Tumgik
#toujours dur de trouver une chute
luma-az · 1 year
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L'aquarium
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 3 août 
Thème : Bleu lagon/le cheval doré
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Les humains s’agglutinent de l’autre coté de la vitre. Les reflets bleus de la lumière traversant l’eau dansent sur leurs visages. Ils sont presque tous silencieux, ou discrets – les voix se réverbèrent dans cette grande salle comme dans une cathédrale, et ceux qui parlent chuchotent, pour ne pas briser la magie du moment. Ils sont là pour voir, et ils n’en perdent pas une miette.
Il faut dire que le spectacle est à la hauteur.
La vie sous-marine d’un récif de corail se déroule sous leurs yeux émerveillés, dans un lent et superbe ballet mille fois rejoué. Devant un mur bleu lagon qui apporte ses teintes à toute la pièce, toutes les créatures se mettent en scène avec une gracieuse indifférence envers leurs admirateurs, occupés à fouiller, nager, explorer les coins et les recoins de ce minuscule bout de mer qui est devenu leur maison. Beaucoup n’en ont jamais connu d’autre. Ils ignorent ce qui se passe de l’autre coté de la paroi de verre, chez ces créatures qu’ils peuvent encercler, mais jamais toucher. Ça ne les concerne pas vraiment.
Sauf un petit hippocampe jaune, qui vient de tomber nez à nez avec un petit cheval doré. Jamais, de mémoire d’hippocampe, il n’avait vu de congénère aussi intriguant, aussi attirant. Il se colle contre la vitre. Pour la première fois de sa courte vie, il voudrait tellement passer de l’autre coté…
Le cheval est dans la main d’un enfant qui regarde, émerveillé, l’hippocampe suivre le moindre de ses gestes. Et la petite tête dorée semble réagir à la cour effrénée que lui fait l’hippocampe, bougeant d’avant en arrière, en haut et en bas… Le cheval des mers redouble d’efforts, ses congénères remarquent le manège et se mêlent à la danse, et pendant quelques instants hors du temps, un petit humain mène de la main le ballet sous-marin.
Les adultes remarquent. Des vidéos sont filmées. Des flash crépitent. Les hippocampes renoncent. Le moment est passé.
N’en reste plus qu’un jouet, dans la main d’un enfant qu’on emmène dans la salle suivante, un petit cheval doré et ses incroyables pouvoirs.
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pivoineprune · 2 years
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Initiation
J'avais lu Allan Kardec, le livre des médiums et le livre des esprits, ces bouquins ont beaucoup changé ma vision des choses. En mes propres termes je dirais cramer le cerveau. Mais j'ai un "gentle mental", comprendre que je suis émotive, le terme me convient bien mieux.
Ce que ces bouquins ont détruit Initiation d'Elisabeth Haich, l'a réparé. J'ai mis beaucoup de temps avant de me décider à le lire, il n'était pas loin dans un coin de ma tête. Bien sûr il n'a pas été si facile à trouver, remercions Gibert Joseph de respecter sa fonction de librairie de seconde main ésotérique. (Ne vas nulle part, reste bien vissé à ta place.)
La langue est facile à lire à comprendre pendant une bonne partie, c'est droit au but jusqu'à son initiation commence. On tape dans le dur de la philosophie, concept d'existence, le rapport à Dieu, la réincarnation, les humains et les âmes supérieurs. Et leur limites, l'essence même de la femme. Ce livre m'a brûlé d'une manière bien différente, j'ai pleuré pour Elisabeth, j'ai eu mal pour elle. Je ne suis pas rassurée, on est ici pour souffrir, le bonheur est une obsession humaine. Et malheureusement pour elle, son humanité dans sa grandeur d'âme l'a piégée. Est-ce que c'est mal? Est-ce que c'est si mal que ça de tomber amoureuse? Avoir un corps est une trahison? Sommes-nous obligés de toujours nous maîtriser et de ne jamais faire défaut. Là où initiation rejoint les livres de Kardec, c'est que la notion d'amour, relation amoureuse homme-femme ne devrait pas être important. Le seul amour véritable est celui qu'on porte à Dieu, le reste c'est pêché. L'amour humain nous fourvoie et nous brûle, il mène à la folie, les erreurs et donc la culpabilité. Mais je n'aurais pas envie d'en rajouter, elle a tellement souffert. Et j'ai trouvé cela cruelle et injuste. Une seule erreur et on est condamné à en payer le prix sur des siècles. Voilà pourquoi je ne souhaite pas m'élever et rester un petit être humain, la chute est beaucoup moins brutale, et les attentes moins élevées. Me concernant, la curiosité m'a perdue et être une "je sais tout" aussi. Une bouche scellée vous garde des ennuis, même si ils vous trouvent quand même. En fait, le récit de sa chute m'a rappelé une réplique de Sex and the city le film "She was a smart girl before she fell in love". Voilà ce qui est arrivé.
Je suis égocentrique, je ramène tout à moi de mon côté ai-je vraiment envie d'être en couple? C'est comme un trou dans le sable, on en a jamais assez. Mais moi, étant un petit être humain, n'aspirant qu'à assouvir ma curiosité du moment, est-ce que le risque de chute serait aussi énorme. La vie m'a brûlée, à cause de mes choix et me pensant plus puissante que je ne l'étais réellement j'ai cru pouvoir sauver cette petite fille. Je veux simplement rester à la place des filles des hommes. La hauteur ne me va pas. Je suis quelqu'un de simple. Mais je continuerais de lire des livres et d'étudier. Le reste ne me concerne pas.
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fallenrazziel · 3 years
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Les Chroniques de Livaï #519 ~ UN PARFUM DE CULPABILITE (juin 846) Claus Emmerich
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le  personnage   le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le   plus fort de    l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur   ?   Qu'est-ce   qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en   devoir de   répondre à ces questions en vous livrant ma  propre vision   de sa vie, de   ses pensées, des épreuves qu'il a  traversées, ainsi que   celles des   personnes qui l'ont côtoyé, aimé,  admiré, craint,   détesté. Si   j'essaie le plus possible de respecter le canon,   quelques libertés    seront prises sur les aspects de sa vie les plus   flous. Quelques    personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes.
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Il n'y a pas un bruit autour de moi. De l'autre côté de la vitre, je regarde les gens passer dans la rue, insouciants et pressés, tandis que je reste là, assis - non, rivé à ce fauteuil - me sentant totalement séparé d'eux pour toujours. Mes yeux ne peuvent s'empêcher de se fixer sur les pieds agiles, les jambes musclées, en imaginant toute cette merveille d'ingénierie qui compose le corps humain...
Ma main se crispe sur ma cuisse, mais je ne peux me résoudre à baisser les yeux. On m'a parlé de douleur fantôme, mais je ne dois pas correspondre aux statistiques. Je ne sens plus rien du tout à cet endroit, dans cette zone vide de mon pantalon qu'on a laissé tomber au lieu de l'agrafer. Comme si cela pouvait me faire du bien... Je ne sens absolument rien, comme s'il n'y avait jamais rien eu là. Et c'est cela qui me fait souffrir. J'aurais voulu avoir mal, sentir ma chair lacérée, mes muscles déchirés, juste pour pouvoir dire que je n'ai pas toujours été un infirme. J'aimerais la douleur physique pour qu'elle cesse d'être dans mon cerveau...
Je me souviens à peine de notre retour. Juste des cahots de la route sous ma tête. La voix du caporal-chef donnant des ordres... Le bruit de la herse qui s'ouvre. L'odeur des draps propres de l'hôpital de Trost... Mon coeur battait fort quand j'ai repris connaissance. La première chose que j'ai vue, c'est Nadja transportée sur un brancard. Elle avait les yeux ouverts et je l'ai appelée. Aucune réponse... Je me fichais de mon état. Je voulais juste savoir si elle allait bien. On ne m'a rien dit...
Quand le médecin m'a annoncé que j'avais eu de la chance, que mes camarades avaient fait les choses au mieux pour m'éviter la gangrène, j'ai eu envie de rire. Je pensais "qu'est-ce qui pourrait être pire que ça ?" J'ai failli m'évanouir de nouveau en comprenant que je n'avais plus qu'une jambe. Le temps s'est arrêté, je me suis dit que je rêvais, que cela ne pouvait pas être vrai... Que je devais être mort dans l'estomac de ce titan et que tout était faux. Je l'ai cru pendant un moment. Et puis mes parents sont venus.
En les voyant, un choc brutal m'a ramené à la réalité. Les larmes de ma mère étaient réelles, le visage défait de mon père ne l'était pas moins... Tout ceci avait eu lieu, pour de vrai. J'étais devenu un infirme. Je me suis recroquevillé sur moi-même dans mon lit, et j'ai pleuré. Discrètement, après qu'ils soient partis. Ils m'ont dit en reniflant que le courrier du bataillon les assurait que j'aurais une pension confortable, qui m'assurerait un train de vie jusqu'à ma mort. Je n'ai rien compris de tout ça. Tout ce que je voulais, c'était retourner dans mon régiment...
Je ressasse tout ça dans ma tête encore aujourd'hui. Je n'ai rien d'autre à faire de toute façon. On ne m'a pas laissé voir Nadja... Aucun de mes camarades n'est venu me voir. Cela ne fait qu'une semaine, mais tout de même... Ils... ils devraient venir ! Je dois leur parler, je veux qu'ils m'expliquent ce qui se passe ! Je suis un explorateur ! Je suis pas fait pour rester là à compter les passants !
Je suis en train de me chauffer tout seul, dans ma petite chambre, quand j'entends la porte grincer. Avide de voir quelqu'un, je me retourne sur mon fauteuil et fixe l'entrée. Une petite silhouette dans un long manteau militaire se glisse dans la pièce. Elle a un bouquet de fleurs dans les mains. C'est mon supérieur. Celui qui m'a "sauvé la vie"... Celui que j'ai toujours admiré et espéré égaler un jour...
Je me sens si nul et stupide face à lui, là...
Il se dirige vers moi sans un mot, pose le bouquet sur mes genoux et sa main sur mon épaule. Je sens sa compassion traverser ma chair et mes os, et j'aurais aimé avoir envie de lui sourire, de lui serrer la main, de lui dire "merci"... Mais je ne peux pas. Je suis trop en colère. Je resserre mes doigts sur les tiges des fleurs fraîches, au risque de les briser... Je ne sais pas de quelles fleurs il s'agit ; elles sont blanches, c'est tout ce que je peux dire. Mon monde entier est blanc depuis une semaine... Des draps blancs, des bandages blancs, des uniformes blancs... Cette couleur est celle de la mort et des cimetières. Bordel, je suis pas encore mort !
J'essaie de me lever, et fais tomber les fleurs par terre. Je me penche pour les ramasser mais j'ai pas encore appris à retrouver mon équilibre. Je chute presque de mon fauteuil et c'est le caporal-chef qui me retient et me fait rassoir. Il rassemble lui-même les fleures éparses pendant que je le regarde, impuissant. Tandis qu'il se redresse pour poser le tout sur mon lit, j'attrape une tige au passage et la garde entre mes doigts. Je la fais rouler sous mon pouce, en espérant que cela puisse me détendre.
Il commence par me dire que l'escouade me passe le bonjour, puis demande comment je vais, et il n'y a aucun sarcasme dans sa voix. J'ai bien envie de lui répondre que je me porte comme un charme, mais je n'aurais pas pu m'empêcher de crier. Alors je réponds évasivement, et surtout que j'ai hâte de retourner au QGR. Il laisse le silence s'installer. Je ne veux pas qu'il réponde... Je suis terrorisé parce ce qu'il pourrait me dire... Cela rendra tout définitivement réel, quand il ouvrira la bouche pour parler...
Il répond qu'il est inenvisageable que je continue de servir dans le bataillon. Mon état ne me donne accès à aucun poste. Que l'Etat m'allouera une retraite méritée qui me permettra de... aaah... pitié, arrêtez ça...
Il cesse de parler et attend à son tour que je m'exprime. Sa main masse mon épaule de façon réconfortante, mais je n'y trouve aucun réconfort. Vous me dites que... je suis renvoyé, plus bon à rien ? Me renvoyez pas... Je veux rester à vos côtés, à tous ! Je peux pas laisser tomber comme ça ! Il murmure que c'est inutile, qu'il faut se montrer réaliste, et que je ferais mieux de penser à moi désormais... Penser à moi ? Comme vous l'avez fait ce jour-là ?
J'ai haussé la voix. Pourquoi ? Je veux qu'il s'excuse ? Qu'il m'explique pourquoi il a fait ça ? Je sens toute l'injustice que ces questions portent en elles... Mais je n'ai que lui pour passer ma rage ! Et il l'encaissera, je le sais ! Après tout, c'est de sa faute si...
Il me dit qu'il n'a pensé qu'à nous ramener en vie, que c'était son devoir en tant que chef d'escouade, et qu'il ne regrette pas de m'avoir sauvé. Haha, vous êtes sûr ? A quoi je ressemble, maintenant ? A un handicapé sur lequel vous allez vous apitoyer ? Vous allez me tapoter la tête en continuant de dire "tout va bien se passer, mon petit" ? J'ai pas besoin de votre pitié ! Je veux pas qu'on me traite comme un demi-homme ! Je suis un soldat !
Il murmure que même les soldats doivent se reposer un jour. Un jour ? J'avais pas choisi ce jour ! Que vais-je faire de ma vie ? Je me fous de l'argent de l'Etat ! Ca me rendra pas ma jambe ! Vous pensez avoir fait une bonne action ? Vous pensez que je vais vous remercier ? Il continue sur le même ton et répond que je peux lui dire ce qui me plaira, ce qui me soulagera, quoi qu'il me passe par la tête. Alors je me lâche.
Ca sert à quoi de continuer à vivre dans cet état ? Avec ce corps mutilé ? Je n'ai même pas vingt ans... et ma vie est déjà finie ! Vous savez pas ce que je ressens ! Ce que ça fait de vivre sans cette partie de soi qu'on a depuis sa naissance ? Je me sens inutile ! Je n'ai plus d'avenir ! Aucun métier possible, aucune femme ne voudra de moi... Je serais un poids pour tout le monde, même pour mes vieux parents, alors que c'était à moi de les soutenir ! Je n'existe plus. Je ne sers plus à rien...
Il rétorque que tant que je vis, je peux trouver une raison de continuer. Haha ! Il y a si peu de temps, je vous enviais. Votre force, votre renommée... Mais en fait, je vous envie pas du tout. Je vous plains. Vous avez l'impression de devoir sauver tout le monde, parce que votre force vous y contraint. Mais vous avez tort. Vous pouvez pas sauver tout le monde. Vous devriez même pas essayer, car vous brisez des vies encore plus cruellement...
Ouais... vous auriez du me laisser crever. Je serais pas là à souffrir le martyr. Ce serait déjà fini, et j'aurais une belle tombe immaculée dans le cimetière à côté de tous les autres. Vous pourriez vous y recueillir et y trouver la paix. Au lieu de ça, vous n'avez gagné que ma haine. Vous devrez l'accepter et la supporter. Comme moi j'accepterai et supporterai votre décision de me garder en vie. Mon existence relève de votre choix. Quoiqu'il arrive dorénavant pour moi, vous en serez responsable.
Je ne lui jette pas un seul regard. La violence que je lui ai balancée me fait du mal soudain. Les larmes me montent aux yeux, mais je ne pleurerais pas devant lui. Vous savez, je vous aimais... Malgré votre sévérité et votre caractère impossible, vous étiez presque comme un père pour moi. Je dois accepter que c'est ce père qui m'a mis dans ce fauteuil et vivre avec ça. Ce sera peut-être même plus dur pour moi que pour vous. Après tout, vous êtes le meilleur soldat de l'armée humaine ? Un vrai roc !
Il répond simplement que le bataillon est fier de m'avoir compté dans ses rangs et que tous les explorateurs me remercient pour mon courage et ma force. Que je lui manquerais, à lui, à eux tous... Il ne dit pas un mot de plus et j'entends le bruit de ses pas décroître dans la pièce, puis la porte se refermer. Je penche le visage sur la fleur et respire son parfum. Elle sent si bon...
Les larmes se libèrent enfin ; et je réalise alors que je ne reverrais jamais le caporal Livaï.
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poemesdujour · 3 years
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A l'orée du jour
Me voici désormais à l’orée du jour. En moi, dépossédé volontaire de la langue qui satisfaisait à mon devoir de dire le monde, quelque chose s’est rendu à l’épure. La brutalité du mouvement vers elle fut insoupçonnée, mais le temps calme des océans me revient lentement et c’est une longue nappe, une nappe de temps et de souffle, qui s’étend maintenant devant mes jours.
Parfois, l’habitude me vient de faire en de nombreuses photos, comme je le pourrais en poème, un panorama des jours. Les voici qui vont, qui viennent, qui échappent au mot, à l’écoulement des heures. Elles sont autant de petites mains apposées sur la nappe du temps pour dire : « à cet instant, quelque chose s’exprime qui n’a pas besoin de moi pour être dit ». Alors, je cherche, encore, farouchement, désespérément, ce qui se cache derrière. Du mouvement qui me mène à la photo ou au poème, je ne sais rien. Comme à tout ce qui m’effleure intranquillement, j’aimerais être insensible et laisser le temps glisser sur ma peau pour mieux caresser d’autres peaux sans trembler. D’aucuns captureraient des instants pour eux, certains beaucoup, d’autres non. J’envie ceux qui s’accommodent de l’oubli : le deuil est admirable.
J’en viens à ce moment de la vie où quelque chose ne suffit plus, comme on se rend compte à n’importe quel âge qu’il faut aller plus loin, qu’un autre horizon nous appelle. Aussitôt livrés, fut-ce un peu partout, les mots et les images, qu’ils soient longs ou courts, infusés ou à vif, me laissent un répit. Le temps d’un thé peut-être, d’une nuit tout au plus. Un répit de courte durée avant de faire appel à l’inexprimé qui cogne contre ma poitrine. Me poussant dans les retranchements du jour, celui-ci m’oblige, à chaque étape, à trouver plus, à répondre sans cesse plus amplement à sa soif. Pousser des murs, pousser des murs, pousser des murs.
Ce qui manque, derrière le manque du poème, n’est plus le poème, pas plus que l’image. Ils ne sont que prétextes. Comme les poèmes, les photos m’échappent, et quelque chose d’inconnu leur crie de naître au monde et d’être exprimées ici ou là. Ensemble, leur tissu est trop vaste pour bien entrer dans le regard des autres, trop rond pour se plier au carré des réseaux : c’est toujours par effraction, par atterrissage forcé, qu’ils s’y retrouvent. Le poème participe à une mission plus grande que lui, dont il n’a nul indice. Comme moi, il se repère tant bien que mal et à tâtons, dans la nuit brumeuse qui va, cherchant jusqu’à l’aube ce qui manque à lui-même.
