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#la chair et la pierre
prosedumonde · 28 days
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J'oublie que je suis un être de chair. Comment faire, sinon, pour écarter la peur ? a-t-elle poursuivi. Il faut quitter nos corps comme on se débarrasse d'un vêtement encombrant, et longer les plages sèches. Pieds nus, il faut gravir la côte rocheuse, il faut que la pierre cisaille notre peau. Il faut voir les yeux des chats sauvages. Tout est inquiétant, tout est admirable. 
Claire Conruyt, Pour qui s'avance dans la nuit
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lisaalmeida · 1 year
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Apprenons à partir avec conviction et courage,
À regarder l'autre, selon une nouvelle perspective de lumière.
La joie ainsi pulvérise le vieux coeur de Pierre, pour nous donner de l'espoir
Un coeur de chair, plein d'amour......❤️❤️
Joseph Bruxelles
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orageusealizarine · 9 months
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Lire la volupté (je ne l'entends pas) mes larmes sont pour d'autres textes d'autres mots d'autres voix j'ai l'habitude j'ai perdu la délicatesse des jours de pluie j'ai gagné la tendresse des bras j'ai donné chair au langage j'ai voulu que mon esprit fasse chair et il était pour toi chair comme verbe être et non faire la mélodie douce m'a écorchée les jambes et les bras dans les ronces belles du discours dire savoir fermer les yeux à la lisière du faire se perdre ou plutôt se rencontrer plus que soi-même dans le sous-bois les bêtes ont reniflé mes paumes je suis des leurs je suis hors du temple enlacée aux lianes arrêtée pour un temps l'immobilité des pierres et du sang dans mes veines d'autres ont posés leurs griffes sur mon corps les fourrures qui ornent mon cou de reine déchue dans la cohue un meurtre et rien qui ne le fasse arrêter pas de signalement les dents ensanglantées les cuisses j'ouvre les yeux sur le dérisoire chant du mépris l'acte cérémoniel répété pour d'autres noces divertissements flétrissures l’abêtissement des corps sans signification l'attente insupportable d'être achevée pour le plaisir d'un autre et réclamer son dû ou laisser faire en attendant l'orage qui n'épargne ni les prophètes ni les impuissants j'ai roulé dans la terre pour fusionner avec les plantes donner laisser ma fécondité aux arbres se partager le printemps comme dans une autre vie et à une autre époque ailleurs les bourgeons fleurissaient sur les corps et nous nous souvenions de nos vies antérieures comme d'une aube renaissante tes bras avaient du feu et tes doigts étamines à la cheville fardée nous aurions su offrir et contempler nos âmes sur le seuil d'un baiser que nous réapprenons en suçant des étoiles et des brindilles mouillées
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(Amédeo Modigliani, Femme au ruban de velours, 1915, musée de l'Orangerie, Paris)
dessiné ici la part divine des simples visages, les traits primitifs et sacrés, comme une initiation, une prière, de lignes, de chairs et de lumières ; la parole du silence qui entête jusqu’au chant, la mutité qui enchante l’espace, le refrain qui ouvre sur un nouveau monde
© Pierre Cressant
(jeudi 20 juillet 2006 - mercredi 19 juillet 2023)
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chic-a-gigot · 1 year
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Journal des Dames et des Modes, Costume Parisien, 29 juin 1801, An 9, (311): Cornette à pointes et à Bouffette. Collection of the Rijksmuseum, Netherlands
Woman, sitting on a chair, with a 'cornette' with points and a 'bouffette' (bow tie) on her head. She wears a 'canezou' with a geometric pattern on a dress. flat shoes with bows. Sketchbook and a drawing pen in the hands. The print is part of the fashion magazine Journal des Dames et des Modes, published by Pierre de la Mésangère, Paris, 1797-1839.
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ditesdonc · 2 months
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La Lionne
Texte de Pauline Laroche-Vachaud
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« La Lionne », à Trept, c’est un nom qui sonne comme une véritable institution, un haut lieu, un cœur encore vivant, au fond, même si ce qu’avaient été ses murs accueille désormais bien d’autres gestes et des mondes tout autres... Entre « La Lionne » où, souvent, 10 heures par jour et 6 jours par semaine quelques 80 ouvrières pouvaient suer à produire 1500 voire 2000 chemises quotidiennes et, désormais, « la Salle des Roches », ouverte aux divers loisirs que nous avons le temps de nous offrir aujourd’hui, rien à faire, la parenté est difficile à trouver. L’usine n’est plus ; elle a fermé à la fin des années 80, après un demi-siècle d’évolution, de modernisation, d’extension et d’honnête pain lourdement gagné.
On aimerait qu’existe un livre qui fasse revivre la vie de ces murs quand tant de femmes s’échinaient aux poignets, aux cols, aux manches, aux boutonnières et aux ourlets, assembler, rabattre, fermer, monter, pointer, finir, plier… On voudrait entendre des anecdotes, rendre un peu de voix, de chair…
On pense pour commencer aux guimpières car, avant l’ouverture de « La Lionne » elle-même, c’étaient elles les tenantes du lieu, elles dont les tâches visaient à enrouler, en bobines éblouissantes, la magie et la splendeur de la tréfilerie, ces fameux fils de faux-or lamés, à un fil de coton ou de soie.
Dans quel but? pour que dans d’autres ateliers, par d’autres ouvrières - une étape, puis une autre -, finissent par s’enluminer les costumes d’apparat, les beaux vêtements de mode, les habits des grands jours. Et que ça brille ! On voudrait aussi, évidemment, entendre ces fameuses chemisières qui, plus discrètes que les tailleurs, moins immédiatement symboles de la vie du village, de son essor, de son savoir-faire, n’ont pourtant rien à envier aux fiers et nombreux carriers. Les chemises conçues par ces femmes étaient bien vendues, pour certaines, à Pierre Cardin, Paco Rabanne, Charles Jourdan… Le prestige est-il moins grand que celui des pierres treptoises composant le Pont Alexandre III, à Paris, ou les piliers d’entrée du Parc de la tête d’or ? Autres usages, autres gloires, mais une excellence qui circule, et loin. Ce n’est pas rien.
