Tumgik
#c’est très sensoriel comme texte
luma-az · 1 year
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L'aquarium
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 3 août 
Thème : Bleu lagon/le cheval doré
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Les humains s’agglutinent de l’autre coté de la vitre. Les reflets bleus de la lumière traversant l’eau dansent sur leurs visages. Ils sont presque tous silencieux, ou discrets – les voix se réverbèrent dans cette grande salle comme dans une cathédrale, et ceux qui parlent chuchotent, pour ne pas briser la magie du moment. Ils sont là pour voir, et ils n’en perdent pas une miette.
Il faut dire que le spectacle est à la hauteur.
La vie sous-marine d’un récif de corail se déroule sous leurs yeux émerveillés, dans un lent et superbe ballet mille fois rejoué. Devant un mur bleu lagon qui apporte ses teintes à toute la pièce, toutes les créatures se mettent en scène avec une gracieuse indifférence envers leurs admirateurs, occupés à fouiller, nager, explorer les coins et les recoins de ce minuscule bout de mer qui est devenu leur maison. Beaucoup n’en ont jamais connu d’autre. Ils ignorent ce qui se passe de l’autre coté de la paroi de verre, chez ces créatures qu’ils peuvent encercler, mais jamais toucher. Ça ne les concerne pas vraiment.
Sauf un petit hippocampe jaune, qui vient de tomber nez à nez avec un petit cheval doré. Jamais, de mémoire d’hippocampe, il n’avait vu de congénère aussi intriguant, aussi attirant. Il se colle contre la vitre. Pour la première fois de sa courte vie, il voudrait tellement passer de l’autre coté…
Le cheval est dans la main d’un enfant qui regarde, émerveillé, l’hippocampe suivre le moindre de ses gestes. Et la petite tête dorée semble réagir à la cour effrénée que lui fait l’hippocampe, bougeant d’avant en arrière, en haut et en bas… Le cheval des mers redouble d’efforts, ses congénères remarquent le manège et se mêlent à la danse, et pendant quelques instants hors du temps, un petit humain mène de la main le ballet sous-marin.
Les adultes remarquent. Des vidéos sont filmées. Des flash crépitent. Les hippocampes renoncent. Le moment est passé.
N’en reste plus qu’un jouet, dans la main d’un enfant qu’on emmène dans la salle suivante, un petit cheval doré et ses incroyables pouvoirs.
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anacampsis · 1 year
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TCA et autisme (1/4): Quelques clés
Bonjour ! C’est le mois de sensibilisation à l’autisme, j’ai donc décidé, ce mois-ci, de consacrer mes posts à ce sujet. Ainsi, afin de bien comprendre ce dont il sera question pendant le mois, ce 1er post sera une sorte d’exposé un peu général, pour parler des particularités des TCA dans le cadre du spectre de l’autisme. Je remercie mon amie Aster pour sa précieuse relecture ^^
Mais d’abord, quelques points, et une définition s’imposent:
-Je ne prétends pas ici parler de toutes les personnes autistes, je cherche juste à souligner que les probabilités de développer des TCA sont, pour diverses raisons, plus élevées chez les personnes autistes. Toutes les personnes autistes ne développent pas de TCA pour autant.
-Je ne prétends pas non plus que les autistes sont condamné(e)s à une vie malheureuse. Mais, de fait, notre société, notre environnement, ne leur facilite pas la tâche. Heureusement, grâce à un bon entourage, beaucoup de travail, et d'autres facteurs, il est tout à fait possible de mener une belle vie heureuse tout en étant handicapé(e).
-Le mot handicapé n'est pas un gros mot, qui cherche à rabaisser qui que ce soit. Quand j'utilise ce mot, c'est pour souligner des difficultés rencontrées dans la vie quotidienne, pas pour sous-entendre que l'incapacité à faire certaines choses diminue la valeur humaine.
Et maintenant, place à une définition qui servira pour ce post, et les 3 à venir:
Le trouble du spectre autistique, ou TSA, est un trouble du neuro-développement, associé à différentes caractéristiques. Les principales sont des difficultés à communiquer et à gérer les interactions sociales, une stimulation sensorielle excessive d'un ou plusieurs sens, et une grande fatigabilité. Il peut se manifester très différemment d’une personne à l’autre: langage (ou non), retard mental (ou non), intérêts spécifiques (ou non), comportements répétitifs… à vrai dire, il y a autant de manifestations de l’autisme que de personnes autistes ! Il arrive que l’on parle d’autisme léger et d’autisme sévère, mais cela reflète davantage la façon dont les personnes de l’entourage vivent l’autisme, que de la vision de l’intérieur d’une personne autiste. Ainsi, même l’autisme «léger» est un handicap, reconnu par l’État (même si la politique d’inclusion des autistes ne suit pas vraiment…).
Ces particularités seraient (mais ce n’est pas certain) notamment dues à un nombre plus élevé de synapses dans le cerveau que chez une personne non-autiste. En effet, au fur et à mesure du développement du cerveau, au cours de l’enfance, le cerveau garde les synapses lui semblant les plus utiles, et en supprime d’autres: ainsi, si nous sommes capables d’apprendre n’importe quelle langue à la naissance, plus nous grandissons, plus il devient difficile de pouvoir en apprendre une nouvelle. Dans le cas des personnes autistes, la sélection des synapses se passe différemment: certaines, qui seraient utiles (notamment pour le langage et les interactions avec autrui sont supprimées), d’autres sont gardées, ce qui peut par exemple amener à une hypersensibilité sensorielle. Mais de fait, la science n'explique pas l'autisme à l'heure actuelle, autrement que par une combinaison de plein de facteurs.
Toujours est-il que ce développement cérébral différent amène à un rapport aux choses, en particulier à l’alimentation dans notre cas, différent lui aussi ! Je vais donc aborder les principaux TCA qui se retrouvent chez les personnes autistes, afin d’y voir plus clair. En avant !
TSA et trouble de l’évitement, de restriction
Comme je l’ai dit plus tôt, les autistes ont une sensibilité sensorielle accrue dans la majorité des cas. Les sens affectés varient d’une personne à l’autre: elle pourra concerner la vue (ce qui rendra par exemple hypersensible à la lumière), l’ouïe (idem pour le bruit)… et, dans notre cas, l’odorat et le goût (et même de la vue, certaine couleurs peuvent avoir un rôle important). Ainsi, les odeurs, les saveurs, les textures, et même les couleurs, peuvent être perçues différemment par les personnes autistes.
Cela peut entraîner une incapacité physique à manger certaines choses. Pas par caprice, ou par rejet infantile de ce qui est inconnu, mais bien parce que les sens du corps rejettent certaines odeurs, saveurs, textures, couleurs. Dans le fond, ce n’est pas si différent des personnes intolérantes à la coriandre, car l’un de leurs gènes font qu’elles perçoivent cette épice comme une substance au goût de savon: peut-on parler de caprice alimentaire, dans le cas d’un cerveau fonctionnant différemment de ce qui est considéré comme la norme ?
Je ne dis pas ici qu’il faut accepter en bloc toutes les exigences des personnes autistes. En tant que parent, il est important d’assurer les besoins nutritionnels de son enfant, de veiller à lui donner une alimentation aussi équilibrée que possible. Mais diversifier l’alimentation de l’enfant, ce n’est pas lui forcer la main, ce n’est pas ignorer ses besoins «pour son bien». Je sais qu’il peut être tentant de s’énerver, d’imposer fermement, mais cela risque d’aggraver la situation, d’amener l’enfant à associer la nourriture au conflit, à l’angoisse, au rejet de ses besoins. Ce qui n’est déjà pas fou en soi, mais pourrait ensuite amener à des TCA bien plus graves !
Un autre besoin des autistes concernant l’alimentation peut être l’instauration d’une routine rigide. Ainsi, la personne aime parfois un grand nombre d’aliments, mais peut avoir un tel besoin de se conforter dans sa routine qu’elle est incapable de manger quelque chose dont elle n’a pas l’habitude à cet instant de sa routine. Par exemple, aimer un certain type de cuisine, mais ne pas pouvoir manger cette nourriture alors que ce n’était pas prévu dans son emploi du temps, à cause de l’angoisse de sortir de sa routine. Il arrive ainsi que certaines personnes autistes mangent une alimentation variée au sein de leur famille, mais soient pratiquement incapables de manger en dehors, car elles ne peuvent manger que ce dont elles ont l’habitude.
Ce cas de figure est dû à plusieurs facteurs. Premièrement, on en revient encore à la sensibilité sensorielle accrue, qui peut rendre capable de cerner la moindre petite différence entre un aliment habituel et non habituel. Une nuance de couleur différente, un assaisonnement légèrement renforcé, une cuisson changeant légèrement la texture… la moindre petite différence avec ce qui constitue la routine habituelle est perçue comme au travers d’une loupe. C’est l'une des raisons pour lesquelles certaines personnes autistes ne mangent un aliment que d’une certaine marque, un type de plats uniquement cuisiné par une personne spécifique de sa famille ou un restaurant particulier…
Mais c’est le côté rassurant de la routine qui est ici le facteur principal. En effet, dans un monde où les autistes sont constamment surexposés sur le plan sensoriel, dans un monde où l’environnement les agresse constamment (qu’il s’agisse des sensations ou de relations sociales, familiales violentes), il est rassurant d’avoir un cocon dans lequel on pourra toujours se réfugier. La routine, de par son caractère répétitif, peut ainsi rassurer: on sait à quoi s’en tenir avec elle, elle ne peut pas trahir, créer plus d’angoisse. Par ailleurs, il est possible d’exécuter certaines actions de routine en «pilote automatique», ce qui est moins fatigant à gérer mentalement. Enfin, la routine est associée à un état émotionnel positif, ce qui permet de s’y raccrocher en cas de détresse mentale forte.
Pour toutes ces raisons, les aliments peuvent, dans certains cas, avoir une symbolique très forte aux yeux des personnes autistes, tant dans le positif que le négatif. Cela peut leur rendre très difficile de ne pas dépendre d’une cuisine très spécifique (au sein de leur famille, avec qui elles ne vivront pas toujours, ou d’un commerce, qui risque de fermer, ou loin duquel elles pourraient être amenées à vivre -entre autres-), et entraver leur accès à l’autonomie, dans certains cas. Il est donc important, en tant qu’entourage, de soutenir les personnes autistes dans leur exploration alimentaire, de les encourager, de les sortir de leur zone de confort, sans pour autant les brusquer violemment. Je ne dis pas que c’est facile, ni qu’il y a une recette miracle à suivre: mais il est important d’apporter son soutien au mieux, et de savoir demander de l’aide si besoin.
Bien sûr, la routine, si elle est rassurante, n’est pas toujours bonne pour autant ! Et c’est pourquoi il est important de ne pas laisser la personne seule face à ses besoins, pour l’aider à se construire au mieux, pour sa santé mentale comme physique.
TCA et compulsion alimentaire, pica
Puisque je viens d’aborder la question de la routine qui n’est pas toujours bonne, j’en profite pour aborder la question de l’autisme est de la compulsion alimentaire. Chez les autistes, cette compulsion est souvent spécifique à certains aliments, par habitude, par compatibilité sensorielle.
Le ou les aliments choisis sont le plus souvent associés à la notion de réconfort (comme dans la plupart des cas de compulsion alimentaire spécifique, y compris chez les non-autistes). Ainsi, en cas de stress (et, comme nous l’avons vu, les personnes autistes y sont particulièrement exposées), elles peuvent se tourner vers cette méthode pour se calmer. Avec le temps, ce mécanisme peut devenir ancré dans la routine de la personne. Si ce n’est pas très dangereux en soi, il faut y prendre garde, tant pour les risques éventuels de surpoids que pour le fait que laisser perdurer un tel TCA, c’est créer un terrain favorable pour l’installation future de d’autres TCA plus dangereux.
Et ce n’est pas tout: il arrive dans certains cas que la compulsion alimentaire ne se dédie à une substance non comestible: sable, papier, tissu, craie… de par leur perception sensorielle différente, les personnes autistes peuvent trouver dans ces objets non-comestibles une satisfaction qui échappe totalement à une personne non-autiste. Cela peut entraîner d’autres troubles plus graves: intoxication, problèmes digestifs, diarrhées, voire lésions des organes digestifs. Ainsi, il est important de veiller aux signes du pica. Dans la plupart des cas, donner une autre routine à l’enfant suffira à faire disparaître ce comportement avec du temps et de la persévérance; dans d’autres, une thérapie cognitivo-comportementale sera nécessaire.
Cette introduction était nécessaire, avant d’attaquer la dernière partie. Elle abordera des sujets difficiles, tels que la maltraitance infantile, les violences sexuelles, LGBT+phobes, la dysphorie, le suicide, le harcèlement: si vous ne vous sentez pas capables de gérer ces sujets (même s’ils ne seront pas accompagnés de descriptions graphiques), je vous recommande de sauter cette partie, et d'aller directement à la conclusion. Pour les autres, il est temps de rentrer dans le vif du sujet.
TSA et anxiété, traumatismes: les autres TCA
Je l’ai dit plusieurs fois au cours de ce post: au cours de leur vie, les personnes autistes sont bien plus exposées au stress que les autres. Hyper-sensibilité sensorielle, anxiété quand la routine est brisée (ainsi, un déménagement, changement de milieu scolaire/professionnel, peut être très mal vécu, même si cela n’a pas l’air d’une horreur à vivre dit comme ça)... si seulement cela s’arrêtait là!
Mais il se trouve par ailleurs que les personnes autistes sont particulièrement exposées à la violence au cours de leur vie. Il est difficile d’avoir des chiffres précis, que ce soit parce que toutes les victimes ne se font pas connaître des autorités ou parce que nombre de personnes autistes n’ont pas de diagnostic officiel, et ne sont pas prises en compte, mais on estime que 44% des autistes sont victimes de maltraitance infantile (sachant que les autistes avec retard mental le sont davantage), ont 3 fois plus de chance de l’être que les autres enfants, ce qui n’empêche pas le taux d’enquêtes pour maltraitance dans ces affaires d’être seulement de 62% à être lancées, contre 92% pour les enfants non-autistes (note: je ne parle pas ici d’enquêtes qui aboutissent, seulement du fait de commencer l'enquête); entre 80 et 90% des femmes autistes subissent au moins une fois une agression sexuelle au cours de leur vie.
On estime que les enfants autistes subissent, dans leur fratrie et/ou à l’école, 3 à 4 fois plus de harcèlement que les autres enfants (d’autant qu’ils ne comprennent pas toujours ce qui leur arrive, ni n’ont toujours la capacité verbale/intellectuelle de l’exprimer). Le taux de suicide chez les autistes est, selon une étude suédoise, 7,5 fois plus élevé que pour le reste de la population. L’espérance de vie est, quant à elle, réduite de 17 ans par rapport à la moyenne, à cause de divers problèmes de santé, cardiaques, respiratoires, digestifs, aggravés ou provoqués par le stress.
