Tumgik
#l'impression de perdre la boule
chaotictomtom · 8 months
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ah du coup bcs à pas été récompensé ? genre pas même une fois?? 😐 mais la grosse blague. jennifer c je t'adore mais rhea s. genre allo. whitelotus c'est renouvelé en plus alors que bcs c'est finito c'était genre la dernière chance qu'ils puisse être récompensés non???? déçu.
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lalignedujour · 1 year
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-Je prends la route, je serai chez toi vers 17h. -Ok, à toute :)
Je plie la pâte, je lance une machine, je replie la pâte, je nettoie l'évier, les toilettes, la douche, le lavabo, la table (pas dans cet ordre), je récolte les courgettes, je filtre le kéfir, je forme la pâte en boule, je sors la machine, les poubelles, une bouteille, je passe le balai, je cuisine les courgettes, je mets le pain au four, je me pose pour lire un peu, il est 16h50. 17h05 : coup de fil, c'est pas elle.
Je réponds : -Je te dérange. Il pose la question à l'affirmative, je pense qu'il trouve que ça fait plus poli. -Non, mais j'attends du monde, là, d'une minute à l'autre.
Je me pose sur mon palier pour la voir arriver, au cas où. Au téléphone, il m'explique son problème, et pourquoi je suis la bonne personne pour le résoudre.
Il est ailleurs, le monsieur, dans un bureau intra-muros, pour lui je peux pas attendre quelqu'un comme ça, en pleine semaine en pleine journée, et ça peut pas être important pour moi, et je peux pas avoir passé cinq heures à faire le ménage dans cette perspective. J'aurais dû lui dire que j'entrais bientôt en réunion. C'est pas impossible en fait, une réunion à un horaire aussi précis que 17h10, ou 17h07, ou juste 17h avec du retard en fait, comme dans la réalité. Je me dis ça, et je vois sa tête à elle apparaître. Elle me fait un grand bonjour avec un sourire. C'est la première fois que je la vois en vrai et c'est cool.
Mais en s'approchant, elle voit que je suis au téléphone. Je lui fais un signe rigolo, mais voilà, bon, ça reste impoli. Elle lâche mon regard et se balade chez moi. Elle fait le tour du potager, puis elle part un peu plus loin. Je ne la vois plus. Il continue à m'expliquer son projet. Je suis dans un conflit d'impolitesse, soit je continue de l'ignorer alors qu'elle est chez moi, soit je termine la conversation. Je termine la conversation. Je me mets à sa recherche.
Je sillonne le terrain. Je la trouve pas. Je retourne au potager, pas là non plus. Je l'appelle, pas de réponse. Je retourne au bout du terrain, et je vois une silhouette en face, dans le cimetière. Elle se balade à pas lents, regarde les tombes. Je lui fais de grands coucous en continu et au bout de trente secondes (c'est long), son regard me croise, elle me fait aussi un grand coucou, "j'arrive". Et elle reprend sa visite du cimetière. Je reste con. Je baisse mon coucou.
J'ai dû me faire contaminer par le rythme bureau parisien à travers le téléphone. Je pensais qu'elle tuait juste le temps en allant au cimetière. Elle voit très bien que j'ai fini mon coup de fil. Et l'impression que j'ai, c'est qu'elle est en train de perdre le temps qu'on a ensemble. C'est n'importe quoi, je devrais pas penser comme ça.
Ça m'amuse et ça m'impressionne à la fois. Elle égraine le temps pile devant ma gueule. Est-ce qu'elle se venge de mon impolitesse ou elle est juste particulièrement sereine ?
Je l'attends derrière la clôture, punition. J'essaie d'ouvrir mon visage, d'en effacer le grief. Elle referme la porte du cimetière : -J'aime bien les cimetières. -Euh oui, oui, c'est bien les cimetières.
Mais je pensais pas être en présence d'une grosse geek des cimetières. Et elle compare les cimetières, les matériaux, le sens de circulation, les messages, et elle me dit que celui-ci est trop récent, que c'est très harmonisé par rapport aux autres cimetières français, alors que quand c'est plus ancien, on voit des particularités de terroirs, mais oh, dis-moi bonjour, non ?? J'ironise : -Ouais, ça c'est le nouveau cimetière, tu veux pas aller voir l'ancien cimetière à l'autre bout du village ? -Ah si, oui, je veux bien, bonne idée.
Non mais je suis con aussi. J'oublie que les gens captent pas mes sarcasmes, il faut que j'arrête avec ça.
Donc, on va à l'ancien cimetière, c'est super parce que moi j'ai peur des cimetières. Et elle me parle des faïences peintes, et des concessions perpétuelles comme quoi c'est autant un problème que les déchets nucléaires parce que c'est des temps extrêmement longs (n'importe quoi de sa part, soit dit en passant), et elle s'arrête devant certaines tombes parce que ça l'inspire, parce que derrière chaque photo, chaque nom, chaque date et chaque intervalle de date, il y a une histoire. Une vie entière.
Ça n'arrange pas ma peur des vies qui dorment là, juste à côté de chez moi. Et les matériaux des tombeaux familiaux, et c'est la première fois qu'elle voit ça, et c'est curieux que les enfants soit pas mis·es dans un carré spécifique, et bla-bla, et cimetière, et morts, et morts, et morts. Au bout d'un moment (est-ce qu'elle allait faire toutes les allées ?), j'ai dit bon, tu veux peut-être boire un truc ? Et malheureusement, elle avait une gourde, elle pouvait la remplir à la fontaine du putain de cimetière.
Donc on s'assied dans le cimetière, et on part sur une pause avec vu sur les tombes. Elle dit : -on devait pas beaucoup rigoler à l'époque, vu la tête des gens sur les photos. -en tout cas, chez le photographe, non, on rigolait pas.
Et ça la fait rigoler. Et c'est ça notre rencontre. Et je sais pas ce qui me retient de lui dire que j'ai peur des cimetières.
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atticuswritersoul · 1 year
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17/12/18 : Normal
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Encore ces signaux. Encore ces appels. Encore ce regard.      Il hausse un sourcil, feignant de ne pas comprendre. Elle soupire, son visage devient sombre. Il sent son cœur battre bizarrement, c'est très étrange. Elle flirte avec cette fille, ce garçon, ces gens. Elle cherche à attirer son attention, à le rendre jaloux. Et il l'est, il est tellement jaloux, c'est vrai ! Mais... il ne ressent pas ce qu'elle attend de lui. Il sent la colère monter en lui, quand il voit qu'elle laisse ses lèvres traîner sur les leurs. Sa possessivité vient, et prend contrôle de son être. Il est jaloux, intensément jaloux !      Les piques qu'elle lui envoie sont nombreuses. Elle a l'impression qu'il ne veut pas d'elle. Qu'il ne l'aime pas. Mais c'est faux, absurdement faux ! Bien entendu qu'il l'aime, évidemment qu'il l'aime. Il l'aime à en mourir, il l'aime comme un idiot, un obsédé, un fou ! Il l'aime de tout son cœur, mais... quand elle se déshabille et que son regard de glace s'embrase, quand elle mord sa lèvre inférieure et que sa voix suave s'adresse à lui, il... il n'a pas ce besoin, cette envie de ne faire qu'un avec elle.      Il n'est pas normal. Tous les autres garçons de son âge ont déjà eu envie de ça. On n'arrête pas de lui dire combien certains paieraient, afin que leur petite-amie soit comme la sienne. Ça lui donne le vertige, ça lui fait peur. Ça le blesse, quand elle ne lui adresse pas la parole parce qu'il n'a pas répondu à ses signaux. Ses piques lui font mal, son air froid lui donne l'impression d'avoir été électrocuté. Et il a peur qu'elle se lasse, qu'elle aille voir ailleurs, parce qu'il n'arrive pas répondre à ses insinuations, parce qu'elle est insatisfaite, parce qu'elle se trouve délaissée.      Daniel Dawn, le faux lion. Daniel Dawn, adolescent pas normal. Daniel Dawn, amoureux incompétent ! Daniel Dawn, le jeune qui a peur de perdre par manque d'envie.       Il n'a pas le choix, s'il veut qu'ils restent ensemble. Il attrape ses craintes, ses appréhensions, son dégoût de lui-même. Il les attache en formant une boule, les enferme au plus profond de son être, là où se trouvent sa peur et son ego blessé. Son regard rieur, son sourire amusé, son air jovial. Il remet tout en place, comme si de rien n'était. Il a pris l'habitude, depuis le temps. Et quand un autre jour, elle lui renvoie ce signal, il répond, pour la première fois depuis leur première fois, ce jour dans ce compartiment, dans ce PoudlardExpress.      Elle est surprise, suspicieuse, mais finalement, elle sourit. Les vêtements volent bientôt, leur corps chaud sont au contact de l'air tiède de la salle de classe. Il sent la boule qui menace de céder, d'exploser. Mais il lutte, fort, et il parvient à passer outre d'elle. Alors, il le fait. Pour elle, par peur, par jalousie, par possessivité, par amour. Ils ne font qu'un, et il est normal. Pour le moment.
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ayanna-tired · 2 years
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L'amour, le sexe, l'engagement, le futur... c'est pas fait pour tout le monde
Je suis incapable de me lier aux gens.
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C'est un fait, autant je donne tout lorsqu'il est question d'amitié, autant je suis toujours terrifiée à l'idée de me laisser approcher par quelqu'un qui pourrait devenir "spécial" pour moi. C'est chiant. Honnêtement, j'en ai marre... j'en peux plus... je suis fatiguée d'être fermée comme une huître, hermétique, trouillarde. Je me hais pour ça, très fort. Crise d'angoisse, trouillardise, un mauvais mot et "pouf" je prends la fuite, ou m'arrange pour qu'on finisse par me fuir comme la peste noire ! Voilà, j'ai l'impression d'avoir un panneaux "ne m'approchez pas !" autour du cou. Et de toujours décevoir. Pourquoi ? J'en sais rien... enfin... si. J'ai été blessée, dans le cœur, dans le corps, à de trop nombreuses reprises. Mes exigences dépassent le domaine du raisonnable, et je pense qu'inconsciemment, c'est voulu, pour faire fuir, pour ne pas prendre le risque de souffrir. Mieux vaut ne pas tenter que de rater dit-on... Je veux bien que mon inconscient soit d'accord avec ça, mais le conscient en a marre...! Quelques mots et 'hop', c'est fini. J'ai réussi à me faire détester... Alors voilà, j'ai toujours la meilleure excuse du monde... mais p***** ça fait ch*** !
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Et les échecs s'accumulent, les uns après les autres... ça à foiré avec Mori, avec Art, et maintenant, j'ai réussi à me faire haïr de "lui". Je suis vraiment très douée pour ça. Je pourrais/devrais m'excuser mille fois, mais ça ne mènerait à rien. "Ma décision est prise" m'a-t-il dit. Quelle décision ? Est-ce vraiment par choix que l'on s'isole ainsi ? Peut-on choisir d'être seul et malheureux ? Non. C'est une putain de trouille, trop de cicatrices, qui font qu'un jour, un soir, comme ça, on pète un câble et, prit de panique et de peur, on envoie tout balader. Bêtement, égoïstement, lâchement, mais c'est fait. Les mots sont dit, ils ne peuvent plus être effacés, et tant pis pour ta gueule ma pauvre petite Ayanna ! C'est fini pour toi ! T'as perdue la partie ! On ne te pardonnera pas cette fois non plus.
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Non, je ne joue pas, et non, ce n'est pas par choix. J'ai pété un plomb, un soir, une fois, à cause de toutes ces trahisons, ces sévices, mentaux, corporels, toutes ces souffrances, ce manque de confiance en moi, en l'être humain, en l'autre. J'ai prit peur, j'ai dit de la m erde, et voilà. Mais je ne vois pas en quoi c'est un reproche, un jeu, ou un choix. Je suis juste une pauvre folle qui a pété un câble, par peur d'être approchée, par peur d'être blessée. Bêtement, mais tellement ordinairement... Je suis stupide, oui, mais pas cruelle. Mon intention n'était pas de blesser, juste de préserver, autant que faire ce serait pu, le peu qui me reste de cœur, d'âme, d'estime de moi. Enfin... non, il n'y avait aucun but à cela, aucune raison, aucune réflexion. Seulement de la peur irrationnelle, une "crise" de panique, d'angoisse, de déprime. Appelons ça comme on le sent.
"[...] puis t'es arrivé et j'ai commencé à ressentir ce truc, ce début de quelque chose qui ne prendra jamais forme et que je veux pas voir parce que ça me fout les boules..."
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J'aurais vraiment voulu, sortir de ma cage, tenter, y arriver, enfin. Légèrement, sans trop y penser, sans lendemain, ou pas. Me perdre dans le bleu, foncer, sans réfléchir puis voir ce que ça donne... Mais j'ai eu la trouille et ai dit "stop", et quand bien même j'explique que je regrette, le mal est fait, et maintenant, c'est fini. "On ne se battra pas pour moi". La messe est dite, tant pis pour moi. Alors... non, je ne lui reproche rien, j'ai pété un câble, j'assume. Et puis... je sais bien qu'il y a d'autres choses plus importantes, d'autres combats à mener. Je sais aussi que l'on ne s'attache jamais suffisamment à moi pour que l'on se batte pour moi, ou même que l'on insiste plus que ça. Me "quitter" est tellement plus facile qu'essayer de me rassurer (je suppose qu'on ne rassure pas une névrosée dépressive, mal dans sa peau et totalement peureuse). Non, on fait sa vie, on continue sans elle, et c'est tant mieux. T'as plus que tes yeux pour pleurer ma pauvre petite ! C'est bête hein ? Le regret ne suffit pas ! Ce qui est dit est dit ! Tu n'es douée que pour tout foutre en l'air ma pauvre ! Alors excuse-toi encore, pleure, désespère, mais ne sois pas étonnée ! Tu n'es pas une princesse de conte de fées... les Happy End, c'est pas pour toi. Le prince charmant, oublis ! Résigne-toi et sache que tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même !
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Après tout... je ne suis ni intéressante, ni attirante, ni "normale", ni séduisante, ni rien de tout ça
Je suis un monstre, un putain de monstre qu'on ne peut pas aimer, pas désirer, pas apprécier.
Je ne suis rien ni personne, juste une gamine trouillarde et vraiment pas jolie, c'est ça, ce que je suis.
Alors bon vent ! Qu'il se porte bien, je l'espère du fond du cœur.
Qu'il aille mieux, qu'il trouve quelqu'un qu'il n'aura pas à "soutenir", car c'est lui qui a besoin de soutient.
Qu'il la gagne sa bataille, je ne lui souhaite que ça.
Moi, je me résigne, et je retiens enfin la leçon. Certaines personnes ne sont pas faites pour être aimées
J'en fais partie.
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a-dream-our-story · 11 months
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Mois de septembre 2021
Me voilà, brisée, par 6 mois de harcèlement intensif. Un harcèlement qui est allé du chantage affectif, à de fausses tentatives de suicides, pour finir par une prétendue mort. La période la plus sombre de ma vie. C'est à cet instant que j'ai compris ce que voulait dire "vivre avec sa conscience". Vivre en pensant être une mauvaise personne, une personne qui fait du mal, ce mal qui apporte des conséquences terribles. Des conséquences avec lesquelles on devra vivre. Si j'étais croyante je dirais dieu merci d'avoir été si bien entourée. Si j'avais dû, un jour, mettre fin à mes jours, ça aurait été à cet instant. Tout ce mal m'a fait remettre ma vie en question. J'ai voulu quitter mon travail pour faire je ne sais quoi. Partir parce que mon équipe avait démissionné elle aussi. Partir sans réfléchir, sans plan B. Partir pour survivre. Partir pour avoir la sensation de repartir à zéro. Je faisais insomnie sur insomnie, l'alcool commençait à prendre une place importante dans mes soirées, parfois mes journées et mon silence pesait lourd sur le cœur. Ma décision était prise. Il ne me restait plus que 4 mois avant de partir de ce travail. 4 mois à serrer les dents, à se lever la boule au ventre et à compter les heures jusqu'à ce que la journée touche à sa fin. En attendant cette délivrance, je me suis tournée vers tous les moyens pour ralentir ma chute. C'est là que j'ai rencontré cette énergeticienne. Je crois que quand tu as l'impression de ne plus rien avoir alors tu n'as plus rien à perdre et c'est là que certains chemins deviennent envisageables. Ça a été une bouffée d'air de voir cette femme. Terminée les terreurs nocturnes et ce sentiment de légèreté, comme si le bruit avait diminué dans ma tête. Elle a réussi à remettre un peu d'ordre dans tout ça, elle m'a aidé à prioriser certains éléments de ma vie. C'est là qu'elle m'a dit cette phrase "tu vas rencontrer l'amour de ta vie, quelqu'un que tu connais déjà, ça viendra quand tu arrêteras de chercher". Cette phrase sonnant comme de la poudre aux yeux pour les esprits terre à terre a été une lumière chaude et réconfortante au fond de moi. 
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lilithdusk · 3 years
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Avant que tout implose - partie 7
Maintenant disponible sur wattpad!
