Merci Hel ! Ça me rassure d'avoir ton analyse linguistique. Parfois (de plus en plus souvent), je suis assez soucieuse de la teneur et du vocabulaire des articles de presse (et assimilés) présents dans nos médias nationaux !
Je suis bien contente de t’avoir assistée dans ta Quête linguistique et toute prête à commisérer sur l’air de « c’était mieux avant ». D’accord, la presse de masse n’a pas toujours fait dans la dentelle (!!) et ce depuis ses débuts, mais je suis sincèrement perturbée de voir tant d’articles publiés dans de grands titres réputés écrits comme une rédaction de lycéen sous hakik (pensée émue pour Marcel Colucci)...
Je te copie in extenso, vu qu’il est court mais réservé aux abonnés, l’article du Diplo de ce mois consacré, justement, aux mutations récentes de la presse écrite, c’est saisissant autant que démoralisant :
Vendre de la discorde plutôt qu’informer
Un journalisme de guerres culturelles
(par Serge Halimi & Pierre Rimbert)
Le juste milieu ne rapporte plus. Hier assise sur la manne publicitaire, la presse modérée recherchait une audience de masse et la cajolait en simulant l’objectivité. La recette change. Désormais, les médias prospèrent en alimentant les guerres culturelles auprès de publics polarisés et mobilisés. Pour le meilleur ou pour le pire. Et sous le regard vigilant, parfois sectaire, de leur propre lectorat.
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Il rachète à tour de bras médias et éditeurs (Vivendi, Editis, Prisma), convoite Europe 1, taille dans les effectifs et les dépenses, encourage un journalisme de racolage destiné à l’extrême droite (CNews), fait régner la terreur dans les rédactions — et menace de poursuivre en justice Le Monde diplomatique, qui enquête sur ses activités en Afrique : s’il fallait personnifier les nuisances du capitalisme médiatique, le nom de Vincent Bolloré s’imposerait d’emblée.
Abondamment commentée dans la presse, la brutalité du milliardaire breton ne fournit pourtant pas le meilleur indicateur du mouvement qui bouscule le paysage journalistique des années 2020. Car la force montante ne se trouve ni dans l’infographie des propriétaires (1), ni dans le Bottin des annonceurs. Elle se devine dans l’empressement des directions éditoriales à s’excuser quand un article déplaît à leurs lecteurs. Ce nouveau pilier de l’économie de la presse fut longtemps considéré comme la cinquième roue du carrosse médiatique : les abonnés. Leur influence croissante fait résonner au cœur des rédactions les clameurs et les clivages de nos sociétés. Cette irruption ne concerne pour le moment qu’une poignée de titres. Mais elle traduit un mouvement de fond.
Certes, l’appropriation privée rebat toujours les cartes du grand Monopoly de la communication. Mais elle a cessé de bouleverser un secteur depuis longtemps soumis à sa logique marchande. Et à son corset managérial : alors que les écrans dévorent toujours plus avidement le temps et les conversations, les forces qui produisent l’information se raréfient. En France, le nombre de journalistes s’effrite à un rythme modéré (— 6 % entre 2008 et 2019), mais l’effectif a chuté de près d’un quart aux États-Unis. Cette moyenne masque une disparité : les rédactions américaines ont supprimé 36 000 emplois dans la presse écrite tandis qu’elles créaient 10 000 postes dans les médias non imprimés (2).
Longtemps prophétisé, le régime d’information à deux vitesses — riche pour les riches, pauvre pour les pauvres — s’installe sous nos yeux. Il réverbère la géographie des inégalités éducatives et culturelles. Moins agile à se déployer en ligne compte tenu de l’âge et des habitudes de son lectorat, la presse locale s’appauvrit, se concentre ou, comme aux États-Unis, s’éteint : plus de 2 100 quotidiens et hebdomadaires y ont disparu depuis 2004, soit un quart du total, bien souvent remplacés par un réseau de sites partisans dont l’allure journalistique, la maquette classique et la couverture territoriale servent de paravent à la diffusion d’articles de complaisance financés par des intérêts liés aux partis politiques (3). La survie de la presse locale reposait sur la publicité et les petites annonces, deux ressources englouties par Facebook et Google, qui, eux, ne produisent pas d’informations mais pillent celles des journaux qu’ils ont préalablement privés d’annonceurs.
Proportionnel au nombre de paires d’yeux tombées sur la réclame imprimée, le prix de la publicité obéit à une tout autre règle sur Internet, où la qualité du ciblage remplace la quantité de public touché. Or, dans ce domaine, nul ne surclasse les prédateurs de la Silicon Valley. Leur concurrence force la presse généraliste à vendre ses espaces numériques à prix sacrifiés : de l’an 2000 (quand Google crée sa régie) à 2018, ses recettes publicitaires ont été divisées par trois (4). La pandémie leur porte le coup de grâce. Au deuxième trimestre 2020, la mise à l’arrêt de l’économie a sabré 20 % des revenus procurés par les annonceurs du Monde (5) — et 44 % au New York Times (6 août 2020).
Ci-gît le modèle du « double marché » inventé en 1836 par Émile de Girardin qui, d’un côté, alléchait le chaland par un faible prix de vente et, de l’autre, vendait le lectorat aux marchands souhaitant placer leur réclame. Cette économie impliquait une double dépendance : aux annonceurs quand tout allait bien ; aux actionnaires, sollicités pour remettre au pot, en période de vaches maigres. Elle connaît son âge d’or dans les années 1960 et 1970, puis, sur un mode plus frénétique, lors de la « bulle Internet » qui éclata en 2000 : dans les couloirs de Libération, un quotidien alors gavé de publicité, les dirigeants éditoriaux gloussaient qu’ils pourraient désormais se dispenser des ventes. Les journaux dits « gratuits » concrétiseront en 2002 cette stratégie de génie — avant de disparaître dans le trou noir de l’économie numérique.
Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, la prééminence de la ressource publicitaire avait transformé la vision du monde social renvoyée aux lecteurs : « La couverture du monde du travail a diminué et changé d’orientation, passant de la puissance des syndicats en tant qu’institutions aux désagréments que les grèves imposaient aux consommateurs », observe Nicholas Lemann, professeur de journalisme à l’université de Columbia (6). L’ère de la réclame avait coïncidé avec une élévation sensible du salaire, du statut et du niveau de diplôme des salariés de la presse. Elle se clôt dans un climat de précarité des producteurs d’information, de discrédit des médias, de défiance radicale entre les classes populaires et les couches intellectuelles. « Pour la toute première fois, moins de la moitié des Américains font confiance aux médias traditionnels », s’épouvante en janvier dernier une société de conseil (7). L’élection surprise de M. Donald Trump en 2016 aura dissipé aux yeux des lecteurs du New York Times le mirage d’une société de marché pacifiée par les vertus de l’éducation et de la communication. Un nouveau modèle émerge, mieux ajusté à l’anémie publicitaire et aux réalités d’une société fracturée : celui de médias hyperpartisans, de masse ou de niche, financés lorsqu’ils relèvent de l’écrit par une solide base d’abonnés.
L’abonné : « Temps futurs ! Vision sublime ! » Les médias sont hors de l’abîme… Hier jugé hors d’atteinte et hors du coup par les génies d’Internet, convaincus que l’information en ligne serait gratuite ou ne serait pas, ce souscripteur fidèle fait quinze ans plus tard l’objet de toutes les convoitises. Des chaînes payantes, plates-formes de diffusion vidéo et audio ont démontré que, à l’époque de la gratuité et du piratage généralisés, les utilisateurs restent disposés à payer un service spécifique pourvu qu’on ne le trouve pas ailleurs.
Au jeu de la conversion de l’audience gratuite en lecteurs payants, seuls les journaux les plus puissants et les plus spécialisés triomphent. Pour ceux nés à l’époque de l’imprimerie, la réussite économique passe par le sacrifice progressif du papier et de ses coûts d’impression et de distribution. Le Monde compte 360 000 abonnés numériques au début de cette année et vise le million en 2025, pour seulement 100 000 abonnés papier. De son côté, après une décennie de numérisation à marche forcée, le New York Times a plastronné : « Pour la première fois, les recettes des abonnés au numérique dépassent celles des abonnés au papier » (5 novembre 2020). À cette date, 4,7 millions de souscripteurs sur écrans rapportaient à peine plus que les 831 000 abonnés à l’édition imprimée : le salut économique impose donc un recrutement numérique tous azimuts. Dans un raccourci saisissant de notre époque, des fabricants de papier journal, comme Norske Skog, reconvertissent leurs machines afin de produire du carton d’emballage pour Amazon (8)…
« Avant Internet, le New York Times, comme tous les journaux, se contentait de servir ses maîtres publicitaires. Aujourd’hui, en l’absence d’autres formes de revenus — subventions gouvernementales, fondations à but non lucratif —, c’est le lecteur qui décide si une publication vit ou meurt, résume Ross Barkan, journaliste et militant de l’aile gauche du Parti démocrate. Et cela confère au public un pouvoir nouveau (9). » À première vue, la bascule marque un bond vers l’indépendance : les abonnés ne réclament-ils pas la meilleure information possible là où les annonceurs n’exigent qu’un temps de cerveau disponible ? Naguère perçu comme hétérogène et dépourvu de moyen de pression, le lectorat a rarement disposé d’une influence sur la ligne éditoriale. En se fixant une identité, politique (en France) ou locale (aux États-Unis), chaque publication naissante sélectionnait d’emblée une audience correspondant à sa vision du monde. De leur côté, les responsables de la presse « de qualité » se faisaient de leur clientèle l’image reflétée par le courrier des lecteurs : libérale éclairée, allergique au sectarisme, intéressée à la chose commune et à la marche du monde, ne formant son jugement qu’à partir de faits liés par des raisonnements ; la figure de l’« honnête homme », en somme, pour qui la lecture du quotidien représentait, selon la fameuse formule de Friedrich Hegel, « une sorte de prière du matin réaliste ». Le journalisme s’inventait un peuple de croyants dont il serait le dieu.