Du lac placide dont les traces que je laisse sont la surface, la profondeur n’est sondable que de moi. Ma quête ne se livre au monde que par bribes. Et pourtant, toujours, cette impression de trop, cette impression que ceux qui vivent se taisent et suivent leur chemin dans une indifférence exemplaire au monde alentour. Je suis partagé entre l’admiration de ceux-ci et le dégoût que me procure la perspective d’une vie sans portée que soi-même. Le jour est très proche où j’accepterai de trancher pour la deuxième option. De cette vie en contrejour, je ne livre des traces qu’en morceaux, poème par poème. Peut-être n’ai-je jamais écrit qu’un unique poème, depuis tant d’années, qui de temps en temps passe agiter la main à la fenêtre du monde. Puis, le monde passe à autre chose, comme nous passons tous à autre chose quand les fragments ténus de la vie des autres nous parviennent.
L’inexprimé ne se satisfait de rien. Plus je lui tends l’oreille et tâche de lui ménager une place, plus il croît, engendrant parfois l’expression, l’avortant d’autres fois. L’inexprimé n’a pas de visage, pas de silhouette, pas d’odeur ni de voix. L’inexprimé attend que je le découvre, mais seulement par hasard, en trébuchant dessus, au détour d’un saisissement, d’une phrase anodine ou d’un baiser volé. Quand nous nous croiserons, nous croirons tous les deux à une erreur, et nous nous éloignerons sans nous être reconnus. Ainsi pourrai-je continuer à écrire.
Mon écriture n’a jamais été qu’une longue et autopoïétique quête vers lui. Il ne m’a laissé qu’un seul indice, ténu mais salutaire : il ne faut pas le toucher. Le jour où l’inexprimé trouve la paix, nul mot ne peut plus naître. Il faut le travailler par détours, l’appâter, le guetter, comme on gravite autour de la singularité d’un trou noir sans jamais tomber dedans : le temps s’étend à l’infini. Il n’y a pas de point de chute, pas plus qu’il n’y en a pour le poème. Il y aura, un jour, j’y crois, un repos : tout silence consenti fait grandir ce que j’exprime, plus longtemps, plus grandement, comme un fruit lentement muri. Le mot et moi essayons de nous faire confiance. Il est arrivé que nous nous laissions tranquilles, nous retrouvant dorés au retour.
Un jour, fatigué de lutter sur la rive, j’emporterai le secret, dans le long silence de la placidité des lacs — mais je me suis promis récemment que ce jour ne viendrait pas encore. Il y a beaucoup de soleil, parfois la pluie d’été, et dehors le goût de la bière et la musique des rires. Comme à chaque fois que l’on sort d’un vaste désert – le deuxième de ma jeune vie, et celui-ci vit tomber beaucoup de nuits – on ne se demande qu’une chose : comment ai-je tenu ?
Parfois, qu’importe. On a tenu. On tient. On tiendra. Peut-être pour tenir ai-je désespérément poursuivi l’inexprimé jusque dans les retranchements où il me poussait. Peut-être faut-il beaucoup de noir pour percevoir la seule chose qui luit encore et comprendre qu’elle nous est vitale et ne cessera pas. Chaque jour, l’envie de voir autre chose que le jour me tient. Sans l’envie de courir sur une autre route, je n’irai pas bien loin sur la mienne. En réalité, l’équation est simple : j’ai tout à exprimer, mais je ne sais plus comment. Quelque chose a sauté, loin de mes mains, loin d’une quelconque prise. Les grands jours qui font naître les mots à dire sont ceux-là mêmes qui les avortent. Il y a beaucoup et tout à coup, pour dire, il faudrait soit tout condenser en une singularité soit trahir le jour en isolant ses morceaux. J’ai peu de mots quand il en faut, et beaucoup quand il n’en faut pas. Entre ces deux poteaux d’angle, je tisse un fil de funambule composé de lettres en petits caractères. Je ne me satisfais peut-être que de petites choses, de l’odeur du thé, du goût des lèvres et du chant des oiseaux ; ou peut-être du silence où grandit le poème. Ou peut-être, au contraire, faut-il encore pousser les murs, chaque jour plus loin, inlassablement, à perte de vue. La quête est en cours, sans moi, en mur de soutènement, en sillage profond. Tout s’écrit à mon insu. Je suis le contrejour de mes mots.
Les yeux bandés dans le souterrain de l’écriture et de la recherche, je me retrouve parfois à des embranchements. Cela ne signifie pas la fin du chemin. Simplement des pas qui se poursuivent. Fréquemment, je marche, en ville ou loin dans les vallées. Je ne marche pas d’un point à un autre, je marche. J’ai dans mes disques durs des milliers de photos qui sont autant de repères, de « Souviens-toi » murmurés à mon oreille. J’ai beaucoup de poèmes dormant dans des cahiers, qui sont, eux aussi, les balises d’une marche intime. Mes projets de carrière sont inconnus. Mes tentatives de vrais métiers ont été hasardeuses. Mes essais d’intégration au monde n’ont pas été transformés. Il est possible que je sois allé trop loin pour reculer, et qu’il faille accepter d’habiter d’autres espaces. Je serai toujours un peu en-dessous de la personne en moi qui ressent, qui pense et parfois, qui écrit. Parfois, je me hisse un peu à sa hauteur, peut-être par hasard. Il arrive quelques percées où elle s’exprime, d’autres, encore plus rares, où quelqu’un l’entend. Il faut aux personnes que j’aime beaucoup de courage pour supporter l’opacité des flots et pour oser plonger. Elles se noient parfois ; plus rarement, je remonte.
Malgré tout, quelque chose garde encore intacte la promesse de jours à vivre et de nuits lumineuses. La quête, malgré mes trahisons, m’a trop longtemps porté pour que je lui préfère une vie tranquille et de surface. Je n’ai vécu que d’elle et je ne me souviens que des espaces où sa main s’est posée. J’ai rencontré une fille qui danse pour ne pas mourir ; fait-on ce que l’on fait pour d’autres raisons ? Me voici désormais à l’orée du jour.
🌱 18 - 22 juin 2021. 🌱
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markbeomfrance · 3 years
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(JAY B) INTERVIEW • Novembre 2015 | NYLON
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Tu as mentionné que tu avais été un rebelle ?
Avant que je ne sois un trainee, j’aimais danser. Je voulais être un danseur et je voulais être un b-boy. Avec les conseils des gens autour de moi, j’ai été à l’audition sans trop y croire et j’ai réussi à la passer et par chance, j’ai eu la première place. J’ai vécu en m’entrainant et plutôt que d’être reconnaissant, j’étais têtu dans le fait que je ne voulais pas être le stéréotype du performeur chanteur et danseur. J’ai aussi séché quelques cours de chant *rires*. Et ensuite, j’ai écouté un peu de musique et tout à coup, j’ai voulu devenir bon en chant. Je me suis regardé et j’ai réalisé que j’avais des lacunes dans plein de domaines. A partir de là, j’ai arrêté de danser et je me suis seulement concentré sur l'entraînement au chant.
C’était quelle musique ?
C’était Brown Sugar de D’Angelo. C’était le genre de musique qui s’est vraiment démarquée pour moi et être aussi bon en chant était quelque chose que je pensais impossible dès le début. Je voulais une voix “coulante” et séduisante comme ça.
C’est pour ça que tu es devenu moins rebelle ?
Ma personnalité n’est pas du genre à ne pas écouter les opinions et les pensées des autres personnes. S’il y a quelque chose que je veux, je suis du genre à devenir têtu. Jusqu’à ce que je sois un lycéen, j’étais vraiment irresponsable. Même si je n’ai pas encore fini de grandir, quand j’ai eu 20 ans et que je suis devenu un adulte, j’ai ressenti le besoin puissant de devenir plus responsable. Alors j’ai essayé de faire plus attention avec mes mots et mes actes. A notre compagnie, s’il y a des opinions qui divergent, je ne dis pas “Définitivement, je ne fais pas ça”, mais je partage mon avis d’une manière civilisée.
Est-ce que tu subis la déprime automnale ?
J’avais l’habitude de penser que non, mais quand les saisons passent de l’été à l’automne, je sens que je suis sensible �� la chute des températures dans l’air. Je deviens distrait et je pense plus aussi. Parce que ce genre d’air est quelque chose qui arrive toujours une fois par an. Comme je respire cet air, je pense aux choses qui sont arrivées l’année précédente durant la même saison. Il y a des fois où je ressens comme un sentiment de nostalgie ou parfois je vais réfléchir. Mais ce n’est pas parce que c’est l’automne que je me sens seul.
Alors, tu es le genre qui aime manger ? Tu es du genre qui lit aussi ?
Pas seulement parce que c’est l’automne, mais j’aime les deux. J’aime la nourriture coréenne et chercher de bons restaurants coréens. Pour les livres… j’aime les fictions policières et les livres sur le développement personnel. J’en trouve des profonds.
Alors tu trouves les livres sur le développement personnel aidant ?
Honnêtement, je ne les trouve pas vraiment aidant *rires*. Même si vous ne pouvez pas devenir quelqu’un de remarquable juste en lisant des livres, après les avoir lu, c’est devenu un déclencheur pour moi de regarder ce que j’ai déjà fait.
Ça ne fait pas longtemps que ‘Just Right’ est sorti et maintenant vous êtes de retour avec ‘MAD’.
On a commencé à se préparer quand la promotion de ‘Just Right’ se terminait. On a enregistré en même temps qu’on s’exerçait sur la chorégraphie. Le concept de ‘Just Right’ était très clairement défini et le concept pour ‘If You Do’ est aussi très défini, alors on voulait rapidement montrer une image complètement différente.
Tu aimes être occupé ?
Ce n’est pas bon de trop se reposer. Ce n’est pas le fait de devenir angoissé quand on se repose, mais si on se repose trop, on abandonne nos pensées. Après s’être reposé, nous avons besoin de cette force conductrice pour se forcer à bouger. C’est pourquoi nous devons proprement trouver le juste milieu.
Est-ce qu’il y a quelque chose qui te fait “bouger” ?
Même si c’est quelque chose d’évident, c’est le souhait que beaucoup de gens écoutent et aiment notre musique. Même si c’est important que les gens aiment notre musique, comment je peux être capable de monter les choses est important aussi.
Qu’est-ce que tu fais quand tu te reposes ?
Quand j’ai du temps entre les mains, je m’entraîne à chanter et j'écris des chansons dans mon espace de travail. Parfois, je vais sur le bord de la Rivière Han et j’apprécie le vent ou parfois, je vais dans un café pour rencontrer un certain hyung qui, musicalement, me correspond, et on écoute de la musique tout en discutant. C’est tout.
Ce n’est pas le moment pour toi de sortir et de jouer autant que tu veux ?
En face de notre dortoir, il y a plein de clubs connus. Quand je vois des gens se rassembler en face de ces clubs le vendredi, il y a des fois où je veux aussi sortir et m’amuser tout seul. Cependant… je ne suis pas trop sûr. C’est la même chose pour jouer… il semble qu’on a besoin d’avoir des expériences variées pour n’avoir aucun regret, mais maintenant pour moi, faire de la musique et chanter est plus agréable et je suis plus à l’aise avec ça.
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Ah oui, félicitations. Vous avez gagné la première place pour la première fois, n’est-ce pas ?
On était vraiment très heureux. J’ai pensé que je pourrais pleurer si on ne gagnait pas. Même si avoir la première place n’est pas important, ce n’est pas quelque chose qu’on peut exclure de nos envies de résultats. J’ai pensé que le sentiment que nous ressentirions en gagnant serait une compensation pour tout le dur travail fourni jusque là. Cependant, à ce moment-là on était tellement choqué, alors la chose qu’on pouvait faire était de dire merci. J’ai passé la journée entière dans les nuages mais quand j’ai ouvert les yeux le matin suivant, j’ai réalisé. A partir de maintenant, nous devons travailler encore plus dur.
Est-ce que vous avez fait une fête ?
Vu qu’on avait une activité le jour suivant, on est immédiatement retourné au dortoir et on a dormi. Les membres et moi-même. On n’y croyait tellement pas que la stupéfaction se lisait sur nos visages quand on s’est assis dans la voiture pour rentrer *rires*. Parce qu’on est toujours au milieu de la promotion, on a dit qu’on terminerait complètement la promotion et on ferait ensuite la fête.
Est-ce que ça va être élaborée et grandiose ?
La fête ? En fait, quand on a dit qu’on allait faire une fête, on va juste aller dans un restaurant de grillades et manger de la viande *rires*. Je ne sais pas trop pour jouer, mais je ne suis pas sûr de ce qu’on pourrait faire. Quelque chose comme aller dans une chambre d’hôtel et s’amuser avec les membres ? On va probablement aller manger de la viande et aller à la Rivière Han pour apprécier l’air frais.
‘Just Right’ a une image mignonne. ‘If you Do’ a une image virile. Laquelle te correspond le plus ?
Si mon visage n’a pas d’expression particulière, je peux paraître féroce. Et quand je souris, je peux paraître gentil. C’est dur pour moi d’être mignon. Je trouve ça difficile de m’adapter comme je ne suis pas sûr de jusqu’où je dois aller. Quand je veux paraître mignon, je dois m’abandonner *rires*. En tout cas, je suis plus à l’aise sans expression.
Quand tu es Lim Jaebeom et quand tu es JB… il y a une vraie différence ?
Je suis seulement JB sur scène. Même après m’être maquillé et avoir mis mes vêtements de scène, je suis Lim Jaebeom jusqu’au moment où je monte sur scène. En dehors du moment où je suis sur scène à chanter et danser, je suis juste une personne ordinaire qui n’est pas du inquiet par un concept à suivre ou avoir une apparence cool.
Parmi les membres, est-ce qu’il y en a que tu aimerais être pour une journée ?
Je pense que mon moi actuel est juste ce qu’il faut. Ça ne veut pas dire que je détesterais échanger ma vie avec quelqu’un pour une journée. C’est parce que je suis satisfait avec moi-même et que je ne suis pas curieux sur autre chose.
Les fleurs ou la boule disco, qu’est-ce qui te va le mieux ?
Les fleurs. Elles sont plus “animales” (dans le sens naturel) et même s’il y a des fois où j’ai une passion brûlante, je suis habituellement plutôt doux.
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tontoncause · 4 years
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Chronique Nas - King’s Desease
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Je l’ai attendu désespérément, le voici le voilà, le nouvel album de Nas est arrivé ! 8 ans après le merveilleux Life Is Good, 2 ans après le très court et très décevant Nasir (réalisé dans la précipitation avec Kanye aux manettes) et un an après les très sous-estimées Lost Tapes 2, recueil de chutes de studios de diverses époques, dope mais qui ne permettaient pas de se rassurer définitivement sur sa forme actuelle et sa faculté à refaire un bon projet abouti. J’avais quelques informations avant la sortie : la pochette est stylée, ça s’appelle King’s Desease (la maladie des rois, surnom de la goutte dont j’ai l’extrême déplaisir de souffrir depuis quelques années), le single éclaireur est un très bon morceau mais pas un très bon single étant donné que loin d’un banger spectaculaire à faire péter pendant son cardio, la liste des featurings augure du possible meilleur comme du possible pire avec un grand brassage intergénérationnel, la liste des producteurs se résume à une personne : Hit-Boy. Cette dernière info en a laissé beaucoup perplexes, moi j’étais plutôt enthousiaste car familier du taf du bonhomme. Il s’est fait connaître aux débuts des années 2010 et a pas mal de hits ou de gros morceaux (Niggas In Paris, Sicko Mode, Clique, Goldie, 1Train)  pour des têtes d’affiche (Hov, Ye, Bey, Riri, Nicki, Kendrick, Travis, Nip, Meek,…) à son actif. Sa palette est hyper large, les breakbeats et les boucles/samples font parties de son ADN comme il a pu le démontrer aussi sur des projets moins mainstream parmi lesquels son excellent album solo passé complètement inaperçu cette année : The Chauncey Hollis Project. Les ignorants et les éternels nostalgiques font la moue, je suis assez confiant et excité.
 Puis le 21/8, je me suis réveillé à l’aube comme un enfant belge le 6 décembre et j’ai lancé ma première écoute, au casque. Concentration extrême, choppage d’un max de choses et enthousiasme. Ils l’ont fait, ça tue. Vite réécouter. Ce que je fais frénétiquement en boucle depuis. Comme beaucoup apparemment, surtout outre-atlantique, j’affirme que c’est un grand disque, peut-être même celui de l’année. Les prods vont comme un gant à Nas fluide comme jamais sur ces beats riches mais pas surproduits, qui laissent une large place à sa voix, l’instrument principal. Ça sonne actuel sans forcer, ni tendance ni à l’ancienne mais bel et bien 2020, bonne synthèse de ce que peut être un rap d’aujourd’hui qui lance des ponts entre hier et demain. Le fil rouge : les vicissitudes auxquelles sont confrontés les Kings, ces légendes du Hip Hop ou de la culture afro-américaine sorties des ghettos les plus durs pour se retrouver au sommet dans des positions pas si idylliques, contrairement aux images et aux illusions que bombardent les écrans. Les tentations, les excès, les jalousies, les trahisons, la grosse tête, les manipulations. Attention aux mirages, fausses oasis. Hubris. C’est un rappeur américain glorifié et haï depuis une trentaine d’années, il n’est pas à l’abri de propos et attitudes douteuses, de l’auto-mythification, de fanfaronnades de mâle alpha au milieu des requins mais c’est aussi une personne visiblement sensible, qui assume ses failles, intelligente, qui a soif de progrès, de justice sociale, d’harmonie, de sérénité, d’amour, de devenir meilleur. C’est aussi une des plus belles plumes si pas la plus belle de l’histoire de cette musique et se laisser porter par ces mots le temps d’un disque me passionne toujours.
 Analyse track par track :
 King’s Desease. Une boucle soulfull, pas de drums, dans l’école Alc/Marci/Griselda mais avec un son plus scintillant, des filtres, plusieurs couches. 1min50 pour que Nas plante le décor, trace les contours du thème de l’album, entre bravades, phases inspirantes, observations pertinentes, micro et macro. Ça flow sans trop forcer, le timbre est plus beau que jamais, ça coule tout seul, pure intro.
  Blue Benz. Dès que les drums arrivent je pète un cable. Ça sent le Boom Bap 5 étoiles, puis dès la sortie de l’intro, ça prend des dimensions en plus : Hit-Boy ne se contentera pas des recettes connues, aussi efficaces et classic soient-elles. Une énorme basse débarque, couplée à des arrangements riches mais pas rococos, ça groove, c’est varié et léché, comme si le son Large Pro et le son Dre vivaient un mariage heureux, le tout saupoudré d’un peu de drums TR-808. Über stylé. Nas débarque en mode Thug vétéran QB, images à l’ancienne avec 20 goons cracheurs de lames de rasoir au mythique Tunnel, à déchirer avec ses gars sûrs dans l’Amérique corporate en passant par les Rude Boys de Jamaïque et une envoutante femme fatale vénéneuse avec qui il fricotait jadis. Esco in full effect.
