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#vulgaire architecture
salon-du-salon · 2 years
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[SDS#34] Hendrik Hegray – Skullflower – Part II
Exposition du 24 octobre au 19 novembre 2022
Texte de Julien Bécourt
Observateur de l’infra-ordinaire et des anomalies puisées dans son quotidien le plus immédiat, HH porte un regard en biais sur les choses qui l’entourent et témoignent de sa condition existentielle. En résultent des images au statut incertain, décorum de ruines du temps présent, présence-absence d’un paysage dont les humains se seraient exilés. Photographies tronquées, griffonnages compulsifs ou objets de consommation d’un autre temps sont érigés au statut d’abstraction la plus déconcertante : snapshots d’un concert du groupe noise-psychédélique Skullflower (qui donne son titre à l’exposition au Salon du Salon), segments réagencés d’un vieux magazine de bondage japonais, vitrines poussiéreuses filmées au musée d’agriculture du Caire, architecture glauque de zone pavillonnaire, dessins grotesques ou scans de papier d’emballage… Un art du déphasage et de la non-adéquation au monde, comme s’il fallait en passer par l’altérité la plus radicale pour atteindre le domaine de la vision. Une vision qui ne passerait plus seulement par la pulsion scopique mais par l’expérience d’un décadrage, conjuguant les accidents aléatoires avec les décisions formelles les plus rigoureuses – quand bien même elles échapperaient au regardeur dans leur part d’arbitraire.
Cette sublimation de l’informe, doublée d’une outrance dans l’absurde frôlant la sociopathie, HH l’accomplit quasiment les yeux fermés, à tâtons dans un bordel sans nom. Bordel de l’obsessionnel, de l’archivage compulsif, de la passion pour l’obscur, de la quête de l’image manquante, d’une poésie du rebut. L’aiguille dans la botte de foin, la pièce de puzzle introuvable sans laquelle la vue d’ensemble est aussi incernable qu’indécidable – d’où cet effet de déstabilisation tant recherché. C’est par cette tangente, ce contre-sens délibéré, cette rigueur dans la dissolution du sens et dans l’inversion des hiérarchies que se produisent les associations d’idées les plus saugrenues : l’entrée en collision de références cryptiques dont se saisissent avec jubilation les initiés, mais qui interloquent d’autant plus ceux qui ignorent tout de la teneur radicalement underground de ses anciens travaux. Photocopies de photocopies de photocopies qui ne laissent plus filtrer en bout de chaîne que des traînées de couleur, des lignes géométriques et des bribes de figuration S/M. Le refoulé, l’irrécupérable et la négativité ne sont plus seulement le ferment de ses névroses – les siennes, comme celles d’une société irrémédiablement malade - mais atteignent une forme de beauté impure, non homologuée dans le champ de l’art. De strate en strate se produit alors une expérience quasiment initiatique, dont les tenants seraient privés d’aboutissants. Le mystère règne, accompagné le plus souvent d’un rire qui libère de la violence comme de l’humiliation sociale.
Car HH a toujours pratiqué un humour narquois, provoquant l’incongruence jusqu’à susciter une forme d’effroi ou de malaise – de nos jours, on dirait gênance. Il y a chez lui une lucidité d’outsider conscient de voir plus loin, égaré dans une société à laquelle il est à la fois étranger et perméable. Il y oppose une auto-aliénation radicale, dans l’attitude comme dans le geste pictural. Radicalité qui consiste notamment à restaurer les scories les plus vulgaires de la pop culture des années 1980-1990 et les technologies obsolescentes dans lesquelles sa jeunesse a baigné pour les commuer en totems énigmatiques ou en monticules de bruit low-fi. Faire les poubelles du capitalisme pour en extraire des ready made, quoi de plus salvateur ? 
Au fil des ans, la pratique de Hendrik s’affirme et s’affine, se fait de plus en plus aigüe, d’une désinvolture de plus en plus calculée. Délicatement dérangeante, si l’on peut dire. Son inclinaison naturelle pour le grotesque aurait même tendance à s’estomper pour atteindre une forme de raffinement. Car rien n’est laissé au hasard dans ces agencements faussement hasardeux qui simulent le chaos pour mieux déclencher la perplexité. Entre ses auto-publications, ses sculptures larvées, ses vidéos poisseuses tournées au caméscope et ses murs de collages en photocopies, HH offre un redoutable précis de déviance esthétique d’où surgit une forme inédite, réconciliant art dégénéré et avant-gardisme sophistiqué.
Julien Bécourt, août 2022
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sebchevalier · 5 years
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Une odeur de rat crevé, un discours de Le Pen, une chanson de Nico (T. Viel et C. Garcin)
Émotion, émouvoir (du latin movere) signifie : bouger, faire bouger, mouvoir. Tout ce qui (me) remue est émotion. Ça peut concerner aussi des idées, pas seulement des sentiments ou des sensations. Il existe une infinité d’émotions : des plus fines aux plus vulgaires. Une odeur de rat crevé, un discours de Le Pen, une chanson de Nico, un quatuor de Mozart, une peinture de Pompéi, une voix, une architecture, un paysage, une altercation avec un flic, tout peut être une source d’émotion. L’émotion n’est pas une valeur. « Elle est là, comme notre vie. » Omniprésente. Alors la question est : on fait quoi avec ça ? On perçoit, on ressent (affects), on filtre, on trie, on agence, on transforme, on produit, etc. Tout le monde le fait, des millions de fois par jour, au quotidien. Il n’y a pas de quoi se vanter.
(Travelling)
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navisseli · 6 years
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La Malédiction de Boucle d’Or
Animale, tome 1
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Auteurice : Victor Dixen
Maison d’édition : Editions Gallimard (Jeunesse)
Date de publication : 2013 (parution originale), 2015 (présente édition)
Nombre de pages : 437
Genre : Fantastique, Historique, Conte
Ce qu’en pense Naviss : 
Ce livre n’est pas bon. Voilà. Comme ça, au moins, c’est dit. Ennemi.es du féminisme, ne partez pas tout de suite ! Pour une fois qu’un roman ne pèche pas par son sexisme... Oui oui, vous avez bien lu. Alors certes, c’est pas non plus du Margaret Artwood ou du Simone de Beauvoir, mais ça fait le café. Pas de fétichisation du viol ou des agressions sexuelles dans ce bouquin (mais du syndrome de Stockholm, oui... nous y reviendrons plus tard). Pas de personnage féminin au joli petit cul détaillé pendant 5 pages qui tombe amoureuse d’un alcoolique colérique. Une romance médiocre, certes, absolument, mais qui n’est que médiocre. C’est chouette non ?
Ce billet ne commencera pas par un énième récit de mon aventure aux Imaginales en mai à Epinal, promis. Maaaaais... je parlerai d’Epinal quand même.
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L’intrigue principale de ce livre se déroule en 1832... dans les Vosges et en Moselle ! Donc oui, entres autres, à Epinal. C’est malheureusement trop rare de voir ce genre de romans se dérouler ailleurs qu’à Paris, donc je tenais à saluer l’initiative  et en plus Seli vient de là-bas.
Dixen est plein de bonnes intentions. Ça se sent. Il essaye. Il pose un contexte historique, et on sent qu’il a fait des recherches dessus. Ainsi glisse-t-il par-ci par-là moult petits détails civilisationnels qui sont pour moi bienvenus, notamment sur les évènements géopolitiques contemporains à l’histoire : les guerres napoléoniennes et l’instabilité politique de l’époque, rythmée par des changements fréquents de régime avec la succession Empire/Restauration/Monarchie de juillet. Et du coup, il l’utilise, ce contexte. Il le romantisme dans son très bon prologue, il y fait référence tout le long du bouquin, ce qui se tient : les personnages sont marqués par ces évènements, ils ont des opinions dessus, et ils les font savoir. De même, par ses références à Chateaubriand, il établit une atmosphère, un contexte littéraire, et il l’exploite : je ne sais pas vraiment si c’est quelque chose qui se faisait à l’époque, mais les soeurs ursulines du couvent où vit Blanche en font la lecture, en analysent des passages dont elles tirent des enseignements. Bon, entre nous, je trouve qu’il fait un peu trop de références sans les expliquer. Personnellement, j’ai fait deux ans de prépa littéraire donc niveau culture des auteurs et références classiques ça va ; comme je l’ai déjà dit dans un autre billet je raffole de la littérature réaliste et naturaliste, j’aime aussi l’humanisme et le romantisme, et pour ma culture des médiévistes, j’ai dû lire la Bible (Ancien et Nouveau Testament) au moins trois fois chacun. Bref, je les pige, tes références, Dixen. Mais je doute que ce soit le cas de tou.tes ses lecteurices, et je trouve que ça fait très élitiste de larguer comme ça ses premiers soutiens (soutien que je ne suis pas du tout). Enfin, outre ça, l’auteur sait faire des recherches, et ça se voit. A un moment, il décrit un château médiéval mais qui a connu des apports modernes. Eh bien, il fait bien attention à utiliser un vocabulaire architectural correct pour décrire l’évolution de l’architecture de ce bâtiment : ça prouve qu’il a fait un minimum de travail de recherche, et ça, c’est bien ! 
Alors d’où sort l’espèce de foutoir d’incohérences historiques qu’il étale tout le long, du genre, TOUT LE TEMPS ? Vous ne me croyez pas ? J’ai fait une liste. N’AVANCEZ PAS DAVANTAGE, À PARTIR DE LÀ JE VAIS SPOILER ABSOLUMENT TOUT LE TEMPS PENDANT UN MOMENT.
1. Le voyage, les routes et leurs dangers
A. On commence déjà avec l’excuse minable qui permet de faire disparaître Gabrielle de Brances : “Oulalah on est en avance on va pouvoir faire une pause, installez le campements !”, dit son père. Mec, on est dans un contexte préindustriel... Il y a des petites villes absolument partout, donc d’où tu t’arrêtes dans la cambrousse au milieu de nulle part ? Il y a un relais de poste toutes les deux lieues (10km), et le système de poste n’a jamais été plus performant... Tu faisais littéralement quelques kilomètres de plus et tu pouvais dormir au chaud, à l’auberge, et ta fille ne disparaissais pas. Après, si son trip c’est de faire du camping sauvage... 
B. L’on nous dit qu’Edmond Chapin est tué par des bandits de grand chemin, et le sujet est abordé à nouveau par la suite, dans une diligence, par le cocher et un médecin qui se plaignent en suite du fait que les routes ne sont pas sûres. Bon, je vous arrête tout de suite les gars : il n’y en a presque plus en France depuis le XVIIIe siècle, et les routes françaises sont réputées pour être moins dangereuses que les routes anglaises. Sachant qu’en Angleterre, la dernière attaque par des bandits de grand chemin est enregistrée en 1831... 
2. Des plaquages de concepts contemporains
A. Au sujet du Traité de l’éducation des filles de Fénélon, Dixen, faisant penser Blonde, écrit :
“Que les ursulines fissent reposer leurs préceptes éducatifs sur un ouvrage vieux de plus d’un siècle en disait long sur la modernité de leur approche...”
Mais qu’est-ce que... ? Hein ?? Okay okay alors on va reprendre. Ici, le concept de modernité est présenté comme un idéal vers lequel tendre. Dans notre société à nous, c’est d’ailleurs aussi le cas : “ce tapis est moderne, pas comme la vieille chose de mamie Géraldine !”, vous voyez le genre. Quand quelqu’un vous dit que quelque chose est moderne, on suppute immédiatement que c’est quelque chose de positif. Et en vrai, en 1832, le scientisme est en train de faire son apparition, donc ça serait une remarque tout à fait plausible... SI ON N’ÉTAIT PAS DANS UN $*#& DE COUVENT, ROYALISTE QUI PLUS EST. Ou alors on était pas au courant, et Blonde, l’héroïne, fréquente en cachette les salons où se rencontre l’élite intellectuelle et bourgeoise parisienne ?? On est plus pendant la querelle des Anciens et des Modernes, bon sang ! Je note d’ailleurs que Fénélon est dans le camp des Anciens, mais ça, Blonde ne le sait pas, Dixen non plus, et pour le coup ça n’a rien à voir avec son engagement pour l’oppression de la gent féminine étant donné que sur le sujet, même les Modernes étaient d’accord avec lui ! On connait les opinions politiques des ursulines, dans lesquelles Blonde a baigné sans jamais pouvoir confronter leurs opinions royalistes à des opinions extérieures. Pour elle, modernité ne devrait absolument pas être un gage de qualité... Alors oui, bien sûr que je suis d’accord avec le propos. Bien sûr que le fait que ces jeunes filles sont éduquées à coup de Fénélon, ça montre bien à quel point leur vision des choses est peu CONTEMPORAINE (pas moderne, vu qu’on est justement encore en plein dans l’époque moderne...). Je suis d’accord avec tout ça. Mais il n’y a aucune raison que le personnage pense ça. Par contre, il y avait moyen de faire passer le message sans incohérences avec une tournure du style : “Que les ursulines fissent reposer leurs préceptes éducatifs sur cet ouvrage en disait long sur la piètre opinion qu’elles se faisaient de leur sexe...”, ou quelque chose du genre. D’ailleurs, je l’ai déjà dit mais je le rappelle : je ne suis pas moderniste. Je ne suis pas spécialiste du tout de cette période, pas plus que Dixen, puisque je suis médiéviste. Du coup... Ben, je vérifie.
B. Alors là pour le coup je n’ai pas de sources. Le seul truc que j’ai trouvé, c’est un rapport non sourcé de l’INPES dans lequel on raconte que Christophe Colomb a découvert l’Amérique et que le tabac arrive en France en 1530, du coup je leur ferais pas trop confiance niveau fiabilité historique. Mais quand Edmond Chapon dit que sa vieille pipe finira par avoir sa peau, je tique : je ne crois pas que le tabac fût considéré à cette époque comme mauvais pour la santé par le commun des mortels. Par des médecin.es, sûrement. Par Chapon, permettez-moi d’en douter.
