" Camp Fire "
đ đČđ đČđ» đđ°đČÌđ»đČ : Javier Escuella
đ„đČÌđđđșđČÌ : AprĂšs des festivitĂ©s enflammĂ©es, le camp se repose et laisse place Ă une atmosphĂšre plus calme. Aux yeux d'une certaine demoiselle, c'est le moment idĂ©al pour se rapprocher du garçon dont elle est Ă©prise. Ainsi, elle espĂšre pouvoir passer un peu plus de temps avec lui et peut-ĂȘtre enfin se dĂ©clarer.
đđđČđżđđ¶đđđČđșđČđ»đ : aucun.
ENG : PLEASE DO NOT STEAL MY WORKS.
If you want to translate it, ask me first then we can talk about it. If you want to find me on Wattpad, my account is in my bio, this is the ONLY ONE i have.
FR : MERCI DE NE PAS VOLER MES OS.
Si vous avez envie de les traduire, merci de me demander la permission avant. Si vous voulez me retrouver sur Wattpad, j'ai un lien dans ma bio, c'est mon SEUL compte.
đœđđđđđ đđ đđđđ : đ,đđđ.
Commentaires, likes et reblogues super appréciés. Tout type de soutien l'est, merci beaucoup !! <33
Les filles commencent Ă s'endormir. Elles tombent comme des mouches depuis que Tilly s'est retirĂ©e auprĂšs de sa couchette. La cĂ©lĂ©bration du retour de Sean les a grandement Ă©puisĂ©es, aprĂšs avoir autant bu, chantĂ©, dansĂ©, c'est comprĂ©hensible et elles ne sont d'ailleurs pas les seules. Abigail et le petit Jack se sont retirĂ©s de l'autre cĂŽtĂ© du camp âžșdu cĂŽtĂ© de la charrette de monsieur Pearsonâžș. Il me semble que mĂȘme le rĂ©vĂ©rend, Molly et Dutch s'en sont allĂ©s. Plus grand monde ne rĂŽde dans les parages Ă la recherche d'un partenaire de chant. Ils sont tous au lit.
Je crois que c'est mon jour de chance.
J'entends les voix de Pearson, Tonton et Arthur raisonner de lĂ oĂč je me trouve. Ils se trouvent autour du feu de camp, ils sont bien les seuls Ă tenir encore debout, mĂȘme Sean s'est tut. De la musique flotte dans l'air, elle provient de la guitare de Javier.
J'esquisse un sourire rĂȘveur Ă cette pensĂ©e, rapprochant mes mains de ma poitrine j'accoure auprĂšs de la charrette de Pearson âžșj'ai fait le tour de ma couchette partagĂ©e avec les filles jusqu'Ă l'entrĂ©e du camp, le feu qui sert Ă rĂ©chauffer nos repas et le lieu de travail de notre cuisinierâžș je suis Ă la recherche d'une biĂšre. Je sais qu'il y a des caisses un peu partout toutefois avec l'obscuritĂ© qui gagne l'endroit j'ai des difficultĂ©s Ă me repĂ©rer. Il m'est aussi contraignant d'Ă©viter certains obstacles, notamment les tables et barils. Il me semble qu'il reste des bouteilles auprĂšs de la tente de Dutch, si ni Karen ni Tonton n'ont pas tout vidĂ©, il devrait en rester quelques-unes. Je fais donc le tour du camp Ă leur recherche.
L'humidité qui parfume les brindilles d'herbe me taquine les chevilles, elle laisse perler des gouttes d'eau le long de mon épiderme jusqu'à tùcher mes souliers. C'est assez inconfortable. Je suis chatouillée de toutes parts. J'accélÚre donc le pas. Passant devant les derniers hommes réveillés, je ne tarde pas à attirer leur attention.
Tonton se stoppe dans son monologue, il est le premier à me remarquer. Il crie mon prénom et me fait signe d'approcher.
« Approche, ne reste pas dans ton coin, ma petite, viens nous rejoindre ! »
Je me pince les lĂšvres et acquiesce. Mes mains se saisissent d'une biĂšre tiĂšde tandis que mon corps pivote.