On voudrait écouter leurs histoires, les relayer. Tant de petites mains talentueuses, sans tambours ni trompettes, scrupuleuses, précises, tenues à des réalisations impeccables - parfaitement symétriques ou rien, parfaitement régulières ou rien, parfaitement fidèles au modèle ou rien ! La moindre erreur, aussi infime fût-elle, et il n’y avait plus qu’à reprendre l’ouvrage. On voudrait entendre les rires, les blagues, les soupirs, les ragots les espoirs, les lassitudes, les fatigues immenses, les fiertés et les douleurs…
« La Lionne », rien que ce nom, comme trempé d’or et d’acier, semble le signe d’une élégance intraitable…. Le travail, lui, était-il féroce, vorace ? Les jeunes femmes ne faisaient-elle que passer, le temps de trouver un mari et de voler vers d’autres horizons ? Souvent, semble-t-il, mais pas toujours. Certaines dames s’y engagèrent à vie… Quels bruits, associés à quels gestes, quelles machines habitaient ce lieu comme un orchestre perpétuel, horloge suisse aux rendez-vous inébranlables : 7h30-12h/12h45-16h15. (Horaires extensibles à volonté, bien sûr, puisque le paiement à la pièce poussait à rester.) Un jour de neige, une employée, venant de Passins à vélo, eut 15 minutes de retard. Vertement tancée. La production n’attend pas, ne pardonne pas. « Exemple réussi de complète décentralisation », trouve-t-on dans la presse des années 60. Il semble que les ouvriers du textile lyonnais étaient trop chers, trop réactifs sans doute aussi. Alors l’idée de la campagne avait gagné. Hommes et femmes portant différemment la colère et la pénibilité du travail, peut-être, ouvriers et ouvrières moins chers payés, mais pas moins doués. Les archives de l’usine ont toutes disparu à la mort des époux Besse, qui menèrent le lieu comme leur deuxième maison, durant presque 30 ans. Les photos qui restaient ont pris l’eau dans une cave. Il ne reste plus d’écrits, plus d’images, ou très peu. Il vit cependant, encore, quelques souvenirs. Et ils mériteraient bien un livre.
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les-portes-du-sud · 11 months
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Évasion
Et je serai face à la mer
qui viendra baigner les galets.
Caresses d’eau, de vent et d’air.
Et de lumière. D’immensité.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera que ciel léger.
Et je serai face à la mer
qui viendra battre les rochers.
Giflant. Cinglant. Usant la pierre.
Frappant. S’infiltrant. Déchaînée.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera ciel tourmenté.
Et je serai face à la mer,
statue de chair et coeur de bois.
Et me ferai désert en moi.
Qu’importera l’heure. Sombre ou claire …
Esther Granek
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borgien · 2 years
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Le baiser entre les jambes
Tout près du sexe qui fleurit dans les poils roses
Il est pour les amants une place à baisers.
C’est là que rêvent les visages épuisés
Et que la cuisse est tendre aux sourires moroses.
Nul duvet, si léger qu’il soit, n’y vient ravir
L’extase de la lèvre à la peau qui frissonne
Et la chair fraîche y peut lentement assouvir
Le cruel amoureux qu’un charme passionne.
Plus douce que la joue et pure que les seins,
La cuisse est là si blanche au milieu des coussins
Que la bouche y promène en souriant sa grâce,
Et cherche à ranimer sous les baisers voilés
La trace et le parfum des spermes écoulés
Sur le grain d’une peau voluptueuse et grasse.
Le Baiser entre les jambes - Pierre Louÿs (1860-1925)
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sh0esuke · 5 months
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" Mordant "
𝗠𝗲𝘁 𝗲𝗻 𝘀𝗰𝗲̀𝗻𝗲 : Eustass Captain Kid.
𝗥𝗲́𝘀𝘂𝗺𝗲́ : Kid était têtu, il était le genre de pirate à ne rien laisser sur son passage, juste parce que ça lui plaisait de briser des vies et de dépouiller de pauvre innocents. À ses yeux, c'était ça la piraterie. Lorsqu'il désirait s'emparer de quelque chose, il ne reculait devant rien, il se servait. Kid avait les mains pleines, l'égo boosté. Cependant, s'emparer d'objets et s'emparer d'une femme étaient deux choses bien différentes et ça, il le compris lorsqu'il fit face à une chose qu'il n'eût pas convoité depuis bien longtemps. Elle n'était pas seulement sublime, elle était puissante. Sa férocité et force brute n'avaient rien à envier à la sienne. Dès que Kid croisa son regard, il le sut : il la voulait. Qu'elle le veuille ou non, elle serait sienne.
𝗔𝘃𝗲𝗿𝘁𝗶𝘀𝘀𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 : violence.
ENG : PLEASE DO NOT STEAL MY WORKS.If you want to translate it, ask me first then we can talk about it. If you want to find me on Wattpad or AO3, my accounts are in my bio, these are the ONLY ONES i have. FR : MERCI DE NE PAS VOLER MES OS.Si vous avez envie de les traduire, merci de me demander la permission avant. Si vous voulez me retrouver sur Wattpad ou AO3, j'ai des liens dans ma bio, ce sont mes SEULS comptes.
𝙽𝚘𝚖𝚋𝚛𝚎 𝚍𝚎 𝚖𝚘𝚝𝚜 : 𝟏,𝟕𝟎𝟑.
Commentaires, likes et reblogues super appréciés. Tout type de soutien l'est, merci beaucoup !! <33
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Un boucan diabolique retentissait sur l'île. Il était infernal. Le sol se brisait, il se fissurait, craquelait et cédait sous l'impact apporté. La mer au alentour s'agitait, elle ricochait contre la pierre autour de l'île, giclait sur les arbres, la verdures et le reste d'oiseaux prenant la fuite. D'immenses vagues secouaient le Victoria Punk amarré, elles manquaient de le faire chavirer à plusieurs reprises. C'en était cauchemardesque. Et alors que le ciel se couvrait de nuages d'un grisâtre inquiétant, l'électricité dans l'air ne tardait pas à donner naissance à des orages. Un rire retentissait soudainement. Il était d'un diabolique incomparable. C'était un ricanement, un cracha au visage des cieux eux-mêmes. Un rire moqueur, capable d'attiser la colère de la plus douce des âmes. Ce rire retentissait dans les quatre coins de la petite île, il faisait écho dans l'air et, l'instant suivant, un éclair s'abattait au bord de la plage.