3. Le rapport à la moralité, à la sexualité et à la décence
A. Autre merveille : le nombre des références sexuelles que font les pensionnaires du couvent. Alors comment dire. Dans Le Deuxième sexe, Simone de Beauvoir dénonce le fait que des tas de jeunes filles arrivent encore au mariage en n’ayant qu’une idée approximative de comment on fait des enfants, voire en ne le sachant pas du tout... et elle est publiée en 1949. Je n’ose même pas imaginer les lacunes de leurs connaissances à cette époque. Ces jeunes filles sont des oies blanches qu’on fait exprès de tenir à l’écart de toute éducation sexuelle - ce qui ne veut pas dire qu’elles sont sottes - donc non, elles ne font pas des blagues de cul toutes les 3 pages. Et même si l’une le savait et avait fait partager son savoir aux autres, à aucun moment elles ne feraient ce genre de réflexions à voix haute, devant leurs pairs comme devant les soeurs ! Devant un cercle d’amies très proches de confiance éventuellement, mais jamais en public ! Je rappelle un truc, c’est qu’on est bien après le libertinage (et on devenait libertine APRÈS la sortie du couvent, en contraste justement, pas PENDANT) et bien avant la révolution sexuelle. On cultive exprès une culture de l’ignorance chez les filles qui est censée être gage de leur qualité, de leur pureté. Une fille qui oserait faire ce genre de réflexion à voix haute, devant leurs consoeurs ou autres, verrait très vite soupçonnée. Pour une jeune fille, ça signifierait s’exposer à un slut-shaming constant et ça serait un suicide social, car plus personne ne voudrait s’associer à elle de peur de voir sa propre moralité remise en cause. Dans un temps et un lieu où on t’explique que toute ta valeur en tant qu’individu dépend de ta prétendue moralité, tu ne veux surtout pas ça. Aujourd’hui, c’est cool de faire des blagues de cul, ça montre qu’on est décoincé.e et c’est une qualité sociale (pour moi, qu’on soit “coincé.e” ou “vulgaire”, ça ne devrait jamais remettre en question la valeur d’un.e individu, mais passons). En 1832, pas vraiment...
B. Lorsqu’elle est hospitalisée, Bérénice traite Blonde de garce devant un professeur de médecine, OKLM. Et le gars est même pas choqué. Euh... Non ?Parce que les gens, notamment les gens nobles et bourgeois chez qui l’éducation est leur plus grand bien, ont de la retenue ?? Elle s’est jurée de détruire sa propre réputation ou quoi ??
C. Quand Blonde pose pour eux, Gaspard et son maître TOUCHENT Blanche, ses cheveux, son visage, pour l’arranger à leur convenance. DEVANT LES SOEURS URSULINES. Non ??? D’une, parce qu’il suffit de lui parler et qu’elle peut le faire elle-même ; de deux, parce qu’au XIXe on ne se touche pas entre hommes et femmes non mariés qui ne sont pas de la même famille ! Vous croyez que la révolution sexuelle est arrivée pour quoi ?
{EN VRAI JE NE SPOILE PLUS A PARTIR DE LÀ}
D. Tout le monde se balade tête nue. Même en 1950 on se balade pas tête nue... Lucien Terras (L'histoire du chapeau, Paris, Editions Jacques Damase, 1987) écrit que le chapeau est un élément indispensable de la toilette, et que les femmes qui sortent “en cheveux” sont immédiatement remarquées, et pas en bien... Ainsi, les ouvrières qui sortent sans couvre-chef par manque de moyens sont très mal vues. Donc on peut supposer que le premier endroit où l’on risque de faire attention à ce genre de chose, c’est bien dans un couvent pour demoiselles nobles, surtout lorsque des hommes sont reçus ! On remarquera que je n’écris rien à ce sujet. En effet, je ne sais pas comment les institutions religieuses de femmes s’adaptent à la présence d’hommes au XIXe siècle, ni même si cette cohabitation temporaire est envisageable. Au Moyen Âge, des grillages ou des cloisons auraient été installé.es, ou, si impossibilité de le faire, les soeurs et les jeunes filles auraient été recluses tout le temps de la présence de ces hommes. Je ne sais pas comment cela se passe au XIXe et je n’ai pas trouvé de sources en témoignant, donc je ne critique pas.
4. Le rapport à la mode et à la beauté
A. Là encore, des incohérences. A un moment, Blonde décide de sortir sans son châle, qui, à ses propres dires, lui donne des allures de grand-mère. Alors bon, en 2018, je veux bien, mais pas en 1832 ! En plus pour le coup c’est mal tombé, le châle est revenu à la mode depuis le XVIIIe siècle, et il ne cesse pas de l’être au XIXe... Je veux bien que son châle soit moche, mais dans ce cas, ça lui donne l’air pauvre. Pas vieille.
B.  Pour décrire le fait que Blonde se met en valeur, on nous dit qu’elle porte une ceinture serrée pour mettre en valeur ses hanches et sa poitrine.
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Alfred Roller (1864-1935), Le costume féminin de 1794 à 1887 (détail), Hochschule für angewandte Kunst, date inconnue.
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Artiste inconnu.e, Costume civil (détail), Larousse, 1948.
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Terrizae, Terrizae's western fashion timeline, Deviantart, 2011.
Bon. Qu’est-ce qu’on remarque ici ? Des robes qui montrent les pieds et éventuellement les chevilles, serrée à la taille pour en montrer la finesse mais de manière moins forte que dix ans plus tard, des baleines moyennement serrées voire pas de baleines du tout pour ne pas mettre trop l’accent sur les hanches, la jupe monte haut et part de la taille, la gorge est entièrement couverte (sauf sur le dessin de Terrizae, et du coup j’ai vérifié : les robes très mondaines montrent en effet le cou et la naissance des épaules), la poitrine est masquée sous ce que faute de vocabulaire vestimentaire, j’appellerais un genre de collerette. Ce qui est mis en avant, par contre, ce sont les avant-bras. Du coup bon, la meuf qui essaye de mouler sa poitrine pour plaire en 1832, j’ai comme un doute. Pour les hanches, on va dire que c’était une manière maladroite de dire la taille, puisque pour le cou, le fait de serrer sa ceinture sur sa taille pour en montrer la finesse était cohérent...
Bref. C’est plein de petits trucs, c’est pas GRAVE en soi, ça a généralement pas d’influence majeure sur le plot (sauf le coup des relais de poste...), mais en voir tout le temps, c’est agaçant. Puisque je m’apprête à parler du style, je voulais tout de même évoquer une autre petite chose que j’ai trouvé très agaçante : la mauvaise utilisation des termes “anciens”, que Dixen emploient parce qu’ils font “exotique”. Et je tiens notamment à parler de sa mauvaise utilisation du mot “point”. “Point”, ça indique une négation totale. On pourrait le remplacer par “pas du tout”. Ça n’est pas bêtement interchangeable avec “pas” ! Sauf que du coup, Dixen l’utilise dans TOUS ses dialogues, même quand ça n’a aucun sens. Le mot “pas” existe au XIXe hein ! Du coup ça crée des tournures bizarres où on a l’impression que le personnage insiste sur le fait qu’il ne fait pas du tout quelque chose... alors qu’en fait, c’est une négation simple.
(Petit aparté intéressant - En vérifiant mes dires pour le paragraphe précédent, je suis tombé sur Wikitionnaire sur ceci :
“De l’usage en ancien français d’ajouter un substantif signifiant « le moindre » après ne :
Je ne bois goutte. — Je ne mange mie. — Je ne marche pas.
L’usage de pas s’est généralisé par un cycle de Jespersen (...).
En gros, “je ne marche pas”, à la base, ça veut bêtement dire “je ne marche pas même un pas” !)
De la même manière, il utilise de manière interchangeable les termes “couventine” et “prieure”... Une prieure, c’est dans un prieuré. On n’est pas dans un prieuré ? Ce n’est donc pas une prieure. Ou alors il est vraiment en surpopulation ce prieuré, parce que d’habitude c’est 3-4 personnes, et les soeurs doivent se sentir un peu à l’étroit...
Enfin bref. Je disais que je voulais parler du style. Je voudrais d’abord parler du prologue, que j’avais déjà rapidement mentionné. Ce prologue est pour moi la meilleure partie de ce livre. Malheureusement, il fait trois pages. Mais ce sont trois pages que Dixen a vraiment travaillées et sur lesquelles il s’est investi. Le style est recherché mais reste simple, ce qui lui donne un aspect fluide et agréable - et en plus, il utilise correctement le subjonctif imparfait. Je me réjouissais déjà à l’idée de lire un livre entièrement écrit de cette manière... et non, en fait. Bon, il continue à travailler ses tournures, mais pas autant, et la qualité de ses envolées lyriques est parfois discutable... parce que c’est souvent lourd, et je trouve ça d’autant plus regrettable que son prologue est une démonstration du fait qu’il est capable de bien écrire ! Ainsi, on a le droit à une succession de comparaisons animalières hasardeuses pour décrire des personnages, qui sont parfois plus que maladroites : pour montrer que le nez de Gaspard a du caractère, l’auteur compare ses narines aux naseaux d’un cheval... Euh, une telle analogie pour un personnage qui est censé être un “BG” (mais on reviendra là dessus) me laisse plutôt circonspect...
{JE SPOILE À NOUVEAU}
Mais pour moi, ce n’est pas le pire. Vraiment. C’est dommage, mais tout ce que ça fait, c’est supprimer un point positif. Non, ce qui rajoute vraiment du négatif, ce sont ses dialogues et toutes ses paroles rapportés. C’est horrible. On le sent déjà un peu au début, mais ça m’a vraiment frappé à la lettre de Gabrielle, censée être écrite dans l’urgence, où elle a quand même le temps de faire des envolées lyriques dont une sur la beauté de ses propres cheveux (je vous jure)... Les dialogues rapportés de l’interrogatoire par Chapon m’ont fait cringe tellement c’était lame.
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Exactement comme ça.
{JE NE SPOILE PLUS}
Globalement tous les “roturiers” (sauf Gaspard bien sûr, pour aucune raison particulière) disent des trucs comme "oui ma bonne dame, y savons pas, crésaindiou, mais j’avons vu l’y aller tantôt" (j’exagère à peine). Tous les dialogues, ou au moins la plupart, sont affreusement caricaturaux et forcés. Toutes les tournures, dès que la parole est donnée à un personnage sonnet empruntées, artificielles et lourdes. Un de mes compagnons me faisait hier la réflexion que les évènements du livre se déroule en parallèle à ceux de l’intrigue du Comte de Monte-Cristo... Et du coup je ne peux qu’imaginer le comte de Morcerf dire les répliques du comte de Valrémy (qui limite s’arrête pour décrire le paysage à chaque phrase qu’il prononce), ou imaginer le décalage entre les personnages s’ils interagissaient, et c’est ridicule :’)
{À PARTIR D’ICI, JE VAIS SPOILER EN PERMANENCE JUSQU’À LA FIN}
Je voudrais désormais parler des personnages. Bon, déjà, ce sont tous des BG, sauf peut-être Bérénice, mais elle est à peine décrite.
Blonde : “cheveux comme de l’or”, “magnifiques cheveux”, “peau ivoire”, “joues rosées”, “splendide”, “ravissante”.
Gérard : “bras musclé”, “belles boucles châtains”, “grands yeux bruns”, ressemble à Saint-Michel, “dents ivoirines”
Même son père est un BG, et il est encore décrit comme tel sous forme de bête ! Je parlais de la romanisation du syndrome de Stockholm, et c’est à ça que ça faisait référence. En gros, si ton tortionnaire est beau, ben ça passe...
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Sa mère n’a pas le droit à une description précise, mais il est sous-entendu qu’elle aussi, elle a des cheveux trop beau de ouf.
Le personnage principal, Blonde, est parfait. Parce qu’elle a de faux défauts. Elle est maladroite mais c’est mignon, elle est rêveuse et elle s’égare dans ses pensées, elle est douce et timide et elle se perd dans des livres (ouah le comble de l’originalité), elle a un super-pouvoir, elle sait tout faire, même parfaitement sculpter de la pierre la première fois qu’on lui donne des outils (???), ou alors elle suffisamment bien danser pour pouvoir se produire au bout d’une semaine, malgré le fait qu’elle est censée avoir passé toute sa vie dans un couvent... Enfin, après tout, Gaspard le tailleur de pierre sait faire des massages cardiaques alors qu’est-ce que j’en sais. C’est une Mary Sue totale, et forcément tous les protagonistes masculins jeunes tombent amoureux d’elle au premier regard pour aucune raison (Gaspard), ou veulent coucher avec elle même quand elle ressemble à un ours (ses agresseurs sexuels au cirque). Je la trouve très plate, pas charismatique du tout, et finalement pas attachante. Elle réussit tout facilement. Elle ne rencontre aucun véritable obstacle. 
Par ailleurs, je regrette le peu d’influence qu’a eu le couvent sur elle alors qu’elle est censée y avoir passé toute sa vie, sans contact avec le monde extérieur. En vrai, quand tu passe 15 ans dans un couvent, ça laisse des traces un peu plus lourdes que “je connais l’histoire de Marie-Madeleine”. Je trouvais chouette le fait que l’auteur utilise un peu au début le contexte du couvent, en faisant des références au rythme de la journée ou à quelques anecdotes religieuses... Mais il abandonne très vite, et ce contexte, au final, est peu utilisé. On ne sent pas du tout la rigidité de la vie régulière, on ne voit jamais personne prier ! C’est cocasse pour une organisation ecclésiastique. Toujours concernant le couvent, un point que j’ai trouvé bon, c’est que Dixen décide finalement de rompre avec l’image froide et austère du couvent, en montrant que malgré leur sévérité, les soeurs ont tout de même de l’affection pour Blonde. Il aurait pu ne pas le faire, et du coup j’apprécie l’effort.
