donné de signe de vie.
-Entre autres. Je m’excuse de ne pas t’avoir rappelé. Elle reprit le mouvement de sa serpillière. Ces temps-ci, je n’ai pas trop envie de voir des gens en dehors du boulot. Ne le prends pas personnel. Je suis simplement trop épuisée quand je rentre chez moi. Il s’approcha lentement entre les tables.
-Pourquoi tu ne prends pas une journée de congé ou deux? Ça te ferait du bien. Tu as l’air claquée, lui dit-il avec sollicitude. Rosie rit tristement.
-Je ne peux pas me permettre de prendre des journées de congés. L’argent ne pousse pas dans les arbres malheureusement. Elle continua de laver le sol. Je dois en profiter pendant que les touriste sont sur l’île.
Marshall s’approcha encore.
-Pourquoi tu as besoin de deux jobs?
-J’ai besoin d’argent c’est tout.
Marshall croisa les bras et se posta devant elle.
-Pourquoi tu as tant besoin d’argent? Ton loyer ne te coute pourtant pas une fortune…
-Qu’est ce que tu en sais? Dit-elle frustrée de cette interruption dans sa vie privé.
-L’immeuble où tu vis m’appartient. Pourquoi tu as besoin d’autant d’argent? Je peux t’aider si tu veux?
Rosie haussa un sourcil.
-Est-ce qu’il y a quelque chose qui n’appartient pas aux Syverson dans ce village?
Rosie retourna au bar en soupirant. Marshall n’avait vraiment pas l’air pressé. Il s’assit au bar devant elle pendant qu’elle lavait les verres sales. Elle grogna légèrement.
-Tu n’as pas du travail à faire toi aussi? Il haussa les épaules et prit une gorgée de son café.
-J’ai des employés. Pour une fois on peut discuter sans que tu puisse te sauver. Qu’est ce qui se passe, tu as tellement changé depuis notre rencontre. Tu as besoin d’aide?
Rosie soupira, les mains dans l’eau brûlante et savonneuse elle se mit à parler, le barrage de ses émotions refoulés céda, elle lui raconta tout.
-En octobre dernier, j’ai rencontré un homme merveilleux avec qui je me sentait tellement bien et que j’aimais à la folie… puis je me suis laisser embrumer la tête par la peur et la jalousie. J’ai fais l’erreur de le quitter… J’ai perdu mon père, j’ai perdu mon travail, j’ai refusé stupidement de retourner à Londres alors qu’on me proposait un poste parce que je croyais que ça serait facile de me trouver un travail ici mais finalement je me suis retrouvé sans emploi pendant 2 mois et demi, alors je me suis endetté, j’ai déménagé dans un minuscule studio et maintenant ma voiture est encore brisée…. Depuis novembre ma vie est une vraie piscine de merde dans laquelle j’essaie de ne pas me noyer. Et je ne parle même pas des habitants qui me déteste parce que j’ai brisé le cœur de l’homme le plus aimé du village…. Tous ce qu’il me reste c’est ma fierté alors merci mais je vais m’en sortir.
Pendant qu’elle parlait, Marshall avait fait le tour du comptoir et était venu la trouver. Il entourait doucement ses épaules et sa taille de ses grands bras. Elle le laissa faire. Cette tendresse lui faisait tellement de bien. Elle ferma les yeux et appuya sa tête sur sa poitrine. Il lui donna un baiser sur le dessus de la tête.
-Petite femme tu n’es pas seule. Lui murmura t-il en français.
Sa barbe douce effleurait sa tempe, Marshall sentait terriblement bon comme toujours. Il la tint dans ses bras pendant plusieurs minutes sans dire un mot de plus. Elle finit par se sentir moins désespérée et moins triste.
-Merci, je me sens mieux maintenant.
Il relâcha son étreinte avec un soupir et entreprit d’essuyer les verres qu’elle venait de laver.
-Je comprends que tu ne veux pas de mon aide financière mais je suis là si tu as besoin de discuter ou juste de câlins…
Rosie comprit où il voulait en venir.
-Marshall, à propos de nous deux… Ces temps-ci c’est compliqué… Tu sais comment ça c’est fini…
-Relax Rosie, je comprends. Je ne veux pas être une source de stress pour toi… On peut prendre tout notre temps. Je veux être ton compagnon. Amoureux ou non. Ça ne me dérange pas.
Rosie le regarda incrédule essayant de sonder son regard pour voir s’il se foutait d’elle juste pour l’avoir dans son lit. Bouche bée elle ne dit rien.
-Qu’est ce que tu veux de moi Rosie? Si tu veux encore de moi…
Le doute s’installa dans ses yeux.
-Bien sûr que oui! Je suis chanceuse que tu veuille encore de moi après ce que je t’ai fais. Je veux te garder dans ma vie Marshall. Je t’aime comme j’ai jamais aimé avant mais présentement … J’essaie de remettre ma vie en ordre. Je ne veux pas compliquer les choses avec ma jalousie maladive en plus… Toi, qu’est ce que tu veux? Dit-elle en le regardant dans les yeux. Son cœur battant tellement fort dans sa poitrine qu’elle crut qu’il allait l’entendre. Il lui vola un petit baiser.
-Je te veux toi, Rosie Gagné, je te l’ai déjà dis je suis dingue de toi. Je prendrais ce que tu peux me donner mais à une condition. Rosie l’écouta attentivement. Je veux que tu me fasse confiance. Je suis tout à toi, Rosie. Jamais je ne te tromperais mais en échange je veux que tu sois aussi à moi. Je sais que tu vois souvent d’autres gars… Sa mâchoire se resserra. Je déteste ça.
Rosie toucha doucement sa main sur le comptoir.
-Monogamie c’est facile mais la confiance c’est plus dure…Marshall inclina la tête en levant les sourcil. Je vais travailler la dessus. Je sais que je n’ai pas à avoir peur mais c’est les autres filles qui m’inquiète.
Le jeune homme prit ses deux mains dans les siennes.
-Quand tu te sentira trop jalouse ou que la panique t’envahira, parle moi. Peut importe l’heure qu’il est. Parle moi, appelle moi ou viens me voir. Je n’ai aucune envie que tu pète encore un plomb et que tu me quitte encore. Ça serait trop dure, Rose… J’ai cru que j’aillais devenir complètement fou. Il appuya le front sur le sien. Parle moi, crie moi dessus mais ne me quitte plus pour ça.
-D’accord… Je t’aime Marshall.
Un surplus d’émotion déborda des yeux de la jeune femme. Marshall les essuya de ses pouces et lui donna un doux baiser.
-Je t’aime aussi ma Rosie.
Il la serra très fort dans ses bras et soupira de contentement.
-Marshall Syverson! Qu’est ce que tu fais derrière mon bar?
Sarah venait d’entrer par la porte de service. Rosie se dégagea rapidement le rouge aux joues. Marshall souriant d’une oreille à l’autre en repassa de l’autre côté du bar en rajustant sa casquette.
-Tu dérange mon employée et toi Rosie ne laisse jamais cet homme rentrer dans la cuisine, il est capable de mettre le feu.
Marshall se mit à rire.
-C’est seulement arrivé une fois! Tu exagère!
-À peine! Tu m’as apporté mes pommes de terres? Dit la mère de famille les mains sur les hanches.
-Oui m’dam, elles sont dans la cuisine. Rosie donne moi tes clés.
Elle les repêcha sous le comptoir.
-Pourquoi?
Il lui tendit la main au dessus du bar.
-Je vais y jeter un œil si tu veux bien.
Elle lui donna la clé de sa mini Cooper.
-Tu es mécanicien maintenant?
Il lui fit un clin d’œil.
-Je suis fermier ma jolie, je peux tout réparer, au revoir mesdames. Je vous aimes, dit -il en sortant le sourire au lèvres.
Rosie finit de sécher les verres en souriant. Un immense poids venait de se retirer de sa poitrine. Marshall lui avait manquer terriblement.
Sarah s’appuya le dos au bar les bras croisés.
-Alors? Vous êtes de nouveau ensemble?
Rosie lui jeta un regard la brune n’avait pas l’air d’accord.
-Je crois que oui. Ça te dérange?
-Ne fais plus mal à mon frère. Il a assez souffert comme ça.
Sarah la fixa très sérieusement. Tellement que Rosie fini par se sentir mal à l’aise.
-Je vais faire de mon mieux…
Sarah fini par sourire.
-Bien. Je suis contente que tu sois de nouveau avec lui. Tu le rends heureux, il est bien avec toi ça se voit.
Rosie sourit de nouveau de toute ses dents le rose aux joues.
******************************************
Dans les semaines qui suivirent, les deux amoureux essayèrent de se voir autant que possible malgré leurs horaires chargées. Marshall essayait de lui laisser de l’espace même s’il avait très envie de la voir tous les jours. Rosie quant-à-elle essayait de lui faire plus confiance et de faire taire le monstre vert qui hurlait dans ses oreilles. Elle lui parlait beaucoup plus. Madeline essayait toujours de se mettre entre eux mais Marshall la repoussait encore et toujours.
Une nuit après une longue journée, Rosie retrouva Marshall endormit sur son canapé. Une pizza végétarienne attendait sagement son retour sur le four. Il devait l’attendre depuis un bon moment. Elle était affamée et comblée de joie.
Elle mit la pizza au four et s’approcha de son homme. Son petit canapé deux place était beaucoup trop petit pour lui. Son minuscule appartement dans les combes était surchauffé et ridiculement petit pour un homme aussi grand et large que lui. Il se cognait constamment la tête sur les poutres. Il aurait pu simplement lui dire de passer chez lui dans sa grande maison mais il lui avait fait une surprise. Sur la table reposait un joli bouquet de fleurs des champs. C’était presque trop beau pour être vrai.
Rosie se pencha sur lui et caressa sa joue. Sa barbe était plus courte que d’habitude et un peu rugueuse. Elle lui donna un baiser sur la joue. Il se réveilla.
-Tu es là, dit-il tout endormi en souriant. Il s’étira de tout son long. Il s’assit. Ton canapé est vraiment merdique tu sais.
Rosie passa à la salle de bain.
-Tu aurais pu simplement me demander d’aller chez toi.
Elle ressortit de la salle de bain vêtue uniquement d’un t-shirt gris et usé qu’il avait oublié là. Elle avait l’air minuscule dedans, il lui arrêtait aux cuisses.
-C’est ici que je l’ai laissé… dit-il en la prenant dans ses bras.
-Il est à moi maintenant, dit elle en se mordant la lèvre, elle passa les doigts sous son t-shirt. Elle lui retira son t-shirt marine et le regarda avec adoration et désir.
-Je ne me lasserais jamais de te regarder mon amour. Dit-elle en passant les mains sur son torse musclé et poilu. Il se pencha et l’embrassa à pleine bouche en caressant ses courbes douces. Il prit ses fesses à pleine mains et constata sa nudité.
-La pizza. Elle se tortilla loin de lui et sortit la pizza du four. En se relevant, elle sentit ses doigts qui parcouraient les plis de sa féminité.
-Marshall! Tu vas me brûler! Les pantalons du jeune homme étaient déjà tombé au sol. Il la prit par les hanches et la poussa loin de la surface chaude. Les doigts de Marshall firent place à son énorme engin.
-Haaa…. Enfin…. Soupira-t-elle de bonheur.
-Bon dieu chérie tu es toujours aussi trempée.
Il lui assena de grand coup de reins profond.
-C’est ta faute… Je suis folle de toi…
Quelques caresses plus tard, Marshall se vida dans les profondeurs de sa chattes chaudes et trempée.
-Depuis quand tu viens dans ma chatte? Tu n’as même pas mis de capote! Dit-elle en sentant le sperme couler le long de ses cuisses. Marshall haussa les épaules.
-J’aime te remplir et savoir que tu es pleine de moi encore un moment. De toute façon, tu prends la pilule non ?
Elle lui répondit de la salle de bain.
-Oui mais quand même. Tu devrais mettre des condoms. Ça serait plus sécuritaire et puis c’est dégueu le sperme qui coule!
-On est supposé voir personne d’autre non? Il prit deux verres et versa de la bière dedans.
- Je ne parle pas de maladie. Bien sur que je ne vois personne d’autre, je t’aime espèce de con! Elle posa deux parts de pizza dans les assiettes. Je parle de bébé. La pilule n’est pas fiable a 100%
Marshall prit une gorgée de bière.
-Ça serait si horrible si tu tombait enceinte?
Rosie faillit s’étouffé avec sa bouchée.
-Quoi?!
Marshall fit la grimace et avala un brocoli. Il joua un instant avec un bout de fromage.
-Je veux vraiment des enfants. C’est un de mes buts dans la vie, avoir une famille bien à moi. Il marque une longue pause, il prit sa main et lui dit les yeux dans les siens.
-Je … voudrais qu’on aille des enfants ensemble.
Rosie leva leur main et frotta sa joue sur le dos de sa main.
-Je vais faire tout ce que je peux pour te donner plein de bébés mon amour mais ce n’est pas garantie. On a essayer longtemps avec mon ex et ça n’a pas marché. Peut-être que je ne peux pas en avoir.
Marshall serra très fort sa main.
-Raison de plus pour les arrêter tout de suite!
Il prit une gorgé de bière.
-J’aimerais mieux qu’on attendent encore un peu. Nous ne sommes même pas officiellement ensemble … Je ..
Marshall soupira en chipotant avec sa pizza.
-Nous sommes monogame et nous nous aimons. Désolé mais je te considère comme ma copine et tu es ma propriété.
-Ta propriété? Je suis quoi? Ta jument? Marshall rit et repoussa leur assiette.
-Oui ma belle pouliche. Veux-tu monter ton étalon? Il la prit sur ses genoux. Elle mit les mains derrière sa nuque et frotta son entrejambe sur la sienne en l’embrassant.
-Tu es ma propriété Marshall Syverson autant que je suis la tienne.
La pizza fut mangée complètement froide.
Quelques jours plus tard, avait lieu le diner mensuel des Syverson qui cette fois-ci avait lieu chez Marshall. En pleine récolte, les frères Syverson donnaient un coup de main à Marshall. Les femmes préparaient le repas pendant que les hommes étaient aux champs.
Sur l’heure du repas, plus d’un remarquèrent le bonheur et l’amour évident du jeune couple.
Marshall regardait sa compagne avec adoration.
Jack, le père de Marshall dit à son fils :
-Mon garçon on dirait bien que tu as retrouvé le bonheur avec cette jeune femme. Rosie rougit en faisant la vaisselle le sourire aux lèvres.
-Oui, je crois bien que oui. J’adore cette petite femme.
Ericka, la fille de James, demanda alors à son oncle.
-Est-ce que vous allez avoir un autre bébé? Comme Louise?
En un instant l’ambiance dans la cuisine passa du tout au tout. Marshall se raidit à côté de Rosie et perdit une bonne partie de ses couleurs. La jeune femme n’y comprenait rien. Elle se pencha sur l’enfant de 6 ans et lui demanda.
-Qui est Louise, ma belle Ericka?
La petite brune haussa les épaules.
-Ma cousine Louise. Le bébé de mon oncle Marshall et tante Molly…
Marshall déglutit péniblement et continua de ranger la cuisine. Rosie le regarda les yeux ronds.
-Tu as un enfant? Marshall ne dit rien et évita son regard.
Sarah lui demanda.
-Tu ne lui a pas dit?
-Je ne peux pas, j’ai essayé mais je ne peux pas…
Rosie était complètement perdue, elle regardait Sarah, Jack et Marshall tour à tour, les autres membres de la famille semblaient s’être trouvés d’autres occupations.
-Si tu veux faire ta vie avec cette jeune femme tu dois lui dire fils.
-J’en suis tout simplement incapable. Vous le savez…
Il commençait à hausser le ton.
-Tu le dois mon garçon.
Marshall se fâcha et partie vers sa chambre, il revint un instant plus tard avec un album photo qu’il lança sur la table de la cuisine.
-Dites-lui!
Rosie savait que c’était grave, Marshall était complètement bouleversé, il mit son blouson et sortit en claquant la porte.
« Ben voyons calvaire. » En moins de 10 minutes, l’ambiance joyeuse s’était transformé en mélodrame.
-Bon sang où est Louise?
Sarah avait les yeux dans l’eau tous le monde était bouleversé. Personne ne lui répondit. Elle prit l’album photo.
Jack et Sarah se regardèrent.
-Quelqu’un doit lui dire.
Rosie ouvrit l’album et la parcourut lentement.
La première était une des photos qui avait été prise au mariage de Marshall et Molly, souriant et amoureux, ils s’étaient mis du gâteaux partout dans le visage.
La suivant Marshall tenait un test de grossesse avec un air totalement surpris. Probablement que Molly avait pris la photo à l’instant même au elle lui avait annoncé la nouvelle.
La suivante montrait Molly avec un petit ventre bombé, en sous-vêtements dans la salle de bain. Elle était très mince et plutôt pâle.
Autour de Rosie la famille Syverson discutait à voix basse. Tranquillement, elle commençait à comprendre.
La photo suivante, le jeune couple avait été pris par un professionnelle probablement pour marqué sur pellicule la grossesse de Molly. Elle portait une magnifique robe rose poudre qui moulait son petit ventre rond. Marshall vêtue d’une chemise blanche était à genou devant elle et donnait un baiser à son ventre les yeux fermés. La photo était magnifique.
La suivante avait été prise dans un lit d’hôpital en égo portrait par Marshall. Molly et lui était couché tous les deux dans le lit, Molly dormait le nez dans son cou. Marshall regardait la caméra un petit sourire triste aux lèvres, ses yeux bleus étaient rouge vif et gonflés. Molly était visiblement malade, son teint était gris, son visage était beaucoup trop maigre pour une femme enceinte. Rosie réalisa soudain qu’elle regardait les derniers moment de Molly.
L’avant dernière photo montrait Marshall tenant dans ses bras un tout petit bébé emmitouflé dans une couverture rose. Il lui donnait un baiser sur sa toute petite tête de boucle blonde.
La page suivante n’était pas un photo mais un avis de décès. La petite Louise Syverson avait vécut à peine un mois.
Rosie lâcha l’album photo qui tomba sur la table et mis ses deux mains sur sa bouche. Des frissons parcoururent tout son corps. Les larmes se mirent à couler sur ses joues.
-Qu’est ce qui s’est passé? Pourquoi Marshall n’a plus sa fille ?
Sarah lui donna un verre d’eau et l’invita à s’asseoir. Jack se mit à parler doucement.
-Durant la grossesse de Molly, son médecin à découvert un tumeur sur son sein droit. Elle avait un forme agressive de cancer… Si elle avait avortée, elle aurait peut-être pu s’en sortir mais elle ne voulait pas. Malgré les supplications de Marshall, elle a continuée sa grossesse le plus longtemps qu’elle a pu. Les médecins lui ont donné plein de médicaments pour que le bébé grossisse plus vite. Elle a accouché à 26 semaines. Son cœur a lâché. Elle n’a pas pu voir son bébé.
Jack prit une profonde inspiration.
-Qu’est ce qui est arrivé à Louise? Demanda Rosie en essuyant ses yeux. Sarah lui répondit pendant que Jack essayait subtilement ses yeux.
-Elle était trop petite, son petit cœur travaillait trop fort, ses organes ont lâchés.
Rosie digéra toute cette horrible histoire. Son cœur se serrait pour l’homme qu’elle aimait.
-Comment ce fait-il que Marshall ne soit pas devenu fou? Demanda-t-elle la tête dans les mains.
-Des heures de thérapie, des heures passés à la salle de sport, de bons antidépresseurs et sa famille autour de lui même quand il ne le voulait pas, lui dit Sarah.
-Maintenant je suis supposé faire quoi? Je ne peux pas faire comme si de rien était! Il faut que je le vois. Elle sortit comme une tempête de la cuisine et chercha Marshall. Elle le retrouva dans le garage, seul, pencher au dessus du moteur de sa petite voiture.
-Mon amour… Il se releva mais ne se retourna pas.
-S’il te plaît ne dit rien. Je ne veux pas de ta pitié.
Rosie ne dit rien mais s’approcha et le serra dans ses bras. Il éclata en sanglots silencieux. Il ne faisait aucun bruit mais Rosie sentait tout son corps secouer de tremblements et de chagrin. Elle le serra encore plus et mit une main sur son cœur. Il mit les mains sur les siennes et les serra à lui faire exploser les os. Elle le serra contre elle longtemps jusqu’à ce que la tempête se calme. Il prit sa main et lui donna un baiser dans le creux de sa paume.
-Laisse moi travailler maintenant ma chérie.
Elle lui donna un baiser sur la nuque.
-Je t’aime Marshall Syverson, je comprends que tu ne veuilles pas en parler. Je respecte ton silence, je t’aime, je vais faire tout ce que je peux pour te donner la famille que tu mérite mon amour.
Il lui donna un autre baiser sur la main, sa voix encore plus grave lui répondit.
-Merci ma chérie.
Ce soir là, Marshall rentra très tard de son garage. Il prit sa douche et se glissa dans le lit auprès de Rosie qui dormait. Il se lova dans son dos. Elle était nue et sentait bon. Elle se réveilla quand elle sentit son érection glisser sur l’entrée de sa fente humide.
-Mon amour…
-Je t’aime Rosie, laisse moi te faire l’amour.
Lentement et tendrement, il lui fit l’amour en cuillère en la serrant dans ses bras.
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La lettre (royai)
Version française de ma fic “Words left unspoken”.
C’est la version originale, si vous êtes francophones, c’est celle que je vous recommande. Lien AO3: https://archiveofourown.org/works/24664069
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Le deuxième dimanche du mois, les soldats du 4ème bataillon avaient la chance d’envoyer des lettres à leur famille loin du front. Chaque homme se prêtait à l’exercice; certains avec excès, comme Hughes et les romans qu’il envoyait à sa fiancée, et d’autres avec réserve, comme Pearson qui n’écrivait que quelques lignes à sa vieille mère ; mais tous envoyaient au moins quelque chose.
Tous, sauf leur plus haut gradé, le major Mustang.
Mustang avait bel et bien une famille et des amis à qui envoyer des lettres, mais la vérité était qu’il n’avait aucune envie de le faire. On écrivait à ses proches, se disait-il, pour leur offrir une petite partie d’un paysage découvert en voyage, ou bien pour les rassurer en donnant des nouvelles de soi. Mais il n’y avait aucune partie des déserts suffocants et des nuits glaciales d’Ishval qu’il ne souhaitait renvoyer à Central, et aucune nouvelle de lui-même qu’il désirait que ses proches n’apprennent. Vu l’état dans lequel il était, leur donner des nouvelles ne les rassureraient guère, de toute façon.
Non. Roy se corrigea. Il était en vie, et il n’était pas blessé ; c’était déjà un sort bien plus favorable que celui de plusieurs de ses camarades, et il se devait de dire au moins cela à ses proches. Il savait qu’une absence de lettres leur ferait supposer le pire ; autant leur sauver un peu de soucis s’il le pouvait.
Après tout, il avait déjà créé bien assez de souffrance ici.
En puis, comme lui avait fait remarquer Hughes, son absence de courrier avait commencé à se faire remarquer dans le bataillon. Les hommes spéculaient : le Major n’avait-il donc aucune famille? Ou bien se foutait-il d’eux complètement? Roy se faisait déjà traiter comme une arme humaine par ses supérieurs, et son apparente indifférence ne faisaient que renforcer cette idée dans l’esprit des soldats. « Il faut que tu leur montre que toi aussi, tu as des gens à qui tu tiens en dehors du front », lui avait conseillé Hughes. « Ça leur rappellera que tu n’es qu’un humain comme les autres. »
« Et peut-être », avait-il sûrement pensé, « que ça te le rappellera à toi-même ».