La jeune femme avançait dans tout ce chaos; sa chevelure secouée par la bourrasque de vent, son immense hache à la main, vêtue uniquement d'un body d'un blanc tâché par le sang et la terre, ainsi qu'une longue paire de bottes à talons remontant jusqu'au haut de ses cuisses d'un blanc similaire. Elle avançait de manière nonchalante, un sourire séducteur sur le coin de la bouche tandis que son regard tirait des éclairs en direction de son adversaire.
« Eustass Kid, tu n'as aucune chance contre moi. » déclara-t-elle. « Abandonne donc, personne ne t'en tiendra rigueur. »
Kid attirait de la ferraille à lui. Dans un sourire carnassier, il ramassait les armes laissées par ses hommes et hissait le tout dans les airs. Tel un nuage de mauvais augure les surplombant, il grossissait, grinçait et penchait en leur direction. Kid tenta de se saisir de la hache de la demoiselle, néanmoins, la poigne inhumaine qu'elle exerçait dessus l'en empêcha. Elle en faisait même craqueler le manche en bois. Il se contenta alors du monstrueux amas de ferrailles perché au dessus de sa tête.
« Approche un peu, ma jolie. On va voir qui repartira la queue entre les jambes. » il la taquina.
La jeune femme rit de nouveau.
Elle enjambait les nombreux cadavres sur son chemin. Lorsqu'elle ne put en éviter certain elle se contentait alors simplement de les user afin de se hausser et de toiser le roux. Plantant l'aiguille de son talon dans leur chair et brisant leur cage thoracique, elle n'y fit guère attention. Elle avançait à un rythme parfaitement exécuté, sans aucune once d'hésitation dans le sang. Et tandis qu'une averse colossale s'abattit sur l'île, trempant brusquement son entièreté, la jeune femme avait pointé le tranchant de sa hache en direction du pirate. La pluie la nettoyait, peu importait si elle était ensanglantée. Son body ainsi sur ses chaussures de cuir, ne purent y échapper.
« En garde. »
Kid éclatait de rire. L'instant suivant, il noyait la guerrière sous un océan de ferrailles, le sien. Brusquement, son bras s'était abattu et elle avait disparu de son champs de vision, malgré la lourdeur de tous ces boulets de canon, ces armes, ces poignards, ces arbalètes, il n'eu aucun mal à la prendre par surprise. Le métal et le bois grinçaient sous la pluie, et l'obscurité dans laquelle les deux combattants étaient plongés n'était brièvement éclairée que par les quelques éclairs apparaissant ici et là lors de rares occasions. C'en était apocalyptique. Kid en prenait un plaisir malsain, et tandis qu'il voyait la jeune femme sortir de sa tombe, il sentait son sourire carnassier s'agrandir. À main nue, son arme abandonnée à même le sol à ses côtés, elle avait attrapé l'extrémité du nuage de ferraille pour le réduire à l'état de poussière. La force dont elle fit preuve en faisait trembler l'air. L'espace d'une seconde, la pluie cessa même de tomber, avant de brutalement s'abattre de nouveau.
La guerrière rattrapait sa hache et avançait jusqu'à Kid. Elle utilisait le cadavre du nuage de métaux pour prendre en hauteur. Sa vitesse ne cessait de prendre en grandeur. Une fois suffisamment proche du roux, la demoiselle sauta dans les airs, elle fit brusquement retomber sa hache dans sa direction et son corps suivit la cadence. À l'œil nu, il aurait été presque impossible de l'apercevoir, la vitesse dont elle faisait preuve dépassait l'entendement. Voilà pourquoi Kid ne fit pas usage de sa vue, mais plutôt de son instinct pour, à la dernière seconde, éviter de près son assaut.
« Bordel ! Fais chier. »
Le capitaine du Victoria Punk ne put cependant pas éviter les dégâts que l'impact causa. Il en fut propulsé en arrière et son dos heurta violemment un roc à une vingtaine de mètres. Le temps de cligner des yeux, du sang tachait déjà ses paupières et sa vue se troublait. Kid geint. Il observait une silhouette trouble s'approcher de lui. Camouflée par un épais nuage de poussière et avançant dans un rythme sinistre, menaçant, la guerrière revenait à la charge. Toujours armée de sa hache, sur laquelle elle raffermissait sa prise, proche de sa cuisse, elle jetait un regard accusateur en direction du pirate.
« Abandonne, Eustass Kid. Tu n'es pas de taille face à moi. » elle insista. « Tu vas finir par mourir. »
Elle le surplombait. Postée droit devant lui, entre ses jambes écartées, et les sourcils haussés, elle le toisait. D'un air hautain elle admirait la façon dont Kid respirait et saignait. Il inspirait et expirait bruyamment, sa poitrine secouée violemment et ses bras étendus le long de son corps. Lorsqu'il jeta un coup d'œil au ciel pleureur, il ne put s'empêcher de rire.
« Je suppose que je pourrai jamais te battre, hein ? » murmura-t-il.
Ma race est supérieure, nous avons été façonnés par les Dieux eux-mêmes. Si je perdais face à toi, cela tiendrait du miracle. Voilà ce qu'elle désirait répondre. Du plus profond de son cœur, par pur vantardise et fierté.
Elle se retint cependant. À la place, elle plaçait le tranchant de sa hache sous sa gorge et s'accroupissait face à lui. Kid la regardait faire en agonisant.
« Tu abandonnes, alors ? »
Kid grognait.
« Plutôt mourir. » cracha-t-il.
Il se saisit brusquement du manche de la hache et, à l'aide de ses pouvoirs du fruit du démon, devança la guerrière. Elle lui glissait des mains. Kid en profitait pour se relever, sur son genoux, et fracassait dans un geste d'une violence inouïe le tranchant de la lame contre sa gorge. Une vaine tentative de la décapiter, d'en finir en un seul coup. De mettre fin au cauchemar. Les yeux de Kid s'écarquillaient le moment où il se rendit compte que la guerrière s'en sortait indemne. Pas une seule égratignure. Sa peau restait aussi parfaite et resplendissante qu'au départ, c'était comme si elle n'avait été que spectatrice de ce combat. Elle se contentait d'observer Kid avec des yeux incrédules, surprise par sa détermination. Depuis tout ce temps, il aurait pourtant dû se rendre compte que rien, ni personne, n'était en mesure de la tuer. Sa peau résistait à tout. Elle était invincible.
