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#les lesbiennes du dimanche comme on dit chez nous
ortiies · 1 year
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A secret meeting, hidden from the gods
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swedesinstockholm · 3 years
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dimanche:
j’ai marché doucement dans la forêt avec manon et loki en regardant les grues passer dans le ciel en nous demandant ce qu’elles se disaient
passé l’après-midi à dessiner sur le balcon dans ma bralette vert anis, il faisait trente degrés et j’écoutais la conversation dans une langue inconnue des deux types qui réparaient une voiture dans une allée de garage. j’ai fait un petit zine rigolo avec des dessins de loki pour l’anniversaire de manon comme celui que j’avais fait pour a. sauf que là je me suis moins appliquée. une guêpe est venue me voir de très près et je lui ai dit coucou! puis j’ai répété je suis pas une fleur je suis pas une fleur jusqu’à ce qu’elle s’en aille. je crois que j’ai été une plante dans une autre vie, une autotrophe dépendante du soleil
lundi:
j’ai fait un gros gâteau aux carottes avec un glaçage raté
mardi:
je me suis rendu compte qu’il fallait payer 100 francs suisses pour la candidature à l’école d’art de bâle et j’ai tout remis en question. il faut aussi une traduction des diplômes et c’est au dessus de mes forces. j’ai dit à f. que je savais pas si ça valait la peine étant données mes chances minuscules d’être admise en master sans bfa et elle a dit si. mais après je suis tombée dans la spirale de ma vie pleine de trous, ou plutôt un seul grand trou, le gouffre de La Situation, et l’université me semble être un endroit tellement hostile. je crois que je suis encore traumatisée par mon expérience d’erasmus à amsterdam. et alors je me monte la tête là dessus, sur mon incapacité à fonctionner dans le monde et à écrire des choses intelligentes cf mon cerveau et ça me donne envie de m’enfuir dans l’autre sens, la campagne. mais la campagne c’est aussi le monde. et j’aime les trottoirs et je sais pas conduire et je suis pas débrouillarde ni manuelle et j’aime trop ne pas bouger.
le soir on a regardé un documentaire sur les paysans en france de 1900 jusqu’à aujourd’hui et c’était fascinant. ça m’a fait penser, dans une moindre mesure, aux peuples indigènes aux états-unis que les américains ont déracinés de leurs terres, à qui ils ont imposé la privatisation de la terre, et dont ils ont envoyé les enfants dans des écoles où on leur interdisait de parler leur langue. en france les enfants des paysans étaient forcés à parler français à l’école puis on les a forcés à changer leur relation à la terre et à mettre de côté leur sensibilité pour se transformer en chefs d’entreprise. et puis y a des taux de suicide élevés chez les agriculteurs comme chez les indigènes.
mercredi:
j'ai fait une grande promenade dans une autre forêt que d’habitude et j’ai vu beaucoup de mousse mais je suis pas vraiment sortie de ma tête. je portais un vieux tshirt quicksilver de mon cousin et mon jean de garçon taille basse. top chef.
jeudi:
je me suis encore cassé la tête avec cette histoire de candidature et j’ai commencé à regarder des fermes sur le site de woofing français. j’ai envie d’aller dans une ferme tenue par des lesbiennes. pourquoi c’est si dur à trouver, pourquoi y a pas des lesbiennes partout? et puis j’ai reçu un mail qui me proposait de lire un de mes textes en ligne dans le cadre de la grève des femmes, la fille qui organise tous les trucs féministes de la bibli cherche des intervenantes issues de minorités (j’oublie tout le temps que je suis une minorité dans ce sens là parce que mon identité est encombrée par tellement d’autres trucs beaucoup plus embêtants) et elle a évoqué mon texte “super chouette” d’un projet de l’année dernière que j’avais complètement oublié parce que c’était juste un extrait de mon journal où je parlais beaucoup de céline sciamma et puis elle dit que ce serait rémunéré et j’arrive pas à croire qu’y a tellement peu de lesbiennes dans ce pays qu’on veuille me payer pour que je lise mon journal en public.
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yourfredericstuff · 4 years
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ZULMA
Problèmes capillaires chez notre dictateur préféré, Andy, personnage inspiré en partie de Martin Gore de DEPECHE MODE…
“ Andy porte un Chapilie depuis son… accident. C’est une sorte de turban. Je crois qu’il est très vexé. Il fait venir un taxi à midi et va déjeuner tout seul sur le port, à sept kilomètres d’ici. Vers trois heures il rentre par derrière et s’isole pour bosser. Pour mettre ses écouteurs sur les oreilles, il enlève le turban : pas génial, on dirait Dark Vador sans le masque. Je me suis excusé auprès de lui, c’était con d’en rester là, mais il m’a plutôt zappé. Dommage, je l’aurais bien accompagné un coup à Port-Clément. Andy débarquant avec son chapilie rose sur la tête, imagine l’attraction ! Et puis j’aime bien Andy, je ne suis pas une dinde cancanière, moi ! C’est par hasard que j’ai surpris une conversation classée secret défense entre lui et Zulma, sa coiffeuse personnelle descendue exprès d’Allemagne. Ils s’étaient enfermés dans une des salles de bains de l’étage mais Zulma n’est pas discrète, elle a une voix qui porte et de la cour on entendait tout. 
« Ok, elle est complètement déchirée… et c’est un 17 B, on ne fait plus cette couleur maintenant. Je ne sais vraiment pas à quoi tu penses, je t’ai pourtant dit d’en avoir toujours une d’avance avec toi ! Heureusement, j’ai apporté toutes mes soies de réparation… Tu l’as nettoyée avec le dégraissant minute ? Il est génial, non ? On doit pouvoir arranger la chose… Bon, je suis obligée de faire une découpe pour laisser respirer ta cicatrice… Je gèle à mort sur le devant… Reste tranquille, je teste la mise en place. Ça ne tiendra pas une éternité. Quatre-cinq jours maximum, avec de la colle capillaire pour les retouches. Si tu pouvais attendre jusqu’à dimanche pour la poser, ce serait mieux. C’est bien dimanche, la cérémonie ? » 
Des craquements sur le sol : les aiguilles de pin. Je me retourne et aperçois Ian de l’autre côté de la cour. On étouffe un fou rire. Je lui fais signe d’approcher doucement. Il met un index devant sa bouche et me rejoint en exagérant de grands pas silencieux.
