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#éditions gallimard
mmepastel · 4 months
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Zadie Smith est presque trop brillante.
Quand la semaine dernière j’ai appris qu’elle avait sorti un roman, se déroulant à l’ère victorienne, j’ai failli m’évanouir de joie. Je me suis précipitée dessus évidemment.
J’en ressors un peu déçue, je ne sais pas trop bien pourquoi puisque je n’ai pas de reproches à lui faire.
Elle nous mène tambour battant à travers l’Angleterre du XIXe, avec de courts chapitres enlevés, à travers la conscience d’Eliza Touchet, femme ayant réellement existé, au statut bancal, pourvue d’une famille étrange et d’un esprit drôlement affuté.
Le style est lumineux mais très sec. On sent que l’autrice s’est voulue exigeante, pas de sentimentalisme, des faits, un œil acéré sur l’époque. Roman victorien, non. Pas de narration linéaire, pas d’effusion, pas de chichis.
Eliza Touchet a été mariée et a eu un fils. Les deux sont morts tôt. Désargentée, elle a rendu service en vivant avec son cousin, un écrivain populaire (lui aussi réel mais aujourd’hui oublié), étant à la fois sa relectrice, sa gouvernante, son amante, sa confidente. Ça n’a pas empêché ledit cousin de se marier deux fois, ainsi la maisonnée, souvent délocalisée suite au déclin du succès des romans de William, est devenue un genre de microcosme composite : une épouse officielle (la deuxième) issue des bas quartiers, leur jeune fille, les trois filles de William de son premier mariage (avec Frances, avec laquelle Eliza a vraiment connu l’amour), et Eliza, qui gère tout ce beau monde et essaie de comprendre sa place dans cette maison, dans ce pays, dans cette époque.
Justement, le pays se passionne pour un procès célèbre. L’histoire d’un imposteur qui voudrait bien croquer une part des restes de l’argent généré par l’esclavage en Jamaïque, à peine aboli. Cette idée est très forte dans le livre et elle en est le cœur. A travers ce personnage et son domestique Bogle, un noir remarquablement stoïque, le pays se déchire. Eliza se passionne pour Bogle et sa conscience catholique abolitionniste s’en trouve renforcée.
Mais c’est là que cela s’est corsé pour moi : je n’avais pas les connaissances suffisantes pour comprendre toutes les subtilités économiques et politiques que soulevaient ce procès. La mort d’une époque, la fin de certains privilèges, je ne les ai compris que péniblement car Zadie Smith est plus ironique que pédagogue (et elle a raison !) ; n’empêche que c’est dur de suivre. Avec les sauts dans le temps aussi. La navigation d’une époque à une autre. Je n’aurais pas craché sur un poil plus d’explications contextuelles.
La meilleure idée du livre selon moi, celle que j’ai pleinement comprise et aimée, en riant souvent, c’est de placer au cœur de cette société patriarcale et raciste une femme intelligente et sarcastique, qui observe tout et a pris l’habitude de tout cacher pour sa sécurité et sa tranquillité. Eliza voit tout, observe tout, juge tout et tous, même Dickens en personne (et il n’est pas épargné par sa sagacité). Elle comprime ses pensées car une femme n’est pas censée penser ni parler politique. Elle supporte en serrant les dents les discussions des littéraires plus ou moins avisés ou alcoolisés, essaie de naviguer dans le petit sillon qui est le sien, se faire sa propre conscience, et agir selon ses convictions. Elle n’a pas beaucoup de marge de manœuvre, mais elle s’y tient. Cette droiture va de pair avec une immense solitude. Solitude que j’ai pleinement ressentie quand elle pose des questions existentielles en son for intérieur, questions qui comptent, cruciales, qu’elle ne peut poser à personne et qui résonnent dans le livre comme autant de coups contre une boîte dans laquelle les femmes et les noirs étaient enfermés en ces temps qu’on voudrait résolument révolus…
Peut-être faudrait-il que je relise ce livre, un jour, en ayant pris les informations nécessaires, en ayant bossé en quelque sorte ! Je crains d’être passé un peu à côté du bijou que ce doit être. Je vous dit, Zadie Smith est plus intelligente que nous. Enfin moi. Mais bon, franchement, elle est au-dessus du lot, largement.