Oui: les autistes sont pris pour cible, dans l’indifférence générale. On préfère se dire «oui, cet enfant a des bleus, mais bon, il est autiste, il a dû se faire ça tout seul, et puis, il est bizarre, de toute façon», et laisser tomber avant même d’avoir commencé à se préoccuper de lui. Et même pour les personnes souhaitant guetter les signes (je pense notamment dans le milieu éducatif et médical -milieux pouvant aussi être source de grande maltraitance, d’ailleurs-), il y a si peu de formation qu’il est difficile de détecter à temps les problèmes, d’y apporter les bonnes solutions. Ainsi, on estime que 77 % des autistes n’ont pas accès à un diagnostic précoce, que 78 % ne reçoivent pas une éducation adaptée à leurs besoins. Les premiers signes de l’autisme se manifestent pourtant dès l’âge de 18 mois ! La France a d’ailleurs été condamnée plusieurs fois par le conseil de l’Europe pour discrimination à l’égard des personnes autistes, en particulier des enfants.
Il n’y a donc pas de «les autistes, c’est rien que des gros fragiles qui n’arrêtent pas de se plaindre» qui tienne: il y a une véritable maltraitance systémique à l’égard des personnes autistes, et handicapées de façon générale, car ce sont des cibles faciles, qui sont moins en capacité de se plaindre de leur sort, et bien des gens les voient comme des parasites de la société: qui voudrait se battre pour des parasites ?
(Il va sans dire que je ne partage pas cet avis ! Mais dans les faits, il est très répandu, à cause du rapport de notre société à la notion de valeur travail. Mais ce n'est pas le sujet qui nous importe ici, je ne vais donc pas faire de longue digression politique. Revenons aux TCA)
Toutes ces maltraitances, cette multiplication de facteurs de stress, plongent nombre de personnes autistes dès leur petite enfance dans le désarroi le plus total. Anxiété généralisée. Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT: par pitié, faites un effort pour moins dire PTSD, même sur Internet, cela aidera les personnes diagnostiquées en France à être reconnues de répandre le terme utilisé en France). Dépression, et tout ce qui va avec. Et on en revient au sujet de ce post: les TCA.
Une telle absence de contrôle sur des évènements aussi traumatisants peut pousser les personnes autistes à rechercher cette reprise de contrôle dans l’anorexie mentale. À chercher à détruire leur corps, aussi, par l’anorexie ou la boulimie (cette dernière découlant d’un rejet profond et viscéral de son image dans la plupart des cas). Ou au contraire, à chercher un refuge dans la nourriture, amenant à l’hyperphagie, voire la sitiomanie, mais aussi à la boulimie. Chez les bébés maltraités, du mérycisme peut aussi se manifester (si vous ne savez pas ce que c’est, lisez mon vieux post dessus).
Et ce n’est pas tout: les autistes peuvent parfois cumuler plusieurs facteurs les amenant à être d’autant plus maltraités. Un autre handicap, un autre trouble du neuro-développement (par exemple, les troubles dys), ou encore un rapport au genre non conforme à ce qui leur a été attribué.
Il se trouve en effet que les personnes autistes sont sur-représentées au sein de la communauté LGBT+. Il faut dire que le genre, n’en déplaise à certaines personnes, est une construction sociale; or, les personnes autistes ne se retrouvent que peu, voire pas du tout, dans les stéréotypes sociaux. On estime ainsi que parmi les personnes souffrant de dysphorie de genre, d’un rejet total de leur genre/sexe de naissance par rapport à leur ressenti, 20% se situent sur le spectre de l’autisme. Je développerai cette thématique dans un post à part; pour l’heure, je pense que je n’apprends rien à personne quant à la fréquence des violences à caractère LGBT+phobes. Alors, cumuler TSA et identité LGBT+ devient souvent la double peine quant aux maltraitances subies.
(Note: La dysphorie peut aussi être provoquée par de la maltraitance, et amener à des TCA liés au rejet de son image, à une tentative de reprendre le contrôle, comme l’anorexie ou la boulimie. J’y reviendrai dans un prochain post).
Le bilan
Les personnes autistes sont souvent amenées à développer au moins un TCA au cours de leur vie. La solution de facilité serait de tout mettre sur le dos de l’autisme, de leur «étrangeté» qui leur fait percevoir les choses si différemment des autres. Et, de fait, le trouble de l’évitement est le TCA le plus fréquent chez les personnes autistes.
Pour autant, il ne faut pas négliger les autres. Car nier le reste, c’est nier la maltraitance systémique autour des personnes autistes, des personnes handicapées en général. Trop de personnes ont déjà souffert, souffrent encore, ont préféré en finir pour ne plus souffrir: il faut que cela cesse, et cela passe par le fait de regarder en face les conséquences de ce système maltraitant, sans détourner le regard (dans la limite de sa santé mentale).
Nous ne pouvons plus laisser des parents maltraitants briser des enfants, en dédaignant leur cas. Nous ne pouvons plus laisser le système scolaire, sous les traits d’enfants comme d’adultes, pousser les personnes autistes à se retirer dès l’enfance de la vie en société pour leur sécurité physique et mentale. Nous ne pouvons plus faire comme si l’autisme ne nous concernait pas, alors que 0,9 à 1,2% de la population française, soit environ 700 000 personnes, est autiste. Ensemble, nous devons nous battre, pour la dignité de tous et toutes, pour la santé physique et mentale de tous et toutes.
Merci de m’avoir lue jusqu’au bout ! Le prochain post aura un ton plus léger, promis… mais je pense qu’il est important de prendre conscience de la gravité du problème pour pouvoir le combattre. À bientôt, prenez bien soin de vous !
Et, n’oubliez pas: les TCA ne sont pas une fatalité. Vous n’êtes pas seul(e)s.
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cleopattes · 2 years
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David Suzuki, “The Sacred Balance, Rediscovering our Place in Nature”, édition 2007, l’inspiration canadienne
Avant-propos: je vous partage dans cette série de capsules mes réflexions par rapport à quelques livres et autres lectures exposant une pensée environnementale. Nous y parlerons développement durable, de changements climatiques mais aussi du fonctionnement général de Mère-Nature. Le tout sera agrémenté de données chiffrées et vérifiées, et peut-être aussi d’une touche d’humour. À noter que je mets l’emphase sur ce qui me paraît le plus pertinent, écartant ainsi d’autres sujets d’intérêt pour d’aucuns, ce qui n’est pas très rigoureux… Néanmoins j’espère que vous apprécierez!
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Ce livre a une place spéciale dans mon cœur, puisque c’est le premier ouvrage à teneur environnementale que j’ai lu avidement, et aussi parce que David Suzuki, qu’on ne présente plus, l’avait dédicacé pour ma fille maintenant ado et qui était alors âgée de quelques mois : « To Gaelle : Let’s find the balance », avait-il précisé de sa plume.
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Le point central demeure la place de l’homo sapiens sur la planète, commençant le périple il y a quelque 200 000 ans. Un biologiste d’une autre galaxie n’aurait alors jamais remarqué cet être insignifiant avec ses aptitudes physiques et sensorielles inférieures aux autres espèces animales. Mais c’était sans compter son intelligence avec son cerveau de 1,5 kg et ses capacités d’adaptation. L’auteur prend alors un propos militant et très documenté scientifiquement concernant notre consumérisme et notre manière de vivre allant en contradiction des cycles naturels. Par exemple, toute matière « en fin de cycle » selon l’économie de marché devrait retourner en ressource naturelle ou réintégrer la chaîne alimentaire plutôt que de se retrouver dans un champ d’enfouissement à produire du méthane.
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Si on occulte le volet environnemental de l’ouvrage, on retient du livre ses explications sur l’atmosphère, à travers sa création, sa composition (20,95% d’oxygène, 78,08% d’azote entres autres dans les parties basses de l’atmosphère) et sa stabilité qui maintiennent la vie sur terre. Vous saurez tout sur le fonctionnement de vos poumons, ainsi que de la photosynthèse consistant à transformer l’énergie du soleil en nourriture grâce originalement aux cyanobactéries apparues il y a plus de 2 milliards d’années. Passionnant. Poursuivons à l’envi avec tout ce contenu qui se lit somme toute assez facilement en dépit des données scientifiques, avec notamment le chapitre « Made from the soil » nous apprenant la formation et la composition de nos sols, du fond rocheux jusqu’aux matières organiques, en passant par les minéraux et l’humus. L’agriculture est rendue possible grâce à la terre arable, sa croissance étant en moyenne de 5 cm pour 1 000 ans, dans les zones forestières tempérées caractérisées par des amoncellements annuels de matières organiques. Dans ce cadre, composter est un petit geste qui fait une différence, tout comme protéger nos sols devant nourrir plus de 8 milliards d’individus en 2022.  À titre indicatif, la perte globale de ces sols excéderait de 23 milliards de tonnes par an versus la nouvelle production, soit 0,7% des sols mondiaux.
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L’interconnexion de toute forme de vie, j’avais tellement hâte de placer ce paragraphe dans le texte, idée qui sera reprise dans une chronique subséquente évoquant aussi Fée Clochette… Une vaste forêt humide s’étend de la Californie jusqu’à l’Alaska, formant un écosystème unique. Les saumons nés en amont de ces cours d’eau ont besoin de la forêt, mais l’inverse est tout aussi vrai. L’azote des écosystèmes terrestres est du type 14N, mais dans les océans, la concentration d’isotope de type 15N est plus élevée, et le brave saumon s’en charge lorsqu’il se nourrit en mer. En remontant les ruisseaux pour frayer, les aigles, ours, loups, corbeaux, et autres prédateurs (excluant les hommes qui ne complètent pas le cycle) se nourrissent abondamment de ces poissons et dispersent leurs carcasses dans la forêt et à travers leurs matières fécales. Un ours est quand même capable manger 600 saumons durant la période de fraie!
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Le relief de leurs repas est ensuite achevé d’être consommé par des oiseaux, salamandres et autres insectes qui se reproduisent ensuite pour se faire attraper par les futurs jeunes saumons, sans compter les oiseaux migrateurs se dirigeant vers l’Amérique du Sud ou l’Arctique! En conclusion, l’azote marin de type 15N apporté par nos fougueux salmonidés contribuent à un écosystème complexe et fertilisent nos forêts de l’Ouest canadien, expliquant le mystère du gigantisme des arbres. Un spectacle à admirer. Cet exposé n’est qu’un exemple d’interconnexion entre les océans, les forêts, les hémisphères, entre autres. Protéger l’intégrité de ces systèmes nécessite une vision globale, signifiant que si l’on impacte gravement un seul élément, les conséquences environnementales surprendront la vision humaine en silo (ministère de ceci ou de cela). Par exemple, un gestionnaire forestier (je n’ai rien contre cette profession) ne fera pas forcément le lien avec l’état des lieux sylvicole et les arrosages de pesticides ou encore la surpêche.
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D’autres sujets sont tout autant intéressants dans cet ouvrage, incluant les océans, les cycles hydrologiques, les phénomènes d’énergie et de combustion jusqu’au niveau atomique, ajoutant aussi un volet spirituel cher à David Suzuki, etc. Le sujet ultime se nomme « Restoring the balance ». L’homo sapiens dans sa domination de la planète, a perdu de vue la place qui est la sienne, d’avant l’anthropocène. Nous devons restaurer et protéger la nature, en vivant en harmonie avec toute forme de vie, c’est une évidence. Il réside une sagesse dans l’autogestion de tout le réseau des créatures vivantes qui prospèrent depuis plus de 3,6 milliards d’années sur terre. Présentement, gérons seulement les effets que nous avons sur ces systèmes en agissant d’une manière appropriée. Ces thèmes seront repris dans des chroniques traitant d’autres livres. Néanmoins, posons-nous les bonnes questions. Au lieu de se demander « Comment réduire l’inflation et les déficits publics », une question pertinente serait « À quoi sert l’économie? » ou mieux encore « Quand en a -t-on assez? ».
Crédits photos : photo du livre de David Suzuki prise par l'appareil téléphonique de l'auteur (Thierry Lagrange), ours avec saumon
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mysteriis-moon666 · 2 years
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DELIVERANCE - Neon Chaos In A Junk-Sick Dawn
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Un premier EP « Doomsday, please » (2013) puis un premier album « CHRST » (2017) et un 6 titres « Holocaust 26:1-46 » (2020) permettront de statuer la sculpture sonique et l’ossature du quatuor Deliverance, composé désormais de Pierre Duneau (Chant, clavier, ex-Memories of a dead man) et Etienne Sarthou (Guitare et choeurs, ex-AqME), Sacha Février à la basse et Fred Quota (Batterie, ex-BLVL).
Dans ce second long format via les Acteurs de l’ombre, la musique est composée par Etienne Sarthou, les textes sont de Pierre Duneau, l’enregistrement et le mixage ont été réalisés par Etienne Sarthou au Hemlig Studio de Saint-Ouen. Le mastering a été réalisé par Magnus Lindberg (Cult of Luna) au Redmount Studio à Stockholm. L'artwork est l’œuvre de Pauline Talarn.
Deliverance va puiser dans les profondeurs sludgy de son black metal, et vient peroxyder des contrastes de styles musicaux tel que le rock psychédélique des 70's, directement dans la fusion de sa musique. Le groupe se donne l’ambition avant-gardiste de repousser ses limites, pour donner corps et vie à sa centrifugeuse créatrice. Le groupe vient happer à son paroxysme « ce reflet complexe d’une vision intime de l’enfer sous le prisme de l’addiction » comme il le nomme à propos de "Neon chaos in a junk-sick dawn"
L’album est porteur d’un post-Black Metal expérimental jusqu'au-boutiste. Si l’écriture des textes s’est déroulée dans un lieu clos durant de longues nuits d'insomnie au 4ème étage d'un immeuble, dans une pièce isolée, la musique, elle, apporte une impression d’ouverture, d’immersion, et cette intériorité est une lutte intestine par rapport aux textes. Une sensation diffuse tout au long d’un opus passionnant, qui fait allégeance aux brumes de l’inconnu et à la blessure insistance des addictions et tentatives de désintoxication.
Ce disque calcine profondément en une immense expérience sensorielle, comme des forêts et des terres de brousse s'étendant sur des milliers de kilomètres brûlées jusqu'aux os, de la terre à la mer. II corrode une lune sans miel, et catapulte une kyrielle de monstrueux cailloux qui dérivent dans le ciel. 
Le groupe vient nous apporter la charge d’une existence terrassée, pauvres crânes menacés que nous sommes dans la nuit de nos tourments, et c’est bien là que Deliverance vient butiner son corps musical pendant 1H02, dans cette flétrissure de mort lente, sublimant dans chacun de ses titres une bataille de démons tortueux, de tempête en pleine obscurité, prêt à broyer la noirceur dans les ténèbres rugissants, accordant dans son délire ascensionnel l’imposante capacité de vous faire ployer à son élévation musicale. 
Il y a un très gros travail sur la densité, sur la palette sonore avec notamment plusieurs effets sonores, et même parfois sur la voix dans « Neon Chaos ».