« Et donc tu es complètement à court ? Plus un rajout, plus une mèche, rien ? Je te présente les nouveautés ? Maintenant on a le 6 A, c’est le blond le plus clair, blond bébé… non, pas en vrais cheveux de bébés, c’est fini ça, on ne peut plus se permettre. De toute façon, ce n’était que des cheveux d’enfants de plus de six ans, tu imagines bien. Il y a des limites. Là c’est une fibre synthétique mais regarde, hein, tu n’en crois pas tes yeux ! Plus clair ? Comment, plus clair ? Gris alors, blanc ? Il y a le 50… Je peux te faire un 19/50, blanc avec de légères mèches vertes. Non ?… Tu sais ce qui plaît beaucoup ? Le 125/125/18/60. Blond avec des reflets ambrés, une touche de châtain foncé et une touche invisible d’orange… — Peut-être. Oui, c’est pas mal ça, tu m’en mets deux. Et deux blond bébé. Est-ce que tu peux me faire une iroquoise ? — Comme en 97 ? Mais elles ne tiennent pas, rappelle-toi, c’est trop lourd. Si tu fais une vraie iroquoise il faut fixer les cheveux avec du sucre… Quoique en utilisant les nouveaux gels… Une iroquoise un peu courte, ça t’irait ? Genre crête de poule ? On pourrait travailler dans les 37, 27, 70 : les carmins, les violets, les jaunes… »
— J’ai un peu la gerbe, fais-je à Ian.
— Viens, je te paie une glace. (…)
Bonne surprise, Zulma est resté à dîner. Nadège a tenu à m’informer : « Ne sois pas surpris de son aspect masculin, c’est une lesbienne transgenre. » Elle y connaît rien. Zulma est un transsexuel female to male, il est né femme mais devient homme. Pendant le dîner, Andy nous a parlé de ses peintures, des portraits qu’il expose en ce moment à Berlin. Il a dit : « Ses tableaux expriment avec force l’idéal de virilité que Zulma aspire à réaliser ». Il va me montrer son book. Il n’y a vraiment que sa voix qui trompe, sans ça c’est vraiment un mec, super mignon en plus. Et très sympa.
— Les hormones n’ont pas suffi pour altérer ma voix, il va falloir que je repasse sur le billard. Mais il y a un petit risque que je me retrouve muet à la sortie, et ça, ça ne m’arrange pas du tout, parce que je suis une vraie pipelette ! Si je peux me permettre, Magnus… pour ta coiffure, la couleur…
— Oh, tu peux y aller, j’ai déjà eu toutes les coiffures possibles ! Mais avec ma nature de cheveux… j’ai un peu fait mon deuil maintenant. Par contre, au niveau de la peau, du visage…
— Oui, je voulais t’en parler. Il y a un truc tout simple à faire, qui aurait un effet immédiat. Tu as des cils tout plats, ça te donne un regard triste. Pour la couleur c’est facile, la teinture peut être faite en un quart d’heure. La teinture des cils, bien sûr. Mais je pensais surtout à une permanente de cils… Non, ce n’est pas spécialement délicat, c’est un coup de main. Mes collègues ne savent pas la faire, ils ne prennent pas le temps de préparer le client, de le mettre en confiance. La permanente, c’est de l’ammoniac, et avec la chaleur du corps, forcément un peu de produit s’infiltre sous la paupière et ça picote. Il faut rester zen… Si le client est stressé il va contracter les paupières, se frotter les yeux et là c’est la catastrophe, les gars hurlent de douleur ! On a eu une cliente qui nous a fait un procès… Mais avec moi tu peux être tranquille, je te ferai ça en douceur ! 
Tout le monde s’est un peu réconcilié avec ces histoires, sauf Ian qui a passé la soirée à chasser les mouches avec une tapette. À un moment il a essayé de dire qu’il faisait des tableaux lui aussi, mais personne n’a réagi. Zulma nous a fait marrer parce qu’il prenait une bouchée de chaque plat et repoussait son assiette en disant : « Il faut que je me contrôle, il faut que je me contrôle, j’ai tendance à faire de la cellulite ! Pour moi, rien n’est bon ! » Rien sauf la bibine apparemment. Il s’est descendu une bouteille de rosé à lui tout seul, et derrière ils ont pris des digeos avec Andy, ils ont mélangé plein de trucs. Je pouvais sentir leur haleine en face de moi, trop strange, on aurait dit une parfumerie. Ian était déjà sorti de table. Il a pas pris un verre. ”
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journal de l’été V
7 septembre
JE VAIS VOIR CÉLINE SCIAMMA je me suis cassé le petit orteil en me cognant contre le pied du canapé de cécile alors j’ai déplacé mon voyage à paris d’une semaine parce que je peux pas marcher et dans la voiture j’ai vu sur qu’elle présentait son film à paris le 18 septembre au cinéma égyptien, j’y ai réfléchi deux minutes en mangeant mon sandwich au fromage de brebis assise sur le capot de la voiture sur une aire d’autoroute et j’ai sorti ma visa dès que je suis remontée dans la voiture et puis j’ai crié TRÈS FORT parce que j’arrivais pas à croire que j’allais voir céline sciamma en vrai avec c. comme dans mes fantasmes sauf que je serai pas sur scène en train de chanter céline dion mais elle sera là quand même en chair et en os devant moi aussi en chair et en os probablement liquides. j’ai écrit à j. aussi je vais peut être la voir après six ans et un million de rêves tendres est-ce que je vais survivre à ce voyage à paris?