Les autres personnages pèchent aussi. Rosemunde et Marie-Joseph sont interchangeables, pratiquement toutes les jeunes filles sauf Bérénice et Marie-Adélaïde (ou un truc comme ça) le sont également. Et encore, Marie-Adélaïde n’a le droit qu’à quelque chose comme 3 lignes de dialogues, puis elle retourne dans l’ombre avec tous les autres personnages... qui sont au final très peu caractérisés, tous autant qu’ils sont.
En parlant de personnages nuls, laissez-moi vous parler de Gaspard. Gaspard n’est pas un personnage. C’est une fonction. Il est : l’amoureux. Il n’a pas de personnalité. Il dit des trucs, mais il n’exprime rien. Et du coup, grâce à lui, on a le droit à une romance tellement médiocre et inintéressante que même l’auteur a la flemme de la développer. On reviendra sur ce point tout à l’heure...
Le seul personnage qui m’a fait impression, c’est Bérénice. Et son traitement m’a terriblement déçu. Elle suit ce développement :
Pimbêche de base
SUPER DEVELOPPEMENT OH MON DIEU VA-T-ELLE AVOIR LE DROIT A UN ARC DE REDEMPTION ?
Méchante de dessin animé
En vrai, si elle était devenue la meilleure pote de Blonde, j’aurais trouvé ça un peu prévisible. Pour le coup, le fait qu’elle redevienne une connasse après son développement était étonnant, et j’ai vraiment été surpris sur le coup. Sauf qu’après, elle devient caricaturale. Limite on a le droit à son monologue de méchant, sauf qu’elle a l’esprit de ne pas le dire à voix haute (enfin sauf pour le coup où elle se met à brailler que Blonde est une garce...). Du coup, Dixen la fait se confier (un peu trop facilement)... pour qu’elle redevienne juste une basic bitch après ? Génial.
On arrive à ce qui m’a le plus agacé : le plot, le développement, la narration. Déjà, il n’y a pas assez d’exposition. Le retournement de situation arrive avant que l’on soit imprégné du quotidien, du coup on ne sent pas la rupture ! Autre élément insupportable : le fait que le personnage soit stupide pour ralentir superficiellement l’intrigue. Exemple : la scène où Chapin lui apprend qu’en fait Valrémy et Gabrielle de Brances sont ses parents (mais en fait non). SANS BLAGUE. TOUT LE MONDE LE SAIT DEPUIS LA PAGE 30. MERCI BLONDE POUR TON ESPRIT ET TA VIVACITÉ. Autre exemple : je comprends qu’il fallut lui donner une raison d’aller chez Valrémy, après tout, il fallait qu’elle puisse récupérer la lettre de sa mère pour apprendre qu’en fait son père n’est pas son père. Mais bordel, “il faut que j’aille chez Valrémy pour savoir pourquoi il m’a abandonnée”, vu la manière dont ça s’orchestrait, c’est stupide ! De manière non-méta, Blonde a déjà une réponse : c’était soit pour obtenir l’annulation du mariage avec sa mère,  soit parce que dès qu’elle était bébé elle était sacrément cheloue. De manière méta, on le voit arriver gros comme une maison que en fait son père c’est quelqu’un d’autre...
En vrai, tout n’est pas prévisible. Par exemple, je ne m’attendais pas qu’elle retourne au couvent après en être partie une première fois. Je ne m’attendais pas non plus aux revirements de Bérénice. Je n’ai pas non plus vu venir le pouvoir de Blonde, même si je savais qu’il y avait un truc, lors des mentions discrètes de son pouvoir avec les langueurs hivernales décrites au début du premier chapitre : j’ai même trouvé le fait de lui donner une indolence en hiver pour simuler l’hibernation plutôt malin, ainsi que sa résistance au froid. Le fait qu’elle aime le miel était un peu de trop à mon goût, mais pourquoi pas, c’est cohérent. Cependant, BEAUCOUP de choses sont prévisibles. Je ne pouvais pas forcément prévoir comment les éléments allaient s’imbriquer ensemble, mais il y a plein de trucs où je me suis dit “telle chose est tellement clichée qu’elle va en entrainer telle autre” et où j’ai eu raison (le vieillard qui est Chapon, la vieille qui est Ernestine et qu’elle allait forcément retrouver, son père qui n’est en fait pas son père...).
L’histoire d’amour est un autre gros point négatif pour moi. Elle est forcée, on nous la jette à la tronche dès le chapitre un, on en a rien à secouer au début et on ne s’y intéresse pas plus à la fin... On a même le droit au cliché du “Je suis trop dangereuse, je ne peux pas t’aimer” ! Parce que oui, ce n’était pas ça le pire : le PIRE, ce sont les ELLIPSES TOUT LE TEMPS. L’auteur fait tellement d’ellipses qu’on se demande même pourquoi il s’est emmerdé à écrire un bouquin, il aurait pu ellipser ça aussi ! La romance est tellement OSEF que l’auteur ne daigne même pas écrire sa progression, et préfère faire une ellipse de plusieurs semaine à la moitié du bouquin où on passe de “on se connait à peine et on a parlé 3 fois dans notre vie” à “on s’aime et on va se marier” !! Genre l’auteur s’est dit :
“Tiens, j'ai tout les éléments pour faire une romance médiocre avec mes personnages plats. Comment je pourrais rendre ça encore plus mauvais ? Mh... Ah ! Je sais ! Je vais faire une ellipse sur la manière dont les personnages se mettent ensemble comme ça j'ai même pas besoin de m'emmerder à détailler cette romance niaise !"
"Mh, il faudrait que je trouve un moyen de faire en sorte que mon héroïne se tire de la situation épineuse dans laquelle je l'ai mise, mais j'ai vraiment la flemme de trouver comment... AH ! Je sais ! Je vais faire une ellipse, comme ça, pas besoin d'expliquer comment ni de décrire quoi que ce soit, elle perd connaissance et pouf, elle se réveille après et tout va mieux !"
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Ouais, ça va être bien.
Et c’est comme cela tout le temps à partir de la 2ème partie du bouquin. Le passage au journal intime devient un prétexte pour ne plus rien développer et multiplier les éclipses ! Vu que Blonde perd tout le temps connaissance, il n’y a plus besoin d’expliquer comment elle s’en sort... Pour moi, c’est de la fainéantise narrative.
Bref. En vrai, je n’ai rien contre Dixen. D’après Seli, c’est un type agréable, il est ouvert aux suggestions, ça a l’air d’être un gars bien. Ma critique peut paraître véhémente, mais en vrai, je n’ai pas détesté ce livre (contrairement à L’Air, par exemple, qui m’a mis en colère). Certes, des points m’ont beaucoup agacé, mais ce n’est pas assez pour me faire haïr un livre. Celui-ci n’a pas beaucoup de goût, il n’est pas très bon, mais il n’est pas mauvais non plus. C’est un roman “pain de mie”. Mais pain de mie un peu rassis.
Ma note : 6/20
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blogkhadijamcharek · 4 years
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Lundi Architecture
Lundi 08 Mars 2021
Devinette: mon personnage était végétarien et très lent dans l’exercice de la peinture...
Réponse: Léonard De Vinci.
Eh oui, le fameux! le seul l’unique,le peintre sculpteur architecte urbanisme mathématicien aviateur botaniste musicien metteur en scène poète philosophe et écrivain... et j’en oublie surement quelques spécialités. Heureusement que de son temps, les architectes n’avaient pas besoin d’être inscrits à l’ordre de Venise pour exercer leur art, sinon, il aurait été viré pour atteinte aux bonnes mœurs.
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Ou alors, il aurait été attaqué par les diplômés en architecture, parce que c’est un vulgaire peintre qui ose construire des châteaux pour le roi de France sans avoir de cachet. Pire encore, il aurait été traité de décorateur, insulte ultime aujourd’hui en Tunisie , proférée par les architectes envers les architectes d’intérieurs, et on lui aurait demandé  d’aller dessiner ses fresques dans les églises et ne plus s’amuser à dessiner des plans. Drôle et pathétique à la fois.
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Je crois que même l’académie des Beaux Arts l’aurait viré du tableau des artistes plasticiens de Tunis, parce-qu’il est lent dans l’exercice de la peinture. C’est à cause de ça que son fameux tableau”La Cène” s’effrite à vue d’ œil; puisqu’il s’est amusé à superposer des couches de peinture rendant l’ouvrage fragile.
Ce peintre néanmoins essayait des techniques hors du commun pour arriver à créer ses chefs d’ouvres.Quand l’église interdisait la dissection des cœurs des défunts,( car dans la croyance catholique celui ci est le cadeau divin qui contient l’âme dont les sujets ont encore besoin dans l’au delà) lui osa disséquer un cœur et découvre par hasard un détail anatomique qui se révélera être la cause de l’infarctus chez l’homme.
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Ce n’est pas par amour des cadavres que celui ci entreprenait ces pratiques, mais dans un souci de perfectionnement pour son art. Il voulait observer les veines, les muscles, les tissus pour pouvoir en sculptant communiquer à l’humanité des œuvres vibrantes de vie..
Ce génie universel intrigue tellement que les légendes et les petites histoires fusent autour de sa vie et de son art.
Légende numéro 1: Son maître Verrochio, dans l’atelier duquel il était entré en stage dirons nous aujourd’hui, aurait cessé de peindre en voyant le génie de Léonardo évoluer sous ses yeux.
Légende numéro 2 :
A SUIVRE
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memoiredesarts · 4 years
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Partie 1
J'aimerais vous parler de Ma religieuse, chanson tirée du même album. Pour vous dire que je n'en comprends pas son sens vis-à-vis des autres idées que vous témoignez. Pour autant j'admire totalement Les Guerres des Mondes, tant par le déluge de votre voix, que dans son instrumental qui met en émoi mystique. Mais est-ce le tort et le point faible des hommes qui font que le monde restera toujours vulgaire de putains, et que ça se vend. Soyons clair je ne parle pas des plus dénudées, je parle des progressistes qui n’apportent aucun progrès. Si l’on prend toujours pour abandonner ? Cette loi du marché. Ce n’est pas le progrès de la connaissance directe, mais ce qui s’achète en tout progrès de la bêtise. Je me délivre du mal et que ceux qui ne me suivent pas me prendront toujours pour le mal. Exactement. Oui, le monde est ce qu’il est, en tout point il est régressé. Ma génération 94 comprend mieux certaines choses. Les vieux, je croyais à un moment qu’ils savaient, ils sont attirants d’avoir vécu la free rock époque, mais ils sont difficilement adhérents. Ils restent hypnotisés par leur temps, ils n’ont pas toujours connu le pire. Ils sont compliqués à mobiliser, ils vivent dans leur monde de lapin blanc, réconfortés dans leur cage. Moi ça me lasse la cage, ou alors je reste seul, je ne supporte pas de mourir à deux, ou à trois, pour m’ennuyer avec le cadavre des autres. Bon mais pas tous, D. S. est une exception pour son millésime, dans ses textes. Les autres ils nous mentent parce qu’ils veulent cette fin du monde. Ce sont eux les destructeurs. Alors je les écrase quand j’en rencontre, comme quand on est énervé on écrase les cafards, mais le cafard est toujours là.
Je crois que 94 c’est l’âge noble, le millénaire élu, on est un peu les meneurs des troupes neuves, on voudrait armer le futur. Nous sommes les ainés porteurs de la nouvelle rébellion. J’aurais aimé être cette jeunesse qui en profitera mieux mais la mienne doit se sacrifier. Elle a un pied dans le berceau et un autre dans le tombeau. Ses lèvres souffrent pour des visions d’un plus beau. Ce sont leur échec qu’ils voient dans les translucidités de nos lucidités. Ils ne sont là que pour nous rendre coupables de leur déboire.
Qu’ils gardent leur monde qui ne sait que se complaire dans le faux-semblant. Ça ne taille pas une pierre pour son empire. Ça parle d’esclavage à tout travail, ça n’est pas sacrifice et consécration d’une vie. Ils préfèrent maintenir celles des grabataires qu’on fait longtemps vivre insensément. Ça n’est pas bâtisseur de cathédrales, de châteaux, et de maisons royales, des motifs végétaux ou d’éléments symboliques, de mythes qui faisaient les rêves pour de vrai, et des lectures qui faisaient le respirable. Ils préfèrent leur architecture qui ne ressemble à rien. Comme ça le peuple n’aspire à rien, à part aspirer à l’horreur de sortir. Décadence de nos empires qui ne bâtit plus rien. Pour que l’art ne sert qu’à nourrir les machines à laver, et les larves. Les individus font ce monde, ils sont en toute responsabilité ce qui mène à l’inférieur. Ils se laissent choir sur des acquis qu’ils ne maitrisent pas du tout, et se laissent porter par le désastre en fermant les yeux. Ça veut rayonner par l’ego. Donnant au creux de la valeur, dans leurs beaux-arts de la laideur. Non on ne bâtit rien pour les valeurs. Je m’emmerde dans leur ego de branlette. Qu’ils s’enferment faute de mieux dans la stabilité passive, au lieu de reconquérir la perte. Ils peuvent commander leur cercueil par Amazon, se palucher dans leurs stations balnéaires, ou faire des machines à fric de leur survie artificielle. Je ne fais pas partie de ceux-là.
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Lincoln Corsair et le nouveau Ford F-150 2021
Le 25 juin 2020
J’aime bien publier mon blogue hebdomadaire le mardi ou le mercredi soir. Mais cette semaine, il parait un peu plus tard pour deux raisons. La première, c’est que mercredi, c’est la Fête Nationale au Québec. Donc, c’est congé pour tous, même les mordus de l’auto. La deuxième, c’est que le dévoilement du nouveau Ford F-150, le véhicule le plus vendu en Amérique du Nord, s’est fait le jeudi 25 juin. Et on ne voulait pas manquer cela!
Commençons alors avec mon véhicule d’essai de la semaine. Dans ce cas, il s’agit du tout nouveau Lincoln Corsair, un petit VUS haut-de-gamme qui remplace le MKC de génération précédente.