« J'arrive, je viens. »
Arthur est assis sur le tronc d'arbre qui sert de banc, il est dos Ă moi. Quant Ă monsieur Pearson il se tient sur une caisse boisĂ©e Ă droite de Arthur et moi-mĂȘme. Ils sont auprĂšs du feu, profitant de sa luminositĂ© et chaleur. Quant Ă Tonton et Javier ils nous font face, sous la tente. Tonton a pris place sur une chaise un peu plus vers monsieur Pearson, quant Ă Javier il fait face Ă Arthur, Ă mĂȘme le sol. Sa guitare tient sur ses cuisses, de celle-ci s'Ă©chappe une agrĂ©able mĂ©lodie. Quant Ă ce que ces messieurs chantaient plus tĂŽt, je ne prĂ©fĂšre pas y repenser.
J'apporte ma biÚre à mes lÚvres, histoire de me donner du courage j'en prends une gorgée et m'avance.
« Comment ça va ce soir ? » parle Arthur. « Pas trop dur ? »
Ma réponse se fait négative. Je parle tout en me rapprochant du feu.
« Outre le retour de Sean c'était plutÎt calme aujourd'hui. La routine.. »
« C'est bien. Madame Grimshaw ne vous ménage pas, j'imagine ? »
« Ah, comme si c'Ă©tait possible. » plaisantĂ©-je. « Le jour oĂč elle arrĂȘte de crier les poules auront des dents, tien. »
Ma remarque arrache un rire aux quatre hommes, j'en profite pour m'asseoir par terre. à cÎté de Javier.
« C'est bien que Sean soit de retour. Sa bonne humeur commençait à me manquer. »
« C'est vrai que sans lui c'était assez tendu. Il faut croire que ses conneries nous changent les idées. » renchérit Arthur.
« Il va nous en faire voir de toutes les couleurs, ça c'est moi qui vous le dit ! » s'exclame Tonton.
Javier ne joue plus trĂšs fort. Ă prĂ©sent, une mĂ©lodie d'ambiance se balade dans l'air, de part sa lĂ©gĂšretĂ© elle a transformĂ© l'atmosphĂšre autrefois festive par quelque chose de plus calme. Elle rythme notre discussion sans pour autant nous dĂ©sorienter. Je pense ĂȘtre la seule Ă avoir fait cette dĂ©couverte, ou alors les hommes s'en fichent. AprĂšs tout la musique n'est qu'un moyen pour eux de chanter leurs musiques salaces Ă tout bout de champ.
Curieuse, je lui jette un coup d'Ćil.
Je suis assise sur sa gauche, les jambes recroquevillées sur le cÎté.
De mes deux mains, je tiens fermement ma bouteille, si elle n'avait pas Ă©tĂ© lĂ j'aurais fini par me triturer mes doigts ou toucher mes cheveux toutes les cinq secondes. PlutĂŽt, ici je joue avec l'extrĂ©mitĂ© âžșlĂ oĂč se place la boucheâžș et tente vigoureusement de m'occuper l'esprit.
J'ai des papillons dans le ventre.
Je crois que Arthur l'a remarqué.
Il me zieute accompagnĂ© d'un fin sourire aux lĂšvres, Ă l'instar d'une figure fraternelle il m'observe. Sans oublier de consommer sa propre biĂšre. Ăa fait longtemps qu'il m'a percĂ©e Ă jour, je ne parle pas de ce soir mais plutĂŽt de ces derniers mois. Je suis consciente que je ne suis pas douĂ©e pour la discrĂ©tion, mon premier but n'est pas de passer inaperçue. Ă vrai dire c'est le dernier de mes soucis. Arthur me lance un clin d'Ćil auquel je rĂ©ponds par un gloussement.
Sans attendre, Tonton nous interrompt.
« Qu'est-ce que vous avez tous les deux ? Vous faites des cachotteries, maintenant ? »
« Et de quoi je me mĂȘle ? » s'emporte Arthur. « Va donc te rendre utile pour une fois etâžș »
« Je suis utile ! C'est juste ma lombalgie qui m'handicape, si j'Ă©tais encore jeune tu peux ĂȘtre sĂ»re qu'on serait sorti de ce pĂ©trin depuis longtemps. »
« Mais bien sûr.. Tant que ça t'aide à dormir.. »
Je pouffe Ă nouveau.
Ma tĂȘte se tourne, je zieute Javier. Ses doigts s'attellent Ă poursuivre le fil de sa mĂ©lodie, quant Ă ses yeux.. Ils sont plongĂ©s dans les miens.
Je souris.
Il sourit.
Je rapproche mes jambes de ma poitrine, ma biĂšre est rapidement laissĂ©e Ă l'abandon devant le feu; elle ne m'intĂ©resse plus vraiment. DĂ©posant ma joue contre mes genoux, je dĂ©voue mon entiĂšre attention Ă Javier. Je.. Je neâžș
Mon cĆur est coincĂ© dans ma gorge.