« Bien tenté. » articula la guerrière d'une voix quelque peu rouillée. « Tu m'excuseras, je te le reprends. »
Ses doigts s'enroulaient auront du manche de son arme. Elle l'arrachait des mains de Kid sans aucun mal, sans aucune once de résistance de son côté. Il lui obéissait docilement, presque effrayé à l'idée de s'attirer ses foudres. La jeune femme raffermissait une prise des plus possessive sur sa hache. Elle faisait face au visage de Kid. Leur proximité la frappa à l'instant même. Il n'était qu'à quelques centimètres d'elle, après avoir tenté de l'égorger. Le roux était ivre d'adrénaline, il respirait bruyamment et saignait à grosses gouttes. Ses yeux étaient exagérément dilatés. Il était dirigé par ce besoin malsain, sanglant : il avait besoin de toujours plus.
« Rejoins mon équipage. »
La jeune femme grimaçait.
« Jamais de la vie, plutôt mourir. »
Kid attira rapidement à lui un sabre dont il fit glisser le tranchant contre la hanche de la guerrière. Elle avait tenté de l'attaquer brusquement, tandis que lui avait riposté bien avant. L'arme de Kid voltigea sans mal hors du champ de bataille, il n'était pas en mesure de résister voire de contrer la force de l'arme de prédilection de la demoiselle ainsi que sa force brute. Cela ne l'empêcha tout de même pas de continuer à contrer les attaques monstrueuses de la jolie créature face à lui. Et peu importait si cela faisait des heures qu'ils étaient ici, que son corps criait à l'aide ; il n'en avait jamais assez.
« Si je te casse assez la gueule, peut-être que tu finiras par accepter. » conclut Kid. « Allons-y, dans ce cas. C'est pas un petit échauffement qui va me faire peur. » se vanta-t-il.
Un éclair tomba soudainement. Non loin de là, il déchira un endroit où les cadavres de pirates n'avaient pas encore recouvert la verdure. Cela ne les empêcha toutefois pas d'en subir de légères brûlures. Le bruit sec et horrifiant de la foudre fit trépigner Kid d'impatience. Sa lumière d'un blanc éblouissant jaillissait sur le côté droit de son visage, illuminant ainsi l'expression amusée encrée sur sa peau. L'espace d'un instant, la jeune femme se figeait sur place. Elle admirait Kid, sa splendeur, son visage si rugueux à la peau ensanglantée, blessée, et ne su trouver la force de se mouver. Lorsqu'elle reprenait ses esprits, il avait déjà regroupé des cadavres de ferrailles abandonnés ici et là par sa précédente défaite. Il reconstruisait un imposant nuage d'armes, persuadé qu'à l'usure, la guerrière finirait par céder, comme si elle était celle à bout de souffle, celle blessée et celle recouverte de son propre sang.
Kid en était convaincu ; elle se joindrait à son équipage. Qu'elle le veuille ou non, elle faisait déjà partie des pirates du roux. Il pouvait déjà se voir à ses côtés, pillant villes et royaumes, arrachant la vie aux innocents et torturant les méritants. Et elle le savait. Elle se voyait elle aussi à ses côtés, elle se voyait mourir pour son capitaine. Elle n'était juste pas encore prête à l'avouer.
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selidren · 11 months
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Printemps 1906 - Champs-les-Sims
11/19
Leurs escapades les ont souvent conduits seuls dans des lieux isolés. Ainsi, Grand-Mère et moi nous sentions bien solitaires seuls à l'hôtel. La chaleur y est certes moins étouffante qu'au sud, mais le tumulte urbain de la ville échauffe l'atmosphère au centuple, comme c'est également le cas à Paris. Avec le recul, j'imagine que les tombes et les massifs monuments de pierre leur ont apporté bien plus de chaleur qu'à nous devant les ventilateurs.
Transcription :
Constantin : Etrange cavité. Les décors sont inachevés et en comme assez primaires pour une tombe digne de ce nom.
Albertine : Un cénotaphe peut-être.
Constantin : Sans doute, il n'y a qu'un moyen pour en avoir le coeur net.
Albertine : Mais qu'est-ce que tu fais ?
Constantin : Je vérifie la présence d'un éventuel cadavre afin de mettre ton hypothèse à l'épreuve.
Albertine : Allons bon, maintenant que nous y sommes. En tous cas, je ne sens aucune odeur de chair morte.
Constantin : Dieu qu'il fait sombre, je n'y vois rien.
Constantin : Ah, ainsi c'est mieux. Je ne vois rien en tous cas.
Albertine : Fais attention.
Constantin : Ce n'est qu'un sarcophage vide. Que veux-tu qu'il m'arriv... aaaah !
Albertine : Tu vas bien ?
Albertine : Je te l'avais dit.
Constantin : Ce n'est rien, j'ai glissé et je me suis cogné contre les parois.
Albertine : Nous devrions rentrer à l'hôtel. On demandera à un médecin de te voir là-bas, je préfère être sur que tout va bien.
Constantin : Je n'ai pas envie de rentrer maintenant. Nous sommes seuls dans un cénotaphe isolé sans personne pour nous entendre. L'hôtel est si rempli de gens qui nous écoutent. J'ai envie de remplir mon devoir conjugal ici, c'est plus intime.
Albertine : Ce n'est pas très confortable.
Constantin : Les archéologues n'ont que faire du confort.
Albertine : Bon, si tu y tiens.
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La nature, un joli mot et souvent une illusion ! Qu’est-ce donc au juste ? La rose, éclose ce matin dans mon jardin, est-elle la nature ? Oui et non. Oui, pour cette raison qu’elle pourrait peut-être vivre et se renouveler sans mon secours. Non, dans la mesure où elle est une « fabrication » de jardiniers savants, sans qui elle ne serait pas ce qu’elle est. Alors, qu’est-ce que la nature ? Réponse : c’est ce qui existe et vit de son propre mouvement, sans l’intervention humaine ou malgré elle. Selon la définition d’Aristote, c’est ce qui possède en soi son principe de devenir. Le vent, les marées, les vipères, les bécasses, les chevreuils, les guêpes, les renards, les friches, le ruissellement de l’eau après la pluie sont de la nature. Mais ni le massif de roses, ni le champ de blé transgénétique, ni le verger aseptisé ne sont plus tout à fait de la nature et ils le seront de moins en moins. Ils sont de la nature domestiquée, sous perfusion, la seule que les humains tolèrent.