17 septembre
je suis à paris et j’ai réussi à m’infecter une ampoule dès le premier jour alors j’en suis réduite à rester assise sur un banc au bord de la seine avec mon journal et c’est vraiment nul. mais, truc pas nul: je peux passer autant de temps que je veux à discuter avec c. et ça c’est vraiment bien. hier soir elle parlait d’un type charmant de la cité des arts et au milieu de son histoire j’ai entendu i’m not even into guys et mes oreilles se sont dressées jusqu’à la lune PARDON C. J’AI BIEN ENTENDU? je lui ai parlé du portrait de la jeune fille en feu et je lui ai donné mes deux zines juste avant de sortir me promener donc au plus tard maintenant elle doit être au courant de ma soif inassouvie. ce matin en cherchant une galerie d’art on est passées devant un million de bars avec des drapeaux arc-en-ciel et le centre lgbt rue beaubourg et une énorme fresque colorée de lieux lesbiens parisiens que j’ai reconnus parce que je mène une vie de lesbienne parisienne imaginaire sur internet et je lui parlais de céline sciamma et d’adèle haenel et du film tout en clopinant à côté d’elle avec mes pieds meurtris. je meurs d’envie de l’emmener à la mutinerie mais j’ose pas + je peux même plus marcher maintenant. j’avancerai dans ma vie de lesbienne plus tard, en attendant je profite de pouvoir discuter avec des pairs (des pairs!) pour avancer dans ma vie en général. c. m’a dit qu’elle voulait allait s’installer à leipzig en janvier et j’ai du me retenir de pas lui crier PRENDS MOI AVEC TOI à la figure à la seconde où elle l’a dit parce que bon je veux pas m’accrocher comme une moule non plus, déjà que ça me dévaste de chagrin de devoir partir jeudi pour retourner dans ma dépression domestique.
hier soir on était invités chez son ami peintre suédois avec i. et son copain, on était tous assis par terre dans son studio autour de sa jolie tapisserie géométrique inspirée des dessins d’une femme médium du début du siècle qui parlait aux martiens, avec nos verres de vin rouge et un plateau de fromage posé au milieu, il nous a servi des bols de lentilles à la coriandre depuis sa petite cuisine cachée derrière le mur pendant qu’il nous parlait de cette femme et de son alphabet de martiens et de l’influence qu’elle a eue sur les psychanalystes et andré breton dans nadja. il disait qu’il voulait se servir de sa résidence à paris pour faire des recherches sur les linguistes de la sorbonne qui se sont penchés sur son alphabet de martiens. quelle vie. c. fumait une cigarette appuyée à la fenêtre en nous parlant de ses investigations sur les croisières et le concept d’hétérotopie de foucault et pouh ça me changeait de cet été. moi j’ai trinqué avec mon bidon décathlon en rigolant et puis j’ai plus ouvert la bouche de la soirée, j’étais moi et je commence à m’y faire. i. m’a posé plein de questions sur mes vidéos et je suis toujours un peu embarrassée de dire qu’y a pas vraiment de réflexion consciente derrière ce que je fais parce que ça fait quoi de moi exactement?
j’ai changé de berge, je me suis mise au soleil derrière notre-dame pour manger ma boule de glace pêche de vigne parce qu’ils avaient pas menthe chocolat, je l’ai savourée jusqu’à la dernière goutte en me demandant ce que je faisais à paris quand j’habitais ici. comment ça se fait que j’ai mangé qu’une seule fois une glace assise sur un mur au bord de la seine et c’était avec c.c. et j’avais fait du eye contact avec une fille que j’avais catégorisée lesbienne parcourue par un frisson d’excitation. c’était la période de la manif pour tous et elle m’avait emmenée au resto, le resto de touristes à st. michel où j’ai mangé du poulet pas bon en l’écoutant me dire qu’elle trouvait que les gays devraient pas se marier. j’arrivais pas à m’endormir le soir sur mon clic-clac rouge. hier j’ai emmené c. dans mon ancien quartier, je lui ai montré la porte de mon dernier appart et la fac et le champo et en y repensant j’ai dit what a waste! tout ce temps passé à me morfondre dans ma grotte ou dans le tgv et à manger des pâtes devant ma télé, mais ça va ça me retourne plus l’estomac, ça fait partie de moi.
j’adore regarder passer les péniches qui transportent des matériaux industriels, quel rêve d’être assise au bord de la seine au soleil et d’entendre les vagues clapoter contre le mur et les musiciens de jazz qui jouent de la clarinette sur le pont au dessus de moi mais QUEL RÊVE je veux plus jamais partir d’ici je suis amoureuse de la terre entière. dimanche j’ai fait une randonnée avec maman et loki dans une forêt du nord-est, on a longé des champs traversé une forêt touffue enjambé des racines longé un petit ruisseau et je suis tombée amoureuse d’une petite chapelle perchée dans les arbres sur le versant ouest (ouest dans ma tête en vrai je sais pas) elle prenait le soleil au milieu des sapins verts le vert spécial de ma nostalgie et je voulais pas la quitter. on est passées devant une maison sur une petite colline perdue au milieu des arbres et je me suis demandé qui habitait là et qu’est-ce qu’ils faisaient comme travail et puis je me suis dit et si je fondais une communauté artistique comme ponderosa dans une forêt luxembourgeoise?? bon depuis j’y ai réfléchi et je sais pas si j’en aurais la force ni les ressources et il faut convaincre des gens mais sur le moment je me suis vraiment dit que j’aimerais bien rester au luxembourg à la campagne et faire le bien autour de moi.
à midi on a pique-niqué sur un tissu étendu par terre au milieu de son studio on a fait griller mes petits pains et elle me disait qu’elle trouvait ça vraiment cool que je continue ma pratique artistique toute seule à la maison sans cadre ni feedback ni rien du tout et que mon parcours était tout à fait légitime et je lui disais que je savais toujours pas si je devais me lancer et essayer ou pas et elle a dit but you’re already trying! elle m’a demandé si j’avais travaillé un peu et je lui ai parlé de mon passage à la librairie et quand je lui ai raconté comment j’avais été virée elle a dit wow how validating!! that’s beautiful!! et franchement merci les artistes. pourquoi je suis pas entourée d’artistes 24/7 au lieu de maman qui me parle de ma retraite et ch. qui a dit en BUS?? eh ben dis donc! quand je lui ai dit que je prenais le bus parce que le train était trop cher. (y a des poissons dans la seine, tout petits petits, ça me rappelle le grau d’agde) et en même temps quand je me suis retrouvée dans le bus hier matin avec une heure de retard et des types qui puaient la transpi je me suis dit quand même et si je changeais de principes et que je devenais riche? ou juste, épouser céline sciamma.