Mon estomac se fait lourd.
Qu'il est joli.. Je ne peux que m'agripper à mes mollets, les sourcils froncés.
« Commentâžș Comment tu te portes ce soir ? »
Il touche quelques cordes. D'une lenteur enivrante, Javier les titille sans que, ne serait-ce qu'une fois, son regard ne se dĂ©tourne du mien. Il ne m'observe pas avec malice. Il me regarde juste. Ăa suffit amplement Ă me mettre dans tous mes Ă©tats, j'attends qu'il rĂ©ponde Ă ma question, en mĂȘme temps, je combats l'envie de crier et gigoter.
Javier penche la tĂȘte.
« On a connu pire. »
« Tu n'es pas trop fatigué ? »
« Tu t'en fais pour moi ? Attention, je pourrais croire que tu as le béguin. » me taquine-t-il.
Mes yeux roulent au ciel.
« Ne te surestime pas, non plus.. C'est juste que Bill m'a parlĂ© de cette histoire de bagarre au bar et puis tu n'es pas revenu au camp alorsâžș Je, je me demandais juste si ça allait... J'ai posĂ© la mĂȘme question Ă Arthur. Ne.. ne t'emballe pas. »
« Je m'emballe pas. »
Son rictus me crie le contraire.
Javier continue de jouer de ses doigts avec nonchalance, il fait mine que cette conversation ne lui fait aucun effet, il fait mine de ne rien remarquer pendant que ses doigts s'affairent à nous offrir un moment des plus agréable. Il a une telle aisance avec la musique, c'en est déroutant. Je déglutis à cela. Mes orteils se recroquevillent à l'intérieur de mes souliers. Mes pupilles le contemplent, je bois goulument la vue qu'il m'offre d'ici; son si joli visage, et sa tenue élégante. Il est parfaitement incrusté dans son environnement malgré l'aura luxueuse qui se dégage de lui.
Je suis dans l'incapacitĂ© de dĂ©tourner le regard. DĂšs le moment oĂč nos yeux se sont croisĂ©s j'ai Ă©tĂ© prise au piĂšge.
Je ne peux pas le nier : c'est ce que je cherchais en m'asseyant auprĂšs de lui. Ătre prise au piĂšge sous lui, dĂ©vorĂ©e par ses pupilles aussi dĂ©vastatrices que le nĂ©ant et charmĂ©e par le sourire taquin qui prend souvent place sur ses jolies lĂšvres froncĂ©es : c'est exactement ce que je dĂ©sire. Il faudrait ĂȘtre aveugle pour ne pas le remarquer. C'est la raison pour laquelle je ne le fuis pas, je pars sans cesse Ă sa recherche dans l'espoir qu'il m'accueille pour ensuite me perde.
Il m'en faut peu pour ĂȘtre comblĂ©e.
Lui, seulement lui.
Javier.
« Tu repars demain ? »
Il arque un sourcil.
« Curieuse ? »
« Nonâ oui. Je me posais la question... »
« Je pensais faire un tour Ă Valentine, la derniĂšre fois je n'ai pas pu m'y attarder trop longtemps. Qui sait, peut-ĂȘtre que je trouverais un bon coup. »
« Tu as déjà fait beaucoup. Tu pourrais te reposer ? »
« Ăa aussi tu l'as dit Ă Arthur ? »
Je suis gĂȘnĂ©e. Son commentaire me force Ă dĂ©tourner le regard.
« Non.. c'Ă©tait... C'Ă©tait juste histoire de faire la conversation puisâ jeâ »
« Je te taquine. » me coupe-t-il. « J'y ai pensĂ©, mais je tiens pas en place ces derniers temps. J'ai envie de me rendre utile. Je vais voir oĂč ça me mĂšne. »
« Tu vas encore t'absenter alors.. »
« Peut-ĂȘtre. »
J'inspire profondĂ©ment, ma joue reste collĂ©e Ă mes genoux. J'ai les poumons lourds, tout mon corps se retrouve endoloris alors que je me situe aussi proche de lui. Nos Ă©paules sont Ă deux doigts de se toucher. J'en rĂȘve.
Mon regard ne se détache pas du sien.
Je suis hypnotisée.