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lesparaversdemillina · 2 months
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La vie heureuse de David Foenkinos
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aforcedelire · 9 months
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La maison dorée, Jessie Burton
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Amsterdam, 1705. Dix-huit ans ont passé depuis les évènements de Miniaturiste, et les vies de Nella, Otto et Cornelia ont été bouleversées par l’arrivée de Thea. Thea, jeune fille d’aujourd’hui 18 ans, qui rêve de théâtre et du grand amour — Thea, sur qui les espoirs reposent pour redorer le blason de la famille Brandt. Thea, qui n’a que faire de leurs projets, qui aime en cachette un peintre de décors de théâtre et qui mène plus ou moins sagement sa vie jusqu’à l’arrivée d’une mystérieuse miniature…
J’ai tellement aimé Miniaturiste que je ne voulais pas dire au revoir tout de suite à son univers, alors j’ai enchaîné directement avec la suite, sortie cet automne en librairie ! J’ai beaucoup aimé aussi, mais il y a certaines choses qui m’ont dérangée. Par la force des choses, Nella est reléguée au second plan, ainsi qu’Otto et Cornelia. Au début, j’ai trouvé Thea très égoïste et égocentrique, elle n’avait aucune idée de tout ce qu’a sacrifié sa famille pour elle… mais en même temps, personne ne lui a raconté son histoire. Le style de Burton est toujours autant appréciable à lire, ça m’a vraiment plu ! C’est vraiment une très bonne suite, empreinte de nostalgie, de regrets, mais aussi d’espoir ; où passé et présent se mêlent sans cesse. Je suis vraiment contente d’avoir pris le temps de découvrir cet univers !
28/12/2023 - 31/12/2023
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angelitam · 1 year
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Okavango de Caryl Férey
Okavango de Caryl Férey – Editions Série Noire Gallimard Okavango de Caryl Férey, présentation A la demande d’un blanc, un jeune homme, pisteur, se rend dans une réserve pour traquer un rhinocéros. Il a peur des esprits, des rumeurs, mais l’argent le fait continuer. Il est tué. Rainer du Plessis est un mercenaire, exterminateur d’animaux. Il est devenu très riche et puissant. Solanah essaie de…
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irmagallosstuff · 2 years
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Los niños, víctimas y espectáculo, en Delphine de Vigan y Joyce Carol Oates
Por Irma Gallo Escribo este ensayo-reseña con toda la conciencia de que no puedo ser objetiva. Acabo de leer Los reyes de la casa, la nueva novela de Delphine de Vigan (Boulonge-Billancourt, 1966), publicada apenas en el reciente 2021 en su versión original en francés por Éditions Gallimard y en octubre de 2022 en español por Anagrama, y me da dejado con la quijada en el piso. No sólo por su…
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firstfullmoon · 1 year
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hi hello ! just got karine tuil’s poetry collection kaddish pour un amour & the correspondence of antoine and consuelo de saint-exupéry from the library I am about to be annoying !
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dk-thrive · 7 days
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All my life I have been in love with bad weather. The clouds calm me down; if in the morning, from bed, I see them pass, I feel capable of facing the day. But I could never learn with the sun;...The sun only makes me lie down, digest my darkness.
— Emil Cioran, “The Trouble with Being Born”, originally published in French as “De l’inconvénient d’être né” in 1973 by Éditions Gallimard. (via Alive on All Channels)
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marionbulot · 11 months
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Wig ha wag, Samain approche... comme chaque année, ce sera le moment de se raconter des histoires de fantômes auprès du feu. Et en Bretagne, aux légendes de l'Ankou, le passeur d'âmes, de sortir du Yeun Elez pour venir s'y faufiler... L'occasion de vous présenter l'illustration de couverture que j’ai eu le plaisir de réaliser pour le dernier livre d’Erik L’Homme « le Grand Voyage » aux éditions Gallimard Jeunesse :)
Résumé : "Une légende bretonne raconte qu'à la période d'Halloween le monde des vivants rencontre celui des morts, gardé par le terrible Ankou. Victor, 12 ans, est prêt à tout risquer pour retrouver sa mère disparue. Il entraîne ses amis Fanch et Léonie dans un grand voyage dont personne n'est encore jamais revenu..."