A écouter durant la lecture : “With No Mercy” de Secession Studios
https://youtu.be/665La2ZY7pA
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La tête posée sur son épaule, en pleurs, Ladybug tenait la main de son coéquipier qui ne bougeait plus. La jeune fille était emprise au désespoir et à la compassion ; elle essayait d'imaginer ce qu'être à la place d'Adrien pouvait être et ses sanglots s'intensifiaient. Elle devait trouver la force de s'enfuir d'ici, elle devait le sauver, l'éloigner le plus loin de ce cauchemar. Le Papillon avait ravivé en lui l'espoir de revoir sa mère. Et Ladybug ne doutait pas quant à son choix, il lui avait montrée maintes fois que ses désirs passaient bien après la survie de l'humanité et l'équilibre naturel. Non, Ladybug avait peur du sacrifice qu'il pouvait faire pour sceller la défaite de Papillon et, par la même occasion, y laisser sa vie. Elle était terrifiée par le comportement du jeune homme quand une mission nécessitait de gagner du temps ; Chat Noir faisait des choix s'apparentant au suicide ; heureusement que le miraculous de la création lui permettait de tout remettre en ordre. Alors, quand elle le sentit se raidir, elle releva les yeux, pétrifiée qu'une de ses idées lui avait traversé l'esprit. Pourtant, elle découvrit le jeune garçon sous un tout nouveau jour.
Adrien avait toujours été un rayon de soleil ; aussi loin qu'elle puisse s'en souvenir depuis leur rencontre, elle ne se rappelait pas l'avoir déjà vu en colère. Bien sûr, il avait déjà été agacé par le comportement de Chloé ou celui de Lila mais au grand jamais, elle ne l'avait vu ou entendu hausser la voix ou attaquer quelqu'un verbalement, dans le but de le blesser. Chat Noir avait, lui aussi, exprimé de l'agacement ; cependant, les seules autres émotions négatives qui l'avaient animé en la présence de Ladybug était de la douleur, de la déception et peut-être même du dégoût. En résumé, Ladybug ne connaissait pas son coéquipier lorsqu'il était énervé -et même l'aperçu qu'elle avait eu avec Chat Blanc n'était rien comparé à ce qu'il l'attendait.
Son visage, qu'elle avait passé des heures à admirer quand elle en avait l'occasion -en vrai ou en photo ; en classe ou en patrouille même si elle n'osait se l'avouer- lui était dorénavant inconnu. Même le visage plus sérieux et concentré qu'il revêtait lorsqu'ils combattaient n'était qu'une piètre comparaison maintenant. Ses traits étaient marqués par une colère qui grondait à l'intérieur de lui et qui ne demandait qu'à exploser. Les sourcils froncés, la mâchoire serrés, les lèvres si pincées que sa bouche n'était plus qu'une fine ligne, les yeux fixés sur son objectif, droit devant lui. Son regard émeraude dans lequel Ladybug aimait se perdre n'avaient jamais été aussi sombre que maintenant. Une veine ressortait sous sa peau tant il prenait sur lui-même pour ne pas attaquer ici même, à cet instant. La bague sur son doigt était pressée si fort contre sa peau que Ladybug en vint à se demander si son objectif était de la faire fusionner avec son corps. Sa prise sur son poignet se relâcha, jusqu'à ce qu'elle se détache. Adrien était un inconnu à ce moment-là ; elle n'avait pas une seule petite idée de ce qu'il pouvait bien pouvoir penser. La seule chose qu'elle réussit à lire fut sa détermination. Ladybug recula d'un pas.
Adrien connaissait la froideur. Dès qu'il rentrait chez lui, elle l'envahissait tel une malédiction jetée sur lui. Au delà de la connaître dans sa maison, à travers la décoration, il la reconnaissait tout particulièrement chez son père ou chez Nathalie ou le Gorille. Ces deux derniers remarquaient toujours plus sa présence, mais professionnalisme oblige, ils maintenaient toujours une certaine distance entre eux et lui. Son père, quant à lui, dégoulinait de froideur à chaque mot prononcé, chaque regard échangé, chaque geste exécuté. Adrien était presque devenu anesthésié à cette froideur tant elle était présente dans son cocon familial, sans que cela le soulage ne serait-ce qu'un peu de la souffrance qu'elle provoquait chez lui. Se remettre en question à chaque décision, à chaque repas manqué, à chaque occasion annulée ; c'était son quotidien. Et Adrien avait l'impression que la froideur régnant chez lui augmentait plus le temps passé. Alors, lorsqu'il sentit la rage envahir tout son corps, ce fut comme si la lave se déchaînait à torrent dans ses veines. Et, n'étant pas habitué, le jeune garçon ne la supportait pas. Il avait l'impression d'avoir été jeté dans un brasier, enchaîné, sans aucun moyen de s'en sortir si ce n'est que d'anéantir le responsable de ce dernier.  Il sentait sa force se décuplait de seconde en seconde, prenant source en son cœur, brûlant de rage pour un père qui avait toujours été absent, préférant se raccrocher au passé à défaut de s'occuper de son fils. Son père, cet égoïste, se servait du malheur des autres pour pouvoir accéder à son bonheur. Gabriel Agreste n'en avait rien à faire de son fils, maintenant Adrien en était certain. Et cette difficile réalisation, aussi douloureuse qu'elle soit, fut tout ce qu'il suffit à Adrien pour pouvoir se détacher de son père. Gabriel, en voulant sauver sa famille, avait creusé une tombe si profonde que la rédemption elle-même ne pourrait tolérer. Et Adrien la recouvrirait définitivement ce soir, faisant le deuil d'un idéal irréalisable.
Toute la violence que retenait Adrien se déchaîna au moment même où Émilie Agreste tendit les mains vers lui. Un hurlement de rage échappa au garçon pendant qu'il courait vers sa mère. Jusqu'à la fin son père le sous-estimerait et si autrefois cela le blessait, Adrien ne ressentait plus que de la rage maintenant. Cette obligation de toujours vouloir l'impressionner, de toujours être le meilleur pour qu'il ne lui accorde qu'un peu de son temps se changea comme un devoir, une nécessité de mettre fin au pouvoir de cet homme. Par dessus tout, Adrien était usé et exténué de toujours donner tout ce qu'il avait pour ne rien recevoir en retour. Cela s'arrêterait ce soir.
L'adrénaline qui s'accumulait dans son sang le fit bouger instinctivement. Pour une fois, son père ne saurait prédire ses actes puisqu'il se sentait entièrement bouger selon sa volonté propre. Jamais Adrien n'avait jamais ressenti cela, même lors des nombreux combats contre des vilains. Le héro de Paris était libéré des chaînes qui l'avaient trop de fois retenu, sagement tirées par Gabriel. A présent, une force inouïe le parcourait et, accélérant, un nouveau costume revêtit sa peau. Un nouveau Chat Noir fit jour ce soir, plus puissant et plus agile que l'ancien. Son corps était revêtu de latex noir, seule ressemblance avec son précédent costume, tandis que les extrémités brillaient d'un vert aussi perçant que ses yeux. De fines lignes vertes, semblables à des veines si elles n'étaient pas positionnées sur son masque, se jetaient toutes dans son regard. Même ses oreilles se firent plus menaçantes, plus pointues que les anciennes. Si Paris ne le connaissait pas sous son rôle de protecteur de la ville, il aurait sans doute été pris pour un vilain.
A quelques mètres de sa mère, Chat Noir tendit la main et lâcha un cri de rage. Sans même prononcer le mot qui activait son pouvoir, une boule d'énergie noire se forma dans le creux de sa main. Cette dernière fendit l'air pour toucher Émilie qui disparut dans un nuage de cendre noire. Le masque de Papillon disparut du visage du marchand de sable. Ce dernier perdit l'équilibre en reprenant conscience et tomba de son coussin en découvrant le nouveau Chat Noir. Au sol, il recula du mieux qu'il pouvait, le suppliant de l'épargner, alors que le héro de Paris le visait avec un nouveau cataclysme. Le marchand de sable se protégea avec son avant-bras et ferma les yeux ; Ladybug fit un pas en avant, la bouche entrouverte. Son exclamation s'évanouit aussi tôt que le cataclysme toucha la peluche sur l'épaule de l'akumatisé. Le marchand de sable resta immobile même lorsque Chat Noir s'éloigna pour attraper son coussin tombé au sol.
Ladybug était pétrifiée ; elle était terrifiée à l'idée de découvrir la ressemblance de son coéquipier avec son cauchemar. Elle sentit sa respiration se couper quand il se retourna vers elle, le coussin dans une main, là où se cacher l'akuma, et le tendit vers elle. Pourtant, Ladybug n'avait d'yeux que pour Chat Noir, dans un nouveau costume qui le rendait beaucoup plus hostile. Ses pupilles n'étaient plus que deux fines fentes, s'apparentant à celles d'un chat sauvage. Même sa posture était plus droite ; comme sa queue qui ne se balançait pas mais qui, au contraire, était raide. Tout chez lui le fit apparaître sur l'offensive, comme un prédateur attendrait avant de bondir sur sa proie. Seule la détermination et par dessus tout, la confiance qu'elle lit dans ses yeux, la rassura. Il n'était pas Chat Blanc.
**
Penchés sur un toit, inspectant les environs, les deux héros de Paris se tenaient côte à côte. Aucun mot n'avait été prononcé depuis la fin du combat, après que Ladybug ait libéré l'akuma. Chat Noir, qui avait pour habitude de s'assurer que les victimes allaient bien pendant que Ladybug se chargeait de la presse, s'était tenu à l'écart. Il s'était éclipsé en hauteur le temps qu'elle s'assure que le jeune garçon akumatisé rentrerait chez lui, accompagné de ses parents. Quand l’héroïne l'avait rejoint sur un toit, elle se rendit compte des sentiments contradictoires l'animaient. Leur proximité était familière, pourtant quelque chose avait changé dans le comportement de son coéquipier. Son visage était fermé, ne laissait rien retranscrire. Elle n'arrivait pas à savoir ce que pensait son meilleur ami.
Détournant le regard, la jeune fille se concentra à nouveau sur la ville alors que Notre-Dame sonna minuit. Après ce qu'il venait de se passer : la découverte de l'identité de Chat Noir, leur combat catastrophique, à la limite de la défaite, et enfin le retournement de situation grâce à Chat Noir, son nouveau pouvoir, sa nouvelle apparence ; les héros étaient persuadés que Papillon attaquerait de nouveau, ce n'était qu'une question de minutes. Alors, quand Adrien lui adressa la parole, Ladybug prit un long moment avant de répondre, déstabilisée.
- Je sais qui est Papillon, déclara-t-il simplement.
- Quoi ? Comment ça ?
Ses grands yeux bleus se posèrent sur son compagnon qui, à cet instant, était tout autant un ami qu'un inconnu. Chat Noir ne daigna à la regarder et ce que Ladybug prit pour de l'indifférence, était en fait du chagrin maquillé. Il déglutit difficilement, seul geste qui trahit sa vulnérabilité.
- C'est mon père. Gabriel Agreste est le Papillon.
Le corps de Ladybug se raidit entièrement face à la réalisation. Elle ne savait ce qu'avait ressenti Adrien face au cauchemar de sa mère mais soudain, tout lui parut clair. Papillon avait déclaré qu'il serait à nouveau réuni avec sa famille s'il lui donnait le miraculous de la création et de la destruction. Gabriel Agreste cherchait à mettre la main dessus pour réaliser son vœux le plus cher : ressusciter la mère d'Adrien. Et ce dernier avait été forcé de le combattre. Quelle ironie...
Face au silence de sa partenaire, Chat Noir tourna enfin la tête vers elle et le cœur de Ladybug s'écrasa sous le poids de la compassion. Ses yeux verts étaient larmoyants et elle se rendit compte que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne se brise entièrement. Pour l'instant, la rage le faisait encore tenir debout mais lorsque Chat Noir sera vide, les conséquences pour lui-même ou le monde autour seraient irréparables. L'attirant contre elle, Adrien se blottit et l'enlaça silencieusement. Seule une larme quitta sa joue pour s'échouer sur celle de la brune. Ladybug réalisa alors que son cauchemar prenait vie malgré elle. Tout ce qu'elle avait fait pour l'éviter, en bien ou en mal, ne l'aurait épargnée du destin tragique de Chat Blanc. Puisque Ladybug n'en avait jamais été la cause.
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sammyjomcl · 5 years
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Pour quelques mots de toi
L'épisode 16 m'a pas mal chamboulée (haha nan sans blague). J'ai écrit quelques mots juste à la suite pour me soulager un peu. Je vous propose quand même ce petit texte qui prend place quelques temps après la fin de l'épisode, point de vue de Su.
***
Mes mains tremblent sur mon téléphone. Je suis sûrement en train de faire quelque chose de stupide mais…
Les jours passent et se ressemblent. Depuis… son départ. J'alterne les moments où je suis en mode automatique et ceux où je suis pétrifiée à l’idée de ne plus le revoir. Mes amis sont toujours derrière moi. Mais leurs efforts pour me réconforter tombent toujours à l'eau.
Je sens les larmes déjà apparaître aux coins de mes yeux. Je n'ai plus rien à perdre alors… je lance l'appel.
Je tombe directement sur sa messagerie. Il n'a jamais enregistré de message perso, l'annonce est faite par une voix robotique. C’est peut-être mieux ainsi, entendre sa voix m'aurait fait du mal je pense. Le bip retentit et au lieu de raccrocher, je décide de parler.
-Nath… je… je sais pas si tu consultes ton téléphone, ni même si tu vas bien mais… si ce message n'est jamais entendu, tant pis. J’avais juste envie… on sait jamais… si tu écoutes ta messagerie… je dois avoir l'air bien pathétique mais… je vais pas le cacher. J’étais dans un sale état quand on a rompu il y a quelques années. Et là j'ai l'impression que ça recommence. Je m’étais promis de ne plus jamais… mais pourquoi ? Pourquoi on doit toujours t'arracher à moi ?
Les larmes coulent à flots sur mes joues. Je m'en fiche. Il n'entendra peut-être jamais ces mots.
-J’espère juste que… tu vas bien. Ou que tu sois. Blanche va bien même si tu lui manques. Et Ambre fait bonne figure.
J’ai envie de continuer à dire tout et n’importe quoi mais je sais que le répondeur va bientôt me couper.
-Je pense à toi… tout le temps. Mais ça tu le sais n'est-ce pas ? Prends bien soin de toi… Je renoncerai pas à toi Nath…
Je raccroche tant bien que mal tant mes mains tremblent et les larmes ne me laissent plus voir grand-chose.
Je balance mon téléphone sur le lit. Sur son lit. Je traîne des que je peux dans cet appartement. Ça me fait mal mais je ne peux pas m'en empêcher et j'essaie de tenir compagnie à Blanche. Jusqu’à ce que je m’endorme, épuisée d'avoir trop pleuré.
Je sors de l'amphi comme un robot. C'est devenu une habitude. Je sursaute quand je vois que je suis attendue.
-Ambre…
-Salut…
Elle me regarde avec précaution. Je dois pas être belle à voir.
-Je peux pas rester longtemps mais j'ai reçu quelque chose pour toi.
Elle me tend une enveloppe. Rien n'est marqué dessus. Je la regarde, confuse.
-J'ai eu une lettre de mon frère. Enfin… juste une phrase quoi… pour me dire de ne pas m’inquiéter.
Elle essaie d'esquisser un sourire mais c'est surtout la tristesse qui se montre sur son visage.
-Je te tiens au courant si… j'ai des nouvelles plus détaillées.
Je ne fais qu’hocher la tête et elle s'en va. Je fixe l'enveloppe qu'elle m'a donnée. Chani s'approche de moi.
-Su'… on…
-Désolée Chani mais… je dois filer dans ma chambre. Je te contacte plus tard !
Je pars en courant, manquant de pousser certains étudiants qui me regardent sans nul doute comme si j’étais dingue.
Les quelques mètres qui me séparent de ma chambre me paraissent bien longs. J'ouvre la porte à la volée et la referme derrière moi bruyamment.
Mes doigts sont crispés autour de l'enveloppe. J'ai peur de l'ouvrir mais… je dois savoir.
Je sors ce qui se trouve à l’intérieur. Une photo ? Quand je vois de quoi il s’agit, mes genoux se dérobent sous moi et me voilà au sol en larmes.
Je tourne la photo et y découvre quelques mots.
« Il n'y a toujours que toi dans mes pensées. A chaque seconde. Ça ne changera jamais. J'ai cru t'avoir perdue pour de bon il y a 4 ans et tu es revenue dans mes bras. Je m’accroche à nos souvenirs ensemble. J’y crois très fort. Si toi aussi… rien n'est impossible n'est-ce pas ? ��
T'es qu'un idiot Nath… mais… moi aussi je vais m’accrocher. J'ai pas de solutions aujourd’hui mais je vais continuer à chercher.
Je suis toujours morte de peur mais la boule au ventre que je porte depuis qu'il est parti s'est allégée. Je regarde la photo qu'il m'a envoyée. Je ne savais pas du tout qu'il avait gardé la peluche chat que je lui avais confectionnée au lycée. Elle a bien entendu un peu vieilli. Et dire qu’il l'a prise avec lui ! A se demander qui de nous deux est le plus sentimental.
Mes joues sont trempées de larmes. Je sais que j'en verserai d'autres. Mais je vais me ressaisir autant que possible. Pour lui. Pour nous. Je dépose la photo sur mon bureau.
Je pense que, pour la première fois depuis des jours, je vais passer voir Chani pour aller grignoter quelque chose. J’essuie mes larmes et jette un dernier coup d'œil à cette photo, mon nouvel espoir, avant de passer la porte.
