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#Emmanuel Bourdieu
clubtravaille · 1 year
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bibliographie club t
Le capitalisme patriarcal, Silvia Federici
Point zéro: propagation de la révolution. Salaire ménager, reproduction sociale, combat féministe, Silvia Federici
Caliban et la sorcière. Femmes, corps et accumulation primitive, Silvia Federici
Travail gratuit et grèves féministes, Silvia Federici
Training for Exploitation? Politicising Employability and Reclaiming Education by Precarious Workers Brigade with Silvia Federici
Refuser de parvenir, idées et pratiques, éditions CIRA, Lausanne
Abolish work (« Abolish Restaurants » plus « Work, community, politics, war ») par prole.info (édition française :  "un monde sans restaurant")
Abolish work, Bob Black
Poétique de l'emploi, Noémie Lefebvre
La fabrique des masculinités au travail, Haude Rivoal
Le management désincarné, Marie-Anne Dujarier
Elles sont au service, Fabienne Swiatly Retour à Reims, Didier Eribon
Comment survivre après l’école d’art (Surfaces Utiles et Erg)
Argent, Christophe Hanna
Manuel "aujourd'hui on dit travailleur-se-s de l'art" (369 éditions)
Self-Organised, Open editions
The burn-out society, Byung Chul Han
Le travail intenable : Résister collectivement à l'intensification du travail, Laurence Théry
No Logo, Naomi Klein
The Working Poor: Invisible in America, David K. Shipler
« Te plains pas, c’est pas l’usine » (l’exploitation en milieu associatif), Lily Zalzett & Stella Fihn
Revue Esse - spécial Travail / Labour (édition québécoise en bilingue)
L’envers du Travail, le genre de l’émancipation ouvrière, Rolande Pinard
La Pièce, Jonas Karlsson
Recreation at Stake, Valeria Graziano
La gentrification des esprits, Sarah Schulman
La guerre des arts, Francis Desharnais
To become two, propositions for feminist collective practice, Alex Martinis Roe’s
La vie intense, une obsession moderne, Tristan Garcia
Le travail, Dominique Méda
La conjuration, Philippe Vasset
Rêver l’obscur & Comment s’organiser, manuel pour l’action collective, Starhawk
Sortis d’usine, la “perruque” , un travail détourné, Robert Kosmann
L’invention du quotidien, Michel de Certeau
le nouvel esprit du capitalisme, Boltanski et Chiapello
L'exploitation du travail dans le milieu des arts, par Virginie Jourdain  (article)
Voyage en Misarchie - Essai pour tout reconstruire, Emmanuel Dockès
Maintenance art, Ukeles
Authenticity is a Feeling: My Life in PME-ART, Jacob Wren
Le travail , très-précis de conjugaisons ordinaires, David Poullard et Guillaume Rannou
Le travail, Pierre Bouvier
Sociologie de la vie quotidienne, Claude Javeau
Lettres de non-motivation, Julien Prévieux
La Domination masculine + La Reproduction, Pierre Bourdieu
Manifeste contre le travail, Groupe Krisis
Poétique de l’emploi, Noémie Lefèvre
Ce que Laurence Rassel nous fait faire, Signe Federiksen
Une apologie des oisifs, Robert Louis Stevenson
Le travail invisible, Camille robert, Louise toupin
Janesville, une histoire américaine, Amy Goldstein
Vous faites quoi dans la vie ? Éditions de l’Atelier
Le capital, Karl Marx,
Les prolétaires intellectuels, Emma Goldman,
La sorcellerie capitaliste, Philippe Pignarre et Isabelle Stengers
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Grégoire Hetzel - Claire (from the film Sage femme) Piano solo partition, sheet music
Grégoire Hetzel - Claire (from the film Sage femme) Piano solo partition, sheet music
https://dai.ly/x8eusf8
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GRÉGOIRE HETZEL BIOGRAPHIE Né à Paris, Grégoire Hetzel est compositeur de musique de films, formé au Conservatoire National Supérieur de Paris. Il a commencé sa carrière de musicien en improvisant sur des films muets à la Cinémathèque française. Il a composé notamment Sage Femme et Le Secret de la Chambre Noire. Grégoire Hetzel est remarqué dès le début des années 2000 pour son travail avec les réalisateurs français tels que Arnaud Desplechin (Trois souvenirs de ma jeunesse pour lequel il est nommé au César en 2016, Rois et reine, Un conte de Noël), ou encore Mathieu Amalric (La chambre bleue, Le stade de Wimbledon), Catherine Corsini (La belle saison, Trois mondes), et Cédric Anger (La prochaine fois je viserai le cœur, L’avocat, Le tueur, L’amour est une fête). Il est capable de passer d’un registre pop à des compositions électroniques, d’écrire des œuvres symphoniques autant que du jazz ou de la folk – ce qu’il fit pour L’arbre, film franco-australien de Julie Bertuccelli pour lequel il est encore une fois nommé au César en 2011. Il a également composé les bandes originales de films de Denis Villeneuve (Incendies – nommé aux Oscars 2011), Mathieu Demy (Americano) et Emmanuel Mouret (Une autre vie) et en 2017, Le Secret de la chambre noire de Kurosawa et Sage Femme de Martin Provost. En 2018, il signe la musique des films L’amour est une fête et Un amour impossible. Filmographie Cinéma 2001 : Candidature d'Emmanuel Bourdieu 2002 : Le Stade de Wimbledon de Mathieu Amalric 2004 : Vert paradis (ou Les Cadets de Gascogne) d'Emmanuel Bourdieu 2004 : Rois et Reine d'Arnaud Desplechin 2005 : Le Passager d'Éric Caravaca 2005 : La Vie privée de Zina Modiano 2006 : Les Amitiés maléfiques d'Emmanuel Bourdieu 2007 : Les Méduses d'Etgar Keret et Shira Geffen 2007 : Les Ambitieux de Catherine Corsini 2007 : L'Aimée d'Arnaud Desplechin 2008 : Un conte de Noël d'Arnaud Desplechin 2008 : Intrusions d'Emmanuel Bourdieu 2008 : Le Tueur de Cédric Anger 2009 : Le Bel Âge de Laurent Perreau 2009 : Complices de Frédéric Mermoud 2009 : Toutes les filles pleurent de Judith Godrèche 2010 : Incendies de Denis Villeneuve 2010 : Petit Tailleur de Louis Garrel 2010 : L'Arbre de Julie Bertuccelli 2011 : L'Avocat de Cédric Anger 2011 : Americano de Mathieu Demy 2011 : Out of Tehran de Monica Maggioni (documentaire) 2012 : Maman de Alexandra Leclère 2012 : Trois mondes de Catherine Corsini 2013 : Une autre vie d'Emmanuel Mouret 2013 : Dans la cour de Pierre Salvadori 2014 : La Chambre bleue de Mathieu Amalric 2014 : Chante ton bac d'abord de David André 2014 : La prochaine fois je viserai le cœur de Cédric Anger 2015 : Trois souvenirs de ma jeunesse d'Arnaud Desplechin 2015 : La Belle Saison de Catherine Corsini 2015 : Les Innocentes d'Anne Fontaine 2016 : L'Ami, François d'Assise et ses frères de Renaud Fély et Arnaud Louvet 2016 : Moka de Frédéric Mermoud 2017 : Le Secret de la chambre noire de Kiyoshi Kurosawa 2017 : Sage Femme de Martin Provost 2017 : Après la guerre d'Annarita Zambrano 2017 : Les Fantômes d'Ismaël d'Arnaud Desplechin 2018 : L'amour est une fête de Cédric Anger 2018 : Un amour impossible de Catherine Corsini 2019 : Holy Lands d'Amanda Sthers 2019 : Convoi exceptionnel de Bertrand Blier 2019 : Roubaix, une lumière d'Arnaud Desplechin 2019 : Docteur ? de Tristan Séguéla 2020 : La Bonne Épouse de Martin Provost 2020 : Amants de Nicole Garcia 2021 : Tromperie d'Arnaud Desplechin 2022 : Frère et Sœur d'Arnaud Desplechin 2022 : L'Innocent de Louis Garrel Télévision 2005 : Clara Sheller (série télévisée) de Renaud Bertrand 2005 : Don Quichotte, ou les mésaventures d'un homme en colère (téléfilm) de Jacques Deschamps 2006 : Les Amants du Flore d'Ilan Duran Cohen 2008 : Clara Sheller (série télévisée, saison 2) d'Alain Berliner 2010 : Les Châtaigniers du désert (téléfilm) de Caroline Huppert 2011 : Tout le monde descend ! (téléfilm) de Renaud Bertrand 2011 : Chien de guerre (téléfilm) de Fabrice Cazeneuve 2012 : Hercule contre Hermès (documentaire) de Mohamed Ulad-Mohand 2012 : Rapace (téléfilm) de Claire Devers 2014 : La Forêt (téléfilm) d'Arnaud Desplechin 2014 : Détectives (saison 2) de Renaud Bertrand et Jean-Marc Rudnicki 2018 : Illégitime (téléfilm) de Renaud Bertrand (France 2) 2019 : Thanksgiving (mini-série ARTE) 2019 : La Forêt d'argent (téléfilm) d'Emmanuel Bourdieu 2021 : Paris Police 1900 (série télévisée) 2021 : La Corde (mini-série ARTE) Opéra 2013 : La Chute de Fukuyama, sur un livret de Camille de Toledo Ouvrages 2003 : Le Vert paradis (roman), éditions Gallimard, coll. « Blanche », (ISBN 9782070768165) 2008 : Fantasio de Alfred de Musset (mis en scène par Denis Podalydès pour la Comédie-Française) Distinctions Récompenses Prix Lumières 2016 : Prix de la meilleure musique pour La Belle Saison et Trois souvenirs de ma jeunesse Festival des créations télévisuelles de Luchon 2019 : Meilleure musique pour Thanksgiving Nominations 2009 : Prix France Musique-Sacem de la musique de film pour 'Un conte de Noël César 2011 : César de la meilleure musique originale pour L'Arbre 2012 : Prix France Musique-Sacem de la musique de film pour la musique d'Incendies 2014 : Prix France Musique-Sacem de la musique de film pour la musique de La Chambre bleue César 2016 : César de la meilleure musique originale pour Trois souvenirs de ma jeunesse 2016 : Prix France Musique-Sacem de la musique de film pour la musique de Trois souvenirs de ma jeunesse César 2019 : César de la meilleure musique originale pour Un amour impossible César 2020 : César de la meilleure musique originale pour Roubaix, une lumière César 2023 : César de la meilleure musique originale pour L'Innocent Read the full article
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bspolink1348 · 2 years
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Les nouveautés de la semaine (07/11/2022)
À la une : Les grands défis économiques : l'urgence du long terme / Olivier Blanchard et Jean Tirole
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Cote de rangement : HC 59 .3 B 265591 / Domaine : Economie
"Cet ouvrage présente et explique les principales conclusions du Rapport Blanchard-Tirole. En 2020, le président Emmanuel Macron proposait en effet aux auteurs de constituer une commission indépendante pour explorer les grands défis à venir. Le travail de cette commission internationale de vingt- quatre économistes aboutit à un rapport portant sur trois défis structurels pour l'économie mondiale : le changement climatique, les inégalités et l'évolution démographique. Ces trois défis sont véritablement existentiels car si nous ne les relevons pas, nous mettons en péril l'avenir de nos sociétés. Et pourtant, les gouvernements ne cessent de repousser l'heure des décisions. La question est donc simple : comment faire adopter des solutions nécessaires mais coûteuses et sans retombées positives immédiates ? Il faut s'efforcer de dépasser la stricte rationalité économique : pour chacun de ces défis, la réponse doit consister en un ensemble de réformes complémentaires, qui prennent en compte les perceptions et, surtout, les multiples dimensions de la question. Il est impératif que nos politiques reflètent enfin l'urgence du long terme." - Quatrième de couverture
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Sociologie
Le travail de l'habitus dans l'œuvre de Pierre Bourdieu / André Mary
Cote de rangement : HM 479 .B68 M 265582
La valeur des personnes : preuves et épreuves de la grandeur / Nathalie Heinich
Cote de rangement : HM 681 H 265584
The origins and dynamics of inequality : sex, politics, and ideology / Jon D. Wisman
Cote de rangement : HM 821 W 265596
La religion woke / Jean-François Braunstein
Cote de rangement : HM 1176 B 265573
Invisible weapons : infiltrating resistance and defeating movements / Marcus Board Jr
Cote de rangement : HN 49 .R33 B 265592
Sans classe ni place : l'improbable histoire d'un garçon venu de nulle part / Norbert Alter
Cote de rangement : HT 612 A 265590
Comment agir face au cyberharcèlement / Bruno Humbeeck
Cote de rangement : HV 6773 .15.C94 H 265578
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Sciences politiques
Géopolitique des États-Unis / Jean-Éric Branaa
Cote de rangement : JC 319 B 265575
Le malheur militant / sous la direction de Olivier Fillieule, Catherine Leclercq et Rémi Lefebvre
Cote de rangement : JC 328 .3 M 265574
Philosophie des relations internationales : anthologie / Frédéric Ramel
Cote de rangement : JZ 1242 R 265581
Revolutionary contagion and international politics / Chad E. Nelson
Cote de rangement : JZ 1315 N 265593
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Sciences du travail
Le droit du travail en sociologue
Cote de rangement : K 1705 D 265576
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Gestion
Adoptez l'esprit proofmaking : dépassez l'incertitude, innovez, et propulsez vos projets / Mathias Béjean, Stéphane Gauthier, Constance Leterrier, Matthieu Cesano
Cote de rangement : HD 45 B 265577
Le commun comme mode de production / Francesco Brancaccio, Alfonso Giuliani, Carlo Vercellone
Cote de rangement : HD 1286 B 265580
À bout de flux / Fanny Lopez
Cote de rangement : HF 5548 .2 L 265588
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Économie
Essays on liberalism and the economy / F. A. Hayek
Cote de rangement : HB 171 H 265595
Commerce, argent, pouvoir : l'impossible avènement d’un capitalisme en Chine, XVIe-XIXe Siècle / François Gipouloux
Cote de rangement : HC 427 C 265587
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Histoire
Un empire de velours : l'impérialisme informel français au XIXe siècle / David Todd
Cote de rangement : DC 252 T 265586
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Santé
Sortir des crises : One Health en pratiques / sous la direction de Sébastien Gardon, Amandine Gautier, Gwenola Le Naour et Serge Morand
Cote de rangement : RA 643 S 265579
Servitudes virtuelles / Jean-Gabriel Ganascia
Cote de rangement : RC 569 .5.I54 G 265589
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Psychologie
Nostalgie : histoire d'une émotion mortelle / Thomas Dodman
Cote de rangement : BF 575 .N6 D 265585
Le juste équilibre : entre plaisir et souffrance / Paul Bloom
Cote de rangement : BF 789 .S8 B 265583
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Communication
Politicians' reading of public opinion and its biases / Stefaan Walgrave, Karolin Soontjens, Julie Sevenans
Cote de rangement : HM 1236 W 265594
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Tous ces ouvrages sont exposés sur le présentoir des nouveautés de la BSPO. Ceux-ci pourront être empruntés à domicile à partir du 21 novembre 2022.
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ebouks · 2 years
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Je suis le dernier
Je suis le dernier
Je suis le dernier Bourdieu, Emmanuel Partant du procès d’un paysan ayant torturé, violé et dépecé une joggeuse, ce roman noir retrace la généalogie de la violence au sein de la famille du coupable, héritier d’une ferme familiale dont l’acte barbare et inexplicable semble surgir de temps immémoriaux. Categories: Year: 2022 Publisher: Rivages Language: French ISBN 10: 2743654988 ISBN…
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maaarine · 3 years
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MBTI Typing Index: Celebrities from France, Belgium, Quebec
Célébrités de France, Belgique, Québec
Isabelle ADJANI (INFP)
Chantal AKERMAN (ENFP)
Armande ALTAÏ (INFP)
Christine ANGOT (INTP)
Alexandre ASTIER (ENTP)
Roselyne BACHELOT (ENFJ)
Jean-Pierre BACRI (ENTJ)
Elisabeth BADINTER (ENTJ)
Edouard BAER (ENTP)
Daniel BALAVOINE (ENFP)
René BARJAVEL (INFJ)
Yoshua BENGIO (INTJ)
Michel BERGER (INFJ)
Juliette BINOCHE (ENFP)
Napoléon BONAPARTE (ENTJ)
Pierre BOURDIEU (INTJ)
André BRAHIC (ENTP)
Eric BRUNET (ESTJ)
Carla BRUNI (ISFP)
Albert CAMUS (INTJ)
Alain CHABAT (ENTP)
Coco CHANEL (ESTJ)
Christine and the Queens / Héloïse LETISSIER (INFP)
Hélène CIXOUS (INFJ)
Coeur de Pirate / Béatrice MARTIN (ENFP)
Daniel COHN-BENDIT (ENFP)
Marion COTILLARD (ISFP)
Damso / William KALUBI (ISTP)
Hugues DAYEZ (ENFJ)
Kevin DE BRUYNE (ISTP)
Pierre DE MAERE (ENFP)
Julie DELPY (ENFP)
Antoine DELTOUR (ISTJ)
Claire DENIS (INFP)
Alexandre DESPLAT (INFJ)
Céline DION (ESFJ)
Lou DOILLON (ENFP)
Xavier DOLAN (ENFP)
Arthur DREYFUS (INFP)
Julia DUCOURNAU (ENTJ)
Esther DUFLO (INTP)
Jean DUJARDIN (ESTP)
Eric DUPOND-MORETTI (ESTJ)
Francis DUPUIS-DÉRI (INTJ)
Jacques DUTRONC (ISTP)
Roméo ELVIS (ESTP)
Aurélien ENTHOVEN (INTP)
Sofia ESSAIDI (ESFJ)
Adèle EXARCHOPOULOS (ESFP)
Lara FABIAN (ENFJ)
François FILLON (ISTJ)
Charlotte GAINSBOURG (ISFP)
Serge GAINSBOURG (INTP)
Guillaume GALLIENNE (ENFP)
Carlos GHOSN (ESTJ)
Françoise GILOT (ENTJ)
Jean-Jacques GOLDMAN (INFJ)
Michael GOLDMAN (INTJ)
Michel GONDRY (INFP)
Matthieu GONET (ENFJ)
Eva GREEN (INFP)
Adèle HAENEL (ENFP)
Johnny HALLYDAY (ISTP)
Françoise HARDY (ISFP)
Eden HAZARD (ESTP)
Michel HOUELLEBECQ (INTP)
Victor HUGO (INFJ)
Jenifer / Jenifer BERTOLI (ESFP)
Camélia JORDANA (ENFP)
Étienne KLEIN (INTJ)
Vincent KOMPANY (ISFP)
Christine LAGARDE (ENTJ)
Maxime LE FORESTIER (INFJ)
Marine LE PEN (ESTP)
Rudy LEONET (ENTP)
Julien LEPERS (ESFJ)
Marie LOPEZ (ISFJ)
Fabrice LUCHINI (ENFP)
Romelu LUKAKU (ISTP)
Emmanuel MACRON (ESTJ)
Pio MARMAÏ (ENFP)
Yann MARTELL (INFJ)
Ina MOHALACHE (INTP)
Yann MOIX (ENTP)
Nekfeu / Ken SAMARAS (ISFP)
Amélie NOTHOMB (INFP)
Orelsan / Aurélien COTENTIN (INTP)
Vanessa PARADIS (ISFP)
Valérie PÉCRESSE (ESTJ)
Esther PEREL (ENFJ)
Benoît POELVOORDE (ENFP)
Michel POLNAREFF (INFP)
Barbara PRAVI (ENFP)
Christian QUESADA (ESTJ)
Raphaëlle RICCI (INTJ)
Michel ROCARD (ENTJ)
Michel SARDOU (ESTJ)
Nicolas SARKOZY (ESTJ)
Jean-Paul SARTRE (INTP)
Matthias SCHOENAERTS (ISTP)
Léa SEYDOUX (ISFP)
Leïla SLIMANI (INFJ)
Soko / Stéphanie SOKOLINSKI (ENFP)
Omar SY (ESFP)
Tamino / Tamino FOUAD (ISFP)
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gaetanlappierre · 4 years
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Enquête sur le corps enseignant
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                                       dossier enquête semestre 1 
 Partie 1 : Questionnement
 1) Il s’agit de rédiger une première version de votre questionnement que vous pourrez affiner au second semestre mais qui doit déjà pouvoir convaincre de l’intérêt et de la pertinence de votre sujet.
 Définitions :
Impact : effet produit, action exercée
Covid-19 : une maladie infectieuse due à un coronavirus découvert récemment
Relation pédagogique : repose sur les interactions entre l’enseignant et ses étudiants et est tributaire de facteurs sociaux, éducatifs et affectifs.
Enseignant : qui enseigne, est chargé de l’enseignement
Grande section : continuation des deux premiers niveaux de maternelle (petite, moyenne et grande)
Terminale : est la troisième et dernière année du lycée.
 Choix du sujet :
Au début de l’année, nous étions intéressés par le tatouage, mais il y a eu différents problèmes. En effet, on nous a dit que comme nous n’étions pas tatoués, ou que nous n’avions pas l’intention de le faire, l’accès au terrain serait nettement plus difficile. De plus, l’observation aurait été très difficile à cause de la pandémie. Effectivement, les tatoueurs ne font entrer que les personnes voulant se faire tatouer. Par exemple, pour mener des observations, un camarade de classe a dû se faire tatouer pour observer dans un salon.
Ensuite,  après quelques  séances  de réflexion,  nous  voulions nous  intéresser  aux métiers du milieu médical et plus particulièrement celui d'aide soignante. En effet, la crise sanitaire actuelle a mis en lumière les métiers du monde médical, par le biais des médias, ce qui nous a forcément inspiré. De plus, après avoir sondé respectivement notre entourage, nous avions plusieurs contacts qui travaillaient en tant qu'aides soignantes ou un métier similaire, nous avions donc plusieurs contacts à interroger et plusieurs terrains à investiguer.
Cependant, il y a eu encore différents problèmes. En effet, le métier d’aide soignante à domicile consiste en grande partie à faire la toilette des personnes âgées, on ne pouvait donc pas pénétrer dans leur intimité.  Il  y avait  aussi  le problème  de  la crise  sanitaire,  nous aurions  pu  observer les  autres facettes du métier mais comme les aides soignantes sont en contact avec des personnes à risque, nous ne voulions pas les mettre en danger. Au vue de la  situation et des contraintes des protocoles sanitaires, nous nous sommes vite rendus compte que ce terrain ne serait pas facilement accessible, voire pas du tout. Nous avons donc décidé d'abandonner ce sujet par souci de faisabilité.
Après plusieurs séances de réflexion, d'espoir et d'illusions, de réussites et d'échecs, Cassandre eut l'idée de s'intéresser au monde de l'enseignement. Cette nouvelle a suscité en nous un vif intérêt. En effet, nous avons entendu durant tout l'été, aux informations, l'impact qu’a eu le Covid-19 dans de nombreux domaines (sport, économie, éducation). De plus, nous avons été privés de passer le baccalauréat, diplôme auquel on nous prépare depuis le plus jeune âge. Nous avons aussi beaucoup entendu le désarroi de nos professeurs et nous avons vécu une période compliquée scolairement parlant. Il était donc inévitable que nous nous intéressions à un tel sujet. En plus, étant étudiants, le domaine scolaire nous a naturellement intéressé. Aussi, ayant tous les trois suivi la filière Économique et Sociale au lycée, la découverte des travaux de Pierre Bourdieu sur les inégalités à l’école, ainsi que les travaux de Bernard Lahire sur le même sujet, ont été des ouvrages passionnant qui nous ont motivés dans ce sujet. Nous avions envie d’en savoir plus. De plus, Cassandre a eu la chance de rencontrer des co-auteures de Bernard Lahire qui ont écrit le livre Enfances de classe et a beaucoup apprécié le récit de leur enquête. En effet, c’est quelque chose qui nous concerne depuis longtemps, c’est aussi une manière de mieux connaître le milieu qu’on fréquente, de se mettre dans une autre position.
Après avoir réfléchi à un sujet de départ, nous voulions nous assurer de la faisabilité de l'enquête et de l'accès aux terrains. Nous avons donc chacun de notre côté appelé les différents établissements scolaires où nous avons étudié (maternelle et lycée), l'intérêt est d'avoir des contacts, des connaissances pouvant nous intégrer plus facilement dans les différents établissements qui nous intéressent. Ayant donné leur accord à notre venue et ayant des connaissances (des enseignants) pouvant aider à l'avancement notre enquête, ces établissements  scolaires  devenaient des  terrains  d'enquêtes propices.  Il  est évident  que  nous avons aussi choisi ce sujet pour sa faisabilité.
Par ailleurs, comme nous avons vécu une année de terminale plus qu’inédite et une première année de licence  en  sociologie très compliquée,  nous  nous intéressons  aux  conséquences du  virus  sur le  monde  scolaire. Nous  avons d’abord eu l’idée d’un sujet lié à la pandémie. En effet, c’est un sujet d’actualité donc quelque chose de nouveau, même si c’est une prise de risque. De plus, la crise sanitaire actuelle est centrale dans notre année et dans nos vies. Nous voulions donc nous poser la question de ce que cela aurait pu changer dans la vie des autres, en l'occurrence dans l’enseignement, d’autant plus qu’avec notre position d’élèves, on a vu comment ils pouvaient être impactés. En effet, on observait quelques changements et nous nous demandions comment maintenaient-ils la relation pédagogique avec leurs élèves. Nous avons voulu nous pencher sur les relations avec leurs élèves car nous nous sommes dit que c’était un sujet sociologique car il s’intéressait aux interactions. On a également envie de s’interroger sur la propre relation qu’on a pu avoir avec nos enseignants, d’aborder cette question d’un point de vue moins objectif et plus “scientifique”.
Au début, nous voulions étudier plusieurs types de relations (par exemple avec les élèves, les autres enseignants, les personnes de l’établissement, les parents, la hiérarchie...) mais il a fallu commencer à restreindre la question de départ. Nous avons donc choisi principalement de nous intéresser à leur relation  avec les élèves, c’est la relation dans sa globalité qui nous intéresse, alors même si on se focalise plus sur l’enseignant, on aime aussi s’interroger sur l’élève. Néanmoins, sur certains points, d’autres personnes que les enseignants et les élèves peuvent être abordés. Par exemple, les parents (inégalités) ou d’autres enseignants (préparation des cours) peuvent avoir un rôle à jouer dans la relation pédagogique de l’enseignant et de l’élève. Toutefois, nous veillons à ne pas trop nous disperser non plus. C’est donc tout naturellement que nous sommes arrivés au sujet suivant : “Quel est l’impact de la pandémie sur la relation pédagogique entre les enseignants (maternelle et lycée) et leurs élèves ?”. Cependant, il n’est pas immuable et se spécialisera sans doute au fil de l’enquête.