Jour après jour, des chercheurs pénètrent quelques nouveaux secrets, se substituant à la nature pour l’exploiter, la contraindre ou la changer. Hier, clonage d’une brebis, aujourd’hui fécondation d’un souris sans père… Il est intéressant de savoir par quel processus mental nous en sommes arrivés à ce point. Pour cela nous pouvons nous référer à l’étude de Pierre Hadot, Le Voile d’Isis. Essai sur l’idée de Nature (Gallimard, 2004). Cette étude explore l’idée contrastée que les Européens se sont faits de la Nature depuis 3000 ans. Rappelons que Pierre Hadot a été le titulaire de la chaire de philosophie antique au Collège de France, auteur entre autres de La philosophie comme manière de vivre (Livre de Poche, 2003).
Dans Le Voile d’Isis, pour rendre compte de nos relations avec l’idée de nature, Pierre Hadot examine les interprétations successives données au célèbre aphorisme d’Héraclite : « La Nature aime à se cacher ». Cet examen commence avec Homère, deux siècle au moins avant Héraclite. C’est en effet dans l’Odyssée que l’on trouve pour la première fois le mot et le concept de nature que les Grecs nomment physis (d’où vient physique). Chez Homère et dans la pensée grecque avant Platon, le mot physis (nature) désigne la force animatrice du cosmos et de la vie : la nature d’un végétal, celle d’un animal ou celle d’un homme. La physis est toujours nature de quelque chose.
A partir de Platon et d’Aristote, le mot change de sens. Il désigne moins la force que son résultat. Et la Nature, désormais dotée d’une majuscule, se personnalise, devenant en quelque sorte synonyme de l’univers (cosmos) et de son principe organisateur. Ainsi l’adage d’Héraclite prendra-t-il la signification désormais courante : la Nature porte en elle des « secrets » devant lesquels les hommes se divisent. Les uns veulent les percer avec plus ou moins de curiosité et de violence, les autres tiennent à en respecter le mystère et en faire une source de joie et de sagesse. Pour caractériser ces deux dispositions qui ont traversé l’histoire de la pensée européenne, Pierre Hadot s’appuie sur les mythes de Prométhée et d’Orphée. Voyant dans la Nature une ennemie et plus tard une matière désenchantée, le premier cherche à lui faire avouer ses secrets pour la transformer en instruments de puissance. L’autre mythe, celui d’Orphée, s’élève contre cette violence « contre nature », préconisant avec Lucrèce, Spinoza, Goethe ou Nietzsche de se fondre dans son immanence et d’en respecter la « pudeur ».
Contrairement à la légende, les hommes sont rarement les amis de la Nature. Sauf les peuples chasseurs. En Europe, ceux-ci nous ont laissé le témoignage admirable des grottes ornées de représentations animales. Le plus souvent, les hommes se défient de la Nature. Ils en ont peur, même quand ils prétendent la protéger. La Nature, les hommes d’aujourd’hui l’aiment éventuellement dans les poèmes ou dans les jardins ratissés, c’est-à-dire dans sa négation. Quand elle est vraie, vivante, sauvage, inquiétante, ils la fuient, la combattent et la détruisent. Elle leur répugne et les effraye.
La Nature nous angoisse, et pas seulement par ce qu’elle révèle de redoutable : la nuit, seul en forêt, en mer ou en montagne dans la tempête. La Nature nous angoisse surtout parce qu’elle est inexplicable. Elle est réfractaire à notre entendement. Elle échappe au principe de raison qui veut que toute chose ait une raison d’être qui l’explique. Pourquoi le monde ? Parce que… dieu par exemple. Pourquoi Dieu ? Parce que le monde… Mais qu’est-ce qui nous prouve que la raison ait raison ? Pourquoi le mystère du monde se laisserait-il percer par la petite raison des hommes ? Comment et pourquoi pourrions-nous tout comprendre, tout expliquer, puisque ce « tout » nous précède, nous contient et nous dépasse ?
Ce qui nous déroute et nous inquiète c’est que la Nature ne poursuit aucun but. Elle ne nous écoute pas. Elle ne nous demande rien. Elle ne s’occupe pas de nous. Elle n’a pas été créée pour nous. Mais elle nous englobe. Elle est libre. Rien d’extérieur à elle ne la gouverne. Selon le mot de Lucrèce, elle est à la fois incréée et créatrice. Elle est sans pensée, sans conscience, sans volonté.
Nul n’a mieux traduit l’angoisse et même l’horreur de la Nature que Jean-Paul Sartre dans son roman philosophique La Nausée (1938). On sait que, dans un court essai publié en 1946, Sartre définissait son existentialisme comme un humanisme. Par humanisme, il entendait une forme de cartésianisme qui pose l’homme au centre de la création. La certitude du « Je pense, donc je suis » est pour lui la base de l’existentialisme. « Mais pourquoi est-ce que je pense ? » Son existentialisme affronte à cet instant le caractère injustifiable de l’existence. Reprenant l’interrogation de Leibniz, il répond : il n’y a aucune raison pour qu’il y ait quelque chose plutôt que rien. Sartre est un rationaliste désenchanté.
Roquentin, héros existentialiste de La Nausée, reste cartésien. Mais, comme Sartre, c’est un rationaliste révolté. Il découvre en effet que la raison ne peut répondre de l’existence concrète. La galet que Roquentin tient dans sa main en se promenant le long du rivage fait naître en lui la nausée. Il aura beau définir les propriétés du galet, sa composition minérale, sa couleur, sa forme et autres abstractions, son existence reste totalement inexplicable. Pourquoi un galet plutôt que rien ?
Cependant, pour un humaniste exaspéré comme Roquentin, un galet est moins irritant qu’un arbre. La crise nauséeuse de Roquentin atteint son sommet pendant sa promenade dans un parc où il rencontre un marronnier. Le silence de l’arbre, sa pose immuable, ses racines dans le sol, ses branches dans le ciel, son refus implicite de réduire son existence à un concept, tout cela offense Roquentin, l’emplit de dégoût. Accablé par l’examen d’une racine du marronnier ; Roquentin lui donne un coup de pied, sans parvenir à entamer l’écorce.