Ce mirage s’est dissipé. Toute source de financement comporte un risque d’influence éditoriale, et le modèle de l’abonnement ne fait pas exception. Les années 1990 et 2000 avaient été marquées par une discordance entre la polarisation sociale croissante des populations et l’homogénéité relative des médias dominants. Les parts de marché, estimaient les comptables de la presse, se gagnent au centre, comme les élections. De l’ère Brexit-Trump, l’élite du journalisme aura retenu cette leçon : l’exacerbation des divisions politiques — et surtout culturelles — alimente l’audience, mobilise les lecteurs et génère du profit. « Les entreprises cherchaient auparavant à attirer un public le plus large possible ; elles s’emploient désormais à capter et à retenir de multiples fractions de lectorat, a résumé le journaliste américain Matt Taibbi. Fondamentalement, cela signifie que la presse, qui commercialisait naguère une vision de la réalité supposée acceptable aux yeux d’un large éventail, vend à présent de la division (10) » (lire « Comment Donald Trump et les médias ont ravagé la vie publique »). Plutôt que ses « vieux » lecteurs, qui considèrent encore le journal comme une entité éditoriale à part entière, le New York Times s’emploie à séduire des « communautés » qui reçoivent sur les réseaux sociaux les liens d’articles isolés, détachés du reste de l’édition du jour, mais correspondant étroitement à leurs attentes. Sur chacun des sujets qui les mobilisent, ces petits groupes accueilleront tout faux pas par une tempête de tweets indignés.
Du consensus sédatif au dissensus lucratif, le virage épouse opportunément le fonctionnement des réseaux sociaux. Hier propre à Facebook et à Twitter, le modèle de la chambre d’écho qui renvoie inlassablement aux utilisateurs ce qu’ils veulent lire et entendre s’étend désormais aux médias traditionnels, à cette différence que les lecteurs paient cash pour recevoir les informations qui les caressent dans le sens du poil. D’autant plus persuadés que Twitter arbitre la vie publique qu’ils y passent eux-mêmes une partie significative de leur temps d’éveil, les journalistes confondent volontiers l’activisme polémique alimenté au quotidien par quelques centaines de « twittos » blanchis sous le clavier avec les attentes de leurs centaines de milliers d’abonnés. Échaudés par quelques orages d’indignation numérique, bien des dirigeants éditoriaux évitent de prendre à rebrousse-poil les militants du clic. « Le journalisme en ligne financé par les lecteurs favorise un contenu éditorial plus idéologique : des articles qui réaffirment ce que pense déjà son public, plutôt que de le contredire, écrit Lemann. Ainsi fonctionnent les chaînes d’information câblées (11). »
Selon une enquête réalisée fin 2019 par le Pew Reseach Center, 93 % des personnes qui utilisent Fox News comme source principale d’information politique se déclarent républicaines. Symétriquement, 95 % de celles qui choisissent MSNBC se disent démocrates ; tout comme, dans la presse écrite, 91 % des lecteurs du New York Times (12). Divisés de part et d’autre d’une barricade culturelle, deux publics enfermés dans leurs chambres d’écho respectives arment leurs convictions, les répercutent en ligne et, au moindre écart, somment leurs médias favoris de rectifier le tir ou de purger les déviants.
Mais les rafales de tweets qui charpentent les polémiques en ligne influencent-elles vraiment la production d’information ? Dans une large mesure, explique une enquête en cours de publication (13). Partant d’une série de plusieurs milliers d’« événements » lancés sur les réseaux sociaux et repris dans les médias traditionnels, les chercheurs établissent que la popularité d’un sujet apparu sur Twitter — mesurée au nombre de tweets, de retweets et de citations qu’il génère — détermine la couverture que lui consacre la presse : « Une augmentation de 1 % du nombre de tweets correspond à une augmentation de 8,9 % du nombre d’articles. » Et le phénomène est encore plus prononcé dans les journaux où les rédacteurs s’activent le plus ardemment sur la messagerie en 280 signes.
Car les journalistes ont trouvé dans ce réseau social souvent narcissique, péremptoire et moutonnier un monde qui leur ressemble. « Twitter est une fenêtre sur l’actualité du monde, c’est pourquoi certains des comptes les plus actifs appartiennent à des journalistes », claironne une page consacrée aux « bonnes pratiques » du groupe fondé par M. Jack Dorsey (14). C’est la définition même de l’effet Larsen : les journalistes les plus bouillonnants sur un réseau social où piaffent nombre de leurs collègues répercutent dans leurs colonnes l’écho de cet environnement électronique. Issus de plus en plus exclusivement de la bourgeoisie cultivée, au point que plus de la moitié des rédacteurs du New York Times et du Wall Street Journal sortent des universités d’élites américaines (15), les gens de presse oublient que Twitter lui-même attire une clientèle plus diplômée, aisée, urbaine, jeune et de gauche que la population au milieu de laquelle elle vit. Et que la « fenêtre » est elle-même distordue, puisque les 10 % de « twittos » les plus prolixes produisent 80 % des tweets (16). « Il faut souligner que les utilisateurs de Twitter ne sont pas représentatifs de la population générale des lecteurs de presse », insistent les auteurs de l’enquête précitée.
Mais il est si doux et, pour un temps, si payant de prendre son reflet pour le miroir du monde…
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(1) Lire « Médias français : qui possède quoi ? ».
(2) Elizabeth Grieco, « 10 charts about America’s newsrooms », Pew Research Center, 28 avril 2020, www.pewresearch.org
(3) The New York Times, 19 octobre 2020.
(4) Séries longues de la presse éditeur de 1985 à 2018 — presse d’information générale et politique française, nationale et locale, ministère de la culture, www.culture.gouv.fr
(5) La Lettre A, 30 juillet 2020.
(6) Nicholas Lemann, « Can journalism be saved ? », The New York Review of Books, 27 février 2020.
(7) www.axios.com, 21 janvier 2021.
(8) L’Usine nouvelle, Antony, 17 juin 2020 ; Les Affaires, Québec, 30 juin 2018.
(9) Ross Barkan, « The gray zone lady », The Baffler, mars-avril 2020, https://thebaffler.com
(10) Matt Taibbi, « The post-objectivity era », TK News, substack.com, 19 septembre 2020.
(11) Nicholas Lemann, « Can journalism be saved ? », op. cit.
(12) Elizabeth Grieco, « Americans’ main sources for political news vary by party and age », Pew Research Center, 1er avril 2020.
(13) Julia Cagé, Nicolas Hervé et Béatrice Mazoyer, « Social media and newsroom production decisions », Social Science Research Network, 20 octobre 2020 (prépublication).
(14) Jennifer Hollett, « How journalists can best engage with their audience », Twitter.
(15) Proportion plus élevée au sein de la Chambre des représentants, du Sénat, des juges fédéraux ou… des patrons du Fortune 500. Cf. Zaid Jilani, « Graduates of elite universities dominate the New York Times and Wall Street Journal, study finds », The Intercept, 6 mai 2018, https://theintercept.com
(16) Stefan Wojcik et Adam Hughes, « Sizing up Twitter users », Pew Research Center, 24 avril 2019.
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Enquête sur le corps enseignant
dossier enquête semestre 1
Partie 1 : Questionnement
1) Il s’agit de rédiger une première version de votre questionnement que vous pourrez affiner au second semestre mais qui doit déjà pouvoir convaincre de l’intérêt et de la pertinence de votre sujet.
Définitions :
Impact : effet produit, action exercée
Covid-19 : une maladie infectieuse due à un coronavirus découvert récemment
Relation pédagogique : repose sur les interactions entre l’enseignant et ses étudiants et est tributaire de facteurs sociaux, éducatifs et affectifs.
Enseignant : qui enseigne, est chargé de l’enseignement
Grande section : continuation des deux premiers niveaux de maternelle (petite, moyenne et grande)
Terminale : est la troisième et dernière année du lycée.
Choix du sujet :
Au début de l’année, nous étions intéressés par le tatouage, mais il y a eu différents problèmes. En effet, on nous a dit que comme nous n’étions pas tatoués, ou que nous n’avions pas l’intention de le faire, l’accès au terrain serait nettement plus difficile. De plus, l’observation aurait été très difficile à cause de la pandémie. Effectivement, les tatoueurs ne font entrer que les personnes voulant se faire tatouer. Par exemple, pour mener des observations, un camarade de classe a dû se faire tatouer pour observer dans un salon.
Ensuite, après quelques séances de réflexion, nous voulions nous intéresser aux métiers du milieu médical et plus particulièrement celui d'aide soignante. En effet, la crise sanitaire actuelle a mis en lumière les métiers du monde médical, par le biais des médias, ce qui nous a forcément inspiré. De plus, après avoir sondé respectivement notre entourage, nous avions plusieurs contacts qui travaillaient en tant qu'aides soignantes ou un métier similaire, nous avions donc plusieurs contacts à interroger et plusieurs terrains à investiguer.
Cependant, il y a eu encore différents problèmes. En effet, le métier d’aide soignante à domicile consiste en grande partie à faire la toilette des personnes âgées, on ne pouvait donc pas pénétrer dans leur intimité. Il y avait aussi le problème de la crise sanitaire, nous aurions pu observer les autres facettes du métier mais comme les aides soignantes sont en contact avec des personnes à risque, nous ne voulions pas les mettre en danger. Au vue de la situation et des contraintes des protocoles sanitaires, nous nous sommes vite rendus compte que ce terrain ne serait pas facilement accessible, voire pas du tout. Nous avons donc décidé d'abandonner ce sujet par souci de faisabilité.