« Tu es sortie du camp depuis qu'on est arrivés ? »
« Arthur nous a accompagnées à Valentine il y a quelques jours. C'était amusant. J'ai beaucoup à faire ici sinon. »
« Tu aimerais y retourner ? »
« OĂč ça, Valentine ? Oh, oui ! » j'affirme, soudain enthousiaste. « Mais il me faudrait une bonne raison pour convaincre quelqu'un de m'y emmener. J'avais pensĂ© Ă Arthur mais il fait beaucoup en ce moment. Il y a Bill aussi, mais il est trop bĂȘte, il va encore causer des problĂšmes. »
Javier dépose sa guitare entre Tonton et lui.
« Je suis mĂȘme pas une option ? Ăa me blesse. »
« Tu viens rarement au camp ces derniers jours. Je ne vais pas t'embĂȘter avec ça... »
« M'embĂȘter ? Oh, ma belle, c'est mal me connaĂźtre. »
Mon cĆur s'emballe.
Je respire fort.
« Ce serait un honneur de pouvoir t'y emmener faire un tour. »
Sa bouche se fend en un sourire.
« Si ça t'intéresse, bien sûr. »
Quelle question, il est Ă©vident que je le suis. Ăa doit se lire sur mon visage. J'implose.
« Tu asâ tu as quelque chose Ă faire lĂ -bas ? » je m'interroge.
« Pas grand chose. Mais je peux toujours trouver de quoi nous faire un peu d'argent, on fera d'une pierre deux coups. »
Javier extirpe une cigarette de sa poche, il l'enflamme avec son briquet et l'apporte ensuite Ă ses lĂšvres. Tout en expirant, il me zieute.
« Tu veux ? »
Une question me brûle la langue.
Lorsque Arthur m'a emmenée à Valentine, ça a été en compagnie de Tonton, Tilly, Mary-Beth et Karen. Au départ, il avait des courses à faire. Son escale là -bas n'avait rien en rapport avec nous.
Je sais que si je dois y aller avec Javier, et que nous revenons les mains vides Dutch s'emportera âžșil est assez tendu depuis Blackwaterâžș, il est impĂ©ratif que tous les membres du gang se montrent utiles. Mais... Si je dois aller Ă Valentine avec lui, j'espĂšre secrĂštement que ça ne sera pas pour travailler.. Si nous nous retrouvons tous les deux dans un tel endroit, j'ose espĂ©rer que nous ferons bien plus que dĂ©fier la loi et nous montrer sournois. J'espĂšre que personne ne se rajoutera. Pas de Sean, ni de Bill, aucune fille pour m'embarrasser, juste moi et lui. Nous deux..
Est-ce que c'est trop demander ?
« Tu as des plans alors ? »
Javier me dévisage.
« T'es bien curieuse ce soir, dis-moi. Tu tiens si peu en place ? »
« Je me disaisâ on... On pourraitâ »
« On ? »
J'arque un sourcil.
« Quelqu'un d'autre vient ? »
Javier secoue la tĂȘte. Il esquisse un fin rictus taquin et prend une taffe de sa cigarette; il l'expire tout en me rĂ©pondant.
« Je pense pas. Les filles en ont eu assez aprÚs votre derniÚre escale et le reste de la bande est occupée de son cÎté. Ce sera que toi et moi. »
Sans surprise, l'idée me ravit. Je suis plus qu'emballée à la pensée que nous allons nous retrouver seuls.
Plus de madame Grimshaw pour nous couper, plus de Micah pour faire des remarques stupides âžșmĂȘme si ça fait dĂ©jĂ quelques semaines qu'il a disparuâžș, plus de Tonton pour gĂącher l'ambiance. Tant de fois, nous aurions pu avoir l'occasion de nous rapprocher, de devenir plus, mais Ă chaque fois le manque d'intimitĂ© au sein du camp nous a gĂȘnĂ©s. Je ne peux m'empĂȘcher de penser que c'est une chance unique. Elle est faite d'or : je refuse de la laisser passer. Le moment est idĂ©al surtout aprĂšs tout ce que nous venons de vivre, depuis Blackwater, les montagnes enneigĂ©es, je ne vois pas de meilleure occasion pour me confesser. Cette fois-ci, pas de Dutch pour nous interrompre, pas de Arthur pour rendre notre interaction gĂȘnante.
Je bats des cils un bref instant. Quant à Javier il attrape le cul de sa cigarette et le rapproche de ses lÚvres. Il prend une profonde inspiration, l'expire : tout cela sans jamais me quitter du regard. Il m'observe d'un sérieux déconcertant.
Soudain, nous sommes interrompu.
« Eh, les deux fourbes, qu'est-ce que vous complotez ? »
C'est Ă nous que Tonton s'adresse.
« Ah, laisse les vieux fou, c'est pas tes oignons ! » peste Arthur.