Pour cette enquête, nous nous intéresserons aux effets (aussi bien positifs que négatifs) du Covid-19 sur les stratégies pédagogiques des enseignants et ce que cela entraîne. Comment  les enseignants peuvent maintenir un enseignement correct dans des conditions nouvelles (distancielles; masques; les élèves ont  passé  plusieurs mois  sans  travailler, ils  ont  donc accumulé  du  retard et/ou  décrochage scolaire/notions  non acquises), qui empêchent la  réalisation des pédagogies misent en place auparavant. Quel peut être le suivi de l'enseignant sur ses élèves lorsque ceux-ci sont en distancielle ? Tels sont nos questionnements.
 Contexte et décisions politiques :
Le jeudi 16 mars 2020, le président Emmanuel Macron décide que les écoles maternelles, primaires, les collèges, les lycées et les universités fermeront dès le lundi 20 mars 2020.
Jean Michel Blanquer déclare juste après ce discours que les enseignants sont préparés à cette
fermeture, que toutes les mesures ont été mises en place afin qu’ils puissent continuer à faire cours, pendant cette période. Cette fermeture des écoles durera jusqu’au 11 mai 2020, jour du
déconfinement. Toutefois, tous les élèves ne sont pas obligés de retourner en cours en présentiel, notamment les terminales. Les écoles doivent respecter les gestes barrières et doivent rouvrir en demi effectif. Néanmoins, si les élèves ne retournent pas à l’école, ils doivent quand même suivre un enseignement à distance.
Les mesures pour la rentrée des classes de l’année 2020/2021:
* En maternelle, les élèves peuvent reprendre le chemin de l’école normalement, les
enseignants doivent seulement porter un masque et se désinfecter les mains régulièrement.
* Au lycée, les élèves doivent porter un masque et se désinfecter régulièrement les mains, tout comme leurs professeurs. Il est aussi demandé de respecter les distances de sécurité
dans la mesure du possible. Par exemple, des sens de circulation sont mis en place pour éviter aux élèves de se croiser et éviter «l'effet de foule» lorsque la sonnerie retentit et que les élèves sortent tous en même temps.
Le 28 octobre 2020, Emmanuel Macron annonce un reconfinement du pays. Toutefois, les écoles restent ouvertes, sauf les universités. Courant novembre, après plusieurs semaines de contestations des lycéens et des enseignants, face aux problèmes du nombre d’élèves en classe, le ministre de l’éducation autorise les lycées à réduire leurs effectifs en alternant semaine en présentiel/ semaine en distanciel. Par exemple, le lycée Rabelais adopte ce fonctionnement, pour tous, hormis la filière STI2D qui peut respecter les distances de
sécurité dans les classes, sans être en demi-effectif, car le nombre d'élèves permet de mettre un élève par table et ainsi, respecter les distances de sécurité.
Partie 2 : Méthodologie et premières pistes
 2) Précisez le terrain et la population sur lesquels votre choix s’est arrêté pour réaliser votre enquête.
Dès le début de notre enquête, nous voulions étudier les enseignants des classes de maternelle et de lycée.
Dans un premier temps, ces deux groupes nous ont fortement intéressé. En maternelle, comme les enfants sont très jeunes, nous pensions qu’ils auraient peut-être eu plus de mal à comprendre et à s’adapter à la situation. En effet, les adultes portent un masque, ainsi, on ne voit plus leur visage. Ils ne peuvent plus avoir de contacts physiques avec leur enseignant et avec leurs camarades. Ainsi, nous avons tout de suite pensé que ce niveau pourrait être très intéressant. En plus, certains membres du groupe adorent le contact avec les enfants en bas-âge. Cette enquête a même permis à Cassandre d’envisager le métier d’institutrice comme perspective d’avenir. Le lycée, lui, est marqué comme la marche vers le baccalauréat et les grandes études. Ce sont donc trois années très importantes où les élèves sont davantage suivis par les enseignants, ce qui nous paraissait intéressant à observer. De plus, ces années sont pour tous les membres du groupe, comme les plus belles années de leur scolarité, pour le moment. C’est alors un niveau que nous apprécions particulièrement. Nous n’avons pas voulu nous centrer sur certains professeurs d’une matière ou d’une filière, pour l’instant, mais plutôt sur des professeurs de deux classes : la grande section et la terminale. Effectivement, toutes deux sont marquées par un changement : de la maternelle à l’école primaire et du secondaire au supérieur. Cela est donc une véritable transition et un changement de statut et d’institution. On voit donc les élèves de grande section devenir des CP, qui s'accompagnent d’une nouvelle manière de travailler. Les élèves de terminales eux, deviennent des étudiants ou des travailleurs, il y a donc en plus d’un changement d’établissement, un changement de ministère, de manière de travailler, mais aussi le passage de l’enfance à l’âge adulte. Ainsi, lors de nos observations nous avons aperçu que dans ses deux classes les professeurs préparaient énormément leurs élèves au niveau supérieur. Avec du recul, cela est comme un cycle, le début de la scolarité avec la maternelle et la fin de la scolarité avec le lycée. On peut donc constater l’effet du virus sur les enfants qui viennent d’entrer dans la scolarité et ceux qui vont en sortir. L’enseignement de ces deux groupes ne sont donc pas les mêmes, ce ne sont pas les mêmes façons de faire, pas les mêmes relations aux élèves. Le but est donc d’observer les différents comportements des enseignants dans ces deux cas de figure, leurs méthodes, les peurs, les problèmes rencontrés...
Dans un deuxième temps, nous avons choisi de nous intéresser aux enseignants de maternelle et de lycée par faisabilité et par contact. En effet, il est très difficile de pénétrer dans une institution publique comme l’école. En maternelle, il faut l’autorisation de tous les parents et parfois pour les lycées, il faut l’autorisation du rectorat. Avec le contexte sanitaire actuel, il est encore plus difficile de faire pénétrer des personnes qui peuvent être malades et qui ne sont pas élèves ou inutiles à l’institution. Effectivement, on peut mettre en danger les élèves et les acteurs de l’établissement. En plus, le fait que l’on ait le statut d’étudiant ne favorise pas les choses. Les universités étant les établissements qui se sont vu fermés, les étudiants sont perçus par la population comme des personnes qui ne font pas attention aux gestes barrières et qui font la fête, ce qui est un grand facteur de transmission du virus. C’est pourquoi nous  avons  pris contact  dans  un premier  temps  avec des  personnes  que nous connaissions, qui nous faisaient confiance.
Comme nous étudions le métier d’enseignant, et la relation pédagogique qu’ils ont avec leurs élèves, nous avons choisi de faire nos observations dans les salles classes des niveaux qui nous intéressent. Pour ce faire, nous avons choisi les établissements que nous avions fréquentés auparavant ou que les enseignants enquêtés fréquentent. Gaetan a donc effectué ses observations dans le lycée Robert Garnier de la Ferté Bernard, Grégoire et Cassandre dans le lycée Rabelais de Chinon et Cassandre dans l’école maternelle Charles Perrault de Sainte Maure de Touraine. Nous avons décidé de faire ces choix de terrains, car ce sont des établissements qui sont près de nos domiciles et donc plus facile d’accès avec notre emploi du temps, surtout en période de crise sanitaire où les déplacements sont  restreints. Deuxièmement, le contact avec les enseignants est plus facile, nous les connaissons personnellement, c’est le cas de Cassandre qui s’est vu accepté son entrée sur le terrain que grâce à sa connaissance personnelle avec la directrice de l’école maternelle. Grégoire, lui, ne pouvait pas accéder physiquement à l’école maternelle de Rivières. Ainsi, tous les enseignants que nous connaissions étaient prêts à nous aider par sympathie, pour nous aider dans nos études supérieures. Nous les avons contactés dans un premier temps par mail en expliquant le but de cette enquête, les modalités, et compte tenu du contexte sanitaire la compréhension de se soumettre aux règles pour y accéder.
 3) Quelle stratégie méthodologique pensez-vous ou avez-vous commencé à mettre en œuvre ?
 Conditions d’accès au terrain :
Nous avons tous les trois participé à la prise de contact, de sorte que nous ayons un terrain chacun. Ainsi, Cassandre a choisi l’école maternelle Charles Perrault de Sainte Maure de Touraine, ainsi que son ancien lycée : François Rabelais de Chinon, qu’elle partage avec Grégoire. De plus, il a également des possibilités d’entretiens avec la directrice de la maternelle de Rivières. Pour finir, Gaëtan est en lien avec son ancien lycée : Robert Garnier à La Ferté-Bernard.
 Prise de contact de Gaëtan :
Pour accéder au terrain, Gaëtan a pris contact avec son ancienne CPE, d’abord par mail. Toutefois, comme elle souhaitait plus de précisions, elle lui demanda de l’appeler pour lui expliquer vraiment notre projet. Après cela, elle a transmis le message et le mail à Gaëtan, à ses collègues enseignants, afin de trouver des volontaires pour participer. Suite à cela, quelques professeurs ont envoyé un mail à Gaëtan pour lui proposer de nous aider. Ainsi, ils ont échangé leurs disponibilités, et il a pu entrer dans leur classe pour observer.
Les deux professeurs observés par Gaëtan étaient tous les deux intéressés par le sujet. En effet, ils ont dit qu'ils avaient beaucoup de choses à dire. Ainsi, nous pensons que les données seront plus denses lors des entretiens.
 Prise de contact de Cassandre :
Pour contacter la maternelle, Cassandre a simplement pris un rendez-vous avec la directrice de la maternelle, par le biais de son fils qu’elle connaissait. Elles se sont ensuite vues à son domicile. En lui parlant brièvement de notre, la directrice à tout de suite accepté de nous aider. Il n’y avait aucune règle particulière, hormis les gestes barrières habituels que nous appliquons également à l’université (avoir un gel hydroalcoolique et un masque). Ainsi, la directrice n’avait pas besoin de demander l’autorisation aux parents, car dès le début de l’année, elle prévient que les étudiants peuvent intervenir dans l’école, même si la plupart du temps ce sont des stagiaires.
La directrice avait l’air très emballée par le thème de la crise sanitaire. Pour cause, quand elle lui parlait, elle avait l’air à la fois remonté contre sa hiérarchie et lassée de la situation. Alors, le fait que l’on s’intéresse à leur métier face à cette crise lui a plu. Elle a peut-être senti une reconnaissance de notre part, comme nous nous intéressons aux difficultés qu’elle a pu rencontrer.
 Prise de contact de Grégoire :
Grégoire a d’abord contacté l’école maternelle de Rivières. Il lui a envoyé un mail, puis ils ont eu un échange par téléphone. Ainsi, la directrice lui a dit que nous ne pouvions pas avoir accès au terrain pour mener des observations. En effet, à cause du virus, elle ne veut pas risquer de contaminer les élèves et les personnes de l’établissement. Alors, elle ne veut pas que nous soyons physiquement présents. Néanmoins, elle reste disponible pour mener un entretien et répondre à nos questions.
 Prise de contact de Grégoire et Cassandre :
Au lycée François Rabelais, la prise de contact fut beaucoup plus difficile. Pour cause Grégoire et Cassandre ont d’abord pris contact avec leurs anciens professeurs de sciences économiques et sociales, afin d’avoir leur soutien et qu’ils leur communiquent l’adresse mail de la principale. Toutefois, il y a eu une longue période d’attente pour qu’ils obtiennent une réponse. Ainsi, Cassandre envoya un mail à la secrétaire du lycée, afin de lui expliquer notre projet pour qu’elle nous mette en lien avec la proviseure. Avec elle, nous avons dû parler en détails de notre enquête, afin qu’elle accepte de nous aider et de transmettre le message. On voit alors qu’il y a une certaine méfiance qui n’est pas présente avec les professeurs que nous connaissons. Finalement, elle a fini par communiquer notre message. Grégoire aussi a envoyé un mail à la principale, suite à la réponse de son ancienne enseignante. Ainsi, elle répondit au mail de Grégoire et nous donna son accord pour intervenir au lycée. Les règles sont simplement de respecter les gestes barrières et de prévenir l’administration quand nous venons. Pour intervenir dans les salles de classe, nous convenons soit d’un rendez-vous par mail au préalable avec les enseignants, soit nous leur demandons en personne lors d’une journée d’observation. Par rapport aux impressions des professeurs sur notre sujet, le professeur de sciences économiques et sociales a dit à Cassandre qu’il ne voyait pas vraiment l’intérêt de cette problématique. En effet, il disait que la question de la pandémie n’était pas assez sociologique et que ce contexte n’avait pas vraiment de conséquences sur leur métier, hormis le port du masque qui est pénible quand ils font cours. Toutefois, l’ancienne professeure de sciences économiques et sociales de Grégoire avait l’air très emballée par le sujet. Elle a dit que c’était un bon sujet et qu’on pouvait réaliser une bonne enquête avec celui-ci. Cela nous a rassuré d’avoir un autre point de vue positif, surtout venant d’une professeure qui enseigne la sociologie.
 Dans nos prises de contact, la plupart du temps, nous n’avons pas eu besoin d’expliquer le but d’une enquête ethnographique ou de ce qu’était notre discipline. Nous pensons que c’est peut-être parce que les enseignants ont une certaine proximité avec les études supérieures. Effectivement, nous pensons que cela s’approche de ce que disait Trémoulinas. Pour cause, dans son enquête sur le football d’esplanade, il disait que les banquiers comprenaient beaucoup plus son objectif, car ils avaient eux aussi fait des études longues. Tandis que les ouvriers étaient beaucoup plus méfiants, car certains ne savaient pas ce qu’était la sociologie et ne comprenait pas vraiment son but.  
 Pour finir, nous avons remarqué tout au long de ce moment de prise de contact que les professeurs étaient heureux que l’on s’intéresse à eux. De plus, ils étaient aussi ravis de pouvoir aider leurs élèves dans les études supérieures.
 Utilisation des méthodes :
Dans un premier temps, nous allons décrire les méthodes que nous avons déjà utilisées. Puis dans un second temps, nous verrons les méthodes que nous voudrions utiliser.
Ainsi, nous avons d’abord fait des entretiens informels, ou de petits entretiens. Grâce à cela, nous avons pu en savoir un peu plus sur le sujet, sur les personnes enquêtées, ainsi que sur ce qu’elles pensent de notre sujet. Cela nous permet aussi de nous aider dans d’autres méthodes, comme l’entretien ou les observations. Effectivement, cela peut nous aider à avoir des idées de questions ou nous donner des pistes d’observations.
Nous avons ensuite réalisé des observations. Bien sûr, nous avons adopté la position d’observateur déclaré, car il est impossible d’entrer dans une salle de classe ou dans une école, surtout dans ce contexte de crise sanitaire, si nous ne sommes pas déclarés. De plus, dans cette situation, la participation n’est pas forcément utile. En effet, cela aurait pu être intéressant de se mettre dans la peau de l’enseignant mais nous n’avons pas les qualifications nécessaires pour le faire. En plus, nous pensons qu’il est difficile en première année de pouvoir participer et observer en même temps. Seulement observer est déjà quelque chose de complexe. Ainsi, l’observation nous permet de faire une première entrée sur notre terrain d’étude, d’avoir une vue d’ensemble de notre objet et d’en apprendre plus sur ce milieu professionnel. Comme on enquête sur un métier, on peut voir l’environnement de l’enquêté, le lieu où se déroule ses actions. On peut également voir comment il exerce sa profession, donc les actions en questions, son comportement. Cela nous permet aussi de voir les relations qu’il entretient avec les différentes personnes qui peuplent ce milieu, les échanges verbaux, par exemple avec les élèves. De la même manière, les observations peuvent également nous donner quelques pistes pour les entretiens que l’on mènera plus tard ou dans de potentiels questionnaires. En effet, certains constats et hypothèses peuvent déboucher sur des interrogations. De plus, nous pensons qu’il sera intéressant de comparer les actions et comportements des enquêtés avec leur discours. Pour cause, Peretz disait qu’il y avait une grande différence entre réaction symbolique (ce que les gens disent) et réaction effective (ce que font les gens véritablement). Toutefois, l’observation présente plusieurs risques. Effectivement, il est possible que les enseignants changent leur comportement de part notre présence. Par exemple, c’était parfois le cas pour Cassandre quand l’enseignante de maternelle appuyait certains exercices en demandant aux élèves de lui expliquer pourquoi ils font cela. Grégoire lui, avait bien fait attention à cela en ne révélant pas notre question de départ à son ancienne prof de sciences économiques et sociales. De la même manière, les élèves peuvent aussi changer leur comportement. C’était notamment le cas en maternelle où les enfants étaient très attirés par la présence de Cassandre. Ils étaient parfois moins attentifs parce qu’elle était là. Pour finir, il y a aussi des problèmes d’attention. Par exemple, Cassandre avait souvent envie d’aller vers les enfants, comme ils venaient vers elle, ce qui l’aurait détourné de son observation. Elle était confrontée au même risque de Trémoulinas, celui de pouvoir se détourner de son réel objectif. Gaetan, lui, avait du mal à tout observer en même temps, problème que nous avons rencontré tous les trois. Effectivement, notamment en cours d’EPS, il avait du mal à regarder tous les groupes d’élèves. Grégoire, quant à lui, avait du mal à sortir de son rôle d’élève de terminale. En effet, lors d’une observation en classe, avec son ancienne professeure, il a eu l’impression d’être élève en plus d’être observateur. Il a donc dû se concentrer sur son objectif principal à plusieurs reprises. Ainsi certes, il pense qu’il y a des avantages à observer un ancien professeur, pour établir des comparaisons. Néanmoins, il faut faire attention à ce danger de changement de statut. Alors pour certaines observations, il est préférable d’observer un professeur que l’on ne connaît pas ou qui enseigne à une autre filière.
 A l’avenir, nous souhaiterions mener des entretiens semi-directifs, comme ceux que mènent Bourdieu et ses collègues dans La Misère du Monde. En effet, cela permettra de diriger l’enquêté, de le guider, tout en lui laissant assez de liberté pour répondre. Pour notre enquête, ce type d’entretien nous permettra d’avoir des données sur des interrogations précises et un contexte particulier. Le problème d’un entretien libre aurait été qu’on se perde dans les données que nous fournit l’enquêté. De plus, l’entretien nous permet d’avoir des informations sur des choses qui ne sont pas observables. Par exemple, sur ce qui s’est passé lors du confinement, sur un changement de point de vue sur leur métier… Ensuite, l’entretien nous permet aussi de savoir le sens que les enquêtés donnent à leurs pratiques que l’on peut observer pendant les observations. Pour mener des entretiens, on peut trouver des avantages à la familiarité. Pour cause, les enseignants ont envie de nous aider et sont disponibles pour notre enquête. De plus, la confiance qu’ils nous accorde évite qu’ils se méfient. Cassandre a notamment remarqué lors des observations que les profs qu’elle avait eu n’étaient pas du tout méfiants, ne lui posait aucune question, tandis que ceux qui ne la connaissaient pas étaient beaucoup réticents à la laisser observer. Ainsi, nous sommes certains que les enquêtés seront à l’aise avec nous et seront certains de ne pas exercer la violence symbolique, dont parle Bourdieu, sur eux. En plus, notre plus jeune âge est aussi un avantage pour ne pas exercer ce type de violence, ils ont une position sociale plus élevée dans la hiérarchie sociale.
Bien sûr, l’entretien présente également des risques. Le premier est que les enquêtés ne disent pas tout ou pas la réalité, pour plusieurs raisons. Par exemple, ils peuvent estimer que certaines choses sont inutiles, en oublier certaines, ou encore dissimuler ou exagérer certaines informations. Ainsi, il ne faut pas oublier que les données récoltées dans l’entretien résultent d’un point de vue. Le second risque est que la familiarité peut aussi être un danger. Pour cause, nous connaissions les personnes interrogées avant l’enquête, sous un statut différent, celui d’élève. Ainsi, ils nous attribuent une position autre de celle que l’on souhaite adopter dans cette enquête. Alors, ils vont peut-être finir par mener le jeu, comme ils le faisaient en cours et prendre le pas sur nous. De cette manière, l’analyse pourrait être faussée si les enseignants livre seulement leur témoignage, ce qu’ils souhaitent raconter, en oubliant que c’est une enquête ethnographique. Ainsi, il faut être conscient de tous ces risques pour les limiter.
Ensuite, nous envisageons de créer un questionnaire destiné aux élèves. Celui-ci permettrait de recueillir le discours des élèves sur cette situation inédite. Pour cause, dans une relation il y a deux personnes, donc c’est important pour nous d’étudier les deux côtés, les deux visions. Ainsi, le questionnaire pourrait nous permettre de collecter plusieurs réponses à des questions précises. Ces différents points de vue nous permettront de révéler les principales réponses communes. Ensuite, cela nous permettra de ne pas recourir à l'entretien. En effet, cela représenterait une charge de travail supplémentaire et prendrait du temps. En plus, les élèves ne sont pas notre objet d’étude principal, cela nous semble donc normal de leur accorder moins de temps. De plus, le questionnaire sera moins contraignant pour les élèves. Effectivement, ils n’auront pas forcément le temps et l’envie de nous accorder du temps, pour un entretien, entre leurs cours. Alors, nous pensons que le questionnaire est le bon compromis. Toutefois, cette méthode comporte aussi des risques. Le premier est que les élèves ne répondent pas correctement aux questions, que ce ne soit pas la réalité. Cela peut être dû à une mauvaise compréhension de la question. Ainsi, il faudra impérativement que nous y travaillons, afin qu’elles soient le plus claires possibles et qu’il n’y aucune ambiguïté. Néanmoins, ils peuvent également atténuer ou exagérer leurs réponses, comme pour l’entretien. Les élèves pourraient aussi prendre ce questionnaire à la
légère et ne pas prendre le temps pour y répondre correctement.
 Finalement, tous les outils mobilisés serviront à compléter l’analyse. En effet, chaque outil peut nous apporter des données différentes, auxquelles on n’aurait pas pu accéder avec d’autres, ils se complètent. Par exemple, ce qui n’est pas visible lors des observations peut être dit au cours des entretiens. De la même manière, ce qui ne peut être dit lors des entretiens peut être montré lors des observations. Ainsi, en les assemblant, on enrichit l’analyse.
 4) Vous présenterez au moins une situation de recueil de données menée en phase de pré-enquête. Quels sont les apports de ces situations de recueil ? En quoi, cette expérience vous permet-elle de progresser dans la définition de votre méthodologie.
Situation de recueil de données de Gaëtan :
 L’observation  avec un  de  mes anciens  professeurs  d’EPS a  été  très enrichissante,  durant  ce moment le professeur me confia énormément de choses sur le métier de professeur de sport en temps de Covid, sur les élèves et sur la relation pédagogique. En effet il me fait part de gros problèmes dû à la séparation des classes de lycée en deux groupes, on retrouve donc certains groupes  d’amies  séparés et  parfois  même certains  élèves  se retrouvant  seuls. Pendant  nos discussions il me dit qu’en tant que professeur principal il a de nombreuses peurs par rapport à ses élèves, la peur de perdre du relationnel avec eux par le fait de les voir seulement deux heures toutes les deux semaines et la peur du décrochage des élèves dans d’autres matières. A la suite de cela, il me raconte le cas d’une élève peu intéressée par l’école qui s’est vu s’attacher aux cours grâce à une amitié avec une autre élève. Cependant les deux amies se sont trouvées séparées par la séparation des classes. Le professeur me confie donc avoir très peur pour elle et pour son avenir  au  lycée, ce  qui  confirme son  grand  intérêt non  seulement  pour la  réussite  des élèves mais aussi et surtout pour leur bien-être. Pendant nos échanges, le professeur est très honnête et interagit avec moi comme il pourrait le faire avec un journaliste et non comme avec un élève. L’entretien fut très intéressant car en lien avec les relations à la fois pédagogiques mais aussi
relationnels  entre élèves,  on  constate dans  mon  observation que  le  professeur se  soucie énormément de ses élèves, ce qui me motive davantage à travailler lors de notre enquête sur la relation  pédagogique  des enseignants.  Durant  l’observation,  j’étais peu  à  l’aise avec  le professeur car l’interaction n’était pas habituelle pour moi, en effet les propos que le professeur tenait  étaient  pertinent, cependant  mes  réponses n’étaient  pas  sûres et  je  ne relançais  pas forcément  la conversation  mais  pouvait parfois  enchainais  mes questions,  je  ne savais  pas toujours quoi répondre et répondais assez souvent par des «
je vois» ou bien «d’accord» qui, pour l’interviewé n’est j’imagine pas très agréable. Mes entretiens pourraient être mieux si au lieu d’y voir un questionnaire, j’y voyais plutôt une conversation.