Et donc, quand vint le soir du deuxième samedi du mois, plutôt que d’aller se réchauffer avec les autres autour du feu, Roy emprunta un stylo et quelques feuilles à Hughes et se mit au travail.
Dû à son rang de Major, il avait le droit à une tente individuelle meublée d’un lit de camp et d’un petit pupitre en bois ; une installation spartiate mais qui offrait une intimité que plusieurs soldats lui enviaient. Éclairée simplement par une chandelle, Roy commença sa première lettre, destinée à ses sœurs. Il l’adressa à Vanessa, celle dont il était le plus proche, mais il savait bien que les autres filles de l’établissement s’empresseraient de lire le message par-dessus son épaule.
Alors qu’il était toujours si loquace en temps normal, Roy se trouvait soudainement en manque de mots. Les filles le connaissaient comme le garçon amusant et charmeur, qui trainait dans le bar de Madame Christmas depuis bien avant sa majorité et qui les émerveillaient en créant des fleurs grâce à son alchimie. Qu’avaient en commun ce garçon et l’homme qui écrivait la lettre? Que pouvait-il bien leur raconter sans leur révéler à quel point il avait changé? Il eut une fois de plus envie de froisser le papier en boule et d’en arrêter là. Plus que tout, il souhaitait que ses sœurs gardent comme seule image de lui le Roy adolescent qu’elles avaient connus, celui qui n’avaient pas encore de sang sur les mains. Mais il savait bien que ce n’était qu’un espoir illusoire : tôt ou tard, les nouvelles du Flame alchemist et de ses ravages feront leur chemin jusqu’à Central, et lorsque cela arriverait, il n’y aurait plus rien à cacher.
Autant qu’elles s’habituent tout de suite à l’idée d’un Roy en habit de soldat.
Il garda tout de même un ton léger tout au long de sa lettre. Il parla de la température, de son uniforme que ses sœurs trouvaient si laid et qui lui semblait constamment trop lourd ou trop léger. Il parla de la nourriture, qu’il qualifiait de pire que les plats de Madame Christmas, et des quelques bouteilles auxquels les soldats avaient droit de temps en temps. Il parla des longues soirées à discuter autour du feu et de la camaraderie qui existait dans son bataillon, sans préciser que le respect et la crainte qu’il inspirait chez ses hommes l’empêchait de réellement y prendre part.
Il ne parla de rien d’autre.
Dans sa lettre à Madame Christmas, il parla de la fatigue constante qu’il éprouvait et de la pression que lui imposaient ses supérieurs. Sa mère adoptive pourrait comprendre tout cela – mais elle n’avait jamais été dans l’armée, alors Roy ne lui parla pas de la situation militaire.
Au Colonel Barker, son ancien supérieur et mentor, il parla des pénuries de munition et des retards de ravitaillement qui les empêchait d’avancer pendant souvent plusieurs jours. Il parla du manque de troupe et des cadets à peine sortis de l’académie qui allaient être appelés au front pour combler les trous.
Puis, en regardant ses quelques feuilles restantes, Roy se demanda à qui envoyer sa dernière lettre. Il l’aurait sûrement envoyé à Hughes, et était bien reconnaissant de ne pas avoir à le faire : Ishval aurait été encore pire sans un visage familier à ses côtés.
Il hésita un moment, puis adressa la lettre à Miss Hawkeye.
Il n’était pas certain pourquoi, mais il sentait qu’il avait un devoir de lui écrire. Avant qu’il ne soit déployé, Roy avait pris l’habitude de lui envoyer des lettres quelques fois par mois, histoire de vérifier comment elle s’adaptait à la vie de Central. Avec l’examen de state alchemist et le travail qui avait accompagné son entrée dans l’armée, il n’avait guère eu le temps de faire plus pour l’aider.
Même si elle lui avait dit plusieurs fois qu’il n’avait aucune dette envers elle, Roy ne pouvait s’empêcher de ressentir une sorte d’obligation envers la jeune fille. C’était peut-être un peu chevaleresque – lui-même préférait se dire qu’il agissait en gentleman – mais il avait l’impression d’avoir la responsabilité de veiller sur elle. Après tout, il ne lui restait plus aucune famille sur laquelle s’appuyer, et elle ne connaissait personne dans la capitale. Surtout, c’était grâce à elle et à son père qu’il avait pu devenir un state alchemist ; Roy ne voulait pas donner l’impression d’avoir abandonné Miss Hawkeye après avoir eu accès aux recherches de son père, comme s’il n’avait fait que l’utiliser.
Mais quand elle répondait à ses lettres, la jeune fille avait toujours pris un ton poli et formel, restant délibérément vague sur ses occupations et ne lui demandant jamais de l’aide. Manifestement, elle souhaitait s’occuper elle-même de ses problèmes, et Roy n’avait pas insisté. Comme il était étrange, songea-t-il non pas pour la première fois, que malgré ce qu’ils avaient vécus, ils soient pratiquement toujours des étrangers l’un envers l’autre.
Ce n’était certainement pas la première chose d’étrange à propos de Miss Hawkeye. Roy avait grandi entourée de sœurs adoptives, et avait côtoyé toutes sortes de filles dans son école de Central. Il en avait connu des affirmées comme des timides, des sérieuses comme des comiques, mais il n’en avait jamais rencontré aucune ressemblant à la fille de son professeur.
Roy n’avait entrevue Miss Hawkeye que quelques fois pendant les années où il avait étudié chez elle : son père l’avait inscrit dans un collègue privé de la ville la plus proche, et rare occasions où elle rentrait chez elle coïncidaient étrangement avec les moments où Berthold renvoyait son apprenti vers Central, histoire de lui « donner un peu de vacance ». Ainsi, ils ne s’étaient réellement parlé qu’après la mort de son père, lorsque Roy avait pris en charge les funérailles.
Au premier abord, elle lui avait simplement semblée douce et réservée. Un peu naïve aussi, se disait-il maintenant – autant que lui-même l’avait été à l’époque. Mais c’est après qu’elle eut décidé de lui confier les recherches de son père que Roy découvrit l’autre facette de sa personnalité.
C’était un roc. Une fois qu’elle avait pris une décision, elle était imperturbable et rien ne pouvait lui faire douter de son choix. Et certes, elle était discrète, mais elle affichait sa volonté avec autant de fermeté que si elle l’avait crié à plein poumons. Elle lui avait laissé l’impression d’une personne à qui l’on avait donné beaucoup de responsabilité, mais peu de reconnaissance.
Après les funérailles, Miss Hawkeye avait commencé à organiser les possessions de son père de façon méthodique et efficace, comme si le dernier membre de sa famille ne venait pas tout juste de mourir. Elle avait demandé à ce que Roy commence à étudier les notes de recherches de son père immédiatement, dans la maison familiale. Au moment de lui dévoiler son dos, elle avait semblé gênée, certes, mais elle n’avait montré aucun signe d’hésitation, et aucune plainte ou rire nerveux n’avait passés ses lèvres. Si cela avait été n’importe qui d’autre, Roy aurait sûrement fait quelques blagues pour détendre l’atmosphère et la mettre à l’aise, mais la jeune fille traitait la recherche de son père avec tant de gravité que cela lui aurait semblé un sacrilège.
Roy n’avait pu s’empêcher de ressentir un profond malaise en découvrant le tatouage que lui avait laissé son père, mais il n’avait pas osé formuler à voix haute les questions qui lui avait brulé la gorge. Ce n’était pas sa place : il ignorait tout de sa relation avec son père, tout comme il ignorait à peu près tout d’elle. Ils étaient des inconnus, reliés par le devoir plutôt que par choix, et Miss Hawkeye semblait déterminée à s’acquitter de ce devoir sans faillir. La seule autre chose qui les reliait était un homme qui les avaient marqués tout deux à jamais et qui n’était aujourd’hui plus qu’un fantôme.
Et Roy pouvait sentir le regard désapprobateur de ce fantôme peser sur lui à chaque instant depuis son arrivée à Ishval. À chacun de ses claquements de doigts, il imaginait la colère de son professeur et sa déception de le voir souiller son alchimie de la sorte. Maitre Hawkeye avait eu raison : l’alchimie du feu avait été transformé en simple arme au service de l’état, et tout cela à cause de Roy, et de sa fille.
Son professeur était mort depuis longtemps, devait se rappeler Roy, et il n’avait aucun compte à lui rendre. Miss Hawkeye, cependant, était bien vivante, et c’était au final elle qui lui avait offert les secrets de l’alchimie du feu. À elle, Roy devait quelque chose : des explications, des excuses, il ne savait pas trop, mais il sentait qu’il devait lui dire *quelque chose* avant qu’elle ne découvre dans les journaux les ravages que son choix avait entrainé.
Surtout, Roy voulait qu’elle sache qu’il avait été sincère, ce jour là où il lui avait parlé de son rêve. Ce n’avait pas été un mensonge pour la manipuler ; il avait réellement eu l’intention d’utiliser l’alchimie pour le bien du peuple, et il avait réellement rejoint l’armée pour protéger son pays. Simplement…les circonstances en avaient décidé autrement.
Il prit son temps pour mettre ses pensées sur papier, pesant soigneusement chaque mot. Il n’adoucit pas la situation comme il l’avait fait avec ses sœurs – il savait qu’elle pourrait encaisser la réalité, et il le la lui devait. Il ajouta, cependant, que son alchimie avait contribué à sauver de nombreuses vies amenistrienne ; c’était une faible consolation, mais c’était tout ce qu’il avait à lui offrir. Il s’excusa ; cela ne changeait rien, mais il sentait qu’il devait le faire.
Le lendemain matin, les yeux cernés par le manque de sommeil, Roy accompagna ses hommes pour la première fois au wagon de courrier, ses lettres soigneusement pliées dans la poche de son uniforme. Alors qu’il attendait en ligne pour les remettre, il vu un groupe de nouvelles recrues débarquer du train venant de Central.
Il aperçut soudain un cadet aux cheveux blonds et aux yeux ambrés, et le sol se déroba sous ses pieds. Sa gorge était nouée ; il ne pouvait rien faire d’autre que de la fixer dans un silence mortifié. La cadette blonde ne regarda pas dans sa direction et suivit son régiment qui partait vers le campement avant que Roy ne puisse se décider à l’interpeller.
Bientôt, ce fut à lui de déposer son courrier. Sonné comme s’il venait de recevoir un coup, il sortit ses lettres de sa poche et les fixa. Il les déposa sur la pile devant lui, sauf une, qu’il garda serrée dans son poing.
Une fois en dehors de la ligne, il claqua des doigts, et toutes ses excuses, ses explications, ses consolations soigneusement rédigées partirent en fumée en un instant et s’effacèrent, comme des paroles coincées au fond de la gorge.
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lamergelee · 4 years
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“La vie conne et fine de Gustave F.” [épisode 4]
[Lire les épisodes 1, 2, 3] Le jour 4, Gustave commençait, croyait-il, une sorte de routine. Alors que ce jour 4 n’était que le jour 2 suivant le nouveau calendrier présidentiel, il lui sembla que des mois déjà s’écoulaient suivant un rythme de petit vieux. Il se sentait pourtant comme rajeuni par une sorte de nécessité de vivre le temps présent. Les vieux sont des nouveaux-nés, pensa-t-il sans aucun souci d’originalité. Ce que c’est bon d’être con intérieurement ! La matinée passa en petites choses dont il est préférable de ne pas faire la liste, réservons ce travail aux écrivains de circonstance exceptionnelle. Non, rien à signaler sinon qu’il allait bientôt manquer de dentifrice et qu’il préféra ne pas se raser car il avait la flemme. Il écouta un peu de musique, du Verdi, et nettoya deux fois ses toilettes, se lava les mains dix-neuf fois avec sept savons différents et fit sa vaisselle de la veille à l’eau de Javel puis avec du Cif au citron ; ah mais voilà que nous devenons écrivains, vite arrêtons-là ces descriptions pénibles. Sa pensée, élevée comme toujours le matin, s’envolait dans les sphères de la sérénité. Il mangeait. Puis rotait. Puis attendait qu’il se passe presque rien en écoutant les oiseaux pendant que déboulait dans le ciel de Madrid une escadrille de drones Saga de marque GDU, autonomie de vol 35 min et jusqu'à 7 km du télépilote, tous munis d’une caméra et d’un mégaphone pour ordonner aux gens de rentrer chez eux, première sommation, etc. Il découvrait le temps suspendu en début d’après-midi. Ça lui était venu en se promenant avec son beau papier recopié à la main, comme un mouchoir, pour se faire considérer de loin par la volaille en service commandé sans avoir à s’approcher trop de leurs mains acabes. Tout s’était passé de la manière la plus simple : il avait voulu ramasser un ticket de métro tombé de sa poche, il s’était accroupi, il s’était souvenu qu’il ne prendrait plus le métro avant de longs mois. Le métro, les corps proches, la chair des poignées de main. L’hygiène d’isolement est le privilège des inutiles. Les inutiles sont l’avenir, se dit-il, ne sachant pas si c’était intelligent, puisque l’avenir semblait tout de même suspendu aux gens qui travaillaient dans des secteurs indispensables. Quoiqu’il en soit il n’était pas obligé de se rendre au travail, n’en ayant pas, étant même obligé de ne pas s’y rendre, ce qui ne changeait rien mais le gênait un peu. Il n’appartenait pas au monde indispensable. Il n’avait jamais été utile à rien, voilà qui lui apparaissait clairement, et c’était une sorte de soulagement bizarre et vaguement honteux. Il avait cru, à une certaine époque, servir à quelque chose parce qu’on lui demandait des comptes et surtout parce qu’il avait lu des livres, mais en réalité il fallait bien se rendre à l’évidence, c’était bête. Il ne servait à rien. Il avait posé le ticket devant lui, coincé dans une rainure du vieux parquet. Il s’était allongé de tout son long sur le ventre pour scruter ce petit morceau de carton dont il faisait des filtres pour ses joints à une époque. Couché sur le sol, il écoutait la radio, il apprenait des nouveaux mots. Score de fragilité par exemple. Il pensait que son score de fragilité était très bas. Il supposait qu’il valait mieux qu’il soit très bas. Un score très bas permettait d’accéder à l’intubation, avait-il entendu à un moment de la journée, s’il avait bien compris. Mais comment être sûr de bien comprendre ? Intubation. De ce mot au moins il était sûr. Le mot le glaçait mais il s’entraînait à le dire. Intubation. Il emploierait ce mot demain quand son père appellerait. « Tu devrais faire attention et arrêter un peu tes activités de conseil, si tu ne veux pas risquer l’intubation ». Il dirait à peu près cela. Pas d’une traite mais à peu près dans cet ordre. Il souriait, pour lui tout seul. « Si tu ne veux pas arriver avec un score de fragilité trop haut. » La voix à la radio disait aussi que des cellules éthiques de soutien étaient mises en place. Ou bien étaient-elles installées ? in-putées ? activées ? Il devait exister un mot adéquat qui décrivait le surgissement dans les couloirs sans doute déjà jonchés de cadavres de ces cellules éthiques de soutien. Gustave réfléchissait. Les cellules étaient-elles créées ? suscitées ?  téléportées ? aéroportées ? En tout cas, une fois là, matérialisées en quelque sorte, les cellules rendaient le service « d’aider les médecins obligés de choisir quels patients soigner en priorité si les services de réanimation étaient débordés ». Gustave essayait d’imaginer une cellule de soutien. Il essayait d’imaginer les médecins. Le mot médecin avait un petit côté presque normal et rassurant. Le mot hôpital public. Le mot héros de la Nation, Nation reconnaissante, chant des confinés aux fenêtres. Le médecin, depuis quelques semaines, après avoir été obligé de prioriser les corps qui suffoquaient dans la salle d’attente, après en avoir envoyé certains en réanimation et en avoir laissé mourir d’autres en essayant de réduire un peu leur souffrance, était moins normal que d’habitude, moins rassuré. C’est alors que les cellules éthiques de soutien jouaient leur rôle à plein. Parallèlement, des unités aiguës de soins palliatifs seraient elles aussi mises en place. La mise en place de ces dernières devait être plus aisée, plus concrète et immédiate en tout cas, que celle des cellules éthiques de soutien. Dans sa ville, Gustave s’ennuyait déjà comme un rat mort. Les gens de l'immeuble, des voisins aux visages chafouins qui lui lançaient toujours des regards méfiants et inquisiteurs alors même qu’il habitait là depuis des années, avaient décidé de se donner des airs méridionaux. Comme tout le monde ils avaient vu les vidéos italiennes et espagnoles où des habitants reclus dans leur intérieur se mettaient sur le balcon pour retrouver un semblant de communauté. Gustave avait beau se dire, ronchon comme de coutume, que les Italiens avaient décidément perdu une occasion pour que leur pays soit un peu moins bruyant et braillard qu’à l’habitude, que pour une fois que les Vespa ne pétaradaient pas dans les rues, ce n’était pas une raison pour brancher la sono – il goûtait ça de loin. Une Italienne avait entonné un air qui ressemblait à du Verdi et ça avait du chien : le peuple opprimé se soulevait, bravait tout, la musique retentissait, comme le chœur des esclaves (un jour de sa jeunesse, lors d’une représentation en plein air de Nabucco, sur la grand-place d’une bourgade des Marches, l’assistance entière avait entonné « Va’ pensiero » à la suite du chœur sur la scène et, il n’y avait pas à dire, tout scepticisme mis à part, et malgré quelques intonations incertaines, ça donnait le frisson. C’était au millénaire dernier. Désormais, passé les égarements attendris, Polycarpe avait repris du poil de la bête). Il est plus facile d’aimer de loin que de près. Aussi Gustave, contempteur de l’humanité à proximité immédiate, prit-il une ferme résolution. L’heure était au care et à l’attention plus ou moins hypocrite à autrui. Fini l’État-providence, assez d’assistés, chacun devait prendre le taureau par les cornes. Pour contrebalancer cet abandon de chacun à soi-même, certains disaient qu’il fallait retrouver une nouvelle forme d’attention à l’autre, de la sollicitude ; plus grand-chose ne marchait mais il fallait y remédier, chacun, en retroussant les manches, retrouver les vraies valeurs. À vrai dire, depuis le discours du président, Gustave ne savait plus trop s’il était encore au goût du jour de prôner le tout étatique ou le retour de la responsabilité individuelle. Une fois de plus (et là, il était bien d’accord avec son père), on l’obligeait à opter pour l’un ou l’autre, alors qu’il lui semblait que l’un n’allait pas sans l’autre. Il se rappelait aussi ces premiers mots d’une œuvre célèbre, des mots décidément toujours d’actualité : Umana cosa è l’avere compassione degli afflitti, c’est chose humaine que d’avoir compassion des affligés. Son italien était bien rouillé et, avant de devoir lire et relire trente fois afin d’y comprendre toujours aussi peu, d’aller du dictionnaire à la page et de gribouiller dans la marge les vocables nouveaux, impatient qu’il était de retrouver ces anciennes amours littéraires, il opta pour une traduction du dix-neuvième siècle, celle de Reynard, qui ne lui paraissait pas mauvaise. C’était quand même bizarre, les livres : on vous avait fait lire ça à l’école tout en vous disant que ces lectures-là, c’était pour les femmes ; d’accord, ça vous intéressait, et surtout les contes salaces qu’on avait principalement retenus. Et puis un jour, comme ça, un jour pas comme les autres, vous reprenez le livre et là il vous éclate à la figure et vous ne savez plus si vous devez garder vos distances (le Moyen-Âge, la peste transalpine) ou vous laisser enjôler par des parallèles troublants, croire que tout est dans tout, qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, etc. « Je dis donc que les années de la fructueuse Incarnation du Fils de Dieu atteignaient déjà le nombre de mille trois cent quarante-huit, lorsque, dans la remarquable cité de Florence, belle au-dessus de toutes les autres cités d’Italie, parvint la mortifère pestilence qui, par l’opération des corps célestes, ou à cause de nos œuvres iniques, avait été déchaînée sur les mortels par la juste colère de Dieu et pour notre châtiment. Quelques années auparavant, elle s’était déclarée dans les pays orientaux, où elle avait enlevé une innombrable quantité de vivants ; puis poursuivant sa marche d’un lieu à un autre, sans jamais s’arrêter, elle s’était malheureusement étendue vers l’Occident. La science, ni aucune précaution humaine, ne prévalait contre elle. C’est en vain que, par l’ordre de magistrats institués pour cela, la cité fut purgée d’une multitude d’immondices ; qu’on défendit l’entrée à tout malade et que de nombreux conseils furent donnés pour la conservation de la santé. C’est en vain qu’on organisa, non pas une fois, mais à diverses reprises, d’humbles prières publiques et des processions, et que d’autres supplications furent adressées à Dieu par les dévotes personnes ; quasi au commencement du printemps de ladite année, le fléau déploya ses douloureux effets dans toute leur horreur et s’affirma d’une prodigieuse façon. » Lentement Gustave s’assoupit. Il se rappelait vaguement qu’une sentence convenue lui était passée par la tête, plus facile d’aimer de loin que de près, et qu’il s’était dit qu’il y avait là un brin de vérité. Mais de quoi s’agissait-il ? Il était tard, possible que son père appelle bientôt, il ne voulait pas être complètement vaseux quand il le prendrait au saut du lit et remit à plus tard ses réflexions sentencieuses. (A suivre).
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lily-yvonne · 4 years
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LUNDI SOIR
            Suite du lundi – plans extérieurs de nuit
Fondu enchaîné sur Jésus qui est de nouveau dans l’oliveraie, mais le soir, et il est avec ses apôtres. 
Jésus : — Et encore un autre jour est passé. Maintenant la nuit et puis demain, et puis un autre demain, et puis le repas de Pèssah.
Philippe demande : — Où la célébrerons-nous, mon Adôn ? Cette année il y a aussi les femmes. 
 Barthélemy : — Et nous n’avons encore pourvu à rien, et la ville est pleine, bondée. Il semble que cette année Israël tout entier, jusqu’aux plus lointains prosélytes, soit accouru pour le rituel.
 Jésus le regarde et comme s’il récitait un psaume : — Rassemblez-vous, hâtez-vous, accourez de tous côtés vers ma victime que j’immole pour vous, vers la grande victime immolée sur le mont d’Israël, pour manger sa chair et boire son sang.
 Barthélemy dit avec véhémence : — Mais quelle victime ? Quelle victime ? Tu sembles quelqu’un qui est possédé par une folie fixe. Tu ne parles que de mort … et tu nous affliges. Simon, Jacques d’Alphée et Pierre approuvent en hochant la tête. 
