"Lire, c'est changer de corps; c'est faire un acte d'échange respiratoire, c'est respirer dans le corps d'un autre. Il n'y a pas de lecteur, d'écrivain, mais deux voyageurs arrachés à un monde, départis, l'un et l'autre vêtus de langues, toute leur chair n'étant que de mots. Entre les deux, en lisant, en écrivant, il se produit de l'homme, il naît de l'homme en parlant. Il y a une naissance et une renaissance, un croisement d'amour, et un resurgissement perpétuel dans l'écriture. L'écriture est résurrectionnelle."
V. Novarina, "Chaos", Le théâtre des paroles, 1989.
On ne mesure sans doute pas assez la force de la tendresse qui se communique de peau à peau, d'âme à âme, de cœur à cœur. Si nous pouvions seulement être là, ralentir notre rythme, nous mettre à l'écoute, ouvrir nos antennes les plus fines pour percevoir les attentes, les besoins les plus subtils, mettre dans nos mains toute l'attention et le respect dont nous sommes capables et garder confiance dans la danse de la vie.
Il est peut-être vrai que le style c’est l’homme, mais dans la mesure où l’homme n’est rien. Mettons un peu de clarté autour de cette phrase :
Il ne faut pas considérer l’écrit comme une interprétation littéraire des choses qui, en elles-mêmes, sont. On ne représente pas les choses en les décrivant, on les achève ; on leur fait prendre une forme, car le monde est à créer, c’est sûr, il veut se faire idée.
Il en résulte que pour un temps donné il n’est pour chaque chose, pour chaque ordre de sentiments qu’une seule expression possible. Tout se passe comme si l’homme devait envisager les choses nées avec lui sous l’angle de ce qui ne passe pas. On n’écrit que pour effacer son ombre de ce qu’on écrit.
Ainsi, s’employant sans cesse à dégager du réel, le style d’un écrivain doit, à chaque instant, se renouveler. Il ne doit être limité par aucune règle. Aucune idée préconçue du genre ne doit, même de loin, le guider.
Le cœur bat plus largement dans ce qu’on écrit que dans ce qu’on pense…
L’activité poétique devrait conduire à la découverte d’un rythme autre que le temps.
Au bal des pendus - Georges BOUKOFF -2022 - Ed. L'harmattan
Quatrième de couverture
Au bal des pendus est le récit épique du XXe siècle incarné par des personnages qui ont vécu ses guerres, ses révolutions etc. Le narrateur réveille les fantômes de la mémoire collective. Il invente le théâtre d’une odyssée où défilent les protagonistes de son quotidien autant que les grands créateurs de son époque. Cette fresque littéraire est conçue telle une partition…
Il nous arrive tous de nous retrouver derrière une voiture qui se déplace très lentement, nous avons alors la tentation de klaxonner et d’exprimer une frustration. C’est lors de ces moments qu’il est bon de faire une pause de l’escalade et de porter une attention particulière à ce qui se passe réellement.
Il est rare, voire exceptionnel, que quelqu’un s’amuse à ralentir les autres pour le…
Assumez la position
C’est tellement fou, tu le saisLa façon dont tu bouges est ridiculeOh tu te secoues, tu bouges iciLes corps bougent partoutIl fait si chaud mais nous ne transpirons pas partoutSentez cette odeur, l’air est épais iciÇa devient tellement cochon ici
Obtiens, obtiens-le, cochon à fondObtiens cochon à fondY’all sait pourquoi nous sommes venus iciObtiens, obtiens-le, cochon à…
POÈME OU CHANSON ?
Sachant que nombre de poèmes sont mis en chansons alors qu'il n'étaient pas écrits pour cela au départ, et que souvent ils existe des musiques orphelines pour lesquelles on se met à écrire des paroles pour les habiter, on peut se demander quelle est la différence entre un poème et une chanson ?
Si on s'en tient à la pure définition, une chanson est destinée à être chantée ou interprétée musicalement, alors que le poème est plutôt destiné à être lu silencieusement ou à voix haute. On peut donc les définir comme des objets qui pourraient être très similaires mais prenant des formes artistiques différentes.
Les deux sont des modes d'expression artistique qui viennent à créer des expériences esthétiques mais l'une uniquement avec du texte, et l'autre avec du texte et une mélodie.
