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#café et sommeil profond
fitnessmith · 6 months
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Café et sommeil profond, ce que vous devez comprendre
NOUVEL ARTICLE ET VIDÉO : Café et sommeil profond, ce que vous devez comprendre. Lien en bio @fitnessmith ou sur mon site.
Vous voulez savoir si le café va affecter votre sommeil profond ? Dans cet article, je vais répondre à vos questions sur la qualité du sommeil et la prise de caféine.   Le café, ami ou ennemi du sommeil ? Une méta-analyse[1] a exploré les effets du café et de la caféine sur le sommeil. Vous n’êtes peut-être pas consommateur de café, mais vous trouverez de la caféine ailleurs. Les sodas et…
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bonheurportatif · 1 year
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En juillet, j'ai quitté tumblr (3)
15 juillet J'ai reçu le Matricule des anges. J'ai mangé ma dernière glace avant au moins quatre jours. (J'ai scanné la mauvaise carte de fidélité et j'ai bloqué la caisse automatique.) J'ai envoyé un texte à une revue. J'ai croisé João. J'ai regardé le feu d'artifice à distance du reste la famille avec Cadette. Nous avons fait les bons choix d'itinéraire et de stationnement pour nous éviter la galère et nous avons remonté une marée humaine à contre-courant.
16 juillet J'ai commencé mon régime de purge. J'ai trouvé sur le blog d'Anne Savelli une liste de journaux en ligne. J'ai envoyé un message, sans envisager qu'il allait être public. J'ai lu Mains, fils, ciseaux, de Norbert Czarny. Anne Saveli m'a répondu.
17 juillet J'ai acheté mon premier ebook. (Le lecteur d'ebook gratuit que j'ai téléchargé interrompt la lecture par des incitations récurrentes et minutées à passer la version pro.) J'ai pris un café sur la plage avec ma chérie. J'ai continué mon régime œuf fromage biscottes. J'ai prêté ma carte d'accès à la déchetterie aux gars du chantier d'à côté (même s'ils ne sont plus censés œuvrer pour des travaux bruyants depuis la fin de la semaine dernière, par arrêté municipal). J'ai ajouté une nouvelle pièce à ma collection de lieu d'attente en pleine conscience : une aire de covoiturage (d'où j'ai actualisé le présent journal). J'ai glissé un livre très en retard dans la boîte à livres de la médiathèque fermée. Je suis allé me baigner avec les filles et ma chérie. J'ai regardé Ne croyez pas que je hurle, de Frank Beauvais, sans me souvenir si je l'avais déjà vu ou non.
18 juillet Une eau marron, terreuse, est sortie en crachotant des robinets de la maison. J'ai téléchargé un nouveau lecteur d'ebook, moins intrusif. J'ai retrouvé et relu une précédente tentative de journal, abandonnée. (Je n'ai rien fait de l'après-midi.) J'ai préparé l'examen de demain, dans un concert de gargouillements.
19 juillet Je me suis écœuré de la solution laxative. J'ai reçu un cadeau par la poste, et dans le cadeau, un cadeau. J'ai lâché le récit d'admission à l'épisode du doigt coupé. J'ai ajouté une nouvelle salle d'attente à ma collection. Puis une autre, nu avec charlotte. J'ai tout entendu des menus conflits de pause-déj du personnel infirmier. Une autre salle d'attente, perfusé. J'ai répété une fois, deux fois, trois fois mon nom, mon prénom, ma date de naissance, l'heure de mon dernier repas, la nature de mes selles. Je n'ai pas retenu un "outch" à la pause de la perfusion sur la main. Je me suis allongé sur le côté droit quand on m'a demandé de m'allonger sur le côté gauche. Je me suis endormi avant même le début de mon premier film de fesse. J'ai adoré mon réveil en salle de réveil, comme tiré d'un profond sommeil. Le croissant, l'éclair au chocolat et le pain beurré du goûter m'ont paru délicieux.
20 juillet Je me suis acquitté d'un dernier article avant suspension temporaire d'activité. J'ai salué Walid, Frédérique, Marc, Marie. Le distributeur de café était hors-service. J'ai attendu Viki et Pier. Je me suis trompé de jour pour la réunion. J'ai discuté avec Isabelle. Les voisins ont fait nettoyer leur toiture avec un produit qui puait la javel. J'ai cuisiné des poivrons au basilic thaï. J'ai lu, relu, réécrit un texte pour une revue. J'ai cuisiné une ratatouille à ma façon. J'ai lu La Couleur des choses de Martin Panchaud. À quelques rues de la maison, une mauvaise fanfare a martelé toute la soirée Les yeux d'Émilie de Joe Dassin.
21 juillet À force d'arpenter les rayons, j'ai retrouvé le titre du livre que j'étais venu chercher à la bibliothèque, que je n'avais pas noté, et qui m'échappait. J'ai renoncé à courir pour attraper le train, je n'étais pas chaussé pour. J'ai envoyé mon texte à la revue. Je me suis goinfré de biscottes. J'ai replongé dans la guimauve. J'ai cuisiné trop tôt (ou les filles sont revenues de leurs courses trop tard.) Nous avons regardé Viridiana, de Luis Buñuel. Mon agenda affiche "aucun événement au cours des 2 prochaines semaines" pour la première fois cette année.
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mysadecstasy · 7 months
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Sublimes défaites
J’ai vécu tant de choses qui ne m’appartiennent pas. Ou plutôt qui m’ont échappées, qui ne m’appartiennent plus. Qui ont glissées des mains de mon indolence. Dont on a étêté la substance. Oté la légèreté. Brisées, atrophiées et lourdes. De ces moments, de ce sang versé dans le vase du fil des jours, restent des souvenirs d’une pesanteur effroyable. Quand elles perlent à mon âme je ressens comme une déchirure, un abîme. Un vertige pointé vers le ciel. J’ai la sensation d’une mort imminente, d’un dédoublement de mon être, éclaté dans sa temporalité. Morcelé à travers les milliers de jours qui ont passé comme un train de fret d’un kilomètre de long.
Je me souviens de la poussière. La poussière du bush australien. Interminable. Ces routes en terre, qui ne se courbent pas pendant des kilomètres. Etourdissants mirages. Par plus de quarante degrés dans un vieux van Mitsubishi aménagé. Je me souviens d’aubes bleutées comme des nébuleuses, perchées sur les crêtes de l’horizon. Je me souviens du soleil surgissant de la mer tel un ange porte un nuage rose. Jaune profond, irradié. Je plonge nu dans le Pacifique, il n’est pas encore 7h. La plage, sauvage et touffue, s’étire parfois sur quinze kilomètres. Telle une ligne de front entre l’exaltation et l’éternité crue.
Là-haut, à Bouhy, toit de la Puisaye, perdu sur une carte. Un point que personne ne regarde. Un village qui sommeille depuis si longtemps que des toiles d’araignées se tissent sur les poignées de portes des habitations. Un tracteur passe. Son conducteur soulève son béret vers les étrangers que nous sommes. Une épicerie-café est ouverte, seule commerce de ce minuscule village. C’est comme entrer chez ses grands-parents. La tenancière prépare deux sandwichs. Puis c’est le repos à l’ombre du grand château d’eau, avant de repartir. Sur le plateau rasé se dresse, mystique et pesant, un Calvaire érodé. Il est comme un phare dans la nuit. Dieu nous tient en son sein. Nous laissons le septentrion s’égrainer derrière nous. Insouciants et légers. L’éternité reconnaitra les siens. Et les blés… Que l’on fauche en juillet. Tragiques et hurlants, terre pelée, comme écorchée, et, disséminés çà et là, des ballots de paille. Paysage d’aquarelle. On grimpe dessus comme si c’était le Colisée. Et la route serpente, à demi fondue par le soleil de plomb. Descendant la vallée du Rhône, sertie par des champs de tournesols insolents. Avaler le bitume, les pointillés, jusqu’à l’arrivée. Puis. Embrasser la mer azur-cuivrée.
Je me souviens de tes cheveux éparpillés dans l’herbe à l’ombre d’un grand chêne. Siestant à demi, offerte à la beauté de l’instant. Offerte aux souvenirs indélébiles. Ta bouche entrouverte buvant le sommeil des braves et une coccinelle noire se dandinant sur ton épaule. Un autre jour, ailleurs. Faire l’amour sur la plage sous un croissant de lune acéré. Le bruit des vagues. Extase tranchante comme une lame de rasoir. Moments volés à la félicité. A l’unicité christique de l’effarement des voies impénétrables de la Joie. Planté en mon âme comme un poignard dans les tripes. Souvenir cru et palpable comme la courbe de tes seins. Une réalité que le temps estompe mais dont la remembrance reste éternelle.
Plusieurs fois j’ai dit : Adieu. Ou plutôt, j’ai répondu… murmuré… bredouillé et même pleuré des adieux. S’abîmer en mer, je connais la musique. Chaque note, chaque nuance, chaque timbre arraché à l’impossible espoir. Vibrant et pathétique. Les veines palpitent et le cœur balbutie. La locomotive ivre fonce vers l’abîme écartelé. Le viaduc s’est écroulé. Le chemin s’arrête au fond des gorges, le fil d’or reliant l’amour à l’éternel est sectionné. Comme une paire de ciseaux planté dans le bras. On ne peut plus enjamber l’horreur. Toucher les étoiles et se perdre dans les yeux l’un de l’autre. Tu criais quand on faisait l’amour. Aujourd’hui le silence est lourd comme une pyramide de béton, froide et inflexible. Le sang gicle au rythme des pulsassions. Elles s’espacent et bientôt, la bête sera exsangue. Car est-on toujours un homme quand on survit encore à tous ces naufrages ? Est-ce une résilience extraordinaire ou le cœur s’est-il changé en pierre ? Ou encore s’agit-il des hurlements de cette urgence de vivre…
Partir. Prendre la mer. Encore… Idyllique traversée, de la matrice à l’empyrée, interrompue par le naufrage. Inévitable, peut-être. Terrifiant, sans doute. Réel, à coup sûr. C’est un obstacle qui ne dit pas son nom. Un obstacle fardé d’un espoir malin qui ne distille que du mensonge. Rien ne l’empêche. Ni les cris étouffés des noyés, ni la fadaise d’une seconde chance. On ne nait qu’une fois, chaque seconde s’écoule sur la mort de la précédente. Il n’existe aucun retour possible. Droit devant, sur un fil, étriqué entre le vide et la falaise. Ite missa est.
La lumière du phare tourne dans la nuit sans accroc depuis plus de deux cents ans. De loin c’est un clignotement, comme un battement de cœur. Il représente le salut. Stoïque, fiable. Ce phare, auguste, à la pointe de sa péninsule, vise les horizons avec précision, il prévient et accueille les âmes errantes sur les flots d’encre de la mer infinie.
Reprendre la mer, partir. Sans réfléchir. Reprendre la mer, aimanté. Oublieux des risques. Oublieux des naufrages passés. Partir. Encore… Que faire d’autre, après tout ? Alors, nous voilà. Sur la rade. Embarquement. Cœurs galvanisés, cotillons et farandoles. Les trompettes de l’insouciante et fulgurante passion sonnent leur mélodie suave. Doux est le cuivre comme blanche est ta peau de nymphe. Prendre la mer et ne jamais la rendre. Allons gaiement, le Purgatoire n’est jamais bien loin. Et j’agrippe tes cheveux noirs pour mieux t’étreindre. Dans la pénombre de ta petite chambre tapissée de crème brulent trois bougies bleues sur un candélabre d’airain. Il siège sur ta table de chevet. De l’autre côté, une autre bougie, blanche, plantée sur une bouteille vide de Meursault 2019, menace de s’éteindre. Je reprends mon souffle. Tes cheveux collent à ton visage béat. Je t’enlace sous le drap de coton imprimé Liberty. Corps à corps dans la nuit sans lune, je m’endormirai avec ta main sur ma hanche et ton rire dans la tête.
Alors pourquoi s’éteindre si l’on sait si bien s’étreindre ? Pourquoi hurler quand on sait si bien murmurer à l’oreille, des faux secrets, des douceurs et des gâteries. Pourquoi sauter du haut du pont quand on pourrait prendre le train en marche ? Je m’égosille de douleur. J’ai pris un train qui court à travers la plaine. Je regarde par la fenêtre. Lucarne frénétique qui avale le paysage et tout ce qui s’étend sur les centaines de kilomètres de voies. Forêts, champs de colza, villages, usines, entrepôts… Comme un nuancier d’un monde bien bâti. Fier. Un monde vautré dans sa purulence. Forniquant avec la nausée. Stupide et suffisant. Un monde blafard où l’on croit vivre la nuit et dormir le jour. Tout, maintenant et tout de suite ! On vivra une éternité, voire deux ! Un monde où nul n’a besoin d’idéal car tout est possible. Un monde violé par la cupidité existentielle de l’homme. Un monde pour ceux qui ne savent pas mourir. Un monde que je regarde se consumer comme un feu de paille au lieu de se tirer une balle dans la bouche.
Je suis monté jusqu’à la chapelle qui surplombe la ville du haut d’un promontoire escarpé. J’ai passé par le chemin du Calvaire, jalonné du récit de la Passion du Christ. Je t’ai emmenée ici cet été… Aujourd’hui c’est un jour venteux et froid de février. Le mistral est sans pitié. Je me suis assis sur les marches, regardant vers ma petite maison cachée entre les collines en contrebas. Et j’ai observé. J’ai contemplé le paysage. Les dents de Fourcade, le pic de Bertagne et toute la chaine de la sainte Baume qui court vers l’est. Malheureusement d’ici on ne voit pas la mer. Si colossale et absente. Tout comme toi… Il m’arrive encore, même après tous ces mois, de te chercher dans le lit. Alors c’est le désastre, le grand effarement. J’ai contemplé cette campagne que j’aime tant. J’ai dénudé ma vie aussi. Vidé la remorque à souvenirs. Feuilleté le livre des milliers de jours passés. Restent peut-être un milliard de secondes si le Seigneur est clément. Ça laisse le temps de réfléchir. J’ai prié un peu. Pensé à ceux qui restent. Ils sont si peu… et si précieux. D’horreurs en terreurs on élague, on taille, on affine, on rend la pierre tranchante et l’arbre prêt à se redécouvrir. Mais toi… Toi, monolithique et impossible. Toi je t’ai perdue à jamais. Les souvenirs sont fades et contrits. Trop douloureux. Je me suis enduit d’amertume. Baigné dans un lac glacé d’angoisses. J’ai fait le deuil de la Grande Défaite. Il ne me reste que mon Salut. Patiemment, je l’attends. Qu’Il me rappelle en son sein. Qu’Il me rappelle en son sein et embrasse mon front avec miséricorde.
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bonhom-nom-nom · 11 months
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Au marché, j'en talonne du légume (entrée 4)
DRING DRING... Le grand réveil matin m'éveille de mon sommeil profond. C'est l'heure du marché. J'embarque sur mon vélo et je pédale comme un bon. Pas de café, j'ai les yeux pas trop réveillés et le dodo encore présent (comme on dit au Québec). Cependant, il n'a fallu qu'une seconde parmi les infinités de légumes présents au marché pour me réveiller complètement.
C'était ma première fois au marché et j'ai été fasciné par le nombre de marchands et la diversité des produits offerts. Des tiges de choux de Bruxelles aux huitres aux cornichons, il y en avait pour tous les goûts.