Jésus regarde Barthélemy en disant : Comment, tu me le demandes ? Tu n’es pas un de ces petits qui pour être instruits doivent recevoir la lumière septiforme. Tu étais déjà instruit en l’Écriture avant que je t’appelle, par l’intermédiaire de Philippoïs1 , dans cette douce matinée de printemps. Et tu me demandes encore qu’elle est la victime immolée sur les monts, celle vers laquelle viendront tous les gens pour s’en nourrir ? Et tu m’appelles fou d’une folie fixe parce que je parle de mort ? Oh ! Bartholmaï ! Comme le cri des sentinelles, dans votre esprit ténébreux, qui jamais s’est ouverte à la lumière, j’ai lancé une fois, deux fois, trois fois le cri annonciateur. Mais vous n’avez jamais voulu le comprendre. Vous en avez souffert sur le moment, et puis comme des enfants, vous avez vite oublié les paroles de mort et vous êtes retournés joyeux à votre travail, sûrs de vous et pleins de l’espérance que mes paroles et les vôtres persuaderaient de plus en plus le monde de suivre et d’aimer son Rédempteur. Non. C’est seulement après que cette terre aura péché contre Moi, et rappelez-vous que ce sont des paroles d’Adonaï à son Prophète, après seulement que le peuple et non seulement celui-ci en particulier, mais le grand peuple d’Adama2 commencera à gémir : Allons vers Adonaï. Lui qui nous a blessés nous guérira et le monde des rachetés dira : Après deux jours, c’est à dire deux temps de l’éternité, durant lesquels il nous aura laissé à la merci de l’ennemi, qui avec toutes ses armes nous aura frappés et tués comme nous avons frappé et tué le Sacré — et nous le frappons et le tuons parce que toujours il y aura la race des Caîns3 qui tuera par leurs blasphèmes et leurs œuvres mauvaises : le Bèn4 Elohîm, le Rédempteur, en décochant des flèches mortelles non sur son éternelle Personne glorifiée, mais sur leurs âmes rachetées par Lui, pour le tuer, et pour le tuer par conséquent dans leurs âmes — c’est seulement après ces deux temps que viendra le troisième jour et que nous ressusciterons en sa présence dans le Royaume du Christos sur la Terre et que nous vivrons en sa présence dans le triomphe de l’esprit. Nous le connaîtrons, nous apprendrons à connaître Adonaï pour être prêts à soutenir, grâce à cette vraie connaissance d’Elohîm, la dernière bataille que Lucifer4 livrera à l’homme avant la sonnerie de l’Ange de la septième trompette qui ouvrira le chœur bienheureux des sacrés d’Elohîm, au nombre parfait pour l’éternité — et ni le plus petit enfant, ni le vieillard le plus âgé ne pourra jamais être ajouté au nombre — le chœur qui chantera : "Il est fini le pauvre royaume de la Terre. Le monde est passé en revue avec tous ses habitants devant le Juge victorieux. Et les élus sont maintenant entre les mains de notre Adonaï et de son Christos, et Lui est notre Roi pour toujours. Louange à Adonaï Eloah Yahweh-Él-Shaddaï, qui est, qui était et qui sera, parce qu’Il a pris son grand pouvoir et qu’Il est entré en possession de son Royaume." Oh ! Qui parmi vous saura rappeler les paroles de cette prophétie qui résonne déjà dans les paroles de Daniél, avec un son voilé, et qui maintenant retentit par la voix du Sage devant le monde étonné et devant vous, plus étonnés que le monde ?! La venue du Roi ― continuera le monde gémissant dans ses blessures et enfermé dans son tombeau, après avoir mal vécu et être mal mort, enfermé par son septuple vice et par ses hérésies sans fin, l’esprit agonisant du monde enfermé, avec ses derniers essais, à l’intérieur de son organisme, mort lépreux à cause de toutes ses erreurs ― la venue du Roi est préparée comme celle de l’aurore et elle viendra à nous comme la pluie du printemps et de l’automne. L’aurore est précédée et préparée par la nuit. C’est la nuit. Celle de maintenant. Et que dois-je te faire, Ephraïm ? Et que dois-je te faire, ô Iehouda ?… Shim’ôn, Bartholmaï, Iehouda, et mes cousins, vous plus instruits dans le Livre, reconnaissez-vous ces paroles ? Ce n’est pas d’un esprit fou, mais de quelqu’un qui possède la Sagesse et la Science qu’elles viennent. C’est comme un roi qui ouvre avec assurance ses coffres forts, parce qu’il sait où est la gemme donnée qu’il cherche, après l’avoir mise de sa main à l’intérieur, que je cite les Prophètes. Je suis la Parole. Pendant des siècles, j’ai parlé par des lèvres humaines, et pendant des siècles je parlerai par des lèvres humaines. Mais tout ce qui est dit de surnaturel est ma Parole. L’homme ne pourrait pas, même le plus docte et le plus sacré, monter avec une âme d’aigle au-delà des limites du monde aveugle, pour saisir et dire les mystères éternels. L’avenir n’est «présent » que dans la Pensée divine. C’est une sottise chez ceux qui ne sont pas élevés par Notre Volonté, de prétendre faire des prophéties et des révélations. Et Elohîm les démentit et les frappe parce qu’Un seul peut dire : « Je suis » et dire : « Je vois » et dire « Je sais ». Mais quand une Volonté qu’on ne mesure pas, qu’on ne juge pas, qu’il faut accepter en inclinant la tête, en disant : « Me voici », sans discuter, dit : « Viens, monte, écoute, vois, répète » alors, plongée dans l’éternel présent de son Elohaï, l’âme, appelée par Adonaï pour être « Parole », voit et tremble, voit et pleure, voit et jubile ; alors l’âme, appelée par Adonaï pour être « Parole », écoute, et arrivant à des extases ou à une sueur d’agonie, dit les paroles redoutables d’Eloah-Él-Shaddaï ; parce que toute parole d’Elohîm est redoutable, venant de Celui dont le verdict est immuable et la justice inexorable, et tournée vers les hommes dont trop peu méritent Amour et bénédiction et non pas foudre et condamnation. Maintenant cette Parole, qui est donnée et méprisée, n’est-elle pas la cause d’une faute redoutable et d’une punition pour ceux qui, l’ayant entendue, la repoussent ? Elle l’est. Et que dois-je encore vous faire, ô Ephraîm, ô Iehouda, ô monde, que je n’ai pas fait ? Je suis venu pour t’aimer, ma Terre, et ma Parole a été pour toi une épée qui tue parce que tu l’as exécrée. Oh ! Monde qui tue ton Sauveur, en croyant faire une chose juste, tellement tu es insatanisé au point de ne même plus comprendre quel est le sacrifice qu’Eloah exige, sacrifice du péché personnel et non pas d’une bête immolée et consommée avec l’âme souillée ! Mais que t’ai-je donc dit pendant ces trois années ? Qu’ai-je prêché ? J’ai dit : « Connaissez Elohîm dans ses Lois et dans sa nature ». Et je me suis desséché comme un vase d’argile poreuse, exposé au soleil en vous répandant la connaissance vitale de la Loi et d’Elohîm. Et tu as continué de faire des holocaustes sans jamais accomplir l’unique chose nécessaire : l’immolation au vrai Eloah de ta volonté mauvaise ! Maintenant Eloah-Él-Shaddaï te dit : cité pécheresse, peuple parjure on ne se servira pas pour Roma et Athéna, qui sont hébétées et ne connaissent pas la parole et le savoir, mais qui, d’éternels enfants mal soignés par leur nourrice et restés comme des animaux dans leurs capacités, passeront dans les bras sacrés de mon Église, mon unique sublime Épouse qui m’enfantera d’innombrables enfants dignes du Christos, deviendront adultes et capables, et me donneront des palais et des troupes, des temples et des êtres sacrés, de quoi peupler le Ciel comme avec des étoiles. Maintenant Mon Père Yahweh-Él-Shaddaï te dit : « Vous ne me plaisez plus et je n’accepterai plus de don de votre main. Il est pour Moi pareil à des excréments et je vous le rejetterai à la face et il y restera attaché. Vos solennités, toutes extérieures, me dégoûtent. Je supprime le pacte avec la race d’Aarôn et je le passe aux fils de Lévi parce que, voilà, celui-ci est mon Lévi, et avec Lui pour toujours, j’ai fait un pacte de vie et de paix et Lui m’a été fidèle dans les siècles des siècles, jusqu’au sacrifice. Il a eu la crainte sacrée du Père et il a tremblé à cause de son courroux d’offensé, au seul son de mon Nom offensé. La Loi de la Vérité a été sur sa bouche, et sur ses lèvres il n’y a pas eu d’iniquité il a marché avec Moi dans la Paix et l’équité, et il en a retiré beaucoup du péché. Le temps est venu où en tout lieu, et non plus sur l’unique autel de Sion, car vous ne méritez pas de l’y offrir, sera sacrifiée et offerte à mon Nom le Pain pur, immaculé, agréable à Adonaï ». Les reconnaissez-vous les éternelles paroles ?
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Philippe. Prononciation : Philipoiiss. 2 Adam. 3 Prononciation : Kéhiin. 4 Le Fils de Dieu. 4 Lucifer : "lumière des ténèbres inférieurs", fils de Satân, seconde personne de la trinité satanique, non pas engendré mais créé de feu. "Le serpent antique" : celui-là même qui a trompé Eve au Jardin d’Éden. La troisième personne est : Baal-Zéboul (Belzébuth).
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Barthélemy : — Nous les reconnaissons, notre Adôn. Et crois-le, nous sommes abattus comme si on nous avait frappés. N’est-il pas possible de dévier le destin ?
Jésus : — Tu l’appelles destin, Bartholmaï ?
Barthélemy : — Je ne saurais dire quel autre nom…
Jésus : — Réparation. Voilà le nom On n’offense pas l’Adonaï sans que l’offense doive être réparée. Et le Créateur a été offensé par le Premier qui a été créé. Depuis lors, l’offense n’a pas cessé de croître. Et elle n’a pas servi l’inondation du Déluge, ni la pluie de feu sur Sodome et Gomorrhe à rendre l’homme sacré. Pas l’eau et pas le feu. La Terre est une Sodome sans limite où passe, libre et roi, Lucifer. Alors que vienne une trinité pour la laver : le feu de l’Amour, l’eau de la douleur, le Sang de la Victime. Voici, ô Terre, mon Don. Je suis venu pour te le donner. Et maintenant je me déroberais à son accomplissement ? C’est Pèssah, on ne peut fuir.
Simon : — Pourquoi ne vas-tu pas chez Èl’azar ? Ce ne serait pas fuir, mais chez lui, on ne te toucherait pas.
Judas Iscariote crie en se jetant aux pieds de Jésus : — Shim’ôn parle bien. Je t’en supplie, Adôn, fais-le !
A son geste répond un déluge de larmes de Jean, et bien que plus maîtres de leur douleur, les cousins pleurent ainsi que Jacques et André.
Jésus répond : — Tu me crois l’Adôn ? Regarde-moi !
Et Jésus transperce de son regard le visage angoissé de l’Iscariote, car il est réellement angoissé, ce n’est pas une feinte. C’est peut-être la dernière lutte de son âme avec Satân, et il ne sait pas triompher. Jésus l’étudie et suit la lutte comme un homme de science pourrait étudier une crise d’un malade. Puis il se lève brusquement et si violemment que Judas, appuyé sur ses genoux, se trouve repoussé et retombe assis par terre. Jésus recule aussi, le visage bouleversé, et il dit : — Pour faire arrêter aussi Èl’azar ? Double proie et double joie par conséquent. Non, Èl’azar se garde pour le Christos à venir, pour le Christos triomphant. Un seul sera jeté au-delà de la vie, et il ne reviendra pas. Moi, je reviendrai. Mais lui ne reviendra pas. Mais Èl’azar reste. Toi, toi qui sais tant de choses, tu sais aussi celle-là. Mais ceux qui espèrent avoir double profit en capturant l’aigle avec l’aiglon, dans leur nid et sans difficulté, peuvent être sûrs que l’aigle a les yeux sur tous, et que par amour pour son petit il ira loin du nid pour être pris Lui seul, en le sauvant. Je suis tué par la haine et pourtant je continue à aimer. Allez. Moi, je reste à prier. Jamais comme à l’heure où je vis, je n’ai eu besoin d’élever mon âme au Ciel.
Jean supplie : — Laisse-moi rester avec Toi.
Jésus : — Non. Vous avez tous besoin de repos. Va-t’en.
Pierre : — Tu restes seul ? Et s’ils te font du mal ? Tu sembles souffrant aussi …Moi, je reste.
Jésus : — Toi aussi, vas avec les autres. Laissez-moi oublier les hommes pour une heure ! Laissez-moi en contact avec les Anges de mon Père ! Ils remplaceront ma Mère, qui s’épuise en larmes et en prière, que je ne puis charger de ma douleur désolée. Allez.
Son cousin Jude demande : — Tu ne nous donnes pas la paix ?
Jésus : — Tu as raison. Que la paix d’Adonaï se pose sur ceux qui ne sont pas opprobre à ses yeux. Adieu.
Jésus pénètre en montant un talus au milieu des oliviers.
Barthélemy murmure : — Et pourtant… ce qu’il dit c’est vraiment dans l’Écriture ! Et quand on l’entend de Lui on comprend pourquoi et pour qui c’est dit.
Simon : — Moi, je l’ai dit à Petros1 dans l’automne de la première année…
Pierre : — C’est vrai … Mais… Non ! Moi vivant, je ne le laisserai pas prendre. Demain…
L’Iscariote demande : — Que feras-tu demain ?
Pierre : — Ce que je ferai ? Je parle avec moi-même. C’est un temps de conjuration. A l’air même je ne confierai pas ma pensée. Et toi, qui es puissant, tu l’as dit tant de fois, pourquoi ne cherches-tu pas protection pour Yeshouah ?
Judas : — Je le ferai, Petros. Je le ferai. Ne vous étonnez pas si je suis parfois absent. Je travaille pour Lui. Ne le Lui dites pas, pourtant.
Pierre, humble et sincère : — Sois tranquille, et que tu sois béni. Parfois je me suis défié de toi, mais je m’en excuse. Je vois que tu es meilleur que nous au bon moment. Tu agis… moi, je ne sais que parler à vide. 
Quant à Judas, il rit comme si la louange lui plaisait. Ils s’éloignent du Gethsémani vers la route qui va à Jérusalem.
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1 Pierre.
EXTRAIT DE L’OUVRAGE  “SCÉNARIO - L’ULTIME ALLIANCE” : http://www.prophete-du-sacre-coeur.com/scenario-l_ultime-alliance.pdf
http://www.prophete-du-sacre-coeur.com/ https://www.youtube.com/watch?v=1qI8FeNbFsM&t=621s https://www.change.org/p/emmanuel-macron-dieu-ne-veut-pas-de-fl%C3%A8che-sur-notre-dame-098097a0-f72c-4021-9b66-cc9c78ecb8a8?lang=fr-FR
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alexar60 · 5 years
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Un petit café
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Elle venait boire un café tous les jours à la même heure dans ce bar au coin de ma rue. Je ne la connaissais pas. Cependant, je ne pouvais détourner les yeux me sentant obligé de la regarder lire pendant qu’elle buvait. Je ne la trouvais pas si belle mais elle était loin d’être moche. Elle paraissait timide, cachant parfois son visage derrière son livre ou regardant le spectacle d’une rue presque déserte. J’imaginai qu’elle venait pour surprendre son fiancé en train de sortir de chez une autre fille habitant l’immeuble en face. Enfin j’interprétai le triste paraitre de son visage qui petit-à petit me fascinait. J’avais envie d’écrire sur elle, à son sujet, sur ses yeux couleur noisette, sur sa petite bouche fine en forme de cœur, sur sa façon de tourner les pages ou de tourner la tête…
Un ami découvrit qu’elle aussi semblait me regarder par intermittence. Il poussa l’amusement à m’approcher d’elle malgré ma timidité. Il alluma un vieux jukebox, sélectionna plusieurs chansons et commença à chanter puis danser avec sa copine. Mon groupe de potes entra dans son jeu, organisant ainsi un dancefloor improvisé au son des musiques choisies. Les vieux habitués rirent en cœur sur nos danses, reprenant parfois quelques refrains de chansons célèbres. Quant au patron, il arrêta de laver des verres afin de filmer avec son téléphone ce moment insolite. Sa femme sortit même de derrière le comptoir et s’incrusta en invitant un copain à jerker. Tout le monde riait, dansait à l’exception de la jeune fille, épatée bien que souriante à la mise en scène.
Je m’approchai ainsi pour lui proposer de nous rejoindre. Elle refusa, prétextant être une piètre danseuse. J’avouai avoir ce point commun cependant, j’affirmai que n’avions qu’une vie tout en lui tendant la main. Elle refusa encore, expliquant qu’elle préférait la lecture à la danse toutefois elle adorait la musique. Durant notre discussion, j’essayai de la regarder dans les yeux, cherchant à trouver les petites étoiles qui disent que ma présence lui plait. Certaines mimiques peuvent parfois être un signe comme le fait qu’elle joue avec ses cheveux, un sourire quand elle parle tout en détournant le regard, un petit soupir ou une rougeur apparue subitement dès que je lui ai adressée la parole. Je voyais ces petites choses mais j’avais envie d’admirer l’éclat de quelques étoiles dans ses pupilles. En lisant le titre du roman « le violon noir », effectivement elle semblait aimer la musique. Je demandai alors s’il était passionnant. Elle répondit oui, montrant un large sourire qui indiquait la lecture comme un de ses sujets préférés. Je parlai alors de mon actuel livre de chevet. Elle en avait entendu parler et montra un certain intérêt au résumé donné. Elle m’invita à m’assoir à sa table. Nous discutâmes de livres, des lectures communes. Je ressentis une émotion de sa part quand j’exprimai un total accord sur quelques commentaires. Pendant ce temps, mes amis continuèrent à danser sur trois ou quatre chansons avant retourner à notre table habituelle et vaquer aux parties de tarot ; ils zyeutaient parfois dans notre direction avec un sourire difficilement retenu.
Elle garda ses habitudes revenant tous les jours, repartant une heure plus tard. A la différence qu’elle montrait une certaine joie dès qu’elle me voyait. Par contre, moi et mes amis ne passions qu’une fois tous les deux ou trois jours à des heures variables. Nous nous contentions d’un salut amical de la main ou de la tête, demandant quelquefois ‘comment ça va’ et répondant uniquement par un ‘oui’ souriant. Nous continuâmes à nous chercher du regard, elle le visage derrière son livre et moi tournant la tête de temps en temps au cours d’une discussion. Lorsque nos yeux se croisaient enfin, nous rougissions cherchant à regarder autre chose. Mes amis rigolaient de cette situation, moquant gentiment mon comportement  farouche dès qu’ils me taquinaient avec des  «Tu vas pas voir ta chérie ? » ou autres gamineries de ce genre. Ils commencèrent à s’habituer à sa présence, alors une copine lui proposa de partager notre table. Elle me regarda présentant un large sourire avant de refuser poliment. Néanmoins mon amie insista vainement, elle préférait rester seule à boire son café. Elle repartit dépitée, haussant les épaules disant au reste du groupe qu’entre elle et moi, cela n’avancera jamais.
Elle se leva voir les patrons du café pour payer et les remercier, signalant la fin de son CDD dans l’entreprise au bout de la rue. Elle ne reviendra plus dans leur bar. J’étais juste à côté en train de payer la tournée. Elle me regarda un peu triste mais avec un rictus plaisant puis elle quitta l’endroit définitivement. Je n’ai pas cherché à comprendre. Je la suivis et l’interpela afin de lui dire qu’elle va me manquer. Je me suis sentis con mais qu’avais-je à perdre finalement ? Je lui donnai mon numéro de téléphone au cas où elle souhaitait discuter livres. Elle soupira et m’embrassa sur la joue comme deux gamins timides que nous étions. Je retournai auprès de mes amis, aucun ne lança la discussion à ce sujet préférant s’exprimer sur les derniers matchs de football.
Il était 19h le soir même quand je reçus un appel.. Le plus bel appel que j’ai jamais eu.
Alex@r60 – juillet 2019
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Le Bain
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Mardi 24 mars
J'ai paniqué.
Moi, qui ai refusé de toucher le RSA 5 mois et qui tremblait en faisant mon inscription, entourée de ma mère et de ma sœur perplexes face à mes pleurs, leur expliquant que je ne voulais
pas
avoir de compte à rendre au gouvernement
j'ai failli m'inscrire sur le site qui demandait des travailleurs aux champs.
Mon dieu, mais vous avez vu la gueule de cette phrase sur mon écran ?
Là, sur ma table que j'ai enfin aménagé en bureau après avoir passé huit jours recroquevillée sur mon lit devant un ordi mal installé, entre mon verre de vin rouge que je sirote très lentement et mon joint que je fume à peine, moi, qui vais faire un rituel de nouvelle lune quand elle se sentira assez remise de ses émotions, moi
écrire
« j'ai failli m'inscrire sur le site qui demandait des travailleurs aux champs. »
Déjà si on m'avait dit c'est une phrase pour une dystopie qui se déroule en 2020 j'aurais fait MDR frère sérieusement, y'a eu la bombe nucléaire et on est retournés au fucking Moyen-Âge ?
« bah y'a toutes les travailleuses au black qui viennent pas du coup ils flippent... »
(S., au téléphone, quand elle me parlait de pénurie et que j'ai répondu « mais une pénurie de quoi ? »)
Le truc pue au delà de toute mesure.
Mais hier j'ai passé la journée à pleurer car j'enviais les personnes confinées à la campagne, hier j'ai promis aux monts d'Ardèche et à la Drôme derrière que j'irais vivre en elles dès que tout cela serait terminé, hier j'ai lu la biographie du Facteur Cheval pour m'inspirer, ce matin je vais sur Twog, le référencement des tweets drôles et ma principale source de news sur la pandémie mondiale, et je vois passer plusieurs tweets a-hu-ris avec un lien pour le site « Des bras pour ton assiette ».
Et moi
avec ma hantise viscérale du tutoiement employé par des instances gouvernementales,
j'ai sauté dessus.
Je regarde les offres : je vois : cueillette des fraises à Épinouze (j'ai une relation symbolique haute avec le mot Spina et ses dérivés), à une vingtaine de minutes en voiture de Hauterives, là où se situe le Palais Idéal.
Je m'inscrit. Le site me dit félicitations, vous allez recevoir un mail. Je rafraichis frénétiquement ma boîte, que dalle.
Je regarde le trajet Hauterives-Épinouze en vélo, 50 minutes, parfait.
Je regarde le site d'Épinouze : ils ont fermé les parcs, tout est fermé.
Je regarde la page Wikipédia d'Épinouze : 1561 habitants.
« nan mais Johnny vas y pas tu vas te retrouver dans une de ces grandes fermes industrielles sans voir le jour dans des petites villes dégueulasses... »
(S., au téléphone. Je vous ai dit que S. vient de la Drôme, et qu'elle fréquente de nombreuses saisonnières ? Je vous ai dit que moi mon dernier job c'était au service recouvrement d'une banque parce que ma cousine y travaille, et que je suis allée que deux fois dans la Drôme, pour aller voir le Palais Idéal ?)
Je rafraichis ma boîte mail. Pas de réponse.
Je vais sur facebook et je raconte ma vie à qui veut bien l'entendre :
« mais là en vrai je me suis inscrite sur le site qui cherche des agriculteurs
sauf que le site me ghoste
l'envie me vient de faire du vélo et de pas rester chez moi et davoir une raison de faire du vélo
et si le gouvernemnt arrete de me ghoster je pars cueillir des fraises dans la drome »
« hahaha johnny tu vas partir au kolkhoze omg
adieu mon pote » (L., sur Messenger)
« C de la poudre aux yeux ce truc
Si ça se trouve ils font juste de la pub pour faire genre ils se soucient des agriculteurs » (E., sur Messenger)
Finalement je reçois la réponse, il faut cliquer sur le lien pour finaliser l'inscription. Je ne clique pas. J'ai peur.
Pas du kholkoze, pas du gouvernement, non j'ai juste toujours eu peur de l'engagement en général, sauf avec les relations amoureuses, enfin, si on part du principe que le chewing-gum s'engage avec la chaussure qui lui tombe dessus.
C'est rassurant d'ailleurs de voir que le confinement ne me change pas intrinsèquement, et que je continue malgré tout de faire des trucs que j'ai toujours fait, comme rester toute la journée le cul vissé sur facebook, ne sortir que pour faire les courses, ne pas dépasser un rayon d'un kilomètre à pieds, avoir peur de la situation écologique et politique mondiale, tous ces petits trésors du quotidien qui font que je suis moi.