Après plusieurs séances de réflexion, d'espoir et d'illusions, de réussites et d'échecs, Cassandre eut l'idée de s'intéresser au monde de l'enseignement. Cette nouvelle a suscité en nous un vif intérêt. En effet, nous avons entendu durant tout l'été, aux informations, l'impact qu’a eu le Covid-19 dans de nombreux domaines (sport, économie, éducation). De plus, nous avons été privés de passer le baccalauréat, diplôme auquel on nous prépare depuis le plus jeune âge. Nous avons aussi beaucoup entendu le désarroi de nos professeurs et nous avons vécu une période compliquée scolairement parlant. Il était donc inévitable que nous nous intéressions à un tel sujet. En plus, étant étudiants, le domaine scolaire nous a naturellement intéressé. Aussi, ayant tous les trois suivi la filière Économique et Sociale au lycée, la découverte des travaux de Pierre Bourdieu sur les inégalités à l’école, ainsi que les travaux de Bernard Lahire sur le même sujet, ont été des ouvrages passionnant qui nous ont motivés dans ce sujet. Nous avions envie d’en savoir plus. De plus, Cassandre a eu la chance de rencontrer des co-auteures de Bernard Lahire qui ont écrit le livre Enfances de classe et a beaucoup apprécié le récit de leur enquête. En effet, c’est quelque chose qui nous concerne depuis longtemps, c’est aussi une manière de mieux connaître le milieu qu’on fréquente, de se mettre dans une autre position.
Après avoir réfléchi à un sujet de départ, nous voulions nous assurer de la faisabilité de l'enquête et de l'accès aux terrains. Nous avons donc chacun de notre côté appelé les différents établissements scolaires où nous avons étudié (maternelle et lycée), l'intérêt est d'avoir des contacts, des connaissances pouvant nous intégrer plus facilement dans les différents établissements qui nous intéressent. Ayant donné leur accord à notre venue et ayant des connaissances (des enseignants) pouvant aider à l'avancement notre enquête, ces établissements scolaires devenaient des terrains d'enquêtes propices. Il est évident que nous avons aussi choisi ce sujet pour sa faisabilité.
Par ailleurs, comme nous avons vécu une année de terminale plus qu’inédite et une première année de licence en sociologie très compliquée, nous nous intéressons aux conséquences du virus sur le monde scolaire. Nous avons d’abord eu l’idée d’un sujet lié à la pandémie. En effet, c’est un sujet d’actualité donc quelque chose de nouveau, même si c’est une prise de risque. De plus, la crise sanitaire actuelle est centrale dans notre année et dans nos vies. Nous voulions donc nous poser la question de ce que cela aurait pu changer dans la vie des autres, en l'occurrence dans l’enseignement, d’autant plus qu’avec notre position d’élèves, on a vu comment ils pouvaient être impactés. En effet, on observait quelques changements et nous nous demandions comment maintenaient-ils la relation pédagogique avec leurs élèves. Nous avons voulu nous pencher sur les relations avec leurs élèves car nous nous sommes dit que c’était un sujet sociologique car il s’intéressait aux interactions. On a également envie de s’interroger sur la propre relation qu’on a pu avoir avec nos enseignants, d’aborder cette question d’un point de vue moins objectif et plus “scientifique”.
Au début, nous voulions étudier plusieurs types de relations (par exemple avec les élèves, les autres enseignants, les personnes de l’établissement, les parents, la hiérarchie...) mais il a fallu commencer à restreindre la question de départ. Nous avons donc choisi principalement de nous intéresser à leur relation avec les élèves, c’est la relation dans sa globalité qui nous intéresse, alors même si on se focalise plus sur l’enseignant, on aime aussi s’interroger sur l’élève. Néanmoins, sur certains points, d’autres personnes que les enseignants et les élèves peuvent être abordés. Par exemple, les parents (inégalités) ou d’autres enseignants (préparation des cours) peuvent avoir un rôle à jouer dans la relation pédagogique de l’enseignant et de l’élève. Toutefois, nous veillons à ne pas trop nous disperser non plus. C’est donc tout naturellement que nous sommes arrivés au sujet suivant : “Quel est l’impact de la pandémie sur la relation pédagogique entre les enseignants (maternelle et lycée) et leurs élèves ?”. Cependant, il n’est pas immuable et se spécialisera sans doute au fil de l’enquête.
Pour cette enquête, nous nous intéresserons aux effets (aussi bien positifs que négatifs) du Covid-19 sur les stratégies pédagogiques des enseignants et ce que cela entraîne. Comment les enseignants peuvent maintenir un enseignement correct dans des conditions nouvelles (distancielles; masques; les élèves ont passé plusieurs mois sans travailler, ils ont donc accumulé du retard et/ou décrochage scolaire/notions non acquises), qui empêchent la réalisation des pédagogies misent en place auparavant. Quel peut être le suivi de l'enseignant sur ses élèves lorsque ceux-ci sont en distancielle ? Tels sont nos questionnements.
Contexte et décisions politiques :
Le jeudi 16 mars 2020, le président Emmanuel Macron décide que les écoles maternelles, primaires, les collèges, les lycées et les universités fermeront dès le lundi 20 mars 2020.
Jean Michel Blanquer déclare juste après ce discours que les enseignants sont préparés à cette
fermeture, que toutes les mesures ont été mises en place afin qu’ils puissent continuer à faire cours, pendant cette période. Cette fermeture des écoles durera jusqu’au 11 mai 2020, jour du
déconfinement. Toutefois, tous les élèves ne sont pas obligés de retourner en cours en présentiel, notamment les terminales. Les écoles doivent respecter les gestes barrières et doivent rouvrir en demi effectif. Néanmoins, si les élèves ne retournent pas à l’école, ils doivent quand même suivre un enseignement à distance.
Les mesures pour la rentrée des classes de l’année 2020/2021:
* En maternelle, les élèves peuvent reprendre le chemin de l’école normalement, les
enseignants doivent seulement porter un masque et se désinfecter les mains régulièrement.
* Au lycée, les élèves doivent porter un masque et se désinfecter régulièrement les mains, tout comme leurs professeurs. Il est aussi demandé de respecter les distances de sécurité
dans la mesure du possible. Par exemple, des sens de circulation sont mis en place pour éviter aux élèves de se croiser et éviter «l'effet de foule» lorsque la sonnerie retentit et que les élèves sortent tous en même temps.
Le 28 octobre 2020, Emmanuel Macron annonce un reconfinement du pays. Toutefois, les écoles restent ouvertes, sauf les universités. Courant novembre, après plusieurs semaines de contestations des lycéens et des enseignants, face aux problèmes du nombre d’élèves en classe, le ministre de l’éducation autorise les lycées à réduire leurs effectifs en alternant semaine en présentiel/ semaine en distanciel. Par exemple, le lycée Rabelais adopte ce fonctionnement, pour tous, hormis la filière STI2D qui peut respecter les distances de
sécurité dans les classes, sans être en demi-effectif, car le nombre d'élèves permet de mettre un élève par table et ainsi, respecter les distances de sécurité.
Partie 2 : Méthodologie et premières pistes
2) Précisez le terrain et la population sur lesquels votre choix s’est arrêté pour réaliser votre enquête.
Dès le début de notre enquête, nous voulions étudier les enseignants des classes de maternelle et de lycée.
Dans un premier temps, ces deux groupes nous ont fortement intéressé. En maternelle, comme les enfants sont très jeunes, nous pensions qu’ils auraient peut-être eu plus de mal à comprendre et à s’adapter à la situation. En effet, les adultes portent un masque, ainsi, on ne voit plus leur visage. Ils ne peuvent plus avoir de contacts physiques avec leur enseignant et avec leurs camarades. Ainsi, nous avons tout de suite pensé que ce niveau pourrait être très intéressant. En plus, certains membres du groupe adorent le contact avec les enfants en bas-âge. Cette enquête a même permis à Cassandre d’envisager le métier d’institutrice comme perspective d’avenir. Le lycée, lui, est marqué comme la marche vers le baccalauréat et les grandes études. Ce sont donc trois années très importantes où les élèves sont davantage suivis par les enseignants, ce qui nous paraissait intéressant à observer. De plus, ces années sont pour tous les membres du groupe, comme les plus belles années de leur scolarité, pour le moment. C’est alors un niveau que nous apprécions particulièrement. Nous n’avons pas voulu nous centrer sur certains professeurs d’une matière ou d’une filière, pour l’instant, mais plutôt sur des professeurs de deux classes : la grande section et la terminale. Effectivement, toutes deux sont marquées par un changement : de la maternelle à l’école primaire et du secondaire au supérieur. Cela est donc une véritable transition et un changement de statut et d’institution. On voit donc les élèves de grande section devenir des CP, qui s'accompagnent d’une nouvelle manière de travailler. Les élèves de terminales eux, deviennent des étudiants ou des travailleurs, il y a donc en plus d’un changement d’établissement, un changement de ministère, de manière de travailler, mais aussi le passage de l’enfance à l’âge adulte. Ainsi, lors de nos observations nous avons aperçu que dans ses deux classes les professeurs préparaient énormément leurs élèves au niveau supérieur. Avec du recul, cela est comme un cycle, le début de la scolarité avec la maternelle et la fin de la scolarité avec le lycée. On peut donc constater l’effet du virus sur les enfants qui viennent d’entrer dans la scolarité et ceux qui vont en sortir. L’enseignement de ces deux groupes ne sont donc pas les mêmes, ce ne sont pas les mêmes façons de faire, pas les mêmes relations aux élèves. Le but est donc d’observer les différents comportements des enseignants dans ces deux cas de figure, leurs méthodes, les peurs, les problèmes rencontrés...