 Situation de recueil de données de Grégoire :
 Pour cette question, j’ai choisi mon observation du 20/11/2020 au lycée François Rabelais de
Chinon de 13h05 à 15h dans la classe de Mme Lys, dans un cours de SES pour des terminales ES. Pour cette observation, je suis accompagné de Cassandre, avec qui nous avions, un peu plus tôt le matin, fait une autre observation dans la salle d’une professeure avec qui je n’avais eu aucun contact l’année précédente, alors que pour celle-ci, nous somme accueilli par ma professeure de sciences économiques et sociales de l’année dernière. Comme lors de la précédente observation, nous entrons, la professeure nous donne du gel hydroalcoolique et nous nous installons au fond de la salle. La professeure nous présente brièvement. Les élèves semblent curieux. Ils sont en demi-groupe (12 élèves) et sont répartis 1 par table. Classe calme (digestion) et se tient bien. Mme Lys a la même élocution que l'année dernière et ne hausse pas la voix pour se faire entendre. Elle déambule dans la classe pour avoir un œil sur les notes des élèves. Il n'y a pas de masques mal portés. Durant la vidéo, les élèves sont captivés. Les élèves touchent constamment à leur masque, tirent dessus
pour prendre de l'air et parler à voix haute. La salle est aérée continuellement. Il y a peu voir pas de différence avec les cours de l'année dernière, seulement, les élèves semblent avoir du retard. En effet, la professeure doit rappeler ou même faire des points de cours sur des notions vues en classe de première. Il me semble qu'il y a des lacunes par rapport aux notions qui auraient dû être vues l'année précédente (lorsque les terminales actuelles étaient en classe de première). Ceci est sans doute dû à l'arrêt des cours (mi-mars) et de la mise en place d'un
confinement national. Les personnes timides ayant une petite voix osent encore moins participer. Une élève prend la parole devant la classe pour sa revue de presse, elle a une voix qui ne porte pas et le masque atténue le son, on l'entend mal au fond de la salle. L’enseignante utilise Pronote pour le travail durant la semaine en distancielle. La sonnerie retentit, je ne remarque rien de spécial. Dans les deux classes, les élèves semblent avoir du retard et des lacunes, le premier confinement et le travail à la maison, la séparation des élèves les laissant seuls à une table (pas d'entraide possible entre eux) en sont sans doute les causes. De plus, il est à la fois intéressant mais aussi difficile pour moi de revenir dans la classe de mon ancienne enseignante (madame Lys). En effet je pouvais faire une comparaison entre la situation actuelle et celle de l'année dernière, cependant, je reprenais involontairement ma place d'élèves du lycée, devant à plusieurs reprises me concentrer sur le fait que je venais en tant qu'observateur. Un sentiment d’inachevé me resté au travers de la gorge, celui d’avoir quitté le lycée prématurément et de ne pas avoir pu passer l’examen final. Je me sentais illégitime de ma place actuelle, celle d’étudiant ayant le baccalauréat sans l’avoir passé. Malgré la remarque précédente, il y a des avantages à observer des cours d'anciens enseignants car nous pouvons comparer avec l'année dernière (je connaissais les habitudes et la pédagogie de mon ancienne professeure (sa façon de faire cours, de dicter en déambulant dans la classe pour pouvoir suivre les élèves dans leur appropriation du cours)) mais pouvons aussi être aspiré par notre identité passée d'élève du lycée. Parallèlement, le fait d'observer un enseignant que nous ne connaissons pas nous permet d'être plus reculé face à la situation, car nous n'avons avant cela pas eu de relation. Cependant, nous ne pouvons pas faire de comparaison avec l'année dernière. Aussi, durant les premiers échanges avec mon ancienne professeure, je l’ai sentie désireuse d’en savoir plus sur le sujet que nous voulions traiter, mais, connaissant le passé de chercheuse et enquêtrice en sociologie de mon ancienne professeure, j’ai décidé, de rester très vague sur notre sujet pour ne pas qu’elle change son attitude durant notre observation. Cependant, après l’observation, je n’ai pas hésité à échanger avec elle sur notre sujet et par son expérience, m’a donné beaucoup de conseils.
Je pense sincèrement que nous aurons plus de données durant les entretiens et que les professeurs vont nous apporter des éléments très intéressants. Je pense cependant qu'ils ne devraient pas être les seules personnes interrogées. En effet, les élèves doivent avoir la parole pour exprimer leurs ressentis face aux changements scolaires qu'inflige la crise sanitaire actuelle. Ils peuvent être un formidable indicateur de données. Ces premières observations ont certes eu un faible rendement de données mais le fait d’avoir observé des classes assez tôt dans l’enquête (le sujet était beaucoup trop vaste) nous a permis de prendre conscience de plusieurs choses et de réduire considérablement notre champ d’enquête (en voyant ce qui avait changé ou non). De plus, le fait de devoir expliquer son sujet, quand on se retrouve nez à nez avec d’anciens professeurs, est vraiment un exercice compliqué. C' est un très bon exercice car il permet de voir si tout est clair dans notre tête, si notre raisonnement et si notre piste sont rationnels, il nous fait prendre conscience de nos lacunes. Dans mon cas, il m’a ouvert les yeux sur le fait que la lecture sur notre sujet était au fondement de notre enquête, qu’il fallait tout d’abord lire et relire encore des articles. Ceux-ci nous ouvrent à de nouvelles réflexions, étayent nos connaissances et spécifient notre vocabulaire.
 Situation de recueil de données de Cassandre :
 Description de la situation :
Pour cette présentation, j’ai décidé de choisir mon premier entretien informel avec la directrice de la maternelle. Cet entretien s’est fait à la fin de ma première observation. L’enseignante avait du temps à m’accorder pour que je lui pose quelques questions pour nous faire avancer. Ainsi, je lui ai posé plusieurs questions sur les grands axes que je voulais aborder et que j’avais préparé au préalable.
 Données récoltées :
L’école a rouvert en mai en demi-classes, surtout pour les grandes sections, qui étaient prioritaires comme ils entraient en CP. Ainsi, les élèves n’allaient pas tous les jours à l’école.
A la reprise, la directrice, s’occupant des grandes sections, a remarqué que le confinement avait creusé les inégalités. En effet, les parents ont eu une grande influence lors de cette période. L’enseignante me disait que des parents n'étaient pas capables de faire cours à leurs enfants ou ne s’en préoccupaient pas. Elle disait également que si l’enfant avait un ou plusieurs aînés, les parents s’occupaient plutôt de la poursuite de la scolarité des plus grands. Effectivement, pour certaines personnes, la maternelle a plus une fonction de garderie. De plus, certains parents n’ont pas remis leurs enfants à l’école car ils étaient des personnes à risque (mucoviscidose, asthme…). L’enseignante était en accord total avec le choix des parents, malgré que l’école soit obligatoire. Pour cause, elle se serait beaucoup inquiétée pour ces élèves. Lors de la rentrée, les élèves n’ont pas eu de mal à quitter leurs parents, au contraire ils étaient très heureux de retrouver leurs amis, malgré les distances.
Elle a fait des cours à distance pour que ses élèves de grande section gardent le rythme, notamment des petites vidéos où elle écrivait des lettres ou faisait des parcours de motricité. Elle envoyait aussi des liens pour que les enfants lisent avec leurs parents et créer des escape game pour les évaluer. Ainsi, on voit que l’enseignante s’est beaucoup impliquée, pour maintenir cette relation pédagogique avec ses élèves, malgré que certains parents ne jouaient pas le jeu.
Elle a également donné son numéro de téléphone, son adresse et son mail à tous les élèves pour garder un lien, que ce soit pour des questions sur le cours, ou pour raconter leurs vacances d’été.
Les élèves sont toujours proches d’elle et lui demandent souvent des câlins et des bisous. Alors, à la reprise, l’enseignante et les enfants ont très mal vécu ce manque de contact.
L’enseignante a ressenti une certaine frustration pendant le confinement, car elle ne pouvait pas voir ses élèves, ni les aider, particulièrement pour ceux dont elle n’avait aucune nouvelle. Elle a même dit que cela l’avait rendue anxieuse.
Quand je lui ai demandé si des solidarités s’étaient créées avec les autres enseignants, elle me répondit qu’elles étaient déjà très proches avant. Par exemple, elle me racontait que comme elles faisaient des réunions tous les mardis soirs, cela pouvait se passer dans un bar. Ainsi, lors du confinement, elles n’hésitaient pas à s’entraider, d’autant plus qu’une d’elles se trouvaient en zone blanche.
 Avantages :
Ce genre de petit entretien sert premièrement à en apprendre davantage sur notre objet d’étude. Puis, il permet de nous donner quelques pistes pour la période d’entretien. En effet, on commence à discerner les questions qui peuvent être pertinentes ou non. A l’aide des réponses, on voit les points qui méritent d’être approfondis. Ensuite, cela permet aussi de vérifier des premières impressions sur le sujet et d’en écarter d’autres. Par exemple, nous avons beaucoup pensé que ce confinement à creuser les inégalités entre les élèves, chose qui a été confirmée par l’enseignante. En revanche, je pensais que les cours à distance ne concernait pas les élèves de maternelle, chose qui est fausse. De plus, on remarque également les questions que préfèrent aborder les professeurs, ce qu’ils préfèrent raconter et développer. Par exemple, l’enseignante a pris plus de temps à me raconter le travail qu’elle accomplissait pendant le confinement. Cela peut nous donner des indications sur certains résultats, sur ce qui les touche le plus. Pour finir, cela peut nous diriger vers des points qu'il faut essayer de détecter lors des observations.
 Limites :
Premièrement, je pense que le fait d’avoir discuté dans son bureau était quelque chose de trop formel. En effet, nous avions toutes les deux l’impression que nous étions dans une situation d’entretien. Ainsi, personnellement, j’avais la sensation de mener un entretien trop tôt dans mon enquête et que j’allais lui poser les mêmes questions dans quelques mois. Cela m’a mit donc mal à l’aise, j’avais l’impression de lui faire perdre son temps, chose qui avec le recul n’était pas du tout le cas. Effectivement, en avançant le sujet sera plus recentré et les questions seront plus précises et développées. Alors, les discussions que nous avions dans sa salle de classe, après la journée de classe ou pendant la récréation étaient beaucoup plus détendues. C’est notamment lors de ces moments que j’ai vu la proximité qu’elle avait avec les élèves et comment elle préparait ses cours pour le lendemain. Je pense que ces discussions étaient plus naturelles parce que nous nous connaissons personnellement. Ainsi, je pense que cela peut être un avantage dans cette situation. Nous sommes toutes les deux à l’aise. Néanmoins, lors de cet entretien, j’avais peur que cette familiarité devienne un problème. A cause de cela, notre échange ressemblait plus à un interrogatoire. Pour cause, je posais les questions que j’avais noté, sans forcément me laisser porter par la discussion. Je pense que cela à accentuer l’aspect formel de cette discussion et a peut-être mis mal à l’aise l’enquêtée. De plus, je bafouillais beaucoup et n’était donc pas très claire. Pour finir, je n’ai pas utilisé le dictaphone de mon téléphone, comme ce n’était pas un “vrai entretien”, je pensais que la prise de note suffirait. Toutefois, je n’ai pas réussi à la fois à noter toutes les informations et à l’écouter totalement. Cela a aussi augmenté mon stress.
 Comment m’améliorer :
La principale chose à améliorer est la gestion de mon stress face à l’enquêté. En effet, le fait que je ne sois pas détendue met aussi mal à l’aise l’enquêté. Pour cause, il faut que mes questions soient claires et que l’échange soit plus fluide. De plus, il pourrait finir par diriger l’entretien, ce qui ne nous permettra pas de remplir tous nos objectifs. Pour finir, il faut toujours que je pense à enregistrer l’enquêté, même dans ce genre de petit entretien, s’il est d’accord. De cette manière, je serai plus détendue, apte à tout écouter et rebondir de façon plus pertinente et naturelle.
 5) Quelles premières pistes commencent à émerger ?
 Premiers constats :
➻ Premièrement, nous avons vu que les enseignants préparaient beaucoup plus leurs élèves (grandes sections et terminales) au niveau supérieur (CP et études supérieures). On a notamment pu le remarquer avec les élèves de terminales, car nous en faisions partie l’année dernière. Ainsi, au premier trimestre, donc avant le confinement, on ne nous préparait pas autant aux études supérieures. Nous pourrions alors éventuellement revenir sur ce point en entretien. Il serait intéressant de savoir si la directrice de la maternelle faisait déjà beaucoup cela auparavant, ou si cela s’est accentué suite au confinement. En effet, au début de notre enquête, nous avions émis l’hypothèse que les enseignants avaient peut-être insisté sur ce point, suite aux difficultés de leurs élèves et au retard dans le programme. Ils auraient pu sentir qu’il fallait accentuer cette préparation à cette transition, afin de limiter le retard et le malaise de leurs élèves.  
 ➻ Ensuite, nous avons vu que les élèves parvenaient à discerner les expressions des adultes, malgré le masque. Nous nous posions notamment cette question pour les élèves de maternelles. En effet, comme ils sont très jeunes, nous pensions que cela les aurait beaucoup perturbés et qu’ils seraient difficiles pour eux de s’habituer, comme ils ont besoin d’être très proche de leur enseignant. Toutefois, les élèves s’y sont faits, d’autant plus qu’ils comprennent cette situation inédite. De plus, ils sont finalement capables de capter les expressions des adultes masqués.
 ➻ Nous avons la sensation que les enseignants mettent particulièrement l’accent sur la participation. Il y a une volonté de créer une interaction avec les élèves, qu’ils soient pleinement intégrés dans le cours. Par exemple, dans la classe de grande section, elle sollicite beaucoup l’élève qui ne parlait pas français avant la rentrée. Au lycée, les enseignants sont plus insistants dans leurs questions. On peut également demander, notamment aux enseignants de lycée, s’ils ont mis l’accent sur la participation. En effet, cela ne s’apparentait pas à un cours magistral. S’ils ont changé leur manière de faire cours, quelle en est la raison ? Nous avions imaginé qu’un changement de pédagogie serait le moyen de rattraper, récupérer les élèves, qui ont une longue période sans cadre scolaire.
 ➻ Au lycée, Grégoire et Cassandre ont remarqué un certain retard chez les terminales, en cours de sciences économiques et sociales. En effet, ils ont eu l’impression qu’ils voyaient des choses que nous avions déjà faites en classe de première. Ils seraient alors pertinent de vérifier cela lors des entretiens.
 ➻ On voit aussi un fort encouragement de la part des professeurs envers leurs élèves. Par exemple, en maternelle, on voit des gestes ou des surnoms affectueux, avec un système de récompenses, une aide constante… Au lycée, cela se voit surtout avec les professeurs qui vont voir tour à tour les élèves pour apporter une aide si nécessaire.
 ➻ En maternelle, on a vu également que les parents ont une grande influence dans la scolarité de leurs enfants. On le remarque notamment avec la présence d’un cahier de vie, ainsi qu’avec l’échange que Cassandre a eu avec la maîtresse. Ce point nous permet d’aborder les inégalités entre les élèves et si elles se sont creusées pendant le confinement.
 ➻ On remarque aussi beaucoup de comportements déviants au lycée. Pour cause, l'ambiance de classe n’est pas toujours propice au travail. De plus, nous avons vu sur les trois observations que les classes de STI2D étaient plus agitées que les élèves de terminales ES. Ainsi, on se demande s’il est plus difficile pour les enseignants d’enseigner dans les filières technologiques, ou s’il y a eu plus de décrochage. Nous avions fait l’hypothèse que ces comportements auraient pu s’accentuer après le confinement. On peut donc demander aux enseignants s’ils voient un accroissement de ces comportements ou non.
 ➻ Nous avons remarqué qu’au lycée, les élèves avaient beaucoup de mal à travailler en autonomie et ce dans toutes les filières. Alors, nous commençons à écarter la possibilité que les élèves ont pu gagner en autonomie lors du confinement, avec l’absence de leur professeur. Maintenant, il serait intéressant de savoir en entretien si les professeurs trouvent que cela s’est amplifié suite à l’enseignement à distance.
 Grands axes que l’on envisage d’aborder en entretien :
 Bien sûr, pour l’instant nous pensons à ces grands thèmes. Toutefois, en fonction de l’évolution et l’affinement du sujet, certains grands thèmes pourraient disparaître et d’autres émerger.
 ❋ Inégalités
→ Une période de cours à distance a pu creuser les inégalités. En effet, ces inégalités peuvent être de nature matérielles. Pendant le confinement, la plupart des lycéens ont continué les cours grâce au numérique. Alors, les élèves ne sont pas tous équipés de la même manière. Par exemple, certains n’avaient pas un ordinateur ou un espace de travail pour eux tout seul. Ainsi, tous les élèves n’avaient pas forcément des bonnes conditions d’apprentissage. En maternelle aussi, ce problème peut s’appliquer. Effectivement, la directrice m’a informé qu’elle se servait aussi du numérique pour garder un lien avec ses élèves. De plus, ces inégalités peuvent être aussi de nature immatérielles. C’est à ce moment-là que les parents peuvent avoir un rôle à jouer. En maternelle, si les parents ne s’investissent pas dans la scolarité de leurs enfants, il est difficile qu’ils continuent à travailler seul ou qu’ils communiquent avec leur maîtresse. Ensuite, pour le lycée, nous pensons que les parents peuvent jouer un rôle dans la scolarité de leurs enfants, via le capital culturel qu’ils leur ont transmis, comme le montrait Bourdieu. Ainsi, nous pensons que sans contact direct avec l’institution, les élèves en difficulté seront encore plus en difficulté. La reprise des cours serait donc plus difficile pour ceux-là. On aimerait savoir si les enseignants tentent de réduire ces inégalités et si oui de quelle manière.
 ❋ Décrochage
→ La période de confinement a pu créer du décrochage, notamment chez les lycéens qui ont eu une longue période sans cours en présentiel. En effet, nous pensons qu’une relation virtuelle avec les enseignants, parfois (par expérience) inexistante, accompagnée d’un contrôle beaucoup moins important de l'institution, peut engendrer une baisse de motivation chez les élèves. Le fait d’être chez soi peut aussi amener les élèves à faire autre chose que travailler. Ainsi, ce décrochage pendant le confinement peut avoir des conséquences à la reprise des cours en présentiel. On peut aussi penser qu’il peut y avoir une certaine forme de décrochage chez les élèves de maternelle. En effet, s’ils n’ont pas garder de lien avec leur enseignante lors du confinement, la reprise a pu être plus compliquée. Cette baisse de motivation peut aussi se retrouver chez les enseignants. On veut donc dans un premier temps savoir comment les enseignants réagissent face à un potentiel décrochage de leurs élèves. Puis, comment se sont-ils re-motivés, si besoin.
 ❋ Déviance
→ Nous imaginons que certains élèves peuvent avoir plus de comportements perturbateurs en classe. Cela peut résulter d’un rejet de l’institution à cause de difficultés scolaires ou du fait qu’ils n’apprécient pas les cours. Ou bien, cela peut résulter d’une ré-adaptation difficile à l’enseignement en présentiel. Toutefois, il faut être conscient que tous ces comportements déviants ne résultent pas forcément de l’épidémie. Ainsi, nous voulons savoir comment les enseignants gèrent ces comportements, s’ils ont dû utiliser plus de sanctions. De plus, une ambiance de classe moins propice au travail peut aussi diminuer leur motivation.
 ❋ Méthodes/Outils pédagogiques
→Il est possible que les enseignants aient changé leur méthode pédagogique suite aux changements et complications entraînés par la pandémie. Par exemple, on peut imaginer que les enseignants ont adopté une pédagogie adaptative (cf.bibliographie), au vue des potentielles difficultés causées par les cours à distance. De plus, on peut s’interroger sur des changements d’outils ou de méthodes de faire cours. Effectivement, les professeurs ont pu mettre l’accent sur la participation et se sont peut-être plus intéressés aux élèves de manière individuelle. De plus, on peut imaginer qu’ils accordent encore plus d’attention à leur préparation de cours. Pour cause, pour “raccrocher” les élèves, ils ont pu mettre en place des exercices plus attractifs, afin de s’éloigner du cours magistral qui plaît moins.
 ❋ Soutien apporté aux enseignants
→Ensuite, on pourrait s’intéresser aux différents soutiens qui ont pu être apportés aux enseignants lors de cette période. Dans un premier temps, on pourrait se demander s’ils ont eu plus de reconnaissance. Pour cause, c’est un métier beaucoup critiqué pour plusieurs raisons (emploi du temps, grèves…) qui n’est pas forcément valorisé par tous. Toutefois, ils auraient pu sentir un changement sur ce point là. Ensuite, on pourrait aussi s’intéresser à un soutien de la part de l’Etat, sur des conseils, aides pour continuer à enseigner dans ces conditions, notamment lors de l’annonce du premier confinement ou à la rentrée. Pour finir, on peut réfléchir aussi sur un soutien entre enseignants. En effet, ils auraient pu s’entraider afin de trouver de meilleurs moyens d’enseigner.
 ❋ Règles sanitaires
→ Nous avions pensé que le port du masque pouvait altérer la relation pédagogique, notamment au niveau des expressions du visage, toutefois cette piste est écartée. Ensuite, nous pensons que les distanciations sociales entre les élèves peuvent avoir des impacts négatifs. En effet, l’entraide ou les travaux de groupes sont difficiles à mettre en place sans enfreindre cette règle. Ainsi, l’enseignant peut sûrement (même si en observation, nous avons vu qu’un enseignant le faisait) écarter cette méthode. Ensuite, cela peut peut-être créer des rapports plus distants entre les élèves et donc une ambiance de classe plus froide. Le fait de mettre en place un système de demi-classes peut aussi rapprocher les enseignants de leurs élèves. En effet, ils pourraient consacrer plus de temps à chacun.
 ❋ Point de vue sur leur métier et changements qu’ils ont pu ressentir
→ Cette crise sanitaire et ce changement de manière d’enseigner aurait pu bousculer leur vision de leur propre métier. En effet, cela aurait pu changer leur manière de voir les élèves. Par exemple, peut-être que le confinement a été un moyen pour eux de créer des liens plus forts avec leurs élèves. Ou alors, ils se sont peut-être rendus compte que les élèves ont besoin d’une aide soutenue de leur professeur pour réussir. De plus, cela aurait pu aussi bouleverser les valeurs qu’ils associent à leur métier. Par exemple, le fait que l’école soit obligatoire. Leur point de vue sur cette valeur peut changer s’ils ont par exemple un élève à risques. Les enseignants peuvent aussi sentir que leur manière de travailler peut changer. Effectivement, avec la découverte pour beaucoup des cours à distance, peut-être que l’enseignement en présentiel est menacé. Ainsi, des valeurs anciennes peuvent être remises en question et d’autres peuvent apparaître. Il serait intéressant d’avoir le point de vue de chaque professeur sur cette question.
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Thème 1 : Trajectoire personnelle de l’enseignant et choix de carrière. 
Objectifs : 
→ caractéristiques sociodémographiques 
→ formation des enseignants 
→ motivations à exercer ce métier + convictions 
→ établissement où ils ont enseigné 
⇒ processus de socialisation 
Question d’accroche : Vous êtes professeur depuis maintenant plusieurs années, pouvez-vous nous dire ce qui vous a amené à faire ce métier ? 
Questions : 
1) Pouvez-vous nous parler du milieu dans lequel vous avez grandi ?
2) Depuis combien de temps enseignez-vous ? 
3) Pouvez-vous retracer les établissements dans lesquels vous avez enseigné et quels niveaux ? (s’ils ont enseigné dans des collèges ou des écoles primaires) 
4) Comment pouvez-vous décrire les premières années d’enseignement ? 
5) Pouvez-vous nous parler de votre formation pour devenir enseignant ? Quel parcours avez-vous suivi?
6) Le métier d’enseignant a toujours été une possibilité/idée ou aviez-vous d’autres rêves/idées étant jeune ?
Thème 2 : Perception du métier (manières d’exercer et rapport aux élèves) 
Objectifs :
→ valeurs liées à leur métier (information transversale à tous les thèmes)  
→ méthode pour enseigner/ préparation des cours/ réception du cours 
→ rapport aux élèves/vision qu’ils ont d’eux (relation de confiance, de bien-être, de suivi, conflits...) + voir s’il voit les élèves comme des individus à part ou s’il les voit comme un groupe classe 
→ objectifs qu’ils veulent atteindre dans leur métier 
→ oppositions qu’ils peuvent avoir avec leurs collègues sur la perception du métier
→ moments déclencheurs de phases difficiles ou de moments d’épanouissement dans leur carrière 
Questions d'accroche : Depuis que vous pratiquez ce métier, quelle méthode adoptez-vous pour enseigner et est-ce que cette méthode à évoluer ? 
Questions : 
1) Qu’est ce qui vous motive à vous lever tous les matins ? 
2) A quoi pensez-vous quand vous préparez vos cours ?
3) Comment procédez vous pour donner envie aux élèves d’apprendre ? 
4) De quelle manière évaluez-vous ? 
5) Comment pourriez-vous décrire le lien que vous entretenez avec vos élèves ? Quelles sont vos relations ? 
6) Comment pensez-vous qu’ils vous voient ?
7) Qu’est-ce que vous souhaitez transmettre à vos élèves ?
8) Pour vous, quel est/sont votre/vos rôles en tant qu’enseignant ?
9) Quel est selon vous le plus gros du métier ? Ce qui est le plus important ?
10) Dans l’établissement, est-ce que beaucoup d’enseignants partagent votre vision du métier ? 
11) Avez-vous déjà pensé à arrêter ce métier ? Si oui, pourquoi ? 
12) Avez-vous une ou plusieurs anecdotes marquantes sur des moments de votre carrière à nous raconter ? (des moments déclencheurs) 
Thème 3 : La période de confinement 
Objectifs : 
→ adaptation ou non à la situation → manière qu’ils ont choisi pour exercer leur métier 
→ contact qu’ils entretenaient avec les élèves → inexistants ? récurrents ? 
→ sentiments personnels par rapport à cette période → mal-être ? démotivation ? 
→ principaux points négatifs et positifs qu’ils ont pu dégager
→ voir s’il y a des inquiétudes pour certains niveaux en particulier 
Question d’accroche : Lorsque les écoles ont été fermées, comment avez-vous vécu cette période professionnellement ? 
Questions : 
1. Quelle stratégie avez-vous choisi pour continuer à enseigner dans de telles circonstances ?
2. Aviez-vous des contacts réguliers avec vos élèves? Si oui, de quel genre étaient-ils ?
3. Comment avez-vous vécu le manque de contacts directs avec vos élèves ? 
4. Quels sont vos constats quant à l’enseignement à distance? Quelles sont les choses qui vous ont interpellé ? 
5. Quelles étaient vos plus grandes craintes/inquiétudes pour les élèves ? S’il ne l’évoquent pas, leur demander s’ils avaient des inquiétudes pour des niveaux en particulier 
6. Pour vous, quel était l’objectif principal qu’il fallait poursuivre lors du confinement ? 
7. Y-a-t-il eu, malgré ces circonstances, des points positifs ? Si oui, lesquels ? 
8. Pour les professeurs de terminales : Que pensez-vous du fait que les terminales de l’année dernière n'aient pas passé le bac ? 
Thème 4 : Le retour en présentiel 
Objectifs : 
→ savoir si pour eux c’est un retour à la normale ou une continuité de la crise sanitaire, avec une gestion de l’incertitude 
→ s’ils pensent que cette situation a fait évoluer le métier en général ou leur propre vision et pratiques
→ savoir s’ils ont vu des changements particuliers chez leurs élèves (retard, décrochage, augmentation des inégalités…) 
→ leurs relations avec les élèves ont-elles changées → rapprochement (discussions privées, demi-classes…) ou éloignement (comportements déviants, absences…) 
→ voir une nouvelle fois s’ils ont des inquiétudes particulières pour des niveaux 
→ sentiments personnels → motivation ? envie de continuer ou d’arrêter ? 