L'après midi passe, vers 19h je sors chercher ma lessive chez C., je marche un peu, je suis de très bonne humeur depuis ce matin, car j'ai tiré le Huit de Deniers, une des description de cette carte de Tarot c'est littéralement, « le paradis sur terre », alors ça m'a fait pensé à la chanson que j'ai découvert dans l'émission de S. hier, « Heaven is a place on Earth », la version de Virus Incorporation.
La radio est fermée, mais ils ont un studio mobile.
S. est quand même partie faire son émission à la frontale, parce que S. est une rebelle.
On est un peu comme les Super Nanas, elle est Rebelle la casse-cou qui pète des gueules, et moi je suis Bulle, celle qui a peur dans le noir.
C'est S. qui m'a fait plonger dans le Tygre underground, c'est grâce à elle que je navigue dans ces eaux où je me sens souvent comme un poisson rouge dans un lagon, un animal domestique au milieu d'une rivière.
Le confinement de S. et de pleins d'autres poissons est souterrain.
Le gouvernement a détourné le flot de nos vies, pour le rediriger dans un canal long bétonné et gris.
Nous sommes le Rhône – le fleuve de Tygre – à qui on a arraché ses alluvions, ses sorties en terres sauvages, à qui on a enlevé le côté organique pour en faire un simple canal à marchandise.
Nous sommes le fleuve, mais de nombreux poissons creusent
des galeries
des arêtes pourraient on dire
pour ne pas finir en squelettes vivants
et les poissons jaillissent et font circuler de minces filets, minces mais là, tant qu'il faudra.
Plein de personnes n'ont pas attendu le confinement pour mener un  mode de vie contraire à ce qu'impose le gouvernement.
Je n'ai jamais trouvé légitime nombreuses des règles « d'avant », mais je m'y pliais par crainte.
Maintenant...maintenant que je me sens
comme un poisson seul dans son bocal
je réalise que je ne peux pas en sortir
parce que dans Babe je suis un mouton
parce que je suis
trop bien éduquée
que sur moi j'ai la
main de ma maman
qui m'a donné la vie et passée la sienne en fonctionnaire, à constater le manque de fonds publics sans jamais oublier de voter à droite.
ma maman, 68 ans, qui le dimanche d'avant le confinement m'a envoyé « ai accompli mon devoir d'assesseur et d'électeur puis suis allée cueillir des jonquilles »
j'ai sa main là tout autour de mon corps comme un câlin gênant
une éducation à avoir peur
j'ai peur de tout je suis une bulle qui va exploser elle m'a expliqué ma maman
qui quand je lui demandais comment savoir ce qui est bien et mal me disait d'écouter à l'école, alors j'écoute l'école, j'apprends que ce qui est bien c'est d'être contre les méchants et comment savoir qui est méchant maman ma maman me dit
pour savoir qui est méchant écoute l'école écoute la télé écoute les livres que te donnent tes parents
plus tard mes amies sont des « mauvaises fréquentations »
elle refusera que j'aille les voir, elle refuse que je lise certains livres, que je sorte, que je fume, que j'ai des relations sexuelles, et moi comme j'ai un ennemi direct j'entrave son autorité dès que je peux, pas frontalement,
discrètement
à la frontale.
Moi aussi j'étais Rebelle dans les Supernanas avant mes dix-huit ans, puis, en sortant du lycée, j'ai explosé.
Dix ans je me suis confinée. La dépression, un meilleur maton que ma maman.
Dix ans je n'ai pas fait de vélo. Je haïssais les cyclistes. Depuis que j'ai commencé y'a un mois et demi, j'ai beaucoup réfléchis à l'homophobie.
En temps que nouvelle cycliste, je peux leur dire, aux homophobes, que cette bite dans le cul et cette chatte dans la bouche, t'en as peur parce que ça va te faire tellement kiffer que tu seras prête à t'engager pour Macron pour pouvoir continuer à avoir ta dose.
J'étais confinée depuis la sortie du lycée
mais la drogue m'a sauvée, S. m'a sauvée, mes amies m'ont sauvée, les concerts m'ont sauvée, les discussions politiques m'ont sauvée, les livres prêtés les films matés ensemble m'ont sauvée, n'empêche que je n'ai
jamais falsifié de papier
jamais fraudé les transports, excepté le métro en de rares occasions où je me chie tellement dessus que je préfère payer 2 euros plutôt que d'être aussi mal physiquement
jamais réussi à voler dans un magasin, même quand je m'aperçois que j'ai oublié un truc au fond de mon sac et que personne me demande rien je le sors
jamais menti à une figure d'autorité
toujours été
paranoïaque et über prudente
sauf là
quand j'ai paniqué
quand je me suis jetée dans la gueule d'un loup à qui je ne fais pas confiance
simplement pour ne pas passer le printemps enfermée en ville, sans pouvoir me poser dehors
pour ne pas naviguer dans ce canal long et gris
pour faire fermer sa gueule à la johnny en moi qui me dit
ça va être comme ça tout le temps maintenant
« nan ça sera pas comme ça tout le temps Johnny, t'inquiète... et puis je sais pas ça pue leur histoire, genre ils disent que c'est pour que les personnes genre dans la restauration qui ne peuvent pas travailler maintenant se rendent utiles, mais ça veut dire quoi, ça veut dire on te sucre ton chômage technique si t'y va pas ? »
S., au téléphone, résonne les johnnies en moi.
S. est mon ex. On s'est rencontrées quand j'avais 21 ans et elle 19. Aujourd'hui j'en ai 28. On s'était pas parlé depuis onze mois. Le confinement a réussi ce truc improbable : on est amies.
J'ai pensé à elle en rentrant avec ma lessive de bonne humeur, la dernière chose qu'elle m'a dit hier soir quand je l'ai appelée c'est :
« J'ai un peu la gerbe, je sais pas si c'est la bière... Je pense pas que c'est le corona, on vit à beaucoup, les autres l'auraient eu en même temps que moi... »
Je décide de prendre des nouvelles, un truc comme « coucou, comment tu vas petit chat ? ».
Ma main empoigne le portable en même temps qu'il vibre. Je viens de recevoir
« coucou, comment tu vas petit chat ? » de la part de S. Je l'appelle.
Elle a passé la nuit à faire des cauchemars et à avoir de la fièvre, mais elle pense toujours pas que c'est le corona. Les petits chats peuvent pas l'avoir, de toute façon.
Je me mets à lui raconter ma journée avec un sourire dans la voix, en l’appelant j'étais anxieuse car je sais
que c'est complètement con de s'engager dans l'armée des champs de Macron
et durant six ans de relation j'ai caché plein de choses à S. pour qu'elle ne se rende pas compte
que je suis complètement conne.
Je lui dit que si je suis de si bonne humeur par rapport à hier où je disais « je veux crever » à tout bout de champs avec une voix sérieuse, c'est parce que j'ai écouté « Heaven is a place on Earth » de Virus Incorporation en boucle ce matin, parce que j'avais tiré le Huit de Deniers en plus.
La johnny la plus vicieuse et vocale dans ma tête part du principe que S. va me trouver complètement conne si je lui explique que je tire une carte par jour qui me donne le ton de la journée. Mais aujourd'hui grâce à la thérapie et à ma volonté je sais me dire que S. ne me juge pas du Tarot, vu qu'elle me voit le tirer depuis qu’elle me connait, et qu'elle adore la sorcellerie.
Et que le Tarot c'est rien comparé à ce que je n'ai pas envie de lui dire
parce que je veux pas qu'elle me juge
mais que je veux lui dire
parce que j'ai besoin d'en parler à quelqu'un que je peux pas prendre cette décision entre une johnny paniquée et une johnny qui fait que me traiter de conne.
Je lui dis.
Elle est choquée, elle me dit d'absolument pas le faire, elle me dit tout ce que je cite depuis le début de ce texte.
Elle connait la réalité des terrains, Pole Emploi, la Drôme, les saisons, l'agriculture intensive, être enchainée au gouvernement, travailler pour être exploitée, en l'écoutant je réalise que j'aurais pu durant ces six années lui exposer mes vérités et qu'elle m'aurait répondu comme elle le fait maintenant, avec raison, sans m'engueuler, juste en s'inquiétant pour moi.
Je lui dit que j'ai regardé les trains pour Valence.
« Ah nan mais surtout pas Valence, y'a un couvre-feu là-bas, c'est les pires fachos Johnny... »
Après j'ai les larmes aux yeux et j'écourte la conversation en lui expliquant qu'avec mes amies on a décidé de faire un rituel de magie pour la nouvelle lune. Je lui explique que c'est en Bélier et en mars un mardi alors ça va nous apprendre à renaître plus combatives.
Elle trouve ça trop cool.
« Ouais voilà je m'engage dans l'armée des champs et après je fais des rituels de magie pour que ça s'améliore... je suis vraiment conne bref je vais prendre mon bain ! »
et je raccroche.
J'explose en sanglots, car je sais que je ne cliquerais pas sur lien, je sais que je resterais encore en ville,
encore un vingt-neuvième printemps en ville,
mais sans les parcs, sans les quais, sans le bus.
Je pleure car je suis perdue. Je ne suis jamais allée nulle part et maintenant que je ne peux plus j'en prends l'ampleur.
Je pleure car je sais que si j'avais été sincère avec S., durant tout ce putain de temps trop long de notre relation, ça m'aurait fait un bien fou.
Et que je me le suis refusé parce que je me déteste.
Et que chaque jour passé à me refuser du bien m'a fait me détester un peu plus, et que les jours ne reviendront pas.
Je pleure parce que par respect pour S., pour mes amies, ma sœur et ma maman, je ne me tuerais pas, ce qui ne me laisse comme autre choix que de continuer à vivre ma vie de merde avec mes choix de merde et toute la douleur de merde que je me suis infligée.
Et puis je lève la tête, je me sers le fond de pinard qui reste d'hier soir, je commence à écrire ce texte, je procrastine sur facebook et puis j'y plonge.
C'est une erreur de débutante que de dire que je suis conne si je compte faire de la magie ce soir.
Il est 21h53, je vis dans la dystopie où je réalise que j'ai jamais vécu la vie que j'aurais voulu parce que je sais pas laquelle c'est parce que je vis dans ma bulle complètement explosée et que je n'ai qu'une expérience limitée par mes quatre murs du monde et maintenant que c'est littéralement le cas je suis, non ne fais pas ce jeu de mots Johnny,
une con finie.
Mais la magie n'est pas que s'envelopper de « care » tout le temps, parfois il faut se faire la guerre.
Or ce soir,  pour la nouvelle lune, le care vaincra la guerre.
Le care sera revalorisé et la guerre délaissée.
Les hôpitaux vont avoir des milliards débloqués et les drones vont brutalement se casser.
Ce soir pour la nouvelle lune nous mettons
hors d'état de nuire
l'État qui nuit.
Ce texte est un bain. Pour le moment les sensations ne sont pas agréables. Comme l'eau froide qui vivifie me terrifie. Ce soir je ne suis pas prête, mais je n'ai pas le choix.
J'ai supprimé le mail dans ma boîte.
Les bougies attendent. Les fleurs que je n'ai pas osé jetées depuis 2016 car elles me rappellent un excellent souvenir d'un truc fugace attendent.
Mes compositions de choses cassées et flétries, ma petite pierre tombale attendent.
Ce soir c'est une renaissance, et j'espère bien qu'une des arcanes de mon tirage
n'aura pas de nom
que je puisse me renommer
en ce que bon me semble
quand le printemps viendra de nouveau.
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otadavid · 5 years
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Partie 7 - Rencontre
« A l'époque où j'ai rencontré ta mère, je venais tout juste de devenir le scribe du village.... » Le père de Léo parcourait autrefois le Nord à la recherche d'informations sur les dieux Abarians, écrivant de lourds ouvrages sur leur mémoire. Il faut savoir que dans la croyance Abarianne, il était répandu de croire en la réincarnation. Les âmes des dieux renaissaient en certaines personnes destinées à faire de grandes choses. Selon la légende, on pouvait distinguer une réincarnation de dieu par sa peau grise et ses yeux dorés. L'homme recherchait ces personnes pour les interroger. Il les questionnait sur leurs souvenirs antérieurs et consignait tout ça dans ses ouvrages. Peu de personnes s'intéressait réellement à son travail, mais Léo avait toujours vu son père comme un modèle.
C'est donc naturellement qu'il décida de reprendre le flambeau à la  mort de son père, devenant ainsi le nouveau Scribe de leur village. Mais, par où commencer ?
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« Un jour, un marchand m'évoqua une rumeur...  » Il se disait que dans un village plus au Sud se trouvait une femme à la peau d'ébène. Une femme d'une intense beauté et d'une sagesse infinie. Léo sauta sur l'occasion. Cette femme était peut-être l'une des réincarnations que cherchait son père autrefois ! C'est sans attendre qu'il prit la route pour PindeBraise. A cet instant il ne se doutait pas que ce serait l'aventure de sa vie. Après une très longue route, il parvint à destination. Mais ce ne fut pas simple de la rencontrer. La femme en question était vénérée des habitants. Un simple voyageur, un homme, abarian de surcroît, ne pouvait l'approcher. Et la curiosité de Léo ne cessait de croître.
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 «  Comme dans toute histoire d'amour, ce fut le coup de foudre. Au premier  regard, je suis tombé désespérément amoureux d"elle...  » A  force de surveiller le village, cherchant un moyen de rencontrer cette femme mystérieuse, Léo découvrit qu'elle s'absentait la nuit dans les bois à la barbe de tous. Elle se posait sur un rocher et regardait le ciel pensivement. Parfois elle chantonnait, parfois elle dansait, parfois elle fermait les yeux et sommeillait à la lumière de la lune. Léo la regardait de loin, gravant dans sa mémoire le visage de cette femme. Le lendemain à la lumière du jour, il la dessinait dans son carnet. Mais il ne pouvait pas indéfiniment se cacher, il savait qu'un jour où l'autre elle le surprendrait. Il l'espérait de tout son cœur, car il n'osait pas l'approcher. Et finalement, ce jour arriva. En voyant cet inconnu dans les bois, elle prit peur et rentra chez elle en courant. Les nuit qui suivirent, Léo ne la vit plus. Puis elle revint. Cette fois il prit son courage à deux mains et se présenta avant qu'elle ne disparaisse de nouveau.
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Leur première rencontre fut rapidement suivie d'une deuxième, puis d'une troisième... et une routine s'installa entre Léo et Esther.
Presque toutes les nuits, elle continuait de s'absenter en douce... mais pour retrouver Léo dans les bois.
Esther, qui n'avait jamais quitté son village et qui n'avait le droit de ne voir personne en dehors de sa famille, buvait les paroles du jeune homme.
Il lui parlait de son propre village, des travaux de son père, de ses amis, de sa culture, ses croyances, etc...
Il avait rapidement compris qu'Esther n'était pas une réincarnation. Elle n'avait ni la peau grise, ni les yeux dorés. Elle ne connaissait rien des choses du monde.
Mais quand il la voyait, ses yeux sombres brillant de curiosité et son sourire innocent, il n'avait aucun doute : il avait trouvé un bien plus grand trésor.
Au fil des semaines, des mois, l'amour s'installa entre eux.
Léo s'était installé dans un village voisin. Pour réduire les risques d'être surpris et séparés par la famille d'Esther, ils décidèrent de s'envoyer des lettres.
Il lui avait appris les bases de l'écriture Abarianne.
Ainsi, quand Esther ne pouvait pas le rejoindre ou que la situation était compliquée au village, elle glissait une petite lettre à l'intention de Léo dans un tronc d'arbre pour le prévenir.
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« Plus on s'aimait, plus on parlait d'avenir... »
Les années passèrent et leur amour ne se ternit pas. Au contraire, il se renforçait chaque jour.
Il y avait des moments où ils ne se voyaient pas pendant des semaines ou des mois, Léo voyageant et écrivant des livres. Mais chaque retrouvaille était plus heureuse que la précédente.
Ils parlaient de vivre ensemble. De se marier. D'avoir des enfants.
Ils voulaient fonder une famille ensemble, se créer un avenir commun.
Mais la famille d'Esther était un frein.
Elle ne voulait pas s'enfuir car elle les aimait énormément. Mais ces derniers lui refusaient toujours tout contact avec autrui.
Ils ne se doutaient pas de ses escapades nocturnes, puisqu'elle vivait dans une petite maison isolée du village.
Mais, car elle était née avec la peau sombre, on disait d'elle qu'elle était bénie par la nature. Que sa peau était de la couleur des arbres et que tant qu'elle resterait pure, le village serait sous leur protection.
Ils la gardaient en cage comme un animal rare et cher.
Elle ne supportait pas toute cette vénération qu'avaient les siens pour  son corps. Elle voulait être une femme normale, simplement.
Parfois, elle leur évoquait l'idée de se marier un jour. Mais ils la balayaient immédiatement, brisant son cœur une nouvelle fois.
Alors, elle demandait à Léo d'attendre. D'attendre qu'elle finisse par enfin les convaincre.
Et ce dernier était prêt à patienter toute sa vie s'il le fallait.
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« Mais un jour, mon cœur se brisa. En mon absence, le village de ta mère avait été dévasté... »
Toutes ces années, Léo ne se tourna pas les pouces. Esther avait finalement accepté de fuir avec lui ! « Peu importe ce qu'en pensent les  miens, ma famille c'est toi ! » lui disait-elle.
Alors il enchainait les petits boulots, laissant ses livres de côté.
Il voulait économiser assez d'argent pour son mariage avec Esther. Pour offrir une vie décente à sa future femme.
Il voulait qu'elle ne vive jamais la misère. Que leurs futurs enfants  mangent à leur faim. Il ne souhaitait pas la précipiter dans l'inconnu. Alors il travaillait dur, l'idée de ce foyer aimant le galvanisait.
Mais quand Léo, à la fin du plus long hiver de sa vie, rentra pour  enfin annoncer la bonne nouvelle à celle qu'il aimait, il ne la trouva  pas.
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PindeBraise était à moitié détruit. Les familles pleuraient les disparus.
Pour la première fois, il se faufila sans peine au milieu du village. Personne ne fit attention à ce bout d'homme.
C'est en écoutant les pleurs qu'il comprit :
Esther n'était plus là.
Avec d'autres femmes, elle avait été capturée par des esclavagistes. Personne ne savait où elle avait été emmenée.
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« Ta mère aurait pu être partout ! Le pays est grand et les esclaves nombreux. Mais ça ne m'a découragé... »
Esther avait été capturée par des esclavagistes. Ces derniers avaient eu vent de la particularité de Esther, les rumeurs sur sa beauté atypique ayant fait le tour de la région.
Ils avaient sans aucun doute trouvé un acheteur prêt à débourser une folle somme pour elle.
Léo pleurait de désespoir. Celle qu’il aimait avait toujours détesté comment son physique avait influencé sa vie.
Et alors qu'elle pensait pouvoir s'échapper de cette fausse vie, on lui ravissait sa liberté pour la même raison. Son physique, encore !
Léo ne se découragea pas. Il parcourut le pays à sa recherche.
Il interrogeait les marchands, les voyageurs, les servants des familles aisées, leur demandant s'ils n'avaient pas entendu parler d'une femme à la peau sombre.
Et au bout de deux ans, il la trouva.
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« C'est en discutant avec des villageois, que l'on me fit part d'une rumeur intéressante. » Dans le domaine du baron local, une esclave à la peau sombre avait été vue plusieurs fois. Sa présence alimentait les ragots populaires dans les villages alentour, car elle ne travaillait ni parmi les autres esclaves, ni parmi  les servants du domaine. Beaucoup se demandaient ce qu'elle faisait là. Ils l'apercevaient parfois au détour d'un couloir. Mais elle disparaissait aussitôt qu'elle croisait quelqu'un. Était-ce Esther ? Léo qui n'avait que cette piste décida d'en avoir le cœur net. Il se faufila dans le domaine, se faisant embaucher dans les cuisines. Chaque jour, il profitait de ce travail pour arpenter la zone à la recherche de sa bien aimée. Il espérait lui aussi capter ce fantôme qui était au centre de toutes les discussions.
Et ce qui devait arriver arriva. Léo retrouva Esther au détour d'un couloir.
Mais elle n'était plus la même.
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maudguyane · 4 years
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Un atterrissage en douceur.
31 octobre – 14 novembre
 Me voilà partie de métropole (et non pas de France attention !!) pour la Guyane.  Un poste de 6 mois dans la maternité de Saint Laurent du Maroni m’attend ! C’est le CHOG (centre hospitalier de l’Ouest Guyanais). Seule pour le moment, c’est une expérience inédite pour moi (je suis l’exemple de ma sœur !!!). Heureusement j’ai été bien équipé par Constant (ordi, enceinte, casque) et bien aiguillé avant mon arrivée. Ce qui m’a permis de trouver une coloc depuis la métropole et d’être donc attendue et accueillie à Saint Laurent. Dans la coloc nous sommes 7 dont 2 couples. Je suis arrivée le 31 octobre en fin d’aprem à l’aéroport de Cayenne où un taxi m’attendait. Dans le mini bus, ma voisine arrivait pour un poste d’infirmière au CHOG! Elle a reçu son billet d’avion la veille ; comme quoi je n’avais pas à me plaindre d’avoir reçu le mien 1 semaine avant le départ ! Très sympa, nous roulons 3 heures jusqu’à St Laurent. Le chauffeur va très vite, je me dis qu’il doit être au dessus de la vitesse réglementaire sur une départementale : en effet 130km/h. Au moins c’est plus rapide.
La coloc
Les styles et les métiers sont variés à la coloc : électricien, infirmière, instit, assistante sociale, interne et sage-femme (moi-même). Ils sont là depuis 2, 6, 12 mois, ici les métropolitains arrivent pour une certaine durée puis prolongent d’autant. Pour ma part ça ne se prolongera pas même d’un jour, la Roberto dictature me l’interdit. Notre coloc se trouve à côté du quartier haïtien sur la route principale qui vient de Cayenne ; on prend une piste pour quitter la grande route et le long de cette piste se trouvent plusieurs maisons alignées. La notre est accolée à une autre coloc de 6 métro et ensuite une maison avec pleins d’enfants. Juste en face des maisons se trouve la forêt, c’est agréable ! Le soir de mon arrivée les coloc m’expliquent qu’il faut faire attention et bien fermer la maison la nuit et quand on est pas là, d’autant plus en ce moment car ce sont les vacances et du coup y a plus de vol. « Les mecs viennent de la forêt et rodent, quand le chien aboie c’est que y a quelqu’un qu’il ne connait pas qui rode. L’autre jour il aboyait, David est allé voir chez les voisins qui étaient absent, il a délogé un mec qui rodait avec sa machette » okayyyy bienvenu !! Tout ça après une arrivée de nuit et une chambre petite et vide, j’étais pas rassurée ! Mais une fois le jour se levé, tout m’a paru moins hostile !!
Ce qui me réjouit dans cette coloc et dans cette ville : on ne pourra plus me dire que je n’ai jamais été en coloc, mes colocs cuisinent super bien, on joue au combo/ dutsh, il y a une piscine pour se rafraichir quand on est en sueur parcequ’on a lavé un verre, il n’y a pas d’araignée que des cafards parfois, je peux acheter des yagourts, tout est accessible en vélo, les enfants qui viennent souvent nous voir, les soirées jeux et les discussions écologie/ nature et excursions en Guyane (autant dire qu’entre les uns qui sont végétariens, les autres qui font leur propre lessive et liquide vaisselle … je ne semble pas à la page !!), il fait moins chaud qu’aux Philippines la nuit et j’ai un ventilateur pour moi toute seule, une coloc a rapporté son vidéo projecteur et son appareil à raclette de métropole, aller nager dans le Maroni, avoir réservé un vol en ULM pour le 15 décembre pour 20euros … partir le week-end en carbet !