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lekintsugihumain · 5 years
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Lis ce texte, tu sera au coeur de mon coeur de ma tête.
Tu comprendra si je me fou en l’air
Parfois je veux crier....
JE SUIS PAS QUELQU'UN DE BIEN, JE VOUS HAIS TOUS, VOUS OSEZ DIRE QUE VOUS ME CONNAISSEZ MAIS VOUS CONNAISSEZ MÊME PAS 1% DE MES SENTIMENTS. VOUS PENSEZ TOUS QUE MON SOURIRE EST FRANC, QUE MES RIRES SONT HONNÊTES. NON PUTAIN. JE VOUS HAIS TOUS. TOUS. AUTANT QUE VOUS ÊTES. VOUS OSEZ DIRE QUE VOUS M'AIMEZ.
VOUS POUVEZ PAS AIMER LE MONSTRE QU'EST EN MOI. J'SUIS UN PUTAIN DE MONSTRE. UNE BOMBE À RETARDEMENT. Y'A UNE GRENADE LÀ EN MOI. J'VAIS VOUS EXPLOSER À LA GUEULE, ET LÀ VOUS COMPRENDREZ, JE SUIS PAS UNE BONNE PERSONNE PUTAIN.»
Moi je comprends plus rien aux gens, on passe des moments ensemble qui semblent être importants puis ensuite plus de nouvelles, changement de comportement et de discours. J'ai même plus envie de m'investir dans n'importe quelle relation puisqu'au final on est toujours pris pour des cons. Les gens nous font croire qu'on compte pour eux et qu'ils sont là pour nous mais c'est faux, et ça me dégoûte de la race humaine. Comme ci il n'y avait que des sans cœurs… Comment on peut mentir les yeux dans les yeux? Je peux pas m'exprimer plus, je sais plus quoi en dire.
Je suis dans une de ces périodes où mes relations avec les autres sont super difficiles et douloureuses pour moi, je me sens très seule et nulle et pas aimée, je me sens jaloux et inférieure à tout le monde, incapable d’écouter, du coup je m’isole un peu même si je sais que c’est jamais la bonne chose à faire, la famille me rend anxieuse et triste, les amis je n’y arrive pas, je galère beaucoup avec mon corps je me sens vraiment monstrueux , je suis dans un cercle vicieux qui m’angoisse du coup je m’accroche à des toutes petites choses des plaisirs minuscules, je me sens en colère contre tous les gens qui me semblent plus beaux et plus vivants que moi, parfois c’est plus doux et alors je suis juste mélancolique et ça me dérange pas trop, mais parfois c’est plus violent et c’est très difficile de communiquer...
J'sais pas, j'me sens plus a ma place dans aucune de mes relations J'ai toujours l'impression de gêner, de faire chier les gens.
Je sens que mes pensées prennent trop de place dans ma petite tête
J'ai l'impression que je ne correspond à personne
Je fais genre que je suis en train de vivre ma vie Mais tout les soirs j'pense a des trucs mais tellement horrible, j'ai clairement envie de disparaître, ou de mourir j'sais pas trop à vrai dire
Je fais rien, j'attends Parfois j'ai juste envie de couper mon portable pendant des semaines et je plus parler à personne j’y arrivais pas,
J'sais pas ce que j'attends mais bordel jpasse vraiment ma vie à attendre
J’en ai marre d'avoir des sentiments pour les gens
Jsuis une putain d'éponge et une putain de bombe à retardement
Je vais exploser dans pas longtemps à force de trop imploser
Ça fait des semaines que rien ne sort j'arrive pas à sortir un putain de mot de ce qu'il se passe dans mes pensées J'ai l'impression d'être constamment critiquer, je deviens mais tellement paranoïaque
Je veux juste pleurer Même pleurer j'y arrive pas J'ai la boule à la gorge les larmes aux yeux mais rien ne sort
J’ai l'impression d'avoir tout le malheur des autres sur moi
J'me sens extrêmement vide
Mais en même temps j'suis tellement plein de sentiments différents
Ça en devient effrayant
J'arrive plus à me regarder dans un miroir, j'arrive plus à regarder mon corps Je me dégoûte J'ai l'impression d'être retourner à la case départ
Fin, c'est pas qu'une impression J'suis réellement retourner à la case départ
Mes tca viennent et partent c'est l'enfer, j'ai perdu j'sais pas combien de kg depuis septembre.
Mon hypersensibilité et ma bipolarité me rende un peu la vie dure
Les personnes que j'ai perdu me hante mon passé mes trauma.
Je dors super mal que des cauchemars, je fais des crises d'angoisses, d'épilepsie.
On approche de Noël tout le monde en parle et si tu savais à quel point je déteste cette période.. que penses-tu que ça fait quand ton premier amour s’est suicidé en partie de ta faute et que ce jour là tout le monde fait la fête autour de toi et que même si de base je n’aime pas cette fête là et ben ta sensation que tout le monde est contre toi car tout le monde est contre toi car ils ne comprennent pas et du coup tu es seul littéralement oui je m’en suis toujours pas remis totalement mais on s’en remet jamais je crois
Pourquoi personne n'a jamais voulu me perdre moi ? Pourquoi personne n'a jamais eu envie de forcer le destin pour que je revienne dans leur vie ? Pourquoi suis je aussi peu significatif ? Pourquoi j'accorde trop d'importance à ces gens là ? C'est vrai, il se battent pas pour moi, pourquoi je devrais continuer à me battre pour eux. J'me force, mon coeur lui il veut pas ça. Mon coeur me cris de faire quelque chose, de trouver une solution pour arranger ça. Ma tête lui met une gifle et lui dit "Non putain, c'est pas à toi, c'est pas a toi de faire ça, imprime cette fois!".
J'suis désolée. J'suis désolée d'être moi. J'suis désolée d'être comme ça. D'être amoché de l'intérieur. J'suis invivable au quotidien. Et je te demande pardon. Pardon pour tout ce que tu endures pour moi et ce que tu vas endurer. Mais t'es pas obligée de rester tu sais. Je comprendrais. Je dis ça à toi comme je pourrais le dire aux autres gens que j’aime qui sont là pour moi
Je me sens vraiment mal, j’ai l’impression que plus rien ne va, je me sens seul, trop seul et j'en peux plus. J'ai l'impression de m'éloigner de tout et de tout le monde, j'ai l'impression de plus du tout avoir ma place nul part… J'aime pas me plaindre et dire quand ça va pas et je vais surement le garder encore une fois pour moi jusqu'à exploser comme d'habitude. Mes idées noires reviennent, le genre qui me dit que ça sert plus à rien, le genre que j'ai eu bien trop souvent. J'ai l'impression que tout ça est sans fin, que j'arriverai jamais à surmonter tout ça entièrement. Parfois je me demande si il y a vraiment une fin à tout ça, je sais bien que c'est normal d'aller mal par moment mais ça fait beaucoup trop là. Et tout, le peu de discussion que j'ai avec des gens, le fait de rester chez moi, les storys, ou tout le reste me rend de plus en plus mal. Je me sens inutile, remplaçable et tellement con.
J'ai envie de disparaître, je veux en parler à personne et en même temps le crier à la terre entière.
Je suis mal et profondément suicidaire et ça fais trop longtemps que j'ai l'impression que tout ne tient qu'à un fil.
Je vais faire comme d'habitude, rien dire et endurer, laisser passer ces envies noirs qui me bouffent sans cesse. Laisser passer l'envie atroce de tout abandonner.
Me taire et encaisser. C'est pour ça que j'aime pas dire tout ça, parce que je préfère me taire et laisser les gens penser que quand je souris et rigole tout va bien. Je prie en silence pour que tout s'arrête, d'une manière ou d'une autre.
Et si ça dure j'y mettrai fin moi-même.
Je suis là j’ai la flemme pour tout pour tout j’ai perdu toute envie toute passion tout ce que je fais, même les choses les plus anodines c’est devenu comme fade pour moi
Je prends plaisir à rien et j’ai la flemme concrètement je pourrai être là qu’à rester dans mon lit pendant des heures et ne rien faire et ça c’est bien connu que c’est un des premiers signes avant-coureurs de la dépression et c’est pour accentuer le fait de la gravité du truc je le dis comme ça on pourrait dire mais non c’est rien mais si enfaite car tu sais c’est un truc domino je sais que si je commence à rentrer dans des actions des comportements negatif bah ça va s’empirer de plus en plus par exemple je ne sors plus de chez moi vraiment je ne vais plus voir les gens je propose plus rien parce que on propose des trucs et les gens ne veulent jamais ou bien il se trouve des excuses parce que ils ne sont même pas honnête et ne sont même pas capable de dire les choses ou alors ils annulent finalement
je vais même plus en teuf je pourrais sortir tous les soirs et j’en ai pour plus envie j’en éprouve plus la force avant je pouvais aller faire des soirées plein par semaine et puis maintenant je suis devenu casanier c’est la merde je ne suis plus rien à part rester chez moi j’ai totalement changé je redeviens anxieux socialement je suis plus capable de sortir et encore moins seul alors qu’avant j’y arrivais très bien j’avais tellement progressé pour apprendre à gérer cette solitude mais j’ai impression que tout est retombé en fait
Après le gros point noir surtout c’est ma vie sentimentale mais ça j’ose même pas en parler parce que c’est tellement honteux je suis tellement une merde genre tu vois avec Faustine c’est vachement compliqué et puis tu as d’autres filles d’autres mecs c’est à présent je pense la personne qui m’aime le plus au monde et et putain en fait je suis une merde sérieuxJe pourrais même pas te raconter parce que tu me détesterais genre je suis quelqu’un de détestable et puis même si je le voulais je pourrais pas t’expliquer même moi je me comprends pas moi-même c’est ça le plus effrayant c’est que j’ai impression d’être spectateur de ma propre vie tu vois si tu connais le sentiment de dépersonnalisation après ça c’est encore autre chose
Mais pour te résumer je fais le mal que je voudrais pas faire et j’arrive pas à faire le bien que je voudrais faire je suis incapable de donner de l’amour aux gens de leurs apporter des bonnes choses je sais pas je suis un ouragan
Après j’en dis déjà beaucoup mais c’est vrai que niveau de tout ce qui est sentiments et tout ça c’est ce qui me bouffe le plus si tu voulais je pourrais développer mais t’expliquer vraiment parce que je pense en être capable mais voilà quoi
Si tu as lu tout ça t’as vraiment du courage
Mais tu vois j’ai tellement peur de la mort que ça me donne envie d’en finir en fait je pense au suicide même pas par tristesse ou quoi Mais plus par fatalité
Et juste je le sent arriver que un jour je me contrôlerai plus et que je peterai un Cable et que je vais faire ce que tu sais
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sombrepetiteconne · 5 years
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Excuse moi.
Le pire dans tout ça, c'est que je t'ai déçu. J'ai changé le regard que tu portais sur moi. L'amour c'est tellement compliqué parce qu'il est changeant. Il y a des jours où l'on s'aime plus ou moins. Hier soir, tu m'as même détesté et aujourd'hui c'est encore pire : je te dégoute. Je ne sais plus quoi faire, je vais changer, je vais faire des efforts : pour toi. Parce que je crois en nous et je sais qu'on est capable d'avoir un avenir et que notre futur pourrait être merveilleux, tout les deux. J'ai l'impression d'être une moins que rien quand tu ne m'aimes pas. Tu es la seule personne qui a réussi à me rendre importante à ses yeux, pour de bons, pas juste par intérêt. Au creux de mon ventre, il y a une boule d'angoisse au beau milieu d'un triste vide et moi, j'erre entre le stresse de te perdre et la tristesse de n'être qu'une merde. Reviens vers moi, je vais tout faire pour te plaire, pour être parfaite. J'ai besoin de toi, tu as besoin de moi. Je vais saisir la chance que tu me donnes, je te le promets, mon amour.
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refletdemespensees · 3 years
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Lorsque qu'on a touché le fond, on y reste
Depuis plusieurs années, je fonctionne sur une modèle bancal. J'enchaine des périodes d'isolation, ou je me coupe du monde et lorsque que j'en ai assez, je vis jusqu'à m'en bruler les ailes.
Je n'ai aucun projet, aucun rêve que ceux qui se présentent à moi dans le moment présent. Je n'ai pas réussi à créer de choses véritable car dès que j'arrive à un des résultats, je fais un burn out et j'abandonne tout ce quoi j'ai travaillé.
Je ne fais que réagir à ma vie, comme un avion en papier balloté par le vent je finis toujours par me crasher. C'est tellement ancré dans ma mentalité que je vais finir par perdre que je me le suis même tatoué sur ma peau. Tragique idée que celle que j'ai de la liberté.
Je suis addict aux situations temporaires. Rêvant toujours de mieux, je snobe ce qui est en face de moi, alors que je ne fais rien pour mériter mieux. On a que ce qu'on a. Si mes plantes sont mortes, c'est parce que je n'ai pas fait le nécessaire pour les entretenir. Si mon rêve est mort c'est parce que je ne vis même pas moi-même.
Cela fait des mois que je parle de changer de boulot, et pourtant je n'ai même pas osé refaire un CV, postuler ou même regarder à des annonces. Je me cache derrière un comfort relatif alors que je sais pertinemment que ma qualité de vie n'est pas à la hauteur de mes standards.
Prendre soin de soi. Vivre sainement. J'ai l'impression d'avoir vécu les deux dernières années dans un trip permanent. La tête sous l'eau, flottant comme un poisson débile au gré des courants. Et je n'ai jamais eu l'esprit aussi clair que maintenant.
QU'est-ce que je veux? Quelles sont me priorités? Quelle est la première action que je dois faire pour redevenir quelqu'un dont je suis fier?
Un problème que j'arrive à cerner avec distinction est mon manque d'engagement dans tout. Dans mes intéractions sociales, dans mon boulot, dans mes opinions politiques, dans ma vie en général. Les symptômes sont considérables. Je vis dans le laisser-aller.
Je n'avais plus changé de fringues depuis 2 ans. J'ai laissé poussé mes cheveux si longs avec des vielles dread locks. Et j'avais le culot de vanner mon pote Benoit. Quelle impudence! Je crois que le pire dans mon attitude fut mon retrait pur et dur des relations sociales. Et ca n'a pas commencé avec le covid-19. Ca date d'il y bien avant. Depuis que je suis revenu en Belgique après le vietnam, non même avant : depuis le Vietnam. La perspective de rentrer en Belgique a rouvert mes vielles blessures, mes vieux démons et j'ai fini par me recroqueviller en boule au fond de moi même.
Je me suis refugié dans l'écriture et la surinterprétation de mes pensées, j'ai fini par croire que j'avais un don et j'ai TOUT misé la dessus. Mon seul hobby. Moi, Henry sans amis. Je me suis distancié de tout ce qui faisait la société. Lorsque j'étais à Florence, j'ai littéralement passé un mois tout seul, à éviter les contact sociaux, vivant seulement sur les restes de mon réseau. Est-il encore vivant? Que reste-t-il de ces gens dont j'ai ignoré les textes, ces femmes sur lesquelles je fantasmais sans même me donner l'ombre d'une chance? Ils ont tous fait leur vie, et moi j'ai sombré.
J'ai fini par me trouver le job qui convenait le mieux à mon nouveau statut d'asocial: Réceptionniste de nuit au Club Med au milieu de la montagne. Et là, je me suis mis en couple avec la meuf parfaite pour moi, une fille perdue qui ne cherchait qu'a fuir son monde. Vivant dans le déni. On s'est vraiment bien trouvés. Puis la pandémie est arrivée, la situation s'est enlisée et j'ai tout mis sous le dos du COVID, quelle merveilleuse excuse pour fuir ses responsabilités. Le problème, c'était moi.
Dans le fond les excuses sont faites pour s'en servir et tout ce que j'écris à l'heure actuelle s'est certes passé dans ma tête, mais a eu des conséquences incroyables dans ma vie. J'ai passé mon temps à fuir quelque chose sans même penser que je pouvais construire quelque chose d'autre. Imbu de moi-même, j'étais persuadé que les choses tourneraient d'elles-mêmes en ma faveur. Mais ma seule richesse et la seule chose qui m'a fait tenir flot durant cette période longue et douloureuse ce sont ces amitiés incroyables, ces gens qui n'ont pas douté de moi une seule seconde même lorsque je suis parti dans le pire de mes délires.
Comment j'ai pu me laisser aller comme ça aussi longtemps? Qu'est-ce qui m'a poussé dans cette torpeur à la base? J'ai l'impression que ces questions n'ont plus aucun sens.
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lasalledesarchives · 3 years
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Syndrôme pré-menstruel et maternité qui n'en fini plus
Je passe la semaine chez mes grand-parents à la campagne. Ils sont vieux. Rien d'inhabituel pour des grands-parents, mais j'ai l'impression que les miens vieillissent particulièrement vite.
Mon grand-père est très certainement atteint de la maladie d'Alzheimer bien que les diagnostics semblent plus flous les uns que les autres. Pour faire simple, parfois, souvent, il déraille. Je pense qu'il s'en rend compte de temps en temps mais suffisamment rarement pour ne pas que sa propre situation l'attriste. Je l'écoute et je l'observe beaucoup depuis que je suis arrivée. Il semble revenir à l'état d'enfant parfois. D'un côté, ça me fait rire, puisqu'il redevient taquin, il fait des blagues, rechigne à finir ses légumes ou rit volontiers au moindre trait d'humour. Mais d'un autre côté, j'ai de la peine pour ma grand-mère qui redevient mère d'une certaine façon : "Mets ton pyjama, c'est l'heure d'aller au lit", "Fini tes haricots verts", "C'est l'heure de la douche".