« Tout ce qui se passe autour du feu est mes oignons, c'est mon sanctuaire. Alors, qu'est-ce que vous planifiez ? »
Tonton nous regarde, il balance ses yeux entre Javier et moi.
Il est tellement enthousiaste qu'il sourit grandement, ça ne fait que m'embarrasser davantage. Je dĂ©tourne le regard malgrĂ© moi. Je regarde par dessus l'Ă©paule d'Arthur, lĂ oĂč la tente de Dutch et Molly se trouve, ainsi je n'ai pas Ă faire face Ă leur expression curieuse.
Mes joues se creusent, je me mords l'intérieur de la bouche.
« En quoi ça te concerne, le vieux ? » réplique Javier. « Tu contribues à rien et tu voudrais qu'on te raconte nos vies ? La bonne blague. »
« Qu'est-ce que c'est sensé dire ? » s'indigne Tonton.
« Ăa veut dire ce que ça veut dire, tien. »
« Non mais je rĂȘve, dĂ©cidĂ©ment plus personne n'a de respect pour les malades.. »
« Malade ? La seule maladie que t'as c'est la fainéantise. » rétorque Arthur avec mesquinerie, il n'hésite d'ailleurs pas à ricaner.
« Et ma lombalgie alors, hein ? »
« C'est des conneries ! Tu trompes personne, vieux tas. »
Tonton marmonne dans sa barbe, ça m'arrache un sourire. Je les regarde Ă nouveau âžșmonsieur Pearson a disparu, il ne reste que nous quatreâžș, Arthur s'en va m'offrir un clin d'Ćil. MalgrĂ© ses quelques maladresses, il fait de son mieux pour m'aider. Je le remercierai plus tard, c'est certain. Les attaques qu'il lance Ă Tonton me mettent Ă l'aise, je ne me sens plus mise au pied du mur, toutefois, j'avoue ne plus avoir la force de me tourner vers Javier. Maintenant que notre bulle a Ă©tĂ© âžșencoreâžș percĂ©e, j'ai comme l'impression que nous ne pourrons plus discuter, alors je me contente d'observer Arthur des Ă©toiles dans les yeux.
Mes doigts triturent nerveusement le tissu de ma robe, je me sens nerveuse.
« Peu importe. » grommelle Tonton. « J'en ai assez entendu, je vais me coucher. »
« Tant mieux, une bonne nuit de sommeil te rendra plus aimable. » plaisante Arthur. « Va donc. »
J'en profite pour me lever.
Javier réagit immédiatement.
« Toi aussi ? » me questionne-t-il.
Tonton ne dort pas loin, il s'installe sur la seconde tente qui se trouve juste à cÎté du feu de camp. Elle n'est qu'à un petit mÚtre de nous, c'est là que le révérend s'est assoupi. Je le vois s'installer sur sa couchette et nous tourner le dos, pendant ce temps je dépose mes mains sur mon ventre, j'offre un sourire à Javier.
« Il faut bien que je sois en forme pour demain. Bonne nuit. »
« Ohâ euh, ouais. »
Il se gratte la nuque.
« Bonne nuit. »
« Arthur, tu m'accompagnes ? » je demande.
Le concernĂ© secoue la tĂȘte.
« Tu m'excuseras, je reste encore un peu avec Javier, on a des trucs à se dire. »
« D'accord, bonne nuit alors. »
« Bonne nuit, repose toi bien. » répond-t-il affectueusement.
Je ne peux pas m'empĂȘcher de zieuter Javier. Il ne m'a toujours pas quittĂ©e du regard. Cependant, dĂšs le moment il oĂč je le remarque, je tourne aussitĂŽt la tĂȘte, mes joues s'embrasent et mon estomac se recroqueville sur lui-mĂȘme. Ah, j'ai chaud. J'ai mal Ă la poitrine. Mes mains se pressent sur mon bas-ventre tandis que j'entends Arthur pouffer. Nous sommes loin d'ĂȘtre discrets, je le savais dĂ©jĂ , mais le fait que nous soyons aussi Ă©vidents, mĂȘme devant Arthur est plus humiliant que prĂ©vu.
Mes paumes se font moites.
« Jeâ Je vais y aller. »
Alors que je m'en vais, je reste sur un petit nuage. Je passe sur le cĂŽtĂ© de la tente de Dutch, dĂ©passe la roulotte de Arthur, pour rejoindre ma couchette. Elle est aux cĂŽtĂ©s de celles des filles âžșcomme prĂ©vu, elles sont toutes endormiesâžș. J'entends les voix de Javier et Arthur rĂ©sonner, ils ne cessent de parler, accompagnĂ©s par le crĂ©pitement du feu.