 Car #85. Me voilà conquis, aux anges. Nouvelle ligne de basse imparable, quelques vocalises discrètes du grand Charlie Wilson, groove languissant aux saveurs West Coast et génial storytelling autobiographique. On ride avec un Nas de 15-16 ans qui, trop jeune et petit joueur pour se balader au volant de son propre bolide, fait appel à un service de « plus ou moins taxis chelou » au chauffeur pas regardant tant que les gamins payent suffisamment. Monter à Times Square, cruiser dans Money Makin’ Manhattan, écouter ses tapes favorites pour aller au weed spot le plus proche, goûter aux plaisirs charnels avec une meuf plus expérimentée qui se lassera vite de son petit crush, le service peut même comprendre de t’attendre toi et tes assoc’ à la sortie de ton braco ! Le bon temps où dès qu’on voulait mettre le nez hors de la plus grande cité du monde, on appelait la Car #85. Du petit lait.
 Ultra Black. Single éclaireur décrié pour son manque d’efficacité, il s’intègre pourtant parfaitement dans la cohésion de l’album car oui et encore oui, c’est un très bon morceau. Qui amène à se poser cette question : un rappeur comme Nas a-t-il besoin d’un single éclaireur ? Est-ce que le sortir a déservi la sortie du projet ? Nas, dont l’amour et le militantisme à l’égard de son peuple ne sont plus à démontrer, propose ici un hymne pas pompier aux siens, truffé d’images et de références pas grillées avec un flow saccadé hyper technique mais pas tape à l’oreille, effortless plutôt que dans la démonstration. Le tout sur une prod que je valide et me fait penser à la vibe Common/Kanye sur Be. Un remix avec Common et Black Thought me fait bien fantasmer d’ailleurs… Nasir, si tu me lis…
 27 Summers. Ça commence avec une grosse ambiance trap bien lourde. Il y a 27 (!!!) étés Nas sortait son monument Illmatic, marquait éternellement cette musique de son empreinte. Il contemple son parcours, serein et triomphant. Après quelques mesures, le beat s’enrichit, la touche Hit-Boy apporte un plus à toutes les recettes… 1min43 et c’est déjà fini, tant mieux, ça augmente la replay value, ne laisse pas le temps de se lasser. Petite lourdeur efficace et bien placée.
 Replace Me. Un peu anxieux, premier feat du projet avec deux jeunes loups dans le coup, la sauce prendra-telle ? Est-ce qu’il n’aura pas l’air d’un invité incongru sur son propre morceau ? Nouvelle tuerie de ligne de basse, beat épuré pop mais pas guimauve, frais. Refrain autotuné de Don Toliver qui m’a un peu crispé à la première écoute mais qui fait finalement bien le job, très bonne mélodie. Rap de lover, bébé je vais te faire du bien à tout point de vue parce que je surassure dans tout, si tu veux me remplacer ça  va être chaud de trouver un successeur digne, fais gaffe. Bien fait, ça reste fun, les cainris tsé bien. Big Sean également à l’aise dans cet exercice, les 2 ont une chiée de verses dans ce genre de vibe, pas toujours pour le meilleur… Bon petit track pop chill, évidemment pas ce que je préfère dans son arsenal mais je ne skip pas, je kiffe. À mi-chemin, l’album est déjà super varié dans les ambiances musicales comme dans les propos et ça continue…
 Til The War Is Won. 2ème morceau qui me fait un peu peur. Lil Durk est une jeune mais déjà expérimentée tête de gondole de la scène drill de Chicago aka Chirak. Fils de Gangsta notoire et bien dedans depuis sa naissance, dans une ville rongée de dingue par les gangs, les meurtres et la misère. Il rappe et chante-autotune des trucs qui ne parlent pas souvent, du coup je ne connais pas très bien mais le sais capable. Il vient de faire une très belle perf sur le nouveau gros single de Drake. Mélancolie, trap douce (oui c’est possible), sentiments, atmosphère. Nas parle de la génération de Durk et beaucoup des femmes. Dénonce la lâcheté des hommes qui abandonnent, les violences conjugales, les frères et sœurs noirs qui s’entredéchirent, les dégâts de la violence aveugle et des conditions de vies abominables du cauchemar américain. Gros texte. Je ne le ressens ni démago ni pas sincère. Durk vient faire exactement ce qu’il doit faire : délaissant 2 secondes les fanfaronnades gangsta, il lâche un pur couplet chanté à cœur ouvert et désabusé, parlant avec des mots simples et justes de son vécu, de son environnement. On finit sur une outro hommage aux femmes, beau tout plein.
 All Bad. Ce coup-ci un peu anxieux mais parce que ça fait trop longtemps que je rêve de cette collab’ ! Grand fan d’Anderson Paak pratiquement dès le début de sa sortie de l’ombre il y a 5 ans déjà. Il me comble au chant, aux drums, en live. Son côté soulfull semble fait pour se marier à la vibe de Nas, mieux que pour d’autres rappeurs avec qui il réussit pourtant plus ou moins systématiquement ses featurings. Mon anxiété était donc qu’ils ratent l’immanquable, trop évident et gagné d’avance. J’ai un peu de mal à comprendre pourquoi mais à a première écoute je faisais un peu la moue. Depuis c’est un de mes morceaux préférés de l’album. Ils sont bel et bien faits pour créer de la musique ensemble et j’aimerais qu’ils en refassent beaucoup beaucoup plus. Drums aux petits oignons, mariage des voix, mélodie, groove, Musique. Lyricalement, ce n’est pas un des sommets du disque sans être déshonorable, les meufs et surtout les histoires d’amour qui finissent mal, les séparations amères… Mention à Paak qui semble considérer qu’emmener une meuf à un BBQ (référence à Live At The BBQ de Main Source, premier feat remarqué et légendaire de Nas ?!) devrait être LA preuve d’amour par excellence.
 The Definition. Nouveau morceau court avec une intro et outro anecdotiques mais qui font plaiz’ du légendaire DJ old school Brucie B (qui recevait un célèbre s/o dans Juicy de Biggie) et une prod un peu plus patate. Ça rappe vénère, flow plus rapide et énergique. Lyrics politiques où il dit majoritairement des bons trucs pertinents, ouvert sur le monde même si un peu douteux et ambigu par rapport à Gayle King souvent accusée de rabaisser des personnalités noires alors que ces dernières ne l’ont généralement pas volé. Soit. On préfère les réflexions sur la liberté, le contrôle, la surveillance des datas, les propos stigmatisants que Hillary voudrait qu’on oublie, Trump, les oligarques russes ou le réchauffement climatique. On s’amuse du petit passage sur la goutte spécialement pour moi.
 Full Circle. Autre morceau attendu impatiemment par tous les vieux fans, les retrouvailles avec The Firm (moins le pauvre Nature qui était un putain de rappeur quoi qu’on en dise). J’espérais de l’egotrip ou du storytelling mafioso-thug plein d’arrogance et de démesure, sur une prod bien Boom Bap lourde, une espèce d’Affirmative Action 2020. Désarçonné dès les premières mesures par ce nouveau beat atmosphèrique, minimaliste et à nouvelle bass line imparable. Cool mais pas dingue couplet de Nas pour commencer, parlant encore des femmes, des relations compliquées, de l’inutilité de vouloir les contrôler et les essentialiser. Une question qui prend de la place dans le disque, avec une pertinence et une élégance variable, parfois maladroit, souvent plein de bonnes intentions et je pense que c’est important qu’un mâle-alpha-star-de-premier-plan-du-rap plaide la cause des femmes, d’autant que ça n’est pas nouveau malgré, encore une fois, du chemin qui reste à parcourir sur certains points. Étonnamment, AZ et Cormega enchaînent élégamment sur cette même question, les thugs collectionneurs de conquêtes se révélant salutairement et sincèrement autocritiques, en quête de rédemption pour leur maladresse passée. Les 2 livrent de magnifiques verses à la hauteur de l’événement. Quelques belles phases et messages importants avec poésie. AZ remporte probablement la palme grâce à un flow fluide comme aux plus beaux jours, délicieux nectar pour les oreilles. Les anciens prouvent qu’ils peuvent sonner sur des prods actuelles et les habiller de la plus belle des façons. Le morceau « philogyne » laisse le dernier couplet à la First Lady de la clique : la revenante Foxy Brown. On l’avait déjà entendue sur le dernier Nicki Minaj, je n’étais donc pas surpris par sa voix actuelle. Elle n’a pas décidé de faire dans la finesse, le plaidoyer féministe. Egotrippin’ like a muh’fucka, elle est en mode Boss Bitch, hors sujet et sans finesse mais efficace, ça fait plaiz’ de la réentendre même si on l’imagine mal capable de nous tenir en haleine sur un projet complet.  Ultime surprise, ce bon Dr Dre, parrain du (décevant) projet originel, se fend d’une outro spoken word qui fait plaiz aussi, en espérant qu’il rebosse bien vite avec Nas (ce qui semble être le cas au vu de quelques images aperçues récemment sur les RS). Tuerie de track événement sous la forme la plus inattendue qui soit.
 10 Points. Ça commence par un énorme son Boom Bap brise nuque sur lequel on pourrait s’attendre à voir débarquer la clique Wu ou la clique Griselda. Puis direct on se rappelle que Hit-Boy a son son et le truc s’enrichit d’éléments divers, des super cuivres par exemple. Sans perdre le drive imposé par le break et la boucle de base. Nouvelle perf’ du beatmaker qui fournit décidément le terrain de jeu idéal à notre légende. Props. Sans se victimiser indécemment, il parle des difficultés des gens dans sa position, soupçonnés de ne pas faire assez pour ceux restés en bas (alors que souvent ils feraient beaucoup sans s’en vanter), la tendance de les porter aux nues pour mieux les descendre après, du public à l’entourage. De l’importance de surmonter les traumatismes du passé, de ne pas se perdre, que ça soit en essayant de se plier à toute sollicitation pour être aimé ou au contraire d’oublier d’où on vient et de faire des assists.
 The Cure. Le track d’après étant considéré comme un bonus track, voici le morceau supposé clôturer l’album, la conclusion. Ça commence par 4 bars sur une boucle sans drums, puis ça switch sur autre boucle sans drums pendant 12 mesures avant de switcher encore sur une troisième pendant 4 bars. Bars qui coulent et sont bouillantes comme la lave, que des joyaux, drop gems on ‘em. Puis après une petite minute et demie, il annonce le générique de fin et là, nouveau beat, pur Boom Bap avec un breakbeat qui claque.  Commence alors le couplet fleuve de 2 minutes de kickage que j’estime être le verse de l’année, intestable. Nas t’explique la vie, traumatisme, excellence suprême. Lebron a déclaré avoir écouté le morceau en boucle pendant des heures, de King à King, je l’imagine s’en servir pour se motiver, s’inspirer, se dépasser. Rap d’adulte qui ne tourne pas le dos aux jeunes. Grand album.
 Spicy. Pour finir, une petite friandise avec Fivio Foreign, le rookie new-yorkais qui buzz et ASAP Ferg, mon chouchou concernant les bangers (et capable de plus que ça), honteusement sous-estimé je trouve. J’avais un peu peur parce que Nas s’est déjà raté sur les bangers « à la mode » comme Summer On Smash, un des seuls moments faiblards de Life Is Good. J’espérais une grosse lourdeur drill car cette vibe à le don de me chauffer. Malheureusement pas pour ce coup-ci. Beat cheap mais addictif, couplet de sale gosse teubé mais charismatique de Fivio et dope 16 de Ferg qui s’est visiblement appliqué pour avoir des bars valables et pas seulement de l’enjaillement. Pas trop convaincu à première écoute, c’est un grower, morceau con-con qui fait du bien après tant d’orfèvrerie.  
 Conclusion, tu accuseras peut-être le grand nasologue d’en faire trop mais crois-le quand il te dit que cet album défonce tout. GOAT ish.
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tiredlittleoldme · 4 years
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La créature, Partie 2
Partie 1 ici
Matt retint sa respiration un instant, le coeur battant la chamade. Il savait qu’il était tout près, mais ses jambes étaient tremblantes après sa longue ascension. Appuyé contre un arbre, il tenta de reprendre son souffle, l’excitation se mêlant à la fatigue. Du dos de sa main, il essuya la sueur qui lui coulait du front et commençait à troubler sa vision. Son sac pesait lourd et il se laissa glisser au sol, cherchant d’une main sa dernière gourde d’eau. Elle était presque vide, malheureusement, et il essaya de ne pas penser à ce qui arriverait s’il ne trouvait pas ce qu’il cherchait rapidement. Précautionneusement, il se força à ne boire qu’une seule gorgée. Il ferma les yeux un moment. Il était tout près, si près ! Il allait enfin voir ! Enfin savoir.
Il rouvrit les paupières et trouva la luminosité moins douloureuse à supporter. Il sortit sa carte et son GPS et vérifia minutieusement sa position. Il ne fallait pas se perdre, il l’avait déjà fait et il lui avait ensuite fallu plus d’une demi-journée pour retrouver son chemin à travers la jungle verdoyante et épaisse. Il eut un sourire de satisfaction en constatant que ce qu’il ressentait dans ses tripes n’était pas une chimère. Il était à deux cent mètres au sud ouest de sa destination. Il rangea ses affaires avec fébrilité, épongea à nouveau son front et remit son sac sur le dos. Debout, il regarda, déterminé, la direction qu’il devait prendre et se mit en route.
Il mit plus de temps qu’il n’aurait voulu pour arriver, ou peut-être que la nervosité et la fatigue jouaient sur sa perception du temps. Enfin, à quelques mètres, il entra dans une clairière circulaire. Cette dernière n’était clairement pas naturelle et il fronça les sourcils. Mais ce n’était pas ce qui le surprit le plus. Une petite hutte (non, une yourte, corrigea t-il mentalement) occupait cet espace.
Est-ce que... Est-ce que c’était ce qu’il était censé trouver? Après toutes ces années à chercher? À ignorer son scepticisme, son défaitisme qui lui disaient tous les deux qu’elle serait impossible à trouver?
Il regarda dans toutes les directions, confus, cherchant des indices du regard. Un bruit dans la yourte attira son attention. Peut-être... Peut-être, au fond...
Il posa machinalement la main sur sa poche droite et inspira, prêt à aller poser sa question. Il se racla la gorge, essaya d’arranger ses cheveux couverts de sueur et alla toquer doucement à un des poteaux de l’installation sommaire. Il entendit quelqu’un remuer à l’intérieur et la porte rugueuse en bois s’ouvrit.
Le cri qu’il poussa fut instinctif, il aurait voulu dire primal, mais il savait bien que cela avait été bien trop aigu pour cela. Devant lui se trouvait une créature immense, à la peau grise et avec des yeux fluorescents. Il fit deux pas en arrière, voulant s’enfuir, mais s’emmêla les pieds et se sentit tomber en arrière.
S’il avait prêté des attributs humains à cette bête qui ne l’était manifestement pas, il aurait dit qu’elle semblait tout aussi surprise que lui.
Son sac amortit sa chute, mais dans sa panique à se relever, il roula sur le côté et heurta sa tête contre un objet dur. Il vit des étoiles (curieux, il avait toujours pensé que c’était un mythe) et gémit.
Il sentit quelque chose de chaud couler sur sa tempe et sa vision s’obscurcit.
Quand il reprit conscience (pas qu’il se soit rendu compte qu’il s’était évanoui), il était sur une large couchette. Son ouïe revint d’abord.
-Mais qu’est-ce que tu lui as fait?
-Rien du tout., répondit une voix douce et irréelle. Il m’a vu et il est tombé. Je crois qu’il a eu peur.
-Peur?, répéta la première personne, comme si l’idée même était ridicule.
Matt se sentit rougir, malgré le choc et tenta de bouger. C’était difficile, épuisant et il arrêta, se forçant à la place à ouvrir les yeux. Il lui fallut un moment pour s’habituer à la pénombre. On avait dû l’installer à l’intérieur de la yourte. Trop de questions lui tournaient en tête et cette dernière tournait aussi. Il laissa échapper un long soupir. Un visage apparut dans son champ de vision.
Oh Mon Dieu.
-C’est... C’est... C’est... Vous êtes...
Il ne parvenait pas à le croire. C’était impossible. Pas après tout ce temps... Son coeur battait si vite, trop vite !
Tout redevint noir.
Lorsqu’il rouvrit les paupières, il crut qu’il était devenu aveugle. La panique l’envahit quelques secondes et il laissa échapper des marmonnements terrifiés. Un rideau lourd et épais s’ouvrit et une lumière douce, créée par quelques bougies disséminées dans la pièce, lui parvint.
Il aurait pu pleurer de joie.
-Restez calme., lui intima quelqu’un. Vous n’avez probablement rien, mais ce n’est pas la peine de risquer de vous faire plus mal.
Il laissa ses yeux tomber sur la personne qui lui parlait et la but du regard, souriant de toutes ses dents. Derrière elle, la créature étrange avança et il ne put s’empêcher de pousser un glapissement d’effroi.
-Hey, hey, dit l’autre personne, complètement humaine. Vous venez lui demander quelque chose, soyez poli, au moins.
Il la fixa à nouveau.
-Je... Quoi??
Son interlocutrice fronça les sourcils.
-Vous veniez pour ça, non?
-Quoi?, répéta Matt.
Le choc sur la tête avait dû être plus brutal qu’il ne l’avait pensé. Peut-être qu’il était en train d’halluciner. Peut-être qu’il était en train de rêver. Ça expliquerait pourquoi il avait la soudaine impression que rien n’avait de sens.
Ça expliquerait aussi pourquoi il la voyait.
Il se pinça violemment le gras de la main entre le pouce et l’index et ressentit une douleur rapide. Il remonta ses doigts à sa tempe et le gémissement involontaire qu’il laissa échapper lui fit comprendre qu’il était au moins réveillé.
Il tendit le bras vers la femme à côté de lui et elle attrapa sa main, plissant les yeux.
-Vous... Vous êtes là...
-Bien sûr., répondit-elle, avec un sourire patient. Où devrais-je être?
Il ne put s’empêcher d’éclater de rire. C’était juste trop drôle. Il attrapa la photo dans sa poche droite et lui tendit. Elle la saisit, regarda le jeune homme, surprise, tandis que la créature derrière elle se pencha vers eux.
-C’est toi., dit celle-ci, de sa voix si particulière.
-Comment est-ce que vous avez eu ça?
Matt rougit avant de détourner le regard.
-Je l’ai prise dans vos affaires. Au journal.
Il y eut un instant de silence et Matt tourna la tête pour observer Emma. Le regard de cette dernière alternait entre la photographie d’elle-même, prise il y avait si longtemps, au coeur d’un conflit entre deux nations, la créature qui lui tenait une main et Matt.
-Vous n’êtes pas là pour elle?, demanda Emma, faisant doucement approcher la créature de la large couchette où reposait le jeune homme.
Il déglutit, croisant le regard de celle-ci et secoua la tête avec véhémence.
-Mais qu’est-ce que vous faites là, alors?
Une dizaine de minutes plus tard, il était assis sur un petit banc confortable et la créature lui tendait un gobelet fumant. Il le fixa une seconde, circonspect.
-Ça aidera contre votre blessure., lui assura Emma.