Question d’accroche : A la fin du premier confinement, le retour en classe a-t-il été selon vous, le synonyme d’un retour à la normale ?
Questions : 
1) Comment avez-vous vécu ce retour en classe ? 
2) Est-ce que ce confinement a bousculé votre vision ou vos pratiques professionnelles? → Avez-vous mis l’accent sur quelque chose en particulier (le but est de savoir s’ils ont adapté leur pratique à certains constats qu’ils ont pu faire) ? 
3) Avez-vous des inquiétudes particulières pour des niveaux ? (terminales pour le bac ou l’orientation, les secondes pour leur transition entre le collège et le lycée…) 
4) Que pensez-vous du système de demi-classes ? (seulement pour les enseignants de lycée)  
5) Avec un peu de recul, trouvez-vous que votre relation aux élèves a changé, depuis le confinement ? 
6) Socialement, comment pourriez-vous décrire l’impact du confinement sur les élèves ? Et qu’est-ce qui a causé cela ? (l’absence de sortie culturelle ou autres, l’absence de vraie relation, le masque …)
7) Scolairement, qu’est-ce qui a été selon vous le plus dramatique avec ce confinement?
8) Pour vous, sur la longue durée, quelles seront les conséquences de cela ?
9) Est-ce que ce confinement a impacté sur votre motivation ? Avez-vous eu envie d’arrêter ou au contraire de continuer ? 
10) Est-ce que vous pensez que le métier à évoluer ? (Positivement ou négativement?)
11) Trouvez-vous qu’avec le confinement, on a vu votre métier d’une nouvelle façon ? Si oui, de quelle manière ? 
12) Sentez-vous que le numérique peut devenir une menace ? 
13) Avez-vous senti que les gestes barrières étaient un problème lors du retour en classe ? Si oui pourquoi ? 
14) Avec du recul, est-ce que vous changeriez quelque chose dans votre façon d’enseigner s’il y avait un reconfinement, par rapport au précédent ? 
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a-room-of-my-own · 5 years
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Les termes et identités « gender fluid » ou « non binaires » commencent à prendre leur place dans la société et dérangent, plusieurs décennies après l’apparition des études du genre, un ordre « naturel » hétéronormé.
Enquête. Une vague, ou une déferlante ? En février, sous le titre « Mode, beauté, nouvelle identité… l’éclat unisexe », illustré par une photo de la très androgyne top-modèle Erika Linder, le magazine Vogue Paris consacre un dossier à ce « phénomène de société ». Un mois plus tard, dans son numéro du 27 mars, l’hebdomadaire L’Obs fait sa « une » sur le thème « Ni fille ni garçon ». L’enquête s’accompagne d’un éditorial intitulé « 50 nuances de genre », dans lequel Dominique Nora, directrice de la rédaction, souligne que « les “non-binaires” forment l’avant-garde d’un combat sociétal ». Dans les médias, sur les réseaux sociaux, au détour des couloirs des collèges et des lycées, un terme émerge avec insistance : « fluidité du genre ». Mais de quoi parle-t-on ?
La fluidité du genre ne désigne pas les personnes intersexes, nées avec une ambiguïté des organes génitaux, sur lesquelles le Sénat s’est penché récemment pour s’émouvoir d’opérations chirurgicales trop précoces. Pas plus que les gays et lesbiennes, dont l’orientation sexuelle sort du cadre hétéronormé dominant. Dérivé de l’anglais gender fluid, le terme englobe en revanche tous ceux qui, dans leur identité de genre, ne se sentent ni tout à fait homme ni tout à fait femme, ou à la fois homme et femme, ou encore homme né dans un corps de femme ou inversement, bref, tout ce qui ne correspond pas strictement à notre catégorisation binaire entre masculin et féminin.
Après l’affaire Weinstein, la parole libérée
« La question de la fluidité du genre n’est pas seulement travaillée par les médias, observe Marlène Coulomb-Gully, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université Toulouse II-Jean-Jaurès. Cela fait trente ans que j’enseigne à l’université, quinze ans que ce que j’enseigne est en lien avec le genre, mais cela fait deux ans seulement que des étudiants viennent me voir pour me faire part de leur impossibilité ou de leur refus de se voir assigné à un genre. » Comment expliquer cette soudaine libération de la parole ? Cette spécialiste des représentations du genre dans les médias y voit notamment une des retombées de l’affaire Weinstein, qui a largement rendu publique, à travers le harcèlement sexuel, la question du genre. Elle souligne également que les questions de genre sont maintenant enseignées au lycée, voire à l’école primaire. « Cela fait donc un certain nombre d’années que les jeunes sont capables de mettre des mots sur les phénomènes et les ressentis dans ce domaine. »
Masculin, féminin : si l’assignation à l’un de ces deux genres fait de plus en plus débat, si un nombre croissant de personnes réclament que le « M » ou le « F » puisse être remplacé par un « X » (pour « neutre ») sur leur certificat de naissance, comme l’autorise la ville de New York depuis début 2019, cette évolution sort en droite ligne des études de genre.
Dès les années 1960, le concept de genre est repris par les féministes, qui s’en emparent pour interroger la domination masculine et revendiquer l’égalité des droits entre hommes et femmes
Apparu il y a plusieurs décennies, aux Etats-Unis d’abord, en Europe ensuite, ce vaste champ interdisciplinaire, qui regroupe tous les pans des sciences humaines et sociales (histoire, sociologie, géographie, anthropologie, économie, sciences politiques, etc.), est fondé sur un postulat simple : le sexe biologique ne suffit pas à faire un homme ou une femme, les normes sociales y participent grandement. D’où la différence entre « sexe » et « genre ».
En révélant les codes sociaux qui façonnent le masculin et le féminin, les études de genre troublent l’ordre « naturel » entre les sexes. Elles démontrent que l’identité de genre (la perception d’être masculin ou féminin) ne se construit pas seulement sur notre sexe biologique, mais aussi en intégrant, souvent de façon implicite, les valeurs et les rôles assignés par la société à cette appartenance. En dissociant intellectuellement le culturel et le biologique, le concept de genre interroge les clichés liés au sexe. Celui selon lequel, par exemple, les femmes seraient naturellement plus enclines à s’atteler aux tâches domestiques que les hommes : il s’agit là, affirment les gender studies, d’une construction sociale et historique, et non pas du fait que la femme est dotée d’un vagin et d’ovaires.
Le concept de genre apparaît pour la première fois dans les années 1950, sous la plume du psycho-sexologue américain John Money, qui utilise l’expression « gender role » pour distinguer le statut social de l’homme et de la femme de leur sexe anatomique. Une dizaine d’années plus tard, le psychiatre américain Robert Stoller forge quant à lui la notion de « gender identity » pour étudier les personnes trans, qui ne se reconnaissent pas dans le sexe assigné à leur naissance. Dès les années 1960, cette idée neuve est reprise par les féministes, qui s’en emparent pour interroger la domination masculine et revendiquer l’égalité des droits entre hommes et femmes. Très vite, la question irrigue les sciences sociales américaines, puis européennes.
L’émergence de la théorie « queer »
En s’interrogeant sur la « fabrique » quotidienne du masculin et du féminin, les études de genre revisitent à nouveaux frais l’apport de l’anthropologue Margaret Mead, qui affirmait, dans l’Amérique puritaine des années 1930, que les caractères des hommes et des femmes étaient conditionnés par le groupe dans lequel ils évoluaient. Mais aussi les travaux de défricheurs comme Simone de Beauvoir (« On ne naît pas femme, on le devient »), Michel Foucault ou Pierre Bourdieu.
Dans les années 1990, nouveau tournant : les études féministes commencent à fusionner aux Etats-Unis avec les gay et lesbian studies, qui questionnent l’homosexualité. C’est l’époque où émerge la théorie queer (bizarre, étrange), portée par la philosophe Judith Butler. Son ouvrage phare, Gender trouble (1990), traduit en français en 2006 (Trouble dans le genre, La Découverte), se démarque du féminisme traditionnel en remettant en cause la bipolarisation entre homme et femme.
Quoi d’étonnant, dès lors, si les frontières se brouillent ? En déconstruisant les différences de sexe, puis la catégorisation homme/femme à l’aune de la construction sociale, les études de genre ont ouvert en grand les portes d’un univers inexploré. L’éternel féminin en a pris un coup, tout comme la maxime hippocratique tota mulier in utero (« toute la femme est dans son utérus »), qui l’enfermait dans son corps. A mesure que les modèles de la féminité se démultiplient, les canons de la virilité, à leur tour, se complexifient. Les filles ne sont plus tenues de jouer les midinettes, ni les garçons les fiers-à-bras. Les rôles peuvent même s’inverser, l’entre-deux s’expérimenter. Tout peut s’inventer, tout devient possible. Le genre devient fluide.
« Il ne s’agit pas simplement d’une mode, d’un épiphénomène urbain, estime le philosophe des sciences naturelles Thierry Hoquet. Des éléments nouveaux sont apparus récemment, qui font que le cadre normatif s’est globalement élargi vis-à-vis des questions de genre. Au plan technique, par exemple, la prise d’hormones pour un changement de sexe est plus facile à obtenir qu’auparavant. » Au plan juridique, le contexte s’est également assoupli : en mai 2016, un amendement au projet de loi de modernisation de la justice (promulguée en novembre 2016) a grandement simplifié le changement d’état civil pour les personnes trans, qui n’ont plus à apporter la preuve « irréversible et médicale d’une transformation physique » pour obtenir une modification de leur sexe à l’état civil.
Pour ce philosophe, auteur de Sexus nullus, ou l’égalité (iXe, 2015) – un savoureux conte philosophique dans lequel un candidat à l’élection présidentielle propose la suppression de toute mention du sexe à l’état civil –, le monde binaire est aujourd’hui travaillé par des « forces épicènes », qui rendent possibles des devenirs différents. Un mot épicène (du grec epíkoinos, « possédé en commun ») est un mot désignant un être animé, qui peut être employé au masculin et au féminin sans variation de forme : « élève » ou « enfant », par exemple. « Ou encore le prénom Charlie, qui est à la fois celui de ma voisine et celui de mon oncle », illustre Thierry Hoquet. L’épicène, précise-t-il, se distingue du neutre. « Quand on entend “neutre”, on pense déni ou effacement des sexes. Ce que dit la notion d’épicène, ou de fluidité, ce n’est pas une négation : c’est une richesse de potentialités. Il est essentiel de laisser nos enfants s’épanouir dans différentes directions sans les contraindre au nom de la biologie. »
Eddy de Pretto, Chris, Bilal Hassani…
Tout le monde, tant s’en faut, n’est pas devenu familier avec la fluidité. Mais la question, dans les villes plus que dans les campagnes, travaille les jeunes générations. Selon une étude YouGov réalisée pour L’Obs début 2019, 14 % des 18-44 ans se considèrent comme « non binaires » (6 % ont répondu « oui tout à fait », 8 % « oui plutôt »). Divers phénomènes de la culture pop – Chris (ex-Christine and the Queens), le chanteur Eddy de Pretto, les acteurs et musiciens Jaden Smith et Ezra Miller – flirtent ouvertement avec le queer : pour Emmanuelle Alt, rédactrice en chef de Vogue Paris, ils constituent les « étendards éclatants d’une nouvelle identité », et sont « décidés à rendre visibles aux yeux des autres leur vérité, aussi trouble soit-elle, et leur singularité ». Les arènes artistiques permettant aux minorités de genre de s’exprimer sont de plus en plus visibles, telle la scène drag queen parisienne. Sans parler de Bilal Hassani, candidat français à l’Eurovison 2019, dont la chanson Roi reflète le vécu – « Je suis le même depuis tout petit et malgré les regards, les avis, je pleure, je sors et je ris (…). Je suis pas dans les codes, ça dérange beaucoup. »
Serait-on entré dans un nouveau monde où ceux qui souhaitent s’émanciper du genre peuvent prendre la parole et la lumière ? La réalité n’est pas si simple. Car cette évolution suscite en retour une opposition très forte, comme le montre un peu partout en Europe l’ampleur des campagnes antigenre. « Le principe est newtonien : plus on avance d’un côté, plus la réaction est forte de l’autre. Pour l’instant, dans ce domaine, la parole est encore du côté des progressistes. Mais jusqu’à quand ? », s’interroge Marlène Coulomb-Gully.
Estimant que l’on touche à « quelque chose d’absolument fondamental en termes d’identité personnelle », la professeure en sciences de l’information et de la communication craint que la parole libérée par « les populismes de tout crin » touche aussi les questions de genre. Si les actes homophobes se multiplient ici et là, si les forces réactionnaires menacent les droits LGBT dans un nombre croissant de pays, ce n’est évidemment pas un hasard. La binarité des sexes a longtemps mené le monde, et avec elle, la « norme hétérosexuelle ». Leur déconstruction éveille donc de profonds fantasmes de peur, sur lesquels le Vatican, qui dénonce de longue date cette pensée « relativiste », a beau jeu de s’appuyer.
Mais l’angoisse de la confusion des genres ne touche pas que l’Eglise. « La réappropriation par chacun de son apparence de genre peut être considérée comme une volonté de s’émanciper de la nature, souligne le philosophe Thierry Hoquet. Pour certains, ces décisions individuelles remettent en question quelque chose de fondamental dans la définition de notre vivre-ensemble. Elles semblent engager la définition de la société dans laquelle on vit, et plus globalement remettre en question l’héritage biologique de l’humain.»
Le genre au risque de la négation du corps : c’est ce que dénonce par exemple le philosophe Jean-François Braunstein, dans La Philosophie devenue folle (Grasset, 2018). « Il faut désormais affirmer que le genre doit être totalement découplé de l’anatomie », écrit-il, en fustigeant le « nouvel idéal » que serait la fluidité des genres. « Les corps ne comptent plus, seules comptent les consciences, le sentiment que nous avons d’être ceci ou cela. » Dans son dernier ouvrage, Qui a peur de la théorie queer ? (Les Presses de Sciences Po, 2018), Bruno Perreau, spécialiste des questions de genre et professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT, Etats-Unis), analyse l’origine des peurs suscitées par la déconstruction des genres. Il s’attache notamment à démontrer que l’un de ses moteurs est la crainte de la propagation de l’homosexualité. « Indifférente à la différence des sexes, la “théorie du genre” fabriquerait une société transgenre où l’hétérosexualité serait contrainte d’abdiquer son hégémonie et où l’homosexualité ne serait plus contenue par rien d’autre qu’elle-même », écrit-il, en qualifiant cette crainte de « fable épistémologique ».
C’est « parce que toute une frange de la société craint l’éclatement des formes familiales et parentales qui pourrait découler d’une “fluidité” des genres qu’elle s’accroche aux stéréotypes de sexe », renchérit la sociologue Marie Duru-Bellat, qui a analysé des décennies durant la manière dont se construisent les inégalités hommes-femmes, notamment dans le système scolaire. Et de souligner, dans La Tyrannie du genre (Presses de Sciences Po, 2017), cet étrange paradoxe : les controverses récurrentes sur le genre ont conduit ces dernières années à une célébration croissante des différences entre les hommes et les femmes, construisant, jour après jour, de nouvelles formes de domination masculine.
Que dire à ceux qui craignent que ­la marche vers l’égalité aboutisse à une forme d’indifférenciation des sexes ? A la confusion des genres ? En conclusion d’un petit livre écrit en 1993 (Les Cinq Sexes, Payot & Rivages), l’Américaine Anne Fausto-Sterling, professeure de biologie et d’études de genre à l’Université Brown, répondait ceci : « Il arrive parfois que des gens me demandent, non sans horreur, si je ne milite pas pour un monde couleur pastel, dans lequel l’androgynie serait reine et où hommes et femmes seraient exactement les mêmes. A mes yeux, pastel et couleurs vives cohabitent. Il existe et existera toujours des personnes extrêmement masculines. Simplement, certaines sont des femmes. Et dans mon entourage, certaines personnes des plus féminines sont bel et bien des hommes. » Cela ne rassurera pas tout le monde.
Catherine Vincent
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David Paternotte : « La déstabilisation de l’ordre sexuel est un élément fondateur du discours antigenre »
Le sociologue revient sur la naissance d’une prétendue « idéologie du genre », concept inventé par les opposants à la liberté de disposer de son corps.
Propos recueillis par Catherine Vincent Publié le 19 juillet 2019
Entretien. David Paternotte, professeur en sociologie à l’université libre de Bruxelles, a codirigé l’ouvrage Campagnes antigenre en Europe. Des mobilisations contre l’égalité (Presses universitaires de Lyon, 2018).
La « fluidité » du genre et l’« idéologie » – ou la « théorie » – du genre, ce n’est pas du tout la même chose… Que désigne ce dernier terme ?
Le terme d’« idéologie » du genre a été inventé par le Vatican dans les années 1990, pour contrer les droits sexuels et reproductifs acquis lors de deux conférences de l’ONU : l’une sur la population et le développement (Le Caire, 1994), l’autre sur les droits des femmes (Pékin, 1995). Pour le Saint-Siège, ces droits déstabilisent un certain ordre sexuel fondé sur la séparation entre hommes et femmes. C’est à ce moment-là qu’apparaît le terme d’« idéologie du genre » ou de « théorie du genre ». Il ne désigne pas seulement les études de genre : il laisse entendre qu’il existerait un plan sous-jacent de prise de pouvoir, de transformation de la société. Deux images illustrent cette dimension de conspiration : celle du sous-marin (qui avance caché) et celle du cheval de Troie (qui paraît inoffensif mais recèle des dangers). Le terme d’« idéologie du genre » permet d’évacuer toutes les subtilités qui existent au sein des études de genre. L’idée générale est qu’il s’agit d’un grand complot dans lequel se retrouvent les féministes, les universitaires, les militant(e)s LGBT et les responsables des politiques de genre des institutions internationales.
L’ouvrage que vous avez codirigé avec Roman Kuhar, « Campagnes antigenre en Europe », montre que la Manif pour tous, qui a occupé l’espace public en France en 2012-2013, a essaimé dans la plupart des pays européens. Quelles similitudes ou disparités observe-t-on dans ces mouvements ?
Les grands éléments fondateurs du discours sont les mêmes partout : déstabilisation de l’ordre sexuel et conspiration. Parmi les autres ressemblances figurent les types d’acteurs (anciennes associations anti-avortement, communautés religieuses, partis ou mouvements populistes), et les formes de mobilisation : les codes couleurs des ballons roses et bleus ainsi que le logo représentant un père, une mère et deux enfants. A quoi s’ajoute une très forte présence sur les réseaux sociaux et sur Internet
Au-delà de ces similitudes, la force des campagnes antigenre est de s’appuyer sur un discours extrêmement plastique. L’« idéologie du genre » sera présentée en Allemagne et en Autriche comme une idéologie totalitaire et une pratique non démocratique, alors qu’en Europe de l’Est, on insistera sur le fait qu’elle constitue une forme d’ingénierie sociale, un avatar du marxisme. Le ministre italien de l’intérieur Matteo Salvini, quant à lui, utilise ce concept pour insister sur les racines chrétiennes de l’Italie – ce qui lui permet d’attaquer les musulmans et les réfugiés.
Au-delà de ces stratégies politiques, comment expliquer que cette opposition aux libertés de choix et de disposition de son corps rencontre un tel succès ?
Cette opposition joue beaucoup sur les peurs. Sur le site de la Manif pour tous, on lit ceci : « L’idéologie du genre est destructrice, obscurantiste, antisociale, anti populaire comme elle est anti naturelle. » Cette « idéologie » menacerait l’avenir des sociétés européennes, voire l’humanité tout entière, et conduirait à une révolution anthropologique en niant la différence des sexes et leur complémentarité. Or, dans un monde qui change beaucoup, et de façon souvent inquiétante, il est tentant, comme le souligne le sociologue Eric Fassin, de se raccrocher à ce qui ne change pas : la nature. L’idée que l’humanité est naturellement divisée en deux groupes clairement définis donne une impression de stabilité dans un monde de moins en moins stable.
Quelles conséquences peuvent avoir ces mouvements antigenre ?
Les attaques contre le genre et les droits sexuels peuvent être instrumentalisés pour consolider le pouvoir des Etats. C’est ce que fait notamment Vladimir Poutine en Russie, qui insiste beaucoup sur les « valeurs traditionnelles ». En Pologne ou en Hongrie, les conséquences se font déjà sentir avec l’arrêt du financement de certains programmes de recherche et le soutien de nouvelles structures de la société civile, tels les groupes anti-avortement.
Vous revenez tout juste d’Amsterdam, où se tenait, du 4 au 6 juillet, la conférence bi-annuelle ECPG (European Conference on Politics & Gender). Ces questions y étaient-elles débattues ?
Elles étaient extrêmement présentes. Ces préoccupations étaient beaucoup moins fortes il y a deux ans, lors de la dernière conférence ECPG. La prise de conscience a été lente, mais elle est désormais généralisée.
Catherine Vincent
@kurukka et le radclub c'est l'article du monde que j'ai posté en print l'autre jour.
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fuoridicinema · 6 years
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Gli invisibili. Cosa vedere al cinema dal 17 gennaio
Gli invisibili. Cosa vedere al cinema dal 17 gennaio
Cosa vedere al cinema dal 17 gennaio? Come ogni settimana arriva la nostra rubrica di cinema poco visibile. Vi segnaliamo e consigliamo i film in sala con una bassa distribuzione, le pellicole poco pubblicizzate che meriterebbero di essere conosciute. Correte a cercarli nella vostra città prima che vengano tolti, oppure se non li trovate, segnateveli per recuperarli in futuro.
  La Douleur
(Franc…
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jgmail · 5 years
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Cuatro Entrevistas con Hervé Ryssen
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En esta entrada hemos reunido cuatro breves entrevistas con el escritor francés Hervé Ryssen (1967), autor ya de una docena de libros además de otros materiales, que hemos traducido del francés y cotejado con sus traducciones inglesas, en las cuales realiza diversos comentarios a raíz de la publicación de sus libros "Les Espérances Planétariennes" (2005), "La Mafia Juive" (2008) y "La Guerre Eschatologique" (2013), y del documental en video titulado "Satan à Hollywood"(2015), en todas las cuales se extiende sobre el tema principal de su producción, que es el análisis de un particular grupo de gente cuyas intenciones con respecto al planeta, la gente que lo habita y en particular las naciones europeas, no son en absoluto santas, habiendo sido elegido para dicha tarea por su repugnante divinidad, según está descrita en viejos textos muy conocidos.