Dans un deuxième temps, nous avons choisi de nous intéresser aux enseignants de maternelle et de lycée par faisabilité et par contact. En effet, il est très difficile de pénétrer dans une institution publique comme l’école. En maternelle, il faut l’autorisation de tous les parents et parfois pour les lycées, il faut l’autorisation du rectorat. Avec le contexte sanitaire actuel, il est encore plus difficile de faire pénétrer des personnes qui peuvent être malades et qui ne sont pas élèves ou inutiles à l’institution. Effectivement, on peut mettre en danger les élèves et les acteurs de l’établissement. En plus, le fait que l’on ait le statut d’étudiant ne favorise pas les choses. Les universités étant les établissements qui se sont vu fermés, les étudiants sont perçus par la population comme des personnes qui ne font pas attention aux gestes barrières et qui font la fête, ce qui est un grand facteur de transmission du virus. C’est pourquoi nous avons pris contact dans un premier temps avec des personnes que nous connaissions, qui nous faisaient confiance.
Comme nous étudions le métier d’enseignant, et la relation pédagogique qu’ils ont avec leurs élèves, nous avons choisi de faire nos observations dans les salles classes des niveaux qui nous intéressent. Pour ce faire, nous avons choisi les établissements que nous avions fréquentés auparavant ou que les enseignants enquêtés fréquentent. Gaetan a donc effectué ses observations dans le lycée Robert Garnier de la Ferté Bernard, Grégoire et Cassandre dans le lycée Rabelais de Chinon et Cassandre dans l’école maternelle Charles Perrault de Sainte Maure de Touraine. Nous avons décidé de faire ces choix de terrains, car ce sont des établissements qui sont près de nos domiciles et donc plus facile d’accès avec notre emploi du temps, surtout en période de crise sanitaire où les déplacements sont restreints. Deuxièmement, le contact avec les enseignants est plus facile, nous les connaissons personnellement, c’est le cas de Cassandre qui s’est vu accepté son entrée sur le terrain que grâce à sa connaissance personnelle avec la directrice de l’école maternelle. Grégoire, lui, ne pouvait pas accéder physiquement à l’école maternelle de Rivières. Ainsi, tous les enseignants que nous connaissions étaient prêts à nous aider par sympathie, pour nous aider dans nos études supérieures. Nous les avons contactés dans un premier temps par mail en expliquant le but de cette enquête, les modalités, et compte tenu du contexte sanitaire la compréhension de se soumettre aux règles pour y accéder.
3) Quelle stratégie méthodologique pensez-vous ou avez-vous commencé à mettre en œuvre ?
Conditions d’accès au terrain :
Nous avons tous les trois participé à la prise de contact, de sorte que nous ayons un terrain chacun. Ainsi, Cassandre a choisi l’école maternelle Charles Perrault de Sainte Maure de Touraine, ainsi que son ancien lycée : François Rabelais de Chinon, qu’elle partage avec Grégoire. De plus, il a également des possibilités d’entretiens avec la directrice de la maternelle de Rivières. Pour finir, Gaëtan est en lien avec son ancien lycée : Robert Garnier à La Ferté-Bernard.
Prise de contact de Gaëtan :
Pour accéder au terrain, Gaëtan a pris contact avec son ancienne CPE, d’abord par mail. Toutefois, comme elle souhaitait plus de précisions, elle lui demanda de l’appeler pour lui expliquer vraiment notre projet. Après cela, elle a transmis le message et le mail à Gaëtan, à ses collègues enseignants, afin de trouver des volontaires pour participer. Suite à cela, quelques professeurs ont envoyé un mail à Gaëtan pour lui proposer de nous aider. Ainsi, ils ont échangé leurs disponibilités, et il a pu entrer dans leur classe pour observer.
Les deux professeurs observés par Gaëtan étaient tous les deux intéressés par le sujet. En effet, ils ont dit qu'ils avaient beaucoup de choses à dire. Ainsi, nous pensons que les données seront plus denses lors des entretiens.
Prise de contact de Cassandre :
Pour contacter la maternelle, Cassandre a simplement pris un rendez-vous avec la directrice de la maternelle, par le biais de son fils qu’elle connaissait. Elles se sont ensuite vues à son domicile. En lui parlant brièvement de notre, la directrice à tout de suite accepté de nous aider. Il n’y avait aucune règle particulière, hormis les gestes barrières habituels que nous appliquons également à l’université (avoir un gel hydroalcoolique et un masque). Ainsi, la directrice n’avait pas besoin de demander l’autorisation aux parents, car dès le début de l’année, elle prévient que les étudiants peuvent intervenir dans l’école, même si la plupart du temps ce sont des stagiaires.
La directrice avait l’air très emballée par le thème de la crise sanitaire. Pour cause, quand elle lui parlait, elle avait l’air à la fois remonté contre sa hiérarchie et lassée de la situation. Alors, le fait que l���on s’intéresse à leur métier face à cette crise lui a plu. Elle a peut-être senti une reconnaissance de notre part, comme nous nous intéressons aux difficultés qu’elle a pu rencontrer.
Prise de contact de Grégoire :
Grégoire a d’abord contacté l’école maternelle de Rivières. Il lui a envoyé un mail, puis ils ont eu un échange par téléphone. Ainsi, la directrice lui a dit que nous ne pouvions pas avoir accès au terrain pour mener des observations. En effet, à cause du virus, elle ne veut pas risquer de contaminer les élèves et les personnes de l’établissement. Alors, elle ne veut pas que nous soyons physiquement présents. Néanmoins, elle reste disponible pour mener un entretien et répondre à nos questions.
Prise de contact de Grégoire et Cassandre :
Au lycée François Rabelais, la prise de contact fut beaucoup plus difficile. Pour cause Grégoire et Cassandre ont d’abord pris contact avec leurs anciens professeurs de sciences économiques et sociales, afin d’avoir leur soutien et qu’ils leur communiquent l’adresse mail de la principale. Toutefois, il y a eu une longue période d’attente pour qu’ils obtiennent une réponse. Ainsi, Cassandre envoya un mail à la secrétaire du lycée, afin de lui expliquer notre projet pour qu’elle nous mette en lien avec la proviseure. Avec elle, nous avons dû parler en détails de notre enquête, afin qu’elle accepte de nous aider et de transmettre le message. On voit alors qu’il y a une certaine méfiance qui n’est pas présente avec les professeurs que nous connaissons. Finalement, elle a fini par communiquer notre message. Grégoire aussi a envoyé un mail à la principale, suite à la réponse de son ancienne enseignante. Ainsi, elle répondit au mail de Grégoire et nous donna son accord pour intervenir au lycée. Les règles sont simplement de respecter les gestes barrières et de prévenir l’administration quand nous venons. Pour intervenir dans les salles de classe, nous convenons soit d’un rendez-vous par mail au préalable avec les enseignants, soit nous leur demandons en personne lors d’une journée d’observation. Par rapport aux impressions des professeurs sur notre sujet, le professeur de sciences économiques et sociales a dit à Cassandre qu’il ne voyait pas vraiment l’intérêt de cette problématique. En effet, il disait que la question de la pandémie n’était pas assez sociologique et que ce contexte n’avait pas vraiment de conséquences sur leur métier, hormis le port du masque qui est pénible quand ils font cours. Toutefois, l’ancienne professeure de sciences économiques et sociales de Grégoire avait l’air très emballée par le sujet. Elle a dit que c’était un bon sujet et qu’on pouvait réaliser une bonne enquête avec celui-ci. Cela nous a rassuré d’avoir un autre point de vue positif, surtout venant d’une professeure qui enseigne la sociologie.
Dans nos prises de contact, la plupart du temps, nous n’avons pas eu besoin d’expliquer le but d’une enquête ethnographique ou de ce qu’était notre discipline. Nous pensons que c’est peut-être parce que les enseignants ont une certaine proximité avec les études supérieures. Effectivement, nous pensons que cela s’approche de ce que disait Trémoulinas. Pour cause, dans son enquête sur le football d’esplanade, il disait que les banquiers comprenaient beaucoup plus son objectif, car ils avaient eux aussi fait des études longues. Tandis que les ouvriers étaient beaucoup plus méfiants, car certains ne savaient pas ce qu’était la sociologie et ne comprenait pas vraiment son but.
Pour finir, nous avons remarqué tout au long de ce moment de prise de contact que les professeurs étaient heureux que l’on s’intéresse à eux. De plus, ils étaient aussi ravis de pouvoir aider leurs élèves dans les études supérieures.
Utilisation des méthodes :
Dans un premier temps, nous allons décrire les méthodes que nous avons déjà utilisées. Puis dans un second temps, nous verrons les méthodes que nous voudrions utiliser.
Ainsi, nous avons d’abord fait des entretiens informels, ou de petits entretiens. Grâce à cela, nous avons pu en savoir un peu plus sur le sujet, sur les personnes enquêtées, ainsi que sur ce qu’elles pensent de notre sujet. Cela nous permet aussi de nous aider dans d’autres méthodes, comme l’entretien ou les observations. Effectivement, cela peut nous aider à avoir des idées de questions ou nous donner des pistes d’observations.