Pour un esprit rationaliste, un galet est philosophiquement opaque. Un arbre l’est encore plus. Roquentin est enfermé dans les limites de la conscience humaine, au-delà desquelles existe la Nature, indépendante, autonome, indifférente. Or, ce qui échappe au monde de l’intelligibilité humaine, de l’intelligibilité mathématique, le terrifie. Roquentin est donc condamné à la ville, ultime forteresse de l’humanisme et de la rationalité. Dans une ville, si l’on choisit ses heures, on ne rencontre que des minéraux, les moins inquiétants des existants. Mais Roquentin sent qu’un jour, comme dans les prédictions de Vico, la végétation triomphera de la ville. Cela le remplit de terreur.
Ce qui est horreur pour Sartre est joie pour Giono. Le contraste entre l’imaginaire de ces deux écrivains souligne celui de deux façons opposées de percevoir la Nature. Dans une nouvelle datée de 1932, le romancier du Chant du monde se laisse aller à un rêve un peu fou qu’il ne faut pas prendre pour une anticipation, mais pour une songerie panthéiste : « Il n’y aura de bonheur pour vous que le jour où les grands arbres crèveront les rues, où le poids des lianes fera crouler l’obélisque et courbera la Tour Eiffel ; où, devant les guichets du Louvre on n’entendra plus que le léger bruit des cosses mûres et des graines sauvages qui tombent ; le jour où, des cavernes du métro, des sangliers éblouis sortiront en tremblant de la queue… » (Solitude de la pitié, 1932).
A la suite de Leibniz, Sartre s’inquiète jusqu’à la nausée de ne pouvoir expliquer le pourquoi du monde. Pourquoi y a‑t-il quelque chose au lieu de rien ? Giono, lui, regarde le monde. Il ne le pense pas, il ne l’interroge pas, il le perçoit et le goûte. Il ne tente pas de l’enfermer dans un discours. Il se promène, il contemple. Il se laisse pénétrer par cette évidence, cet émerveillement : il y a quelque chose, et non pas rien ! Ce quelque chose est sans “pourquoi”. On songe à la fin de L’Etranger, roman pourtant très nihiliste d’Albert Camus, dont le héros, à la veille de mourir, éprouve une sensation inattendue : « La merveilleuse paix de cet été endormi entrait en moi comme une marée… »
Nous avons tous vécu, je l’espère (et les chasseurs peut-être plus que d’autres), de tels instants de plénitude dans la contemplation de la Nature. C’est ce que Romain Rolland appelait le « sentiment océanique ». Un sentiment d’union indissoluble avec la Nature, ce que les lointains Orientaux appellent « le grand Tout ». Ce n’est souvent qu’un sentiment. Mais il arrive que ce soit plus. Que ce soit une expérience bouleversante, un état modifié de la conscience. Expérience de l’unité entre soi et la Nature.
La contemplation des arbres, de la forêt, de la montagne, de la mer ou du ciel étoilé, rend l’ego dérisoire. « Quel calme, soudain, quand l’ego se retire ! » (Comte-Sponville). Il n’y a plus que l’être immense de la Nature au sein de laquelle on se sent immergé. Dans son livre La Mystique sauvage (PUF, 1993), Michel Hulin caractérise cette expérience par « le sentiment d’être présent ici et maintenant au milieu d’un monde lui-même intensément existant. »
Les hommes ne sont pas pour autant des pierres ou des animaux. Le sentiment d’être uni à la Nature ne signifie pas que l’on se fond dans un chaos indistinct. Mais bien au contraire que l’on observe les distinctions de la Nature. Au début de la Théogonie, Hésiode montre fortement que la vie, sans ordre, se détruit. Zeus et les dieux olympiens, figures du principe d’ordre, sont venus ordonner le cosmos pour permettre la vie. Et celle-ci fonctionne par distinction et séparation.
Commentaires de Paul Mazon dans sa traduction de la Théogonie (Belles Lettres, 1982) : « La force mystérieuse qui fait naître la vie, si rien ne vient la régler et la contenir, ne crée que confusion et mort : elle détruit aussitôt ce qu’elle vient de mettre au jour. » C’est le sens du mythe d’Ouranos, puis de sa mutilation par Cronos, enfin de la victoire de Zeus sur ce dernier.
A l’instar des dieux eux-mêmes qui ne sont pas extérieurs à la création et sont le reflet du cosmos, les hommes sont des êtres de la Nature, dont ils ne peuvent être isolés. C’est ce que manifeste Homère dans quelques vers célèbres de l’Iliade : « Comme naissent les feuilles, ainsi font les hommes. Les feuilles, tour à tour, c’est le vent qui les épand sur le sol, et la forêt verdoyante qui les fait naître quand se lèvent les jours du printemps. Ainsi des hommes : une génération naît à l’instant même où une autre s’efface » (Iliade, VI, 146).
Dans les temps anciens, chantés par Hésiode, Homère ou Ovide, les ancêtres des Européens respectaient la Nature, même s’ils en craignaient les dangers. Ils avaient la conscience intime de l’unité du monde ressenti comme une harmonie de conflits. Ils se savaient eux-mêmes dépendants des forces qui en commandent les équilibres. La Nature avait une âme. Elle était animée. Elle manifestait en toute chose son universelle divinité. Les bois, les landes et les sources étaient peuplés de nymphes, de farfadets ou de fées. Et les hommes en respectaient la sacralité.
Dans une des plus fameuses légendes du Nord, ayant tué le dragon et goûté son sang, Sigurd comprend le chant des mésanges. Nos mythes et nos rites cherchaient une coïncidence entre les œuvres humaines et l’image d’un cosmos ordonné. La disposition circulaire du temple solaire de Stonehenge reflétait ainsi l’ordre du monde, symbolisé par la course du soleil, son éternel retour à la fin de la nuit et à la fin de l’hiver. Elle figurait l’anneau de la vie unissant la naissance à la mort. Elle représentait aussi le cycle éternel des saisons.
Malgré les ruptures avec cet ordre ancien introduites par le christianisme, la construction des églises romanes ou gothiques répondait encore aux anciens symbolismes. Bâties sur d’antiques sites sacrés, elles en assuraient la perpétuation. Elles continuaient d’être « orientées » par rapport au soleil levant, et leurs sculptures étaient toutes bruissantes d’un bestiaire fantastique. Dans son impressionnant jaillissement, la futaie de pierre des nefs gothiques était la transposition des anciennes forêts sacrées.