De la même manière que je trouve tout à fait injuste d'avoir une semaine de tranquillité par mois quand je réalise que le reste du temps j'ai soit mes règles, soit une période d'ovulation ou un syndrome pré-menstruel assez contraignants, je réalise que la vie d'une femme se résume à une période très courte pendant laquelle elle a la paix encadrée par deux longues périodes pendant lesquelles elle s'occupe soit de ses enfants, soit de son mari.
Calculons donc. Ma grand-mère s'est mariée à 19 ans, elle a eu ma mère dans la foulée, puis mon oncle, puis ma tante qui est aujourd'hui âgée d'une quarantaine d'années. Elle a très certainement quitté le domicile familial il y a 20 ans. Mon grand-père a commencé à perdre la boule il y a une dizaine d'années. Elle a donc été mère, soit de ses enfants, soit de son mari, pendant la majorité de sa vie. Elle aura eu 10 ans de tranquillité. A tout casser. Tu parles d'une affaire...
Bon, j'ai bien conscience que je peux difficilement comparer la vie des femmes d'aujourd'hui à celle de ma grand-mère qui est d'une autre génération, mais je pense qu'il faut tout de même veiller au grain. Car un jour, on se réveille et on se retrouve à l'automne d'une vie au cours de laquelle on s'est occupé de la terre entière avant de s'occuper de soi.
P.S : Ce billet n'est pas drôle, certainement trop personnel et pas très bien écrit. Mais j'avais envie de l'écrire, pour moi, et je pense que c'est une raison suffisante pour le publier.
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bornutyboisson · 6 years
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Au dessus de nous , du côté de la frontière
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(Trilogie trouble
de l'économie politique du voyage
(3)Au-dessus de nous, du côté de la frontière
Quand je vois un arbre
j’ai envie de vomir
Graffiti punk sur un mur de Paris au début des années 80
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Il y a eu des orages ce matin et encore cet après-midi, un peu plus loin, au-dessus de nous, du côté de la frontière, ou alors le réseau est dans un état déplorable. Ou bien les deux. Pour la quatrième fois aujourd'hui, tout a sauté dans le village. 
Au moment de la coupure, comme il est 20 heures, Sylvain n'y voit pas plus loin que le bout de son nez et il fulmine.
Ces colombiens, incapables de rien. Je n'ai pas de temps à perdre avec ces interminables coupures. J'ai des auditeurs moi !
Il marche de long en large dans la cour de l’hôtel plongée dans la pénombre seulement éclairée par un portable. Nerveux, il marche, avec à la main, son ordinateur ouvert et ses écouteurs sur les oreilles. Avant la panne, il était en train de visualiser sa chronique quotidienne et de vérifier s'il n'y avait pas des erreurs, afin de la mettre en ligne sur  Youtube. Sylvain est un voyageur blogueur. 
J'ai plusieurs milliers de followers, m'avait-il dit en bombant la poitrine et avec un sourire qui se voulait complice parce qu'il connaissait mon blog.
Putain ces cons, s'ils croient que j'ai que ça à faire. Je n'ai même pas le temps d'aller à la plage, moi. Et voilà  qu'il coupe mon électricité !
Il parle à son propre visage figé sur l'écran depuis qu'internet a été brusquement coupé. Étant donné son regard fixé sur son image, il ne peut voir une chaise et butte dessus. Son ordinateur glisse de ses mains et s’apprête à tomber tandis que son casque s'échappe de ses oreilles, mais avec  vivacité, il saisit l'ordinateur dans sa chute, le referme et le colle sur sa poitrine.
Ouah putain, un mac à 2000 boules. Il l'embrasse puis pose le précieux ordinateur et les écouteurs sur notre table et souffle comme s'il venait d’échapper à la mort.
Il manquerait plus que ça, casser ce bijou qui m'a coûté les yeux de la tête. Qu'est-ce que t'en penses dit-il à Moshe assis en face de moi, et qui, avant la panne électricité, caressait les tétons de son petit ami Alberto assis sur ses genoux. Il est temps de quitter ce trou à rat. A Capurgana, je ne peux pas travailler dans de bonnes conditions moi.
On est bien ici dit Moshe tout en continuant à titiller  les tétons d'Alberto. Medellín est une grosse ville, pas trop mon trip en ce moment.
Même s'il ne parle pas français, Alberto à l'air de comprendre et, dans l'ombre, je le vois poser une main sur ses couilles. En tout cas, c'est ce que j'imagine assis de l'autre côté de la table en devinant plus qu'en voyant la main d'Alberto plongée entre les cuisses de Moshe.
Vous allez arrêter de vous tripoter tous les deux. Il y a pas que ça dans la vie, s’énerve le blogueur
Mais si, mon cher Sylvain, il n'y a que du cul dans la vie surtout pour les pédés AHAHA. J'adore le cul ! Les pédés juifs, tu trouveras pas mieux comme obsédé sexuel, dit-il avant de lécher le cou d'Alberto. Et en aparté, théâtralement, il dit, ma petite maman juive, ton chéri adoré de fils est un obsédé sexuel HAHAHA.
J'en ai marre fait Sylvain en reprenant son ordinateur. Je retourne me reposer dans la chambre. Je te laisse avec ta maman juive. C'est la meilleur des mamans pour emmerder un fils. Salut fait-il en disparaissant dans la chambre.
On s'en boit un ? dit Moshe en sortant la bouteille de whisky de sous la table. On boit à la santé de ma sainte mère qu'est toujours vivante et qui  espère encore  me marier.
Oui je fais, je ne savais pas que tu avais ça avec toi. Ici c'est hors de prix le whisky. Je ne bois que de l'aguardiente.
C'est ma dernière bouteille acheté à Carthagène les garçons, il n'y en aura pas d'autres, alors on y va mollo. Et pour mieux se contredire, il nous sert des triples doses.
Pour la quatrième fois dans la journée, on entend le démarrage d'un moteur  qui tousse puis celui-ci prend son rythme de croisière. Grâce à la mise en route du groupe électrogène de l’hôtel, la lumière revient.Sylvain et Moshe voyage ensemble en Amérique du Sud depuis un an et demi. Ils arrivent de Carthagène où Moshe a rencontré Alberto, un vénézuélien. Il a fui son pays où il était étudiant à Caracas. J'ai pas l'impression qu'il ait beaucoup d'argent et a 20 ans de moins que Moshe. Parfois il a l'air ailleurs, loin de nous,  mais c'est peut- être seulement l'âge qui veut ça ou bien le fait d'avoir quitté son pays.Au moment où Alberto et Moshe commencent à se bécoter, je me retourne car j'ai cru entendre du bruit. Et en effet c'est eux. Ils sont rentrés en silence dans l’hôtel, en longeant quasiment les murs, comme des ombres de la nuit. Ce sont un érythréen et des congolais de Kinshasa habillés de bric et de broc, portant des hautes bottes de plastique, excepté une petite fille d'à peu près trois ans qui, elle, porte des sandales. L'érythréen est très beau, 20ans tout au plus, avec des yeux bleus comme la mer des caraïbes. IL parle un peu en Anglais, les autres en français. Ils connaissent aussi quelques mots en anglais mais ils n'ont pas, eux, le temps d'apprendre l'Espagnol. John le mécano de Kinshasa me salue de loin. Il m'a raconté son histoire ce matin au moment de la deuxième coupure de courant et alors qu'il attendait de passer la frontière du Panama par la montagne, mais le guide n'est jamais venu les chercher alors ils restent une nuit de plus dans notre hôtel, la police colombienne leur ayant dit que c'était le moins cher du village et ils payent en dollar. Ça fait trois semaines qu'ils sont partis de Kinshasa via un avion pour Quito en Équateur et leurs réserves d'argent fondent comme neige au soleil. Le soleil ici, il y en a beaucoup. L’érythréen s'est joint à eux à Turbo, au moment de prendre une lancha pour traverser la mer, et, arrivé à Capurgana, un village colombien du bout du monde, à la frontière du Panama qui fait tant rêver les touristes, dont moi. Ici, il n'y a que la mer, des plages, une immense jungle, de la petite montagne et il n'y a pas une seule route sur une centaine de km, voire plus.
A Turbo, à 80 km d'ici, ils sont partis de nuit sur une lancha sans lumière, ils étaient une trentaine. Quatre heures de bateau à fond, en passant par un bras de mer envasé puis la haute mer pour éviter la police et l'armée à l'entrée de l'estuaire. La lancha est un bateau tout en longueur et sans tirant-d'eau. Sur une mer d'huile, c'est un plaisir de navigation, il glisse.  Mais dès qu'il y a un peu de houle, c'est l'enfer. Ils ont cogné des vagues pendant 4 heures. La petite en sandale était dans un triste état, pleurant d'effroi pendant tout le voyage. Quand ils ont débarqué, leurs muscles criaient de douleur. Les 4 policiers du villages les ont récupéré aussitôt.  Après vérification des papiers, la trentaine de migrants africains mais aussi indiens et pakistanais se sont répartis dans différents hôtels, les plus pauvres dormant sur la plage ou sous des cahutes, quand la nuit éclatent des orages.
J'ai un frère à Paris m'avait dit John pendant notre conversation du matin.
Dans quel arrondissement habite-t-il John j'avais demandé. Moi aussi je suis de Paris.
Je ne peux pas te le dire. Paris, banlieue, tout ça c'est la même chose pour moi. C'est la France. Au dernier moment je ne sais pas pourquoi, j'ai cédé à mes amis, Je suis parti avec eux en Amérique du Sud. Ils m'ont dit que c'était plus facile que l'Europe et la France pour rentrer aux Etats-Unis ou au Canada et trouver du travail. Maintenant, je regrette.
Il m'avait présenté sa femme qui tenait  son enfant dans ses bras.
Bonjours j'avais dit poliment, mais elle n'avait pas répondu. Je voyais bien qu'elle en voulait à son mari. Elle était sur un autre continent dont elle ne parlait pas la langue, dans un endroit totalement isolé, avec très peu d'argent, dans une précarité qui ferait trembler les plus courageux et leur fille était dans la même galère qu'eux. Enfin elle m'avait dit quelques mots dans la langue de son pays mais à aucun moment elle avait souri.  Comment pouvait-il en être autrement ?
C'est pour quand John ? j'ai demandé quand il est passé à côté de Moshe et D’Alberto.
Je ne sais pas.  On nous a dit qu'il y aura encore des orages cette nuit. Peut-être demain alors. On va se coucher, bonne nuit.
Bonne nuit aussi  John et bonne chance surtout si on ne se revoit pas.Alberto et Moshe étaient torse nu et ils étaient excités. J'ai bu la moitié de mon verre et, sous cape, j'admirais ces deux corps enlacés dont l'un était effrontément jeune et souple et l'autre, couvert de tatouages, était dans la plénitude d'une existence dont le corps n'avait pas trop subi de démolition. Je ne crois pas qu'ils avaient remarqué la présence de John et des autres migrants. Ils s'étaient levés et, Alberto, comme une liane, avait une jambe relevé et enlacé autour de la jambe de Moshe. Moshe le tenait à pleine fesse. 
Je suis sorti de l’hôtel pour aller chercher deux enpanadas  au poisson.
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Le lendemain matin, Sylvain m'attendait à la table du petit déjeuner dans la cour de l’hôtel.
Profitons de cette splendide journée sans pluie pour aller visiter la réserve del Cielo avait-il dit en verve. Mes auditeurs attendront ma chronique un jour de plus. Cela ne leur fera pas de mal. Et puis il faut bien que je prenne des notes pour mon prochain livre. Les enfants de Peter Pan.
j'avais pas beaucoup dormi mais j'étais plus en forme que les autres nuits. L’électricité avait été coupée deux fois dans la nuit et sur le coup de 3 heures, elle était enfin réapparue sans autre coupure jusqu'au petit matin. J'avais donc pu dormir  grâce au fonctionnement des ventilateurs.
Avant de dormir, avec Moshe et Roberto on avait été danser à la brujita, le petite sorcière, la boite de nuit construite sur pilotis au-dessus de la mer, un lieu sublime. Ils passait les musiques des Caraïbes. Musica crossover ils appellent ça ici, et Roberto dansait comme un dieu, beaucoup de garçons et de filles l'admiraient et cela rendait fou de jalousie Moshe qui ne lui avait  pas adressé une seule fois la parole, au lieu de quoi il était resté au bar, en ma compagnie, tous en suivant des yeux un Alberto dansant, prodigieux et absolument parti sur une autre planète. Ils ne s'étaient réconciliés qu'à la fermeture de la petite sorcière. Je les avais laissé sur la plage, dans les bras l'un de l'autre.
Moshe arriva à la table du petit déjeuner, torse nu, les cheveux en bataille et une cigarette à la main, sans nous saluer il alla la fumer sur le trottoir de l'hôtel.
Ça, c'est une belle nuit les amis dit-il de retour dans la cour
Vient prendre ton petit dèj ordonna Sylvain. On va visiter la réserve El Cielo, il parait que c'est superbe. Nous partons dans une heure. Dépêche-toi et vas réveiller ton Adonis. Moshe donne-moi une cigarette.
Quoi dans une heure, mais mon chéri ne sera jamais debout dans une heure. Et puis merde achète des clopes c'est toujours moi qui les paye. Normalement, c'est moi le juif pas toi HAHAHA.
D'accord. D'accord, c'est moi qui achète le prochain paquet. Mais bon soit pas chien. Offre moi une clope.
Grand cœur Moshe tendit son paquet puis il alla réveiller son amoureux.
Bornu tu es prêt me demanda-t-il en allumant sa cigarette à la table alors qu'il est absolument interdit de fumer dans l’hôtel, même dans la cour. J'ai rien dit. J'avais tellement fumé dans ma vie, je le comprenais.
Oui tout à fait je viens avec vous.
En fait tu ne m'as pas dit ce que t'en pensais de mes chroniques.
J'ai pas encore eu le temps de les écouter, j'ai menti. Mais promis, ce soir je prendrai le temps.
J'avais écouté une chronique la veille, avant d'aller à la petite sorcière. C'était celle sur la finale de la coupe du monde de football  entre la France et la Croatie. Je n'aimais pas beaucoup sont état d'esprit bien dans l'air du temps. Il avait une pensée que j'appelle le truquisme et le complotisme. Il disait que la finale était truquée et que ceux qui regardaient le foot étaient des moutons et des cons. Hélas il avait tort au moins sur le premier point. Les français avaient gagné à la régulière, en étant petit joueur, en refusant d'attaquer, c'était un jeu absolument laid, fondé uniquement sur les erreurs de l'adversaire, aucun panache, aucune prise de risque. La France et son entraîneur, le laborieux Deschamp était une honte pour le football, il ne faisait rêver personne. C'était le même cauchemar que la coupe du monde 98 que Deschamp avait déjà gagné comme joueur avec une équipe qui avait refusé le jeu. Par deux fois l'équipe de France avait montré qu'elle n'était pas présente pour enchanter le monde mais pour gagner à n'importe quel prix ! Il y avait en effet de quoi détester ce consensus qui s'effectuait au lendemain des victoires. Seulement Sylvain ne parlait pas tant de foot que des imbéciles et des cons. Il y avait quelques chose du donneur de leçon dans ce qu'il disait. Mais il le disait bien, il était à l'aise devant l'écran, sa cigarette à la main (ou la cigarette de Moshe), les mots lui venaient facilement et tout n'était pas faux dans ce qu'il disait, loin de là. Notre chroniqueur avait quand-même entre trente et cinquante milles followers, beaucoup plus que je pouvais rêver en avoir sur mon  propre blog.  
Une heure après, je ne sais par quel miracle, nous étions en route pour la réserve Del Cielo située dans la forêt à une heure de marche du village.
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Pour ceux qui pénètre pour la première fois dans  ce type de forêt, c'est un émerveillement. 
La forêt en elle-même est un mythe dont le cœur est l'arbre, grand seigneur végétal sans lequel aucun monde terrestre n'est possible. L'arbre parle, raconte des histoires, de nombreuses histoires. Il fait peur et il rassure à la fois. Si l'arbre est perte d'horizon, il est aussi celui qui accepte qu'entre ses racines un chemin conduise à un nouvel horizon. L'arbre devenu forêt est matière à rêver et on ne rentre jamais dans la foret sans une certaine appréhension.
Après avoir visité la réserve del Cielo, Sylvain marche en tête, fier comme un paon, avec une canne qu'il s'est fabriqué dans un solide morceau de bois. Il porte un sac à dos qui semble lourd tant le tissu est tendu à craquer. Il a mis  des chaussures de marche, Moshe et Alberto le suivent. Ils sont en tongue et débardeur. Ils se sont faits des cannes avec des bambous trouvés à côté de la cascade. Je suis derrière, moi aussi avec une canne en bambou et des sandales et, comme je ne vois pas souvent ce type de forêt, j'ouvre grand mes yeux. Sylvain s'est arrêté. Il nous fait face, en tenant sa canne comme un monarque, puis il la dirige vers une plante dont les feuilles ont des veinules rouges.
C'est quoi ça, hein c'est quoi ça mes compagnons demande-t-il. Vous ne savez pas ?