Une expérience de découverte impressionnante et gastronomique évoque toujours en moins une grande joie et le marché Jean-Talon a su facilement évoquer cette curiosité et cette joie en moi.
En parlant de découverte, voici quelques articles que j'ai pu découvrir lors de mon escapade alimentaire:
Amaranthe : L’amaranthe est une semoule ou un grain utilisé un peu comme le quinoa qui pousse en grappes. En plus de son utilité nutritive, elle est aussi cultivée pour son esthétisme ornemental.
Bourgots : Le Bourgot est un escargot géant marin, indigène dans l’Atlantique Nord. Ils se mangent chauds ou froids, mais toujours cuits. Les bourgots marinés sont très populaires chez nos amis les Français.
Gola : Le Gola est un salami, considéré comme une spécialité régionale traditionnelle d’Italie. Il est sucré et fragrant, car il est enrobé d’assaisonnements et de fines herbes.
Foin à mijoter : Le foin à mijoter est un vaisseau utilisé pour mijoter ou fumer majoritairement des viandes ou des poissons et représente une tradition Picarde.
Célosie[1] : La célosie est une plante comestible étant la plus connue dans l’est de l’Afrique, au Swahili. Elle s’y nomme Mfungu. Nous pouvons l’ajouter à des salades ou en saupoudrer en guise d’assaisonnement sur quelconque plat. 
[1] Nous avions peine à trouver un dernier produit comestible que nous ne connaissions pas n’appartenant pas à une catégorie que nous n’avions pas. Ainsi, nous avons conclu que la meilleure manière de pouvoir livrer le travail complété serait de trouver une fleur comestible qui nous était totalement étrangère, autant de nom qu’à l’œil. 
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(Les 5 premières images correspondent aux items décrits en ordre d'apparition)
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lesombresdeschoses · 1 year
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BRING ME THE D.K
W. Agency - Victoria
Mortensen a étalé sur son bureau des journaux édités à différentes dates. Afin de structurer son travail d'investigation, elle a pris soin d’entourer au feutre, les articles dont le jour de publication correspond à celui de la réception des enveloppes rouges. Law montre du doigt l'un des textes encadrés, puis tend une lettre à l’inspecteur MacKenzie :
— Regarde l'article. La veille je recevais une lettre. Signée « BlackHole ». Le journaliste a visé juste avec le titre, mais c'est pas lui, on est d'accord. Ça serait complètement crétin !
— On est d'accord. Mais ça ne coûte rien de vérifier. Il pourrait avoir un lien avec l'affaire...
— Ça ne coûte rien, bien sûr. Mais c'est une perte de temps.
Tyler lance, moqueur :
— T'es devenue médium ?
— Vas te faire foutre.
*
Paddington flat
Law se tient debout devant le mur du salon sur lequel elle a collé une carte de Londres - à la place du miroir de Félicia - et entouré les lieux de disparition des victimes de BlackHole. Autour du plan de la ville, cinq lettres épinglées, reliées aux emplacements. Law lit l'une d’entre elles à voix haute :
— « Jusqu’aux confins de l’univers, chantent les étoiles, les louanges d’une muse égarée. Entre deux mondes vivant, sa conscience dans un profond sommeil plongée. Ta chanson dans le néant des songes enfouie, Ô muse, notre roi attend impatiemment ton éveil. Ton silence condamne notre monde à l’éternel oubli. Ô muse, ouvre ton esprit afin de nous offrir la douceur du soleil. »
— Ça n'a aucun sens. C'est n'importe quoi. Si au moins ça avait un rapport avec la victime !
Mac s'approche de l'enquêtrice et lui tend un mug de café. Elle prend le breuvage entre ses mains pour en boire une gorgée, puis le pose sur le meuble enfilade.
— Y'en a sans doute un. Il faut creuser c'est tout, lance l'inspecteur le regard figé sur la carte.
— Cette phrase... ça me dit quelque chose... je n'arrive pas à mettre le doigt dessus...
— Comment ça ?
— Oublie.
— Si ça s'avère important...
— Quand je m'en souviendrai, tu seras le premier à savoir. Oublie.
L'ex-flic reprend sa tasse en main, la renifle, se tourne vers Tyler et lance sur un ton ironique :
— Oh oui , Mac ! Dis-moi qu'on va bosser ensemble !
— Va te faire foutre, Mortensen.
Je vous avais dit que c'était compliqué.
*
London streets
Des sirènes de voitures de police retentissent dans les rues sombres d'un quartier de Londres. Des policiers sont affairés dans un hangar. Law arrive sur les lieux. Elle marche vers Mac :
— On a un corps cette fois ?! C'est pas son style.
— Non. Les chiens cherchent encore. Aucune certitude que ce soit lui.
L’enquêtrice lui tend une lettre rouge :
— Et si.
*
A flat in Camden
Tyler, Law et quelques policiers de la scientifique scrutent l'appartement d’une victime disparue.
— C'est son mode opératoire. Tu avais raison.
— Je ne suis pas fan là... on n'a toujours pas de corps... ça veut dire quoi ?
Mortensen sort de l'appartement. Mac la regarde s'en aller relativement agacé par son attitude touristique sur les lieux du crime.
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albertinefloyd · 2 years
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Mercredi 1er mars 2023.
C'est marrant, passé un certain stade, le manque de sommeil ressemble beaucoup au manque de nourriture.
Il y a la douleur, bien sûr. Une douleur singulière, qui ne ressemble pas à ce que l'on ressent quand on se cogne le genou ou qu'on se casse un truc. C'est une sensation plus sourde, plus profonde, un mal être plus diffus. La somme de plusieurs facteurs, la nausée, les vertiges, la boule dans la gorge, le creux dans l'estomac.
Pour le manque de sommeil, pareil.
Mais au bout d'un certain temps, il y a le second souffle. La douleur est toujours là, mais soudain une vague d'énergie déferle. De l'adrénaline, de l'ivresse. On se sent brusquement surpuissant. La faim devient une simple information dans un coin de notre tête, quelque chose dont on se détache sans problème, et qui laisse place à une sensation de puissance. Je me sens hyper bien. Je suis en total contrôle. Hé, ça se trouve, je peux rester comme ça pour toujours. Ça se trouve, je n'ai plus besoin de nourriture, c'est fini.
C'est un peu pareil pour le sommeil (sauf qu'au lieu d'atteindre cette sensation en trois jours, ça me prend... des semaines ? Des mois ?).
Il est 2h33 du matin, et je sens bien que je suis épuisée, je sens bien que j'ai envie de pleurer, pourtant, là, j'ai juste envie de me faire un café. D'aller écrire, d'aller coder, de faire n'importe quoi.
Mais pour ça, il faudrait que Dana dorme... Là, elle est en train de jouer à faire l'étoile de mer : tandis que j'essaye de la maintenir en place, elle écarte bras et jambes le plus loin possible.
Et elle ne semble pas prête de dormir...
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nanananerd · 2 years
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Jour 15 : La fenêtre / Il est fini de n'être que l'ombre de soi-même
    Histoire inspiré de mon vécu. 
6.15. Réveil. Elle ouvrit les yeux dans sa chambre blanche. Elle se tourna pour éteindre son réveil. Quelque chose l’a gênée à l’arrière de sa nuque, mais elle était encore trop ensuquée par la nuit de sommeil agitée. Elle se releva et commença à s’habiller ; rien dans son placard ne lui plaisait. Pourtant, hier, tout allait bien… Elle enfila finalement une chemise noire, au décolleté profond, très inhabituel pour ceux qui la fréquentée depuis le début de l’année. Un slim noire, le dernier pantalon à sa taille. Elle versa du café lyophilisé dans une tasse, et mit à bouillir de l’eau. Pendant ce temps, elle alla se maquiller. 
Elle ne reconnaissait plus le reflet dans le miroir. Mais elle ne voyait pas pourquoi. Elle passa sa main dans ces cheveux courts, essayant de se débarrasser de ce sentiment à l’arrière de son crane. Elle essaya de se maquiller avec son petit morceau de crayon. Une voix au fond d’elle résonna soudain :
Mais comment tu veux réussir à te maquiller avec un crayon aussi faible ?! Elle secoua la tête. Depuis qu’elle avait commencé son nouveau traitement, elle n’avait plus entendu cette voix intérieur. Le Docteur Charles l’avais persuadé que cette voix été mauvaise, que c’était son trouble de la personnalité qui s’exprimait, et la pousser à agir de manière autodestructrice. Elle se remémora ces mots. Respira profondément. L’eau avait fini de bouillir. Elle la versa sur son café, et prépara ces affaires de cours. Un cahier propre, sans ratures, une trousse en cuir clair, pleine de stylo servant uniquement à l’écriture. Dans un sac banal. Quelque chose clochait. Elle réfléchit en buvant son café. Il y à deux mois, son médecin traitant lui avait ordonné d’arrêté son traitement psy, car ces reins et son foie fonctionnait mal. Il était gentil son médecin, et lui avait dit que le sevrage nécessiterait d’y aller par pallier, avec un suivi psychologique. Il n’aimait pas le docteur Charles. Alors, elle l’avait écouté, et avait rencontré la docteure Nadia. Elle lui avait raconté son histoire, sans émotions. Il n’y en avait plus depuis le traitement. Elle lui avait montré les longues ordonnances. La docteure été en colère. Elle ne comprit pas. La docteure tenta de lui expliqué ce qui sur le plan chimique n’allait pas. Elle n’arrivait pas à comprendre. Alors, elle pleura. Pour la première fois depuis longtemps, elle pleura parce qu’elle ne comprenait plus rien, que plus rien n’avais de sens, qu’elle ne se reconnaissait plus, ni dans le miroir, ni dans sa vie. La médecin avait posé des termes techniques ; dissociation l’avait marqué. 
La vibration de son téléphone la tira de sa rêverie. Un message de Florentin. Il était gentil Florentin. Mais si jeune par rapport à elle. 18 ans, quand on en a 22, c’est pas énorme. Mais lui, il sortait tout juste du lycée, alors qu’elle était déjà à sa deuxième reconversion professionnelle. Elle chassa l’idée, finit son café, attrapa ses écouteurs et partis. Sur e chemin pour aller à la fac, elle mit sa playlist découverte de la semaine. Elle squippa plusieurs morceaux, elle avait appris que le punk, la dubstep, l’hard-core et toutes les autres musiques violentes appartenaient désormais à son ancienne vie. 
en arrivant à la fac, elle retrouva son groupe d’ami parfait ; le stéréotype du groupe d’amis parfait de films. Tout ça la dérangeait aujourd’hui. 
Elle rejoignit l’amphi dans lequel avait lui son unique cours de la journée. Par un hasard assez heureux, ce vendredi, elle n’avait que 4h de cours. Elle ne parvint pas à se concentrer sur le cours pourtant intéressant. Elle déssinait avec son bic. Florentin, qui jouait sur son téléphone, lui souffla :
-”Ouhla, c’est morbide tous ces crânes.” Elle ne put retenir son regard. 
Je t’emmerde.
À la fin du cours, son groupe d’amis se sépara ; Florentin et Sarah voulait aller dans cette brasserie so chic du quartier de la cathédrale. Marion devait retrouver son fiancé pour partir en week-end spa.
Ça ne va pas. 
Aucun ne se souciât de savoir ce qu’elle allait faire. Elle termina son café et prit le chemin du retour vers chez elle. De nouveau les écouteurs. Mais trop en colère pour chasser la “mauvaise musique”
Oui vas-y ! Souviens-toi qui tu es. Souviens-toi de qui tu es. Souviens-toi.
La voix était de plus en plus forte. Quand elle arriva chez elle, elle claqua la porte, et laissa les paroles de Guérilla Poubelle se déversait dans ces oreilles : et elle chanta. 
À quoi ça sert, on est tous morts 
À quoi tu sers, je t’aime encore
Bataille déjà perdue
Une histoire déjà entendue
C’est pas que je crois en rien
J’crois plus tout court, ça me convient
Chez moi, je vote pas 
J’suis pas chez toi y fait trop froid
Et elle dansa en hurlant :
J’ai perdu mon drapeau
J’crois plutôt que jl’ai brulé
J’ai oublié d’trouver ça beau
J’ai oublié qu’c’était sacré
J’préfère encore croire en pire
Désolé, je me sens pas bien
Trop pressé de mourir pour écouter ton baratin !
Des années qu’elle n’avait plus écouté ce mauvais punk français. Des années qu’elle n’vait plus chanté ou dansait. Soudain, elle attrappa son regard dans la fenêtre : le choc. C’était qui cette meuf avec ces cheveux courts et sages ? C’était qui cette meuf qui portait des piercings discret ?! C’était qui ?! Putain, mes dreadlocks ! Le souvenir la heurta de plein fouet : la coiffeuse qui lui rase le crane en lui disant que maintenant, elle allait commencer à avoir une vie normale.
Je t'emmerde.
Elle reprit son porte-monnaie dans son sac, alla pour le maitre dans sa veste et percuta : mon perf. Il est où mon perf. Elle fouilla dans l’armoire de sa chambre. Sur le dernier étage, elle retrouva son eastpak rouge. Celui qu’elle avait depuis le lycée, couvert de patchs et d’écriture, avec des clous sur les hanses, des clous offert par des amis, tiré de leurs propres ceintures. Dans le sac, elle retrouva son perf, soigneusement plié, et ses docs martens.
Pas étonnant que j’ai mal au dos !
Elle les enfila, fourra son porte-monnaie dans la poche intérieur de son perf et partie de chez elle, son sac sur le dos. Les bottes claquaient dans le couloir désert de sa résidence.
Souviens-toi du son des bottes.
Elle grimpa dans le tram en direction de l’Allemagne. Elle mit ses écouteurs dans ces oreilles et mit l’album In Utero de Nirvana. Pour la première fois depuis son retour sur Strasbourg, elle prenait le tram sans avoir peur. Sans craindre le regard des autres.
Rien à foutre. 
À peine arrivé en Allemagne, elle alla s’acheter un paquet de tabacs, des feuilles et des filtres. Elle se rua ensuite au DM, et s’acheta un crayon extra noir, un mascara bien épais et ressortie. Elle continua son chemin vers une boutique de Hippie. Dans un allemand impeccable, elle demanda une boite de henné rouge. Le vendeur lui apporta. Elle acheta encore quelques articles et repartit. Elle put de justesse prendre le tram, et arriva chez elle à la fin de l’album. Elle ota son haut, prépara sa teinture, l’appliqua avec précision, enveloppa son crane de cellophane, et se roula une cigarette. Sa chambre étant non-fumeur et équipé d’un détecteur de fumée, elle enfila un gilet à capuche, orné du logo explicite du Peuple de l’herbe, et sortit fumer sa cigarette. Elle réfléchisait. Sans pour autant réaliser. Le timer de son téléphone sonna, et elle rentra pour rincer sa coloration. Ses cheveux rouges ébouriffés, elle fouilla dans sa trousse de toilettes pour retrouver ces anciens piercings : tout noirs, avec des spikes. Elle changea son septum, ses labrets, ses écarteurs. Fini La discrétion. Elle se maquilla : un lourd trait de crayon, ombré grossièrement sur les paupières, une grosse couche de mascara. Elle se regarda dans le miroir.
C’est mieux.