« Neon Chaos In A Junk-Sick Dawn » est un astre de brisure fauve, strié de branches obscures et minérales. L’album suit la figure mystique des ténèbres car elle lui montre la lumière des étoiles, avec la morsure de l’obscurité. Un peu comme si de gros nuages lourds et sombres monopolisaient le ciel, dans des teintes de gris et de bleu nuit, et que ce vaste magma nuageux était percé en son sein d'une trouée de bleu océane épousant l'éther, et à son pourtour le scintillement d'une écaille de lumière divine.
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theversesflow · 4 years
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Nino dans la nuit (2019)
Je viens vous parler aujourd’hui d’un très beau roman écrit à quatre mains et paru l’année dernière aux Editions Allia : Nino dans la nuit de Capucine et Simon Johannin.
Nino a vingt ans et vit dans la précarité, en banlieue parisienne, sans perspective d’avenir. Réduit à vivre au jour le jour, il s’accroche comme il peut à des petits boulots à droite à gauche, légaux ou non. Il se raccroche à son amour brûlant pour Lale, et la nuit, s’empresse de rejoindre sa bande d’amis pour s’échapper à leurs côtés dans le monde enfiévré des clubs et des paradis artificiels.  
On est happé d’entrée de jeu par le langage cru et familier, piqué d’humour, de la narration et des dialogues. A l’oralité du style viennent s’entremêler des images poétiques, brutes, sensorielles qui transfigurent le regard à la fois naïf et cynique que pose Nino sur le réel et sa misère.  Le tout imprègne le récit d’une dimension cinématographique, laissant des impressions visuelles fortes.
« J’observe le monde par la fenêtre, je t’aime par la fenêtre et partout je vois tomber du ciel, sur moi et tout le quartier, des grosses gouttes de lassitude. J’allume une fraise éteinte et laissée là dans le cendrier depuis que je suis parti, ça fait cramer en moi un peu d’émotion quand la fumée me passe par le cœur. »
Progressivement, on s’attache à Nino et ses amis – il y a Lale, l’amoureuse et l’inspiratrice, dont la figure est omniprésente et pourtant étrangement en retrait, et Malik, ange nocturne follement libre et bonne étoile du narrateur –, on s’indigne des injustices sociales qui semblent leur coller à la peau. Les obstacles contre lesquels Nino ne cesse de se heurter dans sa quête d’argent révèlent toute l’absurdité d’un système déshumanisant et prônant le “toujours plus”. Le récit reflète les luttes sociales au travers des réflexions de Nino, de la présence de personnages LGBTQ+, des discussions entre les personnages.
Le récit m’a plu et déconcertée en même temps ; premièrement, l’écriture, dans son unicité, a quelque chose de très intense. Parfois le sens échappe, parfois on a peur d’étouffer sous l’enchaînement d’images. La juxtaposition dense et la parataxe, qui oralisent le style, donnent également au récit un aspect haché, un rythme particulier et parfois usant. Pourtant, cela fait pour moi partie de l’essence du texte.  
Ensuite, j’ai été confrontée à une réalité sociale tout autre que la mienne ; je me suis souvent sentie comme une observatrice étrangère. Mais c’est là sans doute l’un des objectifs du livre : susciter la rencontre, de plein fouet, entre le lecteur et des personnages qui ne sont pas racontés d’habitude – ou plutôt, qui n’ont pas eux-mêmes la parole. Et cela a très bien réussi aux deux auteurs : j’ai été bouleversée par cette rencontre, au point qu’elle a presque eu l’impact d’une rencontre réelle. J’ai compris le besoin frénétique des personnages de s’évader par les drogues ; ils m’ont fascinée et touchée par leur fougue, leur désir irrépressible de liberté, leur refus de se plier à la société.
« Les loups ont mangé les chiens et ne reste bientôt que la nuit, et moi ça me va puisqu’encore un peu je voudrais rester dans le noir. »
Pour conclure, je dirais que Nino dans la nuit a été une lecture intense, parfois même éprouvante, mais une lecture que je vous conseille mille fois. C’est un roman très riche, dont l’intrigue est maîtrisée du début à la fin, et dont le style unique et novateur vaut le détour.
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reseau-actu · 5 years
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Grâce à un logiciel développé sur mesure, des chercheurs recréent numériquement le décor, la lumière et l’ambiance sonore d’un spectacle au théâtre d’Orange tel qu’il pouvait se vivre durant l’Antiquité.
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« La plus belle muraille de mon royaume », c’est ainsi que Louis XIV qualifiait la façade imposante du Théâtre antique d’Orange, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Construit au Ier siècle après J.-C., l’édifice est le théâtre romain le mieux conservé de toute l'Europe. Pourtant, de nombreuses parties du monument n’ont pas survécu au temps, notamment son décor, son velum (une grande pièce de tissu, utilisée en guise de plafond) et son rideau.
Bien que découverts entre les années 1930 et 1950, de nombreux fragments du théâtre d’Orange n’avaient jamais été étudiés. Disposés dans trois lieux différents autour du théâtre, ils pèsent chacun une dizaine de kilos, ce qui ne facilite pas leur analyse. En 2015, une équipe pluridisciplinaire de chercheurs (archéologues, informaticiens et designers 3D) sont donc les premiers à étudier ces fragments. Ils développent un logiciel sur mesure capable de numériser chacun des 80 fragments étudiés et d’en tirer plusieurs objets 3D facilement manipulable.
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        Ils ont ensuite procédé à la restitution, qui consistait à assembler correctement ces fragments, en vérifiant des collages ou en en créant de nouveaux. Le programme a été porté et financé par la Sorbonne Université et le logiciel, encore en phase de test, devrait être disponible à la fin de l’année 2019. 
Une plus grande attention aux détails
« Ce projet est très prometteur car nous avons pu multiplier les hypothèses », se réjouit Emmanuelle Rosso, archéologue spécialiste des sculptures antiques et de portraits, qui a travaillé sur le projet. « Souvent, dans les publications scientifiques, on doit choisir une seule restitution. Entre chercheurs, on sait que l’image choisie n’est pas la seule possible, mais le public ne le perçoit pas forcément. Là, concrètement, on a pu multiplier les restitutions et les mettre sur le même plan », précise-t-elle.
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Restitution numérique du théâtre antique d'Orange / © Sébastien Le Gall (ISCD-Sorbonne Université)
La conception d’objets en 3D permet aussi d’avoir un œil plus affûté sur les détails d’une œuvre. « On a été beaucoup plus attentifs à la façon dont les artisans avaient travaillé. Les modèles d’outils nous ont permis de distinguer des mains (la patte des artistes, ndlr), donc un travail d’équipe que nous avons peu l’habitude d’étudier pour l’Antiquité faute de textes », explique Emmanuelle Rosso. Les chercheurs ont par exemple pu identifier des traces d’outils et ont remarqué qu'une même figure avait été reproduite plusieurs fois dans le décor par des artisans différents. « C’est assez émouvant car pour la période antique romaine, on n’a conservé quasiment aucun nom d’artiste. La technologie est la seule solution si on veut essayer d’approcher la réalité humaine de ces productions », souligne l’archéologue.
Une approche sonore
Les chercheurs ont également investi l’archéologie sensorielle, qui consiste à restituer non seulement des images, mais aussi des ambiances, des sons et des odeurs. Alexandre Vincent, professeur d’histoire romaine à l’Université de Poitiers, a tenté de restituer le « paysage sonore » du théâtre. Les sources disponibles, provenant du nord de l’Italie, de l’Espagne et de la Gaule, ont permis de comprendre les dispositifs architecturaux destinés à améliorer l’acoustique. Mais aussi la place des acteurs, des musiciens et des spectateurs dans cette atmosphère. Si le théâtre d’Orange est aujourd’hui ouvert, il ne l’a pas toujours été : pendant l’Antiquité, son velum et son rideau en faisaient un lieu presque clos, ce qui modifie radicalement l'ambiance du lieu. 
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Restitution de l'ambiance sonore du théâtre antique d'Orange / © Sébastien Le Gall (ISCD-Sorbonne Université)
Tous ces éléments ont permis de reconstituer une musique d’époque, enregistrée dans une chambre sourde par Stefan Hagel, un musicologue spécialiste de l’Antiquité. Il a été filmé en train de jouer d’un instrument, et un designer 3D a reproduit sa gestuelle tout en y incluant des éléments de la période antique. « La simulation musicale est un peu déroutante car ce qui était agréable pour les oreilles de l’Antiquité ne l’est pas forcément aujourd’hui », nous confie Emmanuelle Rosso. Tout comme les odeurs, qui n’ont pas pu être restituées dans ce projet faute de sources. 
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Relief figurant une Ménade / Pascal Disdier (CNRS)
La dernière étape consiste en la création d’un logiciel permettant de calculer la révérbération des sons au Ier siècle après J.-C, selon si on se place plus ou moins loin de la scène. Une manière ludique d’explorer cette musique, bientôt proposée aux visiteurs du théâtre d’Orange. 
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Ce qui fait la particularité de ce projet, c'est sa dimension artistique. Contrairement à une approche qui serait celle de l’intelligence artificielle, la restitution d'un théâtre ne nécessite pas de récolter de grandes masses de données. « Ce sont des œuvres d’art, elles ont quelque chose d’unique, donc on ne peut pas proposer un modèle d’analyse. Il faut absolument qu’un regard d’expert appuie les résultats de ces technologies », conclue l’archéologue. Une vidéo retraçant la restitution du théâtre d'Orange est attendue avant la fin du mois de juin. 
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La mise en pratique du CECRL dans un cadre réel
En lisant le CECRL  certaines pratiques de la professeure ont fait sens et ont été mis en œuvre dans le cadre réel:
L’environnement, c’est à la fois un aménagement de l’espace classe, structuré en fonction d’objectifs spécifiques à la discipline, une présence des langues au sein de l’école ou de l’établissement et, au-delà, une ouverture vers d’autres cultures, d’autres pays (…) une relation qui permet de faire du cours de langue un temps d’échange, de connaissance et de communication :
privilégie un apprentissage coopératif : la mise en place d’îlots et ça toute l'année et avec toutes ses classes.
susciter l'envie et le plaisir d'apprendre des langues vivantes : poème ; « no tea for dragons » proverbes et jeux de société « mots croisés sur la séquence no tea for dragons ».
adopter une approche sensible et multi sensorielle des langues : le mimétisme de la professeure – associer le geste à la parole pour enrichir la perception, renforcer la mémorisation et créer un environnement perceptif varié. La professeure mime sans arrêt dans ses cours.
structuration stable du tableau et des codes sémiotiques: codes couleurs pour le vocabulaire (vert) et la grammaire (rouge). De plus, l'utilisation régulière et stable des symboles phonémiques que l'on retrouve sous chaque mot noté au tableau.
encourager l'apprentissage coopératif
L'approche actionnelle:
« L’élève sait que la classe, l’école, l’établissement sont des lieux de collaboration, d’entraide et de mutualisation des savoirs. Il aide celui qui ne sait pas comme il apprend des autres. » Les îlots crées par Madame Brunias sont la plupart du temps hétérogènes, la différence de niveaux entre élèves est parfois flagrante. Prenons l'exemple d'un élève en très grande difficulté que la professeure à réussit à intégrer dans un groupe dit « des plus forts ». En contrepartie de leur bienveillance et de leur aide, la professeure a promis aux élèves du groupe de les avantager dans leur notation car très compétitifs, ça a été un moyen de les motiver à accueillir l'élève en difficulté dans leur groupe.
L’apprentissage coopératif permet d’engager activement et socialement les élèves dans un projet, de leur redonner un rôle et des responsabilités au sein du groupe, et de les rendre ainsi acteurs de leur apprentissage. Projets collaboratifs et défis de groupes -> obtenir des points verts en groupe pour la participation orale par exemple lors des séances observées.
L'exploitation du numérique :
- Madame Brunias a crée un espace sur « Padlet » pour chacune de ses trois classes le mardi.
C'est sur cet espace que les élèves peuvent et doivent poster leurs audios ou leurs productions écrites. Selon les thèmes et les séquences, le padlet est agencé de façon ludique, on peut y trouver des ressources authentiques comme des jeux de cartes, des mots croisés et même leurs super-héros préférés.
Grâce aux tablettes qui leurs sont données en début d'année ils ont la possibilité d'accès au padlet 24h/24 et déposent leurs productions à n'importe quel moment de la journée, du week-end ou de la semaine à condition de respecter la deadline, cette deadline leur permet de développer leurs compétences de responsabilisation en prenant compte du temps qui leur est donné pour fournir un travail. Le padlet leur permet aussi de travailler en dehors de la classe et de développer leurs stratégies individuelles en autonomie et à leur rythme.
Le numérique permet aussi à la professeure de communiquer avec les parents. Contrairement à ce que j'ai pu observer au lycée, les parents de collégiens sont pour la plupart très présents et communiquent de façon régulière pour des raisons diverses avec Madame Brunias à travers le cahier de texte partagé sur pronote.
La vidéo-projection associée à la diffusion du son est un moyen de proposer plusieurs types de supports, très utilisé par la professeure lors de ses séances avec projection de poèmes, de personnages à décrire mais aussi de sons. J'ai pu observer que cette méthode favorisait comme décrit dans le CECRL la compréhension des thèmes avec l'ouverture par des documents iconographiques et la motivation car les élèves étaient très souvent captivés par le côté ludique.
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myportfolios-world · 2 years
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Le CECRL et la mise en pratique dans un contexte réel
En lisant le CECRL  certaines pratiques de la professeure ont fait sens et ont été mis en œuvre dans le cadre réel:
L’environnement, c’est à la fois un aménagement de l’espace classe, structuré en fonction d’objectifs spécifiques à la discipline, une présence des langues au sein de l’école ou de l’établissement et, au-delà, une ouverture vers d’autres cultures, d’autres pays (...) une relation qui permet de faire du cours de langue un temps d’échange, de connaissance et de communication :
privilégie un apprentissage coopératif : la mise en place d’îlots et ça toute l'année et avec toutes ses classes.
susciter l'envie et le plaisir d'apprendre des langues vivantes : poème ; « no tea for dragons » proverbes et jeux de société « mots croisés sur la séquence no tea for dragons ».
adopter une approche sensible et multi sensorielle des langues : le mimétisme de la professeure – associer le geste à la parole pour enrichir la perception, renforcer la mémorisation et créer un environnement perceptif varié. La professeure mime sans arrêt dans ses cours.
structuration stable du tableau et des codes sémiotiques: codes couleurs pour le vocabulaire (vert) et la grammaire (rouge). De plus, l'utilisation régulière et stable des symboles phonémiques que l'on retrouve sous chaque mot noté au tableau.
encourager l'apprentissage coopératif
L'approche actionnelle:
« L’élève sait que la classe, l’école, l’établissement sont des lieux de collaboration, d’entraide et de mutualisation des savoirs. Il aide celui qui ne sait pas comme il apprend des autres. » Les îlots crées par Madame Brunias sont la plupart du temps hétérogènes, la différence de niveaux entre élèves est parfois flagrante. Prenons l'exemple d'un élève en très grande difficulté que la professeure à réussit à intégrer dans un groupe dit « des plus forts ». En contrepartie de leur bienveillance et de leur aide, la professeure a promis aux élèves du groupe de les avantager dans leur notation car très compétitifs, ça a été un moyen de les motiver à accueillir l'élève en difficulté dans leur groupe.