Et comme personne ne répond , il dit avec un accent français à couper au couteau.
El Corazon de Jesus. Je vous traduis ?
Non j'ai dit spontanément et j'ai été surpris. Moshe l'avait dit en-même temps que moi. Cela a produit une cascade de rire qui entraîna Alberto, même si je ne suis pas sûr qu'il nous ait compris. 
Sylvain resta droit comme un piquet, son morceau de bois planté dans le sol et le regard tourné vers les cimes des arbres, comme si nous n'existions pas.
Ignare dit-il vous êtes tous des ignares.
Il reprit sa marche sans se soucier de nous, levant sa canne et donnant des noms aux arbres et aux plantes, tandis que derrière lui, nous marchions en nous tordant de rire. Nous n'étions pas respectueux. Sylvain n'avait aucune autorité et je le pensais si imbu de lui-même que je le croyais près à un coup de folie. Mais non, il nous laissa rire jusqu'à ce que nous nous en lassions, puis il s'est arrêté de nouveau devant une rivière où, détendu, il nous a souri. Je crois que je n'avais jamais vu ce genre de transformation sur le visage d'une personne. Sylvain si sérieux d'habitude, avait un sourire profondément énigmatique et sincère. Depuis que j'avais fait sa connaissance, je ne trouvais pas ce type sympathique, mais sans hésiter, à ce moment-là, il aurait pu me demander n'importe quoi, je l'aurai accepté comme si c'était mon meilleur ami. El Cielo est une réserve aménagée à une heure de marche du village de Capurgana, un sentier puis un escalier en bois nous avaient mené jusqu'à une jolie cascade où nous nous étions baignés ensuite nous avions été jusqu'au sommet d'une colline d’où nous avions une vue  plongeante sur l'océan. La forêt était épaisse, les fougères avaient des feuilles de plusieurs mètres de long, les arbres étaient démesurés, il y avaient des quantités de papillons dont un bleu turquoise grand et rectangulaire comme une feuille d'un carnet de poche. Nous avions aussi rencontré une multitude de rivières que nous traversions sans problème car on avait de l'eau en dessous du genou. L'air vibrait intensément et même si nous étions tout le temps à l'ombre, après 5 minutes de marche nos vêtements dégoulinaient de sueur. Le taux d'humidité devait être à 90%. Parfois un rayon de soleil s'infiltrait sous la canopée et c'était un plaisir de sentir cette piqûre de chaleur sur sa peau.Sylvain, volontairement sans doute, vient de s’arrêter sous un de ses rayons de soleil qui lui éclaire une partie du visage. On dirait un clair obscure d'un maître flamand! Je me dis que notre chroniqueur a le génie de sa propre mise en scène, et, de nouveau, je le trouve tel que le voyais auparavant, un rien cynique et hautain.
C'est là qu'on se sépare mes compagnons, profera-t-il. Je continue l'aventure sans vous. Votre chroniqueur a décidé de passer à l'action.
Moshe s'approcha.
Tu es devenu fou ou quoi. Depuis le temps qu'on voyage ensemble, tu ne vas pas m'abandonner comme le Petit Poucet au milieu de cette forêt qu'on dirait sortie d'Avatar. J'ai besoin de toi mon joli compagnon.
Sylvain  lui passa une main autour du cou.
Roberto garda le silence, indifférent à cette scène, il regardait ailleurs, le vol d'un de ces papillons bleu turquoise.
Qu'est-ce que tu veux nous dire j'ai demandé à Sylvain. On est au milieu de nulle part et le seul moyen de sortir du village c'est de prendre une lancha et de retourner à Turbo.
Il ne m'a pas donné de réponse car le coyote est arrivé à ce moment-là  et nous voyant il a aussitôt mis un foulard sur son visage. En Amérique du sud et central, le coyote est le nom des passeurs de migrants. derrière lui, ils le suivaient. Ils étaient plus d'une vingtaine. John le mécanicien de Kinshasa marchait en tête et il tenait sa fille dans ses bras, derrière sa femme portait un énorme sac sur sa tête. Il y avait au moins deux pakistanais ou afghans, plusieurs érythréen dont ce jeune homme aux yeux d'un bleu magnifique et fermant la marche 4 femmes en boubou  portaient, comme tout le monde, des bottes de caoutchouc et des gros sac de plastique noir sur leur tête. Moins d'une heure après avoir entrepris leur marche dans l'immense et très dangereuse forêt du Darien, eux aussi dégoulinaient de sueur.
Buenas dias cria gaiement Sylvain.
Buenas dias répondit le coyote.
J'ai fait un salut de la main à John et à sa femme. Toutes et tous se taisaient. John m'a fait un petit geste en retour.
Comme vous pouvez maintenant vous en rendre compte, notre petite balade dans la réserve del Cielo n'était qu'un prétexte dit-il. J'avais déjà négocié avec ce monsieur et il nous montra le passeur de migrants. Votre chroniqueur préféré a décidé de partir avec ce nouveau sel de la terre abandonné de tous. Oui je m'engage à mes risques et périls. Et rien ne me ferra revenir en arrière. Je pars avec eux. S'il m'arrive quelque chose Moshe, je t'ai laissé une clé USB à l’hôtel avec l'enregistrement de ma chronique d'outre-tombe. Je t'ai aussi laissé mon code dans une enveloppe pour que tu l'envoies sur Youtube. On ne sait jamais, ajouta-t-il bravache. Mais il n'y a aucune raison que je ne rentre pas. Je suis solide comme un roc moi.
Une partie des migrants souriaient, les congolais. Les autres ne parlant qu'anglais, restaient de marbre.
J'ai pris mon passeport, de l'argent ajouta-t-il, mon mac et 5 paquets de cigarettes. Ce monsieur m'a dit qu'après 3 jours de marche il y aura une route. Je rentrerais en avion ou avec une lancha. Je compte être de retour dans 5 ou 6 jours.
Aux anges, il souriait. Je vais leur montrer ce que c'est qu'un vrai chroniqueur. Je vais leur monter ce que c'est que d'en avoir. Je vais faire le buzz  sur Youtube moi et vous verrez, je doublerai ou même triplerai mon audience.
Et il leva le poing comme s'il venait de marquer un but.
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Six jours étaient passés et Moshe fumait comme un pompier depuis qu'Alberto était parti . La veille de son départ, il était allé danser seul  à la petite sorcière, et il avait rencontré un ingénieur de Medellin qui lui avait promis un bon job, la possibilité d'avoir un avenir et ainsi d'aider financièrement sa famille restée à Caracas. L'ingénieur avait un air vieux car voûté et portant une barbe. Je l'ai vu quand ils ont pris la lancha pour retourner à Turbo. Je voulais dire au revoir à Roberto. Il m'avait souvent regarder du coin de l’œil quand il embrassait Moshe et, dès qu'il m'a vu sur le port, il m'a entraîné dans un coin où son ingénieur ne pouvait pas nous voir, il m'avait embrassé à pleine bouche et je l'avais laissé faire. Il m'avait donné ses coordonnée Facebook et Messenger et je lui avais promis de l’appeler quand je passerai à Medellin. Mais nous n'étions pas dupe. L'un et l'autre savions que je ne l’appellerai pas.
Depuis Moshe fumait donc comme un pompier. Mais ce n'est pas seulement à cause d'Alberto. D'avance il savait qu'un jeune vénézuélien de 20 ans, avec le drame qui se passait dans son pays, avec aussi sa jeunesse et ses rêves que peuvent avoir les jeunes, surtout ceux qui fuient leur pays pour des mondes meilleurs, oui il savait, car Moshe n'était ni stupide ni suffisamment amoureux pour ne pas reconnaître dans sa rencontre avec Alberto qu'une amourette de passage, une rencontre certes superbe - car Alberto était superbe - mais qui ne se prolongerait pas au-delà d'une semaine ou deux.
C'est aussi ça, m'avait dit Moshe, les voyages. Des personnes qu'on aime et qui passent. Ce voyage, s'il m'apprend quelques chose de ce monde, c'est  que je n'ai pas d'autres choix que de me contenter de l'éphémère. AHAHA. Alors que l'on parle toujours d'amours éternels. Connerie que l'amour Bornu ! 
Il fumait donc comme un pompier aussi et avant tout parce qu'il n'avait eu aucune nouvelle de Sylvain depuis 6 jours. J'étais aussi inquiet.  Pour lui,  mais aussi pour Johnny, sa femme et sa fille. Ils étaient jours et nuits dans cette immense jungle sans route et sans aucune aide possible de l'extérieur. J'imaginais cette petite fille de trois ans les yeux ouverts dans la nuit. Elle devait être terrifiée. Entre deux coupures d’électricité j'avais été chercher quelques informations sur internet. Par Capurgana, l'année précédente, on estimait à 8000 les migrants à tenter la traversée de la forêt du Darien. On ne connaissait ni le nombre de ceux et celles qui avaient réussi à traverser le Panama et atteint le Costa Rica, ni le nombre de morts. Mais tout le monde sait qu'on ne traverse pas une des forêts les plus dangereuses du monde sans risques et périls. Il ne pouvait en être autrement, il y avait de nombreux morts. Des morts de toutes les guerres et de toutes les misères du monde. Ces migrants pensaient trouver à Capurgana, la petite porte qui ouvrait sur ce paradis des pays occidentaux et en particulier des États-Unis et du Canada et, devant eux, ils ne trouvaient qu'une forêt infernale dans laquelle aucun de leurs cris ne pouvait être entendu. Quel courage et quelle nécessité les poussaient jeunes, hommes, femmes, enfants à traverser la  Colombie et le Panama  en risquant leur vie dans des conditions aussi difficiles et avec si peu de chance d'y arriver ?
Sylvain était ce qu'il était, mais il n'avait pas manqué de cran en les accompagnant. Si son témoignage pouvait servir à quelque chose, on pouvait lui tirer notre chapeau. Mais encore fallait-il qu'il revienne. 
C'est ce qu'il fit.
8 jours.  8 jours il a mis à revenir. 
De retour de la plage, je l'avais retrouvé dans les bras de Moshe. il avait les dents serrés. Il tremblait. Il ne m'avait pas dit bonjour. D'ailleurs, il ne semblait pas me reconnaître. Creusés par les cernes, ses yeux étaient éteints. Sale des pieds à la tête, ses ongles étaient noirs de terre. Il puait. Même d'où j'étais, je sentais son odeur. Et ses vêtements étaient en loque. Il ne devait pas être de retour depuis longtemps. D'un geste Moshe m'a fait signe de le laisser seul. Je suis donc allé à une des tables sur le trottoir et je me suis assis à côté du patron de l'hôtel, un jeune et gros allemand charmant et très serviable. Sa mère était à côté de lui. C'est elle qui avait acheté l’hôtel quand les premiers touristes étrangers étaient venus dans la région, il y avait  seulement 5 ou 6 ans. Avant la région était aux mains des brigands,  des narcotrafiquants,  des Farcs (Force armées révolutionnaires de Colombie) et des paramilitaires* d’extrême droite. Aujourd'hui, on disait la région pacifiée. Si les Farcs avaient bien déposé les armes, les paramilitaires, les brigands, les narcos n'avaient pas disparu. Ça aussi tout le monde le savait. Le nouveau gouvernement comme l'ancien n'avait aucune volonté de changer la situation surtout chez les paramilitaires qui avaient nombre d'amis dans tous les gouvernements.
Je croyais n'avoir plus rien à faire à Carpugana et j'étais décidé à prendre une lancha pour le port de Turbo, dès le lendemain, d'où partaient des autobus pour Medellin.
J'attendais le soir pour faire mes adieux à Moshe et Sylvain. Ceci bien sûr n'était pas dénué de curiosité sur ce qui était arrivé à Sylvain ainsi  que de crainte pour la vingtaine de migrants.
Ce fut une surprise, excepté les profondes cernes sous les yeux, Sylvain avait retrouvé sa superbe. Il semblait encore plus sûr de lui qu'avant son voyage dans la forêt et son sourire, quasi permanent, ressemblait à celui d'un fou prêt à vous découper en morceau. Je me trompais peut-être, parce qu'au moment où il a pris sa tasse de café et l'a portée à sa bouche, il tremblait si fort qu'il en renversa la moitié. En face de lui Moshe buvait une bière. Il avait un regard sombre que je ne lui connaissais pas.
Salut l'écrivailleur m'a-t-il lancé. Alors tu viens aux nouvelles, comme Moshe et comme les autres. On aimerait bien savoir ce qu'il s’est passé. Mais vous n'êtes pas digne de savoir quelque chose.
Je viens vous dire au revoir. Je pars demain matin pour Turbo.  Bien sûr Sylvain, j'aimerais savoir ce qu'il vous est arrivé.
Ce qu’il m'est arrivé rectifia-t-il. Ici il n'y a que moi. Il n'y a donc que moi qui peut raconter les événements.
D'accord ce qui t'es arrivé.
Je raconterai rien. Vous le méritez pas dit-il .
Moshe souffla, tu commences à me les broyer menues, toi et ton ego de superstar. Tu es parti avec eux parce que tu devais faire le buzz avec ta chronique, rappelle-toi. Tu voulais raconter cette histoire de migrants au monde entier. Alors commence par nous.
Non j'ai changé d'idée, je ne raconterai rien. 
D'accord j'ai dit à Sylvain je pars demain matin à 7h30. Bonne route à vous deux, pour la suite de votre voyage.
Moshe s'est levé et m'a pris dans ses bras, un long moment
Prend soin de toi frère dit-il. Ça m'a fait plaisir de te connaître.
De même pour moi Moshe.
Sylvain nous regardait avec une tête d'assassin et de boudeur. Il se leva précipitamment et quitta l’hôtel.
Excuse-moi me dit Moshe, je vais le rejoindre.  Depuis qu'il est rentré, il est plus tout à fait le même.
J'ai préparé mon sac à dos et j'ai été faire un dernier petit tour de Capurgana. Je suis allé jusqu'à la petite sorcière qui était fermé parce que la boîte de nuit n'ouvrait qu'en fin de semaine et me suis assis sur la plage.  Il y avait quelques lanchas amarrées au large. Le long de la côte, on devinait la forêt d'où quelques lumières immergeaient. Derrière ces derniers feux, il y avait l'immensité de la jungle, un no mans land où aucune loi d'état ne s'appliquait et un trou noir de notre monde contemporain dans lequel bien des hommes disparaissaient. Un faisceau de lumière a traversé mon regard, s'est posé sur ma tête, mon corps puis s'est éteint.
Je te cherchais dit-il en s’essayant à côté de moi. Excuse-moi pour tout à l'heure.
Aucun problème Sylvain. Cela n'a pas dû être facile.
Non.
Puis un long silence s'est installé. J'entendais très distinctement le bruit du ressac. Un chien s'est approché de nous et nous a flairé. Sylvain devait être immobile, le regard perdu, le chien s'éloigna. Il prit du sable à pleine main et le laissa couler entre ses doigts puis il reprit la parole.
Tu sais que tu as un beau petit brin d'écriture dit-il, sans doute pour se concilier mes bonne grâces. Mais le ton était vraiment obséquieux
Merci j'ai dit, car peut-être que dans la bouche de Sylvain c'était un compliment.
J'ai besoin de toi Bornu dit-il dans un souffle presque éteint.
Comment ça Sylvain tu as écrit un livre tu en écris un autre et tu as ta chronique sur Youtube. Tu n'as pas besoin de  moi
En effet dit-il en regardant la mer, j'ai beaucoup de talent. J'ai toujours excellé dans tout ce que j'ai entrepris. 
Il affirmait cela avec tellement de tristesse dans la voix qu'on ne pouvait que le croire.
Peut-être trop continua-t-il sans me regarder. Je manque d'humilité n'est-ce pas ? Ego trop fort. Imbu de ma personne. C'est ça que tu penses. Comme tout le monde d'ailleurs. Je m'en fous de ce que tu penses. Quand on a du génie comme moi, on n'a pas beaucoup d'ami. Moi j'ai Moshe et puis entre trente et cinquante milles followers. Ce n'est pas à toi que ça arriverait, hein Bornu.
Tu es sûr que tu as besoin de moi, je me suis énervé, car oui  tu es un con imbu de ta personne et à l’ego surdimensionné. Tu as de la chance d'avoir un copain comme Moshe. il y a longtemps qu'à sa place je t'aurai laissé tomber. Si tu es venu pour me dire que tu as du talent et moi pas du tout, tu peux continuer ton chemin. Je suis certain qu'avec ton génie tu vas très bien te débrouiller sans moi.Non, non, je m'excuse Bornu, j'ai trop peur. Je ne peux ni en parler en publique ni l'écrire. Je suis un homme mort si je parle. Il n'y aura pas de chronique sur Youtube. Trop dangereux.
Si je comprends bien, tu veux que je parle à ta place.
Exactement. Toi aussi tu as un petit peu de talent. Tu y arriveras.
Merci de cet immense compliment mon cher Sylvain, mais j'arriverai à quoi ?
je vais te raconter tout ce que tu veux et toi tu l'écriras sur ton blog  "Un carnet (latinoamerica)".
Sylvain tu es conscient que j'écris pour vingt personne. C'est le gros maximum. Alors que toi, tu as entre entre 30 et 50 mille  followers sur Youtube. Je ne joue pas dans la même division que toi.
Ça me va, ça me va, ça me va. Il ponctua ces répétitions de coups de poing rageurs dans le sable.