Nous avons ensuite réalisé des observations. Bien sûr, nous avons adopté la position d’observateur déclaré, car il est impossible d’entrer dans une salle de classe ou dans une école, surtout dans ce contexte de crise sanitaire, si nous ne sommes pas déclarés. De plus, dans cette situation, la participation n’est pas forcément utile. En effet, cela aurait pu être intéressant de se mettre dans la peau de l’enseignant mais nous n’avons pas les qualifications nécessaires pour le faire. En plus, nous pensons qu’il est difficile en première année de pouvoir participer et observer en même temps. Seulement observer est déjà quelque chose de complexe. Ainsi, l’observation nous permet de faire une première entrée sur notre terrain d’étude, d’avoir une vue d’ensemble de notre objet et d’en apprendre plus sur ce milieu professionnel. Comme on enquête sur un métier, on peut voir l’environnement de l’enquêté, le lieu où se déroule ses actions. On peut également voir comment il exerce sa profession, donc les actions en questions, son comportement. Cela nous permet aussi de voir les relations qu’il entretient avec les différentes personnes qui peuplent ce milieu, les échanges verbaux, par exemple avec les élèves. De la même manière, les observations peuvent également nous donner quelques pistes pour les entretiens que l’on mènera plus tard ou dans de potentiels questionnaires. En effet, certains constats et hypothèses peuvent déboucher sur des interrogations. De plus, nous pensons qu’il sera intéressant de comparer les actions et comportements des enquêtés avec leur discours. Pour cause, Peretz disait qu’il y avait une grande différence entre réaction symbolique (ce que les gens disent) et réaction effective (ce que font les gens véritablement). Toutefois, l’observation présente plusieurs risques. Effectivement, il est possible que les enseignants changent leur comportement de part notre présence. Par exemple, c’était parfois le cas pour Cassandre quand l’enseignante de maternelle appuyait certains exercices en demandant aux élèves de lui expliquer pourquoi ils font cela. Grégoire lui, avait bien fait attention à cela en ne révélant pas notre question de départ à son ancienne prof de sciences économiques et sociales. De la même manière, les élèves peuvent aussi changer leur comportement. C’était notamment le cas en maternelle où les enfants étaient très attirés par la présence de Cassandre. Ils étaient parfois moins attentifs parce qu’elle était là. Pour finir, il y a aussi des problèmes d’attention. Par exemple, Cassandre avait souvent envie d’aller vers les enfants, comme ils venaient vers elle, ce qui l’aurait détourné de son observation. Elle était confrontée au même risque de Trémoulinas, celui de pouvoir se détourner de son réel objectif. Gaetan, lui, avait du mal à tout observer en même temps, problème que nous avons rencontré tous les trois. Effectivement, notamment en cours d’EPS, il avait du mal à regarder tous les groupes d’élèves. Grégoire, quant à lui, avait du mal à sortir de son rôle d’élève de terminale. En effet, lors d’une observation en classe, avec son ancienne professeure, il a eu l’impression d’être élève en plus d’être observateur. Il a donc dû se concentrer sur son objectif principal à plusieurs reprises. Ainsi certes, il pense qu’il y a des avantages à observer un ancien professeur, pour établir des comparaisons. Néanmoins, il faut faire attention à ce danger de changement de statut. Alors pour certaines observations, il est préférable d’observer un professeur que l’on ne connaît pas ou qui enseigne à une autre filière.
A l’avenir, nous souhaiterions mener des entretiens semi-directifs, comme ceux que mènent Bourdieu et ses collègues dans La Misère du Monde. En effet, cela permettra de diriger l’enquêté, de le guider, tout en lui laissant assez de liberté pour répondre. Pour notre enquête, ce type d’entretien nous permettra d’avoir des données sur des interrogations précises et un contexte particulier. Le problème d’un entretien libre aurait été qu’on se perde dans les données que nous fournit l’enquêté. De plus, l’entretien nous permet d’avoir des informations sur des choses qui ne sont pas observables. Par exemple, sur ce qui s’est passé lors du confinement, sur un changement de point de vue sur leur métier… Ensuite, l’entretien nous permet aussi de savoir le sens que les enquêtés donnent à leurs pratiques que l’on peut observer pendant les observations. Pour mener des entretiens, on peut trouver des avantages à la familiarité. Pour cause, les enseignants ont envie de nous aider et sont disponibles pour notre enquête. De plus, la confiance qu’ils nous accorde évite qu’ils se méfient. Cassandre a notamment remarqué lors des observations que les profs qu’elle avait eu n’étaient pas du tout méfiants, ne lui posait aucune question, tandis que ceux qui ne la connaissaient pas étaient beaucoup réticents à la laisser observer. Ainsi, nous sommes certains que les enquêtés seront à l’aise avec nous et seront certains de ne pas exercer la violence symbolique, dont parle Bourdieu, sur eux. En plus, notre plus jeune âge est aussi un avantage pour ne pas exercer ce type de violence, ils ont une position sociale plus élevée dans la hiérarchie sociale.
Bien sûr, l’entretien présente également des risques. Le premier est que les enquêtés ne disent pas tout ou pas la réalité, pour plusieurs raisons. Par exemple, ils peuvent estimer que certaines choses sont inutiles, en oublier certaines, ou encore dissimuler ou exagérer certaines informations. Ainsi, il ne faut pas oublier que les données récoltées dans l’entretien résultent d’un point de vue. Le second risque est que la familiarité peut aussi être un danger. Pour cause, nous connaissions les personnes interrogées avant l’enquête, sous un statut différent, celui d’élève. Ainsi, ils nous attribuent une position autre de celle que l’on souhaite adopter dans cette enquête. Alors, ils vont peut-être finir par mener le jeu, comme ils le faisaient en cours et prendre le pas sur nous. De cette manière, l’analyse pourrait être faussée si les enseignants livre seulement leur témoignage, ce qu’ils souhaitent raconter, en oubliant que c’est une enquête ethnographique. Ainsi, il faut être conscient de tous ces risques pour les limiter.
Ensuite, nous envisageons de créer un questionnaire destiné aux élèves. Celui-ci permettrait de recueillir le discours des élèves sur cette situation inédite. Pour cause, dans une relation il y a deux personnes, donc c’est important pour nous d’étudier les deux côtés, les deux visions. Ainsi, le questionnaire pourrait nous permettre de collecter plusieurs réponses à des questions précises. Ces différents points de vue nous permettront de révéler les principales réponses communes. Ensuite, cela nous permettra de ne pas recourir à l'entretien. En effet, cela représenterait une charge de travail supplémentaire et prendrait du temps. En plus, les élèves ne sont pas notre objet d’étude principal, cela nous semble donc normal de leur accorder moins de temps. De plus, le questionnaire sera moins contraignant pour les élèves. Effectivement, ils n’auront pas forcément le temps et l’envie de nous accorder du temps, pour un entretien, entre leurs cours. Alors, nous pensons que le questionnaire est le bon compromis. Toutefois, cette méthode comporte aussi des risques. Le premier est que les élèves ne répondent pas correctement aux questions, que ce ne soit pas la réalité. Cela peut être dû à une mauvaise compréhension de la question. Ainsi, il faudra impérativement que nous y travaillons, afin qu’elles soient le plus claires possibles et qu’il n’y aucune ambiguïté. Néanmoins, ils peuvent également atténuer ou exagérer leurs réponses, comme pour l’entretien. Les élèves pourraient aussi prendre ce questionnaire à la
légère et ne pas prendre le temps pour y répondre correctement.
Finalement, tous les outils mobilisés serviront à compléter l’analyse. En effet, chaque outil peut nous apporter des données différentes, auxquelles on n’aurait pas pu accéder avec d’autres, ils se complètent. Par exemple, ce qui n’est pas visible lors des observations peut être dit au cours des entretiens. De la même manière, ce qui ne peut être dit lors des entretiens peut être montré lors des observations. Ainsi, en les assemblant, on enrichit l’analyse.
4) Vous présenterez au moins une situation de recueil de données menée en phase de pré-enquête. Quels sont les apports de ces situations de recueil ? En quoi, cette expérience vous permet-elle de progresser dans la définition de votre méthodologie.
Situation de recueil de données de Gaëtan :
L’observation avec un de mes anciens professeurs d’EPS a été très enrichissante, durant ce moment le professeur me confia énormément de choses sur le métier de professeur de sport en temps de Covid, sur les élèves et sur la relation pédagogique. En effet il me fait part de gros problèmes dû à la séparation des classes de lycée en deux groupes, on retrouve donc certains groupes d’amies séparés et parfois même certains élèves se retrouvant seuls. Pendant nos discussions il me dit qu’en tant que professeur principal il a de nombreuses peurs par rapport à ses élèves, la peur de perdre du relationnel avec eux par le fait de les voir seulement deux heures toutes les deux semaines et la peur du décrochage des élèves dans d’autres matières. A la suite de cela, il me raconte le cas d’une élève peu intéressée par l’école qui s’est vu s’attacher aux cours grâce à une amitié avec une autre élève. Cependant les deux amies se sont trouvées séparées par la séparation des classes. Le professeur me confie donc avoir très peur pour elle et pour son avenir au lycée, ce qui confirme son grand intérêt non seulement pour la réussite des élèves mais aussi et surtout pour leur bien-être. Pendant nos échanges, le professeur est très honnête et interagit avec moi comme il pourrait le faire avec un journaliste et non comme avec un élève. L’entretien fut très intéressant car en lien avec les relations à la fois pédagogiques mais aussi
relationnels entre élèves, on constate dans mon observation que le professeur se soucie énormément de ses élèves, ce qui me motive davantage à travailler lors de notre enquête sur la relation pédagogique des enseignants. Durant l’observation, j’étais peu à l’aise avec le professeur car l’interaction n’était pas habituelle pour moi, en effet les propos que le professeur tenait étaient pertinent, cependant mes réponses n’étaient pas sûres et je ne relançais pas forcément la conversation mais pouvait parfois enchainais mes questions, je ne savais pas toujours quoi répondre et répondais assez souvent par des «
je vois» ou bien «d’accord» qui, pour l’interviewé n’est j’imagine pas très agréable. Mes entretiens pourraient être mieux si au lieu d’y voir un questionnaire, j’y voyais plutôt une conversation.