Au départ, je dois avouer que j’ai toujours été un «fan» de Lincoln. Quand je suis né en 1949, mon père possédait une Lincoln Zephyr 1940 à moteur V-12. Il s’en est défait en 1954 pour la remplacer par une «vulgaire» Ford Customline mais je crois qu’il ne s’en est jamais remis. Il est demeuré un gars de Ford pour enfin revenir aux Mercury (une marque qui n’existe plus!) mais il ne revivrait jamais plus «l’expérience Lincoln» jusqu’à ce que je me procure ma Lincoln Versailles en 1977. Mon père n’est plus de ce monde mais ma Versailles est toujours dans mon entrée de garage!
Lincoln a longtemps été une des plus belles marques d’auto d’Amérique du Nord. Lincoln fut créée par Henry Leland (le même homme qui avait aussi créé Cadillac) mais des difficultés financières l’ont obligé de céder sa production à Henry Ford en 1922. Henry Ford confia la marque à son fils Edsel qui sut lui conserver son statut de grand luxe jusqu’à Grande Dépression des années trente. C’est là que Edsel transforma Lincoln en Zephyr plus abordable mue pas un V12 «Flathead» dont découlera les fameuses Continental. Il faudra attendre en 1961 pour que Lincoln retrouve ses lettres de noblesse avec la parution des nouvelles Continental aux lignes épurées désormais connues sous le surnom des Continental Kennedy. Oui, c’est dans une de ces Continental que le président Kennedy fut assassiné!
La marque reprit également du poil de la bête avec le modèle Town Car qui fut, pendant des années, l’ultime limousine américaine. Puis, éventuellement, les marques européennes ont pris la relève et la marque Lincoln a perdu de son lustre. Toutefois, ici, en Amérique, Lincoln a su s’adapter au phénomène des VUS et avec le temps, c’est à partir de ce créneau qu’elle reprend un peu de prestige. Malheureusement, les «autos» Lincoln doivent en payer le prix. La berline MKZ a connu sa part de gloire et alors que Ford, le constructeur des Lincoln, a voulu relancer le nom Continental, les VUS avaient déjà imposé leur loi. Selon les dernières nouvelles, Ford devrait terminer la production des MKZ en juillet et on se doute que la Continental, une des plus belles autos de luxe américaines, suivra de près puisqu’elle est basée sur la même architecture.
Ne restera plus, alors, que les VUS Lincoln qui, avouons-le, commencent à connaître un certain succès, ne serait-ce que par leur style accrochant! Du moins, c’est ce que croit Bob Lutz, autrefois un dirigeant légendaire de Chrysler puis de GM qui récemment avouait que, malgré qu’il fut gênée de l’admettre, croyait que c’était Lincoln qui affichait le plus beau style du genre de l’industrie : «Les Navigator et Aviator, c’est ce que les Range Rover auraient dû être!».
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Ford a redessiné son petit VUS Lincoln MKC et l’a rebaptisé Corsair. (Photo Éric Descarries)
Donc, maintenant, le plus petit produit Lincoln, c’est le nouveau Corsair. Corsair? Un nom qui a déjà orné une version luxueuse d’Edsel en 1958 et qui, par la suite, est devenue une marque de petite auto économique de Ford en Europe? Ben oui, comme dirait un comédien québécois, Corsair! En fait, le Corsair se veut le remplacement du VUS compact MKC dont il a déjà été question dans ce blogue. À l’époque, malgré les transformations qui lui avaient été apportées, on identifiait trop facilement le MKC à un Ford Escape «saucé dans l’or» (sans tenir compte que la plupart des VUS compacts de la concurrence sont aussi des versions «saucées dans l’or» de modèles moins ostentatoires!).
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Vu de l’arrière, le Corsair conserve des airs de famille avec les autres VUS Lincoln. (Photo Éric Descarries)
Quoiqu’il soit issu de l’architecture du nouvel Escape, le Lincoln Corsair sait se distinguer de celui-ci. Et il le fait avec brio. Tous les Corsair vendus au Canada sont à traction intégrale. Toutefois, il y a deux moteurs au catalogue, tous deux des quatre cylindres turbocompressés dont le plus «petit» est d’une cylindrée de 2,0 litres alors que mon véhicule d’essai, un Corsair dit Reserve était animé par le quatre cylindres turbocompressé de 2,3 litres qui développe 295 chevaux et 310 li-pi de couple. Tous les Corsair sont équipés d’une boîte automatique à huit rapports alors que la traction intégrale accorde plus de puissance aux roues avant en conduite normale.
En ce qui a trait au design du véhicule, je vous laisse en juger de vous-mêmes. Affichant une ligne un peu plus définie que le MKC, le Corsair conserve quand même des airs de famille avec les Aviator et Navigator ce qui n’est certes pas un défaut! Définitivement, le Corsair est élégant, peut-être même un peu plus élégant que le MKC.
Toutefois, c’est de l’intérieur que ce véhicule sera jugé. Mon Corsair d’essai était équipé d’une pléthore d’accessoires tous plus intéressants et utiles les uns que les autres. Mais le prix en souffrira éventuellement.
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Le tableau de bord du Corsair est un peu trop discret mais il est très fonctionnel. (Photo Éric Descarries)
Au départ, le tableau de bord du Corsair ne gagnera pas des prix pour son design mais sa simplicité se marie très bien à une certaine élégance discrète qui va bien avec la nature du véhicule. Malgré l’instrumentation entièrement électronique (et modulable) du tableau de bord, c’est surtout l’imposant écran du centre qui attire notre attention. Il est activé par le système Sync 3 de Ford qui est facilement manipulable. On y retrouve également son adaptabilité aux services AppleCarPlay et Android Auto. Incidemment, vous noterez sur les photos qu’il n’y a pas de levier de vitesses ni de commande rotative à cet effet mais plutôt des commutateurs «toggle switch» à la planche de bord pour changer le fonctionnement de la boîte de vitesse (les Edsel Corsair de 1958 avaient un système électrique semblable au centre du volant ce qui a bien servi les critiques de l’époque!).
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Les places d’arrière sont vraiment accueillantes et confortables. Notez la couleur de la sellerie. (Photo Éric Descarries)
Les sièges avant sont ajustables de multiples façons incluant le réglage (individuel et indépendant) de la longueur du coussin pour les cuisses des passagers d’avant. En plus de ces commandes aux portières, les utilisateurs de Corsair pourront aussi profiter d’autres réglages dont le massage en consultant les commandes à l’écran! Dois-je vous dire que ces sièges sont chauffants (tout comme le volant) ou ventilés? Il en va de même pour les sièges d’arrière qui ne manquent pas d’élégance et de débattement. Quant à l’espace dédié aux bagages, il est suffisant alors qu’il devient encore plus utile si l’on replie le dossier des sièges d’arrière. Mais le Corsair est plus un véhicule de luxe qu’une camionnette de travail! Ah oui! On accède à ce compartiment arrière tout simplement en passant le pied sous le pare-chocs (je l’ai fait avec les bras pleins) et peut même se refermer de la même façon.
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Le coffre procure suffisamment d’espace pour les bagages de deux occupants lors d’un long voyage. Évidemment, ce compartiment cargo s’agrandit en rabattant le dossier des sièges d’arrière. (Photo Éric Descarries)
Sur la route
Les gens qui conduiront le Corsair ne seront pas nécessairement des automobilistes à la recherche de sensations. La majorité de ceux-ci opteront pour laisser le mode de conduite en position normale malgré l’intéressante puissance du quatre cylindres de 2,3 litres semblable à celui des Mustang de base (peut-être vaudrait-il mieux regarder de près l’option du moteur de base qui en est presque aussi puissant ?). Passer du point mort à 100 km/h demandera environ sept secondes alors que la boîte auto saura choisir les bons rapports quand viendra le temps de reprises. Heureusement, cette même boîte m’a parue plus stable que celle du dernier MKC évalué. Elle n’accusait certes plus de recherche (shunting) entre les rapports !
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Le moteur turbocompressé de 2,3 litres est à la fois puissant et surtout doux et silencieux! (Photo Éric Descarries)
Le Corsair n’est pas un «sports car». C’est une voiture de luxe plus facile à conduire en situation urbaine que bien des limousines sur le marché. Incidemment, il est aussi équipé de cette fonction qui permet le stationnement automatique autonome qui n’est jamais assez vanté (voire même utilisé)! En ce qui a trait à la tenue de route, le Corsair peut facilement se mesurer à la concurrence. Mais là encore, qui ira le vérifier? Le freinage, par contre, mérite d’être mentionné pour sa puissance. Il entre aussi en action de lui-même dans certains cas près de l’accrochage comme j’ai pu l’expérimenter moi-même accidentellement. D’autre part, personnellement, j’ai trouvé ce Corsair plus agréable et plus impressionnant à conduire que les MKC du passé! Et surtout il est plus silencieux alors que son moteur émet moins de vibrations aux arrêts que bien des mécaniques concurrentes.
En ce qui a trait à la consommation, mon Corsair d’essai m’a donné une moyenne de 9,0 litres aux 100 km alors que l’ordinateur de bord indiquait 8,6 ce qui saurait se défendre face à la concurrence. Celle-ci se compose surtout de BMW X3 (ou X5), Audi 3 ou 5, Range Rover Evoque, Mercedes-Benz GLC, Acura RDX et autres.
Plus haut, je vous parlais de prix. Alors, que de base, le Corsair semble plus abordable que la plupart de ses concurrents, son prix peut prendre une tangente plus élevée si on l’équipe de divers accessoires. Par exemple, alors que mon Corsair affichait un prix de base de 50 500 $, il fallait lui ajouter d’abord cette (toujours aussi ridicule) taxe d’accise fédérale de 100 $ pour le climatiseur, 950 $ pour la peinture bleue vernie et surtout 11 350 $ pour les accessoires du groupe 202 A qui inclue les sièges avant chauffants et ventilés, les sièges arrière et le volant chauffant, les essuie-glace sensibles à la pluie, le système Co-Pilot 360 Plus, la caméra à 360 degrés, le stationnement automatique, le régulateur de vitesse adaptatif, le démarrage à distance (avec le téléphone) et l’ensemble de tenue de route dynamique.
Le moteur de 2,3 litres n’est pas une option payante avec la finition haut de gamme mais la superbe sellerie bleue de l’intérieur commande un prix de 750 $ auquel il faut ajouter 175 $ pour les carpettes complémentaires. Mon Corsair d’essai était équipé de l’affichage à tête haute (HUD Display) que j’affectionne tout particulièrement mais cela ajoutait 1500 $ à la facture. Quant à la finition Reserve, celle-ci venait avec des jantes de 20 pouces ce qui ajoutait 1600 $ au prix…16 325 $ d’options? Ah oui! La facture finale? Il ne faut pas oublier les frais de transport et préparation de 2100 $ et on en est rendu à 68 925 $...plus taxes. Il faudra en débattre avec le concessionnaire, n’est-ce pas?
Le nouveau Ford F-150 2021
J’écris ces lignes quelques minutes après avoir visionné la présentation «live» du Ford F-150 2021 sur Facebook. En effet, au lieu de dévoiler un nouveau produit devant public ou devant un groupe choisi de journalistes, Ford a préféré le faire devant le grand public via les réseaux sociaux. Voilà certes une nouvelle façon d’opérer que la grande majorité des constructeurs feront dorénavant. Une autre facette de l’automobile qui change!
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Le nouveau Ford F-150 2021 (Photo Ford)
Donc, le pick-up Ford F-150 nous revient dans une 14e génération. Les plus critiques diront qu’il n’a pas changé. Pourtant, Ford affirme que cette nouvelle camionnette présente une carrosserie entièrement redessinée avec une gamme de calandres différentes selon le modèle choisi. Ford annonce que son nouveau F-150 est plus aérodynamique avec des phares redessinés, des passages de roue plus grands et même plus d’une dizaine de nouvelles jantes.
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Quelques finitions différentes du F-150 (Photo Ford)
Mécaniquement parlant, on devrait retrouver les moteurs que l’on connaît dont le V6 de base de 3,3 litres, les V6 turbo EcoBoost de 2,7 et 3,5 litres, le V8 à essence de 5,0 litres et le diesel de 3,0 litres. De plus, Ford annonce l’arrivée prochaine de la version hybride électrique Powerboost tant attendue et une version toute électrique à venir.
Le remorquage sera encore privilégié avec une capacité maximale de 12 000 livres. Ford offrira aussi l’électricité à bord (7 kW) pour les outils électriques et un panneau arrière pouvant servir de table de travail à la Workmate! Mais c’est surtout l’intérieur qui a été complètement refait. Lui aussi a été redessiné avec in nouveau tableau de bord, un écran de 12 pouces disponible et une table de travail dépliable entre les deux sièges (le levier de vitesse se repliera sur lui-même). Les deux sièges d’avant seront disponible en version complètement inclinable (180 degrés) et la connectivité 4G LTE sera livrable tout comme le système Sync 4 approprié.
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Le panneau arrière pourra servir de table de travail avec divers accessoires. (Photo Ford)
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L’intérieur du nouveau F-150 a été complètement revu avec un écran plus grand, une table de travail escamotable au centre et des sièges inclinables à 180 degrés. (Photo Ford)
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Il sera possible de commander un bloc d’alimentation électrogène pour les artisans. (Photo Ford)
Évidemment, il n’a pas encore été question de prix puisque le nouveau F-150 ne sera disponible qu’à l’automne. Il n’a pas été question du Raptor non plus ni des versions F-250 et plus. Bien entendu, le F-150 garde une certaine avance sur la concurrence avec sa carrosserie tout aluminium. Mais avec cette présentation anticipée, on constate que le F-150 doit faire face à toute une concurrence venant de toutes parts. On aura le temps d’en discuter lorsque viendra le temps de conduire les versions de production du nouveau F-150.  