Elle regagna sa chambre, attrapa son téléphone, et envoya un message à Adrien. Il ne se parlait plus beaucoup depuis sa sortie d’hôpital psychiatrique, et plus du tout depuis leur entrée à la fac, alors qu’ils étaient amis depuis longtemps. 
-”Salut mon frère. Je suis de retour, désolé du retard, j’ai dû faire un détour. On peut se voir ?”. Elle attendit anxieuse la réponse. Adrien n’était pas du genre à répondre rapidement, surtout pas un vendredi. Moins d’une minute plus tard, elle reçut la réponse :
-”J’annule tout ce que j’ai prévu ce week-end. On fête ton retour. Rdv chez moi quand tu veux.”
-”J’arrive.”
D’un bond, elle s’habilla de son chemisier noire, attrapa son sac et repartit. Elle fit un crochet par la supérette pour attraper 4 canettes de 1664. Elle s’avancea vers l’arrêt de tram, et finalement décida d’y aller à pied. Elle en avait pour une vingtaine minutes de marches. Elle remit ses écouteurs, et relança sa play-list commune avec Adrien. Que du son violent. Et que c’était bon. 
Elle grimpa 4 à 4 les 4 étages qui l’amené chez son ami. Elle tocqua à la porte. Il ouvrit violemment la porte et la serra dans ces bras. Elle accepta le câlin. Il se baissa vers son oreille :
-”Tu m’a manque Nana.”. Elle essuya une larme. Autour d’un café, elle lui raconta la douleur de ne plus pouvoir se concentrer, de ne plus avoir de souvenir, de ne lus se reconnaitre, d’avoir l'impression que tout est faux. Elle lui parla du sentiment à l’arrière de son crâne. Il l’écouta patiemment, et lui dit finalement :
-”t’es de retour parmi nous, je te laisserais plus tombé, je te laisserai plus redevenir une ombre.” le sentiment à l’arrière de son crane était toujours là. Elle lui demanda soudain :
-”Prête-moi ta tondeuse, j’ai un dernier truc à à faire.” Et, à l’aide d’un miroir à main, elle rase l’arrière et les côtés de son crane. Le sentiment disparu. Et enfin elle se reconnu dans le miroir. 
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bluepallilworld · 3 years
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I'll reblog it with an english translation, just wait 5 minutes!
/!\ cette histoire contient nombre de choses déplaisantes : violence, kidnapping, séquestration, vomi etc. Ne lisez pas si vous êtes sensible à ce genre de choses >:(
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L'observateur et la petite fille en rouge
Chapitre 1: Réveil difficile
Je baisse les yeux et je m'aperçois de quelque chose : mon ombre bouge comme si elle était possédée. Elle ondule, enfle, se déforme et s'assombrit. Je suis paralysé par la peur, ses mouvements ont un effet hypnotisant et bientôt anesthésiant. Je ne sens plus rien, ma vue se brouille et je m'effondre. Je fais connaissance avec le trottoir, accompagné d'un choc sec et d'un craquement sinistre.
Il m'accueille pour un sommeil sans rêve, lourd et profond.
Une odeur de cannelle me réanime, mes sens se réveillent un par un.
D'abord l'odorat : des odeurs d'épices m'entourent, forment une farandole et me font tourner la tête. Puis le toucher ; un froid mordant mes poignets, mes chevilles et une douleur lancinante en provenance de tous mes membres.
L'ouïe me revient : des chuchotements me parviennent, nombreux sans que je puisse en saisir le moindre sens ou l'origine.
Et enfin la vue : une vue imprécise, floue qui ne me permet pas de discerner grand-chose. Une sorte de vitre en face de moi, des formes colorées sans contours précis déambulent derrière. Elles ne semblent pas me voir. C'est comme le verre teinté des voitures de ceux voulant être incognito (ou des salles d'interrogatoires), cela ne fonctionne que dans un sens.
Je ne reprends pas mes esprits immédiatement, je m'affaisse encore une fois ou deux avant.
Cette fois c'est bon, je me réveille en sursaut. Mes souvenirs me reviennent : l'ombre, le trottoir...
Où suis-je ? Que s'est-il passé ? Cela m'étonne de garder encore mon calme dans une situation pareille. Je me sens encore un peu engourdi, mon cerveau réagit mollement et mes membres agissent en décalé. Je suis accroché à un mur ou une sorte de surface en tout cas, mes mains et mes pieds sont fermement attachés par des anneaux métalliques. La pièce est petite, il y a une porte avec des fentes étranges et la vitre.
Est-ce une vitre ou un écran d'ailleurs ? Elle donne sur une rue, une grande rue bondée où les gens passent et repassent. La rue est bordée de magasins en tout genre. Je vois un fleuriste, deux cafés, une librairie, une boutique de vêtements de marque, une cordonnerie... et j'en passe. Lassé de cette contemplation urbaine, je décide de crier à plein poumons, je ne pense pas que ça m'aidera beaucoup mais ça fait du bien. Le bruit qui sortit de ma gorge fut assez étrange. J'avais l'impression d'entendre quelqu'un d'autre hurler alors que je savais pertinemment que cette voix m'appartenait. Ce fut un son déchirant, plein de douleur, un cri que je ne pouvais arrêter. Je n'ai pu me stopper qu'à la limite de l'asphyxie. Jamais de ma vie, je n'avais hurlé d'une telle façon. Le silence qui en découla fut comme assourdissant et je me fis la réflexion qu'il était plutôt étrange que personne n'ait accouru au son de ma plainte. Je suis pourtant persuadé de sa résonance dans l'ensemble du bâtiment. Cela ne m'aurait pas étonné si toutes les personnes de la vitre s'étaient stoppées pour me regarder d'un air incrédule.
Mais non, elles ont continué tranquillement leur route et leurs affaires. Certaines pressaient le pas (sûrement en retard à un quelconque rendez-vous), d'autres bavardaient tout en visitant les différentes boutiques du secteur. Tous sauf un individu, une petite fille vêtue d'un manteau rouge au bord d'une ruelle. Elle était recroquevillée sur elle-même, les genoux dans les bras. Elle tremblait doucement, retenant des sanglots...
Bientôt je ne vis plus qu'elle, ma situation ne me semblait n'avoir guère d'importance comparée à la tristesse de la petite fille. On passait devant elle sans la voir tellement elle était discrète. Pas un regard tourné vers elle, pas une main cherchant à la réconforter et moi, je ne peux plus détacher mon regard d'elle.
Après l'avoir observée une trentaine de minutes sans que rien ne change, comme si le temps avait été suspendu, je remarqua un homme aux vêtements sombres s'approchant d'elle. Tout en moi me hurla alors son hostilité.
Une unique pensée m'anima : je ne pouvais le laisser s'approcher mais pourtant la morsure du métal froid de mes entraves me rappela ma triste situation : je ne pouvais être auprès de cette petite fille.
Je suis attaché dans un endroit inconnu par une tierce personne, je ne puis être autre chose qu'un simple observateur. Est-ce donc ce que l'on veut de moi ? Que j'observe, impuissant, une scène qui me révolte.
Comme pris par une folie passagère, je me suis mis à secouer mes membres amorphes le plus fortement possible. Le seul résultat notable fut de provoquer des douleurs incessantes de plus en plus fortes en réponse à mon effort. J'ai continué jusqu'à être au bord de l'évanouissement. J'ai vomi. Enfin je pense avoir vomi. Mes souvenirs restent flous mais peut-être ai-je perdu mon sens olfactif dans l'opération car - quoi que j'ai pu vomir- je n'ai pas senti les relents habituellement liés à ce genre d'événement plaisant.
Les morceaux de ma conscience ont tenu le choc mais je n'ai pas pu me libérer. Dans un état de semi-conscience, j'ai observé la fille se faire arracher du sol par les bras puissants de son ravisseur.
Il est parti, la petite sous le bras, qui se débattait comme un beau diable.
Je désespérais de ne pouvoir réagir ne serait-ce qu'un peu à cette intolérable scène. Je ne songeais plus alors à la secourir de moi-même mais à ce qu'un autre le fasse à ma place. D'un appel déchirant, je suppliais d'agir.
Alors que tout espoir me paraissait vain... L'inespéré arriva !
Un homme, tout de noir vêtu, jaillit sans un bruit comme répondant à ma plainte grandissante. Sans un mot, il lança sa jambe sur l'autre d'un geste vif et précis. Elle atteint sa cible mais à cause de la stature musclée de celle-ci elle n'eut que peu d'impact. Cependant, surpris, il relâcha sa proie qui courut vers une ruelle voisine. L'homme était lent, un coup l'assomma avant qu'un seul de ces gestes n'ai pu aboutir.
Malgré ma surprise face au personnage surgit inopinément, je m'inquiétais pour la petite. Naturellement, l'écran vint se placer en face de ce petit visage innocent. Des sanglots lui tordaient la poitrine mais aucun son ne s'échappa de ce petit être fragile toujours conscient du danger d'un son. Il fallut un temps presque infini pour que l'enfant innocente se remette de ses émotions. Elle se déplia, sortant de sa position de sécurité avec une douceur encore liée à de légers tremblements. Fébrile, chancelante sur ses jambes tel un faon venant de naître, elle s'accrocha au mur pour quelques pas. Tout en restant fragile, on sentait qu'elle pourrait détaler au moindre mouvement brusque.
Elle revint sur ses pas mais les deux hommes avaient disparu. Le soulagement que cette constatation entraîna fut mêlée d'une crainte plus grande encore. Elle aurait aimé les savoir ici car maintenant ils pouvaient resurgir de chaque coin, de chaque ombre du chemin, qui prit alors une dimension fantasmagorique...
Ensuite que s'est-il passé ? Je ne le sais point. Je me suis évanoui pour de bon.
Noir. L'écran est éteint, coupant tout contact avec le monde extérieur.
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@yuriyuruandyuraart voici le 1er chap' de l'histoire qui t'intéressait :D. C'est vieux et ça mériterait d'être réécrit mais pas l'envie-
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desmachins · 3 years
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L’alchimiste
Je t’ai vu passer. T’étais en t-shirt. J’ai trouvé ça audacieux, un 17 décembre. Le choc a été d’autant plus fort que moi, j’ai rien trouvé de mieux que de m’emmitoufler sous une superposition de couches, débardeur, chemise, pull, veste, écharpe excessivement épaisse, tout ça rapport à la maladie que je me paye depuis quelques jours, sale gastro couplée à des maux de têtes façon clocher de campagne, courbatures à chacune de mes articulations, la maladie comme impératrice de mon corps. C’est drôle, je voulais écrire empereur, mais un fond féministe m’a guidé vers ce changement de dernière minute. Maintenant, j’ai l’impression que ma maladie est une grande courtisane, puissante, goulue. Si j’avais gardé la forme masculine du mot, l’image mentale aurait été toute autre. Un genre de noblesse, une condescendance du bien-né face à mon petit corps de prolétaire faiblarde même pas capable d’affronter ses attaques. 
Bref, Mère Gastro et moi, de sortie dans la ville. J’avoue, ça faisait un bail. Je sais plus trop les arpenter, ces rues, depuis notre dernier échange. L’inquiétude monte avant même qu’un seul de mes orteils ne se pose sur le trottoir, au pas de ma porte. L’angoisse se répand, qui depuis quelques années semble avoir trouvé un refuge solide au creux de mon ventre. Depuis un mois et demi, je l’écoute et tais mes envies. Je sors plus dans les endroits où l’on pourrait se croiser. Fini le centre-ville. Terminé tous les bars où on laissait nos carcasses profiter des rayons gras d’un soleil toujours chaud, même l’hiver, une bière sur la table, ton paquet de clope à disposition de nous deux, partage équitable des addictions “quitte à s’abandonner aux petites dépravations, autant le faire à deux, hein, ma chérie?”. Je bois un peu plus que toi, mais j’atteins pas ton endurance côté cigarettes. C’est le bel équilibre malheureux qu’on a su trouver, sourire aux lèvres, sur dents de moins en moins blanches, mais vraiment pas encore dégueu, ça, je pouvais le constater à chaque fois que tu prenais le temps de sourire à nous. Et c’était vraiment pas rare. On s’en sortait pas mal, hein? 
Un mois et demie que je t’ai pas vu.
Le premier mois, ça m’allait bien. J’étais comme en overdose de toute la violence sourde de notre histoire. Tout ce que j’avais pas su dire pendant des mois et que je laissais remuer en moi, autant de vers solitaires, esseulés, qui, à défaut de se nourrir d’une terre neuve, fraîche, lourde de vie, devaient se contenter d’un corps meurtri, de plus en plus blessé. A force, ils ont commencé à se gaver de leurs propres déchets, urées et autres excréments. Bref, au bord de la septicémie, j’étais. Instinct de survie, appel du ciel, ou juste, bordel de merde, juste comme ça, j’ai tout vomi. Là, d’un coup, quand tu t’y attendais le moins, mais quand c’était plus possible pour moi de garder tout ça, de ronger mon frein, tout est sorti.
Je t’ai trompé. Je t’ai quitté. Je ne t’ai plus donné de nouvelles. 
Un mois et demie que je t’ai pas vu. C’est y a quinze jours que ça s’est remis à piquer pour de bon. Les émotions sont remontées, en flashs imprévisibles qui prenaient la forme de souvenirs bordéliques, très vivants. La journée où tu m’as envoyé des “je t’aime” toutes les heures, en image, comme si le temps avait calé son rythme sur celui de l’expression de tes  sentiments. Un gong régulier qui frappait à ma porte, enfin, au creux de ma poche, surtout, puisqu’un océan nous séparait encore. Si ça se trouve, huit mille kilomètres de distance, c’est le lubrifiant parfait pour pimper une relation amoureuse. Ça, et le premier réveil chez toi, y a maintenant quatre ans. Je suis sur le côté droit du lit. Je me réveille, je vois ton profil. Je me dis t’es beau. Puis je pense je suis bien. Faut que je sorte du lit mais j’ai pas envie. Alors je glisse le plus discrètement possible jusqu’à toi, embrasse ton cou, ta joue, ton oreille. Tu grognes, souris. Tu gardes les yeux fermés quand tu me parles, on dirait qu’il y a baston entre ton besoin de sommeil et ton désir d’être là, avec moi. Le désir gagne. C’est beau, la force du mental. Et la visite au musée, et le thé après ça, tous les rendez-vous ratés, le dessin animé sous ta couette, en un instant, l’hiver devient ma saison préférée, juste pour ce moment où rien n’existe que nos mains emmitouflées sous l’énorme édredon, ton odeur qui flotte partout autour de moi, merci aux vêtements super conforts que tu m’as prêtés et là, je le sens, merde, si je suis aussi émue pour ces presque riens, c’est que ce mec me fait me sentir à la maison. 
Voilà. Deux semaines que je pense à nous, au meilleur de nous. Aux moments cristal et lumière. Ceux qui ont tellement donné envie d’en vivre plus, d’en voir plus, de tout tenter, plus.
Deux semaines que j’oublie tout ce qui nous a fait souffrir. Affreusement souffrir, salement souffrir. Et voilà que rien d’autre ne se fige sous ma rétine que les bons souvenirs. Oubliés, les abandons. Mises au ban, les tensions profondes. Niées, les trahisons. Faut que je vérifie la marque des lunettes que je porte, à croire qu’elles viennent avec un supplément “paillettes”. Tout est beaucoup plus brillant, ces jours derniers, quel que soit l’endroit où se pose mon regard. Je nous fige dans un éternité romantique, le seul endroit où j’ai encore une espèce de pouvoir. Je me dis, on a été beaux façon image d’Epinal à un moment, c’est déjà ça. 