Situation de recueil de données de Grégoire :
Pour cette question, j’ai choisi mon observation du 20/11/2020 au lycée François Rabelais de
Chinon de 13h05 à 15h dans la classe de Mme Lys, dans un cours de SES pour des terminales ES. Pour cette observation, je suis accompagné de Cassandre, avec qui nous avions, un peu plus tôt le matin, fait une autre observation dans la salle d’une professeure avec qui je n’avais eu aucun contact l’année précédente, alors que pour celle-ci, nous somme accueilli par ma professeure de sciences économiques et sociales de l’année dernière. Comme lors de la précédente observation, nous entrons, la professeure nous donne du gel hydroalcoolique et nous nous installons au fond de la salle. La professeure nous présente brièvement. Les élèves semblent curieux. Ils sont en demi-groupe (12 élèves) et sont répartis 1 par table. Classe calme (digestion) et se tient bien. Mme Lys a la même élocution que l'année dernière et ne hausse pas la voix pour se faire entendre. Elle déambule dans la classe pour avoir un œil sur les notes des élèves. Il n'y a pas de masques mal portés. Durant la vidéo, les élèves sont captivés. Les élèves touchent constamment à leur masque, tirent dessus
pour prendre de l'air et parler à voix haute. La salle est aérée continuellement. Il y a peu voir pas de différence avec les cours de l'année dernière, seulement, les élèves semblent avoir du retard. En effet, la professeure doit rappeler ou même faire des points de cours sur des notions vues en classe de première. Il me semble qu'il y a des lacunes par rapport aux notions qui auraient dû être vues l'année précédente (lorsque les terminales actuelles étaient en classe de première). Ceci est sans doute dû à l'arrêt des cours (mi-mars) et de la mise en place d'un
confinement national. Les personnes timides ayant une petite voix osent encore moins participer. Une élève prend la parole devant la classe pour sa revue de presse, elle a une voix qui ne porte pas et le masque atténue le son, on l'entend mal au fond de la salle. L’enseignante utilise Pronote pour le travail durant la semaine en distancielle. La sonnerie retentit, je ne remarque rien de spécial. Dans les deux classes, les élèves semblent avoir du retard et des lacunes, le premier confinement et le travail à la maison, la séparation des élèves les laissant seuls à une table (pas d'entraide possible entre eux) en sont sans doute les causes. De plus, il est à la fois intéressant mais aussi difficile pour moi de revenir dans la classe de mon ancienne enseignante (madame Lys). En effet je pouvais faire une comparaison entre la situation actuelle et celle de l'année dernière, cependant, je reprenais involontairement ma place d'élèves du lycée, devant à plusieurs reprises me concentrer sur le fait que je venais en tant qu'observateur. Un sentiment d’inachevé me resté au travers de la gorge, celui d’avoir quitté le lycée prématurément et de ne pas avoir pu passer l’examen final. Je me sentais illégitime de ma place actuelle, celle d’étudiant ayant le baccalauréat sans l’avoir passé. Malgré la remarque précédente, il y a des avantages à observer des cours d'anciens enseignants car nous pouvons comparer avec l'année dernière (je connaissais les habitudes et la pédagogie de mon ancienne professeure (sa façon de faire cours, de dicter en déambulant dans la classe pour pouvoir suivre les élèves dans leur appropriation du cours)) mais pouvons aussi être aspiré par notre identité passée d'élève du lycée. Parallèlement, le fait d'observer un enseignant que nous ne connaissons pas nous permet d'être plus reculé face à la situation, car nous n'avons avant cela pas eu de relation. Cependant, nous ne pouvons pas faire de comparaison avec l'année dernière. Aussi, durant les premiers échanges avec mon ancienne professeure, je l’ai sentie désireuse d’en savoir plus sur le sujet que nous voulions traiter, mais, connaissant le passé de chercheuse et enquêtrice en sociologie de mon ancienne professeure, j’ai décidé, de rester très vague sur notre sujet pour ne pas qu’elle change son attitude durant notre observation. Cependant, après l’observation, je n’ai pas hésité à échanger avec elle sur notre sujet et par son expérience, m’a donné beaucoup de conseils.
Je pense sincèrement que nous aurons plus de données durant les entretiens et que les professeurs vont nous apporter des éléments très intéressants. Je pense cependant qu'ils ne devraient pas être les seules personnes interrogées. En effet, les élèves doivent avoir la parole pour exprimer leurs ressentis face aux changements scolaires qu'inflige la crise sanitaire actuelle. Ils peuvent être un formidable indicateur de données. Ces premières observations ont certes eu un faible rendement de données mais le fait d’avoir observé des classes assez tôt dans l’enquête (le sujet était beaucoup trop vaste) nous a permis de prendre conscience de plusieurs choses et de réduire considérablement notre champ d’enquête (en voyant ce qui avait changé ou non). De plus, le fait de devoir expliquer son sujet, quand on se retrouve nez à nez avec d’anciens professeurs, est vraiment un exercice compliqué. C' est un très bon exercice car il permet de voir si tout est clair dans notre tête, si notre raisonnement et si notre piste sont rationnels, il nous fait prendre conscience de nos lacunes. Dans mon cas, il m’a ouvert les yeux sur le fait que la lecture sur notre sujet était au fondement de notre enquête, qu’il fallait tout d’abord lire et relire encore des articles. Ceux-ci nous ouvrent à de nouvelles réflexions, étayent nos connaissances et spécifient notre vocabulaire.
Situation de recueil de données de Cassandre :
Description de la situation :
Pour cette présentation, j’ai décidé de choisir mon premier entretien informel avec la directrice de la maternelle. Cet entretien s’est fait à la fin de ma première observation. L’enseignante avait du temps à m’accorder pour que je lui pose quelques questions pour nous faire avancer. Ainsi, je lui ai posé plusieurs questions sur les grands axes que je voulais aborder et que j’avais préparé au préalable.
Données récoltées :
L’école a rouvert en mai en demi-classes, surtout pour les grandes sections, qui étaient prioritaires comme ils entraient en CP. Ainsi, les élèves n’allaient pas tous les jours à l’école.
A la reprise, la directrice, s’occupant des grandes sections, a remarqué que le confinement avait creusé les inégalités. En effet, les parents ont eu une grande influence lors de cette période. L’enseignante me disait que des parents n'étaient pas capables de faire cours à leurs enfants ou ne s’en préoccupaient pas. Elle disait également que si l’enfant avait un ou plusieurs aînés, les parents s’occupaient plutôt de la poursuite de la scolarité des plus grands. Effectivement, pour certaines personnes, la maternelle a plus une fonction de garderie. De plus, certains parents n’ont pas remis leurs enfants à l’école car ils étaient des personnes à risque (mucoviscidose, asthme…). L’enseignante était en accord total avec le choix des parents, malgré que l’école soit obligatoire. Pour cause, elle se serait beaucoup inquiétée pour ces élèves. Lors de la rentrée, les élèves n’ont pas eu de mal à quitter leurs parents, au contraire ils étaient très heureux de retrouver leurs amis, malgré les distances.
Elle a fait des cours à distance pour que ses élèves de grande section gardent le rythme, notamment des petites vidéos où elle écrivait des lettres ou faisait des parcours de motricité. Elle envoyait aussi des liens pour que les enfants lisent avec leurs parents et créer des escape game pour les évaluer. Ainsi, on voit que l’enseignante s’est beaucoup impliquée, pour maintenir cette relation pédagogique avec ses élèves, malgré que certains parents ne jouaient pas le jeu.
Elle a également donné son numéro de téléphone, son adresse et son mail à tous les élèves pour garder un lien, que ce soit pour des questions sur le cours, ou pour raconter leurs vacances d’été.
Les élèves sont toujours proches d’elle et lui demandent souvent des câlins et des bisous. Alors, à la reprise, l’enseignante et les enfants ont très mal vécu ce manque de contact.
L’enseignante a ressenti une certaine frustration pendant le confinement, car elle ne pouvait pas voir ses élèves, ni les aider, particulièrement pour ceux dont elle n’avait aucune nouvelle. Elle a même dit que cela l’avait rendue anxieuse.
Quand je lui ai demandé si des solidarités s’étaient créées avec les autres enseignants, elle me répondit qu’elles étaient déjà très proches avant. Par exemple, elle me racontait que comme elles faisaient des réunions tous les mardis soirs, cela pouvait se passer dans un bar. Ainsi, lors du confinement, elles n’hésitaient pas à s’entraider, d’autant plus qu’une d’elles se trouvaient en zone blanche.
Avantages :
Ce genre de petit entretien sert premièrement à en apprendre davantage sur notre objet d’étude. Puis, il permet de nous donner quelques pistes pour la période d’entretien. En effet, on commence à discerner les questions qui peuvent être pertinentes ou non. A l’aide des réponses, on voit les points qui méritent d’être approfondis. Ensuite, cela permet aussi de vérifier des premières impressions sur le sujet et d’en écarter d’autres. Par exemple, nous avons beaucoup pensé que ce confinement à creuser les inégalités entre les élèves, chose qui a été confirmée par l’enseignante. En revanche, je pensais que les cours à distance ne concernait pas les élèves de maternelle, chose qui est fausse. De plus, on remarque également les questions que préfèrent aborder les professeurs, ce qu’ils préfèrent raconter et développer. Par exemple, l’enseignante a pris plus de temps à me raconter le travail qu’elle accomplissait pendant le confinement. Cela peut nous donner des indications sur certains résultats, sur ce qui les touche le plus. Pour finir, cela peut nous diriger vers des points qu'il faut essayer de détecter lors des observations.