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archimac · 5 years
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Collier de billes chromées réalisé par Charlotte #Perriand pour elle-même en #1927. “J’étais coiffée à la garçonne, mon cou s’ornait d’un #collier que j’avais fait façonner, constituée de vulgaires boules de cuivre chromé. Je l’appelais mon roulement à billes, un symbole et une provocation qui marquaient mon appartenance à l’époque mécanique du XXe siècle”. #fondationlouisvuitton #architecture #design #jewelry (à Fondation Louis Vuitton) https://www.instagram.com/p/B4-i2a7ISBL/?igshid=inqm6nxhsvm4
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canada-gus · 5 years
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Vendredi 29 Septembre 2017 – Edimbourg, des ténèbres jusqu’au toit. Partie 01/03 : Lugubre Edimbourg, mais belle Edimbourg.
Hopla, déjà disparu le décalage horaire : je me réveille après 10 bonnes heures de sommeil, frais comme un pinson. Je retrouve Natalia vers 10h et lui emboite le pas alors qu’elle nous emmène petit-déjeuner dans le café d’un centre communautaire-culturel pas loin de l’auberge, toujours conseillée par son application favorite qui semble décider chacun de ses choix de repas. Comme moi, elle semble considérer que chaque repas doive être choisis avec soin, pour ne pas manquer une occasion de se faire plaisir. Je ne peux qu’adhérer à sa philosophie et je me laisse porter avec plaisir jusqu’au « Grassmarket Community Project Cafe » du Grassmarket Centre. Les 4 pancakes qu’on m’y servira seront d’une tristesse et d’une fadeur accablantes, mais je m’en moque un peu car la compagnie est fort agréable. Nous retournons à l’auberge pour prendre part au tour gratuit du centre d’Edimbourg offert aux hôtes du Kickass hostel. Avec une demi-douzaine d’autres touristes de tous horizons, nous suivons notre berger… australien. Encore un exilé. Ce n’est pas pour me déplaire, mais ça enthousiasme moins Nana Talia qui a une dent contre les australiens qu’elle considère comme rustres et vulgaires. A sa défense, elle n’a rencontré que des australiens en voyage, et le mot « cunt » est considéré comme une insanité ultime au Canada ; pas étonnant qu’elle ne s’entende pas au mieux avec eux.
 La visite nous emmène dans un petit cimetière du centre-ville où, après nous avoir raconté l’histoire de Bobby (un chien rendu célèbre dans l’histoire d’Edimbourg pour sa fidélité), les histoires se font un peu plus lugubres, à base de peste, de famine, de vols de cadavres (censes être empêchés par des drôles de grilles au sol) et j’en passe. Edimbourg n’a pas que l’allure d’une majestueuse cite médiévale, elle en a aussi les faits historiques, violents et sordides.
Et pourtant ce cimetière, dont la lumière du soleil du matin fait éclater les couleurs de la verdure et les contrastes de gris des pierres, a beaucoup de charme. Il y a de l’élégance dans cette sordidité. Avant de partir, nous déposons un coutumier bâton sur la stèle du petit chien star, puis allons toucher son nez sur sa statue trônant devant le pub à son nom, histoire de nous attirer la bonne étoile. Nous poursuivons en passant dans la partie Nord de la ville, ou nous nous arrêtons rapido au pied de l’imposante flèche du monument en l’honneur de Sir Walter Scott, écrivain écossais. En chemin, Natalia sort de son sac un étrange breuvage à la couleur orange fluo, l’ « Irn Bru », qu’elle me présente comme la boisson officieusement officielle de l’Ecosse. J’y trempe mes lèvres en m’attendant à un gout de ginger ale ou quelque chose d’étrangement épicé, mais pas du tout : le curieux soda a ce gout de chewing-gum que je connaissais dans certaines boissons énergétiques. Pas convaincu par ce trésor national, je lui rends sa bouteille alors que montons doucement vers Calton Hill, une colline en centre-ville où nous attend le monument national d’Ecosse, une sorte d’assemblage de colonne grecques, dont j’ai bien du mal à justifier la présence dans le paysage architectural de la capitale écossaise. Malgré cette curiosité, la vue depuis le panorama est stupéfiante. D’un côté la ville et ses bâtiments s’étalent, de l’autre elle est dominée par une grosse formation montagneuse, sur laquelle on peut apercevoir des gens grimper le long des sentiers, aussi petits que des fourmis depuis mon point de vue : c’est la montagne qu’on appelle Arthur’s seat. Et de l’autre côté : la mer, a perte de vue.
Dans le ciel d’un bleu éclatant battu par un vent frais, difficile de ne pas tomber sous le charme des paysages de la ville et, par extension peut-être trop rapidement anticipée, du pays. L’Ecosse est photogénique, a n’en pas douter. C’est ici que notre guide nous dit aurevoir et que nous nous désolidarisons du reste du groupe pour prendre notre lot de photos.
 Finalement, la coalition franco-canadienne s’arme de courage et nous décidons de partir nous aussi gravir le siège du père Arthur. Un creusage de tète pour savoir quel billet acheter, et mon premier trajet dans un bus a deux étages plus tard, nous voici rapproches du pied du géant, dans les rues d’un quartier périphérique de la ville, aux portes de la municipalité côtière de Leith. Ma camarade demande à pouvoir répondre aux appels de sa vessie, et nous faisons une pause dans un café riquiqui tout mignon (le « Artisan Coffee “), où nous sommes servis par un turque bellâtre et particulièrement souriant, et sa femme taquine et castratrice. Gourmands, nous ne repartons pas les mains vides, chacun avec une pâtisserie turque. Un autre arrêt au corner-shop en face pour acheter des boissons, et quelques zigzags dans des ruelles de charme aux jardinets soignés, nous passons dans une ouverture dans un grand mur en pierre, et nous voici engagés sur la piste cyclable d’une route qui monte en direction du sommet, suivant tant bien que mal les indications que notre pâtissier turque nous a écrit sur une serviette en papier.
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thekhagneherald · 6 years
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La malédiction de Don Quichotte
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Depuis 1990 Terry Gilliam, réalisateur de renom (Brazil, Les Aventures du baron de Münchhausen, Las Vegas Parano, L’Imaginarium du docteur Parnassus…) et ancien membre des Monty Python, essaie de faire aboutir son projet de film inspiré de l’œuvre L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche du grand écrivain espagnol Cervantès. En 2000 après avoir travaillé 10 ans sur le scénario et l’organisation du film, Gilliam et son équipe entament le tournage en Espagne. Cependant de nombreux contretemps empêchent le bon déroulement du projet. Entre le bruit incessant des passages d’avions de chasse d’une base militaire voisine au set, la maladie de Jean Rochefort (qui devait initialement interpréter Don Quichotte), et les pluies diluviennes qui s’abattent sur le décor et le détruisent dans une région où pourtant « il ne pleut jamais », le budget est épuisé et la réalisation du film est donc abandonnée. C’est 17 ans plus tard que l’intrépide et déterminé Terry Gilliam reprend le projet avec de nouveaux acteurs, dans un nouveau lieu de tournage et avec une nouvelle histoire. Ces péripéties ont valu à cette entreprise le titre de « film maudit », ce qui a participé à la création d’un mythe et a nourri les attentes et les fantasmes de nombreux cinéphiles. Alors que la malédiction semblait être finalement levée après plus de vingt ans d’attente et que la première diffusion du film a été prévue au festival de Cannes 2018, un nouvel obstacle se place sur la route de L’homme qui tua Don Quichotte sous la forme d’un procès fait à Gilliam par l’avant dernier producteur du film, Paulo Branco. Toutefois, terrassant ce dernier dragon - ou plutôt ce dernier moulin - Gilliam est sorti vainqueur de l’affrontement et a finalement pu présenter son long métrage pour la clôture du festival et ainsi mettre fin à cette véritable Odyssée du monde du cinéma.  
Le scénario imaginé par Gilliam a beaucoup changé depuis les années 90. Dans un premier temps il était question de précipiter un réalisateur moderne dans l’univers du roman de Cervantès, et de lui faire rencontrer le véritable Don Quichotte, qu’il aurait alors pris comme écuyer. La version finale et actuelle met en scène Toby, un réalisateur de publicité principalement à la carrière réussie d‘un point de vue financier, qui tourne une adaptation à gros budget du roman. Il reprend, cette fois-ci financé par de nombreux sponsors, le film de fin d’étude qu’il avait tourné dans un petit village près du lieu du tournage actuel lorsqu’il était encore un jeune idéaliste. Le personnage de Toby est désabusé, perverti par le milieu du grand cinéma, soumis aux attentes de son producteur et des investisseurs. Il est en manque d’inspiration et de détermination et décide de retourner dans le village où il avait tourné il y a de nombreuses années. Mais il se rend compte que tout y est changé lorsqu’il va rendre visite aux villageois qu’il avait engagé comme acteurs, comme le vieux cordonnier qui interprétait Don Quichotte. Lorsqu’il retrouve le vieil homme celui-ci se prend pour le vrai Don Quichotte et veut « rétablir l’âge d’or de la chevalerie ». Il embarque Toby, qu’il prend pour son fidèle écuyer Sancho Panza, dans de nombreuses aventures rocambolesques. Le choc entre les fantasmes et l’attitude du vieil homme et le monde moderne crée des situations comiques et absurdes pour le spectateur qui voit Toby obligé de jouer le jeu dans ce qui est pour lui un véritable cauchemar créé  par le vieux « chevalier » fou aveugle face à la réalité.
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L’obstination de ce nouveau Don Quichotte et la succession des rebondissements de l’intrigue plongent Toby, ainsi que le spectateur, dans une constante incertitude sur ce qui est réel et ce qui rêvé. On oscille entre des flash-back du tournage du film d’étudiant de Toby, entre des séquences de rêves des différents personnages, et entre des scènes de la réalité, déformées par l’imagination du vieux cordonnier si bien que Toby lui-même commence à douter de ce qu’il voit et son esprit lui aussi commence à vaciller entre fantasme et lucidité… C’est grâce à cette superposition de visions de l’esprit et le rythme effréné qui permet l’accumulation de nouveaux décors hauts en couleur et de plus en plus adaptés à l’illusion du vieil homme que le film reprend si bien l’œuvre dont il est inspiré. En effet les autres personnages, afin d’amuser un riche homme d’affaire russe et capricieux, et pour rester dans ses bonnes grâces, jouent avec la folie du vieil homme. A la tête d’une grande compagnie, ce personnage du « méchant russe », qui est vulgaire, qui ne respecte pas les femmes, qui dépense sans compter pour ne jamais s’ennuyer, est peut-être un des plus grands défauts du film puisqu’il reprend un grand cliché du cinéma américain (toujours la même imagerie du cruel et grossier russe depuis la guerre froide). Cependant les extravagances que ce personnage met en œuvre pour répondre à ses moindres désirs, comme le fait de louer un château entier et d’habiller tous ses invités dans des habits d’époque, permet de faire perdre pieds avec la réalité au spectateur et à Toby tout en les confrontant durement à ses pires aspects (violence, cruauté, cupidité, corruption, comportements abusifs…). Ainsi Gilliam critique l’industrie du cinéma qui serait, la plupart du temps, seulement « une industrie », qui étoufferait la créativité authentique et écraserait les naïfs qui ne connaissent pas ses codes.
C’est avec cette critique du monde auquel il appartient pourtant que ce réalisateur en fin de carrière, connu pour sa passion pour l’absurde et le fantastique, fait parfaitement le lien avec le roman original. Depuis sa publication au début du 17ème siècle, L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche et son personnage principal sont devenus les représentants de la folie qui peut na��tre d’une rêverie trop poussée et de lectures trop avides. L’œuvre a entamé une réflexion qui s’est développée au fil des siècles et que Gilliam reprend : comment les créations artistiques peuvent sublimer et accentuer le désir présent en chacun de nous d’échapper à la réalité, d’être ou de croire en des héros impossibles et de se débarrasser de notre sentiment d’impuissance face aux injustices du monde ou face à la banalité de la vie. Dans le récit original Don Quichotte est un noble sans fortune, qui vit seul et qui passe son temps à lire des romans de chevalerie au lieu de gérer son domaine. Cervantès critiquait les effets néfastes que trop de (mauvaises) lectures peuvent avoir sur un esprit faible ou insatisfait. Gilliam, lui, crée le personnage d’un vieux cordonnier solitaire issu d’un petit village perdu. Il n’était personne et il se voit un jour donné le premier rôle. La folie du personnage qu’il doit interpréter devient la sienne et l’envie de croire à cette illusion reste plus forte que son objectivité (qui parfois se manifeste tout de même).
(SPOILERS !!! Allez au prochain paragraphe si vous ne voulez pas vous faire « divulgâcher » le film)
La folie se transmet, la tentation de croire en des actes héroïques et les histoires fabuleuses séduit même Toby qui s’attache aussi au vieil homme. C’est dans l’épuisement et le désespoir qu’il succombe lui-aussi à la facilité de vivre dans l’illusion. Toby retrouve peu à peu le romantisme et l’idéalisme de sa jeunesse au contact du vieil et essaie lui-même de réaliser ses rêves. Il tente à la fin du film d’arracher la femme qu’il aime aux griffes du russe pour s’enfuir avec elle loin du monde empoisonné de ses investisseurs et producteurs. Mais perturbé par des hallucinations, il cause par accident la mort de celui qui avait été depuis le début du film son compagnon et pour qui il avait développé de la compassion. Le créateur tue ainsi, comme le prédisait le titre du film, l’ancien héros de son histoire. Après avoir perdu son ami et après avoir détruit le mythe et le rêve qu’il incarnait, Toby perd la raison, ou plutôt embrasse la folie, et prend à son tour le rôle de Don Quichotte, chevalier immortel et noble en quête d’aventure et d’honneur. La malédiction de Don Quichotte c’est alors cette contagion de la folie et cette vie éternelle d’un mythe et d’un fantasme au-delà des individus qu’il habite.