 Les activités
De nombreuses choses à faire à St Laurent et en Guyane (mais ça sera pour plus tard!)
Saint Laurent borde le Maroni, de nombreuses criques/ plages permettent de s’y baigner ! Ne nous emballons pas, quand je dis criques et plages on parle d’eau marron et de sol vaseux mais d’une eau douce à 27 degrés je pense ! Bérénice (une coloc) fait du kayak sur le fleuve et en connait donc les courants. Elle va y nager parfois, samedi dernier je lui ai demandé de m’y emmener. Nous sommes parties avec sa voiture se garer à côté de la base de kayak et de la Goelette (bateau de pêche en bois échoué, dont un gars a décidé d’en faire un restaurant) et hope dans l’eau ! Pas beaucoup de fond et beaucoup de vase puis du fond et du courant, heureusement Béré connaît très bien les courants, je n’ai qu’à suivre. Nous remontons le rivage à contre-courant (un peu lent du coup), je peux admirer ce qui nous entoure : les hauts arbres dans le ciel bleu mais surtout les racines géantes sur lesquelles les arbres semblent marcher. Ca ressemble à la mangrove pour ceux qui connaissent. Je n’ose imaginer toutes les bêtes qui m’entourent, Bérénice m’a dit que je n’avais rien à craindre, ne réfléchissons pas trop ! Au bout de 30-45min (qui passent beaucoup plus vite que les AR dans la piscine de Levallois) nous arrivons au terrain de polo de kayak, à marée basse un étang se forme dans la végétation et 2 paniers sont suspendus pour le jeu. Bérénice m’explique la différence entre les punks à chien et les skined, elle m’explique qu’elle ne supporte pas quand dans la rue les gens la traite de rasta à cause de ses dread. Elle n’est pas rasta pour un sou me dit-elle, elle aime juste coiffer ses cheveux ainsi. Nous reprenons notre nage, direction l’île au Lépreux avec quelques consignes avant :
« on va devoir viser beaucoup plus haut que l’ile parce que juste la y a une marmite, si tu es prise par son courant et qu’il t’amène en son centre, tu ne peux plus rien faire, ça sert à rien de se débattre de toute façon tu ne sauras pas où est le haut et où est le bas, tu te laisses couler et quand tu touches le fond tu te dégages sur le côté »
« … okayyyyy man je te suis … »     
La traversée était rapide mais j’ai eu temps de flipper avec le courant qui tirait bien fort dans un sens puis dans l’autre, Bérénice paraissait bien détendue, je suivais. Comme vous l’aurez compris il s’agit d’une île dans laquelle on parquait les lépreux et cette île est voisine de l’île de la quarantaine ! L’île aux lépreux est petite, on y trouve des cabanes (4 poteaux et un toit) où vivaient les lépreux, aujourd’hui on peut venir y dormir avec son hamac mais ça n’est pas très conseillé. Les gens viennent plutôt y faire un tour en canoë. Bref, une très belle excursion ! Nous rentrons après 2h de balade/nage à la Goélette.
Lundi, le gars qui m’a refilé sa chambre dans la coloc m’a proposé de m’emmener en voiture acheter un ventilo et voir pour un vélo …trop sympa !! Il m’a expliqué les différentes ethnies de la Guyane mais ça sera pour une prochaine lettre! Puis nous sommes repassés à la coloc récupérer Camille et 2 enfants pour se baigner à la crique de Terre Rouge. C’était au coucher du soleil, marée basse, les arbres penchés au dessus de l’eau, magnifique !! (photos ci-dessous). Le ciel flamboyant, la forêt Amazonienne (pas la primaire bien sur) et le calme, un délice. Maxime va souvent à cette crique, tous les jours ou tous les 2 jours « quand t’as envie d’y aller tu m’appelle et je viens te chercher ! ». Yes cimer !! Lundi aprem avec les coloc on a tenté une autre crique « la crique Tatoue » qui n’a vraiment rien d’une crique pour le coup ! 15 min de caisse puis 15km de piste, Mahé (une voisine) s’est éclatée au volant elle se croyait au Paris/ Dakar. La crique se trouvait au milieu de la forêt : de la terre rouge, de l’eau douce qui s’écoule de bassin en bassin, on a fait trempette puis des jeux de cartes, tranquille quoi !!
Sinon niveau activité y a aussi un club de voile qui propose des cours de planche/dériveur/multi activités sur le Maroni mais vu le prix je vais peut-être plus m’inscrire au cours de salsa batchata ou de cirque !
Boire un jus de fruit frais. Au marché (2 fois/ semaine) on peut s’installer à une petite table entre le boucher et le resto de pho, et autres délice d’Asie, pour déguster un délicieux jus de fruit frais (pastèque, gingembre-citron, maracuya, banane …) et laisser son esprit flâner ! Camille (une coloc) m’y a emmenée le lendemain de mon arrivée, un délice. Un délice une fois les courses de fruits et légumes terminées au marché. On peut aussi y déjeuner : nems, rouleaux de printemps and co. Dimanche soir, nous sommes allés boire un jus de fruit à « Point couleur », une buvette sur une pelouse le long du Maroni. La buvette se trouve à côté de la piscine qui a fermé lundi pour 5 mois...dommage ! En sirotant son jus et en grignotant de cochoneries frites du Brésil on peut voir une petite île recouverte d’arbres qui est en fait un bateau échoué lors de la 2nd guerre mondiale et sur lequel la végétation s’est installée… Pas de déchetterie à St Laurent du coup les épaves de bateaux ou les carcasses de voitures sont laissées sur le lieu du naufrage/accident.. Je reviendrais à cette buvette car ils y vendent des churros !!!!! Je suis venue en moto avec le voisin et pour le retour nous sommes passé par « Paddock », le village amériendien. C’était génial, ça me rappellait les Philippines quand on louait des motos. Il faisait nuit, les habitations étaient éclairées, les gens nous regardaient passer.
Hier, comme je travaillais la nuit, et que c’était jour de marché je voulais aller y déjeuner … mais tous mes colocs travaillaient. Alors que je me baignais en musique sur l’Aziza, Max et Max les anciens colocs sont arrivés pour récupérer leurs affaires, je leur ai proposé un dej sur le marché (ne pas perdre son but de vue bien sur !!).  Max et sa sœur circacienne (qui fait du cirque, de la roue de cyr plus précisément) sont venus me chercher à l’heure du dej. Un pho et un rouleau de printemps puis nous sommes allés déguster ça sur le bord du Maroni avec un jus frai pastèque citron ! Comme beaucoup de gens ici j’ai l’impression, ils ont des vies un peu décousues/ difficiles psychologiquement. J’écoute, je pose des questions. Dépression, hospitalisation, crise de panique, père bipolaire, frère dépressif … je vous fais un condensé la mais heureusement ça n’est pas la majorité des gens non plus ! Des niveaux de vie différents de ceux qui nous entoure en région parisienne.
Les nuits en carbet.
C’est mon deuxième week-end en Guyane et me voilà déjà partie en carbet ! Merci à Adèle, une sage-femme de Louis Mourier venue en Guyane également et à Camille ma coloc. Un carbet c’est une cabane dans la forêt, souvent sur le bord d’une rivière, constitué de 4 poteaux et un toit en tôle où tu poses ton hamac pour dormir. Il y a une table et un coin feu pour le barbeuc également. Parfois des toilettes dans la nature parfois, parfois non. C’est roots. J’ai débuté par le fameux carbet de Mr Li. Samedi soir j’étais prévu avec Adèle et ses amis (des infirmiers du Chog) et dimanche avec Camille et ses collègues (des instit de 35-40 ans). Je pensais qu’il fallait marcher en forêt pour y accéder mais en fait pas du tout ! Les instit avaient prévus le matos du coup ! Les glacières étaient pleines (bières, gâteaux apéros, viandes, conserves en tout genre, brioches, céréales, nutos …de quoi nourrir un régiment). On a beaucoup trop mangé ! Le fils de Mr Li nous a emmené en pirogue à moteur jusqu’aux carbets. 20 minutes de pirogue sur la Mana (le fleuve), au milieu de la forêt si verte et si dense. J’étais déjà surexcitée. Les carbets étaient au nombre de 3 + celui des proprios. Nous sommes partis à 14h, une balade guidée dans la forêt était organisée le dimanche matin…tout ceci pour la modique somme de 35 euros (pirogue + carbet + balade), ils se font pas chier les chinois !! Quoiqu’il en soit c’était top !
Ce qui était ouf c’est surtout qu’il y avait un ponton de bric et de broc avec une tyrolienne (qui avançait très mal) … de quoi passer des après-midi à faire des saltos et autres conneries ! Deux des collègues de Camille étaient complètement tarés, c’était génial ! Surtout un, il doit peser plus de 100kg mais alors rien de l’arrête ! Je ne calculerai pas le nombre de plat qu’il a fait depuis la tyrolienne ou en tentant des figures mais le mec n’a peur de rien ! J’admire ! Il a tenté en 2 seconde son 1er salto arrière, du haut du ponton de 3 mètres je pense et il a réussit. Quand il a voulu tenter le double salto avant en partant en courant …ça a finit en ¾ de salto avec un plat final sur le dos, le fou rire qu’on a eu, magique. Nous avons tenté des prouesse avec Camille sur la tyrolienne à 2, plus ou moins concluantes mais très drôles. J’ai réussi mon 1er salto arrière demi vrille (trop saucéeeee) et avec un des mecs on a tenté le  salto avant suivi d’un plongeon …un plat chacun, la tête ou les cuisses au choix ! Martin j’ai fait ça pour toi !!! Tu m’aurais dit « mais vas y t’es nulle faut essayer ;) J’ai beau être plus jeune, ils sont beaucoup plus tête brûlée que moi ! C’était vraiment ouf, on s’est trop marré ! Objectif avec le collègue : réussir cette figure avant de rentrer en métropole ! Je vous mets des vidéos plus loin !
Samedi soir j’étais donc avec Adèle et ses potes, très sympa, puis ils m’ont un peu perdu quand ils étaient tous défoncés le soir (ça fume beaucoup la bas), du coup j’étais pas mécontente de passer la 2ème soirée avec les instits qui sont plus branchés bières ! Dimanche matin, le fils de Mr Li nous a emmené faire la balade en forêt. On y a vu un serpent chasseur, il n’est pas venimeux, se déplace à 45km/h sur 10sec puis s’arrête, si vous en voyez un il faut courir vite et ne pas de retourner ! Quelques singes sont passés haut dans les arbres mais on a surtout senti la démarcation de leur territoire, waouh on ne peut pas la louper. Nous avons vu le terrier d’une mygale squelette mais le monstre s’était caché ! Ma 1ère araignée fut pour mardi 12 novembre à la mater : une mygale bien poilue dans le poste de soin ! L’autre sage-femme et moi avons juste crié (d’une utilité incontestable) et les aides soignantes habituées sans doute l’ont mise dans une pelle à l’aide d’un balais puis dans un sac poubelle car il ne faut pas l’écraser sinon elle pond ses œufs ! Elles t’chipaient c’était énorme ! Revenons à Mr Li qui après nous avoir montré un caméléon (non je ne l’ai pas vu changer de couleur) nous a fait une démonstration de tous les pièges qu’utilisaient ses ancêtres (les Mongues) pour la chasse. Juste avec du bois, des encoches et de la ficelle. On y attrape des rongeurs comme des félins ... comme des hommes (le genou flingué ou mort tout simplement), attention aux fils tendus dans la forêt quoi !!
Le CHOG
C’est une autre paire de manche ! RDV le vendredi, lendemain de mon arrivée pour rencontrer les cadres. Dans le taxi ma voisine me dit que son RDV est annulé puisque c’est férié…ah ok merci de prévenir. Lundi j’ai rdv pour la journée de formation, pas d’heure, pas de lieu de rdv et quand je trouve la cadre dans les couloirs « en fait Maud on va faire la journée demain car aujourd’hui vous êtes toute seule mais attendez moi ici et on se voit après le staff ». Okay merci, je suis à votre entière disponibilité bien sur, demain était un jour off mais pas de souciiiis. Bref mardi journée de formation, j’ai fini en PLS quand j’ai vu toutes les taches que les sages-femmes ont à accomplir et la tête des dossiers (mazette le bordel). La formation était intéressante, présentation de la Guyane, ses populations, ses spécificités, les pathologies de grossesse, visites des services et pause déj au resto. En sortant de cette journée je n’arrivais plus à réfléchir.
A partir d’ici, les novices en obstétrique pourront avoir une petite idée de l’activité d’une maternité et les plus confirmés pourront se marrer un peu. Constant je ne parlerai pas de GHR mais t’inquiète y aura des mots techniques à réutiliser. Du coup le service de salle de naissance est constitué  de 6 salles de naissances et 4 salles de prétravail toutes nouvellement équipées (l’hôpital a été construit il y a 1 an), 2 salles de réa bébé (1 avec 3 tables et une autre pour les césariennes avec 2 tables). 3 sages femmes en salle le jour et 2 la nuit (avec une sage-femme tournante sur tous les services la nuit pour aider en cas de rush car y a de l’activité en ce moment.). Pas d’infirmière, seulement des aides-soignantes … sur qui ont peu plus ou moins compter car ici on ne se presse paaaaas. L’urgence ? C’est quoi ? Toutes les sages femmes viennent de métropole (pas d’école de sage-femme ici ni de fac de médecine …pas le niveau ?), la plus part ont peu d’année de diplôme donc c’est cool on est entre potes en fait ! Toutes les aides soignantes sont de Guyane. En gros l’hôpital tourne avec des métro pour les sages-femmes et les internes, un peu pour les médecins (les autres viennent d’Afrique et n’ont pas un très bon niveau, c’est pas évident) et les infirmiers aussi. Les locaux c’est plus les AS et la sécu.
Pour les urgences, 2 sages-femmes sont affectées jour comme nuit. L’activité est très intense le jour, beaucoup moins la nuit !! Les jours de marché y a moins de monde (forcément Madame) et dans l’ancien hôpital comme il était à côté du centre ville, quand on laissait les dames aller marcher 1h, elles revenaient 4h après les bras chargés de bouffes : « Madame tu es allé au marché ? », elles baissent les yeux comme un enfant pris la main dans le sac « non », « si Madame, me mens pas tu es allée au marché », tranquille la nana avec sa perf sur la main (pas avec le pied et la poche hein) qui va faire ses courses. J’adore.
On tourne en 12h30 ( 6h40-19h10, ce qui permet d’avoir une vraie soirée après la garde c’est cool !)
Petite particularité ici : la trappe a bébé. Habituellement lors d’une césarienne, la sage-femme s’habille en habits de bloc et va récupérer le bébé auprès du médecin dès que le ventre est incisé (on l’a fendu dit on dans notre jargon). Ici, pas besoin d’aller au bloc, on attend dans la salle de réa bébé que l’infirmière du bloc nous amène le bébé à bout de bras. La trappe donne direct dans la salle opératoire. Autant dire qu’au niveau de la relation maman bébé à la naissance…. . Habituellement si le bébé va bien on le montre à sa maman, on le met sur son ventre au chaud quelques minutes le temps de le voir et de lui faire des bisous. Là, pas de câlin, pas de bisous, juste les mains de la sage-femme puis la table d’examen avec la rampe chauffante au dessus de sa tête …. Bienvenu !!! La relation avec le nouveau-né n’est pas la même qu’en métropole, sans faire de généralité, les mamans ne sont pas autant dans le lien avec le bébé, bref ça n’a pas l’air de choquer les mamans, pour les bébés reste à voir … !
Les femmes parlent peu français ou parfois quelques mots, il faut apprendre des mots en taki-taki ou srananga (un créole) pour pouvoir poser les questions de base. C’est trop drôle comme langue, un mix de français, anglais et espagnol :
-          You fili pain ? Tu as mal ?
-          You lashi watraa ? bloudou ? Tu as perdu de l’eau ? du sang ?
-          You fili pikin seke bon ? Tu sens bien ton bébé bouger ?
-          You fili crampou ? Tu sens de contractions ?
-          You pishi bon ? Tu fais bien pipi ?
Et puis un mot omniprésent : tchiper !
Attention avec les patientes, y en a pas mal qui comprennent plus ou moins le français mais qui te disent que non elles ne comprennent pas ... pck elles ont pas envie de faire l’effort. Au début je ne le savais pas, du coup parfois je me retrouvais avec des dames qui arrivaient aux urgences : Tu comprends le français ? Elle te tchipe en disant non, j’essaie le taki avec mon anti sèche et la elle se marre en mode « pff je comprend rien », j’essaie de mimer et elle me regarde même pas. Okay meuf on va pas s’en sortir là, si tu fais aucun effort je risque pas de pouvoir t’aider. J’étais un peu désorientée du coup. Puis les sages-femmes m’ont dit : ah mais tkt elles comprennent très bien, si elles veulent pas faire d’effort tant pis pour elles. Bon du coup les interrogatoires sont assez succin ! Crampou ? oui/non, bloudou ? oui/non, watra ? oui/non. Les pathologies sont plus cognées qu’en métropole. Il n’est pas rare qu’une femme éclampse en salle ou en suite de couche. L’éclamspie c’est une aggravation d’une pathologie de grossesse liée à de l’hypertension et à une fatigue au niveau du rein. Quand une patiente éclampse elle convulse. Du coup y a un peu partout le matos pour la prendre en charge et on a tous une note plastifiée avec les médicaments à lui administrer et les dosages. Du coup si ça arrive, il faut vite lui mettre une canule dans la bouche avant que sa machoire ne se crispe. Je n’en ai pas vu encore mais on m’en a raconté pas mal. Il ne faut pas pas compter sur les médecins mais plutôt sur ses collègues sages-femmes. En effet, la dernière fois, le médecin est arrivé et est resté tétanisé devant la patiente qui convulsait ainsi que l’anesth…allô allô c’est le moment d’agir la ! On verra comment je réagis quand ca sera pour moi ahah. Pas mal d’hémorragies de la délivrance (c’est quand une patiente saigne après son accouchement, normalement on perd entre 50 et 200 cc, quand on  dépasse 500cc on parle d’hémorragie). Les hémorragies arrivent le plus souvent quand la patiente a déjà accouché pas mal de fois. Comme ici il n’est pas rare que ça soit le 7ème ou le 13ème bébé…bah forcément elles saignent plus qu’en métropole ! Hier soir j’ai reccupéré une dame qui avait accouché le matin et saigné plus d’1L, on a dû lui transfuser un 2ème culot de sang…ma 1ère transfusion !!
Parfois le service est calme mais très souvent ça peut péter d’un coup ! Mardi la journée a commencé calmement puis c’est parti en live. Un dame qui saigne, ma collègue qui demande une safe-femme en renfort, je viens l’aider, puis je ressors je retourne à mes dossiers et la mon autre collègue qui appelle de l’aide pour s’occuper du bébé qui vient de naitre et qui a du mal à atterrir et elle ne peut pas s’en occuper car sa patiente saigne un peu « coucou bébé t’es qui ? et bien on va t’aider un peu ». Et quelques minutes plus tard « une 6ème pare à 9cm qui accouche on vous la passe !!! », la dame arrive sur sa chaise, on l’allonge, ma collègue la perfuse pendant ce temps la poche des eaux se rompt et la tête arrive, j’ai juste le temps de mettre mes gants. Mes chères amies sage femmes (#safepoufsbranleuses) me liront en se disant « oui bah nous aussi on a ça parfois », sauf que là c’est pas parfois c’est tout le temps ! ;) Mais du coup j’apprend beaucoup de choses ! J’ai surtout appris à ne pas vouloir faire comme en métropole, à accepter de ne pas être aussi rigoureuse, heureusement que je l’ai vite compris sinon je me serais arrachée les cheveux et j’aurais été frustrée !
Ici les femmes accouchent sans péridurale, soit elles en ont peur soit c’est culturel. Du coup c’est bien plus rapide qu’en métropole. Parfois elles les pondent. Mais ça donne parfois lieu à des scènes absurdes. Une dame qui contracte douloureusement depuis 2 jours mais son col ne bouge pas. Elle a mal, elle hurle, de toute la journée son col n’a pas bougé (court, 1 doigt), je lui propose la douche, le ballon, le gaz (nubain impossible car rythme micro oscillant), rien n’y fait. La péri ? « non ma mère ne veut pas » « c’est-à-dire … ? elle a des contractions elle aussi ? ». Je ne veux pas juger mais c’est vrai que se retrouver devant une dame en pleure toute la journée qui se tort dans tous les sens et qu’on ne peut pas soulager parceque sa mère ne veut pas qu’elle mette de péri…c’est … inattendu. Mais bon parfois c’est la dame elle-même qui ne veut pas car elle en a peur ou "qu‘il ne faut pas ». Cette nuit je me suis occupée d’une dame toute la nuit qui ne voulait pas de péri, qui en chiait depuis plusieurs jours avec un col qui ne bougeait pas (3cm depuis 3 jours). Pareil elle ne voulait pas de péri, elle se tordait de douleur, elle était à poil dans sa chambre, elle faisait pipi dans un bassin par terre, le liquide amniotique coulait partout et elle marchait dedans…mais à ce stade de douleur on s’en fou un peu de tout ça nan ? Compliqué de la calmer quand on ne parle pas la même langue… .
A côté de ça y a aussi la patiente qui accouche sans un bruit ... ça me fascine ! Trop bien tous ces accouchements en tout cas !
Voilà voilà j’ai surement oublié pleins de choses mais c’est déjà un bon aperçu !
Ps : heureusement que je me suis coupée les cheveux avec cette chaleur !! Pas de clim dans la maison, c’est hard pour dormir la journée après mes gardes !
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cellobis · 5 years
Text
Il me fallait le nom d'un avatar, Abderrahmann, alors je t'ai choisi. En Sanscrit, avatara est la descence sur terre d'une divinité, plus précisément de chacune des incarnations de Vishnou.
Dans la religion hindoue il y a cette trinité, Brahma le créateur, Vishnou qui maintient l'ordre créé et Shiva, qu'on dit être le destructeur mais qui réveille tout le monde entier avec tous ses bras.
Dans notre religion il y a cette foutue trinité, le père le fils et le Saint Esprit
-à quoi ça rime, chez nous Allah se suffit à lui-même.
-je vais te dire, c'était une conversation que javais euue avec un jésuite quand j'étais étudiant. Il me disait toujours, simplifie pour comprendre, il le faut. Le père, c'est le dépositaire de toutes les connaissances, une énorme bibliothèque, un colossal coffre fort contenant la banque de données absolues, une somme complète de toutes sagesses. Le fils, c'est la fougue de la jeunesse vitupérante qui vit à fond dans le monde vivant. Divin, il ne court pas en s'essouffant mais montre calmement le chemin, principalement celui de l'amour. Il est dans toutes les formes de partage entre les hommes qu'il connait si bien. Il leur connait toutes les ffacettes puisqu'il est fondamentalement humain. Quand il lave les pieds de Marie Madeleine il les caresse avec un amour qui est plus que dévôt, avec un amour d'amant.-
-A-t-elle été sa maitresse ? Car il a dû connaître une ou plusieurs femmes, lui l'Ecce Hommo, qui comme tout un chacun se réveille le matin en bandant.