Il prit le gobelet de la main fine, murmurant un remerciement et la femme vint s’asseoir en face de lui, dans un large fauteuil. La créature était derrière elle, attentive et, il n’y avait aucun doute dans l’esprit de Matt, protectrice. Il résista à la tentation de partir en courant. Il ne savait pas où était son sac et si loin de tout qu’il était, il n’avait aucune chance de s’en sortir vivant.
De plus, il était venu ici dans un but précis. Il aurait été ridicule de reculer maintenant. Même si une créature inhumaine était dans la même pièce que lui, le fixant avec des immenses yeux verts globuleux. Impressionné, il baissa le regard vers Emma, mais en était presque plus mal à l’aise.
Il avait un milliard de questions.
-Comment est-ce que...?
-C’est moi qui vais poser les questions, si ça ne vous gêne pas.
Le ton de l’ancienne journaliste était poli, mais Matt y sentit facilement une certaine autorité. Il but la mixture étrange présente dans le gobelet, essayant de ne pas penser à ce qu’il y avait dedans et rassembla tout son courage.
-Je travaille au journal qui vous avait engagé. J’ai retrouvé vos affaires et j’ai essayé de vous retrouver.
-Il ment., hissa froidement la créature et il se renfonça un peu plus dans le décor.
Le regard plus cordial d’Emma se posa sur lui. Un sourcil levé, un coin de sourire aux lèvres, elle leva une main pour rassurer la créature derrière elle.
-Je sais. Tu n’es pas la seule à connaître quelques tours.
-Très bien., capitula immédiatement Matt.
Embarrassé, il rougit et se cacha la figure un moment.
-Je suis un de vos fans. Enfin, votre fan. Je ne sais pas si vous en avez d’autres.
Un sourire incrédule illumina brièvement le visage d’Emma.
-Pardon?
-J’ai lu tout ce que vous avez écrit. Je suis devenu journaliste à cause de vous ! Enfin, je... Je veux devenir journaliste à cause de vous... Au journal, je ne suis qu’un assistant, j’apporte le café.
-Et comment est-ce que vous m’avez trouvé?
-Eh bien, après votre disparition, il y a trois ans, après que les recherches aient été abandonnées, vos affaires ont été gardées aux archives, comme personne n’est venu les réclamer. Je...
Il devint complètement pivoine.
-J’ai fouillé dedans. Tout le monde pensait que votre disparition n’était pas liée à votre travail, mais quand j’ai trouvé vos recherches, je me suis dit que j’étais sur une piste. Je...
Il s’interrompit encore et releva les yeux vers la créature qu’il avait essayé d’ignorer. Une lueur de compréhension s’alluma dans son regard.
-C’est ça, ce que vous cherchiez? Les témoignages de tous ces gens, le folklore local... C’était vrai?
Emma eut un doux sourire pour la créature derrière elle.
-Oui. pour une fois...
-Mais... Pourquoi être restée?
-Pourquoi pas !, rit l’ancienne journaliste, dont les rides de fatigue et de désespoir s’étaient effacées au profit de ridules de bonheur au coin des yeux. Je n’étais pas vraiment heureuse là-bas, je voulais de la compagnie... Elle aussi.
Il ne put s’empêcher de sourire, même avec la présence effrayante et menaçante à quelques pas. 
Il fut raccompagné à la porte et on lui tendit son sac. Il avait promis de garder le secret sur Emma et son étrange colocataire et on lui avait fourni eau et nourriture pour son voyage retour.
-Vous l’avez fini?, demanda t-il, remettant son chapeau sur le pas de la porte rustique.
-Fini quoi?
-L’article que vous vouliez écrire sur...
Il leva le menton en direction de la créature derrière eux. Emma eut un sourire gêné et baissa la tête un instant.
-Je n’étais pas venue pour ça. Je voulais demander quelque chose.
Elle lut la curiosité dans ses yeux, avant qu’il ne remette ses lunettes de soleil et les cache.
-Malgré le... prix?
-Oui. Je ne suis pas allée jusqu’au bout, finalement. Elle m’a proposé de rester me reposer, ce que j’ai fait. Et puis, nous avons mangé, discuté...
Il n’y avait pas besoin d’être un journaliste pour comprendre la suite et Matt hocha la tête. Il l’avait admiré énormément et avait suivi sa carrière avec intérêt, avant même de réaliser à quel point elle devait se sentir seule. Après, avait-il pensé, il avait dû se sentir attiré par son écriture, par son visage dans les petites photos montrant la personne qui avait écrit l’article, parce qu’ils étaient relativement identiques. Enfin, pas qu’il lui viendrait l’idée d’abandonner la civilisation pour vivre dans une yourte avec une étrange créature aux pouvoirs qu’il n’était même pas vraiment sûr d’avoir saisi...
Il tendit la main à son héroïne.
-Ça a été un plaisir de vous rencontrer. Je ne pensais honnêtement pas vous retrouver vivante.
Elle prit sa main dans les siennes.
-Tant que vous restez le seul à le savoir... J’apprécie assez être morte.
Il lui sourit, se retourna pour partir, mais hésita. Après tout, il n’avait que cette opportunité pour lui demander. Il lui fit à nouveau face.
-Si je peux me permettre... Qu’est-ce que vous vouliez lui demander?
Elle eut un petit rire cristallin, presque juvénile et échangea un regard tendre avec la créature.
-Quelque chose que j’ai fini par avoir...
@givethispromptatry
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bubbletimestories · 5 years
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L’amertume d’une plume (CursedJaskier)
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Summary: Alors que les deux compagnons font halte dans un village, un bourgeois accuse Jaskier d’avoir couché avec son épouse. Le duo s’enfuit bien vite mais le barde commence à voir des plumes pousser sur son corps. La malédiction s’étend rapidement, impressionnante mais surtout douloureuse... 
Warnings: pain, curses
Themes: malédiction, douleur, réconfort, plumes, chant, inquiétude
A/N. J’avoue ne pas avoir beaucoup de connaissances de The Witcher, qu’il s’agisse de la série, des jeux ou des livres.
https://archiveofourown.org/works/23128243?view_full_work=true
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(Part 3)
Un rayon de soleil inopportun vient frapper le visage du jeune homme alors même qu’il était plongé dans un superbe rêve lui promettant richesse, abondance et plaisirs. Avec un grognement étouffé, il se redresse, ses cheveux châtains en bataille devant ses yeux, et pousse un long bâillement sonore. La place à côté de lui est vide, Geralt est probablement descendu s’occuper de sa jument, ce qui laisse le temps au barde de faire sa toilette. Encore ensommeillé, il se lève lentement tout en grattant son torse et son dos pour en décoller les plumes si envahissantes. Tout en baillant, il fredonne une de ses ballades et plonge ses mains encore engourdies dans l’eau glacée pour se laver. La morsure froide achève de le réveiller et il se sèche promptement avant d’enfin remarquer combien ses doigts se sont allongés, de même que ses ongles durcis pendant la nuit. A l’endroit où il s’est gratté perlent déjà quelques gouttes de sang au milieu de marques rouges qui tranchent sur sa peau blanche.
-        G…Geralt !
Il porte immédiatement le poing à sa bouche après que ce cri lui ait échappé. Il ne veut pas que son ami le voie comme ça, il se sent honteux sans vraiment savoir ce qui lui arrive, il a probablement fait une bêtise. Mais son appel a été entendu et le sorceleur enfonce à moitié la porte en entrant, la main sur la garde de son épée, préparé à affronter une créature sanguinaire ou un villageois en colère. Pourtant, il ne trouve rien si ce n’est son compagnon, prostré dans un coin, les mains croisées dans son giron et fuyant son regard. Les prunelles ambrées inspectent la pièce puis le jeune homme, décelant sur lui des traces de sang. Inutile de poser la moindre question, il ne faut pas longtemps au barde pour cracher lui-même le morceau, rouge de gêne et essayant de dissimuler ses poings mutilés.
-        Je…il m’arrive quelque chose de bizarre. Je ne sais pas ce qui se passe.
La panique qui perce dans sa voix empêche Geralt de se fâcher et il se contente de s’agenouiller et de dégager l’une des mains pour l’examiner, remarquant en même temps les fines plumes qui ornent son bras. Longues et d’une couleur de bronze, impossible de croire qu’elles proviennent d’un quelconque matelas.
-        Merde… 
Sans aucun doute, son ami est victime d’un mauvais sort qui le transforme en quelque chose, même si le sorceleur ne saurait déterminer quoi. Il examine de plus près l’étrange phénomène tandis que Jaskier devient de plus en plus agité. Sa main tremble entre celles du mutant et il tente de respirer profondément. Ça ne peut pas être grave, ils n’ont rien fait d’autre que chevaucher et tuer quelques créatures, ce n’est pas comme s’il avait libéré un nouveau djinn. Les mêmes questionnements passent dans l’esprit de Geralt qui se redresse.
-        Ça ressemble à une malédiction, on cherche à te punir et je pense que le pourceau qui t’a insulté à Dorian n’y est pas pour rien.
-        Ce gros lard ?! Mais pourquoi ? Je n’ai rien fait de mal ou du moins rien qui ne justifie de porter atteinte à ma beauté. Oh Geralt, et si…
Il n’achève pas sa phrase, tendant le bras pour attraper son précieux luth qu’il serre contre son cœur avant d’assouplir ses doigts. Pâle et inquiet par avance, il entreprend de jouer quelques notes de ballade mais ses ongles griffus accrochent les cordes, faisant crisser l’instrument au lieu de produire de la musique. Malgré ses efforts, il ne parvient pas à tirer autre chose que des notes crispantes et l’une des cordes finit par rompre, émettant un ultime claquement. Le silence s’abat sur la chambre et le barde cache son visage dans ses mains monstrueuses, livide et défait.
-        Je suis fini…
Jaskier contient ses larmes à grand peine et son compagnon le regarde sans savoir quoi dire ni quoi faire. Une partie de lui pense que le barde n’a que ce qu’il mérite à force de fourrer son…nez partout. Mais cela ne veut pas dire qu’il va le laisser affronter son sort, il s’agit de son ami et il en a si peu. Avec un grognement, le sorceleur tapote le genou de l’envoûté et se lève.
-        Je connais quelqu’un…il pourra lever la malédiction. Rassemble tes affaires rapidement, nous avons de la route jusqu’à Yspaden.
Sans attendre, les deux compagnons se mettent en route, ne sachant pas de combien de temps ils disposent pour sauver le jeune homme. 1 mois ? Quelques semaines ?
                             L’amertume d’une plume (Cursed!Jaskier)
Une fine pluie frappe les pavés de la cour, faisant ressortir les odeurs de boue et d’excréments sans que cela déplaise à l’unique occupant de l’écurie. Sans se soucier des gouttes glacées qui glissent dans ses longs cheveux de neige, le sorceleur attire Ablette au dehors pour achever de le harnacher. Les dernières notes d’une ballade résonnent à travers les vitres, suivies de bravos enthousiastes et une silhouette gracile se met à saluer derrière les carreaux colorés. Le temps de rassembler les pièces brillantes qu’on lui lance, Jaskier remercie la masse et s’éclipse au-dehors, adressant un sourire radieux à son compagnon, les joues roses d’excitation. A son enthousiasme débordant se heurte l’habituelle impassibilité du mutant qui se contente de faire signe au barde de grimper derrière lui. Puisque l’étalon du jeune homme a péri sous les coups du manticore, ils sont obligés de partager la même monture mais, pour honnête, ça ne les dérange pas. D’un mouvement léger quoiqu’un peu maladroit, Jaskier se glisse dans le dos de son ami en entamant un bavardage qui n’est pas près de s’arrêter.
-        Les gens d’ici sont fort généreux, nous avons largement de quoi nous payer un repas dans la prochaine auberge. Quoiqu’ils auraient été encore plus généreux si tu n’étais pas parti au bout de dix minutes en affichant ton air le plus grincheux. Tu as vaincu un manticore, tu devrais être fier, ne serait-ce qu’un peu content, plutôt que de ruminer comme un vieillard.
Sa litanie est interrompue par des éclats de voix au moment où un bourgeois replet fait irruption devant eux, suivi par un groupe de badauds friands de bagarre et de spectacle. L’homme semble furieux et en voyant la femme rouge de confusion qui se tient en retrait, Geralt pousse par avance un soupir exaspéré. Il est évident que le barde qui lui sert de compagnon de route a encore été fourré son membre viril dans la première dame qu’il a pu croiser, ça en devient lassant de toujours revivre la même scène encore et encore. Sans accorder un regard au cocu, il serre un peu plus les rênes tout en sentant Jaskier se raidir dans son dos.
-        Ce sale chien a baisé ma femme, il a déshonoré mon Elisa !
-        Je n’ai rien fait du tout ! Messire, je n’ai jamais vu cette femme de ma vie, je vous le jure.
Tout en affichant son air le plus choqué, le jeune homme resserre sa prise autour de la monture et souffle à Geralt de mettre les voiles loin d’ici mais son appel reste sans réponse tandis qu’un gros doigt boudiné se tend vers lui avec toute la puissance accusatrice dont un mari trompé est capable.
-        Descends, enfoiré de barde, que je te fasse bouffer ton luth par le cul !
-        Cette proposition est alléchante mais je vais devoir refuser, nous sommes attendu. Geralt !
Toujours aucun soutien, le sorceleur est immobile comme une statue, le regard tourné vers le lointain avec un air d’ennui profond. Puisque le musicien s’est mis dans l’embarras, il doit se débrouiller tout seul. Devant la panique qui s’affiche peu à peu sur les traits de Jaskier, le bourgeois s’enhardit, encouragé par la foule qui s’est massée derrière lui, en amatrice de sang. Son bras gros comme un jambon s’allonge pour se saisir de la cheville gracile et tirer le fuyard hors de sa selle. Avec un glapissement furieux, le barde atterrit dans la boue, ses chausses n’amortissant en rien sa chute sur les pavés glacés. Par réflexe, il cambre le dos pour éviter que son luth ne subisse un triste sort et recule de son mieux en voyant les yeux de son agresseur étinceler de furie.  
-        Je vais te saigner comme un pourceau et décorer ma porte avec tes bourses, sale fils de pendu, baiseur de chèvres, compagnon du boucher de Bla…
Le reste des insultes reste suspendu dans les airs, tout comme leur auteur dont les pieds se mettent à battre l’air sans plus trouver de sol. Le cocu sent son pourpoint craquer mais n’en a cure, plus perturbé par les iris dorées qui le toisent avec la colère froide du prédateur qui gronde avant de déchiqueter sa proie. Le reste de l’assemblée a fait silence, regardant avec un mélange d’effroi et de délice ce gros lard être soulevé d’une main par le célèbre sorceleur qui n’a même pas dégainé son épée. Inutile. Le visage terrifiant de stoïcisme mis à part les prunelles incendiaires, Geralt parle d’une voix sourde et mesurée.
-        Mon ami vous a dit qu’il ne connaissait pas votre femme et si elle vous a trompé, c’est peut-être parce que votre corps de limace flasque la dégoute et qu’il y a trop longtemps que vous n’avez plus rien qui soit dur. Maintenant, dégagez de mon chemin avant que votre tête n’aille rejoindre celle du manticore.
Avec une torsion du poignet, il relâche l’impoli qui s’enfuit en grommelant des malédictions, promettant de se venger du barde, même s’il attend d’être hors d’atteinte pour commencer à vociférer. Déçue de ne pas avoir assister à plus de violence, la foule se disperse et chacun retourne à sa choppe ou à ses occupations. Après avoir essuyé ses doigts sur son pantalon comme pour chasser une immondice, le chasseur se tourne vers Jaskier, toujours au sol, et lui tend la main pour l’aider à se relever. L’air mécontent du sorceleur incite son ami à ne pas ouvrir la bouche et c’est dans un silence tendu que les deux hommes quittent Dorian, l’un ayant enfoui son visage dans le dos de l’autre qui regarde à l’horizon sans se soucier de la pluie.  
**
Un pied posé sur une table poisseuse, Jaskier achève d’accorder son luth bien que personne ne lui prête encore grande attention. Il est beaucoup trop habitué aux salles crasseuses et aux spectateurs inattentifs pour se vexer et le barde s’occupe tranquillement de son cher instrument tout en jetant un ou deux regards en direction de son compagnon. Geralt, s’il donne l’impression de consommer tranquillement sa bière, reste néanmoins aux aguets. C’est plus une habitude que par réelle nécessité mais il n’est jamais sûr de pouvoir boire en paix. Son ami musicien contemple quelques secondes son air renfrogné avant de chasser du bout des doigts quelques plumes de duvet importunes collées dans son dos et sur son bras, à croire que son lit a rendu l’âme sans qu’il s’en rende compte. Il se gratte machinalement avant de se redresser, il est temps d’entrer en scène. Ses longs doigts fins effleurent les cordes de l’instrument qu’il fait chanter à la perfection, l’accompagnant bientôt sur un air qui est devenu familier au fil des années.
When a humble bard, Graced a ride along with Geralt of Rivia, along came this song…
Sa voix douce se perd légèrement dans le brouhaha ambiant mais le jeune homme ne se laisse pas perturber et quand il croise le regard ambré du héros dont il chante les exploits, il poursuit avec plus d’entrain. Peu à peu, les discussions s’arrêtent, jusqu’au bruit des chopes qui s’interrompt et les hommes font silence pour écouter les exploits du sorceleur. Quand Jaskier entonne le refrain, plusieurs voix se joignent à lui et les pièces commencent à étinceler dans l’air avant de retomber aux pieds du musicien. Au fil de la chanson, c’est une vraie pluie de métal qui tombe, parfois même composée de quelques pièces d’or ! Devant un tel succès, le barde prolonge sa performance, son visage irradiant de joie alors qu’il compte mentalement combien de repas chauds il est en train de gagner. Ses doigts fatiguent bientôt et il doit s’arrêter, saluant bien bas les généreux spectateurs qui continuent de siffler et de lancer leurs économies en criant des bravos. Geralt n’a rien perdu de la scène et il hausse un sourcil surpris alors que son ami ramasse son salaire, l’air aussi heureux que si on lui avait annoncé la mort de Valdo Marx.
-        Merci à tous, c’était un plaisir !
Après moultes révérences, Jaskier rejoint le sorceleur en souriant et dépose une poignée de pièces près de sa chope tout en se vantant de son succès. Il lui semble qu’ils deviennent de plus en plus connus et que la réputation de Geralt devient de moins en moins sombre grâce à son fidèle compagnon et à sa voix d’ange. Le guerrier roule des yeux en entendant pareils inepties, ce qui ne l’empêche pas de jeter un coup d’œil en direction de son ami et de chasser discrètement un duvet sur son plastron coloré. Le temps que l’on forge de nouveaux fers pour son cheval, ils vont devoir rester à Vizima, ce qui n’est pas vraiment pour plaire au tueur de monstres. Mais tant qu’ils n’attirent pas l’attention sur eux, tout se passera bien.
-        Essaie de ne pas prendre toute la place cette nuit, Geralt, un jeune homme tel que moi a besoin de sommeil.