Si je comprends, tu as eu des menaces. Et qu'est-ce qu'il m'arrivera si j'écris à ta place ?
Rien du tout. Ils ne connaîtront que ton nom de blogueur. J'en ai besoin Bornu. Il faut que tu écrives, même si c'est lu par une infinité de gens. Fais ça pour moi, s'il te plaît. Pour que je puisse continuer à me regarder dans la glace. Et puis pour eux aussi . Pour elle. Pour lui.
Sylvain m'avait dit s'il te plaît. S'il n'était déjà assis, il se serait peut-être mis à genoux.
D'accord j'ai dit. Je vais l'écrire ton histoire mais à ma manière, j'ai carte blanche.
Oui oui tout ce que tu veux. je dois te raconter. Tu as pas besoin d'un dictaphone ? j'en ai un dans mon sac tu sais, je te le donne si tu veux. J'ai toujours travaillé avec un dictaphone.  C'est un bon pense-bête, tu devrais. 
Non merci pas la peine, je t'écoute.
Voilà Bornu. Cette histoire je l'appelle le jeune l’érythréen aux yeux bleus.
Je verrai Sylvain, c'est moi qui déciderai du nom de l'histoire.
D'accord, pardon, voilà comment ça s'est passé. 
Il s'approcha, baissa la voix et me parla quasiment dans l'oreille. Il me parla longtemps.
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Comment raconter en quelques phrases l'histoire de Sylvain et des vingt-trois migrants qu'il accompagna ? Pendant ces quelques jours dans la jungle, il avait enregistré une foule de choses. Bien plus que l'on ne peut en enregistrer dans une journée sans importance. Il existent quelques heures ou quelques jours dans une vie qui valent en bonheur, mais le plus souvent en malheur et en souffrances des mois voire des années d'une existence normale. Je vais essayer de vous dire le principal depuis le moment ou le coyote les entraîna dans la forêt et qu'ils passèrent au Panama.
Très vite Sylvain s'est rendu-compte que ce serait l'horreur. Une fois qu'on a dépassé la réserve del Cielo, avec ces quelques chemins balisés pour nous les touristes, il n'y a plus rien. On prend des sentiers quasiment invisible pour un étranger. C'est vraiment l'enfer dès le début et ça dure et ça dure. On monte. On n’arrête pas de monter et il y a de la boue partout. Sans bâton tu tombes, tu te relèves tu mets tes mains n'importe où. Piqûres.  Il y a des araignées partout aussi. Elles sont affreuses. Pauvre John qui portait sa fille. Il est tombé dès le début. Il était recouvert de boue. J'avais envie de m'arrêter toute les 10 minutes. C'est infernal les côtes. On grimpe on a mal. Après c'est les descentes et c'est encore pire, ça glisse tout le temps, les jambes tremblent, on a soif, parfois on voit le soleil mais c'est pas mieux car dès le premier jours on craint la nuit. Je suis resté 6 jours dans la forêt du Darien et j'ai eu peur sans arrêt pendant six jours.
Et la petite ? Comment ça se passait avec la petite, j'ai osé lui demander dans son histoire qu'il disait de façon halluciné et quasiment sans respirer?
De bras en bras. Les plus forts la portait chacun leur tour, pas moi. Pouvais pas, par contre sa maman, oui. Si tu savais la force de ces gens. Sans jamais se plaindre. Ce sont des héros tu sais. Des fantômes dans nos sociétés et des héros de notre humanité. Le courage de ces gens. Une côte on montait, puis une descente, on s'arrêtait 15 minutes et puis on recommençait.  On avait l'impression de marcher sur place, de toujours revenir à notre point initial. Et puis il y a la nuit. On s'est assis ou allongé sur du gravier d'un lit de rivière, il y avait même un peu de sable. C'était mieux que l'humidité et la boue des chemins.  Et c'est là qu'on a entendu un rugissement puis le hurlement d'un congolais. il répétait terrifié, des lions, des lions. il y a des lions dans cette forêt. On s'est tous mis les uns contre les autres. Ce n'était pas un mais deux. Non des lions mais des jaguars. Tu ne peux rien faire contre un jaguar. C'est d'une puissance incroyable. La petite s'est mise à hurler. j'ai bien cru que j'allais en faire autant quand j'ai vu les yeux d'une des bêtes dans la nuit. Tu aurais vu notre terreur. Le coyote nous a calmé. Il nous l'a montré,  bien en évidence, et il s'est mis devant nous , pour nous protéger, on croyait. Entre ses mains, il avait un fusil ce salaud. Deux fois j'ai entendu le rugissement d'un jaguar. Jamais je ne l’oublierai, j'en ai encore les cheveux qui se dressent sur la tête. On avait faim aussi. La seule chose qui ne manquait pas c'est l'eau. J'ai jamais bu de l'eau aussi bonne.
Quoi qu'est-ce que tu me demandes ? 
Non on a perdu personne les deux premiers jours. C'est fou car si tu t'éloignes du coyote, pour aller aux toilettes par exemple, on doit t'attendre, sinon tu es mort, perdu à jamais. On a aussi évité l'armée du Panama. On s'est allongé dans la boue, ils nous cherchaient. Non. Ça c'est au début. l'armée, après il y a les brigands, les narco, les paramilitaires. Il y a du monde dans la jungle. A côté de moi, Il y avait un africain de Sierra Leone, qui avait déjà traversé la forêt. Il s'était fait reprendre avant le  Costa Rica. Il avait des faux papiers colombien car il ne voulait pas être reconduit en Sierra Leone où toute sa famille avait été assassinée. Il était l'unique survivant. Là-bas il était condamné à mort par ceux qui avaient assassiné sa famille. L'armée du Panama l'a donc reconduit en Colombie et trois mois plus tard il était avec nous, tentant encore une fois de passer. Il m'a dit, les animaux, les serpents, les araignées, les moustiques, la pluie les maladies, oui cette forêt est dangereuse. Mais mille fois plus dangereux sont les hommes qui se la sont appropriés. Qu’est-ce qu'il voulait me dire ?
Au matin du troisième jour, il n'était plus là, il avait disparu ce salaud, plus de coyote. Tu peux imaginer cela, 23 personnes souffrantes, affamées, épuisées et isolées dans une jungle sans qu'aucun et aucune d'entre nous ne connaisse un chemin pour s'en sortir. On a connu l'enfer de l'enfer. On s'est repéré à la boussole. Saloperie de forêt, tu n'as aucun point de repère là-dedans. Tu peux tourner en rond des jours et des jours. Il y a des gens tellement hallucinés et désespérés qu'ils ont essayé de traverser le tampon du Darien*,  seul. Le plus incroyable c'est qu'il y en a qui y sont arrivés. Un sur combien ?
On est tombé sur eux le quatrième jour. Ou est-ce qu'on était ? incapable de le dire. La seule chose que je sais. c'était  la dernière fois  que je me suis lavé dans un rivière avec les autres. C'était un vrai guet-apens. Je me demande s'il n'était pas de mèche avec eux le coyote ? Oui bien sûr. Tous de mèche, tu peux être sûr, la douane et l'armée du Panama et de Colombie, les brigands, les narcos et les paramilitaires, tout le monde se nourrit sur le dos des migrants. Ils gagnent à tous les coups. C'est tellement facile. Ils sont si faibles et sans défense. Eux ils étaient bien armés, il étaient 16, je suis sûr, je les ai compté. ils nous ont tout pris, tout. Même le lait concentré de la petite fille. Mon mac à deux mille boules que j'avais emmené avec moi pour faire ma chronique au Panama une fois arrivé. une fois arrivé où ? Et puis ils ont vu le jeune érythréen.
Un long silence s'installa, dans lequel 2 fois je l'entendis aspirer à fond la fumé de sa cigarette. 
Oui Sylvain le jeune érythréen.
Il aspira encore une grande taffe et jeta sa cigarette au loin.
Je ne peux pas. Vraiment. Ils n'aimaient pas les yeux bleus. ils ont joué avec lui. j'ai voulu l'aider, j'ai pris un coup de crosse. Une femme a crié et les a traité de chien. Ils ont sorti une machette. Un machette tu te rends compte ?
Oui.
La pauvre ils ne lui ont pas laisser une seule chance et lui c'est encore pire.
Qu'est-ce que tu veux dire Sylvain ?
Elle au moins elle ne souffre plus.
Sylvain qu'est-ce que tu veux dire ?
Non ils ne l'on pas tué les salauds, non. Simplement ses yeux. Ils ne les aimaient pas. Une peau noir, des yeux bleus, ça porte pas bonheur a dit un paramilitaire en riant. L’érythréen est parti en courant, il avait compris lui. Mon dieu. On est tous partis dans tous les sens mais ils n'ont pas tiré un coup de feu. De toute façon ils nous avait déjà tout pris.  Je sais plus . Si je sais. Ils l'ont rattrapé je m'en rappelle. Ce sont des bêtes les paramilitaires, ce ne sont plus des humains. Mon dieu, si jeune. Il faut l'écrire, les dénoncer. Un jeune qui rêvait d’une meilleure vie. Il n'est peut-être pas encore mort. Les salauds faire ça à cause de la couleur de ses yeux et en plus il jouait avec lui alors qu'il criait de douleur. Il faut l'écrire dit-il en fixant la mer et en serrant mon poignet de ses deux mains.
Foutu pays où les paramilitaires font toujours la loi. Ce jeune érythréen dans cette forêt monstrueuse a une espérance de combien de jours ou plutôt de combien d'heure dans l'état ou l'avait mis le paramilitaires ? J'espère qu'il est mort. On s'est retrouvé 10 personnes sur les 22. On est resté ensemble, affamés, on n’avait plus rien on ne savait pas quoi manger dans la forêt. Et puis au 6ème jour on est tombé sur une communauté d'indiens Kuna. Ils nous ont pris en pitié. Nous non plus, on n’était plus des êtres humains, mais des zombies titubants et marchant tête baissé. Non. John, sa femme et sa fille n'étaient pas avec nous. Ils nous ont conduit à la police on était plus qu'à deux heures du premier village panaméen. J'avais ma carte bleue, mon passeport. Je les avait laissé dans mon slip. Ce n'était même pas la peine de leur parler des paramilitaires colombiens, commettant des crimes au Panama. C'était le dernier de leurs soucis. Les migrants ont été mis dans un camp. Il y avait déjà une vingtaine de personne dans ce camp. Moi comme j'avais mes papiers, ma carte bleue j'ai loué une lancha pour renter aussitôt. 7 heures de route en lancha c'est 6 jours de marche. Je ne sais pas combien ça fait de km, mais c'est beaucoup. Les autres, dans quelques jours, les militaires les reconduiront à la frontière.  Ensuite l'armée colombienne les reconduiront à leur tour jusqu'à Turbo* Et ces nouveaux damnés de la terre devront  recommencer. Trouver de l'argent, puis une lancha à Turbo pour arriver à Capurgana,  payer un nouveau coyote et prier tous les saints du monde pour réussir à traverser cette forêt sans tomber sur des narcos, des paras ou des militaires. Je leur ai donné tout l'argent que je pouvais, mais c'était une goutte d'eau pour soulager toutes ces souffrances. Et j'ai tellement peur que je peux même pas en parler dans mes chroniques. Je ne peux m'empêcher de penser à lui tout seul dans la forêt et à cette pauvre africaine dont il ne reste sans doute plus rien que notre souvenir.
Tu pourras écrire tout ça Bornu ?
 A nouveau il prit une pleine poignée de sable qu'il laissa couler entre ses doigts. Et puis ses beaux yeux bleus. tu pourras vraiment ?
Oui.
XXXXX
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Je n'ai pas écrit cette histoire tout de suite. J'ai pris le lendemain matin la lancha pour rejoindre Turbo. Il y avait un peu de mer mais la houle et le vent nous portaient. Ça ne cognait pas. A peine arrivé à Turbo j'ai pu attraper un autobus en partance pour Medellín. C'est à Medellín que j'ai écrit cette histoire. J'ai trouvé un petit hôtel avec un  beau jardin ou je pouvais écrire en paix. Je devais faire vite car mes amis, rencontrés à Bogotá, arrivaient dans trois jours et nous avions l'intention de connaître la ville, ce qui voulait dire faire des bars, des concerts et peu dormir.
Sylvain, Moshe. Je leur ai envoyé mon carnet (latinoamérica) comme je le fais pour vous. Pour l'instant je n'ai pas eu de réponse de la part de Sylvain. Ce qui est une bonne chose. S'il avait détesté mon texte, je suppose qu'il me l'aurait déjà fait savoir. Tout ce que je peux vous dire à son sujet c'est qu'il a retrouvé tout son mordant. Sa dernière chronique, a dépassé les 55 000 followers. Quant à moi, je n'ai - et probablement - n'aurai pas de nouvelles de John, le mécano de Kinshasa, ni de sa femme et de sa fille. Je ne peux qu'espérer qu'ils s'en sortent et qu'enfin arrivés aux États-Unis ou au Canada, ils se construisent une vie digne et heureuse.
C'est la fin de la "trilogie trouble de l'économie politique du voyage". Mais celui-ci continue avec d'un côté eux, les invisibles du monde qui risquent si souvent leur vie pour passer les frontières et, de l'autre, moi, nous, les bien assis dans notre confort, qui voyageons les doigts dans le nez parce que nous sommes nés, là où tout est plus facile, de ce côté-ci de la frontière.*
Encore une fois, je vous promets (même si je ne tiens jamais cette promesse) que les prochains textes seront beaucoup plus courts.
Prenez soin de vous.
Capugana, Medellin, août 2018
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*La Forêt Du Darien est une forêt primaire  de 160 km de long sur 50 km de large. Elle est prolongée côté Colombie d'un marécage d'environ 80 km de long. Aucune route ne la traverse. La panaméricana qui traverse les Amériques de l'Alaska jusqu'à la Terre de Feu au Chili s'interrompt  donc dans cette région. La seule tentative réussi en voiture à été effectuée entre 1985 et 1987 en Jeep, par Loren Upton et Patty Mercier. Ils mirent 741 jours pour parcourir 201km  soit... 271mètres par jour !
La région du Darien abrite  les indiens Wounaans et kunas. Ils seraient à peu près 2000. Cette région étaient avant tout une zone d'activité des paramilitaires d'extrême droite, de l'ALN (armée de libération nationale ) et des Farcs aujourd'hui démilitarisées et intégré à la vie politique légale du pays. C'est cette région, où le droit n’existe pas,  et jugée infranchissable, que des milliers de migrants doivent parcourir à pied. Ceux qui survivent à cette forêt mettent entre 6 et 10 jours pour la traverser.
*Les paramilitaires constitue une force auxiliaire de  l'armée colombienne regroupés dans les AUC (autodefensas unitades de Colombia). La plupart des crimes de leaders syndicaux, des massacres de populations pauvres ainsi que des milliers de viol dans le but de punir ces populations soupçonnées d'être  sympathisantes des Farcs (force armée révolutionnaire colombienne, leurs sont attribués.En 2005, Leur grand ami et président de la Colombied’alors,( et aussi le  plus grand des voleurs, dépassant largement Escobar. Il se considère même comme le propriétaire du pays) Alvaro Uribe  désarme les paramilitaires contre une impunité quasi totale. Officiellement les AUC n'existent plus depuis cette date. Mais dans la réalité, ils sont toujours utilisés par les grands propriétaires terriens et des grosses entreprises comme Coca cola pour assassiner les leaders syndicaux et les militants paysans. Ils sont payés par l'oligarchie  et les grosses entreprises du pays ainsi que par le commerce de la cocaïne comme c'est le cas dans notre histoire, en la faisant passer de la Colombie au Panama. L'extorsion des biens des migrants est une de leurs sales activités annexes .
*Ce texte à été écrit d'après un long et excellent article du journaliste Colombien , Juan Amorocho Becerra dont voici le lien  internet.
http://www.elcolombiano.com/colombia/crisis-de-migrantes-ilegales-en-capurgana-choco-EL8287053.