Il fait frais, hormis les quelques lampes Ă huile Ă©parpillĂ©es dans le camp, nous sommes plongĂ©s dans un noir complet. Je parle d'un noir si obscur que je n'en vois pas la fin. L'herbe Ă mes pieds n'est pas visible, je marche en faisant confiance Ă mon instinct, je ne sais pas ce qui traine par terre, j'avance juste. Tilly, Mary-Beth, Sadie, Karen, elles sont toutes les trois endormies. Il me tarde de les rejoindre. Nous sommes levĂ©es depuis trĂšs tĂŽt ce matin; il nous a fallu recoudre des vĂȘtements pour ensuite les nettoyer, aider Ă prĂ©parer les repas; se coucher tard n'aide pas. Demain, nous rĂ©pĂ©terons les mĂȘmes actions, nous passerons la journĂ©e Ă coudre, laver, faire la vaisselle, pour nous coucher tout aussi tardivement. Rien que d'y penser me fait soupirer.
La vie de fugitif peut ĂȘtre frustrante.
Une fois suffisamment approchée de ma couche, je m'assieds dessus. Je remets ma chevelure en état puis passe mes mains sur mes bras, je les frotte vigoureusement.
Un sourire se pose sur mes lĂšvres.
J'apporte mes mains Ă ma poitrine, rĂȘveuse, oui je ne peux pas m'empĂȘcher de sourire. Je suis encore toute chamboulĂ©e.
Mon interaction avec Javier me revient Ă l'esprit et j'ai comme l'impression de tomber dans un ravin : c'est violent, je ne peux m'accrocher nul part, ma logique m'abandonne. Je perd pied. Et alors que son image me revient Ă l'esprit, je ne peux me retenir de glousser.
L'intensité avec laquelle il m'a contemplée, sa voix; ses paroles mielleuses, j'en ai des frissons.
Mes doigts s'agrippent Ă ma chemise. Je me pince les lĂšvres et pose mes yeux sur la roulotte d'Arthur âžșelle a Ă©tĂ© installĂ© juste devant la notre, nous bloquant ainsi la vue sur le feu de campâžș j'ai beau l'examiner dans ses moindres dĂ©tails, je ne parviens pas Ă me sortir Javier de la tĂȘte. Je repasse notre interaction dans mon esprit, le moindre geste, coup d'Ćil, ce qui me force Ă de nouveau glousser. Je secoue la tĂȘte et tape des pieds.
Je me retiens de crier, pas seulement de beugler, mais aussi d'exprimer Ă tout le camp que je l'aime. Je dĂ©sire l'avoir pour moi toute seule, je n'ai mĂȘme pas envie d'attendre qu'il m'emmĂšne Ă Valentine. Je veux ĂȘtre avec lui, lĂ maintenant tout de suite. J'en ai la poitrine serrĂ©e.
Dans un tel Ă©tat, je ne me sens pas de dormir. Je ne fais que revivre notre conversation, j'interprĂšte les moindres gestes qu'il a pu faire en ma prĂ©sence. Je n'ai pas envie de l'oublier, ne serait-ce qu'une minute. J'ai envie de conserver le sentiment qu'il fait naĂźtre au sein de mon cĆur. J'ai envie... J'ai envie de penser si fort Ă lui que son image en finisse gravĂ©e dans mon esprit. J'en viens Ă m'imaginer ce qui pourrait bien se passer si nous nous retrouvons seul Ă Valentine. Allons-nous nous comporter tels de jeunes mariĂ©s ? Nous tenir la main afin de ne pas nous sĂ©parer ? Va-t-il enfin me charmer proprement, alors ira-t-il me faire l'amour dans un hĂŽtel, au coin de la rue ? Me dĂ©voilera-t-il ses sentiments avant ou aprĂšs m'avoir volĂ© mon premier baiser ?
Je ne peux pas y échapper, ces questions me hantent. Toutes ces possibilités...
J'en ai la chair de poule.
Brusquement, j'apporte mes mains Ă mon visage. Je frotte vigoureusement mes joues.
Je ne devrais pas me laisser aller à de telles pensées, elles sont salaces, déplacées, Javier est un homme bon, je suis folle pour penser ainsi de lui. Nous imaginer dans de telles positions...
Des bruits de pas m'interrompent, je lĂšve la tĂȘte.