L’apprentissage coopératif permet d’engager activement et socialement les élèves dans un projet, de leur redonner un rôle et des responsabilités au sein du groupe, et de les rendre ainsi acteurs de leur apprentissage. Projets collaboratifs et défis de groupes -> obtenir des points verts en groupe pour la participation orale par exemple lors des séances observées.
L'exploitation du numérique :
- Madame Brunias a crée un espace sur « Padlet » pour chacune de ses trois classes le mardi.
C'est sur cet espace que les élèves peuvent et doivent poster leurs audios ou leurs productions écrites. Selon les thèmes et les séquences, le padlet est agencé de façon ludique, on peut y trouver des ressources authentiques comme des jeux de cartes, des mots croisés et même leurs super-héros préférés.
Grâce aux tablettes qui leurs sont données en début d'année ils ont la possibilité d'accès au padlet 24h/24 et déposent leurs productions à n'importe quel moment de la journée, du week-end ou de la semaine à condition de respecter la deadline, cette deadline leur permet de développer leurs compétences de responsabilisation en prenant compte du temps qui leur est donné pour fournir un travail. Le padlet leur permet aussi de travailler en dehors de la classe et de développer leurs stratégies individuelles en autonomie et à leur rythme.
Le numérique permet aussi à la professeure de communiquer avec les parents. Contrairement à ce que j'ai pu observer au lycée, les parents de collégiens sont pour la plupart très présents et communiquent de façon régulière pour des raisons diverses avec Madame Brunias à travers le cahier de texte partagé sur pronote.
La vidéo-projection associée à la diffusion du son est un moyen de proposer plusieurs types de supports, très utilisé par la professeure lors de ses séances avec projection de poèmes, de personnages à décrire mais aussi de sons. J'ai pu observer que cette méthode favorisait comme décrit dans le CECRL la compréhension des thèmes avec l'ouverture par des documents iconographiques et la motivation car les élèves étaient très souvent captivés par le côté ludique.
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nancyisabellelabrie · 4 years
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La fibromyalgie et moi
(Vous trouverez des liens en cliquant sur les mots surlignés dans le texte)
On m’a demandé quelques fois de partager les outils que j’ai découverts pour améliorer ma condition, vivant depuis plusieurs années avec la fibromyalgie. Parce que ça va mieux, et de mieux en mieux en fait. Je suis personnellement convaincue qu’à moyen terme, je n’aurai plus aucun symptôme.
Je dois dire en commençant que lorsque j’ai reçu le diagnostic, ça n’a pas été une catastrophe pour moi. D’abord parce que, comme la grande majorité des gens, à par le nom, je ne connaissais rien de la fibromyalgie. Ensuite parce que je me sentais soulagée! Mes symptômes s’étaient franchement aggravés durant l’année précédente et de nouveaux s’étaient ajoutés durant les derniers mois, très intenses en plus. Après avoir passé de nombreux tests et radiographies, on ne trouvait rien et j’avais peur d’avoir à vivre avec quelque chose de très grave. Alors ce diagnostic est arrivé pour moi comme un grand soulagement.
Ce que je ne savais pas alors, c’est que mon médecin, avec qui j’avais une super belle relation de confiance, comme la majorité des médecins, ne savait pas quoi faire avec ça. Elle n’avait pas de solution pour guérir ma situation. Seulement des relaxants musculaires et des anti-inflammatoires pour soulager un peu. J’ai essayé, parce que je ne me pouvais plus des douleurs constantes et envahissantes. J’ai pris une dose de relaxant musculaire. Et j’ai été malade pendant presque deux jours. Et honnêtement, je ne me rappelle pas si mes muscles se sont relaxés. Ce dont je me rappelle c’est que j’ai eu des douleurs incroyables au ventre avec des allés-retours à la toilette durant une journée et demie. Mon corps ne voulait pas ça. J’ai donc décidé de choisir une autre route de guérison, avec un médecin super à l’écoute, mais sans solution concrètes.
Comme je suis têtue, et surtout comme j’avais la croyance profonde que j’allais rétablir l’équilibre dans mon corps, j’ai essayé beaucoup de choses.
D’abord, et ce, même avant d’avoir le diagnostic, j’ai reçu des soins en massothérapie et en osthéopatie. Beaucoup. Pendant plusieurs mois, je suis allée consulter à chaque semaine en alternance. Comme j’avais un budget très limité, j’ai trouvé des écoles qui offraient des cliniques étudiantes avec des soins de grande qualité et une supervision serrée. Pour moi, l’ostéopathie a été le plus efficace des deux. Par contre, ça ne faisait que soulager les symptômes temporairement. Ensuite, j’ai essayé de changer les choses par la bouffe. Je m’intéresse depuis longtemps à la nutrition alors j’étais enthousiaste face à cette exploration. J’ai essayé le sans sucre-produits laitiers-gluten. Pendant plusieurs mois. Pas vu de changements notables. Puis le cru, en majorité, et en cure. Pas de différence. Puis l’ayurveda. Et Le Whals protocol. Pas vraiment de changement. Tout ce processus qui s’est étendu sur 2 ans et demi ont résulté en une grande confusion face à la nourriture. J’en suis venue à perdre tout plaisir à me faire à manger et, comme la bouffe ça n’est pas une priorité dans mon emploi du temps, je me suis retrouvée avec un nouveau problème. Ça m’a pris plusieurs mois à régler ça, presqu’un an. J’en ai pris conscience en voyant que j’avais perdu beaucoup de poids, moi qui n’ai pas de surplus à éliminer disons.
Les choses ont commencées à changer, surtout intérieurement, après avoir reçu plusieurs soins en polarité, sur une année entière. Pour avoir une petite idée de ce qu’est la polarité, je t’invite à faire une recherche! ICI une vidéo d’une conférence de Daniel Éthier qui est un expert sur le sujet, ainsi qu’un témoignage de quelqu’un ayant reçu un soin. Quelque chose s’est passé en moi durant et suite à ces soins. Les choses avec lesquelles je n’étais pas confortable dans ma vie sont devenues intolérables. Je suis devenue de plus en plus sensible à ces choses, et doucement, je les ai éliminées/transformées une à une. Et tranquillement, certaines des douleurs, le “brain fog” et les fatigue ont diminuées. J’avais une piste ici. Mais bien sûr ça n’était pas une pilule magique.
Parallèlement, j’ai fait beaucoup de recherches à propos de l’anxiété d’abord, ce qui m’a menée à chercher à propos du déficit d’attention. Après une visite chez un psychiatre pour une évaluation à propos de l’asperger, pour ma fille la plus jeune et moi-même, ce psychiatre m’a proposé de continuer mes recherches mais du côté de la douance. Je n’ai pas eu de diagnostic officiel, n’ayant pas le budget à ce moment là. Mais ce conseil m’a amenée à comprendre une grande partie de moi-même. L’idée de la douance avait déjà été mentionnée, suite à mon arrivée à la maternelle, où je savais déjà lire, compter et écrire. La direction de l’école avait suggéré à ma mère de me faire “sauter” la première année pour être avec des enfants déjà à mon niveau, ce que ma mère a refusé. On n’a jamais reparlé de ça. Mais moi, en faisant mes recherches, en en parlant à mon médecin et en échangeant avec de nombreux “surdoués”, j’ai compris que c’était une partie des raisons pour lesquelles je vivais maintenant avec la fibromyalgie. Particulièrement parce qu’en très grande majorité, les gens vivant avec la douance vivent aussi avec l’hypersensibilité, ce sur quoi je reviendrai un peu plus loin. J’ai continué mon cheminement en cherchant toujours ce qui pourrait réparer ce dérèglement dans mon corps. En cours de route, pour un autre besoin, j’ai découvert l’hypnothérapie. Qu’elle découverte!! J’ai d’abord consulté en personne quelques fois, avec un hypnothérapeute devenu mon ami depuis. Je me suis vue commencer à changer de manière impressionnante. Des petits détails de mon quotidien qui se transformaient. Des choix que je faisais autrement. L’hypnothérapie, c’est l’art de transformer les croyances inconscientes que nous portons et qui nous nuisent, en quelque chose qui nous soutient. Suite à ces quelques soins (et depuis, je m’endors très souvent avec des vidéos d’hypnose pour traiter/libérer différentes choses), je suis entrée dans un 2 ans et demi ce qu’on appelle le “shadow work”. On pourrait dire que c’est un (souvent long) processus pour libérer et guérir les parties de nous qui sont blessées et ont créé ces patterns de pensées en nous qui nous font croire que nous sommes inadéquats. Bien sûr, ça n’est pas un processus très confortable. Aller fouiller dans un grenier plein de choses sales et laides ça n’est pas toujours une mince affaire! D’autant plus que l’on apprend à les ressentir, ces émotions qui étaient prises en nous. Personnellement, je suis têtue et volontaire, et j’ai choisi de faire ce chemin seule. Mais je suggère, si tu te sens appelée par ce travail intérieur, d’être accompagnée par quelqu’un de confiance. Parce que c’est parfois très déstabilisant. Ceci dit, plus on libère, plus les tensions internes diminuent. Et les symptômes aussi.
En chemin, j’ai aussi découvert la métaphysique appliquée. Une dame la pratiquant m’a donné un protocole à suivre, alors que j’en étais à une 4e journée au lit à cause d’une douleur en particulier. J’ai suivi ce protocole et le lendemain matin, la douleur avait disparue! Après 17 ans à vivre presqu’à tous les jours avec celle-ci, elle n’est jamais revenue. Par contre, je n’ai pas réussi à tout transformer avec cette technique. Mais je me suis libérée d’une partie du problème et ça m’a donné beaucoup d’espoir pour la suite! Il y a quelques mois, je suis entrée en contact avec un professeur de Myofasciology release. Je me suis mise à m’intéresser avec grand intérêt à cette technique qui libère les Fascias de traumatismes les ayant amenés à se durcir. Ayant reçu quelques soins spécifiquement pour travailler les fascias avec une des osthéopathes que j’avais consulté par le passé, qui avaient apporté beaucoup de soulagement, j’étais très intéressée à en savoir davantage. D’autant plus que j’étais convaincue que la fibromyalgie était causée par un dérèglement du système nerveux. Puis je suis tombée sur cet article qui m’a convaincue d’essayer. Ce que j’ai fait récemment. Je vous en reparle plus loin.
Entre-temps, en écoutant cet excellent documentaire nommé Sensitive, the untold story qui parle l’hypersensibilité. Honnêtement, jusqu’à ce moment de ma vie, je croyais que l’hypersensibilité, c’était seulement un qualificatif qu’on donnait aux gens “trop” sensibles, limite fatiguants...
Qu’elle révélation d’avoir regardé ce documentaire! J’ai compris que l’hypersensibilité vient d’une différence neurologique, et qu’entre 15 et 20% de la population vit avec cette particularité! Et surtout je m’y suis complètement reconnue! Cette grande révélation m’a amenée à comprendre mes réactions et surtout, à prendre soin de mon système nerveux très sensible, en étant à l’écoute des besoin de mon corps et de mes émotions, en m’attardant sur les signaux qu’ils m’envoient. Prévenir les moments de surcharges sensorielles en évitant de me mettre en situations qui pourraient les provoquer. Et lorsque ça arrive quand même, j’ai maintenant beaucoup plus de bienveillance envers moi-même, et je m’offre des moments et des outils pour revenir à la normale plus rapidement. J’en reparlerai régulièrement dans des billets futurs.
Autrement, cette découverte a ravivé mon intérêt pour les soins en myofasciology release. J’ai eu un premier rendez-vous il y a deux semaines. À ce moment-là, j’étais dans une période où les douleurs étaient assez intenses, suite à une rupture amoureuse qui s’est un peu étalée dans le temps. Comme à chaque moment de stress plus ou moins intense dans ma vie, les douleurs et la grande fatigue se sont manifestées. Le jour de mon premier soin, je dirais que la douleur était à 8 sur 10.
Les jours qui ont suivis ont été très intéressants à observer, bien que pas super confortables physiquement. Le lendemain de mon rendez-vous, j’ai senti un grand relâchement dans mon dos, là où je ressens particulièrement les douleurs avec plus d’intensité. Une grand relâchement, et une grande fatigue. L’espace entre mes omoplates était très douloureux durant quelques heures, puis cette douleur est complètement disparue depuis. Les deux semaines ont été une suite de “bouts” de douleurs se manifestant séparément (quand en général elles se présentaient toutes ensemble lors d’épisodes de douleur), d’abord en étant très présentes et intenses, puis en disparaissant. Toujours accompagnées d’émotions un peu envahissantes, avec des prises de conscience sur de vieilles croyances et façons de réagir, même des souvenirs de moments clés de ma vie. Aucune ne s’est représentée depuis. Je sens que ça travaille encore. Je vous en donnerai des nouvelles, j’ai mon deuxième rendez-vous demain. Jusqu’à présent, tout le processus m’apparaît très prometteur. Présentement je dirais que les douleurs sont à 1-2 sur 10, et la fatigue diminue. Par contre, durant les moments où mon corps relâche, je deviens très fatiguée et je dois aller dormir. À chacune des fois, depuis deux semaines, je me relève après une période plus ou moins longue de sommeil, et je me sens regaillardie, la douleur et la fatigue ayant presque disparue complètement, parfois au complet. Il importe de connaître ce qu’on appelle la “crise de guérison”, qui se manifeste très souvent quand notre corps se répare après un soin.
Tout n’est pas encore réglé. Par contre, ma qualité de vie s’est grandement améliorée durant les deux dernières années. Le “brain fog” est complètement disparu depuis un peu plus d’un an, ce qui a transformé en profondeur plusieurs aspects de ma vie. Par exemple, depuis une quinzaine d’années, moi qui auparavant était boulimique de lecture, je n’arrivais plus à me concentrer suffisamment et à avoir assez d’énergie pour lire un livre. Puis, il y a environ un an et demi, un livre m’a appelé, une biographie sur Carl Jung, et je l’ai lu au complet! Ça peut paraître n’être qu’un détail, mais ça change le quotidien. Être capable de travailler sur des projets complexes et à long terme par exemple. Ne plus chercher mes mots et le fil de ma pensée en parlant. C’est une immense victoire pour moi vers le retour à l’équilibre.
Ce que mon cheminement face à la fibromyalgie m’a appris, c’est que d’abord, je suis convaincue maintenant que cette condition est un symptôme d’un dérèglement du système nerveux. Et que ça, ça se travaille autant physiquement, que psychologiquement et émotivement. Énergétiquement aussi. De mon expérience, j’ai eu besoin de comprendre pour en venir à libérer. Les émotions difficiles et les conséquences physiques. Mes comportements répétitifs qui m’amenaient dans des périodes de douleurs. Les mauvais choix que j’ai fait dans ma vie et comment ne plus les reproduire. Etc.