LAS ESPERANZAS PLANETARIASUna Entrevista con Hervé Ryssen24 de Sept. de 2005 —Usted acaba de publicar un voluminoso libro con un título algo misterioso ("Les Espérances Planétariennes"). ¿Podría usted explicarnos de qué trata? —HR: Es muy simple. He analizado de cerca la literatura y la filosofía "cosmopolitas", es decir, que aspiran a la supresión de las fronteras nacionales y a la unificación del mundo. Me di cuenta de que el término "esperanza" surgía bastante frecuentemente en los textos y correspondía perfectamente con lo que yo quería demostrar. En cuanto al término "planetarias", es un neologismo que significa exactamente lo que quiere decir. Prefiero ese término a "mundialista", que está hoy demasiado impregnado de ideología. —¿Qué quería usted demostrar? —HR: Quería demostrar que la sociedad multicultural no es tanto un fenómeno natural sino el resultado de un discurso ideológico constantemente repetido a lo largo de las décadas. Ese discurso planetario ganó fuerza después de la caída del Muro de Berlín, y hoy todos nuestros intelectuales, comunistas o demócratas, están de acuerdo en que un gobierno mundial es un ideal para ser alcanzado.     Los años '90, en consecuencia, vieron aparecer una enorme serie de productos culturales que exhibían un cosmopolitismo desenfrenado. Las obras de Jacques Attali, Alain Minc, Alain Finkielkraut, Marek Halter, Guy Sorman, Pierre Bourdieu, Jacques Derrida, Edgar Morin, Albert Jacquard, Bernard-Henry Lévy, Guy Konopnicki, por citar sólo unos cuantos, son particularmente elocuentes con respecto a esto.     Esas obras hacen un llamado muy claro a un mestizaje generalizado y a la disolución de las naciones. Un ejemplo de esto es particularmente divertido. Tome el libro de Jacques Attali titulado "El Diccionario del Siglo XXI" y elija los pasajes que apoyan esta ideología de la unificación planetaria; luego póngalos en orden y el resultado es muy similar a un texto muy polémico publicado en Rusia a comienzos del siglo XX [¿los Protocolos?]. Es muy sorprendente. Pero la sorpresa es aún mayor cuando usted ve que docenas de otros autores, cuyo trabajo analicé, tienen todos el mismo discurso, sean ellos franceses, rusos o estadounidenses. Incluso encontramos eso en autores alemanes o vieneses de comienzos de siglo (Einstein, Hannah Arendt, Freud, Stefan Zweig, Joseph Roth, etcétera). Los conceptos, la mentalidad, las piruetas intelectuales, las contorsiones ideológicas, son exactamente los mismos de un autor a otro. —¿Cuáles son los temas principales abordados en vuestro libro? —HR: Comencé presentando el aspecto científico de la gran idea planetaria. Desde el descubrimiento de un esqueleto femenino de Australopitecus de tres millones de años en la región africana de los grandes lagos, se asume que cada persona en el mundo desciende de un antepasado común y que Lucy —así es como fue llamada— es la abuela de la Humanidad. En consecuencia, es de buen tono en las escuelas actualmente declararse "africano". Mientras tanto, esperamos descubrimientos posteriores que permitirán que nosotros digamos que somos "chinos" o "turco-mongoles"... Hay que decir que sostener esa clase de cosas también evita que uno sea el blanco de acusaciones terribles.     Hay otra revolución de importancia principal. El desciframiento, en Febrero de 2001, del genoma humano demuestra que las razas no existen y que todos los hombres son hermanos. En cualquier caso, eso es lo que nos dice el profesor Axel Khan. Estos temas obviamente corroboran la idea de la unificación mundial.     Después de haber descrito el ideal planetario (la aldea global, el estilo de vida nómada, la apología del mestizaje, la destrucción de la familia "patriarcal", etcétera), era necesario entonces abordar la metodología usada por los intelectuales planetarios. Ahí es donde vemos a plena luz el inmenso desprecio que los autores cosmopolitas sienten por las culturas tradicionales de poblaciones sedentarias.     Bernard-Henri Lévy se distingue particularmente en ese campo, pero él es estrechamente seguido por Daniel Cohn-Bendit y Alain Minc. Un capítulo entero de mi libro está dedicado al tema de la culpabilización así como a la inmigración, la que hoy constituye el arma más eficaz en la guerra a muerte emprendida por el Imperio global contra grupos étnicos que se resisten al globalismo. Muy evidentemente tengo en mi demostración el apoyo de cientos de citas. En verdad, estoy sorprendido de que este trabajo de desbroce no haya sido jamás efectuado antes. —Usted no abordó la cuestión europea. —HR: Sí, evidentemente. Nuevamente, si usted lee a Jacques Attali, por ejemplo, se percibe que nuestros intelectuales ya habían declarado que ellos consideran ese proyecto como un escalón hacia el gobierno mundial. Está escrito con todas sus letras, y no hay ninguna necesidad de ir a buscar eso en viejos documentos de antes de la guerra. Por supuesto, tuve el inmenso placer de concluír ese capítulo con el referéndum del 29 de Mayo de 2005, una gigantesca bofetada para los globalistas.     Permítame referir una pequeña anécdota. Durante un debate televisado, Daniel Cohn-Bendit, loco de rabia, insultó a Philippe de Villiers de la manera más ultrajante. Podemos perdonar a este último por no reaccionar a eso en televisión porque, después de todo, es mejor que el electorado lo vea a usted como un mártir que como un hobre violento e impulsivo. Pero el estallido de cólera de Cohn-Bendit me pareció muy revelador. En efecto, tiene que ser entendido que gente como Cohn-Bendit vive febrilmente la época en que vivimos.     Ellos creen que todo hoy está en su favor y se imaginan que la Humanidad finalmente está a punto de entrar en los tiempos mesiánicos. Hay que saber que en la tradición judía, la llegada del Mesías coincide con la unificación del mundo y la desaparición de los conflictos, sean ellos de una naturaleza nacional o social. Reitero, los libros de ellos son muy explícitos en esta materia (Emmanuel Lévinas, Jacob Kaplan, George Steiner, etcétera).     Por consiguiente, el hecho de que los franceses votaran contra la Unión Europea en el referéndum hizo descarrilar una etapa esencial, que había sido impacientemente esperada por los intelectuales planetarios. Sólo póngase en el lugar de Cohn-Bendit. Durante 3.000 años él ha estado esperando al Mesías. Finalmente, le dicen que él llegará, que está justo a la vuelta de la esquina, que se aproxima... Y luego todo colapsa porque un puñado de resistentes, de estúpidos reaccionarios que no entienden absolutamente nada, prefirió conservar su vulgar libertad tribal en vez de la obertura de los tiempos mesiánicos. ¡Hay que admitir que él tiene toda la razón para estar furioso! —¿Quiere usted decir que tanto la acción como las ideas de los intelectuales cosmopolitas son determinadas por el hecho de que ellos esperan a su Mesías? —HR: Hablo aquí sólo de los intelectuales judíos. Para ellos ciertamente ésa es la cuestión esencial. Ése es precisamente el punto que constituye la cuestión central del espíritu Mosaico en la medida en que coincide con la idea de la unificación planetaria. Hay que comprender que los intelectuales judíos viven atentos a eso y que es ese estado de tensión permanente el que le da el sentido a sus actos y sus palabras. Es muy raro que ellos escriban algo neutral. A través de todos los libros que pude examinar y las numerosas películas que analicé, comprendí que sus producciones estaban inevitablemente impregnadas de la ideología mesiánica.     Se deduce por lo tanto, sin ninguna duda, que el establecimiento del nuevo mundo implica la destrucción del catolicismo y del mundo europeo. Para entender cuán lejos puede llegar ese furioso impulso de destruír, usted tiene que haber leído las obras de Wilhelm Reich y los "freudo-marxistas". El tema de la venganza está presente tanto en los textos religiosos del siglo XVI como en los trabajos de autores contemporáneos, como Albert Cohen.     Fueron esos temas recurrentes los que más se destacaron para mí. Ellos han atravesado los siglos, habiendo sido transmitidos sin cambio de generación en generación. No hay nada secreto al respecto. En efecto, todos los libros que usé para mi investigación pueden ser encontrados en las bibliotecas públicas de París. —¿Cómo llegó usted a la idea de sumergirse en toda esa literatura? —HR: Escribí este libro un poco por casualidad, después de haber descubierto el libro de Solyenitsin ("Doscientos Años Juntos") aparecido en 2003, que destaca el papel del "pequeño pueblo" en la revolución bolchevique.     Como yo mismo había sido un "bolchevique" ferviente en mis años universitarios, estuve sorprendido de no haber sido consciente antes de este aspecto de la cuestión. Entonces releí una por una todas las principales obras acerca de "sovietología" y comprendí que todos los grandes historiadores (Stéphane Courtois, François Furet, Ernst Nolte, entre otros) habían planteado este problema, pero hicieron eso de una manera muy anecdótica. Este tema forma la segunda parte del libro que titulé "El Final de un Sueño Mesiánico".     La tercera parte del libro, que es igualmente importante como la primera, trata de la explicación del anti-judaísmo que dan los propios judíos y de la mentalidad cosmopolita en general, así como ciertos problemas de actualidad: el anti-judaísmo entre los negros, la mafia, los grandes fraudes de los últimos años (sean financieros o intelectuales), la exagerada atención que los medios de comunicación dan a ciertas cuestiones y no a otras, etcétera. —¿Está usted consciente, espero, de que está atacando a un fuerte oponente? —HR: Es gracioso que usted diga eso. Ésa es exactamente la expresión que el novelista Patrick Mondiano pone en boca de uno de sus personajes. Pero le diré algo: yo no ataco a nadie. Simplemente hago un análisis sensato de lo que descubro aquí y allá. Si la verdad hoy cae bajo el golpe de la ley, el deber del juez, como un hombre de la ley, es ciertamente condenarla. Como escritor, mi propio deber es escribir la verdad. Desde mi punto de vista, creo que todo está perfectamente en orden, especialmente ya que me remito a compilar lo que otros han expresado. Por el contrario, pienso que el problema está localizado río arriba, si puedo decirlo de esa forma. Pienso, en efecto, que debería estar prohibido insultarnos en nuestro propio país. Cuando el señor Bernard Henri-Lévy escribe que la cultura regional rural y tradicional francesa le "repugna", según dice, deberíamos obligarlo a pagar una multa muy fuerte, en proporción a sus colosales ingresos. ¿Estoy yendo demasiado lejos al decir esto?.– LA MAFIA JUDÍA.Una Entrevista con Hervé RyssenSeptiembre de 2008 —Usted ha publicado un cuarto libro ("La Mafia Juive") sobre el judaísmo, un volumen de 400 páginas. ¿Qué aporta él de novedoso?; ¿no ha dicho usted todo lo que hay que decir? —Hervé Ryssen: Pensé eso también, imagínese. Pero el judaísmo es un mundo muy cerrado, muy secreto, y usted ve, después de todos estos años de estudio, uno todavía aprende cosas nuevas. Esta vez exploré el mundo criminal operando dentro de la comunidad judía internacional, y lo que uno descubre allí es, propiamente hablando, alucinante. El hecho es que la mafia judía es la principal mafia que existe hoy en este planeta: el crimen organizado, la prostitución, el tráfico de drogas, el tráfico de armas, el tráfico de diamantes de contrabando, el tráfico de obras de arte, asesinatos por contrato, estafas de bandas organizadas, robos a mano armada, etcétera. La pornografía, los casinos y las discotecas también en gran parte están en manos de mafiosos judíos. —Usted afirma que el tráfico internacional de drogas está principalmente en manos de la mafia judía. ¿Está usted completamente seguro de que no está exagerando su caso? —HR: No sostengo que la mafia judía controla la mayor parte del comercio internacional de drogas, ya que no hay estadísticas sobre el tema, pero eso no me parece inverosímil, a juzgar por toda la información que pude reunir. El hecho es que desde el tráfico de opio en la China del siglo XIX hasta nuestros días, esa mafia ha sido completamente activa en ese campo.     En el tráfico de éxtasis, uno puede decir con seguridad que la mafia judía tiene una posición de monopolio. El éxtasis es la droga actualmente más dañina para la juventud europea. Una píldora de XTC da una sensación de fuerza y bienestar durante algunas horas, pero sobre todo es un verdadero basurero químico. Sus efectos a largo plazo son alarmantes porque son irreversibles: pérdida de memoria; problemas conductuales, de sueño y de concentración; lesiones cerebrales en los hijos de madres drogadictas. El primer país productor es Holanda, pero los grandes traficantes que fueron detenidos hace diez años en Francia, Bélgica, Estados Unidos o Australia, tenían todos pasaportes israelíes. El negocio del éxtasis está 100% en las manos de mafiosos judíos, no todos los cuales provienen de Rusia, ya que hay traficantes sefardíes también. Si usted compra una píldora de XTC, en todo caso, usted puede estar seguro de que está financiando a la mafia judía. Ciertos grandes traficantes de éxtasis también están profundamente involucrados en el comercio de heroína y cocaína. —¿Está relacionada la mafia judía con los famosos cárteles colombianos de drogas? —HR: Sin ninguna duda. Le doy sólo un ejemplo: El 16 de Febrero de 1993 la policía rusa de Viborg, cerca de la frontera ruso-finlandesa, cerca de San Petersburgo, incautó más de una tonelada de cocaína colombiana disfrazada como latas de carne de vaca en conserva. Fue un residente israelí de Bogotá, Elias Cohen, casado con una colombiana coludida con uno de los clanes relacionados con el cártel de Cali, el que aseguraba el aprovisionamiento de la red junto con un tal Yuval Shemesh. El destinatario final de la cocaína era un grupo de traficantes israelíes establecidos en los Países Bajos. El jefe de esa red era un tal Jacob Korakin, un judío religioso, respetado en el distrito de diamantes de Antwerp. —Ciertos comerciantes de diamantes de Antwerp, Nueva York y Tel-Aviv parecen tener efectivamente un importante papel, principalmente en el lavado de dinero. —HR: Los comerciantes de diamantes están en el centro de las operaciones de blanqueo de dinero de la droga de los cárteles colombianos. En Manhattan, en la Calle 47, que es el centro de su actividad, está también la más grande lavandería de dinero de la droga. El rabino Yosef Crozer fue detenido en Febrero de 1990 mientras iba a Brooklyn con maletas y bolsos llenos de billetes de banco de pequeña denominación. Él llevaba 300.000 dólares cada día. Su cooperación con la policía hizo posible el mes siguiente detener a alrededor de 30 personas en la comunidad judía Ortodoxa. Una de ellas era Avraham Sharir, otro judío piadoso que poseía una tienda de venta de oro en la Calle 47 y que resultó ser uno de los personajes claves en el blanqueo de dinero de la droga en Nueva York. Sharir, un ciudadano israelí de 45 años, confesó haber lavado 200 millones de dólares de parte del cártel de Cali. Sus empleados, que contaban los billetes de banco, eran regularmente obligados a salir fuera a tomar aire fresco, porque muchos de los pequeños billetes habían sido enrollados para su uso en aspirar cocaína. —Ciertos judíos religiosos no parecen tener demasiados escrúpulos, uno podría decir... —HR: Incluso los judíos hasídicos están profundamente implicados en el tráfico de drogas. En 2001 la policía desmanteló una red dirigida por Sean Erez, un judío hasídico que había invertido en el tráfico de éxtasis. La droga era contrabandeada en los sombreros y los rollos de rezos de esos piadosos judíos, a quienes los agentes de aduanas no habían considerado sospechosos.     En Julio de 1998 la pequeña comunidad de comerciantes de diamantes de Antwerp en Bélgica fue fuertemente sacudida por una serie de detenciones de miembros del movimiento judío Lubavitch. Se había descubierto que el negocio de diamantes en la ciudad flamenca era una tapadera para el tráfico internacional de heroína. Quince kilos habían sido incautados. Un judío Ortodoxo, Dror Hazenfratz, era quien dirigía la red. Nacido en Haifa, Hazenfratz tenía un pasaporte israelí así como un carnet de identidad belga. Ante el tribunal, él apareció con el tradicional traje negro, caftán, gorra y rizos, lo que no le impidió ser condenado a once años de prisión. Existen numerosos otros ejemplos. —Usted en el libro vuelve a los gángsters "estadounidenses" de los años '30... —HR: Sí, también estuve interesado en esos míticos gángsters que habían trabajado con la mafia siciliana. Los gángsters judíos estuvieron particularmente implicados en el "Murder Inc.", una especie de sociedad mutual de asesinato gracias a la cual un líder local podía beneficiarse de los servicios de asesinos que venían de otro lugar y así evitar la culpa. El "Sindicato del Crimen" era una banda compuesta principalmente por gángsters judíos, que se encargaban del trabajo sucio de dicha corporación. Se estima que entre 1933 y 1940 la organización fue responsable de más de 700 asesinatos, pero algunos hablan de 2.000. Como las armas de fuego son demasiado fácilmente detectables, ellos preferían matar a sus víctimas haciendo uso del ahogamiento, cuchillos, bates de béisbol, cuerdas de piano, y sobre todo picahielos. Todo eso es también parte de la historia del pueblo judío. —¿Cómo explica usted que nunca se hable de esto? —HR: Se trata siempre del famoso reflejo de la "proyección" sobre el cual hablé en mis dos libros precedentes. Los intelectuales judíos siempre proyectan en otros aquello sobre lo cual ellos se sienten culpables. Ellos dicen que fueron víctimas del comunismo, por ejemplo, cuando de hecho ellos fueron sus principales instigadores. De la misma manera, Freud proyectó un problema específico de la gente judía —el incesto— sobre un plano universal, y todo el mundo cayó en la trampa.     En los años '90 los medios de comunicación nos hablaron de la terrible "mafia rusa". Pero la verdad obliga a decir que todos los mafiosos "rusos" que fueron detenidos estaban en posesión de pasaportes israelíes. El principal de ellos, Semion Mogilevitch, un importante traficante de armas que también prostituyó a cientos de muchachas rusas y ucranianas en Praga y Budapest, fue arrestado en Moscú en Enero de 2008. En Francia, el Courrier International fue el único periódico que reportó aquello, pero evidentemente la judeidad del personaje no fue mencionada: ¡él era un "ruso"!     En el cine de Hollywood, paralelamente, los traficantes de drogas, los gángsters, los "tipos malos", cuando no son sicilianos, son muy a menudo hombres Blancos de tipo nórdico, ¡pero jamás judíos! Los cineastas cosmopolitas indudablemente tienen algo que ver con este engañoso truco de prestidigitación.– LA GUERRA ESCATOLÓGICA -EL FIN DE LOS TIEMPOS EN LAS GRANDES RELIGIONES.Una Entrevista con Hervé Ryssen2013 —Su noveno libro ("La Guerre Eschatologique") ha sido publicado esta semana. Esta vez usted trata de la escatología. ¿Podría usted en primer lugar explicar a los lectores qué es la Escatología? —HR: Para decirlo de manera simple, la Escatología es el estudio del final de los tiempos. En las tres grandes religiones monoteístas —judaísmo, cristianismo e Islam— existe la creencia de que el mundo que conocemos, un día debe terminarse. En cada una de esas tradiciones —pero también en la mitología nórdica—, cataclismos, guerras y toda clase de terribles eventos deben suceder y preceder al combate final contra las fuerzas del mal, del cual nacerá un mundo regenerado. Encontramos el mismo patrón cada vez. —¿Qué ha aprendido usted de su investigación? Considerando la cercana relación entre las tres religiones, ¿podemos decir que es posible concebir un futuro común? —HR: La escatología nos enseña precisamente que las tres religiones son incompatibles unas con otras por la simple razón de que sus visiones del futuro difieren en un punto fundamental: al final de los tiempos, una —y sólo una— debe triunfar. Los demás deben convertirse (en el caso del cristianismo y el Islam) o desaparecer pura y simplemente. Entre los judíos, en efecto, no existe esa voluntad de convertir a los demás al judaísmo. Toda la militancia judía, toda la propaganda de los intelectuales judíos (a través de sus discursos, sus películas, sus novelas, etcétera) consiste en desacreditar entre los no-judíos las ideas de religión, raza, patria y cualquier sentimiento de pertenencia, a fin de elevar a los judíos por encima de la masa de los goyim. Una vez que todas las naciones hayan sido destruídas y transformadas en sociedades multiculturales, una vez que todas las religiones hayan sido aniquiladas, y una vez que un gobierno mundial haya sido establecido —sin duda después de una gran guerra— una paz "absoluta y definitiva" reinará en el mundo, piensan ellos. Es entonces que llegará su muy esperado Mesías. Los judíos, que habrán conservado sus tradiciones, serán entonces reconocidos por todos como el "pueblo elegido de Dios". —El supremacismo judío no es ninguna excepción. Los musulmanes también procuran imponer su dominación sobre el mundo. —HR: Existe efectivamente también en el Islam la idea de que toda la Tierra debe someterse y aceptar el mensaje del Profeta [Mahoma]. Pero, como le estaba diciendo, se trata ahí de convertir a los otros y no de destruírlos. El Islam no es una secta cerrada, como el judaísmo, sino una religión abierta y universalista, similar al cristianismo en ese aspecto. Pero no debemos perder de vista que se encuentra en varios pasajes del Corán la idea de luchar contra los infieles, con las armas en la mano si es necesario. Siendo yo un "infiel", aquello me genera una incómoda sensación alrededor del cuello... —Ciertos patriotas franceses piensan que, frente a la ofensiva del Islam en Europa, los judíos, o al menos ciertos judíos, pueden ser aliados. ¿Cuál es su opinión sobre esto? —HR: Durante aproximadamente los últimos diez años, hemos visto a un puñado de judíos, que fueron en un tiempo fervientes partidarios de la inmigración, efectivamente volver a tocar sus tambores y transformarse imprevistamente, como por arte de magia, en súper-patriotas franceses, "más franceses que los franceses", desde que ellos comprendieron que todos aquellos inmigrantes musulmanes, a los que ellos ayudaron a entrar en el país, no son necesariamente sus amigos. Su objetivo no es enviar a esos inmigrantes de vuelta a sus países de origen sino integrarlos con amabilidad  para disminuír la fuerza del Islam. Ellos así lo han dicho y repetido. Por otra parte, el discurso contra el "fascismo islámico" ("fascislamisme"escribía Bernard-Henri Lévy ya en 2006) es un medio para preparar mentalmente a la gente para una guerra contra Irán, un país que no nos amenaza en absoluto pero que representa un obstáculo para el Estado sionista en el Cercano Oriente.     Esa engañosa retórica es por lo tanto una trampa cazabobos. Por lo que a nosotros nos concierne, estamos totalmente opuestos a la implantación masiva de inmigrantes del Tercer Mundo en nuestro suelo, independientemente de si los inmigrantes son musulmanes o no. Y en el plano internacional, apoyamos completamente a Siria y a Irán así como a todos los otros países que se oponen al eje sionista occidental. ¡Que los judíos hagan su guerra por sí mismos, de una buena vez! —¿Cómo visualizan los teólogos musulmanes el final de esta confrontación contra el mundo occidental y el sionismo? —HR: Un teólogo como Imran Hosein ha comprendido perfectamente que el Occidente "cristiano" hoy en día está enormemente judaizado debido a una incesante propaganda cosmopolita en los medios de comunicación. "El aborto, el homosexualismo, el lesbianismo, el adulterio, están legalizados hoy", él escribe. Ellos "se han hecho judíos", dice él de los europeos, con justa razón. Él también denuncia con fuerza las maniobras que realiza Occidente para instaurar un "gobierno mundial". Para él, en cualquier caso, las cosas están muy claras: Dios castigó a los judíos una primera vez con un ejército babilónico; él los castigó una segunda vez con un ejército romano; el tercer castigo será con un ejército musulmán, ¡y esta vez será en serio!     En cuanto a los cristianos, que no han sido capaces de protegerse a sí mismos del nihilismo judío, deberán dejar de adorar a Jesús como si él fuera Dios y "serán obligados a reconocerlo como un profeta". Aquí podemos ver una diferencia de tono entre los musulmanes, que reconocen a Jesús como un profeta, y los judíos, que en su Talmud insultan a Cristo y consideran que él es el hijo de una prostituta y de un soldado romano. En la escatología musulmana, Jesús es también a veces considerado como el "Mahdi" (= El que es guiado por Dios), quien derrotará al Anticristo al final de los tiempos, ya que los musulmanes también tienen la idea de un "Anticristo". Ellos lo llaman el "Dajjal" y, como entre los cristianos, el Anticristo, que perseguirá a los fieles antes de ser finalmente vencido, provendrá de la secta judía, lo que no es muy sorprendente. —¿Qué diferencias ve usted entre la escatología cristiana y la escatología musulmana? —HR: La diferencia esencial es que los musulmanes, como los judíos, creen en un triunfo terrenal, mientras que los cristianos, principalmente los católicos, parecen haber renunciado a toda idea de una victoria en esta Tierra. La escatología de los católicos es confusa, por todo lo que le digo, y no es movilizadora, como entre los judíos o entre los musulmanes chiítas, que se esfuerzan por hacer venir a su Mesías. En un muy pequeño número de textos se sugiere la evangelización de todas las naciones, la "sexta edad" de la Iglesia, que precede a la gran apostasía, como lo ha descrito el venerable Bartolomé Holzhauser. En el período siguiente, el del Anticristo, leemos que "la única victoria posible para los cristianos en esos terribles días será ser derrotados, perseguidos, atormentados y asesinados, mientras permanezcan fieles, constantes y firmes". Este ejemplo es sintomático. Vemos que los cristianos están moralmente desarmados y los héroes que ellos podrían haber sido son transformados en mártires.     En la Iglesia Conciliar, de acuerdo con el Concilio Vaticano Segundo (1962-1965), la escatología es aún menos movilizadora. Esta vez, la Iglesia parece haberse casado con la causa del judaísmo. Ella debe ser humilde y parece estar esperando con impaciencia el gobierno mundial y el reinado del Anticristo. ¿Y qué hay de la conversión de los judíos? Eso es pospuesto para el final de los tiempos y nunca es debido al celo evangélico de los católicos. No hay por lo tanto ahí ningún activismo mesiánico. "Nadie extrañará nuestras catedrales góticas", fruto de nuestro "orgullo", escribe un teólogo con la autorización del episcopado de París. Verdaderamente tenemos la impresión de un espíritu suicida. En tales circunstancias, por lo tanto, no es sorprendente constatar que nuestros enemigos avanzan mientras nosotros reculamos. Y todo nos parece que no puede ser más normal. —¿Qué hay de la "Weltanschaung" del mundo pagano?. ¿Podría usted decirnos algo sobre eso? —HR: El mundo pagano en general ha desarrollado una escatología que es bastante poco combativa. Es muy fácil entender por qué. Durante décadas, el principal pensador de esa corriente de pensamiento, Alain de Benoist, ha comunicado la idea de que entre los europeos anteriores al cristianismo la Historia era cíclica y no lineal, y todos los pensadores de ese movimiento, siguiéndolo a él, han repetido hasta la saciedad la frase de Nietzsche: "No debemos retener lo que debe caer, sino que es menester aún empujarlo" [Así Hablaba Zaratustra, III, De las Antiguas y Nuevas Tablas, 20]. Eso significa que, muy naturalmente, varios militantes dentro de ese movimiento piensan que lo mejor que se puede hacer es mirar morir esta civilización e incluso estimular la decadencia, ya que ellos están convencidos de que un nuevo ciclo comenzará una vez que todo haya sido destruído. Ellos ya ni siquiera comprenden que, al final del ciclo, los hombres Blancos estarán muertos y sepultados y ellos habrán dejado el campo libre a sus enemigos. Los mejores de entre ellos afirman apoyar un "pesimismo combativo".     Los espíritus menos políticos son los "tradicionalistas", adeptos de René Guénon y Julius Évola. Para esa corriente de pensamiento, la Historia es una larga decadencia, un alejamiento progresivo desde la "Tradición Primordial", y éste ha sido el caso durante decenas de miles de años (o durante cientos de miles, según las diversas interpretaciones).     Después de la Edad de Oro vino la Edad de Plata y luego la Edad de Bronce. Estamos hoy en la cuarta y última Edad, la Edad de Hierro, que ha durado más de seis mil años, pero que llegará pronto a un final y completará el gran ciclo. ¿No se sienten cansados todos ustedes [tradicionalistas]? Tenemos que esperar a que todo esto termine, afirma Julius Évola; ¡es absolutamente inútil intentar hacer algo para luchar contra la corriente de la decadencia! Se comprende mejor, en estas condiciones, por qué los judíos y los musulmanes van viento en popa. Todo es una cuestión de escatología.     