Puis, aujourd’hui, je te croise. Parce que bon, faut bien que la vie continue, à ce qu’ils disent, alors me voilà à nouveau dehors. J’ai pensé, éloigne-toi de tes propres microbes, tu dépéris, l’air frais, c’est encore la meilleure solution face à celui, vicié, de ton lit. Aère, ta maison, ton esprit, dégourdis les jambes. Mon cerveau, bien sûr, a entendu le warning qui criait “il se peut que tu tombes sur lui!” mais la raison a pris le dessus, en compagnie de ses amis du jour, la bien nommée "nécessité physique” et l'ambitieux "dépassement de soi”. Je sors, marche à la vitesse d’un escargot un jour où il n’a pas plu, mon sac sur le dos, je veux en profiter pour travailler pour la classe, je veux le faire dans le petit café cosy, là, dans la rue perpendiculaire à la tienne, je pense je parle trop souvent de la notion de liberté pour m’interdire un endroit dans la ville, sous quelque circonstance que ce soit, je me répète j’ai le droit, je me le dois à moi-même, faut que j’y aille.. Là, à dix mètres de l’arrivée, en train de me persuader que j’étais tout à fait prête à t’affronter -parce que ça aurait clairement été un combat entre moi et moi en te voyant- mais en réalité tellement soulagée qu’on ne se soit pas croisés, là, en expirant un peu plus fort l’air contenu trop longtemps dans mes poumons, je t’ai vu. 
Enfin, je crois que je t’ai vu. J’ai surtout observé une silhouette de loin. J’ai cru te reconnaître à cause des cheveux, et aussi cette façon que t’as de balancer tes bras, on dirait que ce sont eux qui mettent en branle tout le mouvement de marche, les jambes vaguement arquées, j’imagine tes pieds dans les baskets, les orteils qui se posent l’un après l’autre, comme quand tu marches en tongs, l’été, tranquille, sûr d’eux. A chaque fois, ça m’irrite en même temps que ça me plait ce geste qui se décompose, chaque orteil indépendant l’un de l’autre. Aujourd’hui, presque, ça me manque. Puis la tenue, aussi, m’a faite tiquer: t-shirt noir et jean brut. Un peu ta tenue de prédilection, le “sans débordement”, le “discret”. 
Si je t’ai vu, si c’était toi, ça a duré moins de trois secondes.
Je t’ai croisé peut-être, et mon cerveau, roue libre, n’a plus rien su faire d’autre que m’envoyer des images de nous, sublimes et datées.
Je t’ai trompé. Avec une femme. Ça a au moins le mérite d’être exotique. Puis je t’ai quitté. Parce que je respirais plus. Parce que je savais plus nous regarder, nous voir, nous aimer, croire en l’avenir de nous. Je t’ai quitté parce que je ne t’aimais plus absolument. T’as valeur d’unique. Avant toi, je m’autorisais même pas à imaginer que ça pouvait exister, cette arrogance d’amour. Retourner auprès de toi, c’était me rappeler à quel point je ne savais plus, je ne pouvais plus, je n’étais plus capable d’aimer absolu, d’aimer tout, d’aimer toujours. Retourner auprès de toi c’était comme aller chaque jour à l’enterrement d’un sentiment que j’avais vu mourir sous mes yeux, impuissante, inutile, fragile, neuf mois plus tôt. Je t’ai aimé comme je n’ai aimé personne d’autre. Je t’ai aimé comme je n’aimerai personne d’autre. Mais je n’aime plus comme ça. Maintenant je le sais et je le pleure encore un peu.
Je suis en colère, contre qui je crois que tu as été, contre qui je crois que tu ne seras jamais, avec moi. Je suis en colère contre mes espoirs stupides et mes désirs insatiables. Je hais l’impuissance de mes mots, qui ne racontent jamais assez les beautés, les peines, les douleurs, les sublimes de nous. Je hais que tu sois autre, que tu restes autre à jamais, que j’ai pu t’aimer si intime, si loin, si fort, me sentir si près de toi et toi pareil, et que ça n’ait pas suffi. Je suis en colère d’avoir été touchée, embrassée, contenue par un amour si intense pour finalement le perdre, comme tout peut se perdre, au point de devoir en faire rien qu’une histoire d’amour comme les autres. Si je l’avais laissée sublime, immense, inaltérable, notre histoire, alors j’aurais dû en mourir. L’instinct de survie a joué sa partie. J’ai appris à repenser le monde joyeusement sans toi. Je suis en colère parce qu’il m’a fallu renoncer au merveilleux de nous pour accepter notre fin. Je t’en veux de n’être qu’un homme, faillible et imparfait. Et je déteste t’avoir renvoyé la même chose chez moi.
Bon, mais voilà. Hier j’ai mangé un poulet au curry, chez les meufs, au quai d’Alger.  Y avait de la cardamome, dans le plat. Deux graines, dans mon assiette. J’ai pensé à toi, quand tu en croques une, quand ça se répand dans ta bouche, ce goût puissant qui s’étale partout, langue, palais, dents. J’ai pensé au plaisir que tu décris à chaque fois: la surprise, la puissance, l’intensité. Je les ai mises de côté pendant que je finissais mon assiette. Je voulais les garder parce que d’abord j’aime pas trop leur goût, moi, une fois éclatées, puis de toute façon je voulais pas me séparer du souvenir qu’elles m’offraient, une surprise d’une autre forme. J’ai souri. 
Alors voilà. Je t’ai trompé, oui. Je t’ai quitté. Je ne t’ai plus jamais donné de nouvelles. Je vois pas comment je ferais sans nous blesser encore plus fort, et, faut le reconnaitre, chacun de nous a reçu une belle dose de douleur, déjà. 
Pourtant t’existes. Et même quand t’es pas dans ma vie, t’es sublime, t’es vivant, t’es drôle. Et la vie, c’est mieux avec l’idée de toi en train de te recoiffer à la vitre d’une voiture, la vague de ta chevelure comme la plus parfaite imperfection. Ne me reste donc qu’à faire la paix avec les beaux souvenirs de nous. Trouver ça encore un peu dingue, et le sublime, et le dramatique de tout ça. Laisser venir à moi le beau, le sensible, abandonner la culpabilité de l’échec, j’ai fait de mon mieux, je crois, vraiment. Toi pareil. Et ça n’a pas été assez. Ou c’était trop. Pas facile de savoir. 
Peut-être, un jour, on sera suffisamment forts, sages, inconscients ou extraordinaires pour se regarder en tendresse et se saisir et se porter et s’aimer à nouveau, quelle que soit la forme.
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tomub · 4 years
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J'ÉTOUFFE -
" Ce matin en me levant, j’étais déjà brisé. Il y a eu tant de matins comme celui-là.
Et chacun de ces matins laisse des traces. Des traces qui s’accumulent. Puis, ces cauchemars en sommeil, qui reviennent à chaque déflagration.
Ce qui se passe en ce moment aux États-Unis me trouble à la nausée. Ce n’est cependant pas de l’Amérique dont je désire vous parler. Mais de la France.
Par quelle extraordinaire magie celle-ci pourrait-elle rester en dehors de ce grand déballage ?
Car ce matin, en me levant, je me suis mis à pleurer. Sans contrôle, sans pouvoir reprendre mon souffle. Quelque chose venait de se briser. Je venais de comprendre que mon histoire avec la France venait de se terminer. Ce pays qui m’a accueilli il y a déjà plus de cinquante ans, qui m’a accompagné durant toute ma vie professionnelle, qui m’a donné de formidables récompenses, de difficiles responsabilités, de vrais accomplissements individuels et parfois même collectifs. Ce pays avec lequel j’ai toujours entretenu des rapports subtils entre méfiance désabusée et confiance réaliste, entre tolérance constructive et incrédulité atterrée. Un pays dans lequel, pourtant, je n’ai jamais mâché mes mots. Ma conception de ce pays venait de se liquéfier.
Trop de silence, trop d’ignorance, trop de mépris de l’autre, trop d’égoïsme, et surtout trop de déni ont eu raison de cette « construction », en fin de compte purement théorique, que je croyais maîtriser.
Oui, la France est dans le déni d’elle-même. Car la France se pense encore tout aussi glorieuse, tout aussi sereine, tout aussi vaillante que dans le passé qu’elle se raconte. Il y a quelques jours, l’historien Marcel Gauchet écrivait dans le journal Le Monde : « La France se pense comme étant au centre du jeu et les Français vivent largement sur cette idée. Valéry Giscard d’Estaing, le malheureux, avait un jour osé dire, dans un moment de sincérité mal inspiré : "La France est une puissance moyenne." Ce fut un tollé ! C’était pourtant prophétique. Depuis, personne n’a osé aller dans ce sens. Notre pays a un problème d’image de lui-même et d’appréciation réaliste de sa position dans le monde. »
« Notre » France (puis-je encore ?) n’arrive pas à lâcher prise sur sa gloire passée, ô combien héroïque en effet. Elle qui a enflammé les révolutions dans le monde entier. Elle qui reste, malgré tout ceci, le pays symbole des droits de l’homme. Mais l’empire s’est rebellé et l’emprise a dû céder. Et l’entretien du mirage commence à coûter cher à tout le monde.
Incapable d’apporter des réponses constructives à cette nouvelle réalité, paniquée devant une décadence qu’elle ne peut plus dissimuler, enivrée par les cris de sirène éplorée de quelques philosophes qui s’apitoient sur une possible « fin de civilisation », voire, cauchemar ultime (!), la « disparition de l’homme blanc » (sic ! Je vous jure ! À la télévision française). Alors qu’il faut juste faire l’effort de comprendre qu’on est simplement arrivé à la fin d’un bien trop lourd héritage d’injustice, de déni et de profits, construit sur la misère des autres.
La France est dans le déni, car elle refuse d’accepter d’avoir perdu sa place prédominante et son empire. Son titre symbolique de nation des droits de l’homme, elle l’a aussi perdu (les condamnations à la Cour européenne des droits de l’homme en font foi). Une place – il faut quand même le préciser – que la « racaille » de l’époque, affamée, délaissée et ignorée, aura imposée par le feu et par le sang en prenant la Bastille puis, au moment opportun, en stoppant le roi en fuite, à un rond-point de Gilets jaunes à Varenne. Cette partie-là, on préfère l’oublier. Ce sont les gueux qui commencent toujours à construire l’histoire ! Ce n’est qu’ensuite qu’elle est récupérée – comme d’hab ! – par le nouveau pouvoir, la nouvelle bourgeoisie, voire l’ancienne dynastie, après avoir modifié le nom du parti, pour « remettre en route l’économie » (slogan clé pour comprendre le capitalisme).
Cela fait plus de cinquante ans que je vis en grande partie en France. Cela fait plus de cinquante ans que j’anticipe cette fracture un jour ou l’autre. Cela fait plus de cinquante ans que, oscillant selon le moment entre témoin, observateur ou acteur, je constate, éberlué, les outrances, les mots racistes, les gestes racistes, les décisions racistes, les lois racistes, sans que personne ne brûle les Champs-Élysées ou, au moins, par dépit, le Café de Flore, au lieu du Fouquet’s pour changer (note aux trolls : ceci est une image).
Dans un film que j’ai réalisé en 2000 (!), Le Profit et rien d’autre (Arte), à la question rhétorique : « Pourquoi je fais des films ? » j’ai répondu : « Parce que c’est beaucoup plus convenable que de brûler des voitures. » Des amis ont cru que c’était un trait d’esprit.
La concentration de colère accumulée tous les jours dans le cœur de ceux qui « ne vous ressemblent pas », de ceux qui vous regardent du dehors à travers la vitre embuée, est incommensurable. Il est important de noter en toute transparence que j’écris tout ceci de la position d’un homme noir absolument privilégié à tout point de vue dans ce pays.
Imaginez un seul instant ce que ressentent les autres ?
La France est dans le déni et ses enfants n’ont plus le temps. Ses enfants « adultérins » ne veulent plus attendre. Ses enfants noirs, blancs, jaunes, arc-en-ciel s’agitent. « The native are restless », dirait le colon. Ils n’ont plus toute la vie devant eux. Ils voient bien que vous n’avez rien foutu de bien notable ces soixante dernières années, rien d’autre que gérer en pépère le patrimoine légué. Ils ont déjà vu bien trop de malheurs s’empiler devant eux. Et ils ont bien constaté quelque part que les « responsables » ne faisaient rien, que les « responsables » ne s’estimaient pas « coupables », et peut-être même, pire, que les « responsables » ne seraient même pas les « vrais » responsables, mais des exécutants. Ses enfants ont compris que ce sont les 1 % des 1 % des plus riches qui décident. Et ils n’ont même pas à lever un seul petit doigt pour le faire, car la machine fonctionne très bien toute seule. Les politiques zombifiés, soumis aux puissants, ne sont plus que des mini-capitaines essayant de rassurer les bonnes gens des premières et secondes classes sur le Titanic, quant au fait qu’ils maîtrisent bien la troisième classe et qu’il n’y aura pas d’émeutes – promis – pendant que le bateau s’enfonce de plus en plus vite dans la mer froide.
Qu’est-ce que tout ceci a à voir avec le racisme ? Un peu de patience. Avoir un peu de « contexte » permet de mieux assurer la cible.
Depuis la crise pétrolière des années 1970, le monde est rentré dans un nouveau cycle capitaliste. Cela a remis en question les rapports de force existants. Les anciens empires perdent leur exclusivité et refusent d’assumer que la gloire est (dé)passée et qu’il faut renoncer à l’idée de toute-puissance.
Alors, on fait porter les conséquences sur les autres. La majorité. On décide de faire des « réformes » vers le bas, de détricoter les acquis « trop coûteux », on invente un nouvel euphémisme : « rationaliser ». On dépouille les protections sociales, on rémunère les hôpitaux à l’acte, on « désosse » les écoles, on privatise à tout-va et on vend les bijoux de la reine, on bloque les salaires, on pille les pensions, on désocialise les plus faibles et délocalise les moins « performants ».
Pendant ce temps, les plus-values financières augmentent de manière exponentielle et se concentrent encore davantage entre les mains de quelques-uns. Au point que ceux-ci ne savent plus où cacher leur magot, face à des politiciens et à des parlementaires hébétés, ne pensant qu’à survivre à une ultime élection.
Ils ont raison de se soulever, ces jeunes. Ils ont raison de manifester, ils pourraient même avoir raison de tout casser (voilà, je l’ai dit !). Car l’État profond est sans tête (pensante), sans bras (actifs). L’État est paralysé et lui aussi démembré. Voici venir le temps des apprentis sorciers, des opportunistes, des populistes.
On a dit à la foule que l’État ne peut pas tout, que l’État est pauvre, qu’il fallait tenir-relancer-préserver-pousser-relever (au choix) la croissance. Comme il ne fallait pas toucher aux profits, les seuls paramètres restants étaient les salaires, les pensions, les services. Il fallait se « serrer la ceinture » pendant que d’autres (des boursicoteurs, des traders, des parlementaires, des ministres, des présidents, des hommes d’affaires, des patrons du CAC, des grands parfumeurs, des grands couturiers, des rois… et même des reines et des princesses) se goinfraient à l’étage.