La fibromyalgie, en général, ça arrive tranquillement (bien que parfois ça apparaisse presqu’instantanément après un grand choc, physique ou nerveux). C’est un processus. Et la guérison aussi. Je ne crois pas qu’il y ait une méthode toute définie et parfaite pour tout le monde. Le meilleur outil que j’ai développé avec le temps, c’est de prendre ma santé en charge et de voir les intervenants que je choisis d’aller consulter comme des partenaires vers le retour à la santé. Parce que je suis très à l’écoute de mon corps, et toujours motivée à trouver des solutions, je suis le chef d’orchestre de ma santé. Personne ne me connaît mieux que moi-même parce que moi je m’étudie en profondeur. Et je suis toujours à l’écoute de ce qu’on m’apporte comme solution. Par contre, avant d’essayer quelque chose, je m’informe à fond, et j’écoute toujours mon intuition, mon GPS intérieur. C’est parfois un long processus. Mais il est en accord avec qui je suis. J’ai confiance en mon corps et j’apprends à comprendre ses messages. Et je vais chercher l’aide quand j’en ressens le besoin.
Voilà. Maintenant j’aimerais beaucoup connaître ton histoire avec ta santé. Comment te sens tu face à elle? Qu’as tu trouvé qui t’aide vraiment à retrouver l’équilibre dans ton corps? As-tu des pistes intéressantes à partager? Moi ça m’intéresse!!
Sur ce, je te souhaite une magnifique journée!
Et je te laisse avec une de mes créations. Elle s’appelle “La blessée”. Ironiquement, quand je l’ai créée, je l’ai recommencée 3 fois parce qu’elle dégageait de la tristesse et j’étais mal à l’aise de partager ça. Elle a finit par gagner et elle m’a permis depuis d’explorer des émotions difficiles dans mon travail. D’ailleurs, créer et m’entourer de belles choses, ça aide beaucoup à mon bien-être et mon équilibre! J’en reparlerai pas mal ici dans les mois qui viennent...
Et si jamais cette image te fait vibrer, elle est disponible sur de magnifiques produits faits à Montréal, via ma boutique Art of where.
Grosse bise! Nancy Isabelle
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La douance dans le texte
À l’image des figures de J.D. Salinger, de Koltès lui-même et jusqu’au personnage du Rouquin
Lors du travail et des recherches dramaturgiques, nous nous sommes penchés sur un élément qui nous semblait présent dans l’œuvre de Koltès, mais aussi dans les personnages de Salinger : la douance. Salinger exploite la douance comme thématique avec plusieurs de ses personnages (les enfants Glass - plus particulièrement Seymour - et Holden Caulfield). Nous avançons l’hypothèse que Koltès, dans sa pièce Sallinger et avec le personnage du Rouquin, fait un rappel à cela en créant un personnage doué, marginal et ayant de la difficulté à entretenir des relations dites normales.
D’après l’Association Québécoise pour la Douance, la douance se définit comme suit : 
« [l]a recherche scientifique démontre que la douance est la combinaison d’aptitudes nettement au-dessus de la moyenne ainsi que d’autres caractéristiques importantes. La douance peut se manifester par des aptitudes intellectuelles générales, mais aussi par des aptitudes dans divers domaines (domaine académique particulier, créativité, leadership, arts, sports) » (Association Québécoise pour la Douance, 2019).
Il est aussi mentionné que la douance peut apporter chez les personnes en question une : 
« · Hypersensibilité sensorielle ;
· Hypersensibilité émotive ;
· Très grande curiosité ;
· Besoin viscéral de comprendre ;
· Ennui profond et destructeur quand ils manquent de stimulations intellectuelles ;
· Très fort sentiment d’être différent des autres ;
· Des façons d’apprendre très différentes des autres enfants de son âge ;
· Intolérance à sa perception d’injustice.
Aussi, ces personnes peuvent éprouver des difficultés dans différentes sphères de leur vie tel que :
· Scolaire ou professionnel (ennui, difficulté à apprendre, distraction lorsque peu stimulé, résultats très variables, sous-performance, etc.),[1]
· Social (difficulté à entrer en relation avec les autres, à comprendre les limites, les normes sociales et le cadre de la moyenne des gens, isolement, sentiment d’être incompris, etc.),
· Interne à la personne, c’est-à-dire que l’enfant surdoué peut non seulement vivre un décalage dans le développement de ses différentes capacités intellectuelles, mais aussi entre son développement intellectuel et psychomoteur (maladroit, difficulté à écrire, très habile dans certaines tâches et très peu dans d’autres, etc.), ainsi qu’entre son développement intellectuel et attentionnel (attentif si stimulé, mais en deçà de son potentiel intellectuel, distrait, désorganisé, manque de concentration, etc.) ou entre son développement intellectuel et affectif(comportements immatures et contradictoires avec leurs habiletés intellectuelles, anxiété, frustration, etc.)  » (Association Québécoise pour la Douance, 2019).
[1] Difficulté qui est augmentée par le fait que l’école n’est souvent pas bien adaptée.
Tel que mentionné plus haut, la douance semble être une thématique présente dans le texte de Sallinger. Bien qu’elle ne soit pas nommée explicitement, notre hypothèse est renforcée par la manière dont les proches du Rouquin parlent de lui. Il nous est aussi possible de faire un lien direct avec Holden Caulfield dans L’attrape-cœurs et avec les enfants de la famille Glass, particulièrement Seymour. Les proches du Rouquin mentionnent, à plusieurs reprises dans le texte, à quel point le jeune homme était singulier, spécial, et presque supérieur même. Voici deux exemples précis provenant du texte venant confirmer la douance comme axe dramaturgique :
« LESLIE : Prenez votre frère préféré, le préféré de tous parce qu’il est supérieur à tous; pas supérieur par ce qu’il est mort – supérieur dès son vivant, qu’il était; supérieur comme il sera difficile de vous le faire comprendre, la tête la plus étrangement faite, la plus particulière que l’on a jamais connue. Voici pour commencer : vous l’emmenez voir un spectacle; et, en sortant, vous lui demandez comment il a trouvé; tout le monde lui demandait comment il avait trouvé et arrêtait de respirer jusqu’à ce qu’il réponde, à cause de cette tête si étrangement faite. Eh bien, il ne vous dira jamais ce que vous attendez. Il vous dit sans hésiter combien de fois le danseur a posé le pied sur le sol, et le nombre total de pas de chacun des danseurs. C’est tout ce que vous en tirerez. Mais il y a mieux que ça: si vous voulez le mettre à l’épreuve, vraiment, vous lui demandez à bout portant le carré d’un nombre de vingt-cinq chiffres; on l’a fait, des gens l’ont fait, les gens adorent mettre les gens à l’épreuve; eh bien, lui, il ferme les yeux vingt-cinq secondes, et vous demande ensuite : « Tu veux que je t’énonce le résultat en commençant par la droite ou par la gauche? » Voilà quel frère particulier je veux vous faire comprendre, quel frère particulier on peut perdre du jour au lendemain, ce qui plonge tout le monde dans ce drôle d’état où chacun s’enferme dans une pièce en tirant les rideaux et reste toute la nuit dans le vague; sauf moi.
(…)
CAROLE : Pourtant, moi, c’est pas mon affaire, les gens qui font pas comme tout le monde, qui sont spéciaux, qui se distinguent. Notez que vous pouvez me dire : mais qu’est-ce que j’ai été faire avec lui. C’est sûr : qu’est-ce que j’ai été faire avec lui. Mais ça, vous savez bien, on ne peut rien à ce genre de choses, c’est après qu’on se demande, c’est ce qu’on a de bizarre chacun. Pourtant lui, quand même, son bizarre à lui dépassait la mesure. Un peu tout le monde, c’est possible et normal; mais lui, vous savez ce dont je parle, ça n’a pas pu vous échapper (…) ».
Le Rouquin se sent à part, tout comme le personnage de Holden, il semble cru, provocateur, parfois vulgaire. Est-ce que sa provocation et son langage parfois brutal sont les conséquences d’un jeune homme doué?
 -
CAROLE : Un jour où nous avons rencontré un de ses ancien professeur, il lui a dit : « Vous auriez pu devenir professeur d’université, ou philosophe, ou un grand écrivain, avec votre talent ; pourquoi n’écrivez-vous pas? Votre talent et votre intelligence font partie des ressources naturelles, comme le pétrole ou le charbon ; pouvons-nous gâcher notre pétrole et notre charbon parce qu’on en a beaucoup? »
*L'utilisation du genre masculin a été adoptée afin de faciliter la lecture et n'a aucune intention discriminatoire.
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hamlethyste · 4 years
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Journal à rebours, Colette
La nouvelle est probablement la forme littéraire que je chéris le plus chez Colette. Je sais y retrouver ces envolées vers les souvenirs joyeux, décomposés à travers des prismes sensoriels dont l’émotion accompagne chaque choix de mot. Dans ces courts textes publiés çà et là et réunis en un seul ouvrage, Colette reconquiert la beauté de ses inspirations. Simone de Beauvoir lui trouvait un défaut dans sa difficulté – voire incapacité – à saisir la nature dans « sa liberté inhumaine1 », comme savait le faire Virginia Woolf. Je me suis interrogée là-dessus ; je pense que personne aussi bien que Colette sait s’approprier la nature comme une vieille présence réconfortante, voluptueuse et sibylline car indépendante. Elle s’en saisit comme inspiration avec cette dévotion humble et lui rend hommage au travers de mots incroyablement doux et porteurs de sens. Je voudrais citer deux passages de mes nouvelles préférées, « Automne » et « Fièvre », en tant que lectrice que l’on a bercée :
J’ai bien pesé, tourné et retourné le mot dans le panier immatériel où je range les mots. Un était trop gonflé, un autre déjà ridé. Va pour siliceuse, car le dos de ma main, brûlant, sent la pierre à fusil2.
Un charmant visage s’est penché sur moi. Il embaumait la nuit et l’arrosage du soir3.
Septembre ! Septembre ! Il n’était pas là encore, mais il soufflait sa forte haleine de corruption délicate, un renouveau qui sentait la prune, la fumée, l’écale de noix4.
Tout dans l’écriture de Colette est sujet à une considération matérielle, toute entité physique se fond au décor dans une brume sensorielle, et est portée par la douceur des métaphores. Ma lecture résonne encore dans le choix de mes mots ; des envolées lyriques à tout rompre mais c’est probablement l’émotion qui prend le dessus. En cette période difficile et encombrante, les prunes dont l’on sent les odeurs à travers les phrases, les feuilles d’automne dont l’on reconnaît le jaune et le rouge sous les pieds sont une très belle évasion vers ces campagnes du XXè siècle, bien plus clémentes que la ville d’aujourd’hui. Alors Colette et sa campagne figurative, ses chats susceptibles et ses nombreux autres compagnons de vie ont fait de ces jours de lecture les plus douces balades du monde.
  © hamlethyste
1 Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe [1949], éd. Gallimard, coll. « Folio », p. 626
2 Colette, « Fièvre », Journal à rebours [1941], éd. Fayard, 2004, p. 58
3 Ibid. p. 59
4 « Automne », p. 94
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sexoblogue · 4 years
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Les obstacles à la vie intime et sexuelle en EHPAD : maltraitance ou manque d'information ?
Un nouvel article a été publié sur https://sexoblogue.fr/obstacles-vie-sexuelle-ehpad-maltraitance-ou-manque-information
Les obstacles à la vie intime et sexuelle en EHPAD : maltraitance ou manque d'information ?
Plusieurs obstacles à la vie #sexuelle des résidents en #EHPAD peuvent, selon les raisons, constituer une forme de #maltraitance, entrainer des retentissements psychologiques négatifs et être une entrave aux libertés individuelles.
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L’activité sexuelle diminue avec l’âge mais ne disparait pas
Une étude américaine montre que parmi les 75 à 85 ans, 26% déclarent être sexuellement actif[ref] (Lindau et al. A Study of Sexuality and Health among Older Adults in the United States. N Engl J Med. 23 août 2007;357(8):762‑74. Disponible sur: http://www.nejm.org/doi/abs/10.1056/NEJMoa067423[/ref]).
Cependant, la proportion de la population sexuellement active en résidence tombe à 8%.
Si l’amour fait partie du quotidien des EHPAD, rythmé par les couples qui se font et se défont, comment laisser les sentiments et la sexualité des personnes âgées s’épanouir librement ?
La loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement (ASV)
Le respect de l’intimité des résidents est une notion fondamentale des textes de loi concernant la vieillesse et sa prise en considération.
« Les maisons de retraite médicalisées (…) sont, à la fois, des lieux de soins et de vie. [Ils] doivent être conçus de manière à mieux intégrer les souhaits de vie privée des résidents, leur intimité et leur vie sexuelle. »
Loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement (loi ASV), septembre 2016
Doivent être assurés, « à toute personne prise en charge (…) le respect de sa dignité, de son intégrité, de sa vie privée, de son intimité (…) » (article 27).
Ce droit à l’intimité inclut bien entendu la sexualité.
Il faut rappeler que la sexualité n’implique pas nécessairement un rapport sexuel avec un partenaire mais peut se vivre seul. L’intimité c’est aussi le besoin de se retrouver seul avec son corps, de pouvoir le toucher, sans avoir peur que quelqu’un vienne nous surprendre.
Les trois obstacles à la sexualité en EHPAD
1) Les obstacles personnels
Pour la génération actuelle de résidents en EHPAD, la question de la vie intime et sexuelle est restée un tabou. Ils ont construits leur sexualité avant l’époque de la libération sexuelle de mai 68. Ils ont évolué dans un temps où l’on ne parlait ni sexualité librement, encore moins d’épanouissement sexuel (l’idée d’un plaisir sexuel pour la femme n’existait même pas), et ils sont restés dans cette peur chaste d’aborder le sujet.
Peut-être que les choses vont naturellement se modifier à l’avenir dans les EHPAD avec l’arrivée progressive de nouvelle génération de personnes âgées qui auront eu le loisir de vivre leur sexualité de façon plus libérée ?
2) Les obstacles liés au personnel soignant
L’EHPAD est plus conçu sur le modèle de l’hôpital que comme un lieu de vie dans lesquels se pratiquent également des soins. Le personnel soignant est constitué d’infirmiers et d’aides soignants qui ont été formés, pour la plupart, à l’hôpital avec des protocoles bien précis, la question de la vie intime du patient n’en faisant pas partie.
En effet, à l’hôpital, suivant les motifs d’hospitalisation du patient (cancer, lourde opération etc.), les différents professionnels ont souvent le sentiment que cette question de l’intimité sexuelle n’est pas une priorité et, par conséquent, ne les concerne pas[ref] (Dorothée Crivelli. Le regard du personnel soignant sur la sexualité des personnes âgées en institution. Enquête auprès de 3 EHPAD de la région nancéenne. Sciences du Vivant [q-bio]. 2010. hal-01734386[/ref]).
En résidence médicalisés pour personnes âgées, la chambre est un espace privé. Pourtant, il est très fréquent que les soignants y pénètrent sans frapper.