Limites :
Premièrement, je pense que le fait d’avoir discuté dans son bureau était quelque chose de trop formel. En effet, nous avions toutes les deux l’impression que nous étions dans une situation d’entretien. Ainsi, personnellement, j’avais la sensation de mener un entretien trop tôt dans mon enquête et que j’allais lui poser les mêmes questions dans quelques mois. Cela m’a mit donc mal à l’aise, j’avais l’impression de lui faire perdre son temps, chose qui avec le recul n’était pas du tout le cas. Effectivement, en avançant le sujet sera plus recentré et les questions seront plus précises et développées. Alors, les discussions que nous avions dans sa salle de classe, après la journée de classe ou pendant la récréation étaient beaucoup plus détendues. C’est notamment lors de ces moments que j’ai vu la proximité qu’elle avait avec les élèves et comment elle préparait ses cours pour le lendemain. Je pense que ces discussions étaient plus naturelles parce que nous nous connaissons personnellement. Ainsi, je pense que cela peut être un avantage dans cette situation. Nous sommes toutes les deux à l’aise. Néanmoins, lors de cet entretien, j’avais peur que cette familiarité devienne un problème. A cause de cela, notre échange ressemblait plus à un interrogatoire. Pour cause, je posais les questions que j’avais noté, sans forcément me laisser porter par la discussion. Je pense que cela à accentuer l’aspect formel de cette discussion et a peut-être mis mal à l’aise l’enquêtée. De plus, je bafouillais beaucoup et n’était donc pas très claire. Pour finir, je n’ai pas utilisé le dictaphone de mon téléphone, comme ce n’était pas un “vrai entretien”, je pensais que la prise de note suffirait. Toutefois, je n’ai pas réussi à la fois à noter toutes les informations et à l’écouter totalement. Cela a aussi augmenté mon stress.
Comment m’améliorer :
La principale chose à améliorer est la gestion de mon stress face à l’enquêté. En effet, le fait que je ne sois pas détendue met aussi mal à l’aise l’enquêté. Pour cause, il faut que mes questions soient claires et que l’échange soit plus fluide. De plus, il pourrait finir par diriger l’entretien, ce qui ne nous permettra pas de remplir tous nos objectifs. Pour finir, il faut toujours que je pense à enregistrer l’enquêté, même dans ce genre de petit entretien, s’il est d’accord. De cette manière, je serai plus détendue, apte à tout écouter et rebondir de façon plus pertinente et naturelle.
5) Quelles premières pistes commencent à émerger ?
Premiers constats :
➻ Premièrement, nous avons vu que les enseignants préparaient beaucoup plus leurs élèves (grandes sections et terminales) au niveau supérieur (CP et études supérieures). On a notamment pu le remarquer avec les élèves de terminales, car nous en faisions partie l’année dernière. Ainsi, au premier trimestre, donc avant le confinement, on ne nous préparait pas autant aux études supérieures. Nous pourrions alors éventuellement revenir sur ce point en entretien. Il serait intéressant de savoir si la directrice de la maternelle faisait déjà beaucoup cela auparavant, ou si cela s’est accentué suite au confinement. En effet, au début de notre enquête, nous avions émis l’hypothèse que les enseignants avaient peut-être insisté sur ce point, suite aux difficultés de leurs élèves et au retard dans le programme. Ils auraient pu sentir qu’il fallait accentuer cette préparation à cette transition, afin de limiter le retard et le malaise de leurs élèves.
➻ Ensuite, nous avons vu que les élèves parvenaient à discerner les expressions des adultes, malgré le masque. Nous nous posions notamment cette question pour les élèves de maternelles. En effet, comme ils sont très jeunes, nous pensions que cela les aurait beaucoup perturbés et qu’ils seraient difficiles pour eux de s’habituer, comme ils ont besoin d’être très proche de leur enseignant. Toutefois, les élèves s’y sont faits, d’autant plus qu’ils comprennent cette situation inédite. De plus, ils sont finalement capables de capter les expressions des adultes masqués.
➻ Nous avons la sensation que les enseignants mettent particulièrement l’accent sur la participation. Il y a une volonté de créer une interaction avec les élèves, qu’ils soient pleinement intégrés dans le cours. Par exemple, dans la classe de grande section, elle sollicite beaucoup l’élève qui ne parlait pas français avant la rentrée. Au lycée, les enseignants sont plus insistants dans leurs questions. On peut également demander, notamment aux enseignants de lycée, s’ils ont mis l’accent sur la participation. En effet, cela ne s’apparentait pas à un cours magistral. S’ils ont changé leur manière de faire cours, quelle en est la raison ? Nous avions imaginé qu’un changement de pédagogie serait le moyen de rattraper, récupérer les élèves, qui ont une longue période sans cadre scolaire.
➻ Au lycée, Grégoire et Cassandre ont remarqué un certain retard chez les terminales, en cours de sciences économiques et sociales. En effet, ils ont eu l’impression qu’ils voyaient des choses que nous avions déjà faites en classe de première. Ils seraient alors pertinent de vérifier cela lors des entretiens.
➻ On voit aussi un fort encouragement de la part des professeurs envers leurs élèves. Par exemple, en maternelle, on voit des gestes ou des surnoms affectueux, avec un système de récompenses, une aide constante… Au lycée, cela se voit surtout avec les professeurs qui vont voir tour à tour les élèves pour apporter une aide si nécessaire.
➻ En maternelle, on a vu également que les parents ont une grande influence dans la scolarité de leurs enfants. On le remarque notamment avec la présence d’un cahier de vie, ainsi qu’avec l’échange que Cassandre a eu avec la maîtresse. Ce point nous permet d’aborder les inégalités entre les élèves et si elles se sont creusées pendant le confinement.
➻ On remarque aussi beaucoup de comportements déviants au lycée. Pour cause, l'ambiance de classe n’est pas toujours propice au travail. De plus, nous avons vu sur les trois observations que les classes de STI2D étaient plus agitées que les élèves de terminales ES. Ainsi, on se demande s’il est plus difficile pour les enseignants d’enseigner dans les filières technologiques, ou s’il y a eu plus de décrochage. Nous avions fait l’hypothèse que ces comportements auraient pu s’accentuer après le confinement. On peut donc demander aux enseignants s’ils voient un accroissement de ces comportements ou non.
➻ Nous avons remarqué qu’au lycée, les élèves avaient beaucoup de mal à travailler en autonomie et ce dans toutes les filières. Alors, nous commençons à écarter la possibilité que les élèves ont pu gagner en autonomie lors du confinement, avec l’absence de leur professeur. Maintenant, il serait intéressant de savoir en entretien si les professeurs trouvent que cela s’est amplifié suite à l’enseignement à distance.
Grands axes que l’on envisage d’aborder en entretien :
Bien sûr, pour l’instant nous pensons à ces grands thèmes. Toutefois, en fonction de l’évolution et l’affinement du sujet, certains grands thèmes pourraient disparaître et d’autres émerger.
❋ Inégalités
→ Une période de cours à distance a pu creuser les inégalités. En effet, ces inégalités peuvent être de nature matérielles. Pendant le confinement, la plupart des lycéens ont continué les cours grâce au numérique. Alors, les élèves ne sont pas tous équipés de la même manière. Par exemple, certains n’avaient pas un ordinateur ou un espace de travail pour eux tout seul. Ainsi, tous les élèves n’avaient pas forcément des bonnes conditions d’apprentissage. En maternelle aussi, ce problème peut s’appliquer. Effectivement, la directrice m’a informé qu’elle se servait aussi du numérique pour garder un lien avec ses élèves. De plus, ces inégalités peuvent être aussi de nature immatérielles. C’est à ce moment-là que les parents peuvent avoir un rôle à jouer. En maternelle, si les parents ne s’investissent pas dans la scolarité de leurs enfants, il est difficile qu’ils continuent à travailler seul ou qu’ils communiquent avec leur maîtresse. Ensuite, pour le lycée, nous pensons que les parents peuvent jouer un rôle dans la scolarité de leurs enfants, via le capital culturel qu’ils leur ont transmis, comme le montrait Bourdieu. Ainsi, nous pensons que sans contact direct avec l’institution, les élèves en difficulté seront encore plus en difficulté. La reprise des cours serait donc plus difficile pour ceux-là. On aimerait savoir si les enseignants tentent de réduire ces inégalités et si oui de quelle manière.
❋ Décrochage
→ La période de confinement a pu créer du décrochage, notamment chez les lycéens qui ont eu une longue période sans cours en présentiel. En effet, nous pensons qu’une relation virtuelle avec les enseignants, parfois (par expérience) inexistante, accompagnée d’un contrôle beaucoup moins important de l'institution, peut engendrer une baisse de motivation chez les élèves. Le fait d’être chez soi peut aussi amener les élèves à faire autre chose que travailler. Ainsi, ce décrochage pendant le confinement peut avoir des conséquences à la reprise des cours en présentiel. On peut aussi penser qu’il peut y avoir une certaine forme de décrochage chez les élèves de maternelle. En effet, s’ils n’ont pas garder de lien avec leur enseignante lors du confinement, la reprise a pu être plus compliquée. Cette baisse de motivation peut aussi se retrouver chez les enseignants. On veut donc dans un premier temps savoir comment les enseignants réagissent face à un potentiel décrochage de leurs élèves. Puis, comment se sont-ils re-motivés, si besoin.
❋ Déviance
→ Nous imaginons que certains élèves peuvent avoir plus de comportements perturbateurs en classe. Cela peut résulter d’un rejet de l’institution à cause de difficultés scolaires ou du fait qu’ils n’apprécient pas les cours. Ou bien, cela peut résulter d’une ré-adaptation difficile à l’enseignement en présentiel. Toutefois, il faut être conscient que tous ces comportements déviants ne résultent pas forcément de l’épidémie. Ainsi, nous voulons savoir comment les enseignants gèrent ces comportements, s’ils ont dû utiliser plus de sanctions. De plus, une ambiance de classe moins propice au travail peut aussi diminuer leur motivation.
❋ Méthodes/Outils pédagogiques
→Il est possible que les enseignants aient changé leur méthode pédagogique suite aux changements et complications entraînés par la pandémie. Par exemple, on peut imaginer que les enseignants ont adopté une pédagogie adaptative (cf.bibliographie), au vue des potentielles difficultés causées par les cours à distance. De plus, on peut s’interroger sur des changements d’outils ou de méthodes de faire cours. Effectivement, les professeurs ont pu mettre l’accent sur la participation et se sont peut-être plus intéressés aux élèves de manière individuelle. De plus, on peut imaginer qu’ils accordent encore plus d’attention à leur préparation de cours. Pour cause, pour “raccrocher” les élèves, ils ont pu mettre en place des exercices plus attractifs, afin de s’éloigner du cours magistral qui plaît moins.