Il fallait être « compréhensif » pendant que d’autres planquaient leurs revenus à la Bourse, au Luxembourg, au Panama et dans ces milliers d’autres fonds illicites. Ce qu’on appelle pudiquement l’optimisation fiscale est devenu une branche légitime de tout cabinet comptable qui se respecte.
Aujourd’hui, des milliers de milliards de capitaux flottent dans ces réseaux ; un argent devenu fictif, dont on ne sait plus très bien à quoi il sert. Mais les gens ne sont pas sots. Ils voient bien que quand la crise devient dangereuse pour le capital, des centaines de milliards surgissent de nulle part pour sauver les banques (2008) ou, plus anecdotique, la cathédrale Notre-Dame. Ils voient bien que l’impossible devient possible, lorsque les profits sont en danger. (Ils ne disent pas « les profits », bien sûr, mais « l’économie ».)
Les soignants manifestent depuis des années pour dire combien nos vies sont en danger. On les admoneste et on leur reproche d’être alarmistes et « paresseux » (!).
Les « gens » percent bien la rhétorique bancale. Quand il s’agit des banques, des fabricants d’automobiles, de l’industrie pharmaceutique, des Bourses, des spéculateurs, tout devient soudain possible : l’abandon des principes, la suppression des protections fiscales, environnementales, médicales, la déréglementation à gogo, la modification accélérée des barèmes, l’élimination ou l’amendement des normes de sécurité, les votes express au parlement, les mesures d’urgence, la loi martiale, et même : « laisser filer le déficit ». « Il faut relancer l’économie ! » s’époumonent-ils. Mais laquelle ?
Le pape Jean-Paul II, lors d’une visite dans « mon pays », en Haïti, en mars 1983, face à la dictature de Jean-Claude Duvalier déclare : « Il faut que les choses changent ici. » Comprenant parfaitement le message, les écoliers sont descendus dans la rue et, au péril de leur vie (que certains ont perdue !), ont fait partir le dictateur qui, pour l’anecdote, sera sauvé par ses amis américains et récupéré par un gouvernement français à qui on aura forcé la main. Pour raisons humanitaires, nous dira-t-on. Autant pour la souveraineté. On est plein d’humanité pour ses complices, moins pour ceux qui bravent le désert, la guerre, la Méditerranée, pour rejoindre un peu de paix et de survie.
Je mélange les genres, direz-vous ? Et le racisme dans tout cela ? J’y viens. Je veux simplement établir comment tout cela est lié. Et qu’il ne s’agit pas juste d’une question de « détestation » de « l’autre ». Tout est connecté. Je ne fais que raccorder les fils.
Car, comprenez-vous, le racisme brutal, laid, malveillant, n’arrive pas ainsi du vide. Il fait partie d’une histoire bien orchestrée. Une histoire qui commence dès le xie siècle, quand l’Europe (catholique) part en croisade vers l’est, pour exterminer les juifs et les musulmans (déjà !) ; puis vers l’ouest, pour décimer les Indiens d’Amérique ; puis vers le sud, pour violemment amputer l’Afrique de plus de 20 millions de ses habitants et fabriquer la plus vaste arnaque humaine qui soit et qu’on a pudiquement appelée le « commerce triangulaire ».Un triangle de la mort qui va littéralement construire Nantes, Bordeaux, La Rochelle, Saint-Malo, Le Havre, et j’en passe. Cette phénoménale accumulation de richesse lancera définitivement le système capitaliste moderne, tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Oui, tout est lié, voyez-vous. C’est bien la même histoire. Il n’y en a qu’une seule, malheureusement contée par ceux qui en sont sortis riches. Plus rarement racontée du point de vue de ceux qui en ont payé le prix.
Tout est donc lié.Les policiers qui ont mutilé l’anus de Théo L. ne connaissent probablement pas les détails de cette « grande histoire », mais, intuitivement, ils ont compris qu’il fallait taper fort.Les policiers qui ont étouffé Adama Traoré ne savent pas vraiment d’où vient la France, mais ils sentent diffusément, quelque part, au fond d’eux-mêmes, qu’ils font partie des « vainqueurs », alors ils frappent. Les policiers qui ont traqué comme des biches dans une chasse à courre deux adolescents, Bouna Traoré (15 ans) et Zyed Benna (17 ans), pour que, transis de peur, ils meurent électrocutés à l’intérieur d’une armoire de transformateur électrique, n’ont pas la moindre idée des ramifications de la « grande » histoire avec leur hallali suburbain. Mais, qu’à cela ne tienne : « Nom de Dieu, faire partie des gagnants ! Y a que ça ! » Ils soupçonnent vaguement qu’ils font le travail pour ceux qui ont planqué leur argent aux îles vierges, mais ils ne sont pas sûrs.
En fait, cette longue chaîne d’histoires apparemment dispersées, on voit bien d’où elle vient, pour peu qu’on se donne un peu de mal et qu’on fasse preuve d’un soupçon de jugeote. On voit bien qui en profite, on voit bien qui sert de chair à canon et qui sont « les travailleurs en seconde ligne », et ceux de toutes les autres lignes plus bas dans la hiérarchie. En allant plus loin et en essayant d’être un brin plus honnête, on voit bien que le racisme, ce n’est pas vraiment qu’on déteste les Noirs, qu’on déteste les Arabes, qu’on n’aime pas les Chinois, qu’on a peur des « racailles » de banlieue. Tout cela on le sait, bien sûr, et on le vit. Mais on voit tout aussi bien que, pris un à un, ils sont bien comme vous, ces braves beurs/blacks. Surtout lorsqu’ils gagnent des médailles bleu/blanc/rouge, nous font rire sur la scène, à la télévision, au cinéma et pleurer quand il/elle chante « si bien » le spiritual, le blues, la soul, même le rap. Tout ça, vous le savez. La question est maintenant de savoir ce que vous allez en faire. Réfléchissez bien avant de répondre. Car ceux qui arrivent ne sont plus aussi patients. Ni aussi pacifiques.
Lorsque les « déclarations » incendiaires proviennent – mine de rien – directement du sommet de l’État, la blessure n’est que plus profonde. De ces blessures spécifiquement françaises, j’en porte un sacré paquet depuis un temps. Et je n’en ai oublié aucune : les outrages grotesques de toute la famille Le Pen et associés, certes attendus, mais cela fait quand même mal ; les vociférations d’un Charles Pasqua ; le silence de Mitterrand ; les « odeurs » d’un Chirac ; les « glissements » d’un Jospin ; les insultes bonhommes d’un Sarkozy ; les « sans-dents », d’un François Hollande ; les « virevoltes » précieuses d’un Macron. Vous imaginez-vous comment cela est interprété par les sous-fifres ? De ministère à parlements, à préfecture, à commissariat ?
Les mots éclatent en mille morceaux létaux lorsqu’ils arrivent sur le terrain.
C’est ici, en France, que j’ai eu envie de dire ces paroles. Car à ce pays, j’ai consacré une part importante de mon énergie, de mon travail. Ne vous méprenez pas, ceci n’est ni une mise en discussion, ni une tribune, ni l’ouverture d’un forum quelconque. Je n’ai aucun dialogue à initier. Le temps pour cela est passé. Je ne suis plus disponible. Arrêtez une bonne fois de demander aux victimes de résoudre vos problèmes.
La France a contribué à la construction de la personne que je suis. À travers mes engagements dans et pour ce pays, j’ai essayé de redonner ce qu’elle m’avait apporté. Je ne pense pas avoir fait preuve d’ingratitude, me semble-t-il. Malgré l’aveuglement de cette élite, et plus particulièrement du monde culturel et politique que j’ai fréquenté.
Pardonnez-moi d’avance, mais je ne vois pas comment dire ces choses, autrement que brutalement. Je ne vois pas comment faire front à la paresse intellectuelle, au déni, à l’incapacité d’empathie, sans dire les choses crûment.
Je suis fatigué d’éduquer, d’être patient, de faire bonne mine contre mauvaise fortune, alors que je suis confronté à un racisme dégradant (conscient ou inconscient). Je suis fatigué d’être pédagogue ; je suis fatigué de retenir ma réponse brutale, alors qu’une apostrophe censée être drôle vient d’être émise, énième microagression déguisée sous une « bonne foi » infantile. Je ne veux plus gérer l’inconfort de la stupidité d’un moment.
Je suis fatigué d’être celui qui DOIT faire l’effort de compréhension, l’effort d’explication, l’effort de magnanimité devant votre « innocence ».
Oui, la France m’a beaucoup donné à titre individuel. Mais elle a tout repris à mon collectif. Combien de fois, en France, n’ai-je pas eu à répondre à un journaliste ou à un spectateur bien-pensant que mon film I Am Not Your Negro n’était pas un film sur les États-Unis. Je voyais bien comment cela rassurait que cela se passe là-bas, très loin, chez les affreux Américains, résolument d’épais racistes sans éducation et sans manières.
Que ce genre d’abus puissent se passer en France n’est pas imaginable. Je voyais bien dans leurs yeux qu’il fallait que je les rassure, qu’il fallait que je confirme que ÇA, c’est l’Amérique, PAS la France. Parfois, par politesse ou par fatigue, je me taisais. Je renonçais à expliquer, une énième fois, que c’était également la réalité française, tous les jours, systématiquement. Aussi brutale. Aussi vulgaire.
Mais il ne s’agit pas de dosage ici. Le racisme « light » est aussi du racisme. Il fait tout aussi mal. Surtout lorsqu’il perdure innocemment et s’accumule. Le raciste qui s’ignore remplit tout aussi bien sa tâche. Même caché derrière un paternalisme de bon aloi, il reste tout aussi brutal et efficace.
J’aimerais toutefois préciser que quand je parle de racisme en France, je ne parle ni de M. Zemmour, ni de M. Ménard, ni de Marine et consorts, faciles à identifier et qui sont là pour dire tout haut ce que d’autres disent en privé et pour servir de défouloir sociétal. Ce serait trop facile. Ils servent parfaitement bien à cacher la laideur envahissante et le silence de la majorité…
Certains, même dans la bien-pensante gauche française, sont passés maîtres dans l’artifice raciste sublimé, dans un langage nappé de sympathie coupable, qui désarçonne tout autant : « Ne sois pas parano, tu vois le mal partout, sois patient, pardonne-lui, il ne comprend pas, il est en colère, calme-toi, on t’aime beaucoup tu sais, mais tu devrais être plus reconnaissant, je n’étais pas obligé de t’aider, tu pourrais sourire, tu pourrais dire merci, et puis après tout, ce n’est pas si grave, tu t’en remettras, et puis tu es intelligent, tu en as vu d’autres, ce ne sont que des grands enfants, il faut les comprendre », etc.
Et ceci, tout le temps, sans discontinuer…
La France est dans le déni. James Baldwin dit que l’Amérique aimerait que Birmingham soit sur Mars. Les Français, eux, auraient aimé que le racisme, ça ne soit qu’aux États-Unis. Un jour, il y a déjà longtemps, j’écoutais d’une oreille distraite, un des amis de ma fille, raconter goguenard, un incident avec la police. Du haut de ses 14 ans, frimeur, il raconte comment il avait été gardé dans un commissariat pendant qu’un policier jouait à la roulette russe avec son pistolet pointé sur sa tempe de gosse. Il raconte l’histoire en rigolant. Mais je vois bien dans ses yeux d’enfant que cela laissera des traces. Pour sûr, le policier, lui, ne voit pas un enfant, mais un « délinquant ». Au mieux. Vingt ans après, je me demande encore ce qu’est devenu ce garçon.
C’est facile d’être du bon côté. Quel privilège de pouvoir juger les autres. De pouvoir dire combien « les réfugiés exagèrent », comment les sans-abri « pourraient faire un effort », qu’il y a « trop d’étrangers » et qu’on ne porte pas le « bon » prénom. Cela doit même être jouissif. Le pouvoir de dire « ce qu’on veut » sans aucune censure.
Toute ma vie, j’ai toujours dû faire attention à ce que je disais, comment je le disais, à qui je le disais. Cette « liberté de parole » dont on se délecte ici si friamment, j’en connais le prix. Je ne l’ai jamais tenue pour acquise. Face au cynisme ambiant, personne ne risque plus vraiment sa vie pour une cause, à part quelques anarchistes d’une autre époque.
La démocratie, c’est la paix en Europe, mais la guerre ailleurs. Confortablement installés dans un arrondissement sécurisé, nettoyé quotidiennement par des éboueurs « étrangers », alors que le reste du monde gémit. Ignorez-vous vraiment le prix de votre bien-être ? Ou faites-vous semblant ?
Le racisme ? Juste une partie de la topographie. Car tout est connecté. La recherche de superprofits qui écrase forcément un autre ailleurs, la destruction de la planète, l’exploitation des plus faibles, la haine de l’autre, la consommation à outrance, quel qu’en soit le prix (encore une fois payé par d’autres), tout cela, comme le miroir est brisé, rend négligent et indifférent.
« Jusqu’ici tout va bien », vous dites-vous, alors que le monde dévale étage après étage vers le fond.
La France, donc, est dans le déni. Et il est temps d’arrêter. Pas demain. Aujourd’hui. Que chaque citoyen prenne sa part du fardeau et arrête d’observer à distance. À l’instar de ces chroniqueurs silencieux regardant une jeune journaliste noire (Hapsatou Sy) se faire insulter et humilier publiquement, comme s’ils n’avaient humainement rien à dire sur le sujet et que la « Noire » était la meilleure « spécialiste » de la question. Ils regardent, circonspects, incapables de solidarité, incapables d’empathie, incapables de décence même, un lynchage public à la télévision française.
« God gave Noah the rainbow sign, No more water, the fire next time ! »
(« Dieu donna à Noé le signe arc-en-ciel, plus d’eau, le feu la prochaine fois ! »)
L’écrivain James Baldwin a dit tout cela, il y a déjà plus de cinquante ans ! Le même temps que j’ai passé en France. Et ce sont les mêmes qui continuent à payer ! Le coronavirus a rendu visible une part de ces vérités. Mais on est loin du compte. Les orphelins de la République descendent dans la rue, profitant de la vague qui dévaste les États-Unis. Alors qu’une autre jeune femme, Assa Traoré, demande justice depuis plus de quatre ans pour l’assassinat par des policiers de son frère Adama.
« I can’t breathe ! » « J’étouffe ! » a également crié Adama. Les policiers étaient français, comme l’est le dispositif mis en place pour étouffer la vérité. Les conjurés locaux n’ont rien à apprendre de leurs collègues américains. Je n’ai jamais cru à la « virginité » de la République, même si je la savais théoriquement capable de grandeur. Elle dépend toujours de la sincérité, du courage, de la clairvoyance des hommes et des femmes qui la servent. Or pour le moment ils sont tétanisés.
Pour finir, comment sortir de cette situation ?
L’État ? Défaillant.
Les partis ? En guerre entre eux, avec de moins en moins de convictions. Inaudibles. Laminés.
Les syndicats ? Chahutés sévèrement depuis cinquante ans, ils ont du mal à trouver la bonne parade.