j’ai bu une menthe à l’eau à la mutinerie ça y est, j’ai bu une menthe à l’eau à la mutinerie, c’est pas moi qui y ai emmené c. c’est elle qui m’y a emmenée finalement, est-ce que c’est mes zines?? j’étais assise sur le fauteuil à la fenêtre avec un livre de jean cocteau et elle fumait une cigarette accoudée à la fenêtre dans la pièce d’à côté et tout d’un coup elle me demande si je connais la mutinerie et après un petit silence de sous-entendu j’ai dit… oui et on a décidé d’y aller. c’était un parcours de lutte intense de marcher jusqu’à beaubourg avec mes pieds cassés et si j’avais pas eu ma démarche d’éclopée je me serais sentie au dessus du monde en passant devant les terrasses pleines à craquer avec mes mains dans les poches et c. à mes côtés. à mesure qu’on approchait je sentais l’adrénaline dans mon corps, jamais de la vie je serais rentrée seule là-dedans HAHA, j’ai commandé une bière pour c. et une menthe à l’eau pour moi à la femme aux cheveux ras derrière le bar et j’osais même pas regarder les filles autour de moi, y avait un billard au milieu et ça m’a rappelé m. la copine pas lesbienne de j.m. à hannovre. on s’est mises au fond du bar et je buvais doucement ma menthe à l’eau en lui racontant les trucs lesbiens de ma vie et elle m’a parlé de sa tragique histoire d’amour non partagée avec l. en islande, de son ex qui devait transitionner f to m juste avant qu’elle parte pour paris, de sa relation cassée avec son corps et le sexe, distordue par son éducation catholique, je lui parlé de ma peur paralysante d’approcher qui que ce soit et elle m’a dit have you tried internet dating? et je crois bien qu’il va falloir que je m’y mette parce que vu comment je me comporte dans un bar rempli de filles c’est pas comme ça que ça risque d’arriver. je regardais mes pieds pour aller aux toilettes de peur de mourir de trop de réalité si jamais je croisais le regard de l’une d’entre elles. i. nous a rejoint et on est rentrées en traversant les rues du marais toutes jaunes et j’avais l’impression d’être dans un autre paris que je connaissais pas, un faux paris, un décor, c’était disney. j’ai croisé un homme qui promenait son chien et je pensais à mes promenades du soir avec loki dans le quartier résidentiel fantôme gris et vert.
18 septembre
mes pieds ont atteint un nouveau niveau de désastre, j’ai une ampoule à vif sous l’orteil maintenant et j’ai pas de désinfectant et en me promenant dans les allés du père lachaise je me disais pourvu que je meure pas d’une infection des pieds. j’ai trop peur de poser mes chaussettes à chaque fois que je rentre pour constater l’étendue des dégâts. c. devait travailler alors je suis partie marcher toute seule, je peux pas m’en empêcher c’est plus fort que moi il faut que je marche, je dois voir, tout, alors j’ai marché jusqu’à bastille puis jusqu’à violette & co rue de charonne, j’y ai passé au moins une heure et demie à inspecter minutieusement chaque rayon, c’est l’endroit le plus réconfortant de toute la ville, j’ai feuilleté des bd d’alison bechdel, le manifeste des animaux de compagnie de donna haraway, un livre sur simone weil, un autre sur virginia woolf et sylvia plath, y avait même toute une étagère dédiée uniquement à l’écoféminisme. j’ai fini par choisir un livre de starhawk sur l’activisme parce que je me suis dit que ça allait peut être me pousser à me bouger. je voulais celui d’anne carson sur la mer aussi et celui de naomi klein sur le monde et les vagues de virginia w. que j’ai toujours pas lu et les entretiens d’annie ernaux sur sa pratique de l’écriture OUI et la libraire m’a fait un bon sourire derrière la caisse. en ressortant dans le vrai monde j’ai décidé de boiter jusqu’au père lachaise parce que je voulais aller voir la tombe de chantal akerman et c’était pas du tout une mince affaire mais je pensais à patti smith qui trouvait pas la tombe de simone weil en angleterre et qui avait fini par tomber dessus au moment où elle s’apprêtait à abandonner. je l’ai trouvée moi aussi à l’endroit où je la cherchais pas, à côté d’une classe de lycée et de leur prof qui parlait comme ça: …balzac qui a appelé son oeuvre la comédie…? humaine! parce que c’était un grand fan de…? dante alighieri! qui a écrit…? la divine…? comédie! les élèves avaient pas l’air trop intéressés. y avait des coquillages sur la tombe de chantal akerman et des petites pierres et un morceau de négatif avec une petite chaîne ornementée. je regrettais de rien avoir amené pour poser dessus. j’ai fouillé dans mon sac mais j’ai rien trouvé à part des miettes. j’ai pris des photos et je pensais à instagram. je me suis sentie sale. mais patti smith aussi elle prend en photo les tombes des gens. chez violette & co y avait un livre de chantal akerman, un seul, je l’ai feuilleté et ça m’a fait plaisir de retrouver son écriture candide et laconique, j’avais très envie de le lire mais il coûtait quinze euros et il était tout petit.
j’ai vu portrait de la jeune fille en feu, j’ai vu céline sciamma, j’ai vu adèle haenel, je peux mourir d’une infection des orteils c’est pas grave j’ai vu tout ce qu’il fallait voir dans ce monde. elle a dit qu’à chaque fois qu’elle allait présenter le film quelque part c’était une petite utopie qui se créait, le temps d’une soirée, dans la salle de cinéma. j’ai pensé à monique wittig. on était entourées de lesbiennes, nous deux comprises, c’était le paradis pour la deuxième fois de la journée. la fille à côté de moi venait de se faire raser le dessous de la tête mais ça lui plaisait pas et quand elle m’a regardée en train de prendre une photo de céline et adèle je me suis sentie jugée mais tant pis. elle marche légèrement voûtée comme moi céline sciamma. j’ai pleuré deux fois et demi pendant le film, c’est venu sans crier gare. j’avais peur d’être déçue après tout ce que j’ai entendu dessus mais non moi aussi il m’a réduite en miettes et j’avais envie d’aller serrer céline dans mes bras à la fin du film mais je savais pas où elle était. quelqu’un a crié merci céline! on a disséqué le film pendant tout le trajet du retour et j’étais contente de pas être toute seule avec mes émotions qui débordaient tout autour de moi dans le métro. je lui ai dit que céline sciamma avait écrit le film pour adèle haenel après leur rupture en sortant de la station saint paul et elle a dit wow that’s sexy.