Pourtant la rupture fondamentale cheminait, qui dissociait les humains de la nature et postulait l’idée vaniteuse et peu sensée que l’univers avait été créé pour les hommes seuls. En définissant l’homme comme « maître et possesseur de la nature », en voyant dans les animaux des « machines », Descartes ne fit que théoriser ce qu’avait préparé la séparation d’avec la nature inhérente aux religions monothéistes. Il exprimait la logique du nihilisme, anticipant sur l’arrogance technique et la manipulation du vivant. Il annonçait l’univers de la mégapole universelle, édifié sur la haine de la Nature.
Plus l’homme est « moderne », c’est-à-dire urbanisé, plus sa détestation de la Nature grandit. Il croit aimer les animaux en condamnant par exemple les chasseurs, sans voir qu’il obéit ainsi à une morale compassionnelle étrangère à la nature. Sans comprendre que la mort fait partie de la vie. Sans savoir de surcroît que, dans la Nature, la mort de l’animal sauvage est toujours cruelle, rongé qu’il est par des parasites et la maladie, dévoré vivant par des prédateurs. La mort foudroyante en plein vol, en pleine course ou au repos, sous les plombs ou la balle du chasseur, oui, cette mort donnée est autrement clémente.
En réalité, ce que l’homme « moderne » déteste dans le chasseur, sans d’ailleurs bien tout comprendre, c’est la part d’animalité, de vraie nature et de sauvagerie encore préservée en lui.
Dominique Venner
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sabert24 · 1 year
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Il était une fois une rivière
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Nous avons perdu le bonheur d’une rivière
Perdant ses souvenirs, son charme et sa valeur
Un grand cadavre fait de cailloux et de pierres.
Qui a perdu son long chemin et sa saveur.
On a perdu l’oued qui a tout peint en vert
Sur ses rives, près des palmiers et dans nos cœurs.
Le temps recule et les jours deviennent amers
Puis la verdure a laissé sa place à l’horreur.
Tout est gris, tout est jaune au bord de la rivière
Qui a pris sa valise et a quitté Tozeur
L’eau s’est évaporée et reste le désert
Les larmes taries, ce sont que nos cœurs qui pleurent.
L’été nous torture et l’automne nous conquiert
Cinquante degrés et plus à l’ombre à Tozeur
Le printemps est absent et s’excuse l’hiver
Il fait très chaud! il n’y a pas d’ombre à Tozeur!
Regrets, gémissements, ténèbres et poussières
Un destin au rythme des chagrins et des pleurs
Le ciel est triste et ses gouttes sont en colère
Cœurs confus, visages pâles, faim, soif et peur.
Les gens ; des loups, des bêtes se mangent la chair
Coups qui viennent d’ici sûrement et d’ailleurs
Mains liées dans les menottes de la misère
Et le mal prend racine à partir du malheur.
Les mains liées et les pas vers le cimetière
Il n’y a que des cimetières à Tozeur
S’évader d’un paradis devenu enfer,
Je vous parle du rien qui s’appelait Tozeur
Les palmiers ne meurent que debout à Tozeur.
Quant aux fugitifs, les ennemis des lumières.
Qui ont été maudits, devenus visiteurs
Hélas ! le paradis, Ras Al Ain et son air.
Au revoir, oasis, au revoir, ma rivière !
Des années sèches qui produisent des chômeurs
Au revoir, oasis, au revoir, ma rivière !
Ici, les cauchemars avalent les rêveurs.
©Saber Lahmidi
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les voix ne changent pas, elles portent en elles l'intemporelle clarté ; le temps ne les intéresse pas, il les ignore en leur sommet ; et dans ce hors-corps, elles peuvent alors rejoindre dès le contact de l’air un hors temps instinctif ; l’air qui les clarifie, qui les rend à l’immuable dans leur chair invisible qui claque dans l’instant que le temps n’atteint pas, la lumière qui les éternise ; nous ne sommes pas fait seulement de finitude
© Pierre Cressant
(samedi 12 août 2006 - vendredi 11 août 2023)
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orageusealizarine · 1 year
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Pour toi, il n’y a pas de révolte, seulement la terre qui tombe à un rythme régulier sur le bois. Il n’y a pas de folie. Les étoiles ne tombent pas du ciel, droit dans tes yeux, tes yeux extasiés, écarquillés, prenant toute la place sur ton visage, tes yeux indéfinissables, dévorés par les astres et dévorant tout ce que tu vois. Tes cheveux ne sont pas des coulures, ne dégorgent pas d’eau dans ta nuque, sur tes épaules, tes cheveux ne sont pas des effets de l’eau, des reflets du soleil chamarrés sur la mer. Tu n’es pas dans l’univers une partie élémentaire, tu n’es pas dans le feu des astres, de la foudre, un éclat de lumière, une parcelle électrique, une nuance encore jamais vue. Tu ne fais pas partie des choses, de l’univers, tu ne fais pas partie, tu n’es rien, tu es rien, ce quelque chose qui ne s’incruste pas dans le ciel, qui ressort sur l’écorce des bois, tes bras n’épousent pas la rugosité des murs de pierre, tu ne baises pas les courants d’air déposés sur tes lèvres ;
tu les avales, tu les brises avec tes dents, tu suffoques de tout ce ciel dans ta gorge, tu n’es pas à l’image de l’univers, une partie de cette partie visible, tu n’es pas en communion avec ce qui est, ce qui reste, même quand tu fermes les yeux, avec ce qui ne change pas de place, ne change pas d’identité même s’il change de forme, grandit, s’expand, tu n’es pas dans la stabilité du monde mouvant des êtres de l’air, de l’eau, tu n’es pas dans ce même-ipse qui manque aux êtres de chair, tu es dans l’inconsistance de l’homme, de la femme, tu oublies la matière de ton corps, les épousailles de ta peau avec la terre ocre, rouge, noire. Tu oublies tes respirations dans des jeux qui n’engagent pas les rais de soleil, tu ne regardes pas au travers des carreaux pour enlacer le ciel
de tes yeux devenus transparents à force de les lever dans la lumière, de les délaver dans la pureté, les tremper dans la clarté des ciels, tu ne vois pas les herbes qui défoncent l’asphalte, les murs, les pétales qui tombent, tombent après la pluie tes doigts ne les ramassent pas, tes lèvres n’embrassent pas le gravier sur les feuilles souillées de la terre soulevée par la violente relâche de la pluie. Tu ne fais pas partie des choses.