Ainsi le film réfléchit sur une forme de ce que l’on ne peut s’empêcher de qualifier de bovarysme universel, décrit par Cervantès avant l’heure et développé par Terry Gilliam. Ce dernier a remplacé l’écriture et la lecture par le cinéma et la dramaturgie et présente ainsi les passions que ces formes artistiques réveillent en se nourrissant de nos rêves et nos désirs cachés. C’est aussi le pouvoir de la réécriture qui est mis en scène. Le film est une ode à l’immortalité des histoires grâce aux adaptations et réécritures des grandes œuvres et des grands rêves qui permettent à certaines histoires et à certains personnages, et peut-être à certains hommes, de ne jamais mourir. On peut relier cette idée à une phrase que répète sans cesse le vieux cordonnier, avec un accent espagnol, en reprenant le scénario que Toby avait un jour écrit pour lui : « Ye suis Don Quijote de la Mancha, ye ne peux pas mourir. » En effet grâce aux réécritures, aux adaptations et aux différents média utilisés pour redonner vie à ce mythe, le personnage de Don Quichotte et son histoire ne disparaîtront jamais.
Pour finir en beauté dans la pédanterie khâgnale, voici des fameux vers d’un de nos maîtres à tous (même ceux qui ne sont pas en spé anglais) qui rejoignent le thème que Gilliam a voulu développer :
« We are such stuff as dreams are made on; and our little life is rounded with a sleep. » - Prospero dans The Tempest de Shakespeare
                                        - Isabelle Barrier, Khâgneuse au lycée Fénelon.
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bonquaca · 7 years
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passe-vues
Et le reste n’est-il Par le souvenir détruit ? W. G. Sebald
ce matin, tout est un peu plus loin
elle rêve d’eau elle se réveille elle ne trouve plus le sommeil il m’absorbe il m’emporte avec lui, je ne sais où
où se trouve l’eau passée ici le 09 juin 1944
elle est partie emportant ses mémoires
les absences se sont remplies d’ailleurs
elle s’en est allée chercher le creux
diamétralement désorientée elle ne sait par où commencer
le bruissement de l’eau l’attire il se blottit contre elle
dans l’étirement de l’horizon sans prévenir, sans être prémunis plein ventre dans les fossés
faire respirer respirer ce qui depuis longtemps longtemps était tapi
le long de sa colonne vertébrale à l’abri de sa chevelure les témoins lumineux parlent
point d’incidence les fléchissements n’en sont plus
en son corps ramasser des gisants
dans les ruines les herbes folles
nous étions fous dans ce silence
une marge du monde qui ne ressemble à rien
ce petit bout de monde calmement en se remémorant chaque instant danse un tant soit peu
fissures et scissures pores et brèches
tu nous trembles nos architectures à en perdre l’anhélation
point de vue
traverser la ville en diagonale
poing levé
entre murs bas et murs hauts c’est toujours elle avec ses vêtements retournés aux couleurs retrouvées
le soulèvement des papiers carbonisés sous les fleurs vulgaires une porte ouverte
elle se teinte les jambes elle enfile ses bas nylon elle sent la chicorée
hier tu étais inaccessible maintenant ils t’offrent
il y a des ombres qui n’appartiennent pas à leurs corps
tu charries depuis la nuit des temps
partir on se sait comment pour aller où
avec eux se tenir la main
petit à petit chasser les fous
dans nos barques creuser la nuit
l’étendue des plis sous ses yeux le déploiement d’un paysage inconnu
il suffit de s’en aller pour que tout aille un peu mieux
rien sûr
le corps de personne
dans un bloc de silence un roc poignant frontal saisissant
qu’ont-elles entendu qu’ont-elles vu
amoindrissement liminal
dès le lendemain elle a rempli ses poches de gravats dans un profond silence
elle n’arrête pas de ne pas oublier
dans le silence de Pénélope avancer point par point
stratagème germe
la peur coud nos paupières
pour ceux qui restés là-bas depuis plus de trois ans ne peuvent que souffrir et espérer
peu à peu ton corps imprime à nouveau
discrète elle avance dans les intervalles
c’est du temps pris
tombe tombe tombe ça tombe tombe tombe tombe ça tombe ça tombe ça tombe tombe tombe tombe ça tombe tombe tombe tombe ça tombe une bombe tombe tombe tombe ça tombe
devant un tas de ruines
où allons-nous que sommes-nous d’où venons-nous
elle creuse un peu elle creuse encore elle creuse à jamais
elle dit être sans correspondance saisie d’effroi elle s’en est allée
ce peu et tout poussière
yeux noirs sertis dans la pierre nous racontent toujours
deux herbes folles qui se tiennent par la main
elle composte des fragments passés présents dans le limon
elle parle d’un ici là-bas inconnu à des inconnus
les de côté les à part les à l’écart le vivant témoigne
en toute humilité dans l’étendue blanche croix d’indigents croix d’innocents
à l’aveugle bec et ongles
elle est toujours là pour nous
bien qu’elle soit là pas véritablement
dans le doute
il manque quelqu’un
une voix précipitée vous pouvez retourner chez vous un chant retenu il n’y avait plus de chez nous
au fur et à mesure comme un terrain vague sans début ni fin comme un terrain vague sans début ni fin comme un terrain vague sans début ni fin comme un terrain vague
passe-vues est publié dans le catalogue de l’exposition Évreux, année zéro
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André Lecoq (1897-1964) - Château d’eau de Saint-Michel pris dans la glace, hiver 1942 - Photographie - Archives familiales Claude Lemée
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aespenn · 7 years
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Caprix et Caprice
Elle l’imagine souvent. Elle brosse son portrait dans son esprit, si bien que les traits de son visage si réels qu’elle pourrait le prendre en coupe et caresse sa peau d’albâtre, si blanche et pure que la neige du Grand Nord deviendrait cendre à ses côtés. Mais si fragile que la morsure des bourrasques la rendrait écarlate. Elle pense que ses yeux étaient violet, parce qu’elle se souvient de ce que son père disait à leurs sujet : « Deux beaux améthystes, tu vois, mais qui brillaient d’un éclat irréel, tantôt mystérieux mais surtout chaleureux, et lorsqu’ils s’embrasaient d’amour, ma fille, et bien tout l’or et les joyaux du monde devenaient de vulgaires cailloux.», et elle le croit, puisqu’elle plonge dans ses beaux yeux lorsque chacune de ses pensées est occupée à bâtir son visage. Et cette chimère immatérielle aurait les lèvres teintées d’un rose délicat, qui siérait avec ses traits harmonieux pour mieux lui sourire et embellir ses rêves et son cœur, de cet amour unique qui lui a tant manqué. Qui lui manque tout le temps. Sa chevelure, à elle, serait d’argent exactement comme la sienne et c’est ce qui fait sa fierté. En se brossant tous les matins, elle l’imagine faire de même, lorsqu’elle prenait place devant sa coiffeuse pour démêler ses cheveux d’ange, et peut-être qu’en ce temps-là elle se joignait à elle pour l’imiter en espérant devenir aussi radieuse que sa douce égérie. Mais elle n’en a pas le souvenir.Elle n’en a aucun. Elle possède des bribes, des minuscule morceaux d’un puzzle trop complexe mais chaque fragment obtenu lui permet de se rapprocher un peu plus de cette femme tant aimée : une parole de feu son père, un écrit dans un livre, une phrase perdue sur un papier, un mot anodin……chacune de ces choses est une infime étincelle d’espoir qui lui permet de tracer un chemin menant vers sa mère. Sa Banshee de mère. Elle est née dans ce monde bien étrange, sur cette terre d’Eldarya et elle est, à présent, parti rejoindre un monde plus onirique dont on ne revient pas. Mais elle, Caprice, sa fille, se tient aujourd’hui dans cet univers et elle court après cette silhouette vaporeuse qui s’envole dès qu’elle y approche la main. Elle cherche à tâtons, sans relâche, à atteindre et retrouver un tout petit pan de sa vie. Caprice souhaiterait découvrir la contrée des banshee, mettre un pied dans cette cité, déambuler dans ses rues, admirer son architecture et tout connaitre de leur magie. On lui dirait : « C’est là que ta mère a vécue, c’est ici qu’elle se tenait lorsqu’elle hurlait la mort d’une sœur ou bien, c’est à cet endroit qu’elle a demandé ton père en mariage. » Elle aimerait qu’on lui conte des souvenirs, des anecdotes, des morceaux de sa vie, qu’on lui dresse le véritable portrait de cette femme aussi radieuse que mystérieuse. Et lorsque Caprice fermerait ses paupières pour s’envoler au pays des songes, ce serait pour mieux la retrouver, telle qu’elle était et elle pourrait conserver précieusement dans l’écrin de son cœur, cette égérie maternelle qui lui manque tant.
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des-villes · 7 years
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MARSEILLE septembre 2015
A Marseille, faire abstraction de l’OM est une tâche quasi-impossible.
Comme dans le nord-ouest de l’Angleterre, on porte ici le maillot du club dans la vie de tous les jours par fierté, mais aussi pour marquer son identité.
Comprendre qu’on n’est pas à Paris, qu’on n’est pas non plus à Bordeaux, à Nantes ou à Lyon.
Notre visite dans la cité phocéenne intervient six jours après les incidents qui ont émaillé la rencontre opposant l’OM à l’Olympique Lyonnais[1].
Si la gestion mafieuse du club (affaire VA-OM en 1993, billeterie ‘encadrée’ par les supporters, etc) m’a toujours posé problème[2], j’ai toujours eu, je dois l’avouer, un faible pour la ville. Le chaos urbain exotique et palpitant de la Canebière n’a pas son pareil ailleurs dans l’hexagone.
 Ma première virée remonte à 2003, dix ans avant Marseille Provence 2013, Capitale Européenne de la Culture.
Les investissements liés à l’évènement ont permis à la deuxième ville de France de se doter d’équipements culturels dignes de ce nom. Bienvenus donc, à une bibliothèque municipale centrale, à une Friche Belle de Mai embellie, et surtout au MUCEM (Musée des Civilisations del’Europe et de la Méditerranée), réalisé par le truculent architecte Rudy Ricciotti.  
Parallèlement, les environs des anciens docks, au nord du centre-ville, sont au coeur du projet de réhabilitation Euroméditerranée.
 C’est ici que nous logeons pour quatre nuits, assurément l’endroit où Marseille s’est le plus ‘dé-marseillisé’: nouveau tramway, ré-urbanisation du site -assorti de bâtiments modernes-, rénovation prochaine des docks en magasins, ravalement des façades Rue de la République, etc.
Cette gentrification, mot jusqu’ à lors improbable dans l’inconscient local, ne s’est apparemment pas fait sans heurt, chassant les populations les moins aisées ailleurs. Le nouveau quartier, fonctionnel, offre à voir une image proprette de Marseille. Qui l’eut cru?
La tour de Zaha Hadid sera bientôt flanquée de grattes-ciels. Pour l’heure, la promenade le long des quais, qui vient d’être achevée, conduit le piéton depuis le silo transformé en salle de concert vers les Terrasses du Port, centre commercial flambant neuf ouvert au printemps 2014.  
 Cela fait bientôt deux heures que nous avons posé pied dans la cité phocéenne. Il est 23 heures et, pris d’une petite fringale, on part à la recherche d’un restaurant bon marché. On pousse les portes de ce nouveau temple de la consommation.
Quelque peu rebuttés par l’endroit, très m’a-tu-vu et asseptisé au possible -Dubaï vient à l’esprit-, on rebrousse chemin et on se dirige vers le Panier. Les abords de la Cathédrale de la Major ont eux aussi été ‘karsherisés’. Aux marches, boutiques de luxe et cafés-bars un poil vulgaires accueillent une clientèle jeune et branchée, espèrant que les touristes morderont aussi à l’hameçon. Nous sommes samedi soir et les terrasses sont bondées. On trouve finalement un boui-boui qui ne paie pas de mine, aux alentours du Vieux-Port. Le gérant est un lillois qui a rejoint le sud il y a sept ans.
_ ‘La ville a beaucoup évolué depuis mon arrivée’ nous confirme t-il.
C’est vrai; le Marseille que j’avais en tête est méconnaissable. Il y a douze ans, je m’étais fais voler mon téléphone portable dans une ruelle près de la Place Thiars.
En traînant dans le quartier le lendemain, je découvre qu’un restaurant Fluxia a ouvert ses portes. Auparavant, nous avons, Ged, un couple d’amis à lui (en visite eux aussi, de retour d’Italie) et moi, pu admirer le panorama depuis la Bonne Mère. Les calanques d’un côté, le port et l’Estaque dans son prolongement de l’autre, en passant par la cité de la Castellane -où ‘Zizou’ a grandi-: la vue est impressionante. Topographiquement, Marseille peut rivaliser avec ses consoeurs méditerranéennes Naples et Barcelone sans problème.
 La deuxième ville de France lorgne t-elle justement sur la capitale catalane pour se réinventer économiquement et culturellement? Il reste encore du boulot, au plus grand bonheur du visiteur.
Un détour lundi matin, après avoir laissé Ged et ses amis filer à Aix-en-Provence pour une visite à la journée (j’ai décidé de rester au port pour fignoler un dernier mémoire à remettre sous une semaine, dans le cadre d’une formation avec le CNAM[3]), me conduit depuis la Gare Saint-Charles vers la Friche Belle de Mai. Pour regagner l’hôtel, j’emprunte ensuite le Boulevard National, et, l’espace de vingt minutes, je suis transporté ailleurs. Le Caire et Kinshasa n’ont jamais semblé aussi proche. L’atmosphère me rappelle aussi les souks du Moyen-Orient, pas fréquentés depuis 1995 pendant mon adolescence abu dhabienne.
C’est marrant, mais j’avais jusqu’ici complétement zappé cette période de ma vie.  
 Le dernier jour est consacré aux beaux quartiers. Direction la Corniche donc. Après que le bus-numéro-83 nous ait mené devant le Vallon des Auffes, on descend à l’arrêt ‘Parc Borély’. A notre grande déception, le Musée des Arts Décoratifs, pourtant recommandé le matin-même par l’Office de Tourisme, est fermé. Problème de communication très certainement, mais je ne peux m’empêcher de penser que ce genre de situation a plus de chance d’arriver à Marseille qu’à Strasbourg.