Jaskier fait la moue en pliant et dépliant ses doigts endoloris alors que son ami repense à leur dernière nuit, raide au bord du lit tandis que le barde ronflait doucement, enroulé dans la couverture et gigotant régulièrement. Un sorceleur aussi a besoin de sommeil ! Les nombreuses pièces brillantes payeraient largement deux chambres mais aucun des deux hommes ne le propose pour la simple et bonne raison qu’il vaut mieux que Geralt garde un œil sur son compagnon de voyage. Officiellement. Lorsque l’heure est venue de prendre du repos, ils ne se séparent donc pas et d’ailleurs personne ne serait assez fou pour leur en faire la remarque. Qui sait si ce mutant n’a pas besoin de jouets pour tromper l’ennui... Un jouet excessivement bruyant si l’on demandait son avis à Geralt qui fronce les sourcils en voyant son compagnon se frotter les phalanges avec une huile fortement odorante.
-        Qu’est-ce que c’est que ça ? Ça empeste…
-        Un onguent pour mes mains, elles sont sèches et c’est mauvais pour les affaires si je ne peux pas jouer à mon aise.
-        Le monde serait reconnaissant d’avoir un peu de silence.
Le barde répond par une tape courroucée et fait mine d’ignorer l’insolent qui en profite pour s’étendre et fermer les yeux. Quelques minutes plus tard, la chandelle est soufflée et Jaskier se glisse sous la couverture, non sans grommeler contre les plumes qui le piquent à travers le fin tissu de ses vêtements. Il s’endort avec une rapidité surprenante et se love bientôt contre son ami qui ne bronche pas, habitué.
***
Un rayon de soleil inopportun vient frapper le visage du jeune homme alors même qu’il était plongé dans un superbe rêve lui promettant richesse, abondance et plaisirs. Avec un grognement étouffé, il se redresse, ses cheveux châtains en bataille devant ses yeux, et pousse un long bâillement sonore. La place à côté de lui est vide, Geralt est probablement descendu s’occuper de sa jument, ce qui laisse le temps au barde de faire sa toilette. Encore ensommeillé, il se lève lentement tout en grattant son torse et son dos pour en décoller les plumes si envahissantes. Tout en baillant, il fredonne une de ses ballades et plonge ses mains encore engourdies dans l’eau glacée pour se laver. La morsure froide achève de le réveiller et il se sèche promptement avant d’enfin remarquer combien ses doigts se sont allongés, de même que ses ongles durcis pendant la nuit. A l’endroit où il s’est gratté perlent déjà quelques gouttes de sang au milieu de marques rouges qui tranchent sur sa peau blanche.
-        G…Geralt !
Il porte immédiatement le poing à sa bouche après que ce cri lui ait échappé. Il ne veut pas que son ami le voie comme ça, il se sent honteux sans vraiment savoir ce qui lui arrive, il a probablement fait une bêtise. Mais son appel a été entendu et le sorceleur enfonce à moitié la porte en entrant, la main sur la garde de son épée, préparé à affronter une créature sanguinaire ou un villageois en colère. Pourtant, il ne trouve rien si ce n’est son compagnon, prostré dans un coin, les mains croisées dans son giron et fuyant son regard. Les prunelles ambrées inspectent la pièce puis le jeune homme, décelant sur lui des traces de sang. Inutile de poser la moindre question, il ne faut pas longtemps au barde pour cracher lui-même le morceau, rouge de gêne et essayant de dissimuler ses poings mutilés.
-        Je…il m’arrive quelque chose de bizarre. Je ne sais pas ce qui se passe.
La panique qui perce dans sa voix empêche Geralt de se fâcher et il se contente de s’agenouiller et de dégager l’une des mains pour l’examiner, remarquant en même temps les fines plumes qui ornent son bras. Longues et d’une couleur de bronze, impossible de croire qu’elles proviennent d’un quelconque matelas.
-        Merde… 
Sans aucun doute, son ami est victime d’un mauvais sort qui le transforme en quelque chose, même si le sorceleur ne saurait déterminer quoi. Il examine de plus près l’étrange phénomène tandis que Jaskier devient de plus en plus agité. Sa main tremble entre celles du mutant et il tente de respirer profondément. Ça ne peut pas être grave, ils n’ont rien fait d’autre que chevaucher et tuer quelques créatures, ce n’est pas comme s’il avait libéré un nouveau djinn. Les mêmes questionnements passent dans l’esprit de Geralt qui se redresse.
-        Ça ressemble à une malédiction, on cherche à te punir et je pense que le pourceau qui t’a insulté à Dorian n’y est pas pour rien.
-        Ce gros lard ?! Mais pourquoi ? Je n’ai rien fait de mal ou du moins rien qui ne justifie de porter atteinte à ma beauté. Oh Geralt, et si…
Il n’achève pas sa phrase, tendant le bras pour attraper son précieux luth qu’il serre contre son cœur avant d’assouplir ses doigts. Pâle et inquiet par avance, il entreprend de jouer quelques notes de ballade mais ses ongles griffus accrochent les cordes, faisant crisser l’instrument au lieu de produire de la musique. Malgré ses efforts, il ne parvient pas à tirer autre chose que des notes crispantes et l’une des cordes finit par rompre, émettant un ultime claquement. Le silence s’abat sur la chambre et le barde cache son visage dans ses mains monstrueuses, livide et défait.
-        Je suis fini…
Jaskier contient ses larmes à grand peine et son compagnon le regarde sans savoir quoi dire ni quoi faire. Une partie de lui pense que le barde n’a que ce qu’il mérite à force de fourrer son…nez partout. Mais cela ne veut pas dire qu’il va le laisser affronter son sort, il s’agit de son ami et il en a si peu. Avec un grognement, le sorceleur tapote le genou de l’envoûté et se lève.
-        Je connais quelqu’un…il pourra lever la malédiction. Rassemble tes affaires rapidement, nous avons de la route jusqu’à Yspaden.
Sans attendre, les deux compagnons se mettent en route, ne sachant pas de combien de temps ils disposent pour sauver le jeune homme. 1 mois ? Quelques semaines ?
****
Quelques jours seraient plus exacts tant la métamorphose du barde semble se propager rapidement. Lorsque le soleil atteint son zénith et que le duo s’arrête pour se restaurer, d’innombrables petites plumes ont eu le temps de pousser sur le corps fin de Jaskier qui lutte de son mieux contre les démangeaisons. Qu’ils partagent la même monture devient d’ailleurs une bénédiction car les mains engourdies du malade ne parviennent pas à tenir des rênes et sans la présence de Geralt pour guider l’animal et veiller à ce qu’il ne tombe pas, le barde aurait chu dès leur départ de l’auberge. Régulièrement, le jeune homme se plaint ce qui montre qu’il garde toute sa tête, cela l’aide à ne pas devenir fou à la pensée que son corps ne lui appartient plus.
Le voyage jusqu’à Yspaden est long et la bonne humeur de de Jaskier se désagrège peu à peu. Le soir, les pièces continuent de pleuvoir autour de lui, même en absence de luth, comme si sa voix seule pouvait charmer les spectateurs mais le jeune homme ne parvient plus à apprécier sa chance. De plus en plus vêtu pour dissimuler son état, le barde autrefois si joyeux et léger se referme sur lui-même et cesse tout à fait de chanter après deux jours de voyage. Cela a au moins le mérite d’apporter à Geralt la paix et le silence qui lui manquaient tant mais, en son for intérieur, le sorceleur ne parvient même pas à apprécier sa chance. La voix enjouée de son ami lui manque, remplacée par des gémissements qui se perdent dans le vent. Incapable de se gratter sans entailler sa chair du bout de ses griffes, Jaskier pensait déjà subir une torture mais bientôt, ses membres eux-mêmes cherchent à former de nouveaux angles. Tout son corps devient douloureux et la nuit, Geralt entend son compagnon pousser des plaintes dans son sommeil. Il commence à penser que le crime n’est pas à la hauteur du châtiment mais le sorceleur n’exprime pas le fond de sa pensée, retenu par une sorte de jalousie mal placée. Sans vraiment pouvoir l’admettre, il en veut à son compagnon d’avoir une énième fois partagé la couche d’une inconnue pendant qu’il avait le dos tourné.
C’est dans cette ambiance morose que les deux hommes font halte pour la nuit alors qu’ils traversent une épaisse forêt. Assis près du feu, Jaskier tend ses membres endoloris pour se réchauffer, veillant à ne pas embraser l’épais plumage qui recouvre à présent son corps, se confondant avec ses cheveux sombres pour mieux faire ressortir la pâleur de ses traits tirés.
-        A combien de jours d’Yspaden sommes-nous ? Je suis exténué…
Geralt réfléchit en installant le camp, affichant son habituel air renfrogné.
-        A ce rythme, nous arriverons dans trois jours. Quatre si les conditions sont mauvaises.
-        Trois jours ?! C’est beaucoup trop !
Le jeune homme remarque bien que le sorceleur fuit son regard, il est surtout conscient que le temps lui file entre les doigts et qu’il approche du point de non-retour. Qu’arrivera-t-il s’il se transforme totalement, si tant est que l’on sache en quoi il se métamorphose ? Rageusement, le barbe qui n’en est plus vraiment un ôte ses bottes déformées pour exposer ses pieds tordus, secs et griffus à l’image de ses mains autrefois si belles et fines.
-        Geralt, regarde-moi ! Je suis une créature affreuse, je…je n’ai pas trois jours devant moi. Je ne veux pas être un monstre !
Son compagnon se retourne vers lui, furieux devant ces jérémiades face auxquelles il se sent impuissant. Il prend sa propre peur pour de la colère et pointe un index accusateur en direction de son ami.
-        Ça ne serait pas arrivé si tu t’étais retenu de culbuter la première femme venue !
-        Parce que c’est ce que tu crois ? Je mérite ce qui m’arrive ?
-        Evidemment, il fallait bien que tu sois puni d’une façon ou d’une autre, à défaut d’une maladie honteuse…
-        Geralt !
Le jeune homme est profondément offusqué mais son compagnon n’en a pas fini, la jalousie faisant jaillir des mots brûlants de sa bouche, rendue venimeuse par cette longue attente.
-        Tu aurais dû éviter de te fourrer n’importe où !
-        JE N’AI PAS COUCHE AVEC CETTE FEMME !
Le silence retombe après ce cri du cœur, les deux hommes se toisant intensément en reprenant leur souffle. Jaskier a les yeux brillants, profondément blessé par son ami qu’il ne pensait pas capable de le juger aussi durement. Une violente douleur vient tordre les os du barde qui pousse une plainte et se recroqueville sur le sol, ne retenant plus les larmes qui coulent sur ses joues comme un torrent. Il gémit en se repliant sur lui-même, dévoré par les spasmes.
-        Je n’en peux plus…je n’en peux plus. Faites que ça s’arrête…
Le sorceleur reste figé, prenant conscience qu’il a été injuste, jaloux voire même cruel envers son seul ami. Pourquoi faut-il qu’il détruise tout ce qu’il touche ? Il regarde le jeune homme dévasté, ne sachant quoi faire pour le soulager. Quoiqu’il lui vient bien une idée… Geralt s’agenouille près de son compagnon et pose une main sur son épaule.
-        Hmmm…je suis désolé.
Sous ses doigts, il sent l’épaule trembler, secouée par des sanglots incontrôlables. Alors, doucement, avec d’infinies précautions, le mutant attrape une couverture pour en envelopper le malade puis le prend dans ses bras, veillant à ne pas appuyer sur les membres abîmés du barde. Ce dernier se calme peu à peu et ferme les yeux, inspirant profondément l’odeur musquée du sorceleur, mêlée à celle de son cheval et de la pluie des derniers jours. Ce parfum, cette étreinte, le réconfortent et il sent la douleur s’éloigner un peu. Ils restent un long moment ainsi, sans rien dire, et même lorsque le barde finit par trouver le sommeil, son ami ne le lâche pas, le laissant glisser sur ses genoux pour goûter à un peu de repos.  Etendu contre son compagnon, Jaskier semble aller mieux, les traits de son visage retrouvant cette douceur innocente qui lui est propre. Le sorceleur veille sur lui toute la nuit en contemplant les étoiles, étrangement serein.
*****
Trois jours…Quand Jaskier disait ne pas disposer d’autant de temps, il ne parlait peut-être pas à la légère. De sombres nuages d’orage s’amoncellent dans un ciel déjà gris, il va pleuvoir lourdement sur la Rédanie et le barde ensorcelé pourrait ne pas supporter cet ultime supplice. Enveloppé des pieds à la tête dans une couverture, le jeune homme s’est emmuré en lui-même depuis près d’une journée entière, seul son visage blafard se distinguant sous la laine râpeuse. La douleur est devenue tellement vive, tellement intense que le malade est incapable de se mouvoir, ne serait-ce que pour lever le bras. Voilà plusieurs heures qu’il délire dans un état de demi-conscience, appuyé contre Geralt qui veille à ce qu’il ne tombe pas, laissant sa jument avancer seule pour pouvoir tenir le barde correctement.
Un éclair déchire le ciel, bientôt suivi par un violent coup de tonnerre comme si la terre allait s’ouvrir pour avaler le duo. Le sorceleur resserre un peu son étreinte, ses yeux ambrés tournés vers l’horizon tandis qu’il hume l’air avec appréhension. La pluie ne tardera plus, ils doivent trouver un abri au plus vite, hors de question que Jaskier soit trempé. Il leur est impossible de faire halte dans la prochaine ville mais s’ils ne le font pas, où aller ? Un second coup de tonnerre résonne, chargeant d’électricité l’atmosphère déjà salée. Alors que Geralt hésite sur ce qu’il doit faire, son ami se recroqueville en entendant l’orage et ce simple mouvement lui arrache un gémissement douloureux. Des larmes coulent librement sur ses joues creusées en un sillon humide. De la même façon, la voie du sorceleur apparaît toute tracée.
-        Merde… 
Il prend une inspiration et talonne sa monture en direction de la ville, essayant de refouler au loin les images du massacre qu’il y a perpétré et qui lui a valu le nom de boucher. C’était il y a bien longtemps maintenant mais cela ne l’empêche pas d’être soulagé en n’apercevant personne alentour, même s’il décide de ne pas entrer dans la ville à proprement parler. Préférant rester le plus discret possible, Geralt laisse sa jument à l’abri des regards et soulève son ami dans ses bras, se fondant dans les ombres jusqu’à une écurie à l’abandon dont les planches vermoulues constitueront néanmoins un bon abri durant l’averse. Il ne faut d’ailleurs pas longtemps pour que la pluie commence à tomber, se fracassant sur le toit sans pour autant atteindre les deux compagnons. Malgré son épais plumage, Jaskier ne cesse de trembler de froid, son corps frêle semblant prêt à rompre au moindre souffle de vent. Le sorceleur le garde contre lui pour lui communiquer autant de chaleur qu’il le peut et, dans la pénombre de leur abri, il examine son compagnon avec appréhension. De ses mains si habiles, il ne reste rien que des serres raidies dont les griffes tranchantes ont laissé plus d’une marque sur le barde au fil des jours. Ses membres sont tordus selon des angles étranges, se recourbant en pattes et en ailes en un processus atrocement douloureux. Seul le visage du jeune homme reste intact, ce qui surprend grandement Geralt. La créature qu’il tient contre son torse ne ressemble à aucune autre qu’il aurait pu croiser, ce qui ajoute à son inquiétude.
Le malade s’agite brusquement, pris en étau par une douleur qui lui déchire les organes. Ses gémissements se font plus nets et il ouvre la bouche pour hurler, comme si ça pouvait le soulager. Geralt n’a que le temps de plaquer une main sur les lèvres pâles pour en étouffer le son, le cœur battant à l’idée que quelqu’un ait pu les entendre. Pendant de longues, d’interminables secondes, il reste immobile tandis que son ami s’apaise sous ses doigts. Le calme retombe mais le sorceleur a les sens trop aiguisés pour relâcher son attention, il sent une présence approcher et il tend lentement la main vers son épée, prêt à défendre leur vie avec sauvagerie.
Une jeune femme avance à pas très lents en direction de l’écurie, fixant la botte de foin détrempé qui ne dissimulera plus très longtemps les étrangers. Dans sa main, elle serre fermement un couteau émoussé mais la férocité sur son visage est altérée par le tremblement de ses membres. Elle a peur et Geralt le sent à plein nez. Leurs regards se croisent et le sorceleur relâche la garde de son arme, levant une main en signe d’apaisement tandis que l’autre supporte toujours le barde inconscient. Les yeux sombres de la nouvelle venue vont et viennent entre le boucher de Blaviken et son étrange chargement, ne sachant quoi penser de tout cela. Bien des saisons se sont écoulées depuis le passage du mutant mais il reste un sujet d’histoires sanglantes. Eazel ne sait que faire, le poing serré autour du manche de son couteau, ses cheveux crépus dégoulinant dans son dos.
-        Vous êtes…
-        Oui.
La voix de Geralt est calme et basse, il ne cherche pas à nier son identité (pour quoi faire ?) ni à menacer la jeune femme. Il veut simplement pouvoir protéger son ami et il pressent qu’il peut le faire sans violence. L’art des mots n’a jamais été son domaine mais il n’a pas vraiment le choix. Il remarque les regards insistants vers Jaskier et resserre instinctivement son étreinte autour du malade.
-        Mon ami est souffrant, très souffrant. Je dois l’emmener voir un guérisseur mais il ne peut pas voyager sous cette pluie.
-        Est-ce qu’il…
-        Il n’est pas contagieux mais son état empire rapidement et il va mourir s’il n’est pas soigné rapidement.
Comme pour appuyer ses propos, le barde frissonne dans sa couverture et lâche un soupir plaintif qui émeut Eazel. Elle a elle-même perdu un enfant, il y a quelques mois à peine, et de voir ce visage livide aux lèvres bleuies par le froid… Le sang ne coulera pas aujourd’hui, pas de sa main. En évitant de regarder le boucher dans les yeux, la jeune femme range son arme.
-        Vous pouvez rester ici jusqu’à ce que l’orage cesse. Mais ne faites pas de bruit et partez dès que possible.
-        Merci…
Eazel se contente de hocher la tête et part le plus vite possible, ne voulant pas se mêler un peu plus des affaires d’un sorceleur. Mieux vaut retourner chez soi, ne rien dire, faire comme si rien ne s’était passé. C’est le mieux qu’elle puisse faire pour les deux hommes.
De nouveau seul dans la pénombre de l’écurie, Geralt s’autorise un juron soulagé et rajuste sa position pour attendre que la pluie cesse.
-        Ge….Geralt…
Jaskier tente d’ouvrir les yeux mais renonce, son esprit remontant à la surface pour un temps que son ami sait court. Ce dernier le serre un peu plus contre lui pour lui montrer qu’il est bien là, qu’il veille sur son compagnon d’infortune. Pendant plusieurs minutes, le barde ne dit rien de plus, continuant de gémir le prénom du sorceleur comme un appel à l’aide.