-Et alors, c'est la vie, la vraie vie, la vie vivante. Tu sais, c'est la plus grosse cônnerie de la religion catho, son appéhension du sexe ; c'est du tout grand n'importe quoi. Jusqu'en l'an 350 le célibat des prêtres n'était pas de rigueur, c'était naturel et donc si simple. Bon pour y revenir, moi de lui répondre à mon sage d'alors, tout ça je suis capable de comprendre, mais le St Esprit, c'est du vent, ça me dépasse. C'est très simple, me dit-il, enlève-moi ce foutu « saint » il reste « esprit ». C'est du sel dans la soupe, point. Il en faut juste ce qu'il faut pas trop, pas trop peu, mais il en faut absolument sinon c'est dégueulasse. Voilà, Abderr. Ce savant riche de quarante années d'université et d'études exégétiques des textes complexes sur la sainte religion catholique apostolique et romaine en arrivait à me faire comprendre l'incompréhensible avec une pincée de trois grains de sel. De là vient mon mécanisme de simplifier tout à outrance ; j'ai toujours fait ça de façon exagérée, dans mon métier, dans mes amours ;
Et pour toi, Abder, il me fallait vous, les trois Algérois, autre trinité. Il y a toi, l'économiste, le vieil ami de quarante ans, ancien coloc de nos vingt ans, qui habite maintenant Alger, qui me répond parfois quand tu as envie, limite en me snobant, c'est vrai, tu as tant de responsabilités dans tes fonctions supérieures, pas comme avant, comme quand on se regardait dans les yeux, alors presqu'ados...
Il y a toi le chirurgien, le vieux collègue de travail. Avec qui on boit un café bien serré, sur une terrasse de café, maintenant une fois par semaine en prenant le temps au temps. On s'observe à travers la fumée de nos clopes sans rien dire : il n'y a rien à dire sinon sourire. Combien de fois on s'est regardé dans le fond des yeux sans comme ça rien dire, aussi quand ça allait mal dans le service, quand on s'engueulait?
Et il y a toi, le maître de lettres, le jeune esthète que je n'ai jamais rencontré si ce n'est par ton blog. Tu es brillant, tu es beau, tu es jeune, tu es homo, tu es poète, surtout, tu écri comme un Dieu. Et moi, ben, j'aime ce qui brille, ce qui est beau, ce qui est jeune, ce qui est homo, ce qui est poète. Tu me fous des claques comme un jeune. Ça me remet les idées en place, j'encaisse, mais j'adore. Tu me fais la gueule et ne répond plus que par des silences, je dois te pomper l'air avec mes petites misères, même qu'y en a eu de graves, tu le sais. Tu arrives à me toucher en silence jusqu'aux larmes. Dommage, car comme vous, les deux autres, j'aurais bien voulu te regarder dans le fond des yeux aussi le temps d'un café à Paris ou ailleurs, on ne risque vraiment pas grand chose. Que tu m'expliques pourquoi j'aime tant les garçons, alors que vous deux les jeunes premiers, vous n'aimez rien que les filles, et me jugez, je le sais.
Dis-moi, Ader, il y a un truc qui m'échappe. C'est tous les Algériens, c'est tous les Algérois qui sont comme ça ? Vous, tous les trois quand vous me regardez, vous me piquez jusqu'au cœur, pourquoi, explique-moi.
Tu vois, Abder, dans mon troisième livre qui devient un pavé lourd à digérer, j'avais besoin d'un personnage fort avec qui dialoguer. Je n'ai pas le coffre ni la prestence d'un Tersiano Tersani qui partage son dernier été avec son fils. Lui, il a été une somme quasi théologique, philosophique, journalistique, photographique du monde, en tant que correspondant pour Der Spiegel. Quand il dialogue avec son fils, mourrant, dans une longue conversation de trois mois, il ballaie tous les registres de la vie. Que suis-je, moi à côté de cela, dis-moi sincèrement ? Qu'ai-je à apporter si ce n'est à me raccrocher à des branches supérieures. Je n'ai même pas de longue barbe à tortiller comme lui, qui a si fière allure.
Tu vois, Abder, il n'y a pas de hasard. Un tabouret est stable dès lors qu'il a trois pieds et nous ne sommes pas stables avec nos deux jambes qui courent sans cesse d'un lieu à un autre, moi le premier qui n'ai fait que courir, et donc trébucher toute ma vie. C'est drôle, pour la dédicace hier, j'étais assis sur un tabouret, et je me tortillais dans tous les sens.
Et on remet ça demain dans une autre librairie, mais cette fois avec mes deux bouquins, et je vois venir les critiques déjà. Je suis mal à l'aise, tu sais : droit dans mes botes pour le petit roman qu'il fallait sortir car j'aime outrager et pas que les magistrats, mais complètement de travers pour le recueil de poèmes qui est mon coming de in out vers l'envers...
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panelun · 5 years
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Le fils du lac, partie 1
c’est en ouvrant cet énième roman sur une “amitié particulière” entre garçons que je me suis persuadée qu’un réseau d’écrivains et d’éditeurs avait infiltré Signe de Piste pour publier les romans les plus ambigus et exceptionnellement gays de l’histoire de la littérature jeunesse, fut-elle de ce siècle ou du dernier.
Je n’ai pas de preuves, mais aucune autre explication plausible.
Si vous ne voulez pas suivre cette affaire, vous pouvez blacklister #la petite sirène chez les scouts .
Chapitre 1 
Notre personnage principal, Axel, vient de se disputer avec son CP et n’arrive pas à dormir. Il est soudain pris d’une inhabituelle et violente envie de boire et quitte sa tente pour se rendre près du lac bordant leur campement. Sur place, il entend chanter.
Une voix argentine, si claire, si jeune…
— Ah, le coeur de la rose, ah le parfum du lys blanc, 
Ah, le narcisse éclos, le colchique des champs !
Axel panique, se demandant qui peut chanter “avec une aussi émouvante pureté”. Il appelle mais personne ne lui répond.
Je serai, pour ma part, repartie en courant, mais lui s’allonge près de l’eau parce qu’il n’a manifestement aucun instinct de survie. Ce que la suite de ce chapitre s’empresse de confirmer.
Tandis qu’il se regarde dans l’eau, il voit une silhouette se superposer à son reflet, puis émerger. C’est un garçon blond, torse nu, avec un morceau de corail en collier autour du cou. Etrangement, Axel n’est pas surpris, même lorsque le garçon affirme être un prince et ne pas pouvoir mentir, même s’il le souhaite.
 Loll, le garçon qui vient d’émerger, prétend l’avoir appelé par une chanson. 
(Un prince… une belle voix… ça doit être un cousin d’Eric….)
 Après avoir observé les scouts pendant quelques jours, il lui a pris l’envie de devenir ami avec eux et a donc appris l’une de leurs chansons en pénétrant leur rêve afin de les attirer.
C’est un rien louche…
D’ailleurs, Axel prend plutôt bien l’idée qu’on ait infiltré ses pensées et ne semble pas particulièrement étonné. Il ne doit pas être bien réveillé, à moins que ce ne soient les charmes de la sirène qui l’envoutent.
Quoi qu’il en soit, Loll est plutôt satisfait qu’Axel soit venu seul car il ne voulait pas attirer tout le camp.
Et ça ne va pas en s’améliorant… Il raconte, à cette occasion, qu’il a déjà voulu devenir ami avec un humain, mais que ceux qui vivent “plus bas” étaient jaloux et l’ont tué. 
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Bon. Je me retiens de dire quoi que ce soit depuis le début, mais si Axel avait écouté ses cours de français ou d’Histoire en sixième, ou s’il avait assez de culture pour connaître L’Odyssée, il aurait déjà crapahuté ventre à terre jusqu’au camp scout et ne serait plus retourné près du lac. J’en connais plus d’un qui est mort pour ne pas avoir écouté les légendes. 
Axel, d’ailleurs, est tout de même prudent. Il prend la parole et raconte que, quelques jours plus tôt, un être inconnu l’a blessé à hauteur de ceinture tandis qu’il nageait dans le lac (une sirène essayait-elle de l’émasculer ou…). Il lui demande donc s’il risque quelque chose.
— Non, répondit-il enfin avec la sensation de commettre un mensonge, il ne te feront pas de mal.
Mais je croyais qu’il ne pouvait pas mentir ? Que tout ceci est louche…
Loll  explique qu’il règne sur tout ce qui se trouve sous l’eau qu’il a une petite amie…
Attendez… Quoi ?
Ah ! Attendez : c’est une étoile de mer, c’est une “petite amie” au sens propre, et je crois que c’est une mauvaise imitation de la rose du Petit prince de Saint-Exupery. Axel n’est pas prêt d’avoir de la concurrence…
De plus, le garçon veut vivre parmi les humains et demande à Axel ne nouer une promesse avec lui. Sans quoi, “les autres” ne croiront jamais qu’il s’est rendu chez les hommes, comme l’ont fait tous siens avant lui, semble-t-il.
Bien évidemment, Axel refuse et s’enfuit en courant.
Hélas…
Naïf, pour ne pas dire “complètement con”, Axel accepte instantanément. Ce n’est pas comme si Loll avait avoué lui-même qu’il avait des pouvoirs de persuasion très forts (puisqu’il peut attirer les hommes jusqu’à l’eau en les persuadant qu’ils meurent de soif) et que ses semblables noyaient les humains, surtout ceux qui se liaient d’amitié avec leur prince !
Et puis bon, ça m’a pas l’air très catholique, de faire un pacte avec une créature païenne !
Axel jure malgré tout :
À la face de tout ce qui meurt dans les eaux, je jure — il regarda le garçon — je jure de ne t’abandonner ni te trahir jamais !
Une brusque fureur fit explosion à la surface du lac, une rumeur s’étendit d’une rive à l’autre, la lune se voila brusquement, et le lac ne fut plus qu’une abîme sombre, angoissant, convulsé de colère, ouvert presque sous les pieds du scouts qui poursuivait d’une voix claire.
— Ta cause sera ma cause, ton royaume ma Patrie, j’appellerai tes frères mes frères…
Un sourd gémissement courut sur le lac, des voix implorantes s’élevèrent, pathétiques dans la nuit : on eût dit que des milliers de plaintes habitaient l’ombre hostile, cependant que des vagues furieuses venaient se briser à la base du promontoire.
— Je jure, redit Axel. 
Ah ! Je l’avais bien dit que papa lac ne serait pas content ! Mais en plus, cet idiot d’Axel lui a fait une promesse d’épousailles !
Promesse qui s’avère d’autant plus valable que, sans le savoir, Axel a prononcé les mots officiels et qu’elle est donc magiquement valide. 
— Maintenant, il faut la sceller.
— Et cela ne peut se faire sur terre, tu sais.
Donc les garçons s’approchent du bord du lac et s’apprête à se “jeter à l’eau”, ensemble.
— Oui ?
— Oui.
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J’ai mille chose à dire sur la symbolique de cette scène, sur le fait de “se jeter à l’eau avec quelqu’un” après avoir échangé un “oui” symbolique, sur la dimension érotique de l’eau dans Gaston Bachelard, mais ma vie est trop courte et ce roman est trop gay. En gros, j’interprète cette scène de “promesse scellée” comme une chaste métaphore de “mariage consommé”.
Ainsi, dans la tiède nuit de septembre, fut scellée la promesse entre Loll et Axel.
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Conclusion : quand on est un scout qui ne croit pas au darwinisme, soit meurt jeune, soit on vit assez longtemps pour se trouver un petit blondinet pour âme-soeur, potentiellement un prince, et manquer de mourir par sa faute (Eric, je te regarde).
Chapitre 2 
Ellipse. On ne saura pas ce qu’ont fait les garçons dans l’eau. Axel revient sous la surface et son étoile de mer lui fait la tête (tu m’étonnes !) et il s’endort dans sa grotte.
Le lendemain, Axel se réveille avant tout le monde. Il a autour du cou le collier que lui a offert le garçon.
— Je te donne cette chose blanche que maman mit à mon cou quand j’étais petit, elle commande à beaucoup de magies, elle ferme ma Promesse à moi…
Donc Loll lui a donné en cadeau de mariage son bien le plus précieux, qui s’avère être un artéfact magique et lui avait été offert par sa mère, la reine des eaux.
On nous précise d’ailleurs que les eaux du lacs étaient comme “atterré”.
Elles devaient certainement se dire que leur Prince était un crétin fini pour donner un aussi grand pouvoir à un scout qu’il connaissait depuis cinq minutes.
M’enfin, il est beau, c’est déjà ça.
Et nous sommes partis pour une page de “Oh, ma vie était tellement triste avant que je ne le rencontre. Mais quel est donc ce sentiment que j’éprouve ? Je n’ai jamais rien ressenti de pareil…”
Il y avait, oui, cette amitié, si curieusement et si franchement offerte, mais aussi quelque chose de plus, qu’il eût été bien incapable de démêler avec netteté.[…]
Et voici que pour la première fois il se sentait comblé… Quelqu’un était venu, les mains ouvertes, avec les mots qu’il attendait, des exigences pareilles aux siennes…
Je vous épargne le reste, vous avez compris l’idée.
Que diraient les autres s’il leur contait cette nuit fantastique où il avait promis loyauté et fidélité à un garçon inconnu qui prétendait habiter le fond du lac où il possédait un palais !
Oh, j’aimerais bien le savoir…
Les scouts : Axel ? Tu as fais quoi, après la prière la nuit dernière ?
Axel : Je me suis marié au prince des sirènes après avoir effectué un rituel satanique.
Le CP : Scouts ! Apportez l’eau bénite ! Vite !
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Mais comme Axel n’est pas trop stupide non plus, il ne dit rien aux autres et regarde dormir ses camarades…
Mais c’est une manie ma parole !
On apprend ainsi que le CP, Michel, est plus craint qu’aimé, que son second, Thierry, est en rébellion contre lui et on nous présente brièvement les autres scouts : Dominique, Jacky, Ralph et Antoine, dit “Tony”.
Pendant ce temps, Loll se réveille. Son père, quelque peu fâché, est venu lui rendre visite et, très fils-à-papa, Loll se jette dans ses bras. Le vieil homme lui demande pourquoi “avoir fait ça” et le garçon répond qu’ “ils” se sont tous rendu chez les hommes. Il prétend, de plus, être malade depuis qu’il a vu les hommes.
— Ah ! Je ne peux plus vivre si je ne les vois plus !
Mais non, mon petit. Tu es juste un peu gay et un peu mélodramatique…
Papa lui explique que tous ses frères et soeurs sont morts à cause des hommes et qu’il est son dernier fils. Aussi, il n’acceptera pas qu’ils lui fassent du mal et promet une terrible vengeance s’il lui arrive quoi que ce soit. Il lui donne trois nuits pour y réfléchir. Le garçon accepte et rejoint la surface.
Axel l’y attend, et profite de la vue.
Il regardait le petit prince : il portait toujours le short marron un peu décousu à la couture, de chaque côté. Torse nu, il paraissait admirablement hâlé dans la lumière un peu impitoyable du milieu du jour. Avançant le doigt, Loll toucha légèrement le corail blanc qui se détachait sur la poitrine du scout :
Loll lui dit qu’en lui donnant ce collier, il a “scellé des choses qui ne seront plus jamais détruites” et demande à Axel s’il le lui reproche.
— Non, répondit Axel, au contraire.
— Alors, Axel, tu te lèves et tu me prends par la main […] Quand nous arriverons, le grand dira : “Qui nous amènes-tu, Axel ?” Et toi tu répondras : “C’est mon petit ami du lac !”
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La bonne nouvelle, c’est qu’ils semblent bien le prendre.
Mon pessimisme, mes études de narratologie et le résumé au dos du livre m’incitent cependant à penser que ça ne va pas durer…
Partie 2
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CHARLOTTE
- Vous êtes toutes des gourdes, toutes. - T’es con, ça n’a rien à voir… - Mais si, ça a à voir ! Il suffit qu’un mec ait un peu de fric et vous invite à l’hôtel pour qu’au bout de deux jours vous pensiez déjà au mariage, aux enfants et aux vacances d’été au bord de la mer. Vous êtes des gourdes, c’est tout. - Dès qu’il m’a parlé de Manon, je l’ai laissé tomber. Je te l’ai déjà dit. On n’est pas toutes des gourdes. En tout cas pas moi. C’est trop facile de dire ça, Bruno, et tu le sais. - Ouais, ouais…
Sa franchise a toujours eu le don de l’énerver, mais aussi de la rassurer. Au moins, on sait sur quel pied danser avec lui. Même quand ça te met la réalité bien en face. Ce qui arrive d’ailleurs bien plus souvent qu’on ne pourrait le penser, comme maintenant par exemple. Les avis de Bruno sont parfois si tranchés que Charlotte ne sait pas comment y répondre, comment lui faire comprendre que rien n’est jamais aussi noir et blanc. Comment ne pas paraître naïve face à un cynique ?
- Nouveaux cours de yoga. Je t’ai dit ? Je prends des nouveaux cours de yoga. Au Royal Savoy. Je veux dire. La classe, non ? Mon prof a décidé de changer de salle et s’est dit que le Royal Savoy était un choix possible. Et la preuve, ça a marché. Alors maintenant, je vais faire mon yoga au Royal Savoy. Tu y crois ? - Tu viens de dire trois fois « Royal Savoy » en moins de trente secondes… Redescends sur Terre, tu veux. - Rhoooo ça va… - Tu as toujours su t’accoquiner avec les nantis, de toute façon, c’est ton super pouvoir, ma vieille. Alors à partir de là, plus rien ne m’étonne. C’est d’ailleurs pour ça que je traîne encore avec toi. Un jour, tu me présenteras un de tes riches amis, encore dans le placard, je l’en sortirai et hop, je vivrai la plus grande histoire d’amour de tous les temps. Vacances dans les îles, entrées VIP au Festival de Cannes, chez Maxim’s, etc. - Ah bah voilà. Je ne suis pas la seule gourde ici finalement. Arroseur arrosé, mon cher. - T’es bête. - Oui, je sais, et toi aussi. C’est pour ça qu’on « traîne » encore ensemble. Sale jeune.
Ils rient.
Sur un des sièges devant eux, un vieil homme se retourne et leur fait signe de se taire, tout en pointant l’écran géant qui domine la salle. Le film commence, mais on n’en est encore qu’aux logos. Faut pas exagérer non plus. Si on ne peut plus discuter au cinéma, où va le monde ? Ils rient de nouveau, plus discrètement, et finissent par se taire.
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Ça fait des années qu’elle n’était plus venue au CityClub, petite salle indépendante de Pully, qui malgré le fait d’être excentrée de la ville a une très belle configuration et une très bonne programmation, selon Bruno bien sûr. Elle, ne connaît presque rien en cinéma, si ce n’est les dessins animés Disney de son enfance et les quelques films obscurs que Bruno a réussi à lui faire découvrir. Comme ce film chinois, Les Éternels, d’un réalisateur engagé et si doué dans sa mise en scène et dans la portée de son propos, selon Bruno toujours. Charlotte ne serait même pas capable de dire correctement son nom, qui s’affiche d’ailleurs à l’instant sur l’écran. Jia Zhang-ke. Qu’est-ce que c’est que ce nom ? Comment pourrait-elle dire ça à voix haute ? Peu importe. Le film commence vraiment et la salle est maintenant totalement silencieuse. 2h21. Le film a duré 2h21. Charlotte n’a pas l’habitude de voir des films si longs. Mais elle l’a aimé. Elle croit. C’est difficile de se faire un avis quand quelqu’un à côté de vous passe son temps à encenser quelque chose auquel vous n’avez pas tout compris. Mais elle a quand même l’impression d’avoir aimé, sans vraiment savoir pourquoi, ce qui lui convient très bien. Bruno, lui, sait exactement pourquoi il a aimé le film, il le savait même avant que la première image n’apparaisse.
Ils sortent du cinéma. Il fait bon ce soir. C’est le début du printemps et l’air est encore un peu frais, mais plus rafraîchissant que frigorifiant, comme c’était le cas il y a un peu plus d’un mois.
Ils arrivent à l’arrêt de bus et quelques minutes plus tard, le 9 Prilly-Eglise arrive. C’est un de ces vieux bus avec une remorque. Ça fait des années que Charlotte n’en a pas pris un. Ça lui rappelle son adolescence, quand elle habitait en périphérie et qu’elle devait prendre le bus pour rejoindre ses copines, au Flon, au Mica, au Buzz ou même parfois au Jagger’s. Des endroits où elle n’oserait aujourd’hui plus mettre les pieds, de peur de réaliser qu’ils n’ont pas changé, alors qu’elle si.
- Et puis sinon, depuis ce gars qui se faisait payer le Palace par la télé, personne d’autre ? l’interrompt Bruno. - On n’est pas tout le temps obligés de parler de cul, tu sais, lui répond-elle, encore un peu dans ses pensées. - Je ne parle pas cul, là. Je m’enquiers de tes relations sentimentales. Ce n’est pas du tout pareil. - Oui, tu commences souvent par ça et tu finis toujours par me demander s’il est bon au lit. - C’est vrai. Mais comme tu viens de le dire, cela ne vient que dans un second temps. - Eh bien non. Rien du tout. J’ai même pas essayé, tu vois. J’en ai peut-être marre qu’on me prenne pour une conne, ou pour un trou. - Toi, tu n’es pas encore tombée sur celui qui te fera sentir femme. - Je me sens déjà femme, merci de t’en inquiéter. Je n’ai besoin d’un mec pour ça. - Elles disent toutes ça, tu sais, et puis après elles… - Elles pensent au mariage, aux enfants et aux vacances d’été au bord de la mer, c’est ça ? - Je… - Toutes des gourdes, tu parles. - T’énerves pas, Chacha. - Alors arrête de dire de la merde ! Et ne m’appelle pas Chacha. C’est ma mère qui m’appelait Chacha. Personne d’autre.
Bruno ne répond pas. Il se détourne et regarde par la fenêtre les feux des voitures qui croisent le bus en sens inverse. C’est rare qu’il se taise aussi rapidement, qu’il abdique. Pour une fois, Charlotte a eu le dernier mot et ça lui fait étrangement plaisir. Elle sourit intérieurement.
Le bus arrive à Saint-François. Cette dispute, si on peut réellement appeler cela comme ça, a bien fait passer le temps. Charlotte se lève et fait la bise à Bruno. Il lui sourit. C’est déjà oublié. Il n’a jamais été rancunier et ils ont déjà eu des discussions bien plus mouvementées que celle-là au cours de leur ils-ne-savent-plus-combien d’années d’amitié.
Elle descend et le bus repart. Elle se retourne pour jeter un regard à Bruno, mais ce dernier a déjà la tête penchée et le visage éclairé par la lumière de son smartphone. Elle hausse les épaules et commence à remonter la rue Benjamin-Constant.
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Charlotte habite à la Rue Marterey. Au numéro 56, juste en face du Zooburger. Elle pourrait couper par la Rue de Bourg, pour aller plus vite, mais n’aime pas passer par là, la nuit. Il y a presque toujours des mecs bourrés et des dealers presque tous les dix pavés. Et c’est samedi soir, 23h24 : le pic de fréquentation. De toute façon, elle aime marcher la nuit. Quand tout est plus calme, plus solitaire. Souvent elle allonge même son chemin avant de rentrer, exprès. Elle prend différentes rues, tourne même parfois en rond. Elle n’a pas peur de la nuit et des gens qui y vivent, tout ce qu’elle veut c’est qu’on la laisse tranquille.
Au feu, elle traverse la chaussée et se retrouve sur le trottoir qui longe le « Parc des Droits de l’Homme », comme les Lausannois l’appellent, un grand nom pour un petit espace. Des jeunes y sirotent des bouteilles de vodka, tout en écoutant du mumble rap incompréhensible (comme son nom l’indique). Mais déjà son attention est ailleurs, sur le néon du Capitole, un autre cinéma dont Bruno lui parle depuis des temps ancestraux, et surtout au-delà, sur la vue sur les Alpes françaises. Le lac Léman, Evian et les sommets enneigés, une vue qui la bluffe à chaque fois qu’elle la redécouvre.