Par ailleurs, on constate du côté des professionnels un évitement de la question de la sexualité. Cette crainte d’aborder le sujet s’explique par plusieurs raisons :
peur d’être intrusif et de mettre le résident mal à l’aise et de ressentir soi-même une gêne,
peur de ne pas savoir quoi répondre ou de manquer de relai et de se retrouver seul en face de la problématique du patient
et enfin manque de temps à accorder en plus des soins nécessaires.
Plus largement, on remarque que la question est plus facilement abordée lorsque la sexualité pose problème, ou bien que la pathologie du patient impacte directement cette sphère.
Pourtant, les résidents, même âgés, ont bel et bien conservé une sexualité. Répondre à leur besoin de vie intime et sexuelle, c’est donner une place à la singularité de chacun et au désir de la personne. C’est parfois même une question cruciale pour certains : il en va de leur équilibre psychique, de leur vie affective et relationnelle, de leur image et estime de soi est en jeu.
Il y a également encore beaucoup de tabous à dépasser pour les générations plus jeunes autour des représentations de la sexualité du sujet âgé.
Nombreux sont ceux qui considèrent très négativement la sexualité des personnes âgées avec l’idée que ce n’est plus le moment. La question de l’intimité en institution est un sujet nouveau qu’il faut prendre le temps d’assimiler. Chacun projette beaucoup de lui-même, de ses propres angoisses, de son propre vieillissement, de sa propre sexualité.
Il est donc important que la question de la possibilité de la sexualité soit abordée au niveau de l’équipe, lors de formations ou de discussions plus ou moins formelle. Les institutions se doivent d’avoir une réflexion sur la question de l’intimité de manière générale, pas uniquement de l’intimité sexuelle. La posture de la direction est également très importante et facilite les réponses apportées aux résidents si elle est favorable à la poursuite de cette vie intime dans ses murs.
Enfin, comme le rappelle Gérard RIBES, psychiatre, sexologue et enseignant chercheur à l’Université Lyon 2 : « Les institutions ne sont pas les garantes de la morale. Elles sont responsables de la sécurité et de la santé de leurs pensionnaires, mais elles n’ont pas le rôle de dicter aux personnes la manière dont elles doivent vivre leur vie. Les personnes doivent pouvoir y vivre autant que possible comme chez elles, en faisant ce qu’elles souhaitent et avec qui elles le souhaitent ».
Il reste bien-sûr des points de vigilance que nous aborderons plus loin, notamment concernant la question du consentement de la personne considérée comme vulnérable.
3) Les obstacles liés aux familles
Comme le rappelle Gérard RIBES, les proches sont souvent les premiers censeurs de la sexualité de leur parent. Il est très difficile pour certains de voir leur parents nouer de nouvelles relations alors que parfois l’autre parent est toujours vivant mais trop malade et/ou hospitalisé dans un autre service.
Malgré les réclamations des familles, le personnel soignant ne peut pas s’opposer ou empêcher le résident de côtoyer qui il souhaite. Que les enfants l’acceptent ou le rejettent, ils n’ont normalement pas à en être informés. Ce qui ne signifie qu’il ne faille rien faire de cette situation, au contraire : le dialogue avec les enfants comme avec le résident est nécessaire.
La communication et l’information est la base de la compréhension de la situation et de son apaisement pour tous, familles, résidents et personnels.
Inquiétudes à propos de la vulnérabilité et du consentement
L’une des premières questions qui se pose, aussi bien du côté des professionnels que des familles, est celle du consentement à l’intimité ou à la sexualité de ces personnes dépendantes et très fréquemment atteintes de troubles cognitifs sévères.
Les personnels sont de mieux en mieux formés et, connaissant leurs résidents, peuvent repérer plus facilement des changements de comportements si quelque chose se passait.
Mais, de toutes façons, ce n’est pas parce que l’on souffre de démence que l’on n’a plus besoin de caresses, de contact physique. « Ce sont les contacts qui nous font humains » insiste Gérard RIBES. « Avec l’âge, et encore plus en cas de démence, les personnes ne sont plus touchées, ou seulement comme des malades. Il y a une forme de déprivation sensorielle qui peut être très douloureuse (…). Le toucher, le contact, la tendresse, sont des besoins fondamentaux»
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christophe76460 · 5 years
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 Je souffre » serait une autre manière de dire « La terminaison nerveuse 414 du neurone 308p s’active ». Ou plutôt, c’est ce que voudraient nous faire croire certains vulgarisateurs des neurosciences, disciples modernes de Francis Bacon. Toute la théorie de l’âme humaine formulée par Aristote puis par les philosophes chrétiens comme Thomas D’Aquin devrait être balayée, elle ne reflèterait qu’une ignorance antique depuis longtemps réfutée par notre science. Le langage biblique autour de l’âme serait alors soit une preuve de plus d’une erreur dans le texte biblique, soit à ré-interpréter en considérant ces expressions sous un angle matérialiste.
Ce que la raison a déterminé, la science ne pourra le renverser puisqu’elle utilise la raison pour faire ses démonstrations. S’il y a donc des arguments rationnels puissants en faveur de l’existence de l’âme, distincte de la matière, on peut légitimement questionner ces vulgarisations du savoir scientifique. Mais je ne m’arrêterai pas ici sur les arguments philosophiques en faveur de l’existence de l’âme humaine. Je me contenterai de formuler ce que les philosophes chrétiens ont entendu par « âme humaine » et expliquer pourquoi les neurosciences n’ont pas éliminé la plausibilité de son existence, bien au contraire.
L’âme humaine, ses facultés et son émergence de la matière
Si, pour Descartes, l’âme est « le fantôme » dans « la machine » qu’est le corps, ce n’est pas ainsi que les chrétiens ont généralement compris cette dimension de l’homme. Ainsi, un chrétien pouvait très bien parler de « l’âme » d’une plante ou d’un animal. La raison en est qu’en philosophie thomiste et aristotélicienne, on définit l’âme comme « la vie du corps » et on la qualifie par des facultés. Le vocabulaire biblique ne semble pas nous livrer une anthropologie détaillée 1.
Par exemple, l’âme d’une plante a des facultés végétatives comme se reproduire et grandir. L’âme d’un animal a des facultés sensitives comme la vue ou l’odorat. L’âme humaine est, d’une manière unique, dotée de rationalité et de volonté. Cela ne signifie certainement pas que l’homme est un animal avec quelque chose en plus (ni que l’animal est une plante avec quelque chose en plus). En effet, toutes les capacités de l’homme sont marquées de son humanité. Nos capacités sensitives ou végétatives sont en étroit lien avec notre rationalité et notre volonté.
L’âme étant la vie du corps, ce qui la caractérise n’est pas sa totale immatérialité. Notons que nous ne parlons pas de l’homme comme d’une union entre un corps et une âme comme Descartes mais nous disons que l’âme est unie à la matière pour former un corps vivant. Sous le plan de la matière, l’homme est tout entier atomes et molécules et il n’est pas étonnant que, sous le microscope, l’âme n’apparaisse pas. Sous le plan métaphysique, par contre, l’homme est vivant, « animé », c’est-à-dire doté d’une âme qui est sa vie. Sans âme, le corps n’est plus un corps et il n’est certainement plus vivant. Il n’est que matière, bientôt inorganique et décomposée. C’est l’âme qui assure sa cohérence et son unité2. Certaines capacités de l’âme (végétatives et sensitives) sont portées par des organes du corps. D’autres, comme la rationalité et la volonté, transcendent la dimension matérielle de l’homme.
C’est précisément cette dernière phrase qui est contestée par certains. On voudrait nous faire croire que l’organe de la rationalité et de la volonté a enfin été trouvé : le cerveau !
Quand les neurosciences sont thomistes
Ouvrez une boite crânienne et stimulez les différentes zones du cortex. En stimulant un cortex sensoriel, vous obtiendrez des impressions sensibles chez votre sujet (sons, lumières, gouts, etc.). Stimulez le cortex sensitif, et là encore votre patient ressentira des choses. Une lésion du système nerveux périphérique (lésion nerveuse) ou central (du thalamus, en particulier) pourra même entrainer des douleurs avec des topographies précises qui ne correspondent pourtant pas à une véritable agression du corps. Inutile d’examiner la main, elle est indemne. Et pourtant le patient décrit une douleur insupportable de la main. Stimulez maintenant le cortex moteur et vous verrez le bras, la jambe ou d’autres muscles se contracter en fonction de l’endroit précis que vous stimulez.
Et voilà ! diront certains, les mouvements volontaires sont controlés par le cerveau. C’est donc un organe qui contient la volonté humaine. Au revoir Saint Thomas D’Aquin !
Ceux qui parlent ainsi n’ont pas bien considéré ce qu’il se passe lorsqu’on stimule un cortex. On peut faire bouger un membre, mais on ne peut pas faire vouloir bouger un membre. Autrement dit, on peut simuler le trajet nerveux qu’emploient les mouvements volontaires, mais on ne peut pas activer la volonté elle-même. Encore une fois, on peut faire bouger le bras du patient mais on ne peut pas faire que le patient veuille bouger son bras.
Le neurologue qui a fait ces constatations, Wilder Penfield, travaillait à Montréal dans les années 1950 et opérait ses patients alors qu’ils étaient conscients. En effet, le cerveau n’étant pas innervé, aucune douleur n’est ressentie lorsqu’on l’opère. Ce neurologue a aussi remarqué que les patients étaient toujours conscients que les mouvements entrainés par ces stimulations étaient dus à une cause externe. Autrement dit, à la question « Que s’est-il passé ? », ils répondaient « Vous avez fait bouger mon bras » et non pas « J’ai bougé mon bras ».
De même, on peut faire naitre toutes sortes d’impressions sensorielles ou sensitives mais on ne peut pas faire naître un raisonnement du type « 2+6=8 » ni un syllogisme du type :
Socrate est un homme,
Les hommes sont mortels,
Socrate est donc mortel.
Ces opérations (mouvements volontaires et raisonnements), lorsque nous les réalisons, se manifestent par l’activation de certaines zones précises du cerveau mais cela ne signifie pas que ces régions cérébrales sont celles qui réalisent ces opérations. Elles peuvent être le réceptacle physique, l’instrument, d’une opération proprement immatérielle. C’est la raison pour laquelle stimuler précisément ces zones motrices n’entrainera jamais une volonté de bouger mais toujours un mouvement.
Volonté et intellection ne peuvent être générés par une stimulation cérébrale. Or, il s’agit précisément de ce qu’avaient conclu, par des arguments rationnels, Aristote et Thomas. Le cerveau gère les fonctions végétatives et sensitives (au sens philosophique) mais ne fait que véhiculer les opérations intellectuelles et volontaires et y répondre. L’âme a une composante matérielle forte, mais elle transcende cette matière comme un iceberg émergeant de l’eau.
Ces patients qui questionnent
En tant qu’étudiant en médecine, le cerveau m’a rapidement étonné et fasciné. Mon professeur de neurologie aime dire qu’il s’agit du système le plus complexe dans cet univers. Et si l’homme était encore plus complexe que son cerveau ?
Le neurologue Michael Egnor rapporte un cas d’école : une patiente, Katie, est né avec un cerveau dont la taille équivaut au tiers de celui de sa soeur jumelle3. Il fallait annoncer la dure nouvelle aux parents : votre fille n’aura probablement pas une vie normale. Avec les années de suivi, son diagnostic s’est révélé on ne peut plus faux. En effet, son cerveau est resté « incomplet » mais elle a su marcher avant sa soeur, lire et va bientôt valider un diplôme universitaire.
Vers la même période où Penfield dont nous parlions plus haut a fait ses expériences, il était courant de traiter les épilepsies en coupant le corps calleux, dont la fonction est de lier les deux hémisphères cérébraux. Le neuro-scientifique Roger Sperry s’est penché sur ces patients dont le corps calleux avait été coupé. Son étude lui a valu un Prix Nobel. Il a constaté que les impressions sensibles (par la vue ou le toucher) qui étaient présentées à un hémisphère n’atteignaient plus l’autre. Prenons un exemple. L’hémisphère gauche gère le langage et lorsqu’un objet était montré au patient en masquant l’oeil lié à l’hémisphère gauche ou donné à la main liée à l’hémisphère droit, le patient était incapable de le nommer. Ce qui n’était pas le cas lorsque l’information sensitive ou visuelle était apportée à l’hémisphère gauche. Par contre, les patients pouvaient montrer l’objet avec leur main gauche (qui est contrôlée par l’hémisphère droit). Mais, étonnamment, la volonté du patient et son intellect, sont restés unis. Les patients après opération et séparation de leurs deux hémisphères cérébraux, n’avaient pas deux volontés ni deux intellects. Ce résultat de l’étude de Sperry est très significatif dans cette discussion : le cerveau peut être coupé en deux, la volonté et l’intellect ne le seront pas mais les impressions sensibles le seront. Depuis son Prix Nobel, ce constat a été aussi fait chez des patients nés avec leurs deux hémisphères séparés.
Un autre exemple du duel « Science vs. Foi » ?
On pourrait croire qu’historiquement ce débat s’est formulé en terme de science contre dogme. Ce n’est pas le cas. Ce débat est avant tout d’origine philosophique. C’est la raison pour laquelle les noms qui reviennent sont ceux de Descartes, Aristote ou Thomas D’Aquin.
Descartes a décrit l’homme comme étant composé de deux substances totalement différentes, l’une matérielle et l’autre immatérielle (sans expliquer comment deux choses de natures si opposées pouvaient entrer de manière significative en relation). Rappelons que la philosophie chrétienne thomiste ne conçoit pas l’homme comme un dualisme corps-âme absolu mais comme une âme, unie à la matière, formant un corps vivant. Elle précise que l’âme ne « s’épuise » pas dans la matière mais la dépasse et la transcende. Elle a des facultés matérielles, portées par le cerveau, mais elle a des facultés qui ne sont pas par nature matérielles. Le corps, pour être vivant, doit toujours être « animé », c’est-à-dire habité d’une âme. On dit en philosophie que l’âme est la forme de la matière qui compose le corps.
Francis Bacon, quant à lui, reprit Descartes en orientant nos études vers le versant uniquement matériel de l’homme. Ainsi, l’un avait coupé l’homme en deux (alors qu’il est un) et l’autre nous avait indiqué qu’il ne fallait étudié que l’une des moitiés. Peu à peu, on commença même à nier la deuxième moitié et à prétendre expliquer tout l’homme par référence à des phénomènes matériels et à eux seuls.
C’est donc un débat de philosophes qui a lieu ici. Et les scientifiques qui se sont permis d’affirmer l’inexistence de l’âme l’ont fait non pas parce que leurs découvertes scientifiques démontraient cela mais parce que leurs allégeances philosophiques, conscientes ou non, allaient dans cette direction. Une lecture plus précautionneuse des données scientifiques nous montre au contraire que la bonne vieille philosophie thomiste ne doit pas être écartée d’un revers de la main. Elle offre un cadre métaphysique fructueux pour comprendre les découvertes récentes des neurosciences, sans tomber dans un travers dualiste ou matérialiste ni résumer l’homme à une interaction moléculaire à grande échelle.