Aparte de esto, aporto en la tercera parte del libro algunos elementos de reflexión que permitirán, pienso, comprender el funcionamiento de la guerra psicológica que debemos llevar a cabo. En resumen: para nosotros, ¡dudar es ya renunciar!.– SATÁN EN HOLLYWOODLa Imagen de los Cristianos a Través del Cine.Entrevista con Hervé Ryssen2015 Introducción del Editor en Inglés     Una guerra encubierta ha sido declarada contra los cristianos de este mundo en general, y contra la Iglesia Católica en particular. En efecto, en la televisión y en el cine los cristianos son frecuentemente representados como intolerantes, sectarios, racistas y homosexofóbicos, mientras que el clero —sobre todo el clero católico— es comúnmente retratado como una guarida de pedófilos, psicópatas y asesinos.     En este persuasivo documental (Satan à Hollywood) Hervé Ryssen descifra los mensajes escondidos en las producciones de Hollywood, demostrando que las imágenes en la pantalla grande a menudo son demasiado usadas como un medio para estigmatizar al cristianismo. Nos enteramos de que no es ninguna coincidencia que el cristianismo, a diferencia de todas las otras religiones en el mundo, sea sistemáticamente puesto en la mira por directores y productores de Hollywood, la gran mayoría de los cuales pertenece a una comunidad religiosa particular que, por su misma naturaleza, es virulentamente anti-cristiana.     Como demuestra Ryssen, las películas de Hollywood no son sólo un inocente entretenimiento. En efecto, las películas de gran presupuesto son de hecho un medio muy eficaz de propaganda, cuyo objetivo último es desacreditar los valores cristianos, que constituyen el fundamento de las naciones europeas. De esta manera, las producciones de Hollywood condicionan psicológicamente a las mentes para la unificación del mundo, la que es considerada por algunos como un requisito previo para la venida de su Mesías.     El documental ha sido doblado al inglés, y dicha versión puede ser descargada gratis enhttp://www.mediafire.com/file/1918a4dmb3g6tc6/SAH-EN+allÚgÚ.mp4  (1,29 GB), o enhttps://archive.org/details/SatanHollywoodHervvRyssen/Satan+in+Hollywood+-+English-US+version+Herv%C3%A9+Ryssen+-+YouTube.mp4   (592 MB). * * * * —Muchos de nuestros lectores ya lo conocen bien a usted, puesto que desde hace diez años nuestra revista (Rivarol) presenta anualmente vuestra última producción. En cuanto al judaísmo, usted mismo ha dicho que ha "hecho el recorrido". Entonces ¿en qué ha estado trabajando usted estos últimos meses? —HR: Estos últimos años he publicado, entre otros, siete libros, cada uno abarcando aproximadamente 400 páginas, acerca del judaísmo y el espíritu judío, lo que constituye el estudio más importante alguna vez realizado en cuanto a este tema. Usted tiene razón al indicar que he "hecho el recorrido de la cuestión". Continúo, en efecto, documentándome a través de los libros y las películas producidos por el judaísmo intelectual, y no veo allí nada para añadir al plan temático. Cualquier nueva documentación sólo corroboraría lo que ya ha sido expuesto, sea que tenga que ver con el proyecto político mundialista inherente en el judaísmo o con aquel universo mental tan particular y tan diferente del nuestro.     Estoy, sin embargo, obligado a continuar produciendo si voy a continuar viviendo de mis trabajos. Este año asumí un riesgo: dejé de lado la escritura para consagrarme a un documental sobre "la imagen de los cristianos a través del cine". Ése será además el subtítulo.     Durante algún tiempo hasta ahora he constatado, en efecto, que los cristianos, y especialmente los católicos, son maltratados por numerosos cineastas, los que por cierto no trabajan todos ellos en Hollywood. De manera que emprendí un trabajo de investigación documental y de revisión. Tomé las escenas más explícitas y las organicé por temas, exactamente del mismo modo que yo había hecho con mis libros. Y le puedo asegurar, una vez más, que el resultado es ¡completamente alucinante! —¿Qué quiere decir usted? —HR: Con esto quiero decir que esas escenas, tomadas en su mayoría de películas recientes concebidas para el gran público, reflejan completamente un odio profundo y sistemático hacia el cristianismo. Si estuviéramos hablando de películas menores y excesivas que de vez en cuando aparecen en las pantallas y que por una parte provocan indignación y por otra sarcasmo, entonces podríamos casi tolerarlas, a condición de que las otras religiones fueran tratadas del mismo modo.     Pero lo que constato es que el cristianismo —e insisto: sobre todo el catolicismo— ha sido sistemáticamente atacado durante décadas en películas en que sus presupuestos son a menudo de varias decenas de millones de dólares. Cuando usted vea todas las escenas que he compilado, quedará alarmado al constatar hasta qué punto la religión de nuestros padres ha sido vilipendiada y ensuciada. —¿Cuáles son los temas que usted ha sido capaz de poner a la luz?. ¿Cómo ha procedido para presentar al público este panorama del anti-cristianismo? —HR: Fiel a mi metodología, comienzo con lo que es más visible y luego voy más allá a fin de mostrar al espectador lo que puede habérsele escapado. Como se trata de imágenes de video, comienzo mi presentación con películas concebidas para el "gran público" y de una cierta calidad visual. La primera película que examino es "El Nombre de la Rosa" de Jean-Jacques Annaud, que abre el capítulo dedicado a películas "históricas".     Allí se percibe que, desde la Antigüedad hasta la Segunda Guerra Mundial, pasando por el siglo XVIII, ciertos directores de cine destilan su odio al cristianismo a través de escenas inteligentemente construídas y de personajes hechos a medida. Abordo en seguida alrededor de una decena de películas en las cuales el cristianismo, en la época contemporánea o en el futuro, es retratado como una fuerza omnipresente y opresiva. Luego paso revista a las películas en las cuales el personaje cristiano desempeña el papel de la persona despreciable, cuando no es retratado como intolerante, obtuso, acomplejado o ridículo. Y también es verdad que el cristiano puede ser además fanático, racista, anti-judío, pedófilo, secuestrador de niños, o muy simplemente un peligroso psicópata y un asesino. Y no olvidemos a los monjes homicidas ni tampoco a las monjas viles y amargadas.     En la cuarta parte del documental examino las escenas en las cuales una ceremonia católica es deliberadamente interrumpida. En varias de las películas ya examinadas el disgusto que inspira el cristianismo es tal que el espectador se regocija al ver al sacerdote o al obispo siendo muertos o masacrados; y le pido que me crea que no estamos hablando de películas de pequeño presupuesto.     Todo eso lleva a la conclusión lógica de que el mejor modo de incitar a la gente a abandonar el cristianismo es exaltar la sexualidad. Yo no abordo ese tema sino a través de las películas ya presentadas, pero es suficiente para comprender el proyecto de esos cineastas. —¿Qué quería mostrar usted con este documental?. ¿A qué conclusiones podemos llegar en cuanto a la naturaleza de este odio contra el cristianismo? Para decirlo claramente: las personas que hacen esas películas ¿son ellas parte de alguna comunidad en particular? —HR: Hay películas violentamente anti-cristianas que han sido hechas por cineastas que provienen de familias cristianas pero que se han pasado al ateísmo militante, por medio de la ideología marxista o simplemente por una especie de conformismo. Por lo que he podido constatar, el odio hacia el cristianismo también puede tener su origen en un homosexualismo profesado. Pero me parece que esos casos son más bien marginales.     El hecho es que la mayor parte de esas películas ha sido producida por cineastas que no son ni cristianos ni que provienen de familias cristianas. Pero lo que es necesario comprender bien —y eso es lo que explico en una de mis apariciones en el documental— es que las responsabilidades también son compartidas por el productor de la película, el cual financia el proyecto desde el comienzo y dicta sus condiciones, sobre todo si el realizador que ha aceptado hacer la película no disfruta de una gran fama.     En Estados Unidos la película pertenece enteramente al productor, el cual le da la tendencia según sus deseos. Si el director no queda satisfecho, él siempre puede después publicar su propia versión en DVD. Eso es lo que se conoce como la "selección del director" ("director's cut"), la versión del realizador. Sea como fuere, para responder a su pregunta de la manera más consensual posible y sin exponerme demasiado, yo diría que esos directores provienen de todas las comunidades y de todas las perspectivas. Sin embargo, a pesar de todo, existe un claro predominio de una comunidad particular conocida por su influencia en el mundo de los medios de comunicación. —Y creo saber que no son los musulmanes esta vez... —HR: El objetivo de este documental no es solamente abrir los ojos de los católicos en cuanto a la verdadera naturaleza de sus agresores. Es verdad que los problemas que Occidente encuentra con el mundo musulmán son tales, que muchos de nuestros compatriotas ven al Islam como el peligro principal. Por mi parte, tratando de ser objetivo, he querido mostrar que los ataques contra la religión de nuestros padres no provienen de ese lado. Los musulmanes, a través del cine hollywoodense, son también víctimas del mismo tratamiento que el sufrido por los católicos, aunque a una escala ciertamente inferior, porque son realmente los católicos los que soportan los peores ultrajes, y no el Islam.     También quise mostrar a los católicos que aquellos que denigran su religión son también los más fervientes partidarios de la "liberación de las costumbres", es decir, para hablar claramente, la disolución de la familia patriarcal, el homosexualismo, la ideología "transgénero", al igual que la sociedad multicultural y el mestizaje. Todo está unido.     En varios pasajes en el documental, entre extractos de películas, explico los entresijos de ese fanatismo igualitarista que no corresponde a ninguna otra cosa sino a la espera de un Mesías. Espero además ganar el apoyo de católicos sinceros para nuestra causa, que no se limita a la defensa de la religión sino que es la defensa de nuestra civilización entera. —Usted es ahora un director de cine además de un escritor. Ya que ésta no es su especialidad, ¿encontró usted dificultades de orden técnico? —HR: He estado trabajando en este proyecto durante un año, y puedo decirle que ha habido innumerables problemas. Numerosas veces, viendo el tiempo que perdí ante un problema que un especialista habría solucionado en unas horas, me dije a mí mismo que yo podría haber escrito ya un libro y que ese tiempo no lo recuperaría. Y entonces finalmente, a fuerza de trabajo, tuve éxito en el resultado final. En el fondo, la regla es siempre la misma que para mis libros: lo importante no es decirlo todo sino llevar al lector o al espectador hasta el término, manteniendo su atención despierta hasta el final. —El formato de video sin duda le permitirá llegar a un público mucho más considerable, principalmente gente joven, que lee menos y que consume muchos productos en video. —HR: No estoy totalmente de acuerdo con usted. En realidad, desde mi punto de vista, no tengo la impresión de que los jóvenes lean menos. Cada vez que firmo libros después de una conferencia es esencialmente gente joven la que me va a ver. Es verdad, yo tendría más lectores si no existiera Internet ni millones de videos en Youtube disponibles gratuitamente. Pero todo el mundo conoce el sentimiento de vacío que se siente después haber pasado horas en Internet a diferencia del sentimiento de calma y de plenitud que se puede conseguir después de haber leído varias páginas de un buen libro. El documental ciertamente me permitirá llegar a otro público, pero también espero, por medio de eso, encontrar nuevos lectores, porque creo que los libros son irremplazables para comprender bien el funcionamiento de este sistema y la "matriz" en la cual vivimos.–
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garadinervi · 6 years
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Pierre Bourdieu (with Alain Accardo, Gilles Balazs, Stéphane Beaud, François Bonvin, Emmanuel Bourdieu, Philippe Bourgois, Sylvain Broccolichi, Patrick Champagne, Rosine Christin, Jean-Pierre Faguer, Sandrine Garcia, Remy Lenoir, Frédérique Matonti, Francine Muel-Dreyfus, Françoise Œuvrard, Michel Pialoux, Louis Pinto, Abdelmalek Sayad, Charles Soulié, Bernard Urlacher, Loïc Wacquant, Anne-Marie Waser), (1993, 2007), La miseria del mondo, Italian Edition curated by Antonello Petrillo and Ciro Tarantino, «Cartografie sociali», n. 1, Mimesis Edizioni, Milano-Udine, 2015
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fillesmissiles · 5 years
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Lettre à Daria - Emmanuelle Riendeau
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Dans le numéro 161 (printemps 2019) de la revue littéraire Moebius, la poète Daria Colonna écrivait une lettre à la poète Emmanuelle Riendeau. Nous partageons ici la réponse de cette dernière. 
La première fois que je t’ai entendue lire, tu étais sur la scène du Quai des brumes. À cette époque, j’allais souvent dans les soirées de lecture, drunk as fuck, tellement imbibée que j’ai arrêté de tenir le compte de mes blackouts. L’ambiance de cette soirée était à l’écoute silencieuse et à l’applaudissement automatique, il ne fallait surtout pas parler, car les réprimandes venaient vite. C’était souvent le cas au Quai, je me souviens notamment d’une fois où j’étais saoule et loud, me plaignant de la piètre qualité des performances à Vaincre la nuit. Une des spectatrices qui se tenait près de moi s’est permise de me prendre la face entre ses mains et de me suggérer de partir ou d’écouter, de façon plutôt dogmatique. 
J’éprouvais et j’éprouve encore une risée de découragement dans ces micros libres qui manquent de spontanéité (sans compter qu’il faut s’y inscrire sur une liste et attendre son tour, processus scolaire et ordonné auquel je répugne, born and raised entre les murs du Bistro Ouvert). Je reste redevable à la scène du Bistro de Paris pour les real ass soirées de lecture auxquelles j’ai pu prendre part. C’est ainsi que je me suis construite comme poète, dans l’irrévérence et la sauvagerie, dans ces lieux où le public décide de se taire ou de parler, où il exerce sa liberté spectatoriale; là où l’état de la crowd devient une mesure d’appréciation des performances. Stéphanie Roussel a écrit un mémoire de maîtrise sur le sujet (1), je ne m’éterniserai pas là-dessus. 
Lors de ce premier contact indirect avec toi, je n’avais jamais entendu ton nom, j’étais une backdoor woman calant ses double bloodys en attendant de me faire démolir par des textes qui me permettraient d’accepter une mort instantanée après les avoir entendus. J’ai trouvé ta lecture agaçante, ta tonalité hautaine, guindée, et j’avoue n’avoir pas compris si j’étais en train de me faire insulter ou interpeller, par qui, pourquoi. C’était bien avant d’emprunter ton recueil à la bibliothèque, avant sa lecture dans mon appartement de la rue La Fontaine.
Yolo, live fast die young, carpe diem baby. Le fameux soir où la CAQ a été élue, nous étions réunies autour d’un événement de poésie électorale organisée par les Goonies, dont je fais partie. Tu y as lu des textes sur la maternité, des textes inédits qui font écho à la lettre que tu m’as envoyée. Cette lecture n'était pas encombrée par la tonalité pesante que j’avais entendue auparavant,  elle était plus incarnée, plus habitée. 
Quand tu m’as vue au Salon du livre, c’était pour moi une fierté, une franche rigolade en perspective de venir trasher la place Bonaventure pour entendre lire des poètes que je respecte (les auteurs de Del Busso). Savoir qu’ils écrivent tous au sein d’une maison jeune et vigoureuse – what’s up la poésie québécoise –  et pouvoir dire yessir on est là, on est en vie, on fait partie de ce renouveau de la littérature où tout est possible, est un motif suffisant pour me donner envie de boire. Sans être blasée, sans se prendre pour acquis, owner le fait qu’on assiste à une lecture drette à côté de la cantine à sandwichs et eau Perrier, et qu’on s’en câlisse, parce que la poésie est là, au moins. J’étais dans un mood de conquérante, occupy le salon du livre avec ma flasque toute crottée, mon habillement inapproprié, les accolades et les kisses d’amis retrouvés. Je vis pour ce genre de gathering, pour effrayer les gens du public venus chercher une bande dessinée, un livre de croissance personnelle, no matter what, j’adore la proposition ; une bande de poètes lâchés lousses là où on ne les attend pas, juste pour foutre le trouble. At least on se soutient mutuellement si les autres ne veulent pas de nos sales gueules. 
Tu y étais aussi, comme tu l’indiques au début de ta lettre : 
La dernière fois que je t’ai vue, tu allais écouter des ami-es de Del Busso lire sur la scène du Salon du livre placée en plein milieu de la cafétéria, en plein néon, en plein bruit, en plein best-sellers — la scène la plus glauque que j’ai vue de ma vie. (2)
Pour toi c’était glauque, il faisait trop clair, il y avait trop de best sellers, alors que pour moi c’est un accomplissement d’avoir publié et de voir mes amis poètes infiltrer l’institution et les réseaux officiels. C’est une fierté de souiller les tapis normatifs avec nos godasses habituées aux planchers gommeux et crasseux des tavernes où il fait bon passer un tiers de la soirée à l’intérieur, l’autre aux toilettes et l’autre dehors. Comme  spectatrice ou comme lectrice, je ne peux pas m’exclure des scènes qui ne conviennent pas à mes goûts personnels, refuser des occasions en fonction du contexte; j’assiste à assez d’ostracisation et de censure de même. Occuper la scène, toutes les scènes, peu importe le public, peu importe le lieu, fait partie de mes convictions les plus solides. Occuper les micros, prendre la parole au milieu des poussettes et des baby boomers, prendre la parole dans les tavernes, dans les soirées guindées et restrictives ne sachant pas comment me gérer, n’importe où. Je ne sais pas faire de distinction, de classement, je crois en mes textes, je sais les défendre partout, comme j’encourage la libre circulation de la poésie, fuck les lieux poétiques, la poésie n’habite nulle part. 
Je t’ai tendu ma flasque à la Place Bonaventure comme je la tends à ceux et celles qui écrivent, un beau mélange de salives et de bactéries tuées par la force de l’alcool, et tu as pris une gorgée. Je partage la booze, l’utilise comme une insulte et une bénédiction, j’asperge mes lecteurs avec, fais éclater des cannettes pour protester. L’alcool est un lubrifiant social dont j’abuse, c’est une panacée qui amplifie la douleur après trop de verres. En buvant on accélère l’inévitable, on planifie le saccage à venir. Enivrez-vous bande de fuckers, Baudelaire remastered. 
Tu m’écris : 
Je me demande si je peux me compter dans le on qui est le tien, le on de la colère. Ce n’est pas une question simple. Life vs paper. J’ai une vie privilégiée. Je n’ai pas grandi dans la pauvreté. Il y a peu d’années, je croyais savoir ce qui avait créé ma colère, mais aujourd’hui, comment dire, ce n’est plus si clair. Je ne sais pas exactement ce qui m’a rangé du côté de la mort. Je n’ai pas été escorte, je n’ai pas gratté ma peau sur le papier des hommes, je connais ma ouate. Je la détourne avec l’écriture. (3)
Je n’ai pas fait les calculs, mais j’imagine que j’ai dû grandir dans la pauvreté. Mes parents volaient des sacs de couches à l’épicerie en les laissant sous le panier quand les temps étaient moins prospères, nos épiceries se faisaient religieusement au Maxi,  on mangeait toujours la même affaire, on ne faisait aucun voyage. Je ne suis obviously pas une fille de bourgeois. Dans son premier livre, Édouard Louis écrit : «Nous n’étions pas les plus pauvres» (4). La comparaison permet d’alléger ou d’alourdir l’état de nos existences matérielles. Auparavant, je ne me trouvais vraiment pas si pire, puis j’ai fini par me comparer à d’autres, à du monde qui écrivent des livres à la suite de leurs parents écrivains, qui ont eu l’éducation culturelle facilitant leur insertion dans la chose littéraire. J’ai fini par comprendre pourquoi je détonnais dans les colloques et dans les salles de cours de la maîtrise. Moi qui me perdais encore à Montréal, dont la famille éloignée disait encore à la blague que j’étudiais dans du «pelletage de nuage», moi qui me reconnaissais étrangement dans les mots d’Édouard Louis : «Si mes parents étaient en butte à l’incompréhension face à mon comportement, mes choix, mes goûts, la honte se mêlait souvent à la fierté quand il était question de moi» (5). Mon père me demandait, «Tu vas faire quoi, tu vas écrire des livres?», je ne savais pas quoi lui répondre à part «Peut-être que oui». En lisant Miron, j’ai catché qu’on peut embrasser l’écriture même si on vient d’une lignée d’analphabètes. Ils ne savaient pas quoi faire de moi là-bas, et je me suis ramassée ici, jusque dans cette lettre. 
Ta «ouate» est métaphorique, peu explicitée, je l’associe à la classe moyenne aisée, riche, aux gens de bonne famille, éduqués à l’école privée, heureux légataires d’une histoire familiale avantageuse. Je précise que ce «life vs paper», que tu cites sans donner la référence exacte, est un extrait tiré d’un texte que j’ai écrit en réponse à l’hommage à Josée Yvon du 2 juin 2018 à la Maison des écrivains, où j’ai éclaté ma cannette de Molson Dry par terre au lieu de me la faire en shotgun avant de lire mon texte comme je l’avais planifié. Je ne peux jamais rien prévoir, il y a toujours quelqu’un ou quelque chose pour faire resurgir ma colère:
life vs paper scarification documentée vs radiographies d’ennui
poètes : A incohérentes sur papier  attaquantes honorifiques  dans la vie 
universitaires : D doctorantes sur papier  étudiantes libres  dans la vie
il leur manque l’expérience de la domination subie, l’étrangeté première à la culture savante, scolaire, la conscience de son arbitraire, l’épreuve de la violence symbolique. - Pierre Bergounioux, «Esquisse d’un idéal-type transversal: le bon garçon» , dans Pierre Bourdieu L’insoumission en héritage, sous la direction de Édouard Louis, p. 151. (6)
Tu fais donc appel à un texte dans lequel j’essaie d’exprimer la dichotomie entre celles qui vivent cette «domination subie» et celles qui en parlent sans la vivre concrètement pour finalement me donner le rôle de l’«escorte», et te donner celui de l’écrivaine connaissant sa ouate. Mon départ de la soirée Hommage à Josée Yvon du 2 juin 2018 est une réaction directement suscitée par la posture intellectualisante et distante, confortable, prise par deux intervenantes lors de la soirée. C’est exactement cette posture que tu endosses dans ta lettre, ce qui me fait considérer ton texte comme une fausse main tendue, une fausse envie de solidarisation.
Je ne crois pas que tu peux te compter dans le «on» qui est le mien dans Désinhibée. Je n’écris pas pour faire consensus, pour universaliser, j’écris pour souligner les divisions qui suscitent ma rage et mon exclusion, les humiliations subtiles et les évitements qui me rentrent dedans constamment. Je ne demande à personne d’endosser mes épreuves pour moi, ni de me consoler, ni d’adhérer à ma poésie. Cette manière énonciative est un choix esthétique circonscrit dans un projet précis, qui comporte une possibilité de reconnaissance pour la lectrice se sentant interpellée, ou qui demande de prendre du recul et de listen to the life story, pour une fois, de ne PAS prendre la parole pour les filles fucked up, pour les guédailles écartées.  
Dans la lettre que tu m’as écrite, tu parles souvent d’amour, tu me demandes de m’exprimer sur le sujet dans ce passage: 
Si ce on que tu écris existe, et si je peux m’y sentir incluse d’une étrange manière, dis-moi le mot qui à lui seul parlerait de l’ambivalence, de la joie et de la terreur, de l’oubli et de la vivacité sensuelle, ce mot qui décrirait nos visages souriants d’amour sincère. (7)
Ce «on» que j’utilise dans Désinhibée, c’est le «on» des femmes qui vivent comme elles le peuvent, qui dealent avec les circonstances qui s’imposent à elles, qui prennent la parole en leur nom propre. Ce n’est pas le «on» abstrait qui exclut la personne qui parle, le «on» de la langue française correcte. C’est le «on» concret de l’usage populaire qui risque une prise de parole, rassemble les exclues et leur permet d’exprimer leur différence, leur marginalité, soit pour que d’autres s’y reconnaissent et se sentent moins isolées, soit pour que celles qui ne s’y identifient pas puissent entrer en contact avec des réalités différentes des leurs.   
Le mot que tu cherches, je ne peux pas le trouver. Je connais les mots scandale, perversion et polémique. L’amour est une thématique que je peine à aborder de front dans mes textes. Je te laisse l’amour et l’enfantement, je garde la haine et l’autodestruction. 
Plusieurs savent que je suis extrémiste, quand j’aime j’adhère, quand j'exècre je repousse.  Mes désavouements varient, ma rancune ne dure pas. Mes éclats, mes colères suscitent la discussion et la discorde, d’ailleurs, tu sembles fort intéressée par mes impulsions réactives, comme tu en parles dans une entrevue sur ton travail d’écriture:
J’éprouve de la frustration à l’égard d’une certaine garde en poésie québécoise qui est à la fois super pop et super hermétique. Heureusement, il y a aussi des gens qui ont une colère, qui est intéressante et qui veut dire quelque chose. Emmanuelle Riendeau (Désinhibée, Les Éditions de l’Écrou), par exemple, qui a jeté sa bière sur [l’écrivaine] Roxanne  Desjardins [le 2 juin dernier lors d’une soirée hommage à Josée Yvon au Festival de poésie de Montréal], en lui criant ‘T’es pas en colère’. Ça a révolté beaucoup de gens, mais moi j’ai trouvé que c’était vraiment intéressant comme geste, du moins dans la question qu’il soulève. Je la trouve importante cette colère là, je voudrais qu’on cherche à savoir d’où elle vient, quelles sont ses ruses et sa raison d'être.» dit celle qui affirme toutefois ne se reconnaître dans aucune des scènes du milieu poétique québécois. «Je pense que la poésie pop gagne à être en colère», ajoute Colonna, «sinon, elle est constamment menacée de devenir le pastiche d’elle même, une genre d’esthétique de la colère, autrement dit, du trash qui n’en est pas vraiment, une sorte de mensonge qui fini par écraser les vies vraies. (8)
Cet extrait est antérieur à la lettre que tu m’as écrite, mais il prépare déjà le terrain. En fait, je ne sais pas si tu y étais, à cette soirée, puisque que j’ai éclaté ma bière par terre, pas sur Roxane. To be honest j’aurais eu du trouble avec les flics, ces flics dont tu parles tout le temps, symboliques ou réels, français ou québécois, c’est pas trop clair. L’affaire, c’est que je ne me suis pas rendue à ce point de criminalité ce soir-là. Si ma colère t’intéresse à ce point, prends donc le temps de la circonscrire correctement. Elle s’enflamme avec  l’alcool, et la majorité de mes mises en danger se sont déroulées sous son influence. Comme le fait de devenir escorte. 
J’apprécie que tu te soucies de mon vécu comme tu le fais publiquement, ce qui est dommage c’est que j’ai l’étrange impression que tu fais du name dropping quand ça ne te convoque ni te concerne, que tu décides soudainement de t’impliquer dans le débat, puisque tu dois être solidaire. Alors tu te mêles de la garnotte des autres, même si tu n’as «pas été escorte» (9), même si tu n’as jamais couché avec des dudes pour payer ton loyer. Apparemment je fais partie de ces femmes dont on aime bien raconter la vie, en ayant l’option de l’éviter soigneusement. J’écris pour rétablir les faits, j’écris parce que je n’accepte plus que d’autres parlent à ma place.
Tu écris: «Il y a peu d’années, je croyais savoir ce qui avait créé ma colère, mais aujourd’hui, comment dire, ce n’est plus si clair » (10). J’ai envie de te répondre que si tu ne sais plus ce qui a créé ta colère, c’est que ta colère n’est pas fondée. Ta colère semble tourner à vide, elle se définit par des formules abstraites derrière lesquelles tu ne te commets pas viscéralement, c’est une colère de marqueurs de relations, la colère de celles qui s’indignent la bouche en trou de cul de poule, la colère de celles qui s’ennuient et qui n’ont jamais connu «l’expérience de la domination subie» nommée par Bergounioux. Tu emploies le mot colère à plusieurs reprises dans ta lettre, mais tu évites de la nommer, de la détailler. Comment se manifeste-t-elle? À qui s’adresse-t-elle? Dans quel contexte surgit-elle? Quelques lignes plus loin, tu écris :
Écrire en regard de la ouate. Comme la mort jouée par une comédienne. Par vengeance, je crois. 