❋ Soutien apporté aux enseignants
→Ensuite, on pourrait s’intéresser aux différents soutiens qui ont pu être apportés aux enseignants lors de cette période. Dans un premier temps, on pourrait se demander s’ils ont eu plus de reconnaissance. Pour cause, c’est un métier beaucoup critiqué pour plusieurs raisons (emploi du temps, grèves…) qui n’est pas forcément valorisé par tous. Toutefois, ils auraient pu sentir un changement sur ce point là. Ensuite, on pourrait aussi s’intéresser à un soutien de la part de l’Etat, sur des conseils, aides pour continuer à enseigner dans ces conditions, notamment lors de l’annonce du premier confinement ou à la rentrée. Pour finir, on peut réfléchir aussi sur un soutien entre enseignants. En effet, ils auraient pu s’entraider afin de trouver de meilleurs moyens d’enseigner.
❋ Règles sanitaires
→ Nous avions pensé que le port du masque pouvait altérer la relation pédagogique, notamment au niveau des expressions du visage, toutefois cette piste est écartée. Ensuite, nous pensons que les distanciations sociales entre les élèves peuvent avoir des impacts négatifs. En effet, l’entraide ou les travaux de groupes sont difficiles à mettre en place sans enfreindre cette règle. Ainsi, l’enseignant peut sûrement (même si en observation, nous avons vu qu’un enseignant le faisait) écarter cette méthode. Ensuite, cela peut peut-être créer des rapports plus distants entre les élèves et donc une ambiance de classe plus froide. Le fait de mettre en place un système de demi-classes peut aussi rapprocher les enseignants de leurs élèves. En effet, ils pourraient consacrer plus de temps à chacun.
❋ Point de vue sur leur métier et changements qu’ils ont pu ressentir
→ Cette crise sanitaire et ce changement de manière d’enseigner aurait pu bousculer leur vision de leur propre métier. En effet, cela aurait pu changer leur manière de voir les élèves. Par exemple, peut-être que le confinement a été un moyen pour eux de créer des liens plus forts avec leurs élèves. Ou alors, ils se sont peut-être rendus compte que les élèves ont besoin d’une aide soutenue de leur professeur pour réussir. De plus, cela aurait pu aussi bouleverser les valeurs qu’ils associent à leur métier. Par exemple, le fait que l’école soit obligatoire. Leur point de vue sur cette valeur peut changer s’ils ont par exemple un élève à risques. Les enseignants peuvent aussi sentir que leur manière de travailler peut changer. Effectivement, avec la découverte pour beaucoup des cours à distance, peut-être que l’enseignement en présentiel est menacé. Ainsi, des valeurs anciennes peuvent être remises en question et d’autres peuvent apparaître. Il serait intéressant d’avoir le point de vue de chaque professeur sur cette question.
Thème 1 : Trajectoire personnelle de l’enseignant et choix de carrière.
Objectifs :
→ caractéristiques sociodémographiques
→ formation des enseignants
→ motivations à exercer ce métier + convictions
→ établissement où ils ont enseigné
⇒ processus de socialisation
Question d’accroche : Vous êtes professeur depuis maintenant plusieurs années, pouvez-vous nous dire ce qui vous a amené à faire ce métier ?
Questions :
1) Pouvez-vous nous parler du milieu dans lequel vous avez grandi ?
2) Depuis combien de temps enseignez-vous ?
3) Pouvez-vous retracer les établissements dans lesquels vous avez enseigné et quels niveaux ? (s’ils ont enseigné dans des collèges ou des écoles primaires)
4) Comment pouvez-vous décrire les premières années d’enseignement ?
5) Pouvez-vous nous parler de votre formation pour devenir enseignant ? Quel parcours avez-vous suivi?
6) Le métier d’enseignant a toujours été une possibilité/idée ou aviez-vous d’autres rêves/idées étant jeune ?
Thème 2 : Perception du métier (manières d’exercer et rapport aux élèves)
Objectifs :
→ valeurs liées à leur métier (information transversale à tous les thèmes)
→ méthode pour enseigner/ préparation des cours/ réception du cours
→ rapport aux élèves/vision qu’ils ont d’eux (relation de confiance, de bien-être, de suivi, conflits...) + voir s’il voit les élèves comme des individus à part ou s’il les voit comme un groupe classe
→ objectifs qu’ils veulent atteindre dans leur métier
→ oppositions qu’ils peuvent avoir avec leurs collègues sur la perception du métier
→ moments déclencheurs de phases difficiles ou de moments d’épanouissement dans leur carrière
Questions d'accroche : Depuis que vous pratiquez ce métier, quelle méthode adoptez-vous pour enseigner et est-ce que cette méthode à évoluer ?
Questions :
1) Qu’est ce qui vous motive à vous lever tous les matins ?
2) A quoi pensez-vous quand vous préparez vos cours ?
3) Comment procédez vous pour donner envie aux élèves d’apprendre ?
4) De quelle manière évaluez-vous ?
5) Comment pourriez-vous décrire le lien que vous entretenez avec vos élèves ? Quelles sont vos relations ?
6) Comment pensez-vous qu’ils vous voient ?
7) Qu’est-ce que vous souhaitez transmettre à vos élèves ?
8) Pour vous, quel est/sont votre/vos rôles en tant qu’enseignant ?
9) Quel est selon vous le plus gros du métier ? Ce qui est le plus important ?
10) Dans l’établissement, est-ce que beaucoup d’enseignants partagent votre vision du métier ?
11) Avez-vous déjà pensé à arrêter ce métier ? Si oui, pourquoi ?
12) Avez-vous une ou plusieurs anecdotes marquantes sur des moments de votre carrière à nous raconter ? (des moments déclencheurs)
Thème 3 : La période de confinement
Objectifs :
→ adaptation ou non à la situation → manière qu’ils ont choisi pour exercer leur métier
→ contact qu’ils entretenaient avec les élèves → inexistants ? récurrents ?
→ sentiments personnels par rapport à cette période → mal-être ? démotivation ?
→ principaux points négatifs et positifs qu’ils ont pu dégager
→ voir s’il y a des inquiétudes pour certains niveaux en particulier
Question d’accroche : Lorsque les écoles ont été fermées, comment avez-vous vécu cette période professionnellement ?
Questions :
1. Quelle stratégie avez-vous choisi pour continuer à enseigner dans de telles circonstances ?
2. Aviez-vous des contacts réguliers avec vos élèves? Si oui, de quel genre étaient-ils ?
3. Comment avez-vous vécu le manque de contacts directs avec vos élèves ?
4. Quels sont vos constats quant à l’enseignement à distance? Quelles sont les choses qui vous ont interpellé ?
5. Quelles étaient vos plus grandes craintes/inquiétudes pour les élèves ? S’il ne l’évoquent pas, leur demander s’ils avaient des inquiétudes pour des niveaux en particulier
6. Pour vous, quel était l’objectif principal qu’il fallait poursuivre lors du confinement ?
7. Y-a-t-il eu, malgré ces circonstances, des points positifs ? Si oui, lesquels ?
8. Pour les professeurs de terminales : Que pensez-vous du fait que les terminales de l’année dernière n'aient pas passé le bac ?
Thème 4 : Le retour en présentiel
Objectifs :
→ savoir si pour eux c’est un retour à la normale ou une continuité de la crise sanitaire, avec une gestion de l’incertitude
→ s’ils pensent que cette situation a fait évoluer le métier en général ou leur propre vision et pratiques
→ savoir s’ils ont vu des changements particuliers chez leurs élèves (retard, décrochage, augmentation des inégalités…)
→ leurs relations avec les élèves ont-elles changées → rapprochement (discussions privées, demi-classes…) ou éloignement (comportements déviants, absences…)
→ voir une nouvelle fois s’ils ont des inquiétudes particulières pour des niveaux
→ sentiments personnels → motivation ? envie de continuer ou d’arrêter ?
Question d’accroche : A la fin du premier confinement, le retour en classe a-t-il été selon vous, le synonyme d’un retour à la normale ?
Questions :
1) Comment avez-vous vécu ce retour en classe ?
2) Est-ce que ce confinement a bousculé votre vision ou vos pratiques professionnelles? → Avez-vous mis l’accent sur quelque chose en particulier (le but est de savoir s’ils ont adapté leur pratique à certains constats qu’ils ont pu faire) ?
3) Avez-vous des inquiétudes particulières pour des niveaux ? (terminales pour le bac ou l’orientation, les secondes pour leur transition entre le collège et le lycée…)
4) Que pensez-vous du système de demi-classes ? (seulement pour les enseignants de lycée)
5) Avec un peu de recul, trouvez-vous que votre relation aux élèves a changé, depuis le confinement ?
6) Socialement, comment pourriez-vous décrire l’impact du confinement sur les élèves ? Et qu’est-ce qui a causé cela ? (l’absence de sortie culturelle ou autres, l’absence de vraie relation, le masque …)
7) Scolairement, qu’est-ce qui a été selon vous le plus dramatique avec ce confinement?
8) Pour vous, sur la longue durée, quelles seront les conséquences de cela ?
9) Est-ce que ce confinement a impacté sur votre motivation ? Avez-vous eu envie d’arrêter ou au contraire de continuer ?
10) Est-ce que vous pensez que le métier à évoluer ? (Positivement ou négativement?)
11) Trouvez-vous qu’avec le confinement, on a vu votre métier d’une nouvelle façon ? Si oui, de quelle manière ?
12) Sentez-vous que le numérique peut devenir une menace ?
13) Avez-vous senti que les gestes barrières étaient un problème lors du retour en classe ? Si oui pourquoi ?
14) Avec du recul, est-ce que vous changeriez quelque chose dans votre façon d’enseigner s’il y avait un reconfinement, par rapport au précédent ?
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