Et pour finir, écoutez cette vidéo de Systema Solar à fond. C'est excellent
Plein de belles choses pour vous et à bientôt.ère
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mrlafont · 7 years
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Sincère à outrance, j'ai été expulsé des hommes et de la vie. Des hommes, parce que tous courent l'idée au front, incapables jamais de retirer leur armure de convictions — ou pire : d'Idées —, et de la vie, car on ne s'y sent chez soi que lorsqu'on la prend pour ce qu'elle n'est pas. Insubstantiel, l’œil transparent, le corps d'un animal calme, je m'oppose à l'homme, animé, roulé dans la farce des mots, des idées…
Ce n'est pas un délire de dire qu'on n'existe pas, car moi-même, si j'ai écrit beaucoup de choses, en réalité je n'ai jamais rien écrit du tout : on a écrit à travers moi, j'ai été dicté, pour la simple et bonne raison que je n'existe pas moi-même, je ne suis personne, non, vraiment personne, sinon Dieu lui-même, comme tout est Dieu. Dieu, c'est ce qui s'auto-viole. La vie, comme elle se manifeste à chaque instant présent, est l'acte d'un viol sur elle-même. Et à cela il n'y a rien à faire, je tiens même pour absurde, délirant, abruti, quiconque qui s'indignerait au point de vouloir s'y opposer. Car même s'il s'indignait à ce point il ne ferait qu'y participer encore — se faisant encore l'un de ces êtres bizarres que la nature si bizarre elle-même créée pour avoir son quota de paradoxes, de boules de nerfs tordus et de forces explosives, ou anémiques, enfin tous ces puits d'absolus inversés et non-inversés qui s'aspirent en se rejetant ou se rejettent en s'aspirant — — convulsions atomiques d'un Dieu qui par sadisme feint de s'épuiser aux limites de ses ressources (comme s'Il en avait !) et crée ainsi de faux délires et de fausses folies qu'Il ajoute au dandinement perpétuel de la matière. Car c'est un fait que la souffrance est nécessaire, et donc en quelque sorte voulue — oui, voulue, et est donc l'expression d'une cruauté. D'ailleurs la joie, comme tout autre chose d'ailleurs, tout ! pourrait nous sembler cruel — on ne vit pas, on nous y oblige. Et la cruauté, si nous, hommes, nous la devinons en toute chose, elle n'est vraiment ressentie que pour l'homme, car lui seul en témoigne, est forcé d'y consentir, d'en être la victime consciente ! Ah ! Et c'est là que j'en reviens à mon idée du début, lorsque je dis que nous ne sommes rien, car qu'avons-nous l'impression d'être, nous ? Eh bien il nous semble être cette conscience, ce sentiment de soi, ce qui témoigne. Et c'est bien cela le problème, c'est bien cela que Dieu ou je-ne-sais-trop-quoi a voulu que nous nous sentions être : cette conscience étriquée à l'extrémité d'un corps d'une armée de fusils pointés sur nous en nous écrasant la gueule ! Et nous sommes forcés, ainsi, pour contenter Dieu, de souffrir, de jouir, de rire, de sourire, de pleurer, de se plaindre, d'avoir faim, de bouffer, de ne pas bouffer, de péter, de chier, de dégueuler, de s'ennuyer etc. de faire les marioles. Et surtout forcés de croire à l'individuation, car si je dis que nous sommes forcés de vivre, je suppose là l'existence de quelque chose qui est nous et qui est mis sous la contrainte d'une force extérieure. Or ce quelque chose qui est nous n'existe en réalité pas, c'est une fiction de l'esprit qui prend sa source dans notre langage et qui cependant constitue la clé de voûte de notre organisme, qui a figé ses instincts sur ce modèle — d'où l'impossibilité de se défaire de l'illusion du moi. Alors quoi ? Alors certes nous vivons sous l'illusion du moi, mais alors cette illusion est notre seule réalité, et elle existe vraiment, cette illusion. Et dans ce cas alors, quelle différence entre illusion et vérité, si la vérité qui dit que le moi n'est qu'une illusion, cette vérité dis-je, ne nous change en rien, contrairement à l'illusion, qui pour nous est tout ? Bonheur à celui qui croit corps et âme au moi ! Celui en revanche qui, comme moi, sait que c'est là pure illusion, il ne fait juste que s'octroyer inutilement la vitalité de la foi.
Mais « nécessité » ! encore, « nécessité » ! Ce que j'ai été, il a fallu que je le sois, ce que je suis, je dois l'être. Et je serai toute ma vie celui que je dois être, je le serai, absurdement, par cette absurde nécessité d'être des choses etc. etc. etc. Qui ? Qui osera comme moi se dépecer jusqu'à la moelle sans perdre la face ? Qui, plutôt, y sera amené, traîné, dépouillé de toute insouciance, et cela sans devenir fou, sans sombrer dans une angoisse folle, et gardant, toujours ! comme moi ! après tout ce que j'ai vu ! le sourire de l'absolu, ce sourire métaphysique ! dément ! sincère ! ironique ! désespéré ! Qui sera ainsi capable d'états comme les miens ! si sincères et lucides, capable de joie, de rire, de voluptés lyriques, jusqu'aux plus terribles vérités ?!
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auroreflore · 4 years
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La Cellule
L'attente. Cette attente, cette angoisse, cette quête de réponse. Dans une salle immaculée et impersonnelle, à attendre que l'on me sépare de la cellule. Attendre que la porte s'ouvre, que mon nom soit cité. Me séparer de cette pièce, de cette chaise et de cette fusion de deux êtres. Sur la tapisserie blanche, des lignes noires descendent du plafond vers le sol, c'est une cage. Une cage qui se referme sur moi. Prisonnière de mes doutes, de mes pensées, de mon trouble. Prisonnière de cet espace qui rétrécit. Prisonnière de ces murs sur lesquels sont apposées des affiches de bébés heureux et d'autres qui encensent la contraception. Je suis seule dans cette cage. Le silence qui y règne est asphyxiant et alourdi par ma détresse. Je suis tétanisée sur la chaise en plastique dure sur laquelle je peux à peine rester assise. L'agitation me pénètre. Je ne sais quoi faire de mes mains, de mes jambes, de mon corps. Une boule dans mon ventre me saisit à la gorge, me saisit tout entière. Je pense aux changements du corps. Ce corps qu'il nous faut accepter malgré son inconstance. Ce corps dont on observe et assimile les métamorphoses liées au vécu et au temps qui passe. Enfant, il faut accepter de grandir. A l'adolescence, on accueille la poussée des poils, la naissance des seins et le développement des hanches. Notre visage se transforme. On questionne ces changements, les compare à ceux des autres. Puis, vient l'âge adulte et ses nouvelles sensations. La grossesse. Le ventre en expansion, les seins qui deviennent nourriciers. Plus tard, il faut accepter la vieillesse. Les rides, le flétrissement de la peau, l'affaiblissement de la chair, des muscles et des membres. On subit le déclin d'un corps meurtri par les années, ce corps qui nous lâche progressivement.
Et la question revient. Si je laisse la communion de nos deux corps grandir en moi, dans neuf mois, je serai mère. Maman. J'aurais interrompu cette vie que je mène, peut-être renoncé à quelques uns de mes rêves. J'aurais scellé une destiné que je ne pensais jamais être la mienne. Et le bébé. Il m'aura moi comme mère. Une adulte pas finie, un bout de femme en développement. Comment lui faire ça ? Comment imposer à cet enfant le peu que j'ai à offrir ? Comment le regarder grandir en sachant que j'aurais pu mieux faire ? Et en même temps, comment interrompre une vie ?
Je me demande à quel moment l'enveloppe cesse d'en être une et accueille une âme, à quel moment l'inconscient apparaît-il dans la cellule pour qu'elle devienne un être. Pourrais-je vivre avec cette perte ? Cette séparation de ce petit être qui aurait dû faire corps avec le mien, croître à en devenir humain. Accepter d'interrompre le processus de naissance, cette œuvre de mutation.
Et l'amoureux ? Il ne sera pas là, il ne peut être là.
Je réalise aujourd'hui que cet amour était mécanique. Un amour technique. L'amour physique avec lui était une succession de mouvements réfléchis et, à la fois, automatiques pour atteindre l'orgasme libérateur. Le sien, puis le mien. Toujours dans cet ordre. Je cherchais la passion sans comprendre qu'elle est là ou elle n'est pas là. C'est tout. J'imagine que la passion ne se calcule pas. Elle n'a rien de mécanique. Elle embrasse le corps. Elle le brûle. Elle lui fait perdre ses mouvements mesurés, ses moyens, ses volontés. Lui, l'amoureux, était un choix rationnel. Une figure paternelle rassurante. Cet amour ressemblait à une chorégraphie de danse classique. Tout était tenu, tendu. Tout était dans la retenue, dans le geste millimétré, dans les sentiments maîtrisés. C'était un amour sincère et tendre, à la fois un amour d'enfant, sage, et, à la fois, un vieil amour établi et prévisible.
Je rêve de chair, de sueur, de sauvagerie. Je rêve d'odeur, de souffle fiévreux, de sentiments incontrôlés. Je rêve de me perdre. Me perdre dans ses étreintes, de m'envoler.
Mais le bébé ? Me permettra-t-il de vivre une passion ? Je devrais lui dédier mon temps tout entier, l'intégralité de ma personne, un dévouement sans faille pour une vie autre que la mienne. Je lui donnerais tout mon amour et il me donnerait le sien. Puis-je être mère sans être femme ? Ou alors, je pourrais le garder les neuf mois, puis le donner à l'adoption. A un couple qui le rendrait plus heureux, qui pourrait lui apporter tout ce dont il a besoin, à un couple qui le désire ce bébé. Si je le garde, il ne serait pas un enfant désiré. D'ailleurs, peu importe le bonheur de cette naissance, il n'était pas attendu. Il démarrerait dans la vie avec cette blessure originelle, sa mère ne voulait pas de lui, elle a réfléchi longtemps, dans la panique, dans une salle d'attente, à se demander si elle allait réussir à prendre la décision ou si elle le jouerait à pile ou face.
Mais si... Je renoncerais à la grossesse, cette expérience d'une vie qui s'épanouit en soi. Guetter mon ventre qui s'étirerait avec l'être, contempler l'évolution de mon corps vers la maternité, goûter à toutes ces nouvelles sensations, sentir venir l'appréhension de ce changement de vie, entendre celles qui ont été mères avant moi me donner des conseils. Vivre l'accouchement, son accomplissement puis son blues.
Les murs se resserrent encore un peu. Ils marquent la tension et le temps qui s'écoule. Ce temps que je n'aurai bientôt plus, qui file entre mes doigts, qui disparaît dans l'air. Je l'entends se volatiliser, il rit de moi. Il s'en fout, lui, de ma décision, il sait que mon temps est compté mais, pour lui, je ne suis qu'un infime morceau dans sa course. Un petit rien aux incertitudes futiles. Bientôt je ne compterai plus.
Un abandon. Voilà ce que ce serait. J'amènerais ce petit être dans la vie avec le mal de l'abandon, la déchirure d'un lien sacré. Parce que je ne voulais pas de lui mais pourquoi ? Il se poserait cette question toute sa vie malgré l'amour qui l'aura bercé. L'amour d'un couple qui, lui, le désirait.
Je scrute la pièce à la recherche d'un signe. Un indice qui se révélerait à moi comme un éclair qui illuminerait mon choix, il deviendrait cette évidence que je n'avais pas vu jusqu'ici. Il mettrait fin au brouhaha de ma tête, à toutes ses pensées qui tourbillonnent sans que je puisse m'arrêter sur l'une d'entre elles. Face à une patte d'oie dont tous les chemins semblent périlleux, je voudrais simplement fermer les yeux, tourner sur moi même et m'engager dans un chemin, au hasard.
Interrompre une vie. Je ne peux que saluer l'avortement et ce qu'il a apporté à tant de femmes qui ont pu prendre le contrôle de leur corps et de leur vie. Être enfin maîtresses de leur sort. Et je m'étais toujours dit que, face à la décision, j'agirais sans hésitation. Me voilà face à cette décision et elle me tort les tripes. J'ai l'impression de ne rien savoir, de la vie, de la démarche à suivre, de ce que je suis censée faire. Affronter le sang. Mesurer ma douleur. Surmonter la perte. Poursuivre une existence sans toi. Toi que je sens en moi. Toi que j'imagine. Toi qui est une part de moi. Toi qu'une part de moi veut connaître. Je veux vivre cette rencontre avec toi, je ne voulais simplement pas que ça se passe ainsi. Tu mérites une mère équilibrée. Tu mérites la stabilité. Avec moi, tu grandirais sans père, sans repère, sans sérénité. Tu grandirais soit dans un monde qui ne te voulait pas, soit dans un monde qui t'a délaissé. Tu combattrais ses souffrances ou bien elles te couleraient, si je te laisse cette chance. Oui car c'est sur moi que repose ton existence tout entière. Je suis la balance qui doit pencher d'un côté ou de l'autre. Je tiens au creux de mon être ta vie. Quel est ton sort ?
Dans le silence, chaque bruit qui surgit est une agression et lorsque la porte s'ouvre avec force, je sursaute sur ma chaise. Une silhouette informe se tient dans l'embrasure d'une porte restée close si longtemps. Le silence revient. Puis, une voix mélodieuse résonne.
« Diane Grémillon ».
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26 Juillet,
Je rentre de Albons où j'ai passé la journée avec l'équipe avec laquelle j'ai travaillé en Suisse cet hiver.
C'était cool de les revoir en Espagne. Ca me manque de travailler avec les enfants. Je les reverai peut être dans 2 semaines en revenant de Béziers.
Cette semaine j'en profite d'avoir un lit et un toit pour réviser et bosser sur mon mémoire. J'irais aussi peut être voir Nicky pour parler de randos et voir ce qu'il y a a faire dans la région.
J'essaye tellement d'avancer par impression que mon temps est compté. J'ai eu trop d'amis mourants autour de moi, trop de sexisme depuis mon enfance et trop de certitude qu'une femme n'a plus autant de choix après la trentaine que pour ne pas être frustré du temps qu'on peut perdre dans notre malheur, notre peur et notre incertitude.
J'ai rencontré ce gars il y a 6 mois qui m'a touché. Avant je voyais plus au moins qui il était mais en lui parlant quelques fois depuis, j'y ai vu son désespoir qu'il ne veut pas exprimer mais qui m'a attirée. J'ai eu l'impression de voir en lui cette douleur qui m'a tant fait souffrir. Je sais que je ne peux rien faire pour lui. On m'a moi même tant conseillé et je n'ai pas su avancer autrement que par moi même, continuant à faire des erreurs et à apprendre petit à petit.
Je sais aussi que même s'il y a quelque chose qui m'attire en lui et que j'aimerais être là pour lui, que c'est peine perdue..
Je suis frustré et mon égo une fois de plus me dit que je deviens vieille et que je ne devrais pas être aussi dure et exigente envers les gens que je veux dans ma vie. La peur me prends de plus en plus et malgré tous les livres que je peux lire, je suis persuadée que ...
Je veux donc vivre bien, vivre fort et arriver à me déttacher de ces regards et de ces mots qui me blessent.
Chaque matin je me réveille avec cette boule au ventre qui me retourne le coeur. Chaque matin j'ai peur du lendemain et de l'avenir même si j'essaye de le construire au mieux.
Chaque matin j'ai peur d'avoir des regrets et de ne pas avoir été moi même si demain disparaissait.
J'ai peur de tout et chaque jour je finis pas me dire que je ne veux pas perdre de temps.
Que je veux être là pour les gens que j'aime et que je veux passer du temps avec eux.
J'en suis arrivée à détester la haine , ce qui me renvoit une projection de moi même, je sais...
J'aimerais être là pour lui en tant qu'amie. Mais même sur ça il se braque.. Sur ce je vais juste devoir admettre que je le saoule vraiment et qu'il n'ose pas me le dire.
J'ai passé 6 mois dans le doute de m'accrocher à l'idée d'un partage. J'en ressort avec une déception car je ne voulais rien de plus dans un premier temps que d'apprendre à le conmaitre. Une fois de plus, c'est l'ego qui en prends un coup.
Et puis en même temps, ces 6 derniers mois ont été tellement constructifs. J'ai su exprimer mes émotions et sentiments. J'ai aussi appris à être seule, à ne fréquenter personne et j'ai la certitude de vouloir continuer là dedans jusqu'à ce que je rencontre quelqu'un avec qui je veux vraiment être.
On ne peut être que nous mêmes, même baigné dans un océan de gens.
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inbedwithnana · 4 years
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Yo no soy un maricón
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M'accepter comme je suis n'a pas été trop dur pour moi. J'ai toujours su que j'étais attiré par la gente masculine. Les deux seuls choses dont je redoutais le plus avant, c'était de tomber amoureux d'un hétéro et … affronter la réaction mes parents... en particulier mon macho de père. Il m'a toujours considéré comme étant un échec. Je n'avais jamais ramené de filles à la maison... sauf Amy. Lorsque je l'avais ramenée à la maison la première fois, il était content... puis en passant par la chambre de mes parents, j'ai entendu mon père dire « qu'il ne fallait pas perdre espoir »... Quelles conneries !
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Je me disputais beaucoup trop avec lui et ça a bien empiré durant mon adolescence... C'est souvent lui qui me reprochait pas mal de choses... De mon côté, je lui ai toujours reproché son absence et manque d'application dans mon éducation ou qu'il ne m’ait jamais compris. Son manque de tolérance également mais le sentiment de ne pas être vraiment aimé par son propre père me faisait le plus mal. Ma mère m'aimait oui... Moi aussi, mais elle a toujours défendu mon père... « Écoute, il a passé une journée assez difficile, comprends-le, mon fils... »... Moi aussi je passais des journées difficiles... et pourtant …
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Mis à part tout ça, je suis un vrai pro de l'informatique, et je ne dis pas ça avec prétention... Les ordinateurs, les clés USB, les tablettes, tout quoi ! Je connais même le langage HTLM sur le bout des doigts ! Si vous avez un problème, n'hésitez pas à me demander un service !
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Est-ce que je suis déjà tombé amoureux de quelqu'un d'autre avant Mun ? Oui mais ce n'a jamais été aussi profond... j'étais jeune aussi... je n'avais que 15 ans. La première fois que j'ai vu Mun, la première chose que je me suis dit, c'est qu'il était mignon. Il était tout le temps fourré avec Amy, du coup, je pensais qu'il était son petit copain... Mais lorsque je suis devenu ami avec eux, j'ai direct compris qu'ils étaient comme frère et sœur et surtout, que Mun était du même bord que le mien.
Lorsque j'ai compris que je suis tombé amoureux de Mun, j'avais peur... Peur qu'il me rejette... peur de perdre son amitié... et surtout, il ne s'assumait pas encore. Pour ce dernier point, ce n'est pas tant un problème en soi en fait, justement, je voulais l'aider petit à petit.