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garadinervi · 3 months
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Michel Pastoureau, (2000), Bleu. Histoire d'une couleur, Éditions Point, Paris, 2020 [Librairie Gallimard, Paris]
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abridurif · 7 months
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Il entre, il parle avec les mots qui sont déjà là pour l’accueillir, éprouvant une peine égale à parler et à se taire. Maurice Blanchot, Le pas au-delà, Éditions Gallimard, 1973
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gregor-samsung · 4 months
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“ Se dovessimo tener conto delle letture importanti che dobbiamo alla Scuola, ai Critici, a tutte le forme di pubblicità e, viceversa, di quelle che dobbiamo all'amico, all'amante, al compagno di scuola, vuoi anche alla famiglia - quando non mette i libri nello scaffale dell'educazione - il risultato sarebbe chiaro: quel che abbiamo letto di più bello lo dobbiamo quasi sempre a una persona cara. Ed è a una persona cara che subito ne parleremo. Forse proprio perché la peculiarità del sentimento, come del desiderio di leggere, è il fatto di preferire. Amare vuol dire, in ultima analisi, far dono delle nostre preferenze a coloro che preferiamo. E queste preferenze condivise popolano l'invisibile cittadella della nostra libertà. Noi siamo abitati da libri e da amici. Quando una persona cara ci dà un libro da leggere, la prima cosa che facciamo è cercarla fra le righe, cercare i suoi gusti, i motivi che l'hanno spinta a piazzarci quel libro in mano, i segni di una fraternità. Poi il testo ci prende e dimentichiamo chi in esso ci ha immersi: tutta la forza di un'opera consiste proprio nel saper spazzar via anche questa contingenza! Eppure, con il passare degli anni, accade che l'evocazione del testo faccia tornare alla mente il ricordo dell'altro: alcuni titoli sono allora di nuovo dei volti. E, siamo giusti, non sempre il volto di una persona amata, ma anche quello (oh! raramente) del tal critico o del tal professore. È il caso di Pierre Dumayet, del suo sguardo, della sua voce, dei suoi silenzi, che nelle Letture per tutti della mia infanzia dicevano tutto il suo rispetto per il lettore che grazie a lui sarei diventato. E il caso di quel professore la cui passione per i libri sapeva dotarlo di un'infinita pazienza e regalarci perfino l'illusione dell'amore. Doveva proprio preferirci - o stimarci - noialtri allievi, per darci da leggere quel che gli era più caro. “
Daniel Pennac, Come un romanzo, traduzione di Yasmina Mélaouah, Feltrinelli (collana Idee), 1998²⁶, pp. 70-71. (Corsivi dell’autore)
[1ª edizione originale: Comme un roman, éditions Gallimard, 1992]
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carraways-son · 4 months
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Jeudi
Je suis tombé hier en librairie sur une nouvelle édition de « Gatsby le Magnifique ». The Great Gatsby, de Francis Scott Fitzgerald, publié par Charles Scribner’s sons en 1925, a été pour la première fois traduit en français par Victor Llona (éditions du Sagittaire, 1940). Cinquante-six ans plus tard, Jacques Tournier a proposé une nouvelle traduction (Grasset, 1996) corrigeant de nombreuses fautes et erreurs de la version originale, puis ce fut au tour de Julie Wolkenstein (P.O.L, 2011) et de Philippe Jaworski (Gallimard, 2012), suivis l’an passé par Jacques Mailhos (éditions Gallmeister, coll. Litera, 2023) dont je viens d’acquérir le coffret. Je pense, sans en être sûr, que cet inventaire est à peu près complet. J’ai lu avec soin toutes les versions, mais quitte à scandaliser les puristes, je reste attaché à la traduction de Victor Llona, aussi imparfaite soit-elle, dans laquelle j’ai, adolescent, découvert ce chef-d’œuvre. Comme le suggère mon pseudo sur Tumblr (Nick Carraway est le narrateur du roman), je voue à cet ouvrage, et à son auteur, un culte au-delà du raisonnable. Autre passion : les films indépendants allemands et nordiques. Hier, j’ai revu avec bonheur « Julie (en 12 chapitres) », film franco-scandinave (« Verdens verste menneske » ou « The Worst person in the world ») de Joachim Trier, avec la lumineuse Renate Reinsve. Voilà, la lune a passé son premier quartier, je retrouve le soleil des abricots, beaux et juteux, et je ne cesse de découvir de nouvelles chansons, souvent grâce à vous, comme A Place Where I Belong, de Norma...