19 septembre
un camion qui transportait deux étages de voitures neuves vient de passer au ralenti devant la vitre du bus pendant que j’écoutais la musique de la naissance des pieuvres et maintenant j’ai envie de faire un film. on l’a regardé dans le lit de c. cet après-midi pour me consoler de j. qui répondait plus à mes messages. je me disais que c’était ma faute, par automatisme. peut être que maintenant j’arrêterai de m’extasier devant sa mignonnerie quand je verrai des photos d’elle avec des animaux sur instagram. j’ai dit à c. que quand je l’avais vu au cinéma à seize ans il m’avait pas du tout mis la puce à l’oreille mais alors pas du tout et elle a dit i think it’s all a question of being ready. je me souviens aussi que je comprenais pas pourquoi adèle haenel insistait à ce point à se débarrasser de sa virginité, ça passait loin au dessus de ma tête. on est allées chercher des viennoiseries dans une pâtisserie trop chère et on a déjeuné sur la grande table du studio de son amie australienne qui parlait très vite sans changer l’expression de son visage, on a continué notre discussion sur le portrait de la jeune fille en feu et puis elle m’a dessinée assise à la fenêtre. elle a dit i forgot that you can just draw people! ça veut dire qu’elle m’aime bien un peu quand même? mes insécurités qui ont ressurgi tout d’un coup sans que je leur demande: je suis trop trop, pas assez intellectuellement stimulante, trop lente, trop absorbée par moi-même, pas drôle, pas fun, trop collante, trop autiste.
maison, trop contente de rentrer et de laver mes pieds et de les inonder d’huile essentielle anti-bactérienne et de manger des lasagnes aux poireaux en peignoir sur le canapé en sortant de la douche maman regardait sa série tf1 avec mathilde seigner mais c’était pas grave, enfin me glisser dans mon lit entourée de mille coussins, est-ce que mon côté fortnum & mason n’est pas plus fort que tous les autres finalement?
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marciawanders · 7 years
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Je coule. Je crois que c’est ça mon premier souvenir. Je coule comme si c’était la première fois. Plus que ma tête, c’est ma chatte qui m’a confirmé que j’étais pas hétéro.
J’ai grandi entre Genève et la France, en Haute Savoie, dans un village de moins de 3000 habitants, 20 % de FN, et le reste qui vote à droite. Du coup, bon, laisse moi te dire que des bi, des pédés et des gouines visibles, y en avait pas foison.
Le premier souvenir que j’ai, c’était Romaric de 4e3, un mec sympa et « efféminé » selon les critères du collège de La Pierre aux Fées où j’étais. Il s’en prenait plein la gueule toute l’année, tout comme Aurélien de 5e6 qui avait eu le malheur de dire un jour qu’il aimait bien chanter. Un matin de décembre, on a débarqué dans la cour et quelqu’un avait tagué sur 4 mètres de long « Romaric est un pédé ». L’administration n’a rien fait, c’est resté pendant des jours, Romaric a fait comme s’il s’en foutait et il est allé s’asseoir juste à côté du tag tous les midis jusqu’à ce que celui ci soit finalement effacé. En vrai, tout le monde savait très bien le mal que ce genre de truc peut faire.
Pendant ce temps là, moi j’évitais soigneusement de me poser la question. J’avais fini par jeter au fond de l’armoire tous mes sweats parce qu’on m’avait bien dit qu’il fallait être féminine désormais, pour les remplacer par des espèces de hauts immondes asymétriques (Pimkie, franchement je ne te remercie pas). C’était évident pour moi que je trouvais les filles trop belles, que je pensais à Mélanie Bochart autant qu’à Loïc Chambond en m’endormant, mais j’étais persuadée que c’était le cas de TOUTES les filles, et que du coup ça ne voulait rien dire. J’étais si naïve. Mais quand t’as ni modèle ni représentation à la télé, dans ton entourage ou dans les bouquins de couples autres qu’hétéro, t’as quand même souvent du mal à te projeter. En vrai, je pense que ça m’arrangeait bien, que je devais bien imaginer, même inconsciemment qu’il y aurait un coût à ne pas rentrer dans le schéma de séduction d’hétéroland. Romaric et tou.te.s les gamin.e.s persecuté.e.s au collège et lycée peuvent d’ailleurs l’expliquer bien mieux que moi. Au fil des années, j’ai d’ailleurs moi même intégré l’homophobie ambiante, et contribué à propager la rumeur que Carole F. était lesbienne comme si c’était une maladie dangereuse (Carole, je m’en veux encore).
Du coup, j’ai continué ma scolarité avec l’idée que être lesbienne ou bi, ce n’était pas ce que je ressentais, c’était autre chose, un monde inconnu, un truc de la ville. J’avais pas de haine, j’y pensais pas spécialement, mais c’était impossible que ça me concerne. Il se trouve qu’en plus de tout, j’avais perdu ma virginité assez tôt avec un garçon plutôt sympathique qui portait des colliers vert jaune rouge avec des feuilles de cannabis et qui me faisait pas chier pour que je porte autre chose que mon jogging blanc Go Sport. J’avais pas vraiment vu l’intérêt du truc, ça m’avait fait mal plus qu’autre chose, et je me souviens davantage de la chanson des Foo Fighters qui passait plutôt que l’acte en lui même, mais c’était sensé être un truc cool donc je m’y étais collée. Evidemment, comme j’étais une meuf, j’ai pu dire au revoir à ma réputation de sainte et bonjour à la réputation de salope du jour au lendemain, et du coup j’ai mis de côté mes questionnements existentiels sur les meufs, j’avais d’autres trucs à gérer.