Écrire. En regard de cette colère née d’on ne sait où.  En regard de ta colère à toi.  Dans l’écriture, je ne sais pas, je crois que je serais plus précisément sombre.  C’est pour ça que ce n’est plus de la colère.  C’est une honte, le rétrécissement de ma colère. (11)
Tu as besoin de moi pour te rappeler ce qu’est la colère, parce que ma colère est fracassante, cyclothymique et imprévisible. On la croit toujours injustifiée parce qu’on la met sur le compte de mon alcoolisme, or je bois parce que je ne supporte pas le monde sober, trop d’inégalités, de fake, de mesquinerie, d’hypocrisie, d’usurpation de la douleur. Ozzy chante The way I feel is the way I am,  j’écoute la toune en boucle en te répondant, Too many people advising me/But they don't know what my eyes see, j’essaie de comprendre pourquoi tu souhaites écrire en regard de ma colère; The anger I once had has turned to a curse on you/ Yeah, curse you (12). Je souhaite qu’on me laisse m’arranger avec ma colère, ses implications et ses répercussions. Concentre-toi sur ce qui t’appartient, dévoile-toi, fictionnalise, peu m’importe, mais cesse de vouloir prendre le poids de la honte des autres sur ton dos, ça ne sert à rien. 
Je n’ai pas les repères qu’il faut pour éprouver la honte que tu convoques dans ton livre, ni celle dont tu parles dans ta lettre : «c’est une honte, le rétrécissement de ma colère» (13). C’est une autre forme de honte que je connais, la honte d’Annie Ernaux et d’Édouard Louis, cette honte qui se propage parmi les universitaires qui se donnent un beau programme de lecture, Geoffroy de Lagasnerie (que j’appelle affectueusement et familièrement Geoffroy de la lasagnerie, shout out aux lasagnes de la Taverne du Pélican), Didier Eribon, Pierre Bourdieu, etc. Cette honte, plusieurs se plaisent à l’utiliser à toutes les sauces,  ils possèdent (étant donné qu’un diplôme est un avoir, that’s where we stand right now) une formation de cycle supérieur leur permettant de comprendre une lecture et de la résumer, de la situer. Ils maîtrisent des propositions théoriques, pensent abstraitement, élaborent vocalement, relient tout à eux-même. Mais ils ne comprennent pas que certains combats ne sont juste pas les leurs. Ils parlent par-dessus celles qui tentent de reprendre leur air, expliquent, dissertent, pendant que l’aspect pratique de leur déblatération se joue ailleurs. Et quand les principales concernées tentent de parler, elles se font museler, ça sort les menaces de diffamation. Personne ne veut les diriger, sauf vers la porte de sortie. 
Tu fais intervenir Édouard Louis à la fin de ton texte, 
La colère nous a rendues sobres dans l’écriture, toi et moi, d’autres nous disent tranchantes, j’ai envie de répéter sobres. J’hésite encore : est-ce par l’alcool ou par l’écriture que nous nous reconnaissons ? C’est au moins dans l’un de ces vastes territoires que nous brûlons sur nos bûchers en nous faisant des signes, Emmanuelle, en invitant qui pourra s’y tenir aux exigences du feu, aux exigences de la terrible sobriété des femmes qui écrivent en buvant. (14)
Dans Qui a tué mon père, Édouard Louis écrit sur le corps de son père, il exprime ses douleurs, le travail qui brise, les politiques qui empêchent la guérison. Cette exigence du feu, elle relève d’une forme de devoir, elle est vitale, c’est une prise de parole pour ceux dont dont la famille est usée par l’alcool et la violence, dont le corps est un dommage collatéral. L’emploi de cette fameuse citation demande une mise en contexte, une explication, le déploiement d’une relation intertextuelle cohérente. Je me permettrai de convoquer le texte, de le greffer à ma lettre:
Ça aussi je l’ai déjà raconté – mais est-ce qu’il ne faudrait pas se répéter quand je parle de ta vie, puisque des vies comme la tienne personne n’a envie de les entendre? Est-ce qu’il ne faudrait pas se répéter jusqu’à ce qu’ils nous écoutent? Pour forcer à nous écouter? Est-ce qu’il ne faudrait pas crier? 
Je n’ai pas peur de me répéter parce que ce que j’écris, ce que je dis ne répond pas aux exigences de la littérature, mais à celles de la nécessité et de l’urgence, à celle du feu. (15)
Édouard Louis s’adresse ici à son père, à ceux qui lui diront qu’il aborde toujours le même sujet. Il les met en garde; il ne navigue pas par des voies littéraires, mais par un canal s’imposant à ceux dont les voix sont toujours mises sur mute, tamisées et expulsées avant même d’avoir pu résonner publiquement. Fais-tu partie de celles qui ont dû quitter leur milieu familial, s’extraire de leur ville natale pour accéder au savoir, à la culture, pour trouver enfin quelqu’un à qui parler? La condition matérielle de tes parents a-t-elle mis en jeu tes chances de make it? Fais-tu partie de celles qui étaient vouées à un emploi à l’usine, un emploi de second niveau, vendeuse, caissière? Ton propre corps est-il sujet à des cassures précoces, ton avenir dépend-il de politiques publiques?  Laisse moi en douter.  Écrivons-nous réellement à partir des mêmes exigences? Obviously, le feu est pogné. Qui l’a mis, qui tente de l’éteindre, qui le rallume, qui l’avale qui le recrache? I don’t know. Nos impulsions sont destructrices, mais ne visent pas à détruire le même objet.
L’assimilation des concepts, leur partage et leur mise en circulation participent à la démocratisation des savoirs universitaires. Sauf que dans certains cas, la limite entre l’utilisation et l’appropriation inadéquate est mince. Des outils intellectuels construits par des opprimés pour des opprimés ne peuvent appartenir à tous. Ce jeu cérébral coupé de toute implication concrète avec le «vrai» monde, ce manque de recul critique, cette rigidité analytique, les manipulations excessivement nichées des idées, l’attitude décomplexée et narquoise de certains étudiants et professeurs, tout ça m’a fait dropper out du 2e cycle. On enseigne à citer, quand citer, comment appliquer les théories, mais jamais on ne pose la question du positionnement individuel, existentiel face à ces travaux qu’on convoque et utilise allègrement. 
Y a-t-il un nom pour ce processus d’auto-association gratuite, erronée à la honte des transfuges? Je ressens parfois le sentiment d’une appropriation de classe quand j’observe certaines personnes parler, agir et créer comme s’ils appartenaient à une classe sociale dont ils ne proviennent pas. La honte est à la mode, et tout le monde se cherche une raison d’avoir honte, même l’absence de honte devient honteuse. Des transfuges artificiels, qui choisissent de descendre «vers le bas», de casser l’image propre inculquée par leurs parents, leur milieu, pour porter le masque des paumés. Alors que pour les transfuges, dont je suis, il n’y a que la possibilité de stagner, ou de tenter un move de libération; devenir une «étudiante de première génération», déménager, essayer n’importe quoi pour ne pas passer sa vie à regretter. Et, une fois rendue, on finit toujours par se faire remettre à notre place, on tolère notre présence, on nous paye des shots et on nous fourre. 
Mais qu’est-ce que ça peut ben faire  Si j’veux pas vivre la vie de mon père (16)
Tu m’interpelles ainsi: «Je n’ai pas été escorte, je n’ai pas gratté ma peau sur le papier des hommes, je connais ma ouate. Je la détourne quand même avec l’écriture» (17). Pour ton information, la peau des hommes n’est pas faite en papier, peut-être que pour toi elle l’est puisque que tu n’as probablement jamais couché avec des hommes à l’hygiène douteuse pour collecter le cash et aller le boire ensuite. Le seul papier impliqué dans cette opération-là c’est l’argent. Le travail du sexe est un travail concret et physique, il modifie la vie de celles qui s’y accolent. Je suis ravie pour toi que tu n’aies pas à dealer avec les répercussions de la vie d’escorte. Si j’en suis venue à considérer l’option de la prostitution, c’est parce qu’elle faisait partie de mes possibles, être une pauvre petite fille pactée aussi. J’ai eu le choix d’écrire, write or die. L’écriture est le seul lieu où je ne suis pas subordonnée à des oppressions, des dénivellements louches, des rictus exécrés. L’écriture est une option en ce sens qu’elle permet de produire une résistance concrète, de s’inscrire dans l’histoire, de rétorquer. 
Tu ne détournes aucunement ta ouate en me shout outtant de la sorte. Tu ne fais que détourner mon vécu, même pas pour discuter de ce qu’est le travail du sexe, des difficultés et des réalités qui lui sont propres. Une phrase pour me mettre à nu, puisque tu sais si bien prendre en charge le débat, et t’en servir comme un exemple d’ouverture et de conscience sociale. Tu as eu le choix, probablement plus que moi, de faire ce que tu voulais dans la vie, tu as la possibilité d’affirmer ta ouate vs ma scarification. Tu choisis de make some noise on my back, et c’est pour moi une responsabilité de répondre à ta lettre publiquement. 
Le fossé entre les poor little girls et les filles classes, correctes et souriantes devient de plus en plus étanche, et je pense que les milieux qui nous ont construites diffèrent, ça se lit dans cette correspondance. Nos deux backgrounds n’impliquent pas les mêmes possibilités et conditions d’existence, nos textes l’exemplifient. Ce n’est pas parce que nous sommes deux femmes qui écrivent et boivent que tout nous réunit. Tu supposes que j’ai connu l’alcool tôt dans ma vie, probablement parce que j’ai un rapport virulent à la boisson qui serait l’indicateur d’une consommation précoce:  
Je l’ai découvert au secondaire, l’alcool. Pas si jeune, tu me diras. C’était une nuit de la Saint-Jean. Je sais tout de suite que c’est fait pour moi, dès que je pisse dans un buisson du parc Maisonneuve à côté de Félix, à côté du monde entier, je sais que c’est pour moi. Je vais dans ce genre d’école privée où on porte des uniformes et l’alcool aussi en est un, la drogue pareil. C’est comme être dans la gang des Italiens, des geeks ou des blacks à la cafétéria, il y a la gang des buzzés, ceux qui fument des clopes et des joints dans la ruelle pendant les pauses, j’en suis. C’est ça notre uniforme, par-dessus la jupe portefeuille dans laquelle je colle des feuilles blanches avec les réponses de mes examens à l’intérieur, aucun professeur n’aurait eu la folie de dire Qu’est ce que tu caches sous ta jupe, ma p’tite, je sais ça, déjà, je l’ai appris de partout, la mauvaiseté de certains hommes, et moi aussi je sais être mauvaise, j’égrène ma solitude comme un chapelet en cherchant des manières de gagner mon confort dans ce monde de couilles. (18)
L’alcool, comme tu dis, je l’ai d’abord connu de vue, sous sa forme brunâtre, des bouteilles rangées dans la caisse de Laurentide dans le garde manger de la cuisine à côté des cannes de soupe aux tomates Aylmer et des boîtes de petits gâteaux Vachon. Quand ton père boit du rhum dans la cour pendant que tu attends l’autobus le matin, tu as envie de n’importe quoi sauf de te saouler. Tu détestes l’alcool. J’ai été et je suis toujours plusieurs choses, plusieurs femmes. Je me suis responsabilisée jeune parce que lorsqu’on est un enfant de parents alcooliques, on apprend tôt à get our shits together. Ça me révulse et me donne envie de puker que tu te serves de ce rapport à l’alcool comme un pont entre nous deux quand nous ne buvons probablement pas pour les mêmes raisons, dans les mêmes contextes. Ma consommation d’alcool est un fait public, les raisons qui l’engendrent relèvent de la sphère personnelle. L’album Sabotage de Black Sabbath joue toujours en background, la toune «Mégalomania» is ON:
I hide myself inside the shadows of shame The silent symphonies were playing their game My body echoed to the dreams of my soul It started something that I could not control Where can I run to now, the joke is on me No sympathizing God, it’s insanity, yeah
Why don't you just get out of my life, now? Why doesn't everybody leave me alone, now? […] The ghost of violence was something I’d seen I sold my soul to be the human obscene (19)
Mon père est décédé à 72 ans des suites du syndrome du glissement, résultante finale d’une vie d’alcoolisme dont les dernières années furent consacrées à mon éducation – en garde partagée avec ma mère – et celle de ma sœur cadette, avec un revenu d’environ 19 000$ par année. J’ai fait mon secondaire dans une des écoles publiques de la ville de Drummondville, où je ne portais pas d’uniforme. De secondaire un à secondaire trois, j’étais inscrite au programme d’éducation internationale, dont j’ai drop out. Je ne trichais pas dans les examens, j’étudiais, je prenais mon éducation au sérieux, bonne élève mésadaptée, qui skinnais trop de cours pour fuir la bêtise des groupes d’adolescents. En secondaire cinq, je suis allée voir la conseillère en orientation pour mon inscription au Cégep du Vieux Montréal en création littéraire et elle m’a dit que je n’avais qu’à inscrire le revenu de mon parent le plus pauvre dans la demande d’aide financière. J’ai inscrit le revenu de mon père, et j’ai pu étudier à temps plein sans travailler. J’ai fly out à Montréal, puisqu’«[i]l fallait fuir. Mais d’abord, on ne pense pas spontanément à la fuite parce qu’on ignore qu’il existe un ailleurs» (20). L’exil géographique, l’exil culturel, l’exil ou le suicide.
Je ne buvais pas à cette époque, je gérais l’alcoolisme de mes parents. J’ai commencé à boire à 19 ans avec mes collègues téléphonistes à Drummondville, du vin rosé cheap et sucré. L’alcool et la littérature se combinent sur scène, au milieu des autres, quand il faut avoir le guts de lire ce qu’on écrit out loud, avoir le courage d’être transparente malgré le backlash que ça risque d’engendrer. Lana Del Rey chante Life imitates art (21) [citation d’Oscar Wilde], et j’ose croire que ma pratique d’écriture se résume à ce verse. Je ne sais plus si mon écriture imite ma vie, si ma vie crée le texte, au fond l’interpénétration rule le shit, c’est un DP, double penetration, diffraction des événements réels, retranscription constante, scarification textuelle, again & again. 
Mes études en littérature me permettent de comprendre les opérations langagières que tu accomplis dans ton travail, mais elles ne m’aident pas à relate quand tu écris: 
au début on se touche dans les maisons montréalaises de nos parents qui partent dans leurs chalets « à distance raisonnable », on parle sans cesse, toute la nuit durant, parce que c’est la première fois qu’on se confie sur nos vies mortes, nos parents méchants ou nos peurs les plus violentes, première fois qu’on se raconte avec une sorte de rage mêlée à de l’amour – c’est une affaire d’enfant, c’est de la pure folie. Où étais-tu, toi, à cette époque-là ? À l’époque des raves, le Red Light surtout, à Laval, les chambres d’hôtel, c’est le moment où je commence à fréquenter les dealers, avec eux on ne manque jamais de rien. (22)
Quand j’étais plus jeune, j’avais honte, honte de mes parents en public, honte de ne pas avoir une vie normale, honte de savoir que je ne pourrais jamais me faire passer pour l’enfant prodige inscrite à des cours de violon à cinq ans. On vivait dans une maison qui était un chalet à l’origine, agrandie progressivement par mon père. Personne n’avait de résidence secondaire. Quand j’allais dans la maison de mes amies pour jouer, je comprenais que je n’avais pas rapport là, mais elles me trouvaient drôle et divertissante, je finissais par oublier les cadres dans le sous-sol avec les images des voyages dans le sud des années passées, je finissais par oublier que le plus loin où je m’étais rendue c’était sur la Côte-Nord en visite chez une tante. Ça devait être à l’époque de tes trips de drogue à Laval, je ne sais pas trop. 
La honte que j’éprouve, que l’ai souvent transformée en waste, en abus, en vomissures sur la place publique, en overdrama, en action revendicatrice. Je ne l’ai pas souvent nommée. Je ne pensais pas que je pouvais le faire. Je tentais de l’oublier en accédant à des stages supérieurs d’éducation, en déménageant à chaque année, en soupant avec des dudes de seeking arrangement. Essayer de se dire je vaux plus qu’une job de secrétariat en région, je vaux plus qu’une psychose familiale, je trouverai une façon de rembourser les dettes d’études. Ça me purge en tabarnak d’assister à cette confusion totale entre la honte individuelle éprouvée face à une situation personnelle et la honte communément partagée par les individus subissant l’exclusion propre aux classes prolétaires et pauvres.
Les parcours, les difficultés subies systématiquement et systémiquement par les classes prolétaires et pauvres deviennent ainsi l’objet d’une appropriation par des acteurs plus favorisés socialement, qui décident de devenir les défendeurs de la violence subie par les autres. Les drames de ces privilégiés deviennent ainsi plus intéressants, ils prennent le visage de ceux qu’ils étouffent pour finalement parler d’eux à leur place, quand il suffirait seulement de reconnaître qu’ils ne seront jamais confrontés à la même honte, à la même violence, et que de toute façon ils possèdent déjà les outils qui leur permettraient de s’en affranchir ou d’en dévier plus aisément. Cela n’enlève rien à leurs sentiments humains, à leurs difficultés toutes personnelles. Chaque parcours est unique, mais il faut savoir admettre qu’on ne peut appartenir à toutes les classes et être de toutes les batailles. La «ouate» et le «privilège» ne peuvent pas se substituer sur commande pour faire place à la «pauvreté», à une origine «prolétaire». 
Certaines croient qu’elles aussi ont droit à leur part de honte, de douleur, de souffrance, qu’après avoir triché au secondaire et avoir eu l’aide financière parentale nécessaire pour aller à l’université sans s’endetter de 20 000 piastres elles méritent leur part du gâteau, leur place dans le débat. Elles croient que personne n’osera les questionner, les replacer, puisque c’est si difficile pour les transfuges de ne pas se saboter, s’auto-exclure, se réduire à néant. Comme si jamais on allait remarquer le subterfuge, le show de boucane intellectuel, le manque d’authenticité dans leurs textes, l’absence de naturel dans leurs performances. Je pourrais utiliser ta formulation et te pasticher; «Vous venez d’Outremont, vos parents vous ont inscrits à l’école privée, vous vous ennuyez, vous cherchez des raisons d’être en criss», cette formule est étrangement proche d’ailleurs, comme le soulignait une femme de mon entourage, de la manière d’Hélène Monette dans Montréal brûle-t-elle (23). Mais ce ne serait qu’un jeu littéraire, qu’un exercice de style ; une autre façon de brasser les cartes en se cachant derrière un «vous» qui ne se commet pas véritablement. 
Je ne connais pas ta ouate, et je commence à peine à reconnaître ma garnotte, à force de me la faire remettre dans la face, je finis par avaler, par comprendre que je détonne. As-tu ressenti l’ostracisation perpétuelle par inadéquation sociale, l’auto-exclusion, le manque d’estime, le sabotage personnel? I don’t know. J’imagine que tu as fait le party dans ta jeunesse parce que tu voulais vivre quelque chose d’intense, pendant ce temps-là je regardais mes parents boire et ne pas se coucher, pleurer d’ivresse, parler seuls en fumant des clopes, j’étais le party pooper par excellence. J’ai vécu mon adolescence en retard,  j’ai fait le party quand mon père est mort parce que je voulais mourir aussi. Quand le lien est coupé, on se sent encore plus seule dans les couloirs de l’université, on s’ennuie en criss de nos roots inadéquates et prolétaires. 
Cette réponse est crue, je sais, je ne suis que La Riendeau, je suis votre drunk ass bitch, la «fille qui a été escorte», la «fille qui a été pauvre et qui le sera toujours», la fille «de Drummondville», la fille qui est trop saoule dans les soirées et qui met tout le monde mal à l’aise dans les lancements, qui trouble si bien l’ordre naturel des choses, les discours rassurants aux tonalités calmes et posées, les bises et les coupes de vins bues juste au bon rythme, la poésie rimée lue par des vieilles femmes fermées d’esprit, les choix logiques et les demandes de bourses dûment remplies, les résidences d’écriture à l’étranger qui finissent en texte sur la «difficulté d’être», l’habitude de ceux qui se savent à leur place dans le milieu et qui nous regardent de haut, qui nous ignorent constamment de leur beau dédain officiel, qui pensent qu’on ne se rend pas compte qu’ils attendent qu’on quitte la pièce pour soupirer, espérant définitivement que nos lubies d’écriture se réduiront à néant lors de notre prochaine épreuve existentielle. Je suis la fille dont on dit «elle va finir par disparaître», «la saveur du mois», la «trash queen future has been». Pour moi, tu es la fille dont la place sera toujours assurée dans cette game-là. 
On sait les deux ce que c’est que de commencer à boire et de ne juste pas arrêter, on le sait différemment, comme on sait quand il faut écrire et cracher ce qui est intenable autrement, même si on ne crache pas la même substance. C’est peut-être la chose qui nous rapproche le plus. Si tu craches ton fiel dans tes textes, moi, j’évacue ma bile. Je ne suis pas mère, je n’aurai jamais d’enfant. Je prends la pilule, si je tombe enceinte, j’avorte, je prend les aiguilles à tricoter, je ne me reproduirai pas. Je n’ai pas assez d’amour pour ça, je n’ai pas assez de patience pour ça, je suis trop en criss et je suis épuisée de me faire dire «tu vas voir tu vas changer d’idée». 
J’en ai assez donné, du care. J’essaie de me supporter moi-même. Tout ce qui me reste, c’est l’amour pour ceux qui écrivent, qui connaissent les struggles implicites de la création, de la combinaison entre l’écriture et la subsistance matérielle. J’ai care pour mes parents, pour ma sœur, pour mon petit frère, pour mes amis; j’ai care pour mon cul, j’ai passé les dernières années avec un poivre de cayenne dans ma sacoche, des bouteilles de vin de dep dans la récup et des envies de tout démolir, des envies de bailler quand je lis certaines de mes contemporaines, des envies de gueuler quand j’entends les universitaires parler de leurs expériences «difficiles» alors que je n’ose même pas me plaindre et parler de ma vie aux personnes les plus proches de moi. Quand je finis par parler, par donner des détails, on m’accuse de vouloir m’accaparer l’attention, on me demande de me taire et d’écouter les trauma des autres. Soudainement je prends trop de place, mon épistolarité n’est pas assez généreuse, pas assez douce. Je ne serai jamais adéquate, peu importe la posture dans laquelle je me positionne, on me reprochera toujours d’être trop rude, trop directe. Je mets mes tripes dans cette lettre parce que je crois qu’il est nécessaire de répondre à cette exigence dont parle Édouard Louis. Cherchez-vous des bobos tant que vous voulez, sortez vos mots grandiloquents, vos discours de justice sociale pendant que je chauffe ma Chevrolet Malibu broke as fuck, avec l’envie de me crisser dans la rivière Saint-François. Le flow de Cardi B. me sauve le cul, maintient les roues sur le bitume:
They know I'm the bomb, they ticking me off Saying anything to get a response I know that mean they traffic is low Somebody just gotta practice to launch So fuck being tamed, I'd rather be wild (24)
Je n’ai plus rien à perdre, et quand j’écris, je me sacrifie. Je n’ai pas peur de perdre un quelconque capital symbolique, je n’ai pas peur qu’on ne m’invite plus dans les événements, dans les collectifs, je n’ai pas peur qu’on retire mes livres des tablettes, je n’ai pas peur de ne pas avoir de prix littéraires, je n’ai pas peur que mes demandes de bourses soient refusées. Je bois pour m’autodétruire, je bois pour retrouver ce qui a été perdu, j’écris parce que je ne donnerai pas naissance, j’écris pour témoigner, pour ne pas gaspiller. C’est lourd, mais la mort tire vers le bas, deep down, et j’aurais voulu ne pas exposer les faits et gestes qui m’ont menée ici pour que tu comprennes qu’entre toi et moi, il y a énormément de différences. J’aurais voulu parler d’écriture uniquement, mais quand on est hors casting comme moi, on se fait ramener dans la face notre parcours de débauche, nos affects de prolétaires, on oublie les mots. Alors je dois répondre, dire: voici ma vie, voici mes scars, voici pourquoi j’écris, devinez à qui je m’adresse, ce que je dénie. But who cares. Nous sommes distordues et lointaines, c’est ce qui permet une rencontre, une confrontation. 
Je rejette l’idée d’une écriture abstraite, coupée du réel, coupée de la main qui l’engendre, je refuse la distanciation intellectualisante, je préfère l’incorporation monopolisante, le déversement des fluides in your face. Je me fous de ce qu’on pense de moi dans les événements, qu’on me trouve déplacée et inconvenante. La seule chose qui me permet de ne pas devenir totalement loko c’est d’écrire. C’est un échange qui permet de toffer la run tant qu’il reste something to say, something to tell, quelque chose à murmurer. J’oppose mon corps et ma parole à ceux qui tentent constamment de policer l’espace public, qui s’auto-censurent par peur de perdre la face. Je suis née un jour d’émeute et j’espère que le jour de ma mort sera révulsif. J’ai assez perdu, j’ai assez capoté pour savoir que rien ne menacera jamais ma liberté d’écriture. Je me fous qu’on me lise vivante ou morte, qu’on prenne mes organes à des fins exploratoires, qu’on fourre mon cadavre,. Il n’y a personne à qui montrer patte blanche. Je n’ai pas d’excuses, sauf celle de l’indignation et du dégoût. 
Tu dis que tu n’écris plus de la même façon depuis que tu as donné naissance, depuis que tu a porté un enfant. Je ne connaîtrai pas cette transformation, mais je connais celle du deuil. Je pourrais dire que je ne peux plus écrire comme avant depuis le décès de mon père. C’est une autre forme de naissance, une réappropriation de mes moyens, de mes potentialités. Je ne peux plus qu’être on my own, face to face avec la page. Je ne fais plus d’allers-retours à l’hôpital, de courses à l’épicerie, de ménage dans sa maison; je n’ai plus à le regarder partir en ambulance au milieu de la nuit, je n’ai plus à nettoyer la salle de bain après ses accès de diarrhée incontrôlables. 
Puis, il y a l’avancée dans le temps, le problème de la fertilité. Je refuse d’accoucher, je refuse d’engendrer, parce que ça signifierait soumettre un être aux enfermements de la reproduction sociale, aux déjections humaines. Je ne fais pas ça. J’utilise mes organes reproducteurs à des fins récréatives, c’est une forme de sabotage très divertissant. Ce que je choisis d’engendrer, c’est le refus des suites naturelles et aléatoires du fait existentiel. Je suis de celles qui savent que la littérature est une forme de legs, de don de soi, de filiation choisie, et même si ce que j’écris s’avère anecdotique et indiscernable, je préfère prendre le risque de cette scripturalité plutôt que d’expliquer à un enfant pourquoi il faudrait vivre, outre que par obédience à une suite de circonstances matérielles absurdes, insensées, hasardeuses. Mes actions et mes mots sont gouvernés par l’irrévérence et le dégueulis. 