Arthur pose son avant-bras contre sa roulette, il m'observe d'un Ćil taquin. Je sursaute. Son chapeau a disparu, il ne le porte plus.
« Eh, tu pourras penser à lui demain il va pas disparaßtre, pour l'instant repose-toi. Tu vas te rendre malade. »
J'Ă©touffe un rire.
« TrÚs bien Arthur. »
Il hoche la tĂȘte.
« Merci et bonne nuit. » murmuré-je.
« De mĂȘme. »
Il se décale de sa roulotte et s'en va se coucher. Je l'entends faire, je vois aussi son ombre sur le sol, elle s'agrandit, se mouve avec aise jusqu'à ce qu'elle disparaisse lorsque Arthur s'allonge. Simultanément, je vide mes poumons.
Ses paroles me restent en tĂȘte. Je secoue enfin la tĂȘte. Doucement, mes mains descendent se poser sur mes cuisses, je contemple un bref instant le ciel Ă©toilĂ© qui nous surplombe puis les bois qui nous servent de cachette.
Il n'y a plus un bruit dans le camp, dĂ©sormais. Je crois que tout le monde est parti se coucher. Plus de musique, de rires, de discussions enflammĂ©es. Il n'y a que ce sentiment de solitude qui m'emporte, pour autant, il n'est pas dĂ©rangeant. Il me fait du bien. Je me laisse donc tomber sur ma couchette et me tourne du cĂŽtĂ© de Karen. Je bats des cils, l'observe endormie de mon cĂŽtĂ©. Puis, sans attendre, je ferme mes yeux. J'obĂ©is au conseil de Arthur et m'endort sans perdre de temps. Je me recroqueville sur moi-mĂȘme.
J'ai encore le cĆur qui bat Ă toute allure, l'esprit embrumĂ©. L'image de Javier ainsi que le son de sa voix me restent en mĂ©moire, je suis incapable de les fuir. Pour autant, ça ne me dĂ©plaĂźt pas. Si je m'endors, c'est en pensant Ă lui que je le fais. Il me tarde de passer une nouvelle journĂ©e Ă ses cĂŽtĂ©s et qui sait, peut-ĂȘtre plus dans les jours Ă venir.
21 notes
·
View notes
Ce que lâAbbĂ© ne savait pas, câest quâil y a une raison pour laquelle les templiers nâont jamais dĂ©pensĂ© leur argent. Une malĂ©diction de lâancienne magie repose sur cette ile : quiconque hĂ©rite du trĂ©sor en devient son gardien.
Edmond nâen savait rien non plus. Il vit, toutefois, un immense squelette reposant sur la fortune cachĂ©e. Quelques baleines purent avoir Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es lĂ par ses prĂ©dĂ©cesseurs, peut-ĂȘtre.
Au dĂ©but, ce ne fut que quelques Ă©cailles parsemant sa peau. Rien du tout. Edmond les pris pour une quelconque maladie de peau.Â
Puis, ce fut une obsession. Un besoin frĂ©quent de retourner sur l'Ăźle. La brise Ă©tait bonne, lĂ - bas. Et sans doute pouvait-il allonger son passage vers l'Italie par un petit dĂ©tour? S'arrĂȘter vers le trĂ©sor nâĂ©tait quâune question de prudence, de vĂ©rifier que quelques voleurs ne sâĂ©taient pas accaparĂ© ses biens.
Lâobsession tourna vite en avarice, comme les ongles dâEdmond sâallongeaient et ses doigts se recourbaient. Chaque sous dĂ©pensĂ© pour sa vengeance Ă©tait lĂ©gĂšrement plus dur Ă donner. Chaque piĂšce mise a bien pour la machine bien huilĂ© de son plan semblait comme une goutte de sang versĂ© sur lâautel du sacrifice, et lui brisait le cĆur.
Quelque beau jour de fĂ©vrier, il passa, par chance, prĂšs dâun chaman, qui eut tĂŽt fait de le mettre au courant de la malĂ©diction. En effet, le destin de tout hĂ©ritier de la fortune de Monte-Cristo Ă©tait de se transformer en dragon, et sous cette apparence draconique, de garder pour toujours le trĂ©sor.
Le chaman lui donna force dâamulettes et de concoctions, mais le prĂ©vint: tant que le trĂ©sor existait, il ne pouvait que ralentir le mal.
La vengeance dâEdmond Ă©tait dĂ©sormais une course contre la montre.