-        Elle me parle…elle chante…dans mon oreille…
Ses yeux roulent derrière ses paupières closes et il se contracte sous un spasme de douleur qui se répercute dans tous ses os.
-        Je dois…chanter…Geralt…Geralt…
Il remue légèrement, tournant son visage contre la chemise du mutant et en humant le parfum. Son corps se relâche en même temps qu’il se rassure et replonge dans les limbes de l’inconscience, ses lèvres murmurant le même mot entre deux soupirs.
******
Jamais encore Ablette n’avait chevauché si vite et lorsque ses sabots atteignent les pavés d’Yspaden, la jument est toute fumante, trempée de sueur mais fière d’avoir parcouru une telle distance en peu de temps. Son maître n’a pas le temps de la remercier comme il se doit, se contentant de flatter son flanc avant de prendre le jeune homme inerte et de le transporter là où il pourra être sauvé. Geralt n’a rencontré le guérisseur qu’une seule fois mais il n’a plus le temps de chercher ailleurs et doit s’en remettre entièrement à lui pour libérer son ami de cette malédiction qui le ronge.
-        On est fermé aujourd’hui…, lance une voix traînante lorsque le sorceleur pénètre dans la sombre bâtisse sentant l’ail et l’alcool.
-        Merde Saraham !
Ce juron agacé fait lever le nez du vieil homme qui reconnaît immédiatement le sorceleur et change d’attitude, devenant curieux.
-        Geralt de Rive…c’est une surprise !
Une bonne surprise, non, mais aucun des deux hommes n’a besoin de le dire. Le mutant dépose la raison de sa venue sur la paillasse où lui-même avait été soigné il y a de cela bien des années. Il écarte la couverture sans dire un mot, montrant au guérisseur le corps du barde qui ne réagit même pas de se trouver ainsi examiné. Saraham rajuste ses lunettes et examine minutieusement les plumes, la forme des ailes du jeune homme en murmurant pour lui-même combien le cas est intéressant. A chaque seconde, le visage du sorceleur se crispe un peu plus de ne pas obtenir de réponse et ses yeux deviennent d’un noir de nuit mais le médecin n’en a cure. Il finit par se redresser.
-        Ton ami est maudit
-        Ça, je m’en serais douté. Guéris-le…si tu le peux.
La voix de Geralt se brise légèrement à la fin et il inspire profondément en retrouvant des prunelles ambrées. Le guérisseur hoche la tête et prend fioles et onguents sur des étagères.
-        Il est possédé par un esprit venu de contrées très au sud, un genre de sirène que tu ne connais sûrement pas. Elles ont une voix envoutante aussi mais là où tu connais des femmes au corps de poisson, celles-ci ont une apparence d’oiseau de proie. Quelqu’un lui ou en t’en veut apparemment.
-        Hum…
Le sorceleur fronce les sourcils mais ne dit rien, ayant assez confiance en Saraham pour le laisser poser un diagnostic. Jaskier émet une plainte et le cœur du mutant se serre immédiatement.
-        Est-ce que tu peux le libérer ?
-        Oh, bien sûr. Je vais extirper Thelxiépie de son corps et tout ira bien. Tu as de la chance que j’ai voyagé au Sud. Par contre, ça va prendre un moment. Va donc prendre l’air, tu pues la boue et la transpiration.  
En plus, le sorceleur est tellement tendu qu’il irradie d’ondes négatives dont Saraham n’a nullement besoin. Il pousse donc le jeune homme vers la porte avant de se mettre à l’ouvrage, Geralt restant planté devant la masure pendant quelques instants sans savoir quoi faire. Que son compagnon vive ou meurt, cela ne dépend désormais plus de lui. Il cherche donc à s’occuper de son mieux, pansant Ablette pour la récompenser, arpentant les rues de cette ville bien trop petite pour lui. Enfin, alors que le soleil décline à l’horizon, Saraham pointe le bout de son nez dehors pour indiquer au jeune homme qu’il peut revenir.
-        J’ai rassemblé tout ce qu’il fallait et il a bu de quoi faire sortir ce qui menace de le tuer. Mais là, je vais avoir besoin de toi pour le maintenir parce qu’extirper l’esprit ne sera pas chose facile.
Geralt obéit sans discuter et se place au niveau de la tête du barde, appuyant sur ses épaules pour le garder immobile. Mais il songe que ce corps si frêle pourrait n’être maintenu que d’une main. Le guérisseur commence l’exorcisme et le malade gémit plus fort, s’agitant comme un homme pris de fièvre, de plus en plus violemment. Son ami n’a pourtant aucun mal à l’immobiliser, tâchant de rester stoïque malgré la douleur qu’il lit sur les traits du barde. C’est pour son bien, pour le sauver. Les membres du malade sont pris de spasmes et de longues plumes sombres commencent à tomber sur le sol poussiéreux alors que Jaskier tente de hurler sans parvenir à émettre le moindre son. Sa bouche s’ouvre en grand et il vomit un nuage argent comme du mercure qui se soulève dans les airs au fur et à mesure que la physionomie du jeune homme redevient plus humaine. Ses tremblements cessent tout à fait et Saraham, mettant fin à ses incantations, n’a que le temps d’enfermer l’esprit dans un bocal qu’il ferme soigneusement.
-        Pfiou…ça devrait pouvoir se vendre cher ça.
Considérant que son travail est terminé, le guérisseur s’éloigne en examinant sa capture, laissant Geralt au chevet de son ami. Le sorceleur ôte ses mains des épaules désormais nues et se surprend à caresser les cheveux du barde en attendant ou plutôt en espérant qu’il se réveille. Il faut de longues minutes avant que ce dernier ne fasse un mouvement, grimaçant en ouvrant les yeux comme après un long sommeil.
-        Geralt ?
L’esprit encore brumeux, le jeune homme essaie de se redresser et contemple ses bras redevenus lisses et blancs, ne prêtant pas attention à sa demi-nudité. Le sourire heureux qui apparaît sur son visage déclenche une sensation de chaleur chez Geralt qui explique doucement à son ami ce qui s’est passé. Les grands yeux clairs de Jaskier s’écarquillent au fur et à mesure du récit et il éclate de rire.
-        Tu veux dire que j’aurais pu charmer l’ensemble du royaume avec mes ballades ?!
L’excitation rend une nouvelle vie au jeune homme qui cherche des yeux son luth avant de se souvenir qu’il en a cassé une corde. En voyant un air abattu assombrir le visage de son compagnon, le sorceleur s’éclaircit la gorge et tire quelque chose de derrière un meuble.
-        Un homme du village l’a réparé…
De nouveau, Jaskier est rayonnant de joie et il prend son instrument avec tendresse comme un père retrouverait son enfant chéri. Avec douceur, il effleure les cordes et commence à chanter d’une voix suave.
-        Donne un baiser à ton barde, ô Geralt le grincheux… 
Il glisse un regard impatient vers le sorceleur qui hausse les épaules, nullement affecté. Les effets de la sirène sont partis en même temps que les plumes et tout le reste. Jaskier fait la moue, déçu.
-        Merde… Tant pis ! Donne un baiser à ton barde, ô Geralt le grincheux, ô Geralt le grincheux hmmm  Donne un baiser à ton barde, ou peut-être bien deux…
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Vous allez camper ? Voici ce que vous devriez savoir
Vous souhaitez faire du camping, mais vous n'avez pas les fonds nécessaires pour le faire ? Si vous avez répondu oui, alors ne vous inquiétez pas. Vous pouvez aller camper sans dépenser beaucoup d'argent. Tout ce dont vous avez besoin pour aller camper est un équipement abordable, et cet article peut vous aider à trouver cet équipement. Pour augmenter votre expérience de sommeil en camping, apportez un coussin que vous pouvez placer sous votre sac de couchage. Ce coussin agit comme une barrière entre vous et le sol dur où les brindilles et les nœuds d'arbres peuvent causer des conditions de sommeil étranges. Si vous n'avez pas de coussin à portée de main, apportez quelques couvertures supplémentaires que vous pouvez replier sur elles-mêmes pour créer un coussin.
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Recherchez les activités à pratiquer avant de vous rendre à votre destination. Cela vous permettra de vérifier les offres qui pourraient vous être faites. De plus, cela vous aidera à être mieux préparé lorsque vous arriverez à votre destination. Vous pouvez trouver des sentiers qui pourraient convenir à tous les membres de votre famille ou des restaurants que vous aimeriez fréquenter. Trouvez votre nouvel équipement avant d'aller camper. La pratique vous aide vraiment. Personne ne veut se rendre au terrain de camping, seulement pour découvrir qu'il ne sait pas comment utiliser quelque chose ou monter sa propre tente. Entraînez-vous avec votre nouvel équipement avant de mettre les pieds sur le terrain de camping. Évitez tout animal sauvage avec lequel vous pourriez entrer en contact. Les ours sont devenus un problème assez important pour les campeurs. Dans certains parcs, on sait qu'ils ouvrent le coffre d'une voiture pour avoir accès à de la nourriture. camping Les ratons laveurs sont également un gros problème dans de nombreux terrains de camping. Non seulement ils sont intelligents et peuvent facilement accéder à vos réserves de nourriture, mais ils peuvent aussi être porteurs de maladies. Si vous faites du camping et que le temps commence à se lever de façon importante, racontez les glacières que vous avez avec vous et mettez-les à l'ombre. Il sera également utile de les recouvrir d'une bâche. Cela empêchera la température à l'intérieur de la glacière de trop augmenter. N'oubliez pas d'emporter un appareil photo. Il y a des souvenirs que vous voudrez capturer pendant votre voyage de camping. Apportez un petit appareil photo qui peut tenir dans votre poche. Essayez d'apporter quelque chose de durable qui pourrait résister à la chute ou à l'humidité. Envisagez d'utiliser un appareil photo jetable. Lorsque vous arrivez à votre emplacement de camping, la première chose à faire est de commencer à ramasser du bois pour votre feu. Vous n'en aurez pas envie plus tard, et si vous attendez la nuit, vous aurez plus de mal à trouver le genre de bois dont vous avez besoin pour faire du feu. Fais-le tout de suite. Nettoyez bien en quittant le camping. Faites de votre mieux pour ne laisser aucune trace de vous sur le terrain de camping où vous avez séjourné. C'est important, et pas seulement pour la considération des autres. Il y a des animaux et des insectes qui continuent de vivre dans les bois après votre départ, alors pensez à eux aussi. Apportez une trousse de premiers soins. Le camping est amusant. Il peut aussi être un peu dangereux. Soyez toujours prêt. Les petites égratignures et les éruptions cutanées peuvent être particulièrement fréquentes dans la nature. Apportez une trousse de premiers soins d'urgence remplie de tout ce dont vous pourriez avoir besoin. Vous serez heureux de l'avoir fait si quelque chose tourne mal.
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Si vous avez des boissons spéciales que vous aimez, emportez-les avec vous en camping. Il est facile d'oublier des choses comme le thé vert, le cacao chaud ou votre mélange spécial de café. Vous pouvez même prendre du vin si c'est une aventure de camping romantique. N'oubliez pas d'emporter un tire-bouchon. Les insectes n'aiment pas du tout le feu, alors c'est une bonne idée de garder votre feu allumé toute la nuit pendant que vous dormez. Si vous trouvez qu'il y a un énorme problème d'insectes pendant la journée, il serait utile de garder un feu brûlant à ce moment aussi. L'une des choses les plus importantes à se rappeler en camping est de rester détendu. Le but d'un voyage de camping en Nouvelle-Zélande est de s'évader, donc si vous vous trouvez stressé par quelque chose, laissez-le tranquille et allez profiter de la nature jusqu'à ce que vous soyez capable de vous calmer. Vous serez ainsi heureux et en sécurité. N'emportez rien de ce qui appartient à la nature lorsque vous partez. Amusez-vous et prenez des photos, mais lorsque vous chargez la voiture, assurez-vous que les roches, les pommes de pin et les autres objets restent là où ils sont. C'est l'une des règles tacites du camping. Tout le monde devrait avoir la même possibilité de profiter de ces choses. Comme vous pouvez le voir maintenant, il est assez facile d'aller camper tout en travaillant avec un budget limité. Il y a des équipements de camping abordables que tout le monde peut utiliser, tout ce que vous avez à faire est de les trouver et de les acheter. Vous vous sentez mieux en sachant que votre voyage de camping ne vous a pas coûté un bras et une jambe.
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gosincerely-blog · 5 years
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Une vie de toi.
C’est difficile de vivre sans toi.
Difficile de voir les jours passer sans être à tes côtés. J’essaye d’oublier, je te promets, vraiment. J'essaye de dompter mon coeur. Lui faire voir d'autres horizons. D'autres paysages, d'autres lieux, d'autres êtres. J'essaye d'investir l'avenir; mais je n'ai de cesse de resasser nos jours passés. 11ans mon Amour. 11 ans bientôt que nous aurions fêter notre rencontre. Tu as une place que je ne peux remplacer, que je ne peux céder. &Ca brûle, toujours autant, de ne pas être dans ton chemin. J'ai mal de ne pas être à tes côtés, mal de ne pas avoir d'avenir avec toi. Mal de cette distance. Mon Dieu que j'ai essayé de te chasser de mes pensées. De mes journées où le moral chute. Où il ne manque que tes mots. Mais le plus dur est peut-être l'absence lors moment de victoire. Lors des plus beaux instants … Il ne manque que toi mon Amour. Ton regard plus que tes mots. Je sais que tu n'es pas très dispendieux, pas très bavard. Une avarice des mots, une pudeur des sentiments. Mais dans tes yeux je lisais l'amour, la fierté, l'avenir à deux. Désormais peut-être l'envisages-tu avec une autre, peut-être m'as-tu même déjà remplacé. Je n'ose l'imaginer. Comment trouver une autre histoire aussi belle et riche que la notre. Comment aimer davantage, supporter davantage, être aussi fusionnel et présent, je ne sais pas. &Pourtant …
Plus de 10ans, j'ai essayé de te remplacer, je l'avoue. Mais tu es toujours là. Comme une ombre au tableau. Ca ne dupe personne, tu sais. Enfin je tente de me leurrer, en vain. Tu reviens. Dans mes rêves d'abord, mes pensées ensuite. &Je ne t'avoue qu'à demi-mots. Du bout des lèvres, mais à plein coeur. Tu es mon premier & mon dernier je le souhaite. Mon tout, ma moitié. Tu es celui qui comprends quand je ne dis pas. Celui qui reste quand plus rien ne va. Ma seule constante depuis 10ans. Je déteste les soirées comme celle là où rien ne va car tu n'es pas là. &Pourtant, d'aucuns diront que je n'ai pas de quoi me plaindre.&Ils auront raison. Un diplôme en poche, le boulot de mes rêves, des amis en or, une famille en bonne santé. Mais il ne manque que Toi. Toujours, tout ne cesse de revenir à ton image, ta silhouette par indvertance, ton odeur au coin d'une rue, un regard aux couleurs du tien. Mais jamais tout à fait le même. Ce n'est pas toi, ils ne sont pas toi. Comment raisonner un coeur qui souffre et pleure ton absence ? Apprends moi, dis moi. Je t'en supplie.
Mon coeur crêve du manque, drogué ? Il y a de ça. Droguée de toi. Si ce n'est pas toi, alors mon Dieu laissez moi tourner cette page. Je vous en conjure. Laissez moi l'oublier. Le laisser partir. Laissez moi l'enfuir de mes pensées. Le soucis, c'est que du plus profond de mon être, mon Amour, je sais que c'est toi. Que ça a toujours été toi. Que tu es celui qu'il me faut, celui dessiné pour mes traits. Le sais-tu ? Le ressens-tu ? Entends-tu la douleur de mon vide comme je pleure ton absence ? As-tu les papillons au ventre lorsque tu croises mon regard ? Car tout ça, c'est l'effet que tu me fais. Toujours, Constamment, même après 10ans. Je suis une boussole qui ne trouve plus le nord. Où es-tu ? Me cherches-tu ? M'attends-tu ? Ou ne suis-je qu'une parcelle du temps passé ? Tellement de questions qui s'effaceraient dans tes bras. Car l'évidence s'impose toujours quand on la rencontre. Comme le jour où je t'ai vu. Trouvé, retrouvé.
Aidez moi Seigneur. Je vous l'implore, dans ma littanie des sentiments. Aidez moi à le retrouver, à l'aimer, à ce qu'il m'aime en retour. A revenir à nos amours passées. A notre Histoire.
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lillavanilje · 6 years
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Caprices amoureux
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Alors oui. Ce n'est pas un sujet très original. Mais bizarrement, ça obsède les gens. Ça les torture, ça les blesse, ça les fait souffrir mais ils en redemandent tous. Car l'amour, ô pulsion dévastatrice et brûlante, ô sentiment si frivole et fragile, peut rendre n'importe quel homme fou, pour peu qu'il soit épris de cette sournoise ivresse. La plupart de la population a déjà vécu plus d'une déception amoureuse. Que ce soit par le rejet de l'être aimé ou encore une rupture difficile. Cette dernière est une des plus horrible : quitter cette incroyable sensation de chaleur, de protection, de bienveillance et d'amour, pour se retrouver à tomber dans les méandres de la tristesse. Car oui, la chute est la plus difficile. Passer du bonheur ultime à la souffrance des plus profonde, il y a de quoi être triste. Perdre la chose auquel vous teniez le plus pour vous retrouvez plus bas que Terre et dont la seule envie est de mourrir, mettre fin à cette existence privée de sens. Mais, certains n'ont pas eu cette chance : l'être aimé, si fabuleux soit-il, ne vous aime pas. Et ça c'est dur à accepter. Comment réagir au fait que l'on vous dises que non, vous n'êtes pas la personne recherchée, que non vous ne serez jamais dans ses bras et que non, jamais vous n'échangerez ce baiser si rêvé.
Bien sûr, l'amour est un sentiment complexe, influencé par une multitude de facteurs et très difficile à trouver. Mais pour certains, il semble que votre bonne étoile a veillé sur vous. Vous vous aimez, il ou elle vous aime, vous l'aimez en retour et vous pensez que personne ne pourra plus jamais vous séparer et vous prendre ce lien si spécial, si beau et si doux que vous partagez ensemble. Alors cette période, est la plus belle de votre vie ; vous êtes heureux, complété, épanoui et vous vous sentez aimé, désiré. Cette sensation est une des plus agréable qu'il soit. La vie n'est qu'une succession de petits bonheurs allant du simple fait de croiser le regard de votre âme sœur dans le métro, ou bien le fait d'échanger avec lui une étreinte aussi parfaite et tendre en se réveillant le matin.