J’ai vite dégagé de ce bled pourri dès que j’ai pu, c’est à dire l’année de mes dix huit ans, et j’ai débarqué d’abord à Grenoble, puis à Lyon. Pendant un week-end en Allemagne, loin de chez moi, j’ai flashé sur une meuf en boite, une butch qui m’a payé des verres et fait rougir comme une ado. On s’est pelotées pendant des heures sur un fauteuil pendant que mes potes jouaient au billard. J’ai un peu flippé en me demandant ce qu’ils allaient dire, mais rien, quedalle, parce qu’en fait une meuf qui embrasse une meuf, ça ne peut être qu’une « phase », un truc pour s’amuser, rien de sérieux. Et ce truc m’est resté pendant des années. J’avais beau draguer des meufs, passer des heures avec elles à se toucher et à s’embrasser, je repartais ensuite bien persuadée que j’étais hétéra, que ça voulait rien dire. Autour de moi, l’idée c’était que je faisais ça pour exciter les mecs autour, évidement, et je crois que ça me faisait trop flipper de démentir. Je me rappelle qu’à Lyon, après une longue discussion avec des potes de potes, celles ci avaient rapporté à ma coloc que c’était évident que j’étais gouine, mais que je ne le savais pas encore. Evidemment j’avais recraché ma bière, rigolé et dit un truc du genre « MOI GOUINE PFFF NAN PFF HIHIHI HEU COMMENT ELLES ME CONNAISSAIENT TROP PAS ». Hum. Pour moi, j’étais juste comme tout le monde, je trouvais les gens beaux, peu importe le genre. La bisexualité n’existait pas vraiment dans mon esprit, ni dans l’esprit de mes potes. Et du coup, l’équation était simple : si j’aimais les mecs alors j’étais forcément hétéra, point barre.
Plus j’ai vieilli, plus c’est devenu compliqué. Quand j’ai commencé à me dire bi, on me rétorquait souvent que c’était pas possible puisque je n’avais jamais réellement couché avec une meuf. Et plus on me disait ça, plus j’étais terrorisée à l’idée de passer à l’acte avec des meufs de mon âge et de pas savoir quoi faire, de pas savoir où mettre mes doigts, mes mains, mes cuisses, ma langue. Je veux dire, oui, merci j’avais vu toutes les saisons de The L Word mais clairement, ça n’allait pas suffire. Un jour en Norvège, en allant voir ma pote en échange, j’ai passé le séjour à draguer une meuf, à qui j’étais persuadée que je plaisais, enfin de l’action bordel. Fiasco total, elle était hétéra, j’ai donc été passer mon désespoir sur la bouche d’un italien quelconque qui embrassait super mal mais qui avait le mérite de pas être difficile. En vrai j’en rigole, mais à mon retour, je me suis répété pendant des semaines que quand même je devais pas être normale, que je comprenais pas ce qui se passait à l’intérieur de moi quand je voyais ces meufs. Oui je suis un peu lente à la détente, on l’aura toutes compris.
J’ai commencé à vouloir tenter des trucs à mon arrivée à Paris, mais je sortais que dans des endroits hétéros, avec des potes hétéros, et l’ampleur de l’angoisse de devoir repérer les meufs queer dans des foules a eu raison de moi, surtout que j’avais un gaydar absolument inefficace qui se basait presque uniquement sur une échelle de ressemblance avec Shane *. Au fur et à mesure, j’ai fini par trainer dans d’autres endroits, par rencontrer d’autres meufs. Et puis je me suis lancée, et c’était trop bien (non mais genre vraiment bien)(toi derrière ton écran qui te pose des questions, n’hésite plus).
Des mois plus tard, dans une soirée lesbienne parisienne, en regardant les très jeunes meufs autours de moi qui se roulait des pelles, j’ai pas pu m’empêcher d’être agacée. En fait, j’étais jalouse de leurs années non gâchées, non gaspillées. Quand tu te découvres pas hétéra sur le tard, ça crée en toi un truc spécial, un mélange de libération et de colère gigantesque, qui te submerge, qui t’empêche de respirer. T’es heureuse et tu tombes amoureuse toutes les minutes, mais tu hurles à la pensée des années que t’imagines gâchées. Sur le moment, je me rappelle que je répétais en boucle que j’avais gâché 10 ans de ma vie, c’était un peu con mais je n’arrivais pas à m’en empêcher. Je me disais que si j’avais grandi ailleurs, j’aurais peut-être eu d’autres références, j’aurais pu me projeter, et commencer à vivre avant.
Au final, je me suis engouffrée dans une autre vie, j’ai changé d’endroits où sortir, je pouvais plus voir un film ou lire un bouquin d’amour entre hétéros sans le balancer à travers la pièce (Paul aime Emma, c dur mé en fait Emma aime Paul, oui bon merci on a compris).
Et tes potes hétéros, comme ils veulent te montrer qu’ils sont pas homophobes, ils te posent aucune question sur ta nouvelle vie, c’est ta vie privée au final, on a pas besoin de détails, ça change rien pour nous tu sais, c’est cool. Sauf que pour toi, ça change tout. T’as justement envie d’en parler tout le temps, parce que ça soulève ta vie à cet instant précis et que tu sais pas à qui en parler. En plus, soyons honnête, le seul truc dont t’as envie de parler, c’est de cul, tout le temps et tu dis des trucs du style Y A PAS DE FIN THOMAS TU TE RENDS COMPTE, ON ARRETE QUAND ON VEUT IMAGINE JE METS DES DOIGTS DANS QUELQU’UN pendant que ton pote bouffe son kebab à 4h du mat’, et te regarde en se marrant. Au fil du temps, je me suis refait des potes, des références, j’ai découvert Effing Dykes, Michelle Tea, Dorothy Allison et Tegan and Sara, j’ai vu Bound trois fois, j’ai remis en question plein de trucs, je me suis sentie vivre, j’ai continué à regarder Magic Mike 1 et 2 pour me remonter le moral le dimanche, mais j’ai gardé ce sentiment de vouloir en quelque sorte rattraper toutes ces années.