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Lightfall T2 L'ombre de l'oiseau de Tim PROBERT
Lightfall T2 L’ombre de l’oiseauMon avis En résumé Note CitationSynopsis Si vous avez aimé vous aimerez et vice versa Tome précédent D’autres avis sur la toile D’autres livres de l’auteure Résumé en imageTemps de lecture Mon avis Tim Probert nous offre des planches sublimes dont certaines qui s’étalent sur 2 pages. Une seule bulle est même de trop dans le décor. Je ne suis pas la seule à…
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aforcedelire · 9 months
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Miniaturiste, Jessie Burton
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En 1686 alors qu’elle est âgée de 18 ans, la jeune Nella quitte le domicile familial pour rejoindre à Amsterdam son futur époux, Johannes Brandt. Homme d’âge mûr, il est un des marchands les plus prospères de la VOC (la compagnie néerlandaise des Indes orientales), et il vit avec deux domestiques et sa sœur Marin, qui accueille Nella de façon plus que froide. Pour l’occuper lors de son absence due à ses nombreux voyages, Johannes offre à Nella la réplique miniature de leur demeure, qu’elle va se faire une joie de meubler auprès d’un miniaturiste de la ville. Mais très vite, ses commandes vont mettre au jour de dangereux secrets…
J’ai adoré ce roman ! Une ancienne collègue m’en avait vanté les mérites et m’avait assuré que j’allais aimer, et maintenant que je l’ai (enfin) lu, je peux dire qu’elle avait raison ! D’abord, j’ai adoré l’histoire : cette jeune fille d’à peine 18 ans, propulsée dans une nouvelle et grande ville, qui est accueillie de façon très étrange dans sa nouvelle demeure. Qui ne comprend pas pourquoi l’ambiance reste sombre et cachottière. Ça m’a beaucoup rappelé Rebecca, j’ai vraiment aimé l’aspect gothique et incertain qui se dégage de Miniaturiste. Surtout lorsqu’entre en scène l’artiste, avec son envoi mystérieux et indésirable ; d’autant plus quand Nella commence à découvrir les secrets de sa nouvelle famille… J’ai beaucoup aimé la suivre ! Tout m’a vraiment plu, je le recommande chaudement. Je l’ai dévoré, et passée la moitié, je l’ai englouti, je voulais vraiment avoir le fin mot de l’histoire. (Et au moment où j’écris cet avis, je suis déjà à la moitié de la suite 🤭)
19/12/2023 - 28/12/2023
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angelitam · 1 year
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Free Queens de Marin Ledun
Free Queens de Marin Ledun – Editions Gallimard Free Queens de Marin Ledun, présentation 2019, Paris, l’association Bus des Femmes est porte de Paris. Elle essaie d’aider les prostituées nigérianes. Une très jeune femme arrive à entrer dans le bus. Jasmine Dooyum, 15 ans, a décidé de vivre. Serena Monnier est journaliste au Monde. Avis Free Queens de Marin Ledun Tout commence lorsqu’une…
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aurevoirmonty · 9 months
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«L’homme moderne est un affreux décadent. Il ne peut plus faire la guerre, mais il y a bien d’autres choses qu’il ne peut plus faire. Cependant, avec son infatuation, son arrogance d’ignorant, il condamne ce qu’il ne peut plus faire, ce qu’il ne peut plus supporter. C’est comme l’art. Il est devenu scientifique parce qu’il ne pouvait plus être artiste. »
Pierre Drieu la Rochelle — Gilles, Éditions Gallimard; 1939.
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