C'est pourquoi, l'amour est à double tranchant. Aussi coupant et fragile qu'un verre. D'un côté, celui-ci peut vous combler de bonheur jusqu'à la fin de votre vie et de l'autre peut vous entraîner dans la spirale infernale de la dépression et de la souffrance. Le problème, c'est que celui-ci est aussi piquant que les épines d'une rose : d'un côté si la personne que vous aimez est une personne avec qui vous n'avez pas réellement de relation, la douleur sera présente mais vous ne perdrez aucun lien avec la personne, au contraire, si vous aimez une personne proche de vous, comme un(e) meilleur(e) ami(e), vous pouvez risquer de perdre ce lien vous unissant. En effet, la personne en face pourrait considérer que toutes vos démarches amicales pourraient relever d'une autre connotation. C'est à mon sens, la pire des situations. Perdre deux fois une personne aimée est si difficile : une fois en tant qu'amis et une deuxième en tant qu'amour. De mon point de vue, je trouve ce comportement un peu sur-réagis, car si la personne comptait à vos yeux, le fait que la personne vous aime d'une autre manière ne devrait pas annexer cette affection pour elle. Mais c'est là que rentrent en jeux la personnalité des deux individus et leur façon de réfléchir et d'agir.
Je pense que plus de personnes se risqueraient à avouer leurs sentiments si ceux-ci n'avaient pas autant à perdre. Mais l'amour est injuste, tout comme la vie est injuste. Le problème c'est que les gens possèdent tellement d'amour qu'ils voudraient confier à une personne spéciale, et ils ne demanderait qu'à être aimé, enlacé, se sentir important auprès d'une autre personne. Malheureusement, les déceptions amoureuses sont toujours plus majoritaires que l'inverse. C'est ce qui me pousse à confier les miennes.
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fallenrazziel · 4 years
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Les Chroniques de Livaï #483 ~ MONDE, JE TE FAIS MES ADIEUX (mai 846) Ulrika Vorster
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes. 
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Je reste courbée près de la fontaine de la cour en attendant que la douleur cesse. Je me sens si stupide et inutile... Je sais que je vais prendre un retard considérable sur les autres, et si je n'atteins pas le niveau requis, je risque d'être séparée de Mallory. Tout mais pas ça...
Petit à petit, la sensation de tiraillement sur mon ventre s'affaiblit et je me redresse prudemment. Elle ne disparaîtra donc jamais ? Cette sale cicatrice qui m'afflige depuis ma grossesse... Elle me fait mal de façon périodique, et il a fallu que cela revienne maintenant, alors que je vais avoir besoin de toutes mes capacités physiques ?! J'ai dû passer pour une imbécile incapable de tenir la distance. Qu'est-ce que Mallory va penser de moi si je n'y arrive pas ?
Quand nous avons lu l'annonce royale, nous n'avons d'abord pas cru ce qui se passait. Nous allions vraiment rentrer chez nous ? Cela paraissait irréel... Mais Mallory a vite pris la direction des choses. C'était une opportunité à ne pas rater, cette reconquête devait avoir lieu et il était prêt à tout pour marcher en première ligne. Il a toujours été comme ça, c'est ce qui m'a séduite chez lui, son côté fonceur et aventureux... Evidemment, j'ai eu peur de ce que cela voulait dire, affronter les titans et tous ces dangers que nous avons fuis au risque de nos vies. Le souvenir de notre fuite vers Trost était encore frais dans ma mémoire, et je me rappelais très bien de ces monstres qui couraient sur la plaine tandis que nous avancions dans le ferry. Ils ne nous ont pas rattrapés, mais ils ont fait une grosse impression à notre petit Froch. Il est resté agrippé au rebord du bateau en observant tout de loin, et silencieux tout du long. Mallory aussi est resté sans voix ; mais je voyais ses poings se crisper à l'idée que les titans nous avaient volé notre foyer, sans que personne ne comprenne comment cela avait pu arriver !
Aujourd'hui encore, les enquêtes n'ont rien donné. Le bataillon n'a pas pu rejoindre Maria depuis la Chute. Cela fera un an maintenant... Une éternité que nous vivons de la charité en changeant chaque jour de dortoir de fortune. Nous n'avions pas prévu de vivre cette vie... Nous avions envisagé quelque chose de bien meilleur pour notre fils. Mais tout a basculé ce jour-là...
Mallory n'a jamais perdu l'espoir de retourner chez nous un jour. Cette expédition était tout ce que nous voulions. Mais nous devons travailler dur afin d'avoir une chance de survivre dehors. Je ne m'inquiète pas pour mon mari, rien ne peut l'arrêter, mais j'ai peur de ne pas pouvoir suivre son rythme... Je me suis liée à lui à la vie à la mort, et je me dois de le suivre dans cette décision. C'est l'avenir de notre fils qui est en jeu, je ne peux pas rester en arrière, - et de toute façon, même si je le voulais, ce serait impossible - même si mon corps me fait mal. Mais quand je vois le niveau du capitaine Zacharias, j'ai le vertige et envie de vomir...
Je sais que je n'aurais pas d'autre enfant, le médecin me l'a affirmé. Frock et Mallory sont tous ce que j'ai... Je vais me battre pour eux, même si je dois y laisser toutes mes forces ! Allez, ma fille, redresse-toi et montre-leur ! Juste à ce moment, les recrues de mon groupe reviennent vers le QGR pour le repas de midi. Tous ceux qui ont passé les tests sont traités comme des soldats même s'ils n'ont pas de formation ; alors nous sommes aussi nourris par l'Etat pour notre peine. Mais je me demande si cette générosité ne cache pas quelque chose. Espèrent-ils se débarrasser de nous au plus vite ?...
Mallory a passé les tests d'entrée facilement mais j'ai eu plus de mal. Je ne parvenais pas à trouver mon équilibre sur ces filins qui tanguaient sans arrêt... Finalement, je suis passée de peu. J'ai fermé les yeux et pensé à Frock qui nous attendait au dortoir commun, et qui comptait sur nous. Son père est un héros pour lui. Il a toujours été craintif et peu sûr de lui, il a besoin que son père et sa mère réussissent. Lorsque nous sommes venus le rejoindre, Mallory lui a fait son pouce de la victoire et il s'est jeté dans nos bras. Il n'en attendait pas moins de nous, nous tenions tant à y arriver ! Nous étions des explorateurs et nous allions reprendre notre maison aux mains des titans !
Mais cela me semble bien plus dur que prévu... C'est exténuant de toujours s'entraîner avec ce matériel lourd et encombrant ! Et nous ne sommes pas habitués depuis notre adolescence à le porter. Je regarde au fond de la cour et aperçois ces jeunes explorateurs qui se déplacent avec grâce et facilité, leurs fourreaux battant leurs flancs comme s'ils ne pesaient rien. Les miens semblent faire une tonne... et j'ai remarqué que le mécanisme se bloquait de temps en temps, j'ai failli tomber plus d'une fois parce que la bobine ne fonctionnait pas. J'espère qu'ils vont nous fournir un meilleur matériel...
Une des filles de mon groupe se dirige vers moi et me demande si je vais bien. Oui, ne t'en fais pas, c'est juste un petit malaise ! Je vais vous accompagner jusqu'au réfectoire, j'ai une faim de loup ! Je me demande ce que fait Mallory. Hmm, je crois que c'est son tour d'entraînement, on ne se croise presque jamais pendant la journée, nos emplois du temps sont très stricts... Je le verrais ce soir et il me racontera ses progrès ! Les miens ne valent pas la peine d'être rapportés...
Oh, et je ne dois pas oublier de chaparder quelques quignons de pain et des pommes pour Frock !
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𝐕𝐎𝐢𝐑 𝐀𝐅𝐓𝐄𝐑 4 𝐒𝐓𝐑𝐄𝐀𝐌𝐈𝐍𝐆 𝐕𝐅 𝗖𝗢𝗠𝗣𝗟𝗘𝗧 𝗚𝗥𝗔𝗧𝗨𝗜𝗧
Pour regarder After - Chapitre 4 des films gratuitement sur Internet, sans avoir à se soucier des sanctions pénales encourues, rien de mieux que le streaming ! Il existe aujourd’hui plusieurs sites streaming de séries gratuits et performants mais le meilleur actuellement est sûrement cineinc qui vous proposent de visionner vos After - Chapitre 4 en streaming en Français. Profitez du meilleur streaming gratuit de 2021 ! Quoi de mieux que les longues soirées d’automne pour se regarder des films After - Chapitre 4 en streaming entre amis ou en amoureux ou bien même en solo.
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Pouvoir regarder un film After - Chapitre 4 gratuitement sur internet chez soi sans prendre le risque du téléchargement illégal c’est quand même bien sympa. Mais trouver un site de streaming gratuit et fiable pour avoir accès à des séries et des films ce n’est pas toujours simple. Oh ça non. On en sait tous quelque chose pas vrai ?
On peut errer sur le net pendant des heures avant de trouver son bonheur. Surtout si vous cherchez à regarder en streaming After - Chapitre 4 films en VF ou VOSTFR. Le choix est encore plus restreint. Alors on a fait pour vous une petite des meilleurs sites de streaming gratuits pour After - Chapitre 4 film. Ou les deux.
Ne nous remerciez pas. Enfin si, vous pouvez mais ça nous fait vraiment plaisir de vous aider. On vous a trouvé le After - Chapitre 4 streaming gratuits. La crème de la crème. Si vous êtes équipés d’une bonne connexion internet (sans avoir un truc monstrueux non plus hein), vous trouverez forcément votre After - Chapitre 4 . Ou alors c’est que vous êtes bien difficiles…
Retournez voir une seconde fois et faites attention. RegarderIp Man 4 : Le dernier combat Movie WEB-DL Il s’agit d’un fichier extrait sans erreur d’un serveur telLe Voyage du Pèlerin,tel que Netflix, ALe Voyage du Pèlerinzon Video, Hulu, Crunchyroll, DiscoveryGO, BBC iPlayer, etc. Il s’agit également d’un film ou d’une é After - Chapitre 4 ion télévisée téléchargé via un site web comme on lineistribution, iTunes. La qualité est assez bonne car ils ne sont pas ré-encodés.
Les flux vidéo (H.264 ou H.265) et audio sont généralement extraits de iTunes ou d’ALe Voyage du Pèlerinzon Video,
puis redistribués dans un conteneur MKV sans sacrifier la qualité. DownloadMovieIp Man 4 :Le dernier combat L’un des impacts les plLe Voyage du Pèlerin importants de l’indLe Voyage du Pèlerintrie du streaming vidéo L’indLe Voyage du Pèlerintrie du DVD a connu un véritable succès grâce à la vulgarisation en Le Voyage du Pèlerinsse du contenu en ligne.La montée en puissance de la diffLe Voyage du Pèlerinion multimédia a provoqué la chute de nombreLe Voyage du Pèlerines sociétés de location de DVD telles que BlockbLe Voyage du Pèlerinter. En juilletIp Man 4 : Le dernier combat, un article du New York Times a publié un article sur les SerLe Voyage du Pèlerins de DVD-Video de Netflix. Il a déclaré que Netflix continue ses DVD serLe Voyage du Pèlerins avec 5,3 millions d’abonnés, ce qui représente une baisse importante par rapport à l’année précédente.
Quelle est la différence entre le téléchargement et streaming ?
La diffusion après téléchargement requis la récupération de l’ensemble des données d’un film ou d’un extrait vidéo, cela prend du temps et de l’espace sur votre disque dur. L’avantage du streaming vous n’avez rien à télécharger, il permet la lecture d’un flux audio ou vidéo que vous pouvez lire directement depuis un lecteur proposé le plus souvent par des plateformes qui proposent plusieurs films, séries ou morceaux musicaux.
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jeekyl974 · 2 years
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Les 14 stations de la dépression
1ere station : La séparation dur, cruel, et douloureuse.
2 eme station : Nous sommes charger de porter cette douleur, cette absence et les souvenirs qu'on as avec cette personne.
3 eme station : On craque sous le poids de l'absence, sous le poids de cette vie qu'on s'apprête a vivre. Les larmes, la douleurs, le début d'une fin.
4 eme station : On retrouve ce qu'on aime, mais a qui on ne peux rien dire, et qui ne pourras rien faire.
5 eme station : nous cherchons une personne qui pourras nous aider a supporter cette peine, une personne qui nous comrpend.On peux la trouver mais la douleur reste intense.
6 eme station : Et on vois ces gens qui veulent essuyer nos larmes, essuyer notre peine, essayer d'effacer les trace qui sont encore présente dans nos coeurs.
7 eme station :  Mais malgrès ces aides, nous craquons encore. Plus on avance et plus c'est dur, la douleur es vivace. Trop.
8 eme station : nous rencontrons ces gens qui nous connais et qui nous regarde souffrir sans savoir quoi faire, ces gens qui on de la peine pour nous. Parce que chaque jour nous tombons. Toujours plus bas.
9 eme station : La chute es rude, c'est un terrain glissant, sur lequel nous n'avons rien à nous raccrocher. Nous tombons encore, encore, et encore. Et la souffrance nous enfonces comme un clou.
10 eme station : Et la nous rencontrons ce qu'il y a de pire en ce monde. On trouve ceux qui vont nous enfoncer, ceux qui vont nous mettre face a un mur, face a la réalité, face au mal être profond.
11 eme station : Et là, on crois que tout es perdu, on crois que plus rien n'as d'importance. On ne fait pas que croire, on le sais, on le pense. La vie ne vaux rien sans cette personne. On es meurtrie, fatiguée, épuisée. On es mort. 
12 eme station : On deviens l'ombre de nous même, on deviens la souffrance elle même. On n'es plus rien, juste un corps sans vie, qui marche. Un zombie qui ne vie plus, mais qui ne survie pas non plus. Nous disparaissont a nos propres yeux.
13 eme station :  Sans qu'on ne sache comment ni pourquoi, une personne arrive. Une personne qui nous comprend, et on se remet entre ses mains, on s'ouvre, on se confie. On se livre a cette autre personne. Tel un ange qui apparaît dans le ciel. Qui nous soutiens, et qui essaie sans relâche de nous relever.
14 eme station :  nous nous voyons dans les yeux de cette personne qui se tue a essayer de nous reconstruire. A nous rebâtir  Rien ne peux être comme avant.. On as perdue une partie de nous, mais nous avons gagnée quelque chose de nouveau. Le début d'une renaissance.
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unsupervisedcxm · 3 years
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Chapitre 1 : heureux pour toujours?
Si je te quitte nous nous souviendrons, en te quittant nous nous retrouverons
Certitude, Paul Eluard
RETROUVER
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Sam ne pensait pas qu’aujourd’hui était le jour de la chute de Dieu. Il avait lutté de longs mois pour cela, animé par le désespoir des condamnés, mais ce n’est véritablement que maintenant qu’il réalise. Un petit homme déguerpit, le regard baissé vers la forêt. Chuck ne fera plus jamais de mal, il n’est plus : le plus jeune des Winchester, encore inquiet malgré la fatigue et la lassitude, reste cependant concentré sur cette figure misérable. Le corps entier de Sam lui crie pourtant de lâcher prise, il vient de passer de longues minutes sous la colère divine. Quand on a sauvé le monde des dizaines de fois, on n’arrive plus à respirer après une victoire. Sam n’y croit pas, il aimerait se réjouir mais tout son corps veut lui faire croire qu’il est en guerre. Il s’étonne même de pouvoir tenir debout et n’ose pas se détacher de son grand frère alors qu’ils se maintiennent tous les deux incrédules face au jeune adolescent qu’ils ont élevés. Castiel avait sûrement raison après tout. Jack était celui qui devait ramener la paix sur le monde humain, il venait de les libérer tous et il ne semblait même pas fatigué. 
C’est le rire soulagé de Dean Winchester qui vient combattre le calme du lac et qui autorise son frère à respirer. Ils se détachent, tous les deux grinçants de ces années à combattre mais soulagés de voir que c’est enfin terminé. Sam se surprend à rire aussi alors que son frère se jette presque sur Jack pour le prendre dans ses bras. Le garçon est surpris mais accepte l’embrassade avec la joie et la maladresse de ceux qui ne savent pas qu’ils méritent d’être aimés. Quand l'aîné des Winchester se détache de Jack, sa peau n’est plus marquée par le combat de tout à l’heure : seuls ses yeux en témoignent, mélange de fatigue et de soulagement. Sam est soulagé et à son tour, il tombe dans les bras de son frère et de cet adolescent.
« So, what’s the first thing you’re going to do when we’re home? » Demande-Jack à Dean. Sam ne comprend toujours pas comment l’être le plus puissant de l’univers peut contenir dans sa voix toute l’innocence du monde.
« Man, I’m going to sleep for hours... »
Les deux se lancent dans une discussion dont Sam se détache assez vite. Il a besoin de respirer, de se calmer, de digérer. Il appréhende le retour en ville. Et si cela n’avait pas fonctionner ? Il se plante devant le lac, paysage familier qui avait vu mourir Castiel et naître Jack il y a de cela 3 ans. Et Sam ne peut empêcher une vague de tristesse et d’inquiétude de le submerger : qu’adviendra-t-il d’eux s’ils n’ont pas réussi ? Le calme du lac est si différent de la scène de combat qui vient d’agiter ces plages, Sam est presque tenté de laisser Dean et Jack aller en ville pour découvrir seuls s’ils ont réussi.  
Son téléphone le tire de ses pensées, une vibration qui l’immobilise sur place. La lassitude qui l’animait il y a quelques secondes est remplacée par un empressement que Sam ne se connaissait plus. Tremblant, il baisse la fermeture éclair de son manteau pour attraper son téléphone qui reposait dans sa poche intérieure. Le nom affiché sur l’écran est le coup fatal.
Eileen. Eileen. Eileen.
Il n’a pas le temps de répondre. Il laisse échapper un grognement de frustration, son cœur n’a pas battu ainsi depuis la disparition de la brune. Un tourbillon de pensées et d’émotions l’emportent alors que son doigt presse l’écran pour la rappeler.
« What’s up, Sammy ? » Demande Dean, se rapprochant de la scène. Le brun n’arrive pas à lui répondre, il se contente d’attraper le bras de son grand-frère quand il est assez prêt, les yeux mouillés de larmes qui n’osent pas encore tomber rivés sur l’écran de son smartphone.
Le visage d’Eileen apparaît avant la fin de la première sonnerie. Sam la regarde quelques secondes sans parler, en ne pouvant rien articuler. Dean regarde l’écran et malgré son sourire, il n’ose pas bouleverser ce que vit son frère par une remarque désobligeante. Maladroitement mais gentiment, car une apocalypse de plus n’a pas aidé l’aîné de la fratrie à gérer efficacement des situations émotionnelles, Dean tape sur le dos de son frère avant de s’écarter pour lui laisser de l’intimité. Il n’ose même pas lui dire qu’ils l’attendent dans la voiture par peur de briser la bulle que Sam et Eileen semblent se construire en à peine quelques secondes.  
Sam. C’est le premier signe qu’Eileen fait, elle pleure trop pour parler. Thank God, you’re ok.