A tou.te.s ceux et celles qui continuent à penser que les représentations ne servent à rien, que diffuser d’autres histoires, d’autres vies que celles qu’on nous placarde en modèle depuis notre naissance n’est pas capital, ne vous en faites pas ! Romaric, Aurélien et tout les autres ont surement très bien vécu leur adolescence ! Quand à moi, j’ai fini par me convaincre des côtés positifs d’un coming-out tardif : on m’avait fait chier pour autre chose à l’école (vaut-il mieux être une salope ou une lesbienne au lycée ? vous avez trois heures), j’étais sortie avec plein de mecs cis* supers (nope) et j’avais vécu des belles années qui ont contribué à construire qui je suis aujourd’hui (j’arrive jamais à dire cette phrase à voix haute sans rigoler).
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INTERVIEW #4 [Montpellier Pimp My Queer] - MEDUSA DICKINSON
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Crédit Photo : Coline Do
Medusa fait partie des  personnalités de la petite scène drag à Montpellier. . Souvent peu connue du grand public le drag fait pourtant son grand retour dans la capitale et en Province depuis à peu près cinq ans. 
Il y a eu un essoufflement de la fête pendant une quinzaine d’années, l’ambiance était morose, ce qui a également touché la scène drag et gay.  Si les drag-queens sont loin d’avoir disparu, elles sont souvent reléguées à de petites apparitions dans de gros clubs. Mais en ces chaudes d’été comme il n’y en a que dans le Sud de la France  elles ont peu à peu commencé leur grand retour !
Pour la troisième interview de la série qui met en avant les artistes queer de la scène montpelliéraine,  nous avons rencontré Medusa Dickinson ! 
Présente-nous ton parcours artistique et tes activités.
Je suis Medusa Dickinson, et je suis Drag Queen. Tout a commencé quand j'étais petit. J'adorais voler le maquillage de ma mère et me l'étaler copieusement sur le visage. Déjà à cet âge là je me sentais belle! Je me souviens, un jour, elle m'avait surpris. Elle m'a donc recouvert le visage de rouge à lèvres, un Givenchy magnifique dans mon souvenir ! Puis m'a habillé en fille, et m'a fait courir dans notre jardin ainsi. Et elle me hurlait que si je continuais, elle me ferait défiler ainsi dans tout le village ! Ô ma pauvre Maman, si tu m'avais vu défiler à la dernière Pride Montpellieraine, j'étais si belle ! ( Je raconte cette histoire avec le sourire, car aujourd'hui ma mère est très fière de moi! )! Mais nous pouvons donc dire que ma première fois en Drag fut vers mes 9 ans. Treize ans plus tard, me voilà, bien mieux entouré, bien mieux maquillé , et rempli de Militantisme ! Je suis militant à L’association Aides depuis désormais plus d'un an. Et depuis désormais trois mois, j'ai fondé avec Robin Des Doigts notre Drag House, La Maison du Boner ! Et je suis désormais la mère du petit Clark Ken! On ne dirait pas comme ça, mais je suis vraiment une femme active overbookée !
En quoi le choix de participer à des évènements Queer comme Pimp my Queer du collectif Support Your Local Girl Gang, le Festival Get Used to It ou la Born to be Queer du collectif MartinE, a une dimension politique et militante ?
Pour être franc, ça n'a même pas été un choix, c'était une évidence. Je vis dans le sud depuis désormais quatre ans. Je suis un homosexuel fier et assumé. Pourtant ici, je ne me suis jamais vraiment senti à 100% à l'aise, alors que j'aime pourtant cette région de tout mon coeur. Mais ici, on n'avait jamais laissé la place à des PD, gouines, trans et queer de nos genres. Par exemple, le festival Queer Get Used to It ! était un véritable besoin dans la région, et j'en remercie encore Charlotte Caragliu de l'avoir organisé pour deux années consécutives. Avec ces événements, des gens en marge, des personnes lesbiennes, gays, bi, trans, queer, ont enfin pu se retrouver, se sentir au sein d'une communauté ! Se sentir écoutés et compris. Avec ces soirées, nous imposons nos existences, notre fierté, et nos revendications. On milite en faisant la fête, le corps recouvert de paillettes, sur des musiques qui résonnent dans la tête!
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Crédit Photo : Coline Do
Vous apportez quelque chose de nouveau sur Montpellier avec la House of Boner, peux-tu nous en dire plus ? C'est quoi les prochaines étapes ?
On voulait faire une Drag house, mais différente, Robin était un King, moi j'étais une Queen. Généralement dans les houses, ça se mélange pas beaucoup. Mais la propagande de la « Manif Pour Tous » disait qu'une famille, c'est un papa et une maman, alors on s'est dit qu'on pouvait nous aussi être une jolie famille! On voulais créer une véritable maison du bonheur! Mieux ! Une Maison du Boner ! On se joue des codes familiaux ! Je suis un homme gay et je suis l’épouse d’un homme qui est une femme lesbienne ! Kamoulox!
On voulait une maison où chacun, dans sa diversité, a sa place, où les luttes militantes peuvent se rejoindre. Car oui, on est une house militante! On met un point d'honneur à cela ! Le drag, et encore plus chez les kings, est un véritable acte politique. Et nous tenons à respecter cela. Même en moustache à paillettes, même en string ou en cravate, nous défendons les femmes, les LGBTQ+, les POC, et les minorités !
Plus haut je te parlais de mon engagement auprès de l'Association Aides. Nous avons eu la chance d'être présent, à Aides Nîmes, lors de la soirée du 1er décembre [ Journée mondiale de Lutte contre le Sida]. Durant cette soirée, nous avons offert un show parlant avec humour et amour de prévention et de sexe, par le biais de contes parodiques que nous avions nous-même écrit.