Elle marche ainsi les quelques dizaines de mètres du trottoir, la tête tournée vers ce spectacle trop souvent considéré comme acquis par les habitants de la ville. Charlotte, elle, en profite jusqu’au bout et ça lui fait un bien fou. Elle se sent privilégiée, de vivre ici et de pouvoir admirer cette vue quand elle le désire. Surtout la nuit où les lumières artificielles révèlent la face cachée des montagnes, comme une œuvre d’art, pure et intouchable, qu’elle seule aurait de droit de voir.
Elle pourrait sortir ce soir. C’est l’heure et le soir pour danser, pour boire, pour oublier sans trop être jugée. Elle le pourrait, mais ne sait pas si elle en a l’envie. Ce qui est le plus important finalement, se dit-elle. De quoi a-t-elle envie d’ailleurs ? Ici et maintenant, au milieu de l’effervescence du quartier Bessières, avec tous ses bars, ses restaurants et ses boîtes de nuit plus ou moins recommandables.
Elle veut rentrer chez elle. C’est ça. Se reposer de sa semaine. Être seule. Tranquille. Avec elle-même. Sur son canapé, dans son lit, peu importe.
C’est la première fois que ses désirs sont si clairs et cela l’étonne. Elle sourit, à personne, pour elle-même, contente d’avoir réussie à s’écouter pour une fois.
Elle repense alors à ce que Bruno lui a demandé dans le bus. Si elle avait rencontré quelqu’un d’autre depuis ce riche connard dont elle a déjà oublié le nom. Maintenant elle se demande si elle veut rencontrer quelqu’un de nouveau. Cette pensée ne lui avait jamais encore traversé l’esprit, qu’elle ait le choix de ne pas vouloir être en couple, de ne partager ses nuits qu’avec elle-même. C’est une nouveauté et elle lui plaît. Peut-être qu’elle serait un très beau couple à elle toute seule. Pourquoi toujours avoir besoin d’être avec quelqu’un ? Pour que vos copines ne vous plaignent pas ? Pour que les publicités et les séries télé ne s’adressent plus à vous ?
Elle traverse la Rue Langallerie et sur le passage piéton, un jeune homme la croise et lui adresse la parole. - Hey, mademoiselle ! Vous êtes très jolie, vous le savez ? - Oui, je le sais. Merci, lui répond-t-elle du tac-au-tac. Pris au dépourvu, le jeune ne lui répond rien et elle l’entend continuer sa route de l’autre côté de la rue, avant que les voitures ne reprennent possession de la route.
Boys will be boys, pense-t-elle alors. Ce qui lui rappelle une chanson de Goldfrapp, qu’elle doit encore avoir quelque part dans sa collection de CDs qu’elle n’utilise plus. Ce soir serait d’ailleurs une parfaite occasion pour la trier, se dit-elle, et pour réécouter la musique qu’elle aimait quand elle prenait encore le temps de l’écouter.
Cette perspective la remplit soudain de bonne humeur et elle accélère le pas, faisant claquer plus fort ses talons sur les pavés de la Rue Marterey.
Prochain portrait : JUSTINE, 6 mai
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Vu que beaucoup de francophone (y compris moi) voulez savoir ce qui se passe si on se rend au concert avec Priya, je vous ai traduit toute la vidéo.
Thank you again @sakurina-mcl to accept translating this video, you’re a lifesafer !
“ Priya : Hey !
Sucrette : Salut ! Tu es arrivée pile à l'heure. J'ai eu le temps de me préparer et de me faire jolie jusqu'au dernier petit détail.
Priya : Wow, tu es ma-gni-fique ! (prenez la voix de Cristina pour plus de fun)
Priya: Cette tenue te va à ravir.”
A. Tu trouves ? Je n’étais pas vraiment sûre…
B. Tu n’es pas mal non plus. +5
“ Priya : Hmm, je n'ai pas vraiment changé non plus...
Sucrette : Tu es tout le temps jolie Priya, c'est naturel chez toi. Donnes-moi tes tips.
Priya : Je n'ai pas de tips ! Mais j'aurais voulu en avoir.
Sucrette : Alors... Je pense que j'ai tout ! Prête à y aller ?
Priya : Allons-y.
Priya : On dirait qu'on est pas les seuls à s'y rendre. ”
(En effet, plusieurs étudiant se rendez à la même direction que nous.)
(Je peux entendre les rires et les gens qui discutent d'ici, le bar n'est plus très loin.)
(Wow, la rue est bondée ; il y a déjà une grande queue !)
(Beaucoup d'entre eux sont en train de parler avec leurs boissons à la main.)
(Il y a de la musique, mais ce n'est pas le groupe de Castiel. Il n'avaient pas encore commencés.)
“ Sucrette : L'ambiance est pas mal.
Priya : Difficile à croire, je ne m'entendais pas à ça.
Sucrette : Tu veux qu'on prenne un verre à l'intérieur ?
Priya : Bien sûr, laisses-moi t'offrir le premier verre.
Sucrette : Oh, merci, c'est adorable.
Priya : J'ai juste dis le premier verre. Je te laisse t'occuper des dix autres.
Sucrette : Hahaha, dix ! Je ne pense que je vais réussir à rentrer sain et sauve au campus après ça.
Priya : Je ne sais pas si j'ai envie de me fixer des limites ce soir... C'est une bonne opportunité à ne pas loupé, n'est-ce pas ? Nous marchons jusqu'à chez nous, ce n'est pas comme si c'était dangereux. ”
(« Pas comme si c'était dangereux »... Je n'en suis pas si sure...)
(A chaque fois cette même image déplaisante défile dans ma tête. En plus, c'était la première nuit de mon retour ici... J'ai l'impression que le danger est omniprésent.)
(Je dois arrêter mon obsession là-dessus.)
(Après tout, je ne suis pas seule. Priya sera là.)
(Et je ne vais pas m'arrêter de vivre non plus!)
(J'ai levé les yeux en soupirant.)
A. Je te suis, j’ai envie de passer un bon moment ce soir. /
B. Tout dépendra des boissons qu’on aura. -
“ Priya : Je prendrais soin de toi, ne t'en fais pas. ”
(Priya me prit par la main et m'emmena devant en direction du bar.)
(En me rapprochant de plus près du bar, je me suis arrêtée net.)
(C'est...)
(C'est l'un des types de le dernière fois. J'en suis certaine.)
(J'ai regardé le type de la tête au pied, les mêmes habits, la même allure.)
(Il est... Il est en train de parler avec Nath.)
(Mon cœur se mit à battre plus rapidement. C'est une blague ?)
(Alors ils se connaissent bien...)
(Non seulement Nath traîne avec de genre de gars, mais en plus de ça, il traîne avec cette personne en particulier. Celui qui m'a agressé...)
(J'ai commencé à serre les poings, je ne sais pas si j'ai envie de m'écrouler en morceau ou de péter un câble, là, devant tout le monde.)
(Ils sont dans un coin du bar. Il y a tellement gens devant la porte, j'ai du mal à voir ce qu'ils sont réellement en train de faire.)
“ Priya : Sucrette ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Qu'est-ce que tu regardes ?
Sucrette : Rien... Mais... ”
(Je me mit à la pointe des pieds pour pouvoir regarder de plus près.)
(Puis tout à coup je me suis fait projeter et entraîner dans tout les côtés.)
(Des cris se font entendre dans le bar.)
(Le concert va commencé !)
(Je n'ai pas eu la chance d'y penser ; j'ai été emporté par la foule qui voulaient se rendre à l'intérieur du bar.)
(Le bar était plongé dans un noir profond...)
(A la fin, une fois à l'intérieur, tout le monde était devant la scène donc j'avais assez d'espace pour moi-même.)
(Pendant quelques secondes, j'ai regardé autour de moi pour chercher Priya du regard.)
(Je crois que je l'ai perdue dans le trajet jusqu'au bar !)
“ Priya : Je suis là ! ”
(Elle a glissé un mojito glacé dans ma main.)
“ Sucrette : Déjà ?! Comment tu as fait pour te faufiler avec cette foule et avoir le temps d'obtenir un mojito ? Haha !
Priya : Comme chaque bons magiciens, j'ai un assistant.
Priya : Le barman est un ami ; c'est pratique pour se faire servir avant tout le monde. Je n'avais pas prévue de lui demander une faveur, mais il était pressé de s'en aller !
Sucrette : Merci pour le morito, par ailleurs.
Priya : C'est un bon début pour une soirée. ”
(J'ai repensé à l'un des agresseurs que j'ai aperçu en train de parler avec Nath, mon estomac se noua...)
“ Sucrette : Oui, c'est vraiment un début de bonne soirée avec toi, Priya. ”
(Nos verres se sont entrechoqués entre elles et nous nous tournons face à la scène.)
(La musique lancée par le DJ s'arrêta. Les projecteurs se sont braqués sur la scène.)
(Les rideaux sont fermés, plusieurs personnes ont poussé des cris dans la salle pour encourager à commencer.)
??? : CASTIEL !!!
??? : Alleeeez !
??? : Crooooowstooooorm !
(Soudain, une guitare s'est mise à grincer. Bien que les musiciens n'aient pas encore fait leur entrée, on a entendu les premières notes d'une musique... C'est plutôt doux pour du rock...)
(La mélodie a duré un moment sans que les membres du groupe ne fassent leur apparition...)
(De plus en plus de personnes se sont mises à crier dans le public.)
(L'attente est à son comble. La guitare continue à jouer, seule...)
(Puis plus rien.)
??? : Alllleeeeeeeeeeeeeeeez !!!
(Les rideaux sont tombés. La lumière éblouissante a éclairé le groupe, immobile.)
(Puis ils ont tous commencé à jouer ensemble, les basses sont tellement fortes que la batterie résonne dans ma cage thoracique.)
(Rien à voir avec la mélodie précédente.)
(Le public entier saute sur place au rythme du son galvanisant.)
(Je suis obligée de me mettre sur la pointe des pieds pour observer ce qu'il se passe sur scène.)
(Castiel est dos au public, il joue sans nous regarder. Il fait monter l'intensité de la musique dans une solo effréné.)
(Puis tout à coup tout les musiciens ont cessé de bouger dans le même millième de seconde.)
(Castiel s'est finalement retourné.)
[Oh non, tu as loupé l'illustration]
N.B : Tu ne peux apparemment pas avoir l'illustration de Castiel même lorsque tu es avec Priya car c'est un CDC.
“ Castiel : Nous sommes Crowstorm. ”
(Une salve de cri assourdissante a résonné dans tout la salle.)
(Puis la musique a repris de plus belle, plus forte que tout à l'heure.)
(Je suis forcée de reconnaître qu'ils sont incroyablement bons sur scène...)
(Que l'on aime ou pas, ils savent comment faire monter le suspense.)
(Je ne peux pas m'empêcher de bouger et de taper le rythme avec mon pied.)
(Ils enchaînent les chansons sans s'arrêter.)
“ Priya : Je vais nous prendre un autre verre ; il fait tellement chaud ici que j'ai pratiquement bu le mojito en une gorgée.
Sucrette : D'accord, je t'attend ici. ”
(Il y a nettement plus de filles que de garçons dans le public.)
(Certaines portent même le t-shirt avec inscrit « Castielove » dessus.)
(J'ai eu un petit rire cynique.)
(Je ne suis pas certaine que ce genre de chose plaise à Castiel. C'est typiquement l'un des aspects de son métier qui doit le faire grincer des dents.)
(Je ne l'ai jamais vu comme ça.)
(Enfin, je l'ai déjà vu jouer... Mais jamais avec une telle aisance sur scène !)
(Castiel a annoncé leur dernière chanson sous les huées du public qui réclamait déjà la suite.)
(Je ferrais de retourner là ou j'étais, sinon Priya va se demander où je suis passé.)
(La dernière note est restée suspendue un moment dans l'air, puis le groupe a salué rapidement avant de sortir de scène.)
(C'était vraiment intense.)
“ Priya : Alors ? Qu'est-ce que tu en as pensé ? ”
(Priya arriva avec un fruit et un cocktail de rhum et de noix de coco qui avait l'air délicieux.)
“ Sucrette : Et bien... ”
A. J'ai beaucoup aimé. +5
B. C'était pas mal... Mais c'est pas le genre de choses que j'écoute.
“ Priya : Je ne pensais que tu aimais ce genre de musique... Mais c'est mieux comme ça. Au moins, je sais déjà quoi t'offrir pour Noël !
Sucrette : Quoi ?
Priya : Bah quoi, tu ne veux pas un de ses t-shirt avec écrit « Castielove » dessus ?
Sucrette : J'espère que tu ne seras pas en colère si je ne le porte pas, je ne pense pas avoir la foi de porter ça à l'université.
Priya : Dommage, j'aurais voulu te voir avec. ”
(A force de boire et de rester debout, j'ai été prise d'une envie pressante.)
“ Sucrette : Je reviens ! Je passe aux toilettes, on se rejoint devant le bar. ”
(J'ai presque couru en zigzaguant dans la foule, jusqu'à tomber sur la file interminable des toilettes des filles.)
N.B : Je ne comprend toujours pas pourquoi elle n'y ait pas aller avec Priya... On fait souvent ça entre amie... Je m'égare.
“ Mélody : Pfff... ”
(Mélody est passée à côté de moi sans me voir.)
“ Sucrette : Melo ?
Mélody : Oh, Sucrette, ça va ?
Sucrette : Je croyais que t'étais pas censée venir ce soir, tu as changé d'avis finalement ?
Mélody : Oui, tu avais raison, il y a de l'ambiance ici. Je n'avais jamais vu Crowstorm en concert, je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais.
Sucrette : Alors, tu as aimé ?
Mélody : Vraiment pas mal. ”
(Mélody a l'air distraite. On dirait qu'elle cherche quelqu'un du regard en scrutant la foule.)
“ Mélody : Désolée, il faut que je file.
Sucrette : Déjà ?
Mélody : Ouais, je... j'ai des trucs à faire. ”
(Elle agit vraiment bizarrement...)
“ Mélody : Passe une bonne soirée.
Sucrette : Merci ! (Elle est déjà partie... Je suis pas certaine qu'elle m'ait entendue.) ”
(J'ai attendu au moins vingt bonnes minutes avant de pouvoir enfin accéder aux toilettes.)
(Il y a vraiment beaucoup de monde. Une fois sortie, j'ai tenté de trouver un chemin accessible pour retourner au bar, sans être bousculée par la foule déjà trop alcoolisée.)
(J'ai commencé à me frayer un chemin parmi les gens, quand j'ai senti une main m'aggriper le poignet avec fermeté.)
(Stoppée sec dans mon élan, je me suis retournée aussitôt.)
“ Castiel : Salut.
Sucrette : Castiel ! ”
(Surprise de le voir m'arrêter ainsi devant tout le monde, j'ai senti mes joues s'enflammer aussitôt.)
“ Sucrette : Je ne m'attendais pas à ce que tu viennes me voir.
Castiel : Je t'ai reconnue dans la foule pendant le concert.
Sucrette : Vraiment ? Je pensais pas que...
Castiel : On a les spots de lumière dans le visage, mais je ne suis pas aveugle non plus. ”
(Un attroupement de fans s'est regroupé autour de nous.)
(Il y a même des filles qui tendent un stylo à Castiel en le suppliant de signer leur t-shirt.)
(J'y crois pas !)
(Castiel a regardé les filles qui ont tout de suite poussé un cri de joie.)
“ Castiel : Écoute, tu ne veux pas qu'on aille discuter dans un endroit un peu plus calme... ?
Sucrette : Si, bien sûr. ”
(Castiel a fendu la foule en marchant rapidement.)
(Avant de passer derrière la scène, j'ai tourné la tête. Quasiment tout le bar nous observait.)
(Mes yeux se sont posés sur Yeleen qui avait l'air assez furieuse.)
A. (Je lui ai fait un geste de la main avant de suivre Castiel) -5 avec Yeleen
B. (Je me suis contentée de détourner le regard avant de le suivre.) /
(Castiel m'a entraînée dans une arrière salle, à l'écar du bruit du bar et au milieu des instruments de musiques.)
(Des câbles couraient partout sur le sol et des employés du bar s'activaient pour descendre le matos de scène.)
N.B : Les employés sont bien gentil car de base quand tu es sur scène tu es aussi sensé ranger tout le bordel qui va avec... Petit commentaire à part.
(J'ai relevé les yeux vers Castiel.)
(Je suis curieuse de ce qu'il peut avoir à me dire après tout ce temps... Mais en tout cas, je suis contente qu'il ait la démarche de venir vers moi.)
“ Castiel : Comme tu peux le voir, c'est pas l'endroit le plus chaleureux qui existe, mais on a pas trop le choix. ”
(Nous n'avions pas beaucoup d'espace pour parler et nous étions appuyés contre un coin du mur.)
A. Je ne pensais pas que vous étiez connus au point d'avoir besoin de vous cacher dans un débarras pour discuter. /
B. J'ai beaucoup aimé le concert. /
“ Castiel : Ouais... C'est un peu le revers de la médaille. Après, c'est la ville où on a démarré, donc les gens nous connaissent... C'est pas comme ça partout. ”
(Castiel a détourné le regard, il n'a pas l'air très à l'aise avec ce sujet.)
A. Tu n'apprécies pas la célébrité ? /
B. Les tournées, la musique, les filles, c'est plutôt la vie que tu voulais. -5
“ Castiel : J'apprécie de pouvoir jouer un peu partout. C'est tout.
Sucrette : C'est vrai que c'est une chance...
Sucrette : Alors maintenant tu chantes sur scène...
Sucrette : Au lycée je t'ai seulement vu jouer de la guitare.
Castiel : J'ai toujours chanté pour moi. J'avais jamais osé sauter le pas.
Castiel : Lysandre n'était plus là pour chanter et écrire... Et j'ai jamais réussi à trouver quelqu'un pour le remplacer, donc c'était la seule solution si je voulais continuer... ”
A. C'est mieux que ce que vous faisiez au lycée. +5
B. Dommage que Lysandre ne soit plus là. /
“ Castiel : J'espère ! Au lycée on était des débutants... On commence à comprendre comment faire.
Sucrette : Je comprends que vous soyez si connus dans le coin. Qu'on aime ou pas, il faut reconnaître que vous êtes doués sur scène. ”
(Il faudrait peut-être que je retourne vers le bar...)
(Priya doit sûrement être en train de me chercher.)
(J'ai jeté un coup d’œil discret vers la porte...)
“ Castiel : Tu le dis si tu t'ennuies.
Sucrette : Non du tout ! Mais je ne suis pas venue seule et...
Castiel : Je vois, tu as un rendez-vous ?
Sucrette : Je suis avec Priya.
Castiel : Priya... Miss Ninja ?
Sucrette : La seule et l'unique !
Castiel : Je ne l'ai pas vu depuis longtemps, bien, bien... ”
(Il est allé jeter un coup d’œil par l'entrebâillement de la porte.)
“ Castiel : Il y a beaucoup moins de monde que tout à l'heure. Et je donnerai tout pour une bière fraîche...
Castiel : Bon... Je te laisse retourner à ta soirée. A un de ces jours. ”
(Avant même que je réponde quoi que ce soit, il m'a laissée planter là et s'est dirigé vers le bar.)
(Castiel ne prend jamais le temps d'arrondir les angles, ce comportement aussi je l'avais oublié.)
(Je l'ai regardé traverser le bar. Tout le monde s'est retournée sur son passage.)
(J'hallucine, c'est une vraie célébrité.)
(On ne s'est même pas dit au revoir, il s'est contenté de me laisser là, comme une idiote !)
(Je suis sortie à mon tour.)
“ Rosalya : Eh ! ”
(Rosalya m'a sauté dessus, un verre de vin blanc dans la main.)
“ Rosalya : Ah ben t'es là ! Impossible de te trouver avec toute cette foule ! Alors le concert, t'en as pensé quoi ?!
Sucrette : C'était pas mal... Je viens justement de tomber sur...
Rosalya : Regarde, y a Castoche là-bas ! Viens, on va le saluer.
Sucrette : « Castoche » ? ”
N.B : Très bonne réaction, c'est pourri comme surnom, pourquoi c'est pas Cassy comme dans la version anglaise... ?
(Rosa s'est dirigée vers lui.)
“ Sucrette : Rosa attends, tu ne devrais pas...
Rosalya : EH CASTOCHE !!! ”
(La honte ! Je me suis frappé le front avec la paume de main. Tout le monde a regardé Rosa s'approcher de Castiel en zigzaguant.)
(Heureusement que les trois quarts du bar se sont vidés depuis la fin du concert.)
(Castiel était déjà entouré de plusieurs filles qui semblaient être en train de le féliciter.)
(L'une d'elles était particulièrement jolie et semblait un peu plus âgée que les autres. Une blonde tatouée qui avait la main posée sur son bras.)
“ Rosalya : Ben alors, tu dis plus bonjour aux vieux amis ?
Castiel : Apparemment il y en a qui ont l'air d'apprécier la soirée.
Sucrette : Haha, elle a dû un peu abuser au bar.
Rosalya : J'ai juste bu deux verres ! En tout cas je voulais te dire que c'était TOP. Vraiment, tu gères. J'ai bien dansé. ”
(De plus en plus de gens se sont mis à observer la scène en riant.)
“ Rosalya : Tu as vu qui c'est qui est revenu ? Sucrette, dis-lui bonjour !
Sucrette : Je l'ai déjà salué, Rosa.
Castiel : Bon, ça m'a fait plaisir de vous voir. ”
(Il s'est retournée très froidement pour reprendre sa discussion avec les filles aux décolletés un peu trop plongeants.)
“ Rosalya : Eh c'est pas très gentil ça, je suis en train de parler ! ”
A. Rosa, ça sert à rien d'insister... -5 avec Castiel
B. Stop, viens maintenant, on va prendre l'air. +5 avec Castiel
“ Rosalya : J'ai pas fini !
Castiel : Écoutes ce que dit Sucrette. Où est Leigh, Rosa ? T'as l'air d'avoir un peu trop abusé.
Rosalya : Leigh, Leigh, Leigh, je suis une grande fille, hein, je peux me débrouiller sans mon copain !
Rosalya : Donc je disais...
Sucrette : Bon désolée, on vous laisse pour la fin de soirée. ”
(Sur ce je ne lui ai pas laissé le choix, je l'ai tirée par la manche et l'ai trainée vers la sortie.)
“ Sucrette : Alex !
Rosalya : Morgaaaaaaaaaaan. Ça me fait plaisir de vous voir !
Alexy : Wow.
Sucrette : Oui, il semblerait que Rosa ait un peu forcé sur la bouteille, ce soir.
Alexy : On est au stade de la « Rosa franche » ?
Sucrette : C'est un stade qui existe ?
Alexy : On craint tous de la voir atteindre ce stade.
Sucrette : Oui, Castiel et moi en avons fait les frais.
Alexy : J'aurais aimé voir ça.
Rosalya : On va en boîte ?
Morgan : Je l'aime bien, cette Rosa !
Sucrette : Je crois pas que ce soit une bonne idée, Rosa !
Alexy : Sucrette a raison. C'est pas le moment de partir en soirée. ”
(J'ai regardé l'heure. Il est déjà 1h du mat ! Le concert a duré pas mal de temps finalement.)
“ Morgan : On peut la raccompagner chez elle, si tu veux, Alex.
Alexy : Tu es sûr que ça ne te dérange pas ?
Morgan : Je préfère ça plutôt qu'on la laisse avouer ce qu'elle pense à tout le monde. Ça risque d'être difficile pour elle, la semaine prochaine à la fac, sinon !
Sucrette : Je n'ai jamais vu Rosalya dans cet état quand on était au lycée...
Alexy : Ne t'en fais pas... C'est seulement quand elle est fatiguée. On dirait pas, mais elle passe son temps à bosser pour la fac de psycho, et quand elle relâche la pression, des fois ça va un peu loin.