Les élus ? Certains ont compris. Ils se battent. Mais ils sont isolés. Les maires et les « gens de terrain » ? Peut-être nos seuls espoirs. Car eux, au moins, ils sont obligés de se confronter à l’humain au quotidien. Ils sont dans le réel, dans la vie, la mort, les naissances, le malheur, les fêtes, les enterrements. Dans les bons et les mauvais moments, ils n’ont d’autres choix qu’être présents. Père, mère, confesseur et soignant à la fois. Eux, ils savent. Il faut tout reprendre à la racine. Tout mettre sur la table, pour tout reconstruire. Aucune institution ne doit y échapper. C’est le problème de chaque citoyen, de chaque institution, la presse comprise, de chaque conseil d’administration, de chaque syndicat, de chaque organisation politique, partout il faut ouvrir ce chantier car c’est à vous de résoudre ce problème, pas aux Noirs, ni aux Arabes, ni aux femmes, ni aux homosexuels, ni aux handicapés, ni aux chômeurs. On saura vous rejoindre en temps voulu. Une discussion locale, régionale puis nationale, en totale indépendance du pouvoir. Organiser des états généraux sans avoir à brûler la Bastille ? Un impossible rêve de citoyen ? La République tolérera-t-elle sa remise en question ?
« And here we are, at the center of the arc, trapped in the gaudiest, most valuable, and most improbable water wheel the world has ever seen. Everything now, we must assume, is in our hands […]. If we […] do not falter in our duty now, we may be able […] to end the racial nightmare, and achieve our country, and change the history of the world. If we do not now dare everything, the fulfillment of that prophecy, re-created from the Bible in song by a slave, is upon us : God gave Noah the rainbow sign, No more water, the fire next time ! »
« Et nous voilà au milieu de la courbe, pris au piège dans le plus voyant, le plus coûteux, le plus invraisemblable toboggan que le monde ait jamais connu. Il nous faut agir maintenant comme si tout dépendait de nous […]. Si nous nous montrons dignes […] peut-être la poignée que nous sommes pourra-t-elle mettre fin au cauchemar racial, faire de notre pays un vrai pays et changer le cours de l’histoire. Si nous n’avons pas, et dès aujourd’hui, toutes les audaces, l’accomplissement de cette prophétie, reprise de la Bible dans une chanson écrite par un esclave, est sur nos têtes : Et Dieu dit à Noé / Vois l’arc en le ciel bleu / L’eau ne tombera plus / Il me reste le feu*… »
Ce matin, en me levant… j’ai pleuré. J’ai pensé qu’un autre monde était possible, sans qu’on ait à mettre le feu partout. Maintenant, je ne suis plus sûr du tout.
9 juin 2020 "
- Raoul Peck - Réalisateur, scénariste & producteur.
https://le1hebdo.fr/journal/jetouffe/301/1/article/j-touffe-3898.html
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syruppawnao · 4 years
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Anniversaire Simeon 2-1 à 2-10
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Lucifer -… Oh, MC. Je peux te faire une tasse de café ? Les jumeaux sont en retard. Ils feraient mieux de ne pas flâner quelque part… MC - Ils sont allés chercher un cadeau. / Ils pourraient avoir du mal à trouver des fruits crimson dogwood Lucifer - Un cadeau ? … Ah, Belphie vient de m'envoyer un message. ‘’Simeon nous a demandé de trouver des fruits de crimson dogwood’’… À bien y penser, Simeon et moi sommes allés en chercher pendant une excursion scolaire il y a longtemps. On dit que le fruit du crimson dogwood est incroyablement délicieux, mais nous n'avons jamais pu en trouver. Alors cet échec le dérange encore après toutes ces années… D'ailleurs, quelle était sa demande pour toi ? MC - C’est un secret entre nous. / Quelque chose que nous pouvons utiliser ensemble. Lucifer -… Maintenant, tu as piqué mon intérêt. Bien que je doute que Simeon me le dise non plus. Je me demande ce qu'il compte me demander…
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Lucifer – Je ne comprend pas pourquoi Simeon n'est pas encore venu me voir avec une demande. Chaque fois que je demande, il dit que je n’ai rien à préparer ou que Diavolo connais les détails. Je suis plus que capable de préparer n'importe quel cadeau d'anniversaire… À quoi peut-il bien penser ? MC – Tu ne peux pas savoir ? / Vous êtes vraiment proches. Lucifer – Tu donne l'impression que ça fait chaud au cœur. Eh bien, il est vrai que notre connexion est profond. Sinon, pourquoi serait-il ici dans le Devildom ? Asmo - Oooh ? Parlez-vous de quelque chose de profond ? Lucifer -… Petite conversation, rien de plus. Qu'est qu’il y a ? Asmo - J'ai une petite question pour toi, Lucifer. As-tu déjà entendu parler de l'arôme innocent ? Lucifer - L'arôme innocent ? Asmo - Mhm. Simeon m'en a demandé, mais je ne trouve aucune information à ce sujet. Lucifer - Le nom sonne vide, mais… Asmo - Allez, réfléchis ! Lucifer – Garde ta voix basse. C’est le milieu de la nuit. Pourquoi tu n’attends pas le matin et d’aller demander à Simeon ? Asmo - Parce que je suis tellement curieux que je n’arrive pas à dormir ! Lucifer – Met toi au lit et ferme les yeux. Et compte les pages les moutons. Asmo - *pout* Lucifer, tu es si méchant… Lucifer - Ugh. Cet ange astucieux fait danser complètement mes frères sur son air.
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Mammon - Ah, bon sang ! Vendu ici aussi… Asmo - Que fais-tu, Mammon ? T’es yeux étaient rivés sur ton D.D.D pendant les cours. Le professeur l'a remarqué aussi, tu sais ? Mammon – Je suis censé faire quoi d’autre, hein ? Trouver ce 666 vintage est terriblement dur. Je suis les enchères depuis le lever du soleil, mais je n'arrive pas assez vite… Asmo - Je suis dans le même bateau. Personne ne sait rien de l'Innocent Aroma. Et même si je voulais demander à Simeon, il ne semble pas être là aujourd'hui… Mammon -… Alors ? Levi - Hm ? Mammon - Que fais-tu avec cette caméra vidéo ? Levi - Ceci est pour la vidéo d'anniversaire de Simeon. J'ai besoin de matériel pour les segments de la vie quotidienne. Asmo – Veux tu un clin d'œil séduisant? Dois-je me déshabiller un peu ? Levi - Quelle partie de la « vie quotidienne » tu ne comprends pas ? MC - C'est tous les jours comme ça pour lui. / Film loin. Asmo - N'est-ce pas ? ♥ Levi - MC, n’encourage pas Asmo s’il te plaît. Solo - Bonjour à tous. Luke - On pouvait t'entendre à des kilomètres de là. Vous ne savez pas comment être plus subtile, les démons ? Mammon - Vous avez préparé le cadeau de Simeon ? Luke - Il ne reste plus qu'à le cueillir lors de la prochaine pleine lune ! Ensuite, Solomon va lancer son sort ! Mammon – Cueillir ? Sort? Luke -… O-Oublie ça ! Ce n'est rien ! Mammon – Ça n’a pas l’air rien. Allez, crache le morceau.
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Luke - Arrête de me piquer les joues ! Je veux que ce soit une surprise cette fois, d'accord ? Alors je ne dis pas un mot de plus ! Mammon – Tu est bien enthousiaste aujourd'hui, Fido. Luke - Ne m'appelle pas Fido ! Asmo - Pendant que tu es ici, Solomon, tu n’aurais pas entendu parler de l’arôme innocent, n’est-ce pas ? Solo – Oui j’en ai entendu parler, pourquoi ? Asmo - Je le savais, bien sûr que tu ne sais pas… Attends, tu le sais ? Asmo - Qu'est-ce que l'arôme Innocent ? Solo - C'est un arôme créé à partir de l'eau de la source Phantom et des larmes versées pour quelqu'un de spécial. Tu dois simplement combiner ces deux ingrédients. Quant à ses effets… Je pense que c'était pour la détente ? Ou une bonne nuit de sommeil ? Je suis désolé, je ne me souviens pas des détails. Asmo - Non, c’est bien assez ! Tu es mon sauveur, Solomon ! Solo - Si c’est tout, on doit repartir. Luke - Bonne chance avec vos cadeaux, les gars ! Asmo - Et bien, savoir comment faire l'Arôme Innocent est bien beau, mais… je ne sais pas où trouver l'eau de source Phantom. Cela pourrait prendre une éternité… Mammon - Tu as besoin d'eau de source Phantom ? J'en ai dans ma chambre, en fait. Asmo - Hein ? C’est pas vrai! Donne-moi-en ! Mammon - Cool, d'accord ? Je l'ai acheté, donc je ne vais pas le donner pour rien. Je vais t’offrir une réduction spéciale pour les frères ! On va partir sur 50 000 Grimm? Asmo - Ugh, mon argent pour le spa… MC - Pourquoi ne pas le lui donner ? / Est tu vraiment sûr (sorry je n'ai pas réussi à traduire concrètement) Levi - Le voilà ! L'attaque des yeux brillants de MC ! Mammon - Depuis que tu as demandé si gentiment… Très bien, je te le donne en échange de cinq changements de service de cuisine. Levi - Dadadada-da-da-da-dada ! Asmo a acquis l'eau de source Phantom ! Mammon - Hé ! Épargne-nous le commentaire du RPG ! Asmo - Maintenant que j’ai obtenu de l’eau de source Phantom de Mammon… Il ne reste que « des larmes versées pour une personne spéciale ». En d’autres termes, je vais devoir pleurer pour ma beauté ! MC – Typical Asmo / Cela fera-t-il l'affaire ? Mammon - Hein ? Es-tu sûr que ça va faire l'affaire ? Asmo - Oh, allez. Y a-t-il quelqu'un de plus spécial que moi ? Mammon -… Non.
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Simeon - Bonjour, MC. Tu rentres ? Est ce que je peux t’accompagner un peu ? Nous pourrions même nous arrêter quelque part si tu a le temps. MC - Pouvons-nous parler quelque part loin des regards indiscrets ? / Est il possible de s'arrêter au Purgatory Hall ? Simeon - « Loin des regards indiscrets », dis tu ? D'accord. Que dis-tu de ma chambre ?
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adrasthee · 4 years
Note
“I don’t think cold weather is an excuse to drink ten times more coffee.” MC
I wrote this in French first so have the two versions! (Also oh god I need to write more in French it’s been so long). Anyways, English at the end! Also did you know changelins had true names and MC is weirdly good at finding them? :D
-A
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"Je ne suis pas certainx qu'un temps froid soit une bonne excuse pour boire dix fois plus de café, Ian…" MC soupira.
Sans baisser son regard ni briser le contact visuel, l'interpellé porta sa tasse à ses lèvres et cala son contenu.
"Tu dis ça mais t'es celle-lui qui ne sait pas ce que "froid" veut dire."
Et un deuxième soupire. Ian eut pour ul un sourire moqueur, avant de se lever, tasse en main, pour aller se resservir une onzième fois. S'il avait originalement pensé arrêter trois tasses plus tôt, la tête qu'avait fait MC lui avait donné envie de continuer et son commentaire n'avait que cimenté sa résolution de continuer.
Les jambes de Ian tremblaient. En fait, tout son corps tremblait, et pas qu'un peu. Il se sentait presque comme une figure de jello frappée à répétition par des enfants ennuyés. Sa tête lui faisait mal. Un peu… beaucoup.
Il n'allait pas bien et ça se voyait.
Remarquant l'état dans lequel se trouvait son ami, MC le pris par le bras.
"Je suis sérieuxe. T'as pas l'air bien. Arrête."
Ian baissa le regard.
"T'es pas mon parent."
"Ian."
"Oh ta yeule! C'est pas toi qui a une vie courte comme le crisse!" Il libéra son bras d'un mouvement sec. "C'pas toi qui doit profiter de chaque seconde comme si c'était la dernière parce que ce pourrait très bien l’être! C'pas toi qui est tellement terrifié de plus ouvrir les yeux si t'es fermes que tu dors plus!"
"Ian… quand est-ce que tu as dormis pour la dernière fois?"
"..."
Ul lui jeta un regard attristé.
"On dirait que tu es sur le point de t'effondrer."
"Si je veux pas dormir, je dors pas."
"Plus de café."
"N-"
"Oui. Va-t'asseoir. Une sieste ne te tuera pas."
"Em, je-"
"Eoin, dors."
Ian s'immobilisa pour un bref instant, écarquillant les yeux alors que son souffle s'étrangla dans sa gorge. Sans un mot, sans un son, il s'effondra telle une poupée de chiffons et MC eut le plus grand mal à l'attrapper avant qu'il ne heurte le sol. La tasse qu'Ian avait à la main éclata avec le sol, mais ne parvint à ébranler le profond sommeil du changelin.
MC le pris dans ses bras telle une mariée, puis le porta à sa chambre, afin de le mettre au lit.
"Dors tant qu'il te le faudra, Eoin, mon vieil ami."
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“I don’t think cold weather is an excuse to drink ten times more coffee, Ian…" sighed MC.
Without breaking eye contact, the changelin brought the mug to his lips and chugged down what was left of his coffee.
“You say this but you’re the one that doesn’t know what ‘cold’ is.”
And another sigh. Ian had for them a mocking smile, beforing standing up to get himself an eleventh cup. If he had originally planned to stop three coffees earlier, the face MC had when they had seen him had given him the need to keep on drinking more, and the recent comment had only cemented his resolve.  
Ian’s legs were trembling. Actually, his entire body was, and not just a little bit. He almost felt like a jello figure constantly hammered down by bored children. His head hurt. A little… lot.
He wasn’t faring good and it showed.
Noticing the state in which their friend was, MC took his by the arm.
“I’m serious. You don’t look good. Stop.”
Ian looked down.
“You’re not my parent.”
“Ian.”
“Oh shut up! You’re not the one with a life short as fuck!” He yanked his arm free. “You’re not the one that needs to enjoy every single second of your life as if it was the last, because it could very much be! You’re not the one so terrified of not waking up if you close your eyes for too long that you can’t sleep anymore!”
“Ian… when did you last sleep?”
“...”
They had a sad look for their friend.
“You look like you’re about to collapse.
“If I don’t want to sleep, I don’t sleep.”
“No more coffees.”
“N-”
“Yes. Sit down. A nap won’t kill you.”
“Em, I-”
“Eoin, sleep.”
Ian froze for a brief instant, eyes widening as his breath itched in his throat. Without a word, without a sound, he collapsed like a ragdoll, and MC barely had time to catch him before he hit the ground. The mug Ian had in hand crashed on the ground, shattering loudly, but the noise did not succeed in waking the changelin from his slumber.
MC lifted him up bridal style and carried him to his room to tuck him in bed.
“Sleep as you need, Eoin, old friend.”
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manotelier · 4 years
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Note : Ces personnages m’appartiennent ainsi que l’univers. Aucune correction n’a été faite après l’écriture de ce petit extrait. Veuillez m’excuser des fautes que vous risquez de trouver. 
   La cuisine reflète l’âme d’une personne.
C’est ce que son père lui répétait souvent, une cuillère de sauce brûlante dans la bouche. À travers les plats et les saveurs, on pouvait exprimer tellement de choses, de paroles et de pensées. Cela pouvait être un acte d’amour comme un acte de regret ou bien de pardon, on pouvait même utiliser la cuisine pour montrer son pouvoir, sa puissance ou sa bravoure. La cuisine avait plusieurs personnalités, elle pouvait être très épicé et chaude dans le sud comme très douce et légère dans le nord. On pouvait la consommer avec les doigts ou bien la fourchette et on dit même que le peuple de Kasma utilise des baguettes, oui vous avez bien lu des baguettes ! N’est-ce pas incroyable ?