Après un petit noir, on rejoint le surprenant Musée d’Art Contemporain (MAC). Les enfants de la ville sont bien représentés -César et ses sculptures compressées notamment. Il y a aussi une exposition temporaire d’Alfredo Jaar, artiste iconoclaste chilien tout à fait épatant.
 Il nous reste un monument à visiter, mais, à déjà plus de deux heures de l’après-midi, il est grand temps de manger. Après plusieurs tentatives ratées (‘Désolé mais on ne sert plus à cette heure ci’ -réplique qui, même dite avec un sourire méridionnal poli, serait sans doute inimaginable ailleurs, et risquerait de faire fermer boutique à tout restaurant agissant de la sorte), le ventre creux, on se décide à pousser la porte du River Pub. Malgrè le nom et des drapeaux britanniques çà et là -que nous prenons comme autant de signes de bienvenue-, l’ambiance est marseillaise au possible.
Le patron, très obèse, chemise blanche à moitié ouverte, fait les comptes à table avec son associé. Ils nous saluent au passage. Une ‘pitchoune’ post-adolescente (sa fille?) nous accueille et nous installe sur le patio. Çà se chamaille gentiment en cuisine. Le ton montera bien un instant pendant notre repas, mais la tension redescendra aussitôt.
Le menu à 10 euros est tout bonnement exceptionnel; le meilleur rapport qualité-prix de Marseille? Le staff du River Pub est au petits soins de ses seuls clients étrangers. Je précise pourtant que je suis français, mais au moment des ‘au revoir’, le jeune serveur -le frère de la pitchoune?- fera l’effort de saluer chacun d’entre nous en anglais dans le texte.
- J’ai bieng dit? vérifiera t-il auprès de ses collègues après coup.
 Conquis par une telle expérience, à l’authenticité intacte, on enchaîne avec la pièce de résistance.
Certains ici l’appelle encore ‘la maison du fada’, mais la Maison Radieuse, bâtie entre 1947 et 1952 par Le Corbusier, est un véritable chef d’oeuvre architectural.  
Du toit de la terrasse, la ville -minérale- se déployant sous nos yeux, l’impression de flotter est presque féérique.
 Dans l’unité d’habitation proprement dite, seul(e)s les troisièmes et quatrièmes étages/rues sont ouvertes au public. On s’arrête à la librairie Imbernon (la responsable est aussi éditrice spécialisée en architecture) et je repars avec ‘Les mémoires d’un architecte’, de Fernand Pouillon. Pouillon est l’autre architecte important de la ville. Après la destruction partielle du Panier -près du Vieux Port- par les nazis, il a remanié la physionomie du quartier, dans un style hérité d’Auguste Perret. Ses ‘bonnes constructions pour pas chères’ au Maghreb, en Provence et en Ile de France lui vaudront d’être jalousé par la profession. Il sera même condamné à la prison pour trois ans dans les années ‘60.
J’achète aussi ‘Sociologie de Marseille’, aux éditions La Découverte / Collection Repères (2015). Une lecture qui promet d’être fascinante.
On commande ensuite un thé sur le balcon du restaurant-hôtel de la ‘maison du fada’, avant de rejoindre le centre-ville en autobus depuis le boulevard Michelet.
Alors qu’on l’avait presqu’oublié, le Stade Vélodrome fait son apparition sur la route.
La Provence a titré le matin-même Abonnements dans les virages: L’OM en passe de reprendre la main[4]. La rencontre contre l’OL semble avoir eu des répercussions chez les dirigeants du club. Dimanche, le Sco d’Angers, nouveau promu, a réalisé l’exploit de s’imposer 2-1 sur la pelouse du Vélodrome.
Peut-on déjà parler de crise, sur et en dehors du terrain? Affaire à suivre.
 Marseille et son football décidément… Mais pas que.
[1] http://www.lepoint.fr/sport/football/incidents-du-match-entre-l-om-et-l-ol-a-qui-la-faute-21-09-2015-1966624_1858.php
[2] Je n’ai, bizarrement, jamais éprouvé la moindre réserve vis à vis des Girondins de Bordeaux, même après les années Claude Bez.
[3] Mon étude, consacré au patrimoine industriel liverpuldien, me fait réaliser à quel point les fabriques de Marseille et de Liverpool sont similaires: villes portuaires d’immigration, historiquement et politiquement très à gauche à majorité ‘working class’, mal aimées du pouvoir central, toutes deux récentes Capitales Européenne de la Culture, régénération en cours des docks nord controversée, place primordiale accordée au ballon rond, ... Pas étonnant que le Scouser Joey Barton se soit senti comme un poisson dans l’eau lors de son séjour à l’OM en 2012.
[4] Voir aussi, daté du même jour, http://www.laprovence.com/article/om/3599599/le-jt-de-lom-au-velodrome-la-revolution-des-abonnements-est-en-marche.html
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g-r-a-l-blog · 7 years
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Damien Dion : Lettrisme et culture populaire : une stratégie du cheval de troie
Le rapport entre le lettrisme et la culture populaire a toujours été pour le moins ambigu. Si ce mouvement, comme la plupart des mouvements dits « d'avant-garde », regarde généralement la culture populaire avec méfiance, voire un certain mépris, à qui il dénie toute force révolutionnaire et émancipatrice, il sera pourtant amené à puiser dans plusieurs de ces formes pour servir ses propres fins. Ce sont notamment la bande dessinée et le polar qui vont être convoqués dans certaines œuvres lettristes, notamment chez Isidore Isou et Maurice Lemaître.
Fondé à Paris en 1945 par Isidore Isou, le lettrisme s'inscrit en digne héritier des mouvements d'avant-garde tels que le futurisme, Dada ou le surréalisme, dont il entend assurer la relève dans le Paris d'après-guerre. Son objectif est ambitieux : révolutionner l'ensemble de la culture, à commencer évidemment par les arts, et notamment la poésie. Le lettrisme tire d'ailleurs son nom de la révolution poétique voulue par Isou dans son Introduction à une nouvelle poésie et une nouvelle musique[1] : celle d'une poésie qui ne puise plus dans les mots, mais dans les lettres. Désormais, pour lui, le poème doit être alphabétique, phonétique. Le sens est remplacé par le son, le but étant la création d'un nouvel art sonore fusionnant poésie et musique. Mais Isou ne s'arrête pas là. En 1950, constatant l'épuisement des possibilités du roman en prose depuis le Finnegans Wake de James Joyce, qui pousse la narration et la forme romanesque à son point de non-retour, Isou publie Les Journaux des Dieux, précédé d’un Essai sur la définition, l’évolution et le bouleversement total de la prose et du roman. En une cinquantaine de planches, Les Journaux des Dieux incarne un premier exemple de récit métagraphique.
Pour l’auteur, le seul avenir possible du roman est ainsi de se « plasticiser », c'est-à-dire d'intégrer en son sein le matériel de la peinture (et inversement, intégrer à la peinture les possibilités de l'écriture et sortir, de fait, du paradigme « figuration/abstraction »), et de se transformer ainsi en métagraphie (que les lettristes rebaptiseront rapidement « hypergraphie »), un nouvel art à la fois plastique et romanesque puisant dans l’intégralité des signes et des systèmes de notation de la communication visuelle. Dès lors, outre les mots, les récits peuvent s’écrire avec des dessins, des pictogrammes, des photographies, des symboles mathématiques, des partitions musicales, du braille, mais également des signes codés ou inventés, à l'instar de certaines œuvres de Maurice Lemaître, qui rejoint le lettrisme en 1950. En effet, dès 1953, cet artiste, à partir du concept de métécisation[2] développé par Isou en 1950 dans son Essai, va inventer plusieurs alphabets personnels au sein de ses peintures hypergraphiques, qui deviennent de véritables œuvres  à déchiffrer. Dans ses premiers tableaux, basés sur un système de signes figuratifs, où chaque pictogramme a également une valeur phonétique personnelle, le public troque sa casquette de spectateur pour celui de cryptologue, aidé en cela de l'ouvrage de Lemaître Qu'est-ce que le lettrisme ? (Bordas, 1953), essai dans lequel l'auteur révèle quelques clés pour « lire » ses toiles. Il va rapidement abandonner les pictogrammes pour des signes plus abstraits, qui renverront également à des lettres ou des syllabes phonétiques (un rond barré correspond par exemple au son « a », un carré au son « b », ou encore une étoile à cinq branches au son « gn »). Nombre des peintures de Lemaître des années cinquante et soixante reposent sur le principe du cryptage, même si, pour les « non-initiés », les œuvres peuvent être regardées dans leur seule dimension formelle, esthétique. En 1964, dans le cadre d'un dossier sur le lettrisme publié dans la revue Bizarre[3], Maurice Lemaître reviendra sur les différents alphabets qu'il a crées, avec son article illustré « Sachez lire Lemaître ». Il est l'un des lettristes à avoir le plus expérimenté les possibilités de transcription d'une écriture existante dans un alphabet inventé[4]. 
Mais l'hypergraphie ne se limite pas à la toile, à la page ou au livre. Dans son essai, Isou propose d’élargir le roman à tous types de supports : objets, architecture, êtres vivants : « On pourra s’asseoir, fumer, boire dans le roman (métagraphique) ; on l’amènera avec soi comme les voitures de camping. […] Le roman deviendra herbier, insectaire, zoo. Il débitera des bêtes qu’on pourra tirer à mille exemplaires... »[5]. Le roman devient alors un véritable happening avant l'heure, vivant, sonore et odorant, une sorte de « cosmoprose » (le terme est d’Isou) pouvant s’étendre dans le temps et l’espace. Isou songe notamment à la réalisation d’un roman dans le rue, dont l’action se serait manifestée in vivo à Saint-Germain-des-Prés d’un bar à l’autre, d’une boutique à l’autre. Il prit ainsi contact avec les gérants du Café de Flore ou de La Malène et imaginait que chaque lieu accueillerait une partie du récit. Faute de temps et de disponibilité, le projet ne put aboutir, il faudra attendre douze ans, soit 1962, pour qu’Isou réalise L’Esth-polis, ou Fresque-roman dans la rue, constitué de pages hypergraphiques disséminées dans l’espace public parisien, lisibles suivant un parcours spécifique, et dont l’épilogue s’incarnait dans une affiche présentée au sein du Salon Comparaisons, au Musée d’Art Moderne de Paris. C'est également dans le cadre du même essai qu'Isou soulève pour la première fois la question de la bande dessinée, à la fois pour la dénigrer tout en en faisant paradoxalement l'un des instruments de la révolution plastique et romanesque qu'il entend mener. Selon Isou, la bande dessinée n'est qu'un système de bi-écriture combinant écriture latine banale et dessins figuratifs sans ambition, « qui s'additionnent sans se fondre, sans s'unifier dans une forme originale ayant des possibilités d'évolution »[6], et qui plus est, à des fins de distraction infantile, entretenant ainsi un discours très en vogue en Europe comme aux États-Unis ne voyant dans la bande dessinée qu'un médium abêtissant et vulgaire[7].
Isou continue sa charge : « Dans les comic's, seule intéresse l'aventure stupide qu'on raconte ; le but (…) est seul important pour ces arriérés que sont les lecteurs de magazines. La signification de l'aventure est telle dans le comic's que la forme n'existe pas. Je veux dire qu'il n'y a pas une préoccupation de technique en soi. Aucun désir d'atteindre les étendues pictographiques et de varier les phrases pour intégrer toutes les possibilités de la nouvelle richesse. Regardez n'importe quel ''illustré''. Toujours des visages d'hommes et encore des visages d'hommes et au-dessous le texte qui raconte l'intrigue... »[8].
Et pourtant, la volonté d'Isou de bouleverser le roman et les arts plastiques va le pousser à ne pas balayer la bande dessinée d'un revers de main mais au contraire à l'intégrer, voyant en elle le pressentiment – vulgaire certes, mais tout de même – d'un art hypergraphique futur. Mais, poursuit Isou, « il fallait ce Manifeste pour que ces comic's sachent qu'ils forment un art. M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir. Mais on est La Rochefoucauld lorsqu'on le sait »[9].  Ainsi, contre toute attente, les lettristes vont prendre la défense de la bande dessinée, voyant en elle un des moyens pour renouveler radicalement le roman : « Nous élevons, pour la première fois, cette forme anonyme, vulgaire, mais terrible, au rang de l'art et nous l'assimilons à la prose des messieurs sérieux et réfléchis ; nous l'introduisons dans le roman, donc dans le déterminisme culturel ».
Intégrée à l'hypergraphie, la bande dessinée participe, avec les possibilités qui lui sont propres (bulles, mise en page en gaufrier, récitatifs, agencements en strips...) au renouvellement formel, syntaxique et sémantique du roman. On notera cependant chez Isou une certaine méconnaissance de la bande dessinée en tant que telle, avec ce qu'elle possède d'innovations graphiques, littéraires et narratives (il n'y a qu'à lire Little Nemo de Winsor Mc Cay ou Krazy Kat de George Herriman pour s'en convaincre), mais cela est en partie dû à l'époque de la rédaction de son essai. La plupart des innovations en bande dessinée et l'exploitation de tout son potentiel artistique et narratif n'ont pas encore vu le jour, il faudra en effet attendre les années 1960 et 1970 pour que la bande dessinée, grâce à des auteurs comme Gotlib, Mandryka, Fred, Crumb, Spiegelman ou Moebius, trouve ses lettres de noblesses, jusqu'à l'essor de la bande dessinée d'auteur, parfois expérimentale, qui se développera à partir des années 1990 notamment avec les auteurs édités chez L'Association, Frémok ou Atrabile (Trondheim, Menu, Lécroart, Ibn Al Rabin, Alex Barbier, Marc-Antoine Matthieu...), ou chez des auteurs d'outre-atlantique comme Chris Ware, Charles Burns, Daniel Clowes ou Martin Vaughn-James. Mais pour l'heure, revenons au roman hypergraphique.