La médecine : soigner la matière ?
Ce dont j’ai parlé dans cet article n’a pas uniquement pour but de répondre à ceux qui voudraient ridiculiser le Christianisme pour sa foi en un côté immatériel de l’homme. La philosophie de l’âme qui y est exposée a bien des implications, dont une que je mentionnerait ici.
Les cours qui sont donnés actuellement dans les facultés de médecine insistent à juste titre sur le fait que l’on doit prendre en compte la globalité du patient lorsqu’on le soigne. Il me semble que considérer le patient comme un simple phénomène matériel ne permet pas de prendre en compte sa globalité. Soigner un corps, c’est soigner un corps vivant, animé, doté d’une âme. Si nous ne soignons que de la matière, alors nous soignerions des cadavres mais suturer un mort n’a jamais permis à celui-ci de cicatriser. Dit plus exactement, lorsque je m’occupe d’un patient, non seulement je ne dois pas m’occuper de sa dimension matérielle uniquement mais je ne le peux même pas : tout ce que je fais à son corps, je le fais aussi à son âme car elle est la vie (ou la forme philosophique) de son corps. Penser la médecine en termes matérialistes, c’est la penser avec un biais majeur.
Et puis, cela me donne une bonne excuse pour lire Aristote et Thomas D’Aquin au lieu d’aller réviser mes cours : c’est pour être un bon médecin que je fais cela !
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PEOPLE ARE BETTER THAN RECORDS : this is the end (pt 29)
Vincent Mondiot, 32 ans, Clichy.
Ecrivain génial, blogger influent chez Survivre La Nuit, mec essentiel.
A choisi de ne pas choisir non plus.
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Alors voilà, hein ? L’ultime salve de People Are Better Than Records. Les derniers jours de Records Are Better Than People. Sept ans. C’est pas mal, c’est le chiffre favori d’environ tout le monde, c’est symbolique dans tous les sens… C’est peut-être le meilleur moment pour arrêter quelque chose. Je ne sais pas.
Je ne sais pas mais je comprends quand même, en vrai. Parler de disques… Moi non plus je n’y arrive plus vraiment. Parce que quand je le fais, j’essaie toujours de dépasser l’exercice de la simple « chronique d’album ». J’essaie de lier la musique à ma vie, à ce qu’elle m’évoque, à ce que j’ai vécu avec elle… Mais au bout d’un moment, que rajouter à ce qui a déjà été dit cent fois ? Comment exprimer une cent-unième fois une idée identique sans répéter les mêmes phrases, au mot près ? Les disques qui me font vibrer n’ont pas tous quelque chose à raconter sur moi, quelle que soit la quantité d’amour que j’éprouve pour eux. Mon stock de souvenirs a beau être conséquent, il n’est pas sans fin pour autant.
Ouais, vraiment. Je comprends un peu. Il y a une limite au nombre de fois où un être humain peut taper les mots « un disque sincère et viscéral, qui tournera un bon moment sur vos platines » dans sa vie.
Année après année, j’ai parlé de disques, sur mon blog à moi, sur ton blog à toi, j’ai essayé d’évoquer des souvenirs, des morceaux de ma vie, des émotions. Mais ça devient difficile d’encore se montrer pertinent. Au bout d’un moment, on a juste envie d’écrire « ce disque est cool » et de mettre fin à la conversation avant qu’elle ait commencé.
Après tout, la musique a pour elle d’être une forme d’expression sensorielle, instinctive, qui n’a pas besoin de mots, de compréhension, d’apprentissage, pour être appréciée.
Quand les discours, les chroniques, les classements de fin d’année, les billets de blog et les analyses cessent, il reste quand même toujours la musique. Les écouteurs dans les oreilles, le matin dans le métro, ou le disque qui tourne le dimanche après-midi quand t’es seul chez toi. Les mélodies qui te reviennent tandis que tu marches vers chez la personne que t’aimes en pleine nuit.
À la fin, c’est la musique qui compte. Juste elle.
Je ne sais pas si c’est ça que tu ressens. Peut-être en partie, peut-être pas du tout. J’espère que tu concluras la rafale 2017 par un texte de toi, histoire de nous le dire.
Pour ma part, ma dernière contribution à ton blog va aller creuser un peu dans ce qu’il me reste à raconter.
Histoire de lever nos verres une ultime fois, je vais parler de comment je t’ai connu.
Je vais parler de l’année 2003.
Je vais parler du forum Awesomeboard.
Que les darons se réunissent autour du feu.
Sur la photo qui accompagne ce texte, tu peux voir des albums d’AMANDA WOODWARD, de THURSDAY et de Katy Perry. Je préviens : il va falloir encore quelques paragraphes pour comprendre pourquoi ils sont réunis (en une mise en scène quand même assez chiadée, tout le monde le reconnaîtra aisément). Mais bon, hé, c’est la dernière année, et je n’ai de toute façon jamais brillé par la concision de mes textes.
En 2003 j’étais un bleubite d’étudiant, je traînais ma flemme dans les couloirs d’une fac d’anglais qui ne me passionnait que modérément, et je sortais d’une scolarité lycéenne qui avait principalement vibré au rythme du neo-metal de KORN et de LIMP BIZKIT.
Et là, déjà, juste à la mention de ces deux groupes, je sais que j’ai perdu une partie des lecteurs qu’il me restait encore après mon introduction interminable. On va en parler, de ça. Du pouvoir répulsif qu’ont certains noms de groupes. Ça vient.
Bref, ouais, donc, le début de la fac, après plusieurs années de goûts musicaux qui se dirigeaient vers plus de rock, plus de bruit, plus d’underground. Vers le DIY, sans que je connaisse encore l’anagramme.
Je ne sais plus du tout, honnêtement, comment la scène DIY m’est tombée dessus. Un tour sur la défunte distro Overcome, je crois. Quelques disques achetés presque au hasard, et puis ensuite le cycle éternel de recherche d’infos sur internet, qui mènent à d’autres groupes, qui mènent à d’autres recherches, qui mènent à d’autres groupes… En quelques mois, mon parcours d’auditeur a pris un virage sérieux, qui m’a mené, pour quelques années, dans les terres aussi hostiles qu’excitantes de la scène punk indépendante.
Ça m’a très vite plu. Vraiment très vite. La fraîcheur, l’accessibilité, la violence de la musique… On était en plein dans le nouvel âge d’or de l’emo français, pile à temps pour voir apparaître des groupes comme DAÏTRO et consorts… Mais là-dessus aussi, on va revenir plus tard. Beaucoup de teasing, dans ce texte.
Ouais, j’ai adoré ça, immédiatement. Pour le lecteur de Rock Sound que j’étais encore, la découverte de tous ces groupes, des labels Waiting for an Angel ou Stonehenge, ça me donnait l’impression d’avoir pénétré dans un tout nouveau territoire, bien plus enthousiasmant que celui que je venais de quitter.
Et puis en plus, il y avait l’engagement, le militantisme inhérent à cette scène. En quelques mois, j’ai suivi sans m’en rendre compte une formation accélérée en conscientisation politique. J’ai lu des dizaines de fanzines, vu des concerts dans des squats, appris ce qu’était l’autogestion, la véritable indépendance, le refus des codes imposés, la remise en cause du salariat, le militantisme au quotidien, la lutte contre les discriminations comme mode de vie… Je suis passé, en un trimestre, d’un post-ado vaguement rebelle à un jeune adulte politisé.
Et tout ça, avais-je, l’impression, c’était grâce à « la scène ».
La scène.
Dès que j’ai compris de quoi il s’agissait, j’ai voulu en faire partie, même de loin. Ça m’excitait trop pour que je ne tente pas de m’y impliquer.
Alors j’ai été à un maximum de concerts. J’ai acheté un maximum de démos. J’ai commencé à parler avec les gens, à essayer de nouer des relations.
Et puis aussi, génération Y oblige, je me suis inscrit sur l’un des premiers forums spécialisés que j’avais découverts. Un forum qui existe toujours, même s’il n’est plus que l’ombre de lui-même. Un forum qui s’appelle Awesomeboard.
Et là a commencé ma désillusion.
Parce qu’au sein de ce microcosme, au sein de cette « scène » qui disait combattre les codes en place, combattre la hiérarchie sociale classique, mettre tout le monde au même niveau, je retrouvais en réalité exactement les mêmes choses qu’ailleurs.
Les membres du forum qui faisaient partie de groupes ou de labels en vue étaient écoutés et repris en écho par tout le monde, quoi qu’ils disent. Les nouveaux, eux, devaient faire leurs preuves, être adoubés avant de pouvoir prétendre à une quelconque légitimité.
Il y avait les mêmes suiveurs, les mêmes leaders, les mêmes groupies, le même poids de l’âge sur la valeur qu’on donnait aux propos d’un tel ou d’un tel, les mêmes intolérances basées sur les mêmes détails de playlists non conformes au goût général… C’était comme n’importe où ailleurs.
Et au final, c’était pareil dans les concerts. Au bout d’un moment j’ai commencé à ne croiser que les mêmes visages, lieu après lieu, soirée après soirée. À entendre les mêmes discussions sur les mêmes sujets. À écouter des groupes identiques jouer des chansons qui ne l’étaient pas moins.
Et pendant ce temps-là, pourtant, je continuais à vouloir me sentir bien dans cette scène qui m’avait tellement ouvert sur plein de trucs. Je continuais à vouloir en faire partie, à vouloir me faire adouber.
Ce n’est jamais arrivé.
Parce qu’il y avait toujours quelqu’un pour ricaner quand je disais aimer le pop-punk et m’être éduqué au neo-metal. Toujours quelqu’un pour me faire savoir que c’était trop tard, que je n’aurais jamais ma médaille de true. Toujours quelqu’un pour me reprendre sur un message qui ne plaisait pas à machin ou à truc. Toujours quelqu’un, en réalité, pour me questionner, sans le dire, sur « qui j’étais pour oser l’ouvrir ».
Peut-être que je me fais des idées. C’est possible. J’étais jeune, et j’avais probablement un besoin trop fort de me faire accepter, d’appartenir à quelque chose qui me dépasserait. J’ai sûrement trop voulu, trop vite, trop espéré.
Mais peu importe, elle était de toute façon là : l’impression de ne pas « en faire partie », de ne pas me sentir bien au sein de la scène. L’impression que, malgré tous les efforts que je pourrais faire, je n’y serais jamais à ma place.
J’ai encore tenté un peu, cependant. Parce que, je me disais, au final, que même si je devais rester au fond de la salle et fermer ma gueule pendant les discussions, au moins il resterait la musique.
Sauf que là-dessus aussi, je me mentais à moi-même.
De cette scène DIY, en réalité, je ne sauve qu’une toute petite poignée de groupes. Vraiment toute petite. Le reste, la majorité de ceux que j’ai vus en concert pendant ces quelques années, dont j’ai acheté les démos, hé bien… Hé bien disons que c’était tant mieux pour eux qu’ils refusent l’idée d’ambition et de vouloir faire de la thune avec leur musique. Parce que de toute façon ils n’y seraient jamais parvenus.
Combien de concerts en forme de corvées auditives, combien de disques jamais écoutés une seconde fois ? Quasiment tous.
Et la vérité, pour en avoir parlé avec plusieurs personnes connaissant ce milieu, c’est que je suis loin d’avoir été le seul dans le cas. Oui, la vérité, c’est qu’en réalité la musique n’est pas réellement un enjeu de la scène. C’est presque revendiqué, d’ailleurs. Tous ces groupes n’existent et ne sortent des disques que pour justifier l’existence du bordel. Pour que puissent survivre les forums, les distros, les labels, pour que puissent s’organiser les concerts. Pour que, au final, ils puissent continuer à avoir une raison de se retrouver les uns les autres le jeudi soir pour se mettre des murges en grognant contre le système.
La musique, la scène s’en fout. Si ce n’était pas le cas, elle produirait de meilleurs disques.
D’une certaine façon, je comprends. Ce n’est pas l’enjeu principal de tout ça, et pourquoi pas. C’est un autre rapport à la création, au divertissement, tout ce qu’on voudra. Je les connais, les arguments et les discours. Mais moi, j’avais aussi envie de musique. J’avais aussi envie de ça, de vibrer avec des albums, de les sentir me terrasser, et finalement, ça n’arrivait presque jamais. Tout sonnait pareil, tout était nul à chier, en fait, passé l’effet de surprise initial.
Quand j’ai accepté ça, j’ai finalement cessé de vouloir intégrer la scène, et je l’ai quittée sans jamais avoir réussi à totalement y entrer, toujours bloqué à la porte par les videurs.
Je n’ai emporté avec moi que quelques disques précis, et un peu de conscience politique en plus.
Parmi ces disques, il y avait ceux d’AMANDA WOODWARD, dont La Décadence de la Décadence, que tu peux voir sur la photo (tu vois, on y arrive !). Probablement mon groupe de rock français favori. Et, accessoirement, l’un des piliers les plus respectés de la scène. Des types qui ont tamponné entièrement leur carte de membre du club DIY. Un groupe qu’il n’était pas seulement toléré d’aimer, sur Awesomeboard, mais qui faisait même partie du package de base qu’on te supposait avoir lorsque tu arrivais. À l’époque, personne n’aurait jamais questionné tes goûts si tu mentionnais aimer AMANDA WOODWARD. C’était acquis, ça faisait partie du bon goût officiel, et pour une fois je trouve ça justifié.
Sérieusement, si tu ne connais pas AMANDA WOODWARD, trouve-toi cet album, il est incroyable. C’est l’alpha et l’oméga de l’emo français. Tu peux te contenter de ses huit titres, tu sauras tout ce qu’il y a à savoir de ce style. Chaque jour je pleure la disparition de ce groupe. Un immense album.
À l’autre bout de la pierre tombale, il y a Teenage Dream, le meilleur album de Katy Perry.
À l’époque dont je parle, Katy Perry n’existait pas encore, en tant qu’artiste. Mais je l’ai tout de même mise sur la photo pour plusieurs raisons : déjà, c’est une très bonne représentante de l’idée de « musique ultra mainstream ». Ensuite, malgré cela, elle a quelques liens (très lointains mais tout de même réels) avec le punk-rock. Et puis, aussi… Non, ça je garde pour la fin du texte.
T’inquiète, on a dépassé la moitié, là, je pense.
Bref, ouais, Katy Perry est sur la photo de classe principalement en tant que championne de la musique mainstream… Parce que bizarrement, il était également toléré de dire aimer ce type d’artistes, dans la scène. Bien sûr, il ne fallait pas en aimer trop, et il fallait faire cet aveu avec un petit sourire moqueur et un degré et demi dans la voix, mais c’était accepté, bien vu, même.
Après tout, c’était tellement loin des préoccupations du punk DIY qu’il y avait un côté inoffensif à la musique FM. Dire aimer à la fois AMANDA WOODWARD et le dernier Britney Spears était une coquetterie amusante, et tout le monde y allait de son petit plaisir coupable, dans la bonne humeur générale.