On se retrouve dans un renversement étrange, car au fond je suis peut-être plus près de ton enfant que de toi, en ce sens que je ne connaîtrai pas les imbrications d’être mère, je resterai toujours du côté des kids. Je fais partie de ceux qui ont vu leurs parents consommer, ceux qui connaissent plus tôt que les autres enfants les marques de bière vendues au dépanneur, ceux qui décèlent les effets de l’ivresse de façon aussi rigoureuse que le barman le plus expérimenté du quartier, ceux qui savent que les rôles sont inversés. Tu peux parler d’enfantement mieux que moi. J’ai vécu ma parentalité différemment, hors du matriciel. 
Tu m’avais mentionné au Cheval Blanc que tu espérais que je ne ponctue pas ma réponse à ta lettre d’anglais. Tu souhaitais probablement que je cesse un instant d’endosser ce personnage de la drunk ass bitch, que je me révèle dans ma fragilité, tu projetais cette attente sur moi. Je me suis ouverte avec les skills que j’ai, en restant real. Tu optes pour une prose durasienne, plus française, tu choisis une écriture qui veut s’élever sans trop se salir les mains, tu joues ton rôle comme je joue le mien. Je cherche ma forme impropre, hybridée, j’écoute XXXtentacion, Post Malone, Jean-Pierre Ferland, Lil (name em all), Corbeau, Van Halen, ça teinte mon écriture. Je fuck le chien de la référence littéraire pure, j’écris comme d’autres rappent, je prends le mic et break mon back, étends mes bones sur la page, je ne sais pas me cacher, je ne sais pas mentir, j’utilise mes influences pour graver noir sur blanc ce qui relève de l’indicible. Quand le beef prendra toute la place, je me convertirai en rappeuse et mon premier verse sera Can you tell where I come from, can you tell.
À ceux qui me demandent où je me vois dans cinq ans, je dis: encore devant cette page, ce livre, ce système de son, cette bouteille de Hennessy, encore en train de rire quand il ne le faut pas, de manger des sandwichs à la baloney aux cerises avec de la mayo Miracle Whip, d’applaudir le malaise, d’enculer le silence, de flasher mes boules, de fuir ceux qui m’empoisonnent par leur petitesse et leur bassesse salement pratico-pratique, et tout le monde connaîtra ma vie, puisqu’elle est si plaisante à dévoiler, qu’il est plaisant de m’apostropher pour me prendre en contre-exemple et me demander où j’en suis dans cette partie de self-marketing de réseautage infini, je dirai que je suis encore cette anarchiste sensuelle qui crache ses gorgées sur ceux qui réduisent la littérature à des élans égotiques, because this is bigger than us, je serai cette old cunt qui croit encore à la communauté artistique, et qui pense que ceux qui ne font pas d’enfants peuvent at least se retrouver entre eux pour se frencher pendant que les parents survivent à la naissance de leur progéniture. 
Texte: Emmanuelle Riendeau
- Références: 1 Stéphanie Roussel, Expériences poétiques des micros-libres : enjeux de lecture, enjeux de sociabilité,  Mémoire, Maîtrise en études littéraires, Université du Québec à Montréal, 2018. 2 Daria Colonna, «Lettre à la Riendeau», Moebius, Numéro 161, Printemps 2019, p. 95. 3 Daria Colonna, «Lettre à la Riendeau», Moebius, Numéro 161, Printemps 2019, p. 95-96. 4 Édouard Louis, En finir avec Eddy Bellegueule, Paris, Seuil, 2014, p. 95. 5 Ibid., p. 109. 6 Emmanuelle Riendeau, «Même la fée des étoiles boit de la molson», Spirale Web, 12 octobre 2018, http://magazine-spirale.com/article-dune-publication/meme-la-fee-des-etoiles-boit-de-la-molson, consulté en ligne le 12 septembre 2019. 7 Daria Colonna, «Lettre à la Riendeau», Moebius, Numéro 161, Printemps 2019, p. 98. 8 Jules Tomi, Daria Colonna : «La littérature est une discipline du désir», Ricochet, 3 décembre 2018, https://ricochet.media/fr/2443/daria-colonna-la-litterature-est-une-discipline-du-desir, consulté en ligne le 8 septembre 2019. 9 Daria Colonna, «Lettre à la Riendeau», Moebius, Numéro 161, Printemps 2019, p. 96. 10 Ibid, p. 96. 11 Ibid. 12 Black Sabbath, «The Writ», Sabotage, Warner Bros, 1975. 13 Daria Colonna, op. cit., p. 96. 14 Ibid., p. 104-105. 15 Édouard Louis, Qui a tué mon père, Paris, Éditions du Seuil, 2018, p. 23-24. 16 Jean-Pierre Ferland, «Qu’est-ce que ça peut ben faire», Les vierges du Québec, 1974, Audiogram. 17 Daria Colonna, op.cit., p. 96. 18 Ibid., p. 101. 19 Black Sabbath, «Megalomania», Sabotage, Warner Bros, 1975. 20 Édouard Louis, En finir avec Eddy Bellegueule, Paris, Seuil, 2014, p. 165. 21 Lana Del Rey, «Gods and Monsters», Born To Die – The Paradise Edition, Interscope-Polydor, 2012. 22 Daria Colonna, op. cit., p. 101-102. 23 Hélène Monette, Lecture d’extraits de Montréal brûle-t-elle?, Bistro de Paris, Cabaret de la pègre, animé par François Guerrette. Caméra : Gisela Restrepo, 26 mai 2011. Vidéo mise en ligne par Jonathan Lamy, https://vimeo.com/132138602, consulté le 12 septembre 2019. 24 Offset feat. Cardi B., «Clout», Father of four, Quality Control Music, UMG Recordings, INC., 2019.
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manieresdedire · 5 years
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Choisir
Il est né à Paris.
Dans une famille bourgeoise, à petite distance des "200 familles", barons du patronat d'hier, héritiers, parfois avec particule et titre nobiliaire, de droit divin, possiblement rustres, mais alors issus d'une grande école, patriotes ou non, déplorant les lois de 1905.
D'une mère aux ancêtres aristocrates, adepte du christianisme social surnommée "la marquise rouge". Mais d'un "rouge pastel" dit-il. D'un père aux solides revenus, un bourgeois. Un mariage de cœur et de bonne opportunité.
Des aïeux qui dessinent une certaine famille française : un baron d'empire, un grand-oncle général-résistant héroïque, athée, des médecins de campagne, des juristes, un architecte, des agriculteurs, des viticulteurs, un abbé qui redonna l'envie de Compostelle.
Il a vécu là où se regroupent encore les "riches" : le XVIe arrondissement de la capitale. À un jet de lance-pierre de la Seine, à côté du jardin du Ranelagh.
"Révolté par les inégalités", adepte de l'effort, du travail, méprisant les "baratineurs, les politiciens hors sol", intellectuellement, il détonnera dans cet environnement privilégié.
Il passait ses vacances dans de vrais châteaux, dont un périgourdin. L'oncle, ingénieur agronome, en était le régisseur. Il en sait le nombre de pièces. Non que sa mémoire soit sans défaut, mais parce que, par une fantaisie de son histoire, il y retourne avec sa dernière amie qui en a repris la gérance forestière et a cru déceler chez lui, comme un besoin de retour aux sources.
Atavisme de classe ?
Il livre, sans affect, le roman de sa famille dont il a rompu le fil sociologique. Parle de ses parents comme il le ferait de personnages historiques lointains. Il cherche les mots les plus justes pour raconter, se faire bien comprendre. Plutôt à la manière d'un chercheur, moins comme un fils.
Il est bon élève. Mai 68 le surprend et bouleverse sa vision des choses. Il ne s'enflamme pas pour le marxisme-léninisme ni pour aucune théorie du grand soir, mais cette vague subversive immense lui sert de révélateur. Les classes sociales, Bourdieu, l'existence d'un monde, d'un peuple, d'injustices dont il ignorait tout. Il sera marqué à vie. Un complexe social prendra forme qui lui interdira toute volonté de promotion. Une exigence : ne plus remettre les pieds dans son groupe social d'origine. Il a failli réussir de plus grands concours. Il s'est défilé. Ce n'était pas son mug de café.
Il exècre l'identitarisme, aime les métissages. Sa fierté : ses enfants. Nés d'une mère foyalaise aujourd'hui décédée. "Adieu foulard, adieu Madras, adieu collier chou, héla, héla, sé pou toujou", reprend-il, juste deux siècles et demi après le cousin du marquis de La Fayette qui fut gouverneur de la Martinique.
L'homme dont, parfois, la tristesse s'empare est de grande culture. Éclectique.
Il aurait voulu enseigner en classes préparatoires, a effectué les démarches à cette fin, mais a refusé les postes proposés. Il est resté fidèle au lycée de la ville de Province où la République, avec son consentement, l'avait affecté. Là où les enfants du peuple se retrouvaient. Dédaignant le lycée voisin des élites de toutes sortes (bourgeoisie, riches, élèves brillants, bien habillés, amateurs de latin-grec, forts en maths, passionnés de philosophie...).
Il sera de gauche. Socialiste. Longtemps syndicaliste. Un brin récalcitrant. Adepte du compromis. Puis, Emmanuel Macron le tentera. Aujourd'hui, il  ne l'aime plus, le trouve trop "techno", trop...
Il suit le fil rouge qui le guide depuis l'âge de 20 ans, mais zigzague autour cet axe, tente des écarts. Toujours sur le fil. Du rasoir. À l’observateur inattentif, il paraît versatile. L'ami le sait fidèle à des valeurs, des attitudes. Respect pour autrui, engagement, courage, honnêteté, empathie, bienveillance, non-entêtement, esprit critique. L'indulgence, parfois.
Il parle trop, une mani.e.ère de professeur, mais il n'oblige personne à l’écouter. D'autant qu'on l'écoute, parfois en le raillant gentiment.
Agrégé en sciences sociales, il a du mal à concevoir une économie administrée. Il en sait les illustrations catastrophiques et liberticides. Il préfère le marché. Régulé avec des services publics de qualité. Financés par les contributions de tous les citoyens. Un libéral pro-services publics. Il comprend l'étonnement de ses auditeurs. Mais professe également que le monde est complexe et que la pensée doit l'être aussi pour mieux l'épouser à défaut de l’expliquer.
Il préfère l’hôpital public aux cliniques privés. L’hôpital local au grand CHU prestigieux. La compagnie des petites gens à celles des hautains, des fort-en-gueule, des prédateurs, des boursouflés d'orgueil, des aveugles qui piétinent les dignités populaires.
Mais il s'ennuie en compagnie des incultes de tout poil, des militants de gauche, de droite et d'ailleurs. Il vitupère les "économistes atterrés", les partisans-dingues de la dépense publique. Les cons !
Il aime les livres, l'Histoire, les belles phrases et même la poésie. Il s'est épris de l'ancienne Yougoslavie, de la rivière Drina et d'un pont qui l’enjambe, de Ivo Andrić qui la raconte. Pour lui, un microcosme où s'observe la coexistence précaire des peuples, des cultures et des religions, près d'exploser et qui peut se transformer en guerre ethnique sauvage.
Sur son lit de douleur, il raconte tout cela rapidement. Un peu pour lui-même. Comme pour dire "j'ai choisi ma vie", ou "je ne sais pas si j'ai fait les bons choix". Il a besoin d'y réfléchir. D'en parler donc.
Il habite un modeste pavillon qui jouxte une cité populaire. "À problèmes". La vie y est difficile, la coexistence, inconfortable. "Mais les gens sont accueillants, sensibles, attentifs car ils ont souffert". Il s'y sent un peu en mission. Il y a fondé une association pour aider les jeunes à s'insérer dans le monde professionnel. Il délivre des cours de culture générale, prodigue des conseils, fait de l'accompagnement individualisé.
Il a écrit des livres à visées pédagogiques. Il chronique l'économie pour un hebdomadaire. De petits cours mensuels pour aider les gens à comprendre ce qui, possiblement, les dépasse : la crise, la crypto-monaie, le Brexit, les fusions d’entreprises... Il donne des conférences à l'Université. Pour tous.
Il a préfacé un opuscule d'histoire locale dont le peuple villageois était le héros. Un cours (encore) d'anthropologie.
Sa hanche droite et son genou gauche ont besoin d'un bon orthopédiste pour calmer ses douleurs et permettre son retour à la marche au long cours. Il a trouvé. Les réparations ont commencé.
Il a choisi l’hôpital local, forcément. Son copain le chambre... Sur le thème des effets des slaloms répétés sur le squelette des membres inférieurs.
Yves Rebouillat ( article paru partiellement dans le Tarn Libre du 2 août 2019)
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Paris : à gauche, un château royal, à droite, des commerces, des boutiques et des hôtels "grand-bourgeois”... au milieu les embouteillages, au loin, la Normandie… Il vit dans le Sud.
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byneddiedingo · 2 years
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A Christmas Tale (Arnaud Desplechin, 2008) Cast: Catherine Deneuve, Jean-Paul Roussillon, Anne Consigny, Mathieu Amalric, Melvil Poupaud, Hippolyte Girardot, Emmanuelle Devos, Chiara Mastroianni, Laurent Capelluto, Émile Berling, Thomas Obled, Clément Obled, François Bertin, Samir Guesmi, Azize Kabouche. Screenplay: Arnaud Desplechin, Emmanuelle Bourdieu. Cinematography: Eric Gautier. Production design: Daniel Bevan. Film editing: Laurence Briaud. Music: Grégoire Hetzel, Mike Kourtzer. A Christmas Tale is not exactly brimful of seasonal cheer, but it warrants watching at any holiday in which families gather to both celebrate and bicker. The Vuillard clan is somewhat dysfunctional, but they're also French, which means that they smoke, drink, and talk a little too much, and have idiosyncratic ways of showing that they love one another. The matriarch, Junon (who would ever have thought Catherine Deneuve would be cast as matriarch?), has cancer and needs a bone marrow transplant. The task of searching for a donor falls to the patriarch, Abel (and who would have ever thought of bringing together the goddess-like Deneuve and the froglike Jean-Paul Roussillon?), since Junon decides at this moment to leave everything to fate. And since this crisis is coming to a head at Christmastime, it means gathering the family for more than just celebrating a holiday. There are three living children -- the first-born died of cancer as a child -- and they don't entirely get along. Elizabeth, the oldest, has banished the middle child, Henri, from her life. The youngest, Ivan, naturally has to exhibit divided loyalties when the other two get together. Elizabeth and Ivan bring along their spouses and children; Henri, unmarried, brings his latest girlfriend, Faunia, who, being Jewish, has her own slightly distant take on the Christmas festivities. Elizabeth's teenage son, Paul, has recently had a nervous breakdown. He also turns out to be a match for Junon's transplant, as does the black sheep Henri, which sets up even more grounds for dissension, especially given the tension between Henri and Elizabeth. And so, out of all this stew of tensions, director Arnaud Desplechin puts together a fascinating portrait of what it means to be a family. He mingles a variety of filmmaking techniques with a whole range of literary, cinematic, and even musical allusions to give us a multifaceted view of the Vuillards, their past, present, and perhaps future. On second thought, maybe it's best not to watch this anytime near one of your own potentially volatile family gatherings -- it cuts a little too close to home.
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marlenecollineau · 6 years
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« Je ne suis pas un héritier » ou de l’urgence de relire Bourdieu
« Moi je suis né à Amiens, personne dans ma famille n'était ni banquier, ni politicien, ni énarque. Ce que j'ai, je le dois à une famille qui m'a appris le sens de l'effort. Ils m'ont aidé, ils m'ont élevé, et je n'ai jamais lâché le morceau ! [...] Si j'étais né banquier d'affaires, fils de politicien ou avec une petite cuillère dans la bouche, vous pourriez me faire la leçon, mais ce n'est pas le cas ! Donc je peux vous regarder en face. »
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Voilà ce qu’a répondu Emmanuel Macron hier, à l’une des personnes présente au Grand débat® l’interpellant sur son passé de banquier d’affaires. Ce discours semble aller de pair avec sa manière bien à lui de répéter à l’envi « je suis comme vous ». À des infirmières qui lui parlaient de leurs difficultés quotidiennes. À des participant·e·s du Grand débat® qui lui évoquaient l’insupportable mort des SDF dans les rues des grandes villes françaises.
Mais pourquoi Emmanuel Macron s’obstine-t-il à vouloir démontrer qu’il est « comme nous » ? Personne ne le lui demande vraiment. Les infirmières évoquant leurs conditions de travail ne souhaitent pas tant entendre de la bouche du Président de la République qu’il serait comme elles mais plutôt qu’il est à leur écoute. Elles souhaiteraient assurément un peu d’empathie, de compassion, de compréhension. Bref, tout sauf s’entendre dire : oui, je sais puisque je suis comme vous.
Je crains comprendre que cette obstination est liée à une réalité cruelle. Emmanuel Macron est sincèrement convaincu que, d’une certaine manière, il est ce Monsieur-Madame tout le monde. J’hésite encore entre deux sentiments à son égard : la surprise ou le désespoir.
Comprenons bien :
« Je suis né à Amiens » donc je suis un provincial éloigné de la capitale. Dès son adolescence, Emmanuel Macron débarque à Paris, chez sa grand-mère, afin d’être scolarisé dans l’un des plus prestigieux lycées de Paris, Henri IV. Il y décrochera un bac S avec une mention Très bien. S’en suivra un parcours élitiste autant qu’exemplaire : prépa Littéraire à Henri IV, Science-Po Paris, ENA.
« Je ne suis pas un héritier, personne dans ma famille n’était ni banquier, ni politicien, ni énarque. » donc je me suis fait tout seul car j’ai le « sens de l’effort » -le fameux, asséné une fois encore hier soir. Emmanuel Macron est né dans une famille socialement homogame. Sa mère était médecin, son père était neurologue (je connais peu la hiérarchie des médecins mais j’imagine aisément que ce sont des médecins ++). Il a un frère radiologue marié à une gynéco. Il a une sœur néphrologue mariée à un ingénieur. Son père a épousé en secondes noces une psychiatre. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : la famille Macron est une illustration parfaite des mécanismes de reproduction sociale à l’œuvre dans notre pays.
« Si j’étais né avec une petite cuillère dans la bouche... » En fait, il est né avec une louche dans la bouche et ce n’est pas tant ce qui nous préoccupe. Après tout, les inégalités sociales datent d’avant sa naissance, on ne pourrait guère le lui reprocher. Par contre, ce qui est inquiétant, c’est sa propension à, au choix, feindre de l’ignorer ou l’ignorer. Et, ce qui est critiquable, c’est sa volonté de faire perdurer le système.
Il est urgent de (re)lire Les Héritiers, de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron. L’ouvrage date de 1964, donc bien avant la naissance d’Emmanuel Macron. Ils y présentent les mécanismes de tri, de sélection de l’école, qui ne joue pas le rôle qui lui a été assigné : permettre la mobilité sociale. Pire, elle perpétue les inégalités. Sous couvert de mérite personnel des élèves -souvenez-vous, le sens de l’effort-, elle cache un secret bien moins avouable qui est la reproduction des inégalités d’entrée dans le système, en jugeant les performances, la réussite, à l’aune de critères qui sont plutôt favorables aux enfants bien nés.
Être héritier pour Bourdieu, ça n’est -évidemment- pas faire le même métier que son père ou sa mère, c’est bien être assigné à des comportements, des habitudes, des connaissances, acquises dès la naissance et dont il est difficile de se détacher. L’héritage est culturel, social, financier. Il nous confère à chacun·e des savoir-être, des savoir-faire, des savoir-dire qui, en premier lieu à l’heure de l’école, profitent aux enfants des familles des classes supérieures.
À tout bien réfléchir, je crois qu’Emmanuel Macron sent qu’il n’est pas né de rien, tout au fond de lui, quand il précise, à propos de ses parents que « Ils m'ont aidé, ils m'ont élevé ». Savoir d’où on parle, admettre les chances ou connaître les embûches qui ont été les nôtres, comprendre que ce n’est pas le mérite qui nous place tout en haut ou tout en bas de la chaîne, que cela n’empêche pas les trajectoires personnelles mais qu’elles sont exceptions et non système, serait une excellente manière d’envisager la discussion tou·te·s ensemble. En se regardant « en face ».
Lire Les Héritiers, 1964, et, pour aller plus loin, La reproduction, 1970, aux éditions de Minuit, par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron.
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bspolink1348 · 2 years
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Les nouveautés de la semaine (30/05/22)
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À la une : L'intérêt au désintéressement : cours au Collège de France (1987-1989) / Pierre Bourdieu
Cote de rangement : HM 578 B 264106 : Domaine : Sociologie
"En 1988 et 1989, Pierre Bourdieu consacre son cours à un aspect aussi central que difficile de l’État : le service du bien public. Les fonctionnaires prétendent sacrifier leurs intérêts personnels, mais des actions gratuites, totalement désintéressées, sont-elles vraiment concevables ? Y a-t-il une part de vérité à décrire le droit comme un ensemble de règles universelles au-dessus des intérêts particuliers, ou n’est-ce là qu’idéologie ? Les bureaucrates sont-ils la classe qui pense, célébrée par Hegel (mais aussi Durkheim), ou les usurpateurs dénoncés par Marx ? Pierre Bourdieu dépasse ces alternatives en s’intéressant à la formation, dans nos sociétés, de champs tels que le champ juridique ou le champ bureaucratique : les agents sociaux y sont conduits à servir, en même temps que des intérêts qui leur sont propres, des intérêts qui les dépassent. Si des actions désintéressées, orientées vers l’universel, sont possibles, c’est parce qu’il existe, dans ces univers sociaux, un intérêt au désintéressement. Au-delà de cette démonstration, ces cours sont l’occasion de découvrir des analyses inédites de Bourdieu sur la genèse du champ juridique, la naissance des sciences sociales, l’usage de la notion de profession en sociologie…" - Quatrième de couverture
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Environnement
Confronting Climate Gridlock : how diplomacy, technology, and policy can unlock a clean energy future / Confronting Climate Gridlock : how diplomacy, technology, and policy can unlock a clean energy future
Cote de rangement : HD 9502 .5 C 264095
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Sciences politiques
New democracy : the creation of the modern American state / William J. Novak
Cote de rangement : JK 31 N 264096
Degenerations of democracy / Craig Calhoun, Dilip Parameshwar Gaonkar, Charles Taylor
Cote de rangement : JC 423 C 264099
Power to the people : constitutionalism in the age of populism / Mark Tushnet and Bojan Bugaric
Cote de rangement : K 3171 T 264101
Les globalistes : une histoire intellectuelle du néolibéralisme / Quinn Slobodian
Cote de rangement : JZ 1318 S 264109
US-China nuclear relations : the impact of strategic triangles / edited by David Santoro
Cote de rangement : E 183 .8 U 264113
Role compatibility as socialization : the case of Pakistan / Dorothée Vandamme
Cote de rangement : JZ 1761 V 264117
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Communication
News from Moscow : soviet journalism and the limits of postwar reform / Simon Huxtable
Cote de rangement : PN 5279 H 264097
Cheap speech : how disinformation poisons our politics -- and how to cure it / Richard L. Hasen
Cote de rangement : JA 85 .2 H 264100
Faire référence : la construction de l'autorité dans le discours des institutions / Claire Oger
Cote de rangement : JA 85 O 264104
La collision des récits : le journalisme face à la désinformation / Philippe de Grosbois
Cote de rangement : PN 4784 .F27 D 264105
Où en sont-elles ? une esquisse de l'histoire des femmes / Emmanuel Todd
Cote de rangement : HQ 1121/010
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Économie
Growth for good : reshaping capitalism to save humanity from climate catastrophe / Alessio Terzi
Cote de rangement : HD 75 .6 T 264098
Le capitalisme contre les inégalités : conjuguer équité et efficacité dans un monde instable / Yann Coatanlem, Antonio De Lecea
Cote de rangement : HB 501 C 264110
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Sociologie
A multidisciplinary approach to pandemics : COVID-19 and beyond / edited by Philippe Bourbeau, Jean-Michel Marcoux, Brooke A. Ackerly
Cote de rangement : RA 643 M 264102
Embryon, personne et parenté / sous la direction de Séverine Mathieu et Enric i Porqueres i Gené
Cote de rangement : GN 482 .4 E 264103
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Commerce
Le commerce et la force / Maxence Brischoux
Cote de rangement : HF 1359 B 264108
Ethical value networks in international trade : social justice, sustainability and provenance in the Global South / edited by Warwick E. Murray, John Overton, Kelle Howson
Cote de rangement : HF 1413 E 264115
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Finance
Options, futures et autres actifs dérivés / John Hull
Cote de rangement : HG 6024 H 264112
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Informatique
Réseaux / Andrew Tanenbaum, Nick Feamster, David Wetherall
Cote de rangement : TK 5105 .5 T 264111
Auditing corporate surveillance systems : research methods for greater transparency / Isabel Wagner
Cote de rangement : HF 5548 .37 W 264116
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Gestion
Menaces et opportunités du télétravail / sous la direction de Henri Savall, Véronique Zardet
Cote de rangement : HD 2336 .3 264114
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Tous ces ouvrages sont exposés sur le présentoir des nouveautés de la BSPO. Ceux-ci pourront être empruntés à domicile à partir du 13 juin 2022.
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Vous retrouverez une petite partie de mon stock de livres ! En littérature étrangère : Truman Capote, Hubert Selby Jr, Laurie Colwin, Katherine Mansfield, T.C.Boyle, James Lee Burke, Paul Auster... En littérature française : Christine Angot, Emmanuel Carrère, Didier Decoin, Sigolene Vinson, Modiano... Finkielkraut, Bourdieu... Au rayon cinéma : La Haine, Massacre à la tronçonneuse, Taxi Driver, Easy Rider, Paris Texas... Et c'est ce samedi toute la journée au Café @benmouture 34 rue du petit chantier 7e #oiseaumortvintage #melodieensoussol #benmouture #marseille #igersmarseille #instamarseille #mymarseille #marseillemaville #choosemarseille (à Ben Mouture) https://www.instagram.com/p/CcsDTj6sC5J/?igshid=NGJjMDIxMWI=
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