Si Les Journaux des Dieux, d'Isou, évoquait plutôt le rébus (procédé qu'il réutilisera en 1952 avec une série de toiles intitulée Les Nombres), c'est avec Canailles de Maurice Lemaître, dont les dix premières planches sont publiées en 1950 dans le revue lettriste Ur, que les codes de la bande dessinée sont utilisés pour la première fois dans une prose hypergraphique. Ce court récit narre la vie de François Choucas, avatar autobiographique de Lemaître, dans le Paris des années 1940. La deuxième planche notamment, évoque l'enfance du héros, sa détestation de l'école et ses lectures assidues de magazines illustrés lui offrant un imaginaire plein d'aventure et d'exotisme, permettant au jeune François de s'évader au moins mentalement d'un quotidien morose et difficile (rappelons que Maurice Lemaître est né en 1926 et qu'il est donc adolescent au début de l'Occupation de Paris par les nazis). Ainsi, dans Canailles, nombre d'éléments sont empruntés à la bande dessinée, que ce soit dans la composition des pages elles-mêmes avec leur séquentialité graphique, que dans l'intégration de deux véritables cases de bande dessinée (une quelconque aventure de pirates et de flibustiers), collés sur la page pour illustrer les lectures du jeune Choucas. A ces deux vignettes s'ajoutent deux autres, dessinées à la main par Lemaître, nous présentant Tarzan luttant avec une panthère, et Buffalo Bill en pleine chevauchée. Antoine Sausverd dit, à propos de la vision de Maurice Lemaître du héros de comics, qu'il est élevé au rang « de modèle de l'insoumission exemplaire, de celui qui, tout jeune déjà, désobéit aux règles des adultes, une révolte qu'il s'obstinera à cultiver tout au long de sa vie. D'ailleurs, le titre Canailles est tout aussi bien une référence  à un passage d'Ulysse de James Joyce qu'un terme emprunté à Isou qui l'applique aux ''externes'', notion développée par le père du lettrisme dans ses Manifestes du Soulèvement de la Jeunesse dès 1950 »[10]. Effectivement, parallèlement à ses écrits sur l'art, Isou entend également renouveler l'économie politique en publiant en 1949 le premier tome de son Soulèvement de la Jeunesse, dans lequel il voit la jeunesse – et plus largement ce qu'il appelle « l'externité » – comme une force révolutionnaire en puissance, que les économistes ont eu le tort d'ignorer en ne se concentrant que sur les « internes », c'est-à-dire les intégrés au système en place. Pour Isou, il faut dépasser le clivage bourgeois/prolétaire ou marxisme/libéralisme et s’intéresser à ces « externes », qui restent en marge de la société, qui gravitent autour d’elle sans pouvoir s’y intégrer (Isou parle d’ailleurs d’économie nucléaire). Parmi ces externes on compte les marginaux, les ambitieux, les insatisfaits et, évidemment, les jeunes « dépourvus de libre disposition sur les biens, dépendant de leurs parents, et dont les énergies sont dilapidées dans des scolarités interminables avant de s’épuiser dans la surexploitation hiérarchique que leur impose le circuit »[11]. Isou analyse la situation des jeunes, esclaves de leur famille, maintenus à un rang inférieur de l’échelon social : « Il s’agit de s’adresser à la jeunesse comme à un organisme spécifique, possédant non seulement des intérêts indépendants, mais contraires aux intérêts dans lesquels on les englobe. Seule une conception partant de l’analyse réelle de la situation, aboutissant aux bouleversements sociaux nécessaires à sa libération, rendra à la jeunesse la conscience de son rôle et de son droit, en la menant sur le chemin de son insurrection »[12]. En marge de la publication de Canailles, Lemaître précise d'ailleurs dans ses « Notes de travail » également publiées dans Ur, que les « externes » sont à comparer à ces « héros d'épopées de toujours, comme les cow-boys (toujours plus à l'Ouest, là où est la liberté), Tarzan, les sans-culottes, les bolcheviks, les jeunes nazis, les maquisards »[13], autant d'archétypes opposant leur subjectivité et leur désirs à un modèle ambiant et dominant. Archétypes dont les lettristes, avec leurs ambitions révolutionnaires, se réclament. Ainsi, la bande dessinée, aussi bien dans sa forme que dans certains de ses aspects thématiques – mise en scène d'aventures de personnages outsiders (cow-boys, pirates, voleurs...) comme autant de représentations de cette « externité » pensée par Isou – montrent qu'aussi « bas de gamme » et « vulgaires » qu'elle puisse paraître, elle peut être source d'inspiration pour les avant-gardes. Les lettristes en font d'ailleurs un usage finalement assez respectueux quand l'Internationale Situationniste, mouvement issu du lettrisme, ne voit en la bande dessinée qu'une production de la société spectaculaire-marchande, juste bonne à être détourner pour en faire des tracts de propagande politique en remplaçant le contenu des bulles par des slogans.
En terme de propagande, le lettrisme n'est cependant pas en reste. C'est sous la forme d'un polar érotique que Isou va continuer à propager ses idées philosophiques, artistiques mais également « érotologiques », avec la parution en 1960 de son second roman hypergraphique, Initiation à la Haute Volupté. Ce roman détonne par rapport aux précédents romans hypergraphiques, d'abord par sa taille : un volume de plus de 500 pages. Formellement, il alterne une écriture romanesque en prose tout à fait traditionnelle, dactylographiée comme n'importe quel roman, et des planches dessinées et manuscrites à l'encre, regroupées en plusieurs sections allant de 16 à 32 pages consécutives, réparties tout au long du roman. La texte se déroule indifféremment sur les parties dactylographiées, où il prend toute la place, et les parties dessinées, où il devient manuscrit et cohabite avec différentes catégories de signes, d'images figuratives, de schémas et d'alphabets codés. On retrouve d'ailleurs dans certaines planches des essais de métécisation, où la prose en notation latine est juxtaposée à sa transcription graphique codée, mais un code propre à Isou, différents des alphabets inventés de Lemaître. L'intrigue quant à elle, est une succession volontaire de clichés du genre : « Un jeune tueur professionnel recherche une jeune fille dont le témoignage dans une affaire de meurtre risque de faire tomber Didier, un caïd pour lequel il travail. La mission du jeune homme est d'abattre la jeune fille. Mais, dans son rapport au désir, le réel se pose comme marginal : l'amour intense qui naît de leur rencontre refuse cette fin qui, pourtant, survient, après de longues tergiversations, juste avant que le héros ne soit lui-même abattu, ''sans rien comprendre, seul avec ce qui le dépasse, son seul avenir'', par Moshé, l'autre tueur du caïd »[14]. L'intrigue, aussi distrayante qu'elle puisse être, n'est, pour Isou, pas très importante, elle ne sert qu'à entraîner le lecteur là il veut véritablement l'emmener, c'est-à-dire à la découverte de ses conceptions aussi bien artistiques et romanesques, qu'érotologique, puisque ce roman est aussi un véritable « traité scientifique » sur l'amour, la sensualité et la sexualité. Car finalement, la mission criminelle donnée au héros n'occupe dans ses journées qu'une place restreinte, la majorité de son temps libre étant consacrée à l'amour et à la discussion : « Le lit et dit se succèdent ou s'enchevêtrent interminablement en abordant l'infinité des propositions et des positions intellectuelles et charnelles possibles »[15]. L'amour sous toutes ses formes est au cœur des préoccupation de notre héros, notamment dans sa liaison avec celle qui sera sa future victime, mais également lors de ses nombreuses virées nocturnes, entre soirées, partouzes et orgies, prétextes narratifs et sulfureux permettant à Isou de décrire méthodiquement nombre de configurations sensuelles et sexuelles des plus classiques ou plus étranges, afin de mieux exposer ses apports dans ce domaine (« la conquête voluptueuse », « l'étreinte ininterrompue pure », « l'étreinte suggérée », « l'amour prodigieux », « l'anti-amour »... la liste est non-exhaustive), et ce à grand renfort de formules mathématiques[16]. Qu'ils parlent d'amour ou fassent l'amour, ce sujet est central pour les protagonistes, mais ce n'est pas le seul thème abordé. Le devenir du roman, son renouvellement, est un sujet tout aussi récurent et central, notamment via les conversations passionnées entre le héros principal et son ami Jean, surnommé « Jean l'Hypergraphe », qui nous est présenté comme un intellectuel désœuvré travaillant continuellement à un livre destiné à bouleverser l'art de la prose. Jean l'Hypergraphe est l'incarnation à peine voilée d'Isou lui-même en tant qu'artiste et théoricien.
La forme du polar érotique est ainsi mise au service d'un ensemble de manifestes théoriques où toutes les conceptions développées et promues par les lettristes, de l'hypergraphie à l'érotologie en passant par l'éthique, la philosophie et l'économie politique, sont explicités, sur fond d'histoires de gangsters. Car Isou se montre ici plutôt bon conteur et sait tenir son lecteur en haleine, en usant d'un style finalement moins ampoulé que beaucoup de ses textes purement théoriques, et arrivent de fait mieux à ses fins. Mais il faut savoir qu'Isou n'en est pas à son coup d'essai puisqu'il est également l'auteur, sous divers pseudonymes, d'un certain nombre de romans policiers ou érotiques, parfois pornographiques, écrits pour des raisons alimentaires afin de pouvoir continuer ses activités avant-gardistes. Avec Initiation à la Haute Volupté, Isidore Isou réussit le pari de mêler les deux dans un roman étrange, qui incarne à la fois l'exigence novatrice de son auteur en matière de forme (l'hypergraphie), et le souci de séduire et divertir en puisant dans les mécanismes stylistiques du roman de gare. Le low au service du high.
Le lettrisme reste avant tout un mouvement d'avant-garde, au sens moderniste du terme, avec tout ce que cela comporte de purisme et d'élitisme, s'inscrivant dans une certaine histoire faite d'avancées successives et décisives dans laquelle la culture populaire ne tient qu'une place marginale. Si les formes populaires sont convoquées, c'est d'abord pour servir le grand projet propre à toutes les avant-gardes : révolutionner la culture, changer la société. Mais elles restent finalement toujours pensées par ses mouvements dans une logique d'asservissement de l'une par l'autre, comme si la culture populaire ne pouvait se légitimer qu'en se mettant au service de la culture savante. Le lettrisme n'échappe pas à cette vision idéologique critiquable puisque la culture populaire n'a ici d'intérêt que comme Cheval de Troie pour propager des conceptions théoriques et artistiques elles-seules considérées comme importantes. Mais c'est peut-être également son caractère élitiste et sans concession qui a fait du lettrisme un mouvement qui a réellement su renouveler un certain nombre de domaines culturels, en poussant ceux-ci à chaque fois dans leurs retranchements, en éprouvant leur limites pour mieux les dépasser. Et de démontrer que des éléments de la culture populaire tels que la bande dessinée ou le roman de gare possèdent en eux les moyens de subvertir, et donc de révolutionner la Culture avec un grand C, l'empêchant de se reposer sur ses lauriers, et nous empêchant, nous, de la considérer comme acquise et immuable.
[1] Isidore Isou, Introduction à une nouvelle poésie et une nouvelle musique, Paris , Gallimard, 1947
[2] La métécisation, définie comme une « barbarisation de l'écriture », consiste, au sein de l'hypergraphie, à  utiliser des signes inventés équivalant à des lettres ou des syllabes de l'alphabet latin. Un alphabet codé, en somme.
[3] Bizarre n°32-33, 1er trimestre 1964
[4] On retrouvera néanmoins ce procédé chez Philippe Broutin, qui rejoint le lettrisme en 1968, et qui va créer un alphabet personnel composé de pictogrammes aux formes végétales et animales pour transcrire, via ce code, des textes théoriques d'Isidore Isou (cf. sa série de toiles Le Désir paradisiaque et l'Externité, qu'il commence commence en 1969 et continuera tout au long des années 1970.
[5] Isidore Isou, « Essai sur la définition, l’évolution et le bouleversement total de la prose et du roman », in Les Journaux des Dieux, Aux Escaliers de Lausanne, 1950.
[6] Isidore Isou, op. cit., 1950, pp. 192-193.
[7] Cf. l'article édifiant de Gershon Legman « Psychopathologie des ''comics'' », paru en mai 1949 dans le n°43 la revue Les Temps modernes, et se rappeler du célèbre pamphlet anti-comics paru en 1954 Seduction of the Innocent, du psychiatre américain Frederic Wertham, qui y dénonçait la mauvaise influence de la bande dessinée sur la jeunesse, incitant cette dernière à commettre des crimes et autres actes violents. Un essai qui a laissé une empreinte durable aux États-Unis vu qu'elle a amené les éditeurs de comics à créer un label d'auto-censure, le « Comics Code Authority », qui est resté en vigueur jusqu'en 2011.
[8] Isou, op.cit, pp.192-193
[9] Ibid.
[10] Antoine Sausverd, « Trop feignants pour faire les dessins ? Le détournement de bande dessinée par les situationnistes », L’Éprouvette, n°3, janvier 2007, p. 136
[11] Roland Sabatier, « Du Soulèvement de la Jeunesse à la Carte de la Culture », postface aux Manifestes du soulèvement de la jeunesse (1950-1966), d’Isidore Isou, Al Dante, 2004.
[12] Isidore Isou, Traité d’économie nucléaire – Le Soulèvement de la Jeunesse, tome 1, Aux Escaliers de Lausanne, 1949.
[13] Maurice Lemaître, « Notes de travail », Ur, n°1, 1950
[14] Roland Sabatier, « Le Dit et le Lit dans Initiation à la Haute Volupté », in catalogue de l'exposition Isidore Isou : Initiation à la Haute Volupté, Fondazione Europea Alberto Cravanzola, Milan, 1999.
[15] Ibid.
[16] Cf. Isou, Je vous apprendrai l'Amour, suivi de Traité d'Erotologie Mathématique et infinitésimale, Paris, Le Terrain Vague, 1959.
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