Sucrette : Ok... (Rosa avait posé sa tête sur mon épaule, elle avait les yeux fermés à présent.)
Morgan : Ramenons-là... Comme ça, on pourra discuter sur le trajet, Alex.
Alexy : O-ok... Allons-y.
Sucrette : Vous êtes sûrs que vous n'avez pas besoin de mon aide ?
Morgan : Mon sens de l'orientation médiocre est sauvé, j'ai Alex à mes côtés.
Sucrette : Ça marche, je vais... ”
(Avec tout ce qu'il s'est passé, ça m'était sorti de l'esprit !)
(Priya !)
“ Sucrette : Zut, Priya ! Est-ce que vous l'avez vu dans le bar ?
Alexy : On l'a vu dehors tout à l'heure, on a parlé pendant quelques minutes et elle te cherchait.
Sucrette : Crotte... J'espère qu'elle ne sera pas énervée contre moi. Je dois y aller. ”
(J'ai regardé Rosa affalée sur mon épaule.)
“ Alexy : Ne t'en fais pas, on s'en charge ! ”
(Il a réveillé Rosa qui semblait un peu sonnée et ils sont sortis du bar après m'avoir saluée.)
(Il y a encore pas mal de monde dans la rue.)
(Beaucoup de personnes sont assisses sur les trottoirs avec une bière à la main, les autres sont encore attroupées devant l'entrée du bar comme des pingouins.)
(Sûrement pour se tenir chaud.)
(En m'écartant, j'ai reconnu un voix au bout de la rue.)
(Deux silhouettes sont en train de s'éloigner.)
“ Nathaniel : C'est pas vrai ! Je te l'ai dit pourtant. Qu'est-ce que tu fous ?!
Ambre : Ramènes-moi...
Nathaniel : C'est la troisième fois cette semaine, j'en peux plus ! La prochaine fois je... ”
(Malgré moi, j'ai marché vers eux pour mieux entendre. Ils sont en train de tourner dans une rue adjacente.)
“ Ambre : Je... Je crois que je vais...
Sucrette : AH ! (J'ai poussé un petit cri de peur sans le vouloir.) ”
(Ambre a glissé dans les bras de Nath au dernier moment.)
(Elle semble inconsciente !)
A. (Il faut que je l'aide.) -5 avec Nathaniel
B. (Je préfère attendre un peu et observer de loin pour voir ce qu'il se passe.) /
“ Nathaniel : AMBRE ! ”
(Il a doucement assis sa sœur sur le trottoir de sorte à ce qu'elle soit appuyée contre un mur, et s'est pensé vers elle.)
“ Nathaniel : Bon sang, Ambre ! Réveilles-toi maintenant, reviens ! ”
(Il lui passait sa main sur le front comme pour enlever la sueur qui perlait...)
“ Ambre : Oui... Je...
Nathaniel : Pff... Ambre, c'est plus possible.
Nathaniel : Tu m'as fait flipper, tu te rends compte...
Nathaniel : Et si je n'avais pas été là ?! ”
(Il l'a aidée à se lever tout doucement, le tenant fermement par la taille.)
“ Ambre : Désolée, j-je... Je me sens déjà mieux... Merci Nath... Arrête de crier, rentrons.
Nathaniel : Ah oui, t'as vraiment l'air d'aller mieux. Je te préviens, c'est la dernière fois que tu me fais un truc pareil. La prochaine je préviens maman.
Ambre : Arrête de dire n'importe quoi, petit frère... On a pas besoin des autres... Tu es là, je t'ai toi. ”
(Je me suis plaquée contre le mur, au bord de la rue... Ambre a l'air de reprendre ses esprits.)
“ Nathaniel : Allez, viens... ”
(Ils se sont éloignés tous les deux avec lenteur... Ils ne m'ont pas vue.)
(Je suis restée seule dans la rue quelques minutes, un peu sous le choix de ce qu'il venait de se passer...)
(Ambre a sûrement dû trop boire...)
(J'espère que...)
“ Priya : Tu disparais pendant des heures et je te retrouves ici toute seule dans une ruelle sombre !
Sucrette : Priya ! Je suis tellement désolée, j'étais en train de te chercher et...
Priya : Et ? ”
A. Et… Je me suis retrouvée ici, j'allais retourner au bar. / 
B. Et… Je viens juste d’apercevoir Ambre… Et Nath. On dirait que quelque chose n'allait pas.
“ Priya : Laisses-moi deviner. Ambre était dans les vapes et Nath l'a ramené chez elle en gueulant ?
Sucrette : Oui ! Co-comment ? Tu les as vu toi aussi ?
Priya : Ce n'est pas la première fois que ça arrive. Nath essaye toujours de tout faire tout seul, mais je vais souvent dehors et je les ai déjà comme ça, beaucoup de fois.
Sucrette : Quoi ? Qu'est-ce qui ce passe avec Ambre ? Est-ce qu'elle a l'habitude d'être cuite comme ça quand elle sort faire la fête ?
Priya : Oui... C'est possible... Mais il y a des rumeurs... ”
A. Quels genre de rumeurs ? -5 avec Priya
B. Hmm... Dans tout les cas, j'avais vraiment peur... J'ai déjà appelé les 911 par moi-même.
N.B : Je ne savais pas que cette possibilité était possible, il va falloir que je modifie le poste sur les solutions très bientôt...
“ Priya : Ce n'est pas mon genre de propager des rumeurs qui sont surement infondée. Tu le sais.
Sucrette : Bien sûr, je comprend...
Priya : Jusqu'ici, il n'y a jamais rien eu de sérieux et Ambre revient toujours au campus. Alors, c'est le principal.
Priya : Bon, je ne sais pas pour toi, mais j'ai passé le trois-quart de la nuit à essayer de te chercher des verres à la main que j'ai fini par boire... Et je suis épuisée. Tu veux que je te raccompagnes au campus ?
Sucrette : Je suis vraiment désolée, je ne voulais pas que les choses se produisent ainsi...
Priya : Ne t'en fais pas. Je suis tombée sur une amie. J'ai quand même pu apprécié ma soirée.
Priya : J'espère qu'on aura une autre opportunité pour se retrouver, cette nuit a été un peu… un carnage ! ”
A. Avec plaisir, quand tu veux ! /
B. J'ai vraiment besoin de me focaliser un peu plus dans mes études et faire moins de fêtes… Mais… Je ferrais de mon mieux. /
“ Priya : On prévoira ça alors.
Priya : On y va ?
Sucrette : Oui, allons-y. ”
(Priya et moi parlions en même temps que nous marchions tranquillement vers le campus.)
(La fin de la soirée s'est plutôt bien déroulée...)
“ Sucrette : Et du coup, qu'as-tu pensé du concert ?
Priya : Oh, c'était pas mal... J'ai vraiment aimé le... Non.
Sucrette : Quoi ?
Priya : Non pour tout t'avouer, je n'ai pratiquement pas regardé le concert, je...
Sucrette : Oh vraiment ?
Priya : Quand je suis allée nous prendre des verres, je suis tombée sur une de mes ex.
Priya : Après tu as disparu et elle voulait qu'on parle, alors... Ça a prit une grande partie de ma soirée.
Sucrette : Ton ex ? C'est qui ?
Priya : Tu ne l'as connais pas... Elle n'est pas même pas universitaire.
Sucrette : Ah... ”
A. De quoi voulait-elle parler ?
B. Vous êtes rester ensemble pendant un long moment ?
“ Priya : Disons que...
Priya : Les relations à long terme... C'est pas vraiment mon truc.
Sucrette : Haha, je vois. ”
(Je me souviens vaguement de ce que Priya m'avait dit à l'époque du lycée par rapport à un des ses conquêtes de jeunesse. Elle a eut une relation très intense avec une fille qu'elle a rencontrée à San Francisco. Je me demande si elle a jamais réussi à avoir une relation à long terme depuis lors...)
“ Sucrette : On a encore une longue route a faire.  (J'ai soufflé sur mes mains, elles étaient gelés.)
Priya : Allons plus vite. ”
(Je tremblais. Plus je marchais, plus j'avais froid...)
(Punaise il fait même froid dans ses parties !)
N.B : J'avoue ne pas avoir vraiment compris cette partie... Est-ce que j'ai envie de la comprendre ? Excusez-moi il est 3h du matin quand je traduis ça.
“ Priya : On y est bientôt, ne t'en fais pas. ”
(J'ai encore soufflé sur les jointures de mes doigts pour les réchauffer. J'ai du mal à bouger mes doigts correctement.)
(Priya s'approcha de moi et mit son bras autour de moi.)
(Sa peau était chaude.)
“ Priya : J'ai toujours eu un corps beaucoup plus élevé que la normal. Mes sœurs m'appelaient toujours « couverture » quand on était enfants.
Priya : C'est mieux ?
Sucrette : C'est vraiment agréable ! Je me sens déjà mieux. ”
[Oh non, tu n'as pas eu l'illustration]
N.B : Je suis abasourdie, mais je viens de me souvenir que tu dois avoir au moins 60 de l'o'm pour avoir l'illustration. Faites attention à ça si vous voulez l'illustration de Priya.
“ Priya : Pour moi aussi... ”
(Priya m'a serré contre elle.)
(Ses doigts caressaient doucement ma peau pour pouvoir la réchauffer.)
(Priya et moi avons toujours été amie depuis le lycée... Mais on a jamais été aussi proche.)
(On continue toute les deux à marcher en direction du campus.)
(Au moment ou on se rend dans les dortoirs, Priya s'est éloignée de moi.)
“ Priya : Il fait meilleur ici.
Sucrette : Oui, beaucoup.
Sucrette : J'ai hâte de retrouver ma couverture, haha.
N.B : Je vois un double sens, Priya qu'en penses-tu ?
Priya : Je te laisse t'y rendre alors. Bonne nuit, Sucrette... ”
(Elle tourna les talons immédiatement pour se rendre dans sa chambre.)
(Priya a une sorte de charisme tout simplement radieux, je reste planter ici pendant quelques, la regarder s'éloigner.)
(Je me rappelle que quand nous étions au lycée, le jour ou elle est arrivée elle s'est intégrée en quelques heures. Elle a ce sang-froid tellement magistral que tu ne peux pas l'ignorer.)
(Bon... Il est grand temps que je rentre.)
(Cette soirée était... bizarre.)
(Les images ont défilé dans mon esprit...)
(Nath... Et ce type. Avant de rentrer dans le bar. Il était avec ce type. Ils parlaient ensemble.)
(Il sait très bien que c'est un des mecs qui m'ont agressée ! Et il traîne avec ce genre de raclure.)
(Cette image m'était presque sortie de la tête avec tout ce qui s'est enchaîné par la suite.)
(J'ai dû mal à y croire.)
(Et après avec Ambre... Mais bon sang qu'est-ce qu'il se passe ?)
(Et Rosa ! J'espère que les garçons ont pu la raccompagner chez elle sans souci...)
(Elle était vraiment saoule. J'ai ri en me remémorant la scène.)
(Quand je réponse à la façon dont elle a parlé à Castiel...)
(J'avais l'impression qu'il nous observait du haut de sa tour d'ivoire. Inaccessible, impassible.)
(J'ai passé la porte de ma chambre.)
(J'ai rejoint mon lit en traînant les pieds.)
(J'ai même pas la force de me démaquiller...)
(Priya a néanmoins réussi à agrémenter la fin de ma soirée.)
(J'aime passer du temps avec elle, elle est tellement ouverte et fascinante, je pourrais l'écouter parler pendant des heures.)
(J'ai serré ma couette dans mes bras en prenant une profonde inspiration.)
(Puis j'ai soufflé comme pour me débarrasser de toutes ces pensées.)
(Sinon je vais ressasser toute la nuit... Je me connais...)
(Dors, dors, dors, dors, dors, dors maintenant !)
(J'ai fermé les yeux et j'ai revu Ambre en train de tomber dans les bras de Nath, inconsciente...)
(Dors, Sucrette !)
FIN DE L'EPISODE
J'espère que vous avez autant apprécier que moi les moments passés avec Priya, je l'aime beaucoup et le fait de l'avoir comme CDC dans Campus Life me réjouis ! J’ai hâte d’en savoir plus !
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sofya-fanfics · 6 years
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Pour une éternité
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Résumé :  Caroline n'aurait jamais imaginé que sa vie se passerait ainsi. Qu'elle serait prisonnière dans son corps de dix-sept ans pour l'éternité. Mais surtout, elle n'aurait jamais imaginé que Klaus aurait pris autant d'importance dans sa vie.
Disclaimer : Vampire Diaries appartient à L. J. Smith, Julie Plec, Kevin Williamson et la CW.
Caroline Forbes n'aurait jamais imaginé que sa vie tournerait comme ça. En fait, elle n'aurait jamais imaginé qu'elle mourait à dix-sept ans. Elle qui avait tellement rêvé à quoi aurait pu ressembler sa vie. Elle se voyait mariée, avec des enfants et vivant dans une grande maison. Mais en une fraction de seconde, tout c'était envolé et elle était maintenant prisonnière dans son corps de dix-sept ans pour l'éternité.
Quinze ans étaient passés depuis que Caroline était devenue un vampire et deux ans depuis qu'elle avait quitté Mystic Falls. Elle était restée aussi longtemps qu'elle avait pu. Elle avait finit le lycée, était allée à l'université, mais elle savait depuis le début que l'inévitable allait arriver. Elle n'avait aucune envie de quitter sa mère, Bonnie, Matt, Jeremy, mais elle n'avait plus le choix. Trop de personne commençait à remarquer qu'elle ne vieillissait pas.
Cela faisait des années qu'elle n'avait pas revu Tyler. Il était parti du jour au lendemain sans prévenir personne et n'avait plus donné signe de vie. Elle avait bien essayé de le contacter plusieurs fois, mais celui-ci ignorait à chaque fois ces appels. Elle avait eu tellement mal. Ce qui était le plus douloureux était de se dire qu'au final, leur relation n'avait jamais vraiment compté pour lui. Si ses amis n'avaient pas été là, elle ne sait pas ce qu'elle aurait pu devenir.
Elle vivait maintenant dans une petite ville à une centaine de kilomètres de Mystic Falls. Suffisamment loin pour que personne ne sache qui elle était et recommencer une nouvelle vie. Mais elle était suffisamment proche pour rester près de ses amis et de sa famille. Elle avait au moins une dizaine d'années avant que les gens ne recommencent à se poser des questions et qu'elle ne doive partir à nouveau. Une fois par semaine, elle revenait discrètement à Mystic Falls. Le plus dur pour elle était de les voir tous vieillir. Voir les rides se prononcer sur le visage de sa mère, assister de loin au mariage de Bonnie, rencontrer les enfants de Matt en se faisant passer pour une cousine éloignée. Elle ne pouvait s'empêcher de ressentir de la tristesse en les voyant avancer dans leur vie, alors qu'elle restait figée dans le temps.
~00~
Vingt ans de plus s'étaient écoulés et Caroline avait dû recommencer sa vie dans une nouvelle ville. Elle avait retrouvé Stefan un an auparavant et depuis tous les deux étaient restés ensemble. À vrai dire, cela la rassurait de rester avec son meilleur ami.
Elena avait enfin choisi entre Damon et Stefan et aux dernières nouvelles que Caroline avait eu, Elena et Damon se trouvaient à Atlanta. Stefan, quant-à lui, avait préféré prendre ses distances. Il ne voulait pas revivre ce que lui et son frère avaient déjà vécu à cause de Katherine. Et même si ça lui faisait mal, il savait qu'il devait s'éloigner. Caroline avait pourtant toujours pensé qu'Elena et Stefan étaient fait l'un pour l'autre et elle en avait voulu à Damon pour ce qu'il lui avait fait subir quand elle était encore humaine. Mais elle voyait bien qu'il avait changé, qu'il devenait humain grâce à Elena.
~00~
Un an de plus était passé, Caroline était retournée à Mystic Falls et elle aurait préféré ne jamais revenir. Voir sa mère malade sur son lit d'hôpital et assister à son enterrement a été la chose la plus terrible qu'elle n'ait jamais vécu avec la mort de son père. Elle ne savait pas combien de temps elle était restée devant la tombe de Liz sans bouger. Quelques minutes ou des heures. Tout le monde était déjà parti. Stefan avait été le dernier et lui avait dit qu'elle avait le temps et qu'il l'attendait chez Liz.
Elle remarqua que la nuit était tombée. Elle entendit soudain des bruits de pas arriver vers elle. Elle se retourna et vit Klaus. Il se tenait là, devant elle et la regardait intensément. Pendant un instant, elle crut à une hallucination. Elle n'aurait jamais imaginé qu'il puisse revenir un jour à Mystic Falls. Après tout, depuis que Elena était devenue un vampire, plus rien ne le retenait.
Klaus s'approcha lentement d'elle, comme pour ne pas l'effrayer. Il la prit dans ses bras et pour la première fois depuis la mort de sa mère, Caroline fondit en larme. Ces derniers jours, elle avait essayé tant bien que mal à se montrer forte, mais la douleur était trop grande. Klaus la serra un peu plus fort, lui apportant le réconfort qu'elle avait besoin. Tous deux ne dirent pas un mot, restant dans les bras l'un de l'autre jusqu'au levé du soleil.
~00~
Soixante ans passèrent. Caroline, les frères Salvatore et Elena étaient maintenant les seuls survivants de leur petit groupe. Tous les quatre étaient revenus à Mystic Falls pour quelques années. Il n'y avait plus de danger pour eux. Les habitants qu'ils connaissaient étaient maintenant décédés et les vampires n'étaient plus qu'un mauvais souvenir pour la descendance des fondateurs. Caroline, Elena et Stefan étaient retournés au lycée et Damon avait réussi à se refaire une place au conseil des fondateurs. Les années passaient, pourtant Mystic Falls semblait identique pour Caroline. Elle avait l'impression d'étouffer. En cent ans, elle avait eu l'occasion de voyager partout dans le monde et maintenant Mystic Falls lui semblait tellement minuscule.
Caroline se tenait devant la fenêtre du salon de la maison des Salvatore, regardant le soleil se coucher et tenant un verre de bourbon à la main. Si Damon voyait qu'elle s'était servie dans sa réserve personnelle, il lui ferait certainement payer.
En voyant le soleil se coucher peu à peu, elle ne put s'empêcher de repenser à ce que Klaus lui avait dit il y a des décennies. Que Mystic Falls ne lui suffirait plus. Qu'un jour il l'emmènerait à Rome.
Caroline n'avait revu Klaus qu'une fois. Une semaine qu'ils avaient passé ensemble quand ils se trouvaient tous les deux par hasard à Chicago. Il lui avait proposé de partir avec lui en Europe, mais elle avait refusé, elle ne se sentait pas prête à tout quitter et partir avec lui. Il lui avait dit qu'il l'attendrait, même un siècle ou deux, mais il savait qu'un jour, elle resterait avec lui. Caroline pensait souvent à lui, mais finissait souvent par se dire, que c'était mieux ainsi. Après tout ce qu'ils avaient vécu, comment pouvait-elle imaginer une vie avec lui ? Pourtant, l'idée la séduisait. La semaine qu'elle avait passé avec lui, avait été la plus belle qu'elle avait vécu depuis longtemps.
« Caroline. »
Caroline se retourna. Elle vit Stefan arriver dans la pièce et aller s'asseoir dans le canapé.  Elle était complètement perdue dans ses pensées et ne l'avait pas entendu arriver.
« À quoi pensais-tu ? Demanda-t-il.
-À Rome. »
Elle finit son verre d'une traite et alla s'asseoir à côté de lui. Elle soupira et Stefan attendit patiemment qu'elle lui parle. C'était ce qu'elle appréciait le plus chez lui. Il avait toujours été patient avec elle et ne l'a jamais forcé à faire quoi que se soit. Elle se décida à prendre la parole.
« Est-ce que tu m'en voudrais si je quittais Mystic Falls ? »
Stefan resta silencieux quelques secondes et lui sourit.
« Bien sûr que non. Si c'est ce que tu dois faire, alors fais le.
-Ça ne te dérange pas que je te laisse seul avec Damon et Elena ?
-Ce qu'il c'est passé entre Elena et moi c'était il y a longtemps. Ne t'inquiète pas pour moi, je crois que je m'en sortirais. »
Caroline lui sourit et le serra dans ses bras, heureuse qu'il comprenne.
~00~
Cela faisait deux semaines que Caroline était arrivée à Rome et c'était la première fois qu'elle se trouvait dans cette ville. Depuis qu'elle était arrivée, elle se demandait si Klaus se trouvait également là-bas.
Elle apprit quelques jours plus tard qu'il se trouvait bien à Rome. Elle avait rencontré une femme dans un bar, il s'agissait d'une humaine qui avait connaissance que les vampires existaient. Et elle avait vite vu que Caroline était un vampire. Elle lui avait parlé de cet homme qu'elle connaissait, un vampire du nom de Klaus, qui était fou d'elle, selon ses dires.
Apparemment, pensa Caroline, Klaus n'avait pas eu tant de mal que ça à la remplacer. Elle se sentait idiote. Il lui avait dit qu'il l'attendrait, mais au final, elle n'était qu'une fille parmi tant d'autre. Elle aurait dû s'en doutait, après tout, toutes ses relations se terminaient abominablement. Elle quitta la ville le lendemain.
~00~
Caroline était arrivée à Paris depuis quelques jours et elle était tombée amoureuse de cette ville. Elle regrettait de ne pas être venue plus tôt. Elle se trouvait à Montmartre, assise à une terrasse de café. Depuis qu'elle avait quitté Rome, elle essayait de ne pas repenser à Klaus, mais la tâche fut des plus compliquées quand elle crut le voir parmi les passants de Montmartre. Elle ferma les yeux et secoua la tête, essayant de se reprendre. Klaus n'était pas là et il ignorait où elle était. Elle ouvrit les yeux et vit que le vampire se tenait devant elle. Se n'était pas son imagination, il se trouvait bien à Paris.
« J'ai appris que tu es venue à Rome, dit-il. »
Il lui lança un sourire charmeur, qu'elle trouvait irrésistible, et s'assit à côté d'elle. La rencontre avec cette femme en Italie lui revint tout de suite en mémoire.
« Ta nouvelle conquête ne risque pas d'être jalouse ? Demanda-t-elle sèchement. »
Klaus la regarda et éclata de rire.
« Si tu parles de Gloria, elle n'est juste qu'une réserve de sang qui se croit intéressante de raconter qu'elle 'fréquente' un originel. »
Caroline frissonna à l'entendre parler comme ça des humains, même si elle savait qu'il ne se nourrissait pas de poche de sang comme elle. Mais aussi terrible que cela puisse lui paraître, elle fut quand même rassurée que cette femme ne représentait rien pour lui. Klaus lui prit la main et y posa délicatement ses lèvres tel un gentleman. Elle savait que si elle était encore humaine, ce simple geste la ferait rougir. Il avait la capacité à la faire sentir spéciale à chaque fois qu'ils étaient ensemble.
« Pour me faire pardonner, dit-il, je te propose de te faire visiter Paris. »
Caroline lâcha un petit rire et accepta. Klaus lui sourit et lui caressa la joue. Il s'approcha d'elle et tous deux s'embrassèrent. Caroline comprit alors l'importance que Klaus avait dans sa vie et se maudissait d'avoir attendu aussi longtemps avant de le comprendre. Passer le reste de l'éternité avec lui ne lui faisait plus peur. Ils s'éloignèrent lentement, profitant de ce doux moment.
« Je savais qu'un jour on se retrouverait, murmura Klaus à son oreille. »
Ils s'embrassèrent à nouveau, imaginant ce que les siècles à venir leur réserveraient.
Fin
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