Quand ses mains deviennent griffes, il se met Ă porter des gants. Quand ses pupilles se fendent, il prend lâhabitude de lentilles. DĂšs quâil peut, malgrĂ© la douleur qui lui en dĂ©chire la poitrine, il dilapide le trĂ©sor; dans le vain espoir dâen affaiblir la malĂ©diction. Plus dâune fois, la providence se joue de lui, et Edmond se retrouve enrichi par les mĂȘmes investissements quâil avait fait pour perdre sa fortune.Â
AndrĂ© et HaydĂ© ont beau avoir Ă©tĂ© ignorants, ils sont loin dâetre stupide. Il ne leur faut que quelques annĂ©es avant de finalement dĂ©couvrir le secret du comte; bien quâils se gardent de le dire Ă ce dernier. Comment ne pas remarquer la chose, quand deux ailes immenses dĂ©chire le dos du comte, le stoppant en plein milieu de lâaccomplissement de sa vengeance Ă Paris?
Câest l'inquiĂ©tude pour son mentor qui pousse AndrĂ© Ă reporter sa vengeance. AprĂšs tout, en prison, son pĂšre biologique forme une proie facile.
Au final, seule force de maquillage permet au comte de cacher les écailles recouvrant son visage, et d'apparaßtre humain pour le chapitre final de sa vengeance. Les jambes courbées du comte, camouflé sous son pantalon, rendent la marche difficile sans sa fidÚle canne. Ses dents, aiguisées comme un carnivore, sont ce qui lui remporte la victoire contre Fernand.
AprĂšs cela, il sait que câest la fin. Un cĆur qui nâest pas vraiment le sien bas dans sa poitrine, et lui ordonne sans cesse et sans cesse de retourner sur l'Ăźle. Pour chaque seconde passĂ©e loin dâelle, sa raison le quitte.
Il leur laisse une lettre. Elle ne dit pas un mot de sa transformation, mais elle formule une requĂȘte. Elle demande a HaydĂ© et AndrĂ© de se rendre sur l'Ăźle de Monte-Cristo, avec une armĂ©e sâil le faut, et dây subjuguer un monstre. Elle leur demande, Ă©galement, de jeter le reste du trĂ©sor Ă la mer, oĂč il sera enfin oubliĂ© par lâHistoire.
HaydĂ© et AndrĂ© ne font rien de cela.Â
La crĂ©ature, ils subjuguent, car il ne reste Ă Edmond que trĂšs peu de raison. Mais câĂ©tait suffisamment de raison pour les Ă©pargner, aussi, quand bien mĂȘme il demande la mort, les jeunes gens l'Ă©pargnent Ă son tour. Ils ne peuvent le laisser aux prises de la malĂ©diction, aussi, ils lâenferme, mais ce nâest que le temps dâaffaiblir cette derniĂšre.
Lâor maudit, ils parsĂšment au quatre vents. Une bonne partie finit dans lâocĂ©an, sans doute, mais dans tous les ocĂ©ans du monde, suite aux dangers du milieu marin qui font si souvent couler les bateaux. Le reste, ils Ă©changent, ils nĂ©gocient, ils jettent. Ils finissent ce quâEdmond avait commencĂ©, et Ă©changent la fortune tant et si bien que la malĂ©diction peine Ă les suivre. Elle ne peut sâinstaller dans ces Ă©tranges papiers, qui fait la mode de la monnaie de Paris. Elle ne peut sâinstaller dans les fermes, les forĂȘts, les montagnes, qui soudainement sont inscrites sous le nom de âMonte-Cristoâ. Elle ne peut rester dans les quelques artefactes quâon entrepose en chine, en amĂ©rique, ni dans les quelques pĂ©pites donnĂ©es aux africains. Câest trop grand, trop large, trop de choses diffĂ©rentes Ă trop dâendroits.
Tirée à quatre épingle, la malédiction se brise.
Il est trop tard pour Edmond, dont le large corp Ă©cailleux ne pourra jamais retrouver forme humaine. Mais son esprit est clair. Il reconnaĂźt ses enfants, ses amis. Il reconnaĂźt le ciel, lâocĂ©an, et leurs odeurs qui chatouillent ses narines. Il se souvient avec une douloureuse nostalgie du berceau des vagues, du sel qui prend Ă la bouche, de l'aventure qui guidait sa vie avant quâelle ne s'Ă©croule.
Il est libre, dĂ©sormais. Libre de lâhĂ©ritage du passĂ©.
Et câest libre quâEdmond DantĂšs, comte de Monte Cristo, se perd dans lâimmensitĂ© bleu qui lâappelle.
13 notes
·
View notes