Sur le long terme, notre but c'est bien entendu d'offrir quelque chose de différent avec la Maison du Boner ! Une nouvelle scène ! C'est d'ailleurs ce qu’a permis la Pimp my Queer au Coxx organisé par une asso super cool, nommé Support your Local Girl Gang. Je sais pas si tu connais ? D’autant plus qu’avec Robin des Doigts, nous allons être les hôtes de cette soirée Queer ! Qu’est-ce que c’est la Pimp my Queer ? C’est une scène ouverte queer où chacun peut venir oser, s'exprimer et monter sur scène pour performer ! Si tu veux danser ; chanter, lypsincer, faire 30 death drops à la minute, c’est un endroit fait pour toi ! C’est un lieu d’expression, où tu ne seras pas jugé, où tu seras accueilli par des drags remplis de gentillesse et d’amour. C’est très important pour nous d’offrir un cadre bienveillant et chaleureux pour que les artistes puissent se sentir à leur place, afin d’offrir le meilleur d’eux même !
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Crédit Photo : Caroline Barbarit / Ang'elle photos
Des endroits que tu recommanderais pour faire la fête entre Nîmes et Montpellier ?
Je suis persuadé que tu poses cette question pour que je parle de la soirée Pimp my Queer organisée par Support Your Local Girl Gang au Coxx ( 5 rue Jules Latreilhe , 34000 Montpellier ) tout les deuxième jeudis du mois !
D’autant plus que je devrais en parler, car je suis l’hôtesse ! Mais je n'en parlerais pas, car j'ai vu clair en ton jeu !
À la place je vais te parler de la folle soirée organisée à la Maison de Retraite des Viviers à Nîmes... Oui bon, en effet je ne sors pas beaucoup sur Nîmes pour faire la fête je l'avoue... Mais en même temps il y a tellement de soirées trop bien sur Montpellier, comme la Folle de Rage avec Julien de Bomerani !
Quel est ton spot à apéro ? Bon promis, je réponds sérieusement à cette question !
- À Nîmes , j'aime beaucoup l'Instant T, c'est un bar à Bières vraiment génial, avec des gens super sympa, ils font des soirées avec des groupes trop cool, et en hiver tu peux venir manger de la raclette le dimanche, et ça c'est un argument majeur ! Même si tu es Vegan tu trouveras ton BONER !
- Et à Montpellier, c'est plutôt un endroit à brunch pour être exact, Les Demoiselles de Montpellier. Je t'en parle, car c'est un endroit très beau, proposant des brunch végétariens/ végétaliens/sans gluten, et c'est vraiment délicieux. Mais c'est aussi le premier endroit où j'ai rencontré et brunché avec la Maison du Boner, alors ce lieu a une petite place dans mon coeur...
Quelles sont tes influences ?
Je dois t'avouer que je redoutais un peu cette question... J'ai des goûts tellement hétéroclites ( c'est d'ailleurs l'une des rares choses hétéro en moi !). Mais je vais aller directement au plus important. Je ne peux pas renier mon amour pour l'Opéra, je suis très inspiré par ces Divas de l'Opéra, pour ne pas citer La Callas. J'ai toujours été influencé par l'image de la femme forte, belle, intelligente et puissante comme Monroe, assez intelligente pour savoir jouer l'idiote, Dietrich et aussi Marie Marvingt, elles me passionnent. Piaf pour sa gouaille. Polaire, Chanel, et beaucoup d'autres. Je suis un gay qui aime les femmes. Bien entendu ces femmes ne sont pas d'une jeunesse sans pareille, j'ai de l'attrait pour l'ancien et pour une fois je ne fais pas une blague sur mon riche amant grabataire ! Mes deux plus grosses influences sont les Flappers et les Pin Up, les premières pour leur façon de jouer de leur féminité dans une apparence très garçonne. Ce jeu de genre, je m'en inspire pour Medusa, une femme très féminine, mais poilue, barbue et très masculine. Je joue aussi avec la Pin-up, très sensuelle et sexuelle avec ses formes généreuses. Ces influences m'ont appris à m'aimer dans mon corps. Je n'ai plus peur d'être une belle femme , même avec du ventre, même avec du poil, même avec des couilles ( au propre comme au figuré).
Ton artiste préféré.e ?
Tu m'embêtes avec tes questions! Mon artiste préférée c'est moi ! Tu as vu la tonne de peinture sur mon visage? On dirait un Picasso, c'est fabuleux!
Bon tu veux une vraie réponse? Tu sais, j'ai fais de longues études d'art et de design, j'en ai vu passer des artistes et des oeuvres sous mon nez, alors c'est difficile de répondre. Je pourrais te dire que j'adore Kandinsky, mais tout le monde s'en fiche. Et puis artiste, c'est aussi les compositeurs, les chanteurs, et là je te dirais Lady Gaga ou Madonna, mais c'est cliché ! Du coup, pour rester dans le thème Queer, je vais te parler de Grayson Perry, c'est un artiste plasticien britannique, il détruit un peu les codes et normes sociales de genre, il performe en tant que Claire, son alter ego féminin giga kitsch.
Une citation ?
J'ai toujours été une femme très généreuse alors en voici deux pour le prix d'une: « On ne naît pas homme, on le devient. » Erasme. « On ne naît pas femme, on le devient. » Simone de Beauvoir.
J'embrasse tendrement les membres de ma famille au passage.
Que penses-tu de Support Your Local Girl Gang ?
Bah je pense que tu me poses beaucoup de questions déjà ! Mais c'était des belles questions, et un bel interview! Je pense que Support Your Local Girl Gang est une chose merveilleuse. Je vous remercie de pouvoir donner de la place et de la visibilité à toutes ces femmes, artistes, queers. Vous mettez en lumière des gens généralement dans l'ombre. Je te dis ça car je le vois sur les réseaux sociaux, je découvre de nouveaux talents grâce à SYLGG, mais aussi car je le vois aux soirées Pimp My Queer, ce qui me rend d’autant plus fière d’être la co- hôtesse de ces soirées. Grâce à cette initiative, des gens s'accordent 5 minutes de célébrité, ils sortent de l'ombre pour enfin resplendir, pour montrer qui ils sont, pour offrir leur talent au monde. Et c'est grâce à toi, à Support Your Local Girl Gang. Alors de tout mon coeur, pour moi comme pour eux, merci.
Emeraldia Ayakashi - Support Your Local Girl Gang
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