   La jeune femme glissa son foulard de couleur orangé dans ses cheveux noirs et bouclés avant de passer ses mains sous l’eau glaçante, se débarrassant de tout microbe qui pouvait être nocif pour l’être humain. Elle jeta un coup d’oeil dehors, le ciel était bien noir et le soleil n’avait toujours pas montré le bout de son nez. Aucun bruit ne se faisait entendre dehors, pas même le chant des insectes ou les petites querelles entre chats, tout le monde était plongé dans un profond et doux sommeil. Mais les cuisiniers ne dormaient pas. 
    Il fallait commencer à vérifier les ustensiles, nettoyer la salle puis la cuisine, commencer la préparation des légumes et noter ce qu’il manquait. Il fallait aussi faire l’inventaire et vérifier si il n’y aurait pas un manque de viande pour les deux services. On ne pouvait pas faire une grasse matinée quand on était chef du restaurant de la ville. Non, on ne pouvait pas s’offrir ce luxe. Noor attrapa tout doucement une feuille où se dressait de nombreux noms de légumes qu’il fallait avoir pour le service d’aujourd’hui. On trouvait de tout : des poivrons, des choux de bruxelles, des poireaux, des navets.. Le restaurant familial proposait une bonne liste de repas traditionnels que les habitants aimaient consommer. Il arrivait même que le père de Noor s’absente car les villes voisines demandaient de ses services quand on recevait des gens importants. Malheureusement, à part les chefs de tributs, personne de haut nommé venait dans la ville. Mais ça importait peu à Noor qui elle, était plus intéressé, par les marchands étrangers qui venaient une fois dans l’année, pendant un mois. Elle découvrait tellement de choses différentes et surtout elle pouvait s’acquérir des ingrédients qui étaient introuvable dans Aman.
   Après avoir nettoyer la salle, Noor se laissa tomber sur une chaise et retira le foulard qui tenait ses boucles qu’elle détestait tant. Souvent, elle se demandait même pourquoi elle était la seule à avoir les cheveux aussi secs quand ses soeurs avaient soit de beaux cheveux bouclés, soit des cheveux lisses. Mais il n’y avait pas de réponse et elle le savait très bien. Noor laissa son regard se balader un peu partout dans la pièce avant de déposer son regard sur la grande fenêtre qui donnait vu sur la grande place où on l’on retrouvait absolument tout ce qui était important à la ville. La seule chose qui n’était pas là était le palais de la Reine, celui-ci était situé plus haut aux pieds des montagnes abandonnées. On y trouvait là-bas un Vizir, quelques conseillers et les quatre chefs des Ksours de la ville. En réalité, le Vizir n’avait pas autant de pouvoir que les quatre chefs. Lui était seulement là pour envoyer des rapports à la cour de la Reine mais tout ce qui se passait dans Ifey venait des chefs, c’est eux qui décidaient des affaires du peuple. Ils n’avaient pas vraiment besoin de ce vizir mais ils étaient forcés d’accepter sa présence. Il représentait l’autorité de la Reine.
   La place abritait de nombreux magasins aux stands différents. Épices, légumes, fruits, maquillages, bijoux.. On retrouvait à peu près tout ce dont on avait besoin dans ce seul endroit. Bien sûr il arrivait que d’autres magasins se trouvaient un peu partout dans Ifey mais tout était principalement dans la grande place. Ifey était une grande oasis mais n’avait pas un nombre énorme de citoyens alors tout le monde se connaissait ici, tout le monde pouvait être victime des petites rumeurs. Tout se répandait très vite ici. Il était mieux de rester loin de ces rumeurs et de ne rien faire qui pourrait être le sujet du soir autour d’un verre de thé chaud et de cacahuètes. Le soleil venait seulement de se lever et on entendait déjà le bruit des installations des stands. Aujourd’hui était Vendredi, un jour un peu plus spécial que les autres jours. On ouvrait les magasins plus tôt, le café de la place avait déjà posé ses chaises sur la Terrace et le patron attendait ses clients assis au comptoir, le journal à la main. Les enfants se rendaient à l’école en chantonnant et les adultes se préparaient pour partir prier. C’était un jour que Noor appréciait particulièrement car le restaurant était deux fois plus rempli que d’habitude puisqu’il n’ouvrait qu’à partir de dix sept heures. La ville devenait fantôme après la deuxième prière et ne reprenait vie qu’à la fin de l’après-midi. Noor salua son père qui venait de rentrer dans la salle, le sourire aux lèvres. Il déposa sa main sur sa tête et la tapota tout doucement, la remerciant de son travail. Grâce à elle, son père pouvait dormir toute la matinée. L’âge commençait à se ressentir et il ne trouvait plus la force de se lever très tôt pour préparer tout ce qu’il fallait faire. Noor avait vu ça comme un exercice, un devoir qu’elle devait remplir pour se rendre fière mais aussi rendre son père fier. 
   — Haj Abdelwafi n’est pas très malin d’ouvrir si tôt. 
    Noor posa ses yeux sur le café puis haussa les épaules en souriant.
— Tu sais très bien que pour lui ce n’est pas vraiment du travail, juste quelque chose pour passer le temps. 
— Alors que pour nous.. 
Les deux se regardèrent en souriant puis chacun quitta la salle. Noor monta à l’étage du restaurant et se rendit dans une petite pièce qui servait de salle de repos pour toute personne travaillant ici. Il n’y avait encore personne puisque le service ne commençait que tard dans l’après-midi. Elle avait encore le temps de pouvoir faire ce qu’elle voulait. Noor attrapa le coffre caché derrière le miroir et sortit la clef de son tablier. Elle ne rentrait pas souvent chez elle, préférant rester au restaurant ou chez ses grands-parents. La jeune femme avait installé un coffre où elle avait déposé des affaires de rechange, un caftan, des gandouras et un haïk. Elle fronça les sourcils en voyant un track rouge entre les tissus et l’attrapa. Son coeur commença à battre en voyant les inscriptions sur le papier et elle regarda autour d’elle, se demandant comment ce papier avait pu arrivé ici. L’avait-elle oublié dans une de ses manches ? Non ce n’est pas possible.. Quelqu’un avait donc forcé le coffre et déposé ce papier. La jeune femme glissa le papier dans son tablier et attrapa son haïk. Une pièce d’étoffe blanche en grande dimension qui était soit confectionné en l’aine pour l’hiver ou en coton pour l’été. Elle enroula le tissu autour d’elle de sorte à ce qu’on ne voit plus  que le début de ses bras. Elle quitta rapidement le restaurant puis se fondit dans les rues. On ne voyait plus son visage, seulement une petite ouverture du drap blanc pour pouvoir voir où elle mettait les pieds. Noor continuait de marcher assez vite, le coeur qui battait toujours autant fort. Elle ne s’arrêta que quand elle arriva dans une petit cour où elle trouva un groupe de plusieurs femmes. L’une d’elles se tourna vers Noor et aborda un très grand sourire en s’approchant d’elle.
— Noor ! Quel plaisir de t’avoir ici.
— Bouchra, c’est quoi ce message ? 
La jeune femme attrapa le bras de Noor et lui fit signe de parler moins fort.
— Nous devons agir aujourd’hui. C’est aujourd’hui qu’il se rendra au Fileg. 
— Mais on est Vendredi tout le monde sera là..
Boucha fronça les sourcils et serra plus fort le bras de Noor qui lâcha un petit grognement de douleur. Elle comprit qu’elle n’avait pas le choix et qu’elle devait s’exécuter au risque d’avoir des répercussions. Noor regarda les autres femmes, elles étaient au moins dix, portant exactement la même tenue. Il fallait donc se séparer en deux groupes afin que le plan fonctionne. Noor attrapa le paquet d’affiches en pinçant ses lèvres puis elle fait signe au premier groupe de la suivre. Il fallait être rapide et ne pas se faire prendre. Noor regarde de gauche à droite avant de cacher tout son visage avec le tissu blanc qu’elle portait. La jeune femme se tourna vers le groupe de femmes derrière elle qui n’attendaient que le signal de Noor. Quand elle leva sa main en l’air, elles s’avancèrent chacune assez rapidement, dépassant même Noor qui n’avait toujours pas bouger. Les femmes se plaçaient devant des stands, commençaient à discuter avec les marchands en faisant un gros brouhaha afin d’attirer l’attention sur elles. Noor vérifia une dernière fois s’il n’y avait aucune présence militaire et s’engagea dans la rue où elle commença à glisser des prospectus dans la poche des personnes, accompagné d’une autre jeune femme qui lui glissait le prospectus dans la main. Sa main était si rapide qu’il était difficile pour le duo de fonctionner en même temps, Noor était plus rapide que sa cadette et elle devait des fois attendre devant un stand, faisant semblant d’être intéressé par les gros sceaux d’épices diverses.
— C’est pas possible d’être aussi lente. grogna Noor en regardant sa camarade arriver vers elle en trébuchant presque. 
Noor soupira une nouvelle fois avant de tendre sa main libre pour attraper les papiers mais c’est une autre main qui rencontra la sienne. Une main bien plus grosse et plus forte que sa camarade. Elle n’avait même pas le temps de relever les yeux qu’elle se fit tirer dans une ruelle sous les yeux impuissants de la jeune cadette. Noor commença à traîner des pieds, tirant violemment sur son poignet afin de se libérer des mains de cet personne qui devait sûrement être un militaire. Son cœur battait très vite, elle savait très bien ce qu’il allait lui arriver si elle se faisait attraper en train de distribuer des tracts à objet politique.. Elle perdrait tout; son statue, l’honneur de sa famille et sa place dans le restaurant. 
— Noor ça suffit!
Alors qu’elle était sur le point de jeter la pierre sur l’homme, Noor s’arrêta en pleine action quand elle entendit la voix rauque qu’elle connaissait par coeur. Une voix qui avait murmuré tant de mots doux dans son oreille; une voix qui lui apportait sécurité et amour, une voix qu’elle adorait entendre depuis son petit âge. Noor lâcha brusquement la pierre qui tomba en même temps que le drap qui couvrait son visage. La jeune femme déposa son regard dans les prunelles du jeune homme qui n’avait pas vraiment l’air ravi de voir la jeune femme ici.
— Safwan... disait-elle d’une petite voix, honteuse de s’être fait attrapé en pleine action.
Le jeune homme n’avait même pas le temps de répondre qu’il poussa délicatement la jeune femme contre le mur et posa son doigt sur ses lèvres pour qu’elle ne fasse plus aucun bruit. Il tourna le regard vers la gauche et regarda les hommes armées en train de crier. Noor retenait sa respiration, ses yeux ne quittaient pas le visage du jeune homme qui examinait la situation. Son coeur continuait de battre très vite mais pour une raison complètement différente cette fois-ci. Elle n’avait pas vu Safwan depuis ci- longtemps et même si elle savait qu’elle allait passer un mauvais quart d’heure, elle ne pouvait s’empêcher d’être heureuse. Noor déposa sa main sur le bras droit du jeune homme qui posa enfin son regard sur elle. Sous ses longs cils abordait un regard dur et en colère, ses sourcils étaient froncés et sa mâchoire serré. On pouvait voir une barbe naissante sur ses joues et des cernes qui séjournaient sous ses yeux d’automne. Safran avait un visage mûr, marqué par la difficulté de son poste. Après tout être chef de tribu à seulement vingt sept ans était plutôt difficile. Safwan lança un dernier coup d’oeil sur la rue avant de se reculer et de déposer sa main sur son sabre. 
— Tu peux m’expliquer ce que t’étais en train de faire? 
— Je peux tout expliquer !
— Tu es une rebelle Noor ?
Elle ouvrait grand les yeux, ne s’attendant pas du tout à cette question. Bien évidemment qu’elle n’était pas une rebelle ! Enfin, c’est ce qu’elle se disait ! La jeune femme secoua ses mains en s’approchant du jeune homme et lui attrapa ses mains. Elle serra celles-ci comme pour le convaincre du contraire. Elle venait de se faire prendre en plein flagrant délit de propagande et pas par n’importe qui. Par un chef de tribu et surtout, par son fiancé. 
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santebeaute · 4 years
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Des conseils de beauté, de bons trucs qu ‘il faut savoir
Bien que ce soit une idée merveilleuse que la beauté existe dans l’œil du spectateur, chacun de nous veut être aussi beau que possible non seulement dans nos yeux, mais aux yeux des autres aussi. Aussi commun que cela puisse paraître, beaucoup de gens ne sont pas familiers avec les bases de la beauté. Cet article fournit plusieurs conseils que vous pouvez appliquer pour aider à mettre sur votre meilleur visage.
Vaporisez légèrement votre visage avec une brume hydratante pour que votre maquillage dure plus longtemps. La brume aidera à mettre votre maquillage, le garder à l'air frais et vous donner ce maquillage juste fait chercher des heures. C'est idéal pour garder votre maquillage en place pour ces longues journées au travail ou des nuits avec des amis.
Si vous voulez ajouter une pincée de couleur à votre visage à midi, envisagez de s'approvisionner sur un bâtonnet de fard à joues à la crème ou d'un blush à base de gel. Appliquez une petite quantité aux pommes de votre joue, puis mélangez en mouvements circulaires. Cela maintient votre visage à la recherche fraîche dans un naturel et facilement appliquée d'une manière qui est particulièrement flatteur.
Lorsque vous limez vos ongles, assurez-vous de ne pas déposer dans une seule direction. Ceci peut mettre l'effort sur vos ongles et les faire affaiblir, devenir mince et se casser facilement.
Portez des gants lorsque vous appliquez des lotions de bronzage et gardez une serviette près de chez vous. Ceci vous aidera si vous faites un désordre et pour garder vos paumes de tourner orange ou Tan. Vous devez également vous assurer de tirer vos cheveux en arrière afin que votre bronzage est uniformément appliquée.
Pour aider votre eyeliner durer toute la journée, appliquez une fine couche de fard à paupières dans une couleur correspondante sur le dessus de celui-ci. La plupart des eyeliners ont tendance à se faner ou courir tout au long de la journée. Ceci est particulièrement vrai pour les crayons d'eyeliner à base d'huile. Vous pouvez éliminer ce problème en brossant une couche de fard à paupières correspondant directement sur le dessus de l'eyeliner à l'aide d'une brosse de maquillage mince. Cela aide à le mettre de sorte qu'il reste en place toute la journée.
Vous n'avez pas besoin de dépenser beaucoup d'argent sur un masque de conditionnement de fantaisie profonde. Il ya beaucoup de recettes que vous pouvez faire à la maison qui comprennent des aliments remplis de nutriments qui sont grands pour vos cheveux. Un grand comprend des fraises en purée et assez de mayonnaise pour faire une pâte à tartiner. Laissez-le dans vos cheveux mouillés pendant 10 minutes et rincez.