Tu ne fais pas partie des rues, des grands vents, des parcs, des maisons, des objets toujours posés au même endroits par les esprits distraits, tu n’es pas au-dedans des ombres sur lesquels mes pas reposent, ne pèsent pas, tu ne fais pas partie des rectangles de lumière sur les façades des immeubles, ni des branches qui les caressent. Tu ne fais pas partie des choses que j’aime.
Tu n’es pas dans le cœur des paroles brisées, transportées dans un espace vide, déplacées avec les passants, tu n’es pas dans la paume des prairies ni dans les plis au coin des lèvres. Tu n’es pas, tu es dans l’aveuglement des bourdonnements de ce que je ne sais pas nommer, pas dans l’étrangeté des jours qui défilent, des pages arrachées aux calendriers, tu n’es pas dans mon cœur la pierre qui roule, le granit qui braisille sous les paupières du soleil, les larmes dans mon cou quand la mer s’en est allée, tu n’es pas dans l’air que je respire,
une dentelle ombrée dans la faïence du ciel, un repli secret sur la peau, sur le tronc des arbres, les cils des fleurs, les ascensions condensées de la rosée le matin, tu n’es pas dans les plantes entre mes doigts, sur mes lèvres qui tremblent, pas dans l’émotion du sable sous la pulpe de mes doigts, tu n’es pas,
tu n’es pas, pas dans mon émotion devant tout, tout, tout, cette constellation universelle qui me fait marcher en équilibre sur le macadam le plus stable, les larmes aux yeux, ni même dans le frémissement des inconnus qui m’effleurent de leurs parfums, ni dans la clarté, ni dans l’ailleurs, ni dans mon regard, pas de merveille, pas mes merveilles...
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minervafortuna · 9 months
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LA SONATE SANGLANTE
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En 1895, quelque part en Roumanie, une jeune femme, vêtue de noir et munie d’une pelle marche dans la forêt. Elle s’arrête devant une tombe sans croix. Sur la pierre tombale est inscrit le mot  “ Vrăjitorul” /vrə.ʒiˈtorul/, qui veut dire “sorcier” en roumain. La jeune femme creuse la tombe. Elle ouvre le cercueil, et descend s’allonger avec le mort en le prenant dans ses bras. Elle chuchote dans son oreille sourde: ”pardon mon amour, je suis en retard”, puis elle sort une petite fiole de sa poche et verse son contenu noir dans la bouche du mort. Elle sort du cercueil, s’agenouille à nouveau près de lui et attend. Au bout d'une heure, la chair du cadavre se recompose et commence à revivre, son visage asséché se redessine, et bien que son cœur ne se remette pas à battre, le mort ouvre des yeux  complètement blancs. La jeune fille hurle de joie. Elle pleure en implorant: “ mon amour, mon amour, lève-toi! On revient à la maison”. Lentement, le mort lui tend une main aux longs doigts et aux ongles crochus.
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vicnormansstuff · 1 year
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FRENCH CANCANS
Les propos que je je prêtais à l'un de mes personnages dans mon roman French Cancans il y a plus de 10 ans... :
" Les Américains, et leurs valets de pieds européens, c'est pas qu'ils détestent le reste du monde, c'est qu'ils en voient pas l'intérêt s'il ne rapporte pas. Pour eux, un Mongol à cheval qui se les pellent dans les steppes ou le paysan auvergnat ou birman qu'a jamais vu un cheeseburger, c'est des sauvages, des pauvres types qu'il va falloir rééduquer. Surtout avec les richesses qu'ils ont sous leurs culs terreux ! Des mines de diamants, du pétrole qu'attendent plus que Texaco pour être pillés. C'est pas le bonheur tout ça ! Comme il doit souffrir le reste du monde sans l'Amérique... Leur Absolu c'est la Ford devant la maison à crédit, une télé dans chaque pièce, une harpie obèse, un clébard et deux mômes. Ils ont l'Enfer pétri de bonnes intentions nos Yankees.
(...) On n'a jamais vu une Démocratie aimer la guerre à ce point ! Depuis 2 siècles que ça dure…, ils arrêtent pas ! D'abord, faut bien canaliser les minorités encombrantes qu'ils ont chez eux. Les Nègres qui s'entretuent et font chier tout le monde, on les lynche plus, on les envoie en taule ou dans les Marines. Pareil pour les Latinos. Chair à canon tout ça ! Et puis la guerre, ça coûte en hommes mais ça rapporte à l'économie. Ils te détruisent un pays sous un prétexte quelconque et après ils t'offrent le choix de rester à l'Age de pierre ou de le reconstruire selon des conditions intéressantes. Pour eux ! Avant c'était pas difficile... pour justifier les tapis de bombes sur les villes normandes ou Dresde, et les milliers de civils massacrés, ils avaient l'horreur nazie. Après, ils t'envoyaient le père Marshall ou un autre. Pour les bombes atomiques sur le Japon, ils invoquaient l'attaque de Pearl Harbor que Roosevelt attendait. Pour envoyer des troupes en Corée et le napalm au Vietnam, ils avançaient le prétexte communiste ! Tant qu'il y avait les communistes à l'Est et en Chine, pas moyen de bouger un pion sur l'échiquier. Maintenant, c'est fini. Ils ont toujours une bonne raison de faire la guerre, et quand ils n'en n'ont plus, ils en fabriquent. Avec celle-là, Nous sommes entrés dans une nouvelle ère. L'ère de la Démocratie américaine obligatoire qui doit s'étendre, de gré ou de force, au monde entier. Ils mettront 5O ans pour y arriver, et peut-être s'y perdront-ils, mais ils ne s'arrêteront pas là. Oh ! à chaque fois, ils auront conditionné les masses en abreuvant les télés de montages grossiers. Une épuration ethnique par-ci, un génocide par-là, l'arme atomique en Iran, un tyran sanguinaire en Corée du Nord, les droits de l'homme bafoués au Trouduculstan, etc. Ils vont grignoter la Russie en attisant les nationalismes et les religions. Ils vont la démembrer la pauvre riche Russie. Poutine ou un autre, ils vont en faire un fasciste malgré lui, un sanguinaire aux yeux du monde. Ils vont le niquer comme ils ont niqué Milosevic ou Saddam. Vous verrez ! Pas de front, bien sûr, mais à l'usure. Question de temps…"
C. Rol (French Cancans)
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