Et puis enfin, au milieu de la photo, il y a l’album No Devoluciόn, de Thursday.
C’est là que tout se complique d’un seul coup.
THURSDAY. « Le groupe auquel DAÏTRO a dit non ».
Parce que ouais, dans la scène, les deux extrêmes étaient bien vus. L’ultra mainstream qui se vendait par camions entiers et le DIY forcené qui tirait ses vinyles à quelques centaines d’exemplaires. Mais ce qui posait problème, ce qui finissait toujours par motiver tel ou tel membre du forum à se foutre de ma gueule, bientôt rejoint par d’autres, c’était les groupes « du milieu ». Comme THURSDAY.
Si tu ne sais pas de quoi il s’agit, THURSDAY est un groupe d’emo-rock américain qui a été signé chez Victory records, Island et Epitaph. Ils font partie des inventeurs puis des fossoyeurs de l’emo-FM qui a régné aux États-Unis au milieu des années 2000, et ils ont derrière eux une discographie assez parfaite. Tu peux piocher au hasard, tu tomberas forcément sur quelque chose d’incroyable. Ça hurle, ça chante, ça fait du bruit et des mélodies, et ça couvre le corps de frissons, même à la millième écoute.
No Devoluciόn, dernier album avant leur split, est un chef-d’œuvre absolu que je réécoute une fois par semaine depuis sa sortie il y a six ans. Aucun des albums de THURSDAY ne m’a lassé, jamais.
Des trois artistes présents sur la photo, THURSDAY est mon favori.
D’ailleurs, en fait, THURSDAY est probablement mon groupe favori, tout court.
Et c’est aussi, en France, donc, « le groupe auquel DAÏTRO a dit non ». « Un groupe de vendus ». « Des Américains qui ont utilisé les racines du mouvement punk pour les prostituer en une musique grand public ». « Des traîtres à la cause ».
Pour un membre de la scène DIY, il n’y a rien de pire que ce genre de groupes. Peut-être parce qu’ils menacent l’entre-soi de la scène. Peut-être parce qu’ils posent la question de l’ouverture, de la propagation des idées au plus grand nombre. Ce que ne me semble pas réellement vouloir la scène, qui est très bien avec elle-même.
Pas de chance pour moi, vu que c’est globalement vers THURSDAY et les siens que mes goûts se tournent.
Et en vrai, il m’a fallu du temps pour accepter que je m’en foutais, qu’on me regarde de haut à cause de ce que j’avais l’outrecuidance d’écouter. Regarde, même maintenant, j’en suis à cinq pages, là, déjà, alors qui sait, peut-être que je ne l’ai même jamais totalement accepté… C’est un truc que j’ai mis du temps à digérer, en tout cas. Ça m’a demandé des années de travail inconscient sur moi-même, sur mon envie d’appartenir à un groupe social, pour réellement parvenir à me foutre de ce que des inconnus sur internet pensaient de mes goûts musicaux.
Et tu m’y as aidé, Florian.
Tu ne t’en souviens probablement pas, tu ne dois même pas le savoir, mais du temps d’Awesomeboard, où tu te faisais appeler Buddy Satan, tu as été l’un des seuls membres « respectés » à me tendre la main. La seule personne de la scène à parler en bien de mon fanzine de l’époque, Terrortriste. L’un des seuls qui avait l’air de s’en foutre, que j’écoute THURSDAY ou dieu sait quel autre groupe de vendus.
L’un des seuls à m’avoir confirmé que, ouais, à la fin, ce qui compte, c’est juste la musique.
C’est grâce à toi qu’aujourd’hui, j’ai encore de la bienveillance pour cette scène malgré le rejet que j’y ai vécu. Tu es celui qui m’a fait comprendre que, non, la scène n’était pas une ruche régie par une conscience collective, mais bien une somme d’individus qui tous tiraient dans des sens aléatoires, différents. C’est grâce à toi que j’aime toujours, même si de loin, la scène DIY. Parce que derrière toi, il y a l’idée que d’autres personnes de ton genre y existent.
J’en ai rencontrées certaines, par la suite. Des Ianik, des Cora, des Tom, des gens qui eux aussi ont participé à People Are Better Than Records. Des gens qui ont poursuivi ton travail en me faisant comprendre que j’avais fait une erreur, en voulant être accepté de « la scène ». Parce que « la scène », ça n’existe pas. Ce qui existe, c’est les individus qui la composent. Comme dans n’importe quel milieu, il y a un tas de connards dans le lot. Et puis il y a les autres. Vous tous.
Ça va me manquer, notre rendez-vous annuel.
Il y a une dernière raison pour laquelle ces trois disques sont réunis sur la photo : ils font tous partie de la playlist qui ouvre un roman que j’ai écrit, Tifenn : 1 – Punk : 0. Un roman qui se passe au sein de ladite scène DIY, et qui en dit plutôt du bien. Un roman sur lequel tu m’as donné ton avis, au fil de l’écriture, en qualité de « consultant expert ». Un roman qui te doit beaucoup. Parce que presque dix ans avant son écriture, c’est toi qui m’as empêché de haïr cette scène. Qui m’a permis d’en comprendre son humanité.
Ce qui compte, c’est la musique, juste la musique.
Les disques.
Mais peut-être qu’il y a aussi les gens, au final.
Records Are Better Than People est mort. Vive Buddy Satan.
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jbgravereaux · 7 years
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Written on Skin                                      George Benjamin                                Opéra
Jean-Luc Clairet : ...Deux types d’aventures s’offrent au mélomane audacieux qui assiste de nos jours à la création d’un opéra contemporain.                                                                                                                           D’un côté, la "Voie américaine", post-Bernstein (Heggie et consorts) ou issue du minimalisme (les opéras de Philip Glass ou de John Adams). Avec des livrets le plus souvent très en phase avec l’actualité tels Einstein on the Beach, Satyagraha, The Perfect American, Doctor Atomic, The Death of Klinghofer, Nixon in China, Dead Man Walking, Anna Nicole, Sophie’s Choice ou A Streetcar named Desire. Cette voie américaine propose le plus souvent un confort harmonique de nature à réconcilier avec la création lyrique des oreilles qui s’estiment quelque peu malmenées par cinquante ans de tradition sérielle. Elle vise à l’efficacité immédiate : l’émotion; le cœur.                                                                                                                                 De l’autre côté, la "Voie européenne", avec des œuvres où cette même tradition sérielle est très vivace, et d’autres que l’on qualifiera de post-Britten. Die Soldaten, Saint-François d’Assise, The Tempest, Reigen, Conte d’hiver, Trois sœurs, L’Amour de loin… Plus audacieuse, plus expérimentale aussi, cette voie plus délicate d’accès, aux audiences parfois confidentielles, demande davantage d’effort : l’analyse, le cerveau.                                                                                                                                                                                            Written on Skin se rattache clairement à la seconde voie. En élève de Messiaen fasciné par les recherches de sonorités d’un Ravel, l’Anglais George Benjamin, jusque-là compositeur d’une musique quasi exclusivement instrumentale, déploie un langage qui, pour moderniste qu’il soit - les premiers accords sont éloquents à ce titre -, n’est aucunement complexé dans son utilisation de formules plus éprouvées. Son orchestration est par ailleurs richissime.                                                                                                                                              Dans le but de retrouver l’essence même des enluminures du Moyen-Âge, son instrumentarium gratifie la formation classique de nouveaux venus (basse de viole, harmonica de verre, grelots de traîneau, cloches de vaches, cymbales frottées à l’archet, galets…) et fait de Written on Skin une expérience sensorielle tout à fait en phase avec le texte mais aussi avec les non-dits. Le calme le plus pénétrant côtoie la violence la plus soudaine. Malgré quelques éclats à la Zimmermann, l’opéra de Benjamin s’inscrit bien plutôt dans la filiation d’un autre Benjamin : Britten.                                                                                                                                                                                                                        Cet opéra d’à peine 1h30 en 3 parties, n’a rien d’un opéra de chambre. Court mais d’une densité incroyable, c’est une œuvre spectaculaire dans ses moyens orchestraux mais aussi dans la puissance de son livret. Il faut même parfois avoir le cœur bien accroché. C’est le cas de le dire !                                                                                                                                                                      Inspiré d’une étrange légende médiévale de Guillaume de Cabestany Un Cœur mangé, le livret met en scène un riche propriétaire terrien, appelé le Protecteur, qui engage un enlumineur, nommé le Garçon, auquel il va confier la mission de réaliser un livre à la gloire de sa réussite sociale autant que domestique. Hélas, un peu comme dans le film Meurtre dans un jardin anglais de Peter Greenaway, Agnès, sa femme, va faire chuter ce beau et naïf contrat. Pour se venger d’un mari qui la considère comme une enfant, voire une sœur, elle va tomber amoureuse de l’artiste. Ange lui aussi, avec six comparses (un peu comme dans Les Ailes du désir de Wim Wenders), il ne se contentera pas de veiller sur le destin des humains et ira même jusqu’à faire graviter autour de lui les désirs de toute la maison. Cela nous renvoie à un autre Ange non moins fameux, celui du Théorème pasolinien, troisième référence cinématographique qui irrigue l’œuvre de Benjamin.                                                                                                                                                                                                                        Written on Skin parle sans ambiguïté mais avec une force très prégnante, de la terreur sexuelle. "L’amour n’est pas une image. L’amour est un acte", dit Agnès à la toute fin de l’Acte I. Personne n’échappera à l’engrenage : terrifiante spirale des sentiments très bien rendue par l’escalier hélicoïdal que l’on gravit au ralenti à la fin de l'Acte III...                                                                                                                                                                                                        http://www.tutti-magazine.fr/test/detail/George-Benjamin-Written-on-Skin-Royal-Opera-House-Bejun-Mehta-Barbara-Hannigan-Christopher-Purves-DVD-fr/                                                                                                                               
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le--yad · 5 years
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Lou Andreas-Salomé, Ma vie
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Ma vie de Lou-Andreas Salomé traînait, depuis plus de deux ans et dans une édition datée des presses universitaires françaises, dans ma pile de livres en attente. C’est l’envie de lire un récit autobiographique, après avoir écouté une longue interview de Maria João Pires, qui m’a décidée à l’ouvrir. Lou Andreas-Salomé, compagne intellectuelle de, notamment, Rée, Nietzsche ou Freud, a laissé dans l’ombre des dizaines d’écrits, essais, romans ou poésie, absorbés par le passage des hommes qu’elle a fréquentés.
Je n’ai pas été déçue : ce livre, récit à la fois biographique et d’auto-analyse psychanalytique et philosophique, rassemble, outre des contenus aux couleurs variées, un très important corpus de notes (d’une centaine de pages) retranscrivant des lettres dans leur entièreté, situant historiquement et géographiquement tous les personnages cités, et complétant quelques élusions dans la narration de LAS (l’éditeur l’ayant personnellement fréquentée).
S’il n’y a aucune illustration dans l’ouvrage, la présence de descriptions de photographies complète le regard de l’autrice, déjà fouillé et très étendu, par le point de vue d’un tiers, qui nous raconte « Nietzsche [tenant] la poignée et [regardant] au loin, tandis que Rée, effleurant le timon, semble extérieur à ce qu’il se passe et regarde l’objectif. »[1]
A travers l’un des premiers chapitres, Expérience de la Famille, qui précédera celle de la Russie, sont posés les éléments principaux du décor : le pays pré-révolutionnaire, le changement progressif du statut du prolétariat, son rapport à la classe des paysans, la notion de collectivité décrite par LAS comme un don réciproque (au moment de la Révolution) de valeurs culturelles et humaines entre l’intelligentsia et le « peuple ». Dans ce cadre, s’inscrit l’histoire plus intime de sa famille et en particulier de ses frères.
L’ensemble du récit, de façon globale assez rapide à lire (les descriptions nous font rebondir sur les portraits de la société russe, allemande ou encore française de la fin du XIXe – début du XXe siècle, les envolées effusives sur les réflexions d’apparence plus froides), pourrait s’apparenter à une longue fresque représentative à la fois d’une épopée personnelle, et d’une époque. Effectivement, les cercles intellectuels et artistiques successifs que LAS observe ou qu’elle contemple font écho à ses rêveries d’enfance : des récits adressés d’abord à Dieu, puis à elle-même, peuplés d’innombrables personnages anthropomorphes, ou qui, plus exactement, prennent successivement les traits d’un arbre, d’un écolier, d’un vieillard. Parmi ces visages, certains demeurent plus flous, et d’autres, grâce à quelques détails (celui d’une activité, celui d’une souffrance) se détachent de l’ensemble.
Ce qui donne à la narration son rythme de fleuve, ce sont aussi ces passages sensoriels, presque poétiques, qui l’entrecoupent. Une descente en semi-obscurité dans la montagne, l’atmosphère épaisse où se mêlent les alpages, le lait et la brume, et cette nuit où « quelque chose ou quelqu’un semble [lui] faire signe – et il [lui] faut partir »[2].
Et puis, il y a bien sûr des portraits, qui jalonnent tout l’ouvrage, plus ou moins longs, et qui diffusent plus ou moins à travers le livre dans son entier. Celui de la mère de LAS, celui de Paul Rée, de Nietzsche ; de Rainer Maria Rilke, au travers de leurs péripéties et d’une ouverture sur les conflits intérieurs propres aux poète, puis d’une annexe, sorte d’hommage empreint de regrets ; celui de Freud, qui laisse peu de place à l’expérience personnelle, contrairement aux autres portraits ou thématiques abordées qui, bien qu’initiées par une introduction « théorique », plongent rapidement dans les remous de l’expérience ; celui de Friedrich Carl Andreas, qui nous apparaît entre ses étudiants et ses livres, sa précision et son inachèvement, près des fenêtres donnant sur les « tilleuls aux larges branches », des couloirs ponctués des « bigarrures des broderies paysannes russes »[3].
Le vocabulaire employé par LAS lorsqu’elle rédige des passages plus réflexifs ou philosophiques est loin d’être académique. L’objectivité n’est pas le but recherché, et cela, loin de rendre le texte maniéré, donne sa couleur à la personnalité de l’autrice, comme la rehaussent certains de ses gestes qui y transparaissent, comme sa manière de découdre les feuillets de ses livres pour être plus à l’aise lors de leur étude. Et, loin de nous plaire entièrement, suggérant même une certaine antipathie parfois, elle nous présente très simplement ses conceptions, teintées de celles de la haute société européenne d’alors : ses fantasmes récurrents autour de « l’Orient », partagés avec son mari, un certain féminisme auto-réfreint. L’ensemble est direct, complexe mais d’une grande simplicité à la lecture, et ravive l’envie d’explorer le rhizome de nos vies.
[1] Lou Andréas-Salomé, Ma vie, éditions P.U.F, notes de fin d’ouvrage, p.239
[2] Lou Andréas-Salomé, Ma vie, éditions P.U.F, p.104
[3] Ibid, p.174
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Lou Andreas-Salomé, Ma vie, PUF/Perspectives critiques, 1977, 296 pages, commentaire par Ernst Pfeiffer.
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