Where are you? C’est la première chose qui vient à la tête de Sam et il la signe sans difficulté. Il a besoin de la retrouver, de savoir qu’elle est là et qu’elle ne disparaîtra pas une nouvelle fois. Il a besoin de sortir de sa tête cette course interminable jusqu’à la maison de banlieue de la brune, il a besoin de sortir de sa tête ce sac au sol et ses affaires abandonnées. Eileen lui raconte alors son voyage empressé vers le bunker après son retour à la réalité, comment après ce réveil qui ressemblait à un rêve elle a pensé à lui. Comment elle pleurait, inquiète, persuadée qu’il s’était sacrifié pour les faire revenir. Comment en fouillant le bunker, elle avait retrouvé sur la table de nuit de Sam son téléphone encore allumé. Et comment, désespérée, elle avait prié un Dieu auquel elle ne croyait plus en composant maladroitement le numéro de l’homme qu’elle aimait.
Why do you never pick up your phone?! S’énerve la brune, les joues encore mouillées de ses larmes, elle signe avec rapidité, sourcils froncés et ses lèvres suivant silencieusement ce qu’elle dit. I thought you were dead, you idiot!
You never give me enough time to answer the phone! Rétorque le brun, son visage soulagé et penaud. Il ne peut s’empêcher de rire de soulagement et Eileen le rejoint assez vite en voyant le visage marqué de fatigue du jeune homme se transformer en un véritable soleil. Les traits qui étaient jusqu’à lors tirés se déforment et laissent apparaître les fossettes du brun, ses yeux se ferment un instant comme à chaque fois qu’il rit. Eileen est soulagée, elle respire enfin.
Les inquiétudes de Sam disparaissent un instant alors qu’il se lève, encore au téléphone avec Eileen, pour rejoindre la voiture. Ce qu’il va trouver en ville semble prometteur, mais quoi qu’il en soit, cela n’a plus autant d’importance maintenant qu’il sait qu’Eileen est en vie et qu’elle ne compte pas le lâcher de sitôt.
Quand il monte dans la voiture et qu’Eileen réussit à le convaincre de raccrocher, il ne peut empêcher le sourire qui se plaque sur son visage.
« She’s ok ? » demande Dean, et quand Sam hoche la tête, il lui coupe la parole pour ajouter « Great, and I guess you had plenty of time to plan your wedding... »
Sam pousse nonchalamment son frère en secouant la tête, il n’a pas la force de répondre à ces chamailleries qui lui font pourtant du bien. Cela fait longtemps qu’ils n’avaient pas pu se poser et souffler, rire l’un de l’autre et ensemble. Jack, lui, s’enthousiasme.
« If Eileen is back, it means it worked! Everyone is back ! »
Sam sourit et ses yeux se posent sur son frère qui, lui, esquisse un rictus tendu. Sans rien ajouter, il allume la radio et Sam sait que c’est aussi parce qu’il ne veut pas penser à ceux qui ne sont pas revenus grâce aux pouvoirs de Jack, à celui qui ne reviendra plus.  Sam regarde le paysage défilé, il ne sait toujours pas comment Cas’ est mort mais cette absence le hante aussi. D’une façon différente que son frère, bien sûr, mais d’une façon déchirante. Castiel était un de ses plus vieil amis, son allié et quelqu’un qui le comprenait profondément. C’était aussi son partenaire privilégié pour discuter de sujets trop pointus en sorcellerie ou trop ringard pour Dean… Bref, il ne peut empêcher cette absence de peser sur son ventre alors que son frère démarre la voiture et qu’ils se dirigent tous vers la ville la plus proche.
C’est le silence qui domine le trajet alors que les 3 hommes regardent, dans une ambiance qui frôle la sacralisation, les voitures et les gens qui s’animent dans la petite ville menant au bunker. C’est Dean qui brise le silence alors qu’il s’arrête à un feu rouge :
« Damn Jack, what you did... it’s amazing. » L’adolescent ne dit rien mais le compliment le touche. Quand Dean reprend la parole, quelques minutes plus tard, ses mots sont moins spontanés et moins assurés.  « Listen kid... I-I never should have… What I did - it was...»
« No worries, I get it. » Annonce l’adolescent, habitué à endosser les colères et les tristesses de l’homme devant lui. Dean lève cependant les mains de son volant comme un criminel pris la main dans le sac, cette fois-ci il ne veut pas se cacher derrière de fausses excuses.
« No Jack. I really mean it. I’m deeply sorry... » Il s’étrangle presque en continuant sa phrase, son visage est résilié, fermé. Sam sait que ce qu’il est en train de dire est dur pour lui. « Cas’ was right. You are just a kid and, I know better... I know that kids should not have to live what you have lived... Do what you did... And yet, I treated you like shit. I’m sorry. What you did today was incredible, and I think you need to know that we- that I’m proud of you. »
Quand le prénom de Castiel tombe, la voiture semble tout de suite plus exiguë. Jack sent les larmes lui monter aux yeux alors qu’il regarde tous les gens qu’il a ramené évoluer. Il renifle bruyamment. D’abord parce qu’il ne s’attendait pas à un amour si brut et si franc de la part d’un homme qui le néglige depuis des mois, ensuite car il ne peut s’empêcher de ressentir de la culpabilité. Dean ne trouve pas le courage de parler de nouveau pour le réconforter, c’est Sam qui se retourne et lui sourit :
« He’s right, we are all proud of you»
Dean hoche la tête et Sam jurerait qu’il fait exprès de marquer un peu plus longtemps la priorité à droite pour dissimuler ses yeux mouillés.
Quand Dean s’engage dans l’allée qui mène au bunker, Sam ne lui laisse même pas le temps de se garer alors qu’il descend maladroitement de la voiture qui tourne toujours vers la gauche. Il voit, là-bas à 200m, le gilet rouge d’Eileen.
« Damn it Sam ! » S’emporte son grand-frère, surpris par son geste et obliger de piler pour ne pas le renverser. Alors qu’il contemple Sam rejoignant Eileen le plus vite possible, d’une façon qu’il critiquerait si ce n’était pas si émouvant, il se tourne vers Jack et ajoute. « I’m just sayin’, would have been foolish to die ran over by his own brother after all that just happened. »
Sam s’en fiche, à vrai dire. Il s’en fiche d’avoir l’air ridicule, ce qui compte c’est d’enfin la retrouver. Et elle attend dehors, elle se rapproche de lui-aussi, un énorme sourire aux lèvres. Quelques secondes, et enfin, ils se touchent ; elle est bien réelle, en chair et en os, devant lui. Son odeur n’a pas changé. Il la serre si fort contre lui qu’elle rit et le repousse gentiment. Leurs yeux se rencontrent et ils ne parlent pas, c’est un instant doux. Une communion de deux âmes qui avaient mis du temps à se chercher, à se connaître et à s’aimer.
Un bruit de moteur, des clefs. La voix de Dean qui résonne et qui annonce qu’il vient d’avoir Jody au téléphone.
Tout le monde va bien.
Charlie a retrouvé sa petite amie et elles sont en sûreté. Bobby râlait au téléphone de devoir démonter le camp qu’ils avaient tous monté à la va-vite. Sam rit en entendant ce que son frère lui annonce, il se contente de serrer tendrement Eileen contre lui mais cette dernière se dégage et son visage découvre un sourire narquois alors qu’elle signe en annonçant de vive voix :
« Before anything else, you should take a shower. »
°°°
Jack est le dernier à prendre sa douche et il rejoint assez vite les autres installés dans le salon. Ils semblent particulièrement captivés par un jeu de société placé au centre de la table. C’est Dean qui en a eu l’idée, pour combler le silence et taire les sentiments de soulagement et de fatigue qu’ils ressentaient tous. Sam est confortablement assis dans un fauteuil et Eileen, comme s’ils ne pouvaient se séparer depuis qu’ils se sont retrouvés, est assise sur l’accoudoir de ce dernier. Le bras de Sam repose sur sa jambe. Ils sont beaux, tous les deux. Jack s’assoie à table et attrape un pion pour jouer :
« Do you realize that you are starting a bit late and that I will never let you win? » Les yeux de Dean sont remplis des étoiles de la compétition alors qu’il passe le dé à Jack en terminant sa phrase. Sam lève les yeux au ciel et, sourire aux lèvres, encourage Jack à jouer. Le jeune Winchester repose sa tête contre le torse d’Eileen et soupire, ses yeux scrutent son frère et le garçon qu’il a élevé se chamailler. L’inconséquence de ce jeu, de ces gestes, de ces tours… C’est tout bonnement insignifiant dans l’avenir du monde et Sam trouve un confort certain en s’adonnant à cette nouvelle activité. Le hasard détermine celui qui gagne, celui qui perd mais rien de plus. Le rire de Dean et l’air concentré de Jack qui, enfin, découvre des activités de son âge c’est la seule chose que Sam souhaitait. La main d’Eileen le tire de ses pensées, elle lui caresse tendrement les cheveux, presque sans s’en rendre compte. Parfois, on aimerait qu’un instant dur toujours et Sam aimerait ne jamais devoir sortir de la bulle qu’ils sont lentement en train de construire. Pourtant, ses pensées le tirent inévitablement vers les autres. Vers Charlie, vers Bobby, vers le camp qu’ils doivent démonter.
« Sam, it’s your turn. » Lui rappelle Eileen et le plus jeune des Winchester fait un effort pour arrêter d’y penser. Il peut bien s’accorder une soirée avant de retourner dans le monde agité des responsabilités. Sa main emprisonne le dé et il se laisse, pour quelques tours, se prendre au jeu.
A la fin de la partie, ils décident de préparer le repas tous ensemble : Dean s’occupe des hamburgers sous les yeux attentifs de Jack, Sam et Eileen du dessert. La cuisine est agitée, de la musique résonne car Dean a ramené une de ses compilations dans la petite pièce. Sam et Eileen ne parle plus à haute voix, perdus autant dans la recette que dans les yeux de l’un de l’autre. Le repas est bien vite préparé, Eileen en profite pour aller se changer et Jack disparaît chercher des bières au sous-sol car ils sembleraient qu’ils aient déjà consommé celles du réfrigérateur.
Sam est installé nonchalamment sur le fauteuil où il vient de passer le début de sa soirée, lisant les SMS de ses amis qui lui ont répondu pour lui dire que tout va bien. Dean, pendant ce temps, s’occupe et met la table. Quand Sam redresse la tête, il regarde fixement les assiettes et les couverts et se mord l’intérieur de la lèvre. Il attend le retour de son frère pour reprendre la parole.
« Dean... You just set the table for 5.
- Yes, and?
- Eileen, Jack, you, me, we are only four.
Dean semble se figer un instant. Ses yeux se fixent sur le couvert de trop, en bout de table. Un silence dérangeant s’installe quelques instants, Sam tend la main pour débarrasser maladroitement le couvert de trop mais Dean le devance.
- Yeah... » Marmonne-t-il pour combler le silence et la gêne qui vient de se créer dans la pièce qui était, il y a quelques minutes, remplie de joie et de rires. Il entrepose un peu violemment le verre et les pauvres couverts dans l'assiette pour les rapporter dans la cuisine.  Sam reprend son souffle car il sait que la conversation qui va suivre ne va pas être de tout repos.
« Don’t you find it strange?
- That I don’t know how to count? Sammy, you were the good one in math.
- No, Dean. That Cas’ sit is empty. »
Les mains de l'aîné se crispent autour de ce qu’il tient. Il ne répond pas et il essaye tant bien que mal d’avancer vers la cuisine sans changer d'expression. Il sait pourtant, que son silence le trahit. Mais parler de ça, c'est juste trop douloureux.  Il préfère nonchalamment attraper la casserole remplie de purée pour accompagner les hamburgers et la ramener dans le salon. Son frère, qui n'a pas osé le suivre dans la cuisine car il ne connaît que trop bien sa peine, le regarde des yeux pleins de questions et de soutien.
« Dean... if you want, we can-...
- Sam, please, not now. Jack is coming back. »
Quand Dean termine sa phrase, le jeune adolescent entre dans la pièce, quelques packs de bières à la main. Il annonce penaud, qu’il ne savait pas combien il devait en prendre et Dean se rue sur cette opportunité pour fuir la conversation qu’il vient d’avoir avec son frère en félicitant le jeune adolescent et en reprenant un ton bien plus enjoué. Le repas qui suit est peuplé d’anecdotes, de rires et de bière…Jack est le premier à aller se coucher, très vite suivi par Dean. Eileen et Sam reste ensemble un peu plus longtemps pour mieux se retrouver avant de se coucher ensemble dans le lit de Sam, terminant une journée profondément exténuante mais que Sam est heureux d’avoir vécu alors que la respiration d’Eileen ricoche sur son front.
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runenc03 · 4 years
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Miroir
Date d’écriture: Janvier 2021
Genre: Angoisse?
D’avertissements: Peut-être une fille qui manque de confiance?
Mots: Plus ou moins 1000 mots
! Ma langue maternelle est le Néerlandais, mais j’ai toujours adoré le français et je suis en train de l’étudier à l’université dans quelques mois. Ce que je veux dire est qu’il y a sans doutes des fautes de grammaire dans ce texte. N’hésitez pas de me corriger! De plus, ça devrait me rendre très heureuse de parler avec vous!  
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Elle se regardait dans le miroir.
Le spectacle qui l’attendait était un de terreur, désespoir, obscurité.
Ses cheveux ressemblaient à un feu de forêt imprévisible et d’un gros volume, en désordre, dans toutes les directions, une image caractéristique de la sécheresse, avec des frisottis visibles tout atour son visage. Elle a déjà essayé de les sauver avec de l’eau, mais si tu essaie de sauver un buisson ardent, quelques gouttes ne suffiront pas. Sa peau était pâle, presque grise, la couleur du ciel quand la pluie envisage sa chute. Ses yeux suivaient sa tête jusqu’à son front, dans lequel des restes indélébiles de l’acné marquaient sa peau, laissant des alvéoles comme de la grêle sur les voitures pendant des tempêtes de verglas. Ses sourcils n’étaient pas si différents, touffues et malformés, comme des éclairs imprévus pendant les orages les plus sombres. Ses joues, trop potelé, comme une épaisse couche de lourds nuages plâtré sur les os. Ses yeux trouvaient la réflexion de ses lèvres, tremblant incontrôlablement, comme des vieux arbres pendant un séisme, essayant ardemment de rester droit tandis que la pression devient trop dur, où comme l’eau stagnante quand quelque chose touche la surface. Ça commence par un léger tremblement, mais rapidement, ce tremblement s’est propagé au tous les côtés de la zone. Son menton n’était pas défini, et si elle avait eu d’énergie, elle s’étirait sa nuque pour créer le contraste entre menton et gorge qu’elle voulait si désespérément. Tout ce qu’elle voyait était un os qui dépasse légèrement, comme le sommet d’un volcan à l’envers, et en-dessous, une ligne tremblante qui était supposé d’être sa gorge. Pour elle, il ressemblait à un courant de lave, l’enveloppant dans une substance fondue et méchante. Tout à coup, ses voies respiratoires sentaient rétrécis, chaud, d’une certaine façon, comme si la lave brûlante avait pénétré sa gorge. Ça n’a pas arrêté par sa gorge, non. C’est comme si des petites gouttelettes de lave piquent derrière ses rétines. Ses yeux trouvaient les yeux de la fille dans le miroir, encaissée et creux. Elle cherchait, mais il n’y avait rien, le genre de rien qui reste après des tornades, ou des ouragans. Le genre de rien on trouve dans le fond d’un lac pollué, ou au milieu d’un désert froid, ou entouré par des voitures qui claxonnent, obligé de remplir les poumons avec des gaz.
Le moment a fini aussi vite que c’était venu, ses yeux remplissant avec une couche familière de larmes, un mur, presque réconfortant, qui pourrait la protéger contre l’image atroce devant elle. C’était comme du brouillard dans un matin froid en hiver, te piégeant, et pour beaucoup de gens, ça pourrait se sentir limitant, mais pour elle, cela signifiait qu’elle ne pourrait plus regarder, et en quelque sorte, c’était ce que lui a sauvé, à maintes reprises.
Il la regardait pendant qu’elle se regardait dans le miroir.
La lumière du soleil tôt diffusée à travers la pièce, son visage se baignant dans une lumière dorée. C’est comme si le soleil l’invite de voir tout ce qu’il veut voir. Il voyait qu’elle rougissait, la rougeur se mouvant sur ses joues rapidement, comme la lumière du nord pendant la nuit la plus obscure. Son nez était couvert de taches de rousseur, un ensemble de constellations qui resteront fascinant à lui. Il laissait ses yeux suivre son visage, arrêtant à la courbe de ses lèvres. A son avis, la courbe ressemblait des jeunes feuilles d’un chêne, se balançant doucement au vent d’un matin au printemps. Il voyait que ses yeux se concentraient sur ses cheveux. Elle fronçait. De son point de vue, néanmoins, il n’y avait rien d’anormal. De plus, ses cheveux étaient une des choses physiques qu’il aimait le plus. Ils étaient un peu frisés ce matin, mais il pensait qu’il complétait sa personnalité passionnée. Ses mèches volumineuses encadraient son visage, désordonnées, comme cette fois où ils avaient dansé sous la pluie. Elle avait ri avec l’état de ses cheveux à ce moment-là. Elle a été capable de rire.
Il regardait ses sourcils, la façon dont ils courbaient au-dessus de ses yeux, comme des arcs-en-ciel apparemment courbaient au-dessus du monde, quand le soleil était assez près. Il étudiait ses cils, leur façon d’atteindre à ses sourcils, comme des pétales de fleur au ciel après une douche de pluie.
Finalement, il y avait ses yeux. Ils ont été autrefois sa caractéristique favorite à elle, avant que la douleur s’était blotti là, avant qu’ils avaient commencé à avoir l’air vide. Il savait qu’ils pouvaient être si expressifs, si radiant, et de nouveau, comme chaque autre partie de son visage, façonné avec élégance. Il se perdait là-dedans, quand ils sont ensemble et elle le permet de regarder dans ses yeux et la raconte quoi il a vu. Il l’avait raconté toutes sortes d’histoires comme ça, tandis qu’il plongeait ses yeux dans les siens en décrivant qu’il voyait. Ils étaient les miroirs de son âme, une âme qui était autrefois rempli d’aventures, d’imagination, de couleurs, et une volonté de vivre sa vie au maximum. Il souhaitait de retourner à cette époque. Mais même si elle avait des larmes dans ses yeux, et des cheveux frisés, et les cicatrices d’acne dans son front qu’elle détestait tellement, elle était belle. Elle n’a pas la sorte de beauté qu’on voit à l’intérieur, ou dans un tableau, ou même dans autres belles personnes. Non, elle possède la sorte de beauté qu’on peut seulement trouver dehors, la sorte de beauté on trouve au sommet d’un montagne, admirant des paysages pleins de rivières et d’arbres, la sorte de beauté on découvre refaisant surface après une plongée dans un lac et en laissant le soleil nous chauffer, la sorte de beauté on sent quand on promène sur la pelouse avec nos pieds nus.
Il était en ce moment-là qu’il jurait qu’un jour, il la laisserait voir. Elle se réveillerait, elle regarderait dans le miroir, et elle découvrirait toutes les belles pièces de la nature juste devant elle. Les oiseaux chanteraient la victoire, le soleil brillerait avec joie. Et elle, elle sécherait sa dernière larme, réalisant que le potentiel avait été là depuis le début.
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