Pour des résultats lisses et sans stries, Exfoliez votre peau avant d'appliquer l'auto-bronzant. La peau morte et sèche peut provoquer l'auto-bronzant à absorber de façon inégale. Cela peut entraîner des stries, taches et des zones de couleur qui sont plus sombres que ce qu'ils devraient être. Vous pouvez éliminer ce problème en exfoliant votre peau avant d'appliquer l'auto-bronzant. En éliminant les cellules mortes de peau, l'exfoliation peut aider à s'assurer que vous-même Tanner absorbe uniformément et vous donne une belle lueur sans stries.
Obtenez votre sommeil pour vous garder à la recherche belle. Ne sous-estimez pas la puissance du sommeil rare pour vieillir votre visage, et votre corps. Vous avez besoin de six à huit heures de sommeil par nuit pour rajeunir votre corps, votre peau et votre cerveau. Tous sont des éléments importants dans votre santé personnelle globale.
Si vous obtenez continuellement l'acné seulement d'un côté de votre visage, il pourrait être causé par votre téléphone cellulaire. Assurez-vous de nettoyer votre téléphone cellulaire régulièrement pour enlever la saleté et l'huile. Vous pouvez également essayer de changer de côté chaque fois que vous parlez sur le téléphone pour donner le côté de l'acné sujette à votre visage une pause.
Chutney à feuilles de curry est idéal pour prévenir les poils gris. Le chutney de feuille de curry aide dans les cellules formant des pigments qui donnent à votre couleur de cheveux. Vous avez seulement besoin d'environ une cuillère à café.
Pour égayer votre peau, essayez de faire des masques de visage faits maison. Masques de visage peut généralement être faite à partir de choses que vous avez autour de votre maison et donnera à votre peau une belle lueur naturelle. Recherchez des recettes de masque avec des ingrédients comme le jus de tomate, la poudre de Sandlewood ou la farine d'avoine. Toutes ces choses sont super pour votre visage!
Les grands pores sur le visage sont un problème commun et peuvent être aidés. L'âge et la génétique sont la cause de grands pores et il ya un moyen d'aider à les réduire, aller à la dermatologue ou Spa. Là vous pouvez recevoir un traitement de microdermabrasion qui enlèvera doucement la couche supérieure de la peau morte et diminuera la taille de pore.
Voici un grand et souvent négligée astuce qui peut rendre quelqu'un de mieux. Vous avez pris soin de vos sourcils et il devrait toujours y avoir deux d'entre eux.
Le gingembre va faire pousser vos cheuveux rapidement
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alexar60 · 5 years
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Sur la route
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Ma journée fut longue et fatigante, du coup j’avais décidé de partir en weekend à Pornic dans la résidence secondaire de ma famille. C’est une grande bâtisse bourgeoise possédée par mes grands-parents et dont leurs enfants eurent du mal à se séparer après leur décès. Mes parents et mes oncles décidèrent d’en faire une villa de vacances permettant ainsi de garder contact. Je partis tardivement après le travail ; il devait être presque 23 heures quand je démarrai ma voiture.
Avec la pluie, la route devint dangereuse. De plus, mes yeux commencèrent à se fermer. D’ailleurs je risquai un accident sur l’autoroute en déboitant sur l’autre file, je profitai d’une aire de repos pour dormir un peu. En dehors des employés et quelques camionneurs, le magasin était pratiquement vide. Je remarquai une caissière en train de discuter avec un de ces chauffeurs roumains ou polonais. Il la draguait, le coude sur le comptoir, racontant je ne sais quoi pendant qu’elle souriait et enroulait une mèche de cheveux autours de son doigt, tout en soupirant des yeux. Je me dirigeai aux toilettes pour pisser puis passer de l’eau sur mon visage  afin de reprendre mes esprits. Je pris un café mais je sentis que j’avais besoin de sommeiller un peu. Je retournai dans ma voiture dormir avant de reprendre la route. Il était minuit et demi.
Le tapotement sur la vitre me réveilla. J’ouvris pensant au chauffeur roumain. Je ne sais pas pourquoi mais j’étais persuadé qu’il allait me demander un préservatif. Mais non ! C’était une jeune femme, habillée d’une longue robe noire tellement échancrée qu’elle laissait paraitre ses cuisses et ses hanches d’une blancheur anormale. Elle me fixa d’un regard à la fois sombre et profond. J’eus d’abord l’impression qu’elle n’avait pas d’yeux mais finalement je constatai qu’ils étaient noirs, si noirs qu’on ne voyait pas leur blanc. Elle porta une lampe dans chaque main, l’une éteinte en hauteur, l’autre, allumée plus basse ; les deux ressemblèrent à une sorte de balance rappelant le symbole de la justice. Je pensai à une prostituée surtout qu’elle m’accosta d’une voix froide limite glaciale par : « Vous devriez me suivre et venir». Je répondis ne pas être intéressé, cependant elle insista, tapant une fois puis une seconde fois contre la vitre qui nous séparait. Enervé, je préférai partir car ce genre de nana est souvent protégé par quelque molosse protecteur. Je quittai donc le parking, reprenant ma route pour le bord de mer. La radio annonça qu’il était 2h30 du matin.
Il y avait très peu de voitures sur l’autoroute, par moment, je n’en aperçus aucune. Vers 3h45, j’atteignis le Mans, mais une fois, avoir dépassée la ville, je remarquai avoir oublié de faire le plein. Ma voiture réclamait de l’essence. Je m’arrêtai à une station-service aux prix exorbitants, je détestai toujours prendre de l’essence dans ces stations autoroutières. J’ouvris le réservoir, inséra le pistolet dedans tout en surveillant le compteur. Au moment de reprendre ma carte bleue, j’entendis un bruit de pas derrière ma voiture. Je fus surpris de revoir cette jeune femme. Elle approcha avec ses lanternes allumées. Personne ne réagit ni ne porta attention au danger qu’elle apportait dans la station. Elle s’approcha de moi et répéta la même phrase que sur le parking. Je rentrai dans mon véhicule et repartis direction Pornic. Durant le trajet, je me demandai comment elle avait pu arriver jusqu’à moi sans voiture. Peut-être a-t-elle fait du stop ? Je n’en savais rien.
Je quittai l’autoroute à Angers ; j’adorai prendre la nationale entre Nantes et cette ville en passant par des petites communes paisibles et en longeant la Loire. Même si je ne vis rien à cause de la nuit, je devinai le Fleuve à mes côté quand je conduisis. Cependant, je remarquai un phénomène étrange au bord de la route à plusieurs reprises : D’étranges petites flammes comme des feux follets scintillèrent, me rappelant les lanternes de cette inconnue. D’ailleurs, je m’arrêtai avant Ancenis pour mieux observer ces feux bizarres. Je fus troublé en découvrant qu’ils bougeaient l’un vers le haut, l’autre plus bas. Ils semblaient s’éteindre et s’allumer en fonction de leur hauteur comme si ils étaient sur une balance. Au moment où les nuages laissèrent passer les rayons de lune, je soupirai d’angoisse en remarquant entre les deux feux, la présence de cette femme à la robe fendue et au regard sombre. Ses cuisses blanches brillèrent d’un coup. J’appuyai sur l’accélérateur afin de fuir cette vision qui n’était pas désagréable à regarder mais avait un aspect malsain à cause de sa répétition.
Il ne se passa rien d’autre jusqu’à Pornic. En approchant de la ville, je sentis déjà la bonne odeur iodée tandis que mon cerveau imagina entendre le bruit des vagues. J’entrai dans la ville, heureux de pouvoir passer la nuit dans un bon lit même avec l’odeur du renfermé car personne n’a dû mettre les pieds dans la villa depuis quelles semaines. Je garai enfin ma voiture devant la villa quand je réalisai avoir oublié les clés chez moi. J’attendis un peu, profitant pour dormir une petite heure. Quelques voitures passèrent, le jour me réveilla. En constatant qu’il était huit heures et demi, je téléphonai à ma tante afin de récupérer son trousseau. Je ne reconnus pas sa voix.
La dame qui répondit se présenta en tant qu’infirmière. Elle m’annonça que ma tante était aux urgences après un malaise. Contrarié par cette nouvelle, je sortis de ma voiture tout en restant à l’écoute. Je demandai si je pouvais parler à un de ses enfants. Elle fut désolée de ne pouvoir le faire, ils étaient déjà en pleine discussion téléphonique car un de leur cousin est décédé cette nuit dans un accident de voitures sur l’autoroute. Elle raccrocha me laissant sans voix. Soudain, j’entendis derrière moi un toussotement. Je me retournai, c’était encore cette jeune femme aux deux lanternes qui cette fois-ci étaient éteintes. Elle soupira et dit : « Maintenant, vous comprenez pourquoi vous devez me suivre. Votre place n’est plus ici ! »
Alex@r60 – août 2019
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nanananerd · 3 years
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La Belle Endormie
30 Jours pour écrire / Jour 4/04/08/2021
Thème ; Endormi.e
Charlie est assise à son bureau, terminant la rédaction d’un rapport. Son bureau, au moins aussi vieux que l’université dans laquelle elle travaille, déborde d’ouvrages anciens et modernes, de divers papiers noircis par sa fine écriture, de tasses de café vides. Son métier d’anthropologue l’a amené récemment à mener des fouilles dans une zone reculée du globe, où elle a pu faire des découvertes attestant du pouvoir de la sexualité féminine dans les civilisations Protohistorique. Elle avait entre autre fait la découverte d’un artefact étrange, oblong, lisse et étonnement lourd. L’objet avait été trouvé dans une étrange boite ornée d’inscriptions cunéiforme qu’elle venait de finir de décoder. Cette découverte attestée de sa théorie et elle aller probablement changé la manière de percevoir les civilisations de cette période.
Ces yeux commencent à tomber. Charlie souffre de narcolepsie, ce qui est une aubaine pour moi. Bien que la science ait progressé dans ce domaine, et que les implants neuronaux permettait maintenant aux malades d’avoir une vie “normal”, elle ne pouvait lutter contre ce qui allait se passait. J’ai lu son dossier, et en tant que “démons”, je peux vous assurer que la science n’explique pas tout ! Pardon, je ne me suis pas introduit.e, je suis Mara. J’habite avec l’artefact qu’elle a trouvé. Contrairement à ce que les chrétiens ont voulu affirmer pendant des siècles, les démons ne viennent pas de l’enfer, nous sommes envoyés en mission par la Haute Éminence, nous sommes là pour équilibrer les choses. Et contrairement à ce qu’affirme le cinéma d’horreur, nous ne faisons pas toujours le Mal, mais plus souvent du bien.
Bref, revenons en à Charlie ; elle est belle quand elle lutte contre la fatigue, en ouvrant grands ces yeux derrière ces lunettes rondes. Elle est belle quand elle pense que personne ne peut la voir, et qu’elle porte une tenue plus confortable. Elle est belle, tout simplement et son imagination est la nourriture la plus exquise que j’ai connu.e ces derniers millénaires. Je m’approche d’elle, et je pose ma main sur son épaule charnue :
-”Dors ma belle”... lui susurrais-je à l’oreille. Je sais que pour le moment elle ne peut pas m’entendre, mais dans quelques minutes, nous pourrons nous retrouver.
Elle sauvegarde son rapport, (quelle jeune femme sérieuse, je n’aurai probablement jamais pensé à faire cela, et j’aurai bêtement perdu tout mon travail). Son sérieux me plait, j’ai appris au cours de la période victorienne, que les humains les plus sérieux dans la vie sont les plus délurés dans leurs rêves.
Elle repousse son ordinateur portable, faisant au passage tombé des papiers de son bureau. En temps normal, elle se serait levé pour les ramasser. Mais face à l’appel impérieux de Morphée et de votre dévoué.e, tout ceci n’a plus d’importance.
Et la voila endormie, sa tête posée sur ses bras croisés, ses longs cheveux bruns entourant son visage comme un doux coussin.
Je regarde ma montre ; il est encore “Sommeil léger”. Je n’interviens pas dans cette période. Malgré son implant, dans très peu de temps, elle sombrera dans le sommeil paradoxal. D’habitude, c’est durant cette phase que j’interviens ; je viens hanter ces rêves depuis qu’elle à découvert mon artefact. Mais loin de moi l’idée de causer des cauchemars, je ne suis pas de ce bord-là. Comme je vous l’expliquais plus tôt, je suis plutôt du genre à faire du bien. Alors je lui ai juste permis de pouvoir réaliser ces désirs, tantôt avec un homme, une femme, et bien vite de nombreuses déclinaisons du genre, et d’autres critères dont vous n’avez pas idées. Et dont vous n’avez pas à en savoir plus. Ces rêves auraient pu l’amener à être plus épuisée, mais pourquoi faire, puisque mon rôle est d’apporter le bien ? Elle se réveillait à chaque fois reposée, heureuse et pleines de bonnes résolutions pour sa journée. Cela a eu de nombreuses conséquences sur sa vie ; elle s’est épanoui, elle à osé porté une jupe avec des bas (ô mes aïeux, ce jour-là a été une grande victoire pour sa confiance en elle), elle n’a plus eu peur d’envoyer boulé ceux qui lui déplaisaient. Elle reprend enfin le contrôle de sa vie. Veuillez m’excuser, on arrive dans la phase de sommeil profond :
-”Charlie, tu es forte. Tu es puissante, comme toutes les femmes des grandes civilisations que tu étudies. Tu fais apparaître la vérité au grand jour et tes recherches t’amèneront à faire évoluer non seulement, la manière dont on regarde le passé, mais aussi la manière dont on vit le présent. Tu n’as pas à avoir honte de tes désirs, ni de ton genre, ni de ton orientation sexuelle. Tu peux porter tout ce que tu veux et l’éducation que tu as reçu, les réseaux sociaux, ne sont que des diktats qui restreignent ta liberté et ton individualité. Et quoi que tu décides de faire, je serai toujours à tes côtés, à te soutenir.“
Voilà, encore quelques unités temporelles et il faudra que je vous laisse. Aujourd’hui, j’entame une nouvelle étape de notre relation, l’étape finale du grand plan que l’on m’a assigné.e : Pour une raison que les médecins ne parviendront pas à expliquer, l’implant de Charlie va cesser de fonctionner et causer des paralysies du sommeil. Paralysie durant laquelle j’interviendrais pour réaliser tout ce qu’elle m’a enseigné à travers ces rêves ces dernières semaines.
Une dernière chose : si vous pensiez que les démons avait un genre, c’est faux, nous sommes des êtres éthérés, et nous choisissons la forme sous laquelle nous apparaissons. On nous a donné la dénomination Succube/Incube aux démons qui font mon travail, mais nous sommes les deux. Mon apparence commence à changer, l’heure arrive. Chaussure à talons noirs, bien, pantalon cigarette, chemise blanche ajustée, nœud papillon rouge (les nœuds papillons, c’est cool), veste en tweed. Je ne sens pas encore mon visage ni mes attributs sexuels, c’est elle qui le décidera. Elle se réveille, du moins, c’est ce qu’elle croit… J’entre dans son bureau. Elle me sourit. Ô ce sourire, on dirait celui de Simone de Beauvoir. J’adorais discuter avec cette femme. Charlie essaye de se lever, mais elle réalise qu’elle ne peut pas bouger. La suite n’appartient qu’a l’intimité entre cette femme et moi.
Je ne regrette qu’une chose ; qu’il faille encore que nous intervenions dans la vie de certains êtres humains afin de faire évoluer la condition humaine. Le grand plan à vraiment du mal à progresser dans ce sens, et ce n’est pas notre volonté. L’humain semble être ainsi fait...
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