Je me rappelle du soir où Amy avait essayé de me séduire, ça me fait toujours autant rire. Elle a toujours aimé les beaux mecs oui... Mais bon, ça n'a pas marché avec moi, la pauvre ! Heureusement, elle n'est pas rancunière et elle est très vite devenue amie avec moi ! C'est une femme extra, drôle, un peu grande gueule parfois quand ce n'est pas son jour... et elle n'aime pas qu'on lui parle le matin aussi... Sa mère, Lola, est une mère exemplaire ça oui... elle a toujours été là pour sa fille, Mun et les enfants qu'elle a adopté. Quand je pense que son enfance n'a pas été facile... Sacré bout de femme ! Kate, la mère de Mun, m'a tout de suite adoré. Elle m'a toujours écouté aussi, tout comme Lola, est très aimante envers son prochain et possède un cœur aussi gros que l'Univers.
Oui, aller à l'Arche ou chez Sergio et Kate étaient des échappatoires (avec l'informatique). Écouter Mun jouer du piano, écouter les chamailleries des trois jeunes quand ils étaient enfants, regarder la télévision avec Amy en commentant tout les beaux mecs qui apparaissaient, me confier auprès de Lola et Kate... c'était vraiment quelque chose que j'adorais ! Lola me proposait souvent de rester coucher, je n'osais pas au début mais elle insistait tellement que je finissais par facilement accepter.
Parlons de Mun... Lorsqu'il a quitté Matty, il était vraiment mal... nous étions tous là pour lui... A force de venir chez lui, j'avais senti quelque chose par rapport à lui. Sa manière de me regarder, de me parler...
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Sauf que Mun était un piètre gentleman avant... Il a toujours été maladroit d'ailleurs et il avait commencé à se rapprocher un peu plus de moi afin de m'embrasser... Je l'ai vite retenu et lui avait expliqué que je ne voulais pas être un lot de consolation... J'avais eu l'impression qu'il voulait être moi pour oublier Matty... Sa fierté était tellement touchée qu'il piquait des crises à cause de ça. Lola lui avait conseillé de prendre le temps... Puis, un jour, j'ai fini par bien réfléchir à tout ça... Oui, je le voulais près de moi, je rêvais beaucoup de lui... lui et moi... enfin bref.
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Puis un jour, plutôt, un soir d'hiver, je lui ai proposé qu'on se voit tout les deux dans une crypte de Winderburg... Il y avait beaucoup de neige, tellement, qu'on s'était mi à faire une bataille de boules de neige. Bon, c'est Mun qui avait commencé aussi, mais on avait tellement ri tout les deux.
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Puis, nous avions discuté... de nous, de nos projets pour le futur. Je lui avait dit que j'avais trouvé une formation dans le domaine de l'informatique et que c'était à Oasis Spring. Quand je lui avais dit que j'allais prendre une location après le lycée, j'ai vu que son visage s'était attristé... Apparemment, être loin de chez lui lui faisait de la peine. C'est à ce moment-là qu'il s'est un peu plus rapproché de moi en me disant « Tu vas me manquer... » et... c'est là qu'il m'a embrassé.
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Cette fois, je me suis laissé faire... Ce baiser... il était tellement doux, chaud à la fois malgré la température glaciale. Je n'ai pas pu m'empêcher de poser mes mains sur sa taille puis, je les ai remontés pour caresser ses cheveux... Lui qui n'aimait pas beaucoup qu'on les lui touche, il a ensuite dit : « Hum hum... s'il te plait... », puis on a fini par en rire tout les deux. Ça fait peut-être cliché mais, je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire : « J'ai tellement rêvé et imaginé de ce moment, tu ne peux pas savoir... »
En le ramenant chez lui, je lui avait fait part de mon souhait de ne pas aller trop vite entre nous... Et l'a vite compris ! Puis, j'ai fini par faire le premier pas pour un autre baiser en guise « d'au revoir ».
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Lorsque que je suis rentré chez moi, j'étais comme sur un nuage... vraiment. J'ai complètement évité mes parents afin d'aller directement dans ma chambre, prétextant avoir des devoirs à finir. Ce soir-là, je me suis endormi, serein.
Nous sommes allés rendre visite à Kate et Sergio, afin de leur annoncer la nouvelle. Kate était tellement aux anges lorsqu'elle l'a su et pour l'occasion, Sergio avait préparé un délicieux goûté pour nous. Nous avons passé un très bon moment sous l’œil bien viellant de Lili. Quant à Mun, la première chose qu'il a voulu faire, c'est de jouer au piano de la défunte femme de Sergio. Il lui a bien évidemment demandé la permission.
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Je me sentais tellement bien avec eux... J'avais enfin trouvé un sens au mot « famille » en fait. Oui j'ai une famille biologique mais est-ce que les liens du sangs sont si importants ? Sergio et moi avions beaucoup parlés. Il a été très attentif à mes craintes concernant ma famille et mon homosexualité. Il m'a conseillé d'en parler à mes parents qu'au bon moment, quand je serais prêt... Selon lui, ce n'est pas bon de se faire violence, surtout quand il s'agit d'un truc important ou qui nous tien à cœur. C'était un homme d'une grande sagesse.
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Un mois après notre premier baiser, nous étions toujours aussi fous l'un de l'autre... Et on a fini par avoir envie de passer un autre cap tout les deux. Je l'avais déjà fait une fois avant mon ex, et même si c'était plutôt maladroit, j'en gardais un bon souvenir. Mun m'avait demandé si je le voulais vraiment, sachant que je voulais aller doucement. Faire ça dans un placard pour la première fois avec une nouvelle personne, c'est spécial mais quand on aime, on s'en fout des cintres qui peuvent nous gêner, non ? Heureusement que personne nous a entendu !
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Au fil du temps, Mun a commencé à assumer de plus en plus son homosexualité. Il s'en fichait complètement de ce que les mauvaise langues pouvaient dire, et il n'hésitait même pas à venir me m'embrasser en plein milieu de la cour de récréation, devant une Amy toute admirative. C'est d'ailleurs lui qui m'avait posé LA question que je redoutais tant, la rencontre avec mes parents. Je lui avait prévenu que c'était compliqué. C'était une étape que j'évitais à tout prix, honnêtement.
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Un jour, j'avais invité  Mun à la maison, inventant un prétexte à mes parents (qu'on devait travailler sur un projet scolaire et qu'on était à deux). Mon père m'a tout de suite posé des questions concernant Amy... Je me suis un peu énervé en lui disant qu'il devrait arrêter de penser que c'était ma petite amie. Puis, on s'est encore disputés... On avait soudainement sonné à la porte. C'était Mun.
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Je lui ai donc ouvert, il a salué mes parents puis je lui ai demandé qu'on aille tout de suite dans la chambre. Il avait vu que je n'était pas dans mon état normal...
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« Qu'est-ce qu'il ne va pas ? - Oh... rien... on s'est encore disputés quoi... la routine... - C'est tout le temps comme ? - … Bof, c'était pas la pire dispute... - ... Dis... quand est-ce que tu vas leur dire pour nous deux ? - Chéri, je sais pas... tu sais bien que... - Ton père risquerait de le prendre, je sais ! M'avait-il coupé, Écoute, tu sais que j'ai prit  énormément de temps à m'assumer. Je veux passer à l'étape supérieur avec toi. Je veux connaître ta famille. A-t-il dit avec beaucoup d'assurance. - … Ça ne suffit pas que je connaisse uniquement la tienne ? La mienne n'est pas intéressante pour un sou... - Mais, si ça se trouve, ton père n'a aucun problème avec ça … si ça se trouve, il donne cette impression... non ? - Tsss... tu ne connais pas mon père... avais-je soupiré, Combien de fois il m'a dit que je n'étais pas un homme, un vrai, comme lui quoi... Et dernièrement, il m'a pris la tête parce que je n'étais pas venu avec Amy depuis longtemps... - Attends, il crois que tu es avec notre petite Amy, ahahha
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- Je ne vois pas ce qui a de drôle … avais-je râlé - Écoute, il va falloir que tu leur dise un jour ou l'autre, mon cœur... Si jamais ça se passe mal, tu sais que tu peux compter sur moi... - Je le sais bien... »
Il m'a prit dans mes bras afin de me rassurer. A ce moment-là, j'avais tellement peur que mon père rentre dans ma chambre et nous trouve tout les deux, enlacés, Mun ayant la main dans mes cheveux. J'avais l'impression que nous étions sur un terrain miné, prêts à exploser... Pour me remonter le moral , Mun s'est mi à me chatouiller. Étant un peu chatouilleux, j'essayais un maximum de ne pas rire trop fort. Quand c'est comme ça, je me suis toujours vengé en lui touchant ses cheveux, ça marche toujours puisqu'il a toujours arrêté de me chatouiller quand je fais ça.  Mais, cette fois, j'ai voulu le chatouiller aussi. On sait bien évidemment comment ces petits jeux finissent, n'est-ce pas ?
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Nous avions tout juste 18 ans, à ce moment-là, et je savais déjà que c'était l'homme de ma vie. Suis-je un peu trop romantique ? Sûrement ! Mun n'a jamais été très adroit avec le romantisme, mais ce qui est sûr, c'est qu'il sait exactement comment séduire pour faire l'amour. Des petits baisers au cou par là et des mains baladeuses par là, et il s'amusait même à dire des mots crus... et j'en passe aussi... Oui, c'est l'amant parfait à mes yeux. Avec le temps, il s'est amélioré de plus en plus. Je suis certes un romantique, mais comme beaucoup de personnes, j'aime également les plaisirs de la chair . Surtout quand je partage ces moments avec ma moitié. 
C'est exactement ce jour-là que je lui ai dit pour la première fois « Je t'aime » et l'ai ensuite embrassé comme si c'était la dernière, malgré ma peur qu'un de mes parents ne débarque dans ma chambre. Avant de passer aux choses sérieuses, j'ai eu le réflexe d'aller vérifier dans le salon, la cuisine, la terrasse, bref toute les pièces de la maison... Et, je me suis souvenu que mes parents avaient un week-end de prévu et qu'ils étaient partis avant même de me dire au revoir. Même après une dispute ! J'y ai été habitué. Mais, le jour où j'avais invité mon homme était le jour parfait, c'était le bon côté de la chose... 
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En revenant dans ma chambre, j'ai foncé vers lui pour l'embrasser fougueusement et nous avons fini par faire l’amour. Tout ce qui se trouvait dans ma chambre doit encore s'en souvenirs aujourd'hui. C'était aussi les rares fois que je me sentais vraiment à l'aise chez moi... Et pourtant, j'étais souvent seul à la maison quand mes parents se déplaçaient à cause de leur travail respectifs. J'avais demandé à Mun de rester tout le week-end à la maison avec moi... ce fut l'un des plus beaux week-end de ma jeunesse, l'extase. Personne pour nous ennuyer, aucun parents à l'horizon. Je ne me sentais vraiment en sécurité dans ses bras. Il me rassurait en me disant « Je ne laisserais personne te faire de mal, mon amour ». Même aujourd'hui, nous nous soutenons  qu'importe la situation par laquelle on passe. Une situation bonne comme mauvaise. Il avait ramené sa guitare pour jouer un peu... L'écouter, m'apaise beaucoup, surtout lorsque je suis en train de travailler sur mon ordinateur.
J'avais enfin prit mon courage à deux mains, c'est-à-dire, annoncer notre couple à mes parents. Nous nous sommes pas mal disputés Mun et moi à ce sujet...  J'avais tellement peur de le perdre que je me suis dit qu'il était hors de question que nous nous séparions à cause de ma crainte. J'ai donc organisé une soirée rencontre avec mes parents sans aller dans les détails. J'étais allé le chercher chez lui. Une fois devant chez moi, mon cœur battait très vite... Depuis la fenêtre, je pouvais les apercevoir en train de discuter. Comment allaient-ils réagir ?
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Mon père était surpris de me voir débarquer avec Mun. Il avait demandé si Amy était malade... Nous étions tout les quatre assis et sans réfléchir, j'ai prit la main de Mun et c'est là que j'ai annoncé la nouvelle. Ma mère n'a rien dit mais c'est surtout mon père qui avait parlé :
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« C'est une blague, Carlos ? Dites-moi que c'est une blague ?! - Non. On s'aime tout les deux, papa. - Mais … qu'est-ce qui n'est pas passé dans notre éducation ? Est-ce que tu as manqué de quoi que ce soit dans ta vie ? - Et ça recommence … Là n'est pas la question Papa, j'ai toujours été gay, il va falloir t'y faire ! - No me digas eso, surtout pas ! Je veux bien accepter que tu ne soies pas un homme comme moi, mais de là à avoir un fils qui... Alors là non ! » Avait-il haussé le ton en se levant du canapé.
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Mun s'est levé à son tour et a prit la parole. Mon père l'a vite coupé :
« Mr Dantes, Carlos reste votre fils, vous n'avez pas le droi... - Alors toi, la ferme ! Je savais bien que tu étais bizarre... c'est de ta faute ça ! - Pardon ?! - Tu vas dégager d'ici et je ne veux plus te voir traîner avec mon fils ! Vous êtes tous pareils, à vouloir transformer les autres en... pouah ! - Je ne peux pas vous laisser me parler ainsi ! - JE T'AI DIT DE DEGAGER,  ¡ MARICON ! » Cria mon père en poussant violemment Mun.
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Suite à cette action violente, j'ai vu rouge, très rouge. Sans réfléchir, j'ai défié mon père en le regardant droit dans les yeux : «  ¡ No le toques ! Si vuelves a tocar a mi novio, te juro que nunca volverás a saber de mí !   ¡ Lo julo !*»
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Jamais mon père ne m'avais vu lui parler ainsi et encore moins avec plus d'assurance. Il est ensuite parti dans sa chambre en claquant la porte. Ma mère s'est approchée de moi afin de me calmer, sans succès... Et oui, j'avais encore droit à : « Essaye de comprendre ton père, c'est pas facile d'apprendre une telle nouvelle du jour au lendemain... ». Je lui ensuite dit : « Je vois Maman...tu continues encore... ». J'aimais ma mère oui... mais elle ne m'a jamais vraiment compris et avait toujours cette manie de trouver une excuse quand il me rabaissait...
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J'ai raccompagné Mun sur la pallier de la porte. Il m'a ensuite prit dans ses bras et m'a chuchoté à l'oreille :
«  C'est fini mon cœur... - Tu vois... je le savais que ça allait se passer comme ça... - Laisse-le digérer ça... - Nan mais tu te rends compte de la manière dont il t'as parlé ? Et la manière dont il a été agressif ?! Je ne supporterais pas qu'on te fasse du mal comme ça ! »
J'avais cogité toute la nuit suite à cette soirée... Je n'avais pas encore trouvé de location pour me rapprocher de mon lieu de formation... mais je n'en pouvais plus de vivre dans cette maison... Et je savais que depuis ce soir-là, mon père n'allait pas me faire de cadeaux... J'en avais déjà parlé avec Mun... qui en avait parlé avec Lola... et elle m'avait déjà proposé de venir vivre avec eux le temps que je puisse trouver un logement.  Je n'avais pas osé accepté au début mais là, j'ai fini par accepter...
Une fois que je l'ai annoncé à mes parents, ma mère a tout fait pour me dissuader. Mon père, quant à lui, n'a pas hésité à critiquer ma décision :
« C'est pas en prenant ton indépendance que tu deviendras un homme... - Toute ma vie, tu n'as pas arrêté de me critiquer ! Je m'étais déjà préparé à ta réaction...   Je préfère me casser pour mon bien-être. - Et bien, vas-y, va vivre ta vie de dépravé avec ce culandrón ! - JE T'AI DEJA DIT DE NE PLUS LUI MANQUER DE RESPECT ! - ¡ Sal de està casa ! Je ne veux plus jamais te revoir, ni entendre parler de toi ! - ¡ Muy bien !  - Carlos, chéri, attends... me supplia ma mère - Carolina, laisse-le s'en aller … »
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En me dirigeant vers l'Arche avec le reste de mes affaires... Lola m'attendais devant la porte. Elle m'a regardé puis j'ai commencé à pleurer. Malgré ces disputes et cette libération, une partie de moi était triste... triste de quitter mes parents en mauvais terme... Ne savant pas quoi me dire, elle m'a prise dans ses bras. Cette étreinte m'a fait du bien au fond, oui... puis elle m'a dit : « Ne t'en fais pas, ici tu pourras faire ce que tu voudras et vivre pleinement ton couple en paix. ». Je lui en serais éternellement reconnaissant pour son accueil, son aide et son écoute.
Mun et moi avions continué notre petite vie ensemble par la suite. J'ai des nouvelles de ma mère, mais que rarement... Toujours aussi prise avec le boulot... ! Mon père ne l'interdit pas de prendre de mes nouvelles, mais lui, n'en veut pas. C'est réciproque de mon côté. Je suis resté à l'Arche pendant pas mal de mois et puis un jour, j'ai eu la chance d'avoir trouvé un logement sur Oasis Spring. Bien sûr, j'avais proposé à Mun de venir vivre avec moi, il n'a pas hésité à accepter. Depuis, nous vivons toujours ensemble, heureux avec quelques disputes de temps en temps. Et oui, la vie de couple n'est pas de toute repos !
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