POÈME
Le poème utilise les mots pour créer un rythme, des sonorités et une structure suivant des règles précises qu'on appelle "prosodie". Les règles de prosodie peuvent être différentes dans des cultures et des langues différentes mais la plupart ont des règles bien précises plus ou moins contraignantes.
En France, la poésie classique utilise la prosodie classique. La plus grande partie des poèmes que j'ai croisé sur le site Plume de poète ne respectent pas la prosodie classique et ces poèmes seraient donc totalement rejetés dans les clubs de poèsie classique (sans parler des fautes d'orthographe ou de grammaire qui échappent parfois à notre vigilance). Par exemple, une des règles est l'alternance des rimes masculines et féminines, que n'impose pas la prosodie néo-classique dont les règles sont un peu plus souples, mais à peine.
Je vous renvoie au Petit traité de prosodie française par Pierre Brandao : http://poetika17.com/PROSODIE.pdf
Les règles sont importantes pour la poésie qui se distingue de la prose par ces règles de la prosodie. La prose a pour objectif principal d'associer des mots pour se concentrer sur le signifié. La poésie se focalise sur les règles de forme, sur le principe que l'enrichissement de la forme du matériau linguistique se fait par le travail formel sur les éléments sémantiques.
La règle que tout le monde connaît le plus est celle des rimes dans les vers, mais comme très souvent, aucune règle n'est totalement absolue. Le poème en prose (qu'on peut appeler en vers libres) peut ne plus respecter aucune contrainte (ni du nombre de pieds, ni de rimes).
On peut dès considérer alors que la poésie d'aujourd'hui, contrairement à la poésie classique, et donc les poèmes correspondants, n'ont plus vraiment de règle absolue, mais seulement des formes permettant de mettre en valeur les mots ou les groupes de mots (un peu les signifiés, mais beaucoup la sonorités des mots et leurs rythmes).
CHANSON
La chanson a pour objet d'associer le texte et la musique. Elle répond non seulement à des contraintes sémantiques (textes), mais aussi à celles de l'harmonie (musiques).
L'harmonie aussi est un ensemble de règles qui régissent la façon dont peuvent s'associer des notes de musique pour créer des lignes mélodiques ou des accords (et des suites d'accords qu'on appelle "cadences". Le mot "cadence" ne désigne en rien un rythme, mais cette alternance de "tensions" et "résolutions" en Harmonie). De nouveau, les notes de musiques peuvent être vraiment très différentes selon les cultures.
En France, les règles de l'harmonie, tout au moins celles qui sont enseignées par le solfège dans les écoles de musique, font qu'il n'existe en tout et pour tout que 12 notes de musique (séparées par un "demi-ton", formant ce qu'on appelle la gamme chromatique).
Nota bene : les notes séparées par un octave, c'est à dire dont les fréquences sont des multiples de 2 de la note de référence sont considérées comme les mêmes notes : un Do et un Do plus aigu sonnent différemment à l'oreille mais sont considérées comme similaires (un Do) en Harmonie.
De plus, dans la quasi totalité du monde entier, sauf pour quelques musiques traditionnelles, les 12 notes sont identiques d'un instrument à l'autre et basés sur un La à 440hz. Certains instruments dit "tempérés", comme la guitare, la trompette, le saxo ou le piano (par exemple) ne permettent normalement pas de jouer des notes autres que les 12 notes (plus les notes octavées). D'autres comme la voix, le violon, le trombone à coulisse (par exemple), peuvent jouer d'autres notes, mais ne doivent pas le faire et doivent suivre les règles de l'harmonie lorsqu'ils sont associés à des instruments tempérés.
nota bene : la fixation basée sur le La à 440hz est assez récente -2e guerre mondiale- même si la révolution principale du principe de la répartition de l'erreur la gamme pythagorienne (répartition de la quinte du loup) date principalement de Bach et ses préludes et fugues du "Clavier bien tempéré" ( BWV 846-893)
La plupart des chansons utilisent un sous ensemble de 7 notes (gamme heptatonique) parmi les 12. Ces 7 notes ne sont pas régulièrement espacées et les règles différentes d'espacement de ces notes créent des gammes qui vont porter des "couleurs" de musique différentes (musique modale)
POEMES ET CHANSONS
Le point commun entre Poème et Chanson est le rythme.
Avec le texte, il faut tenir compte des accents toniques dans le mot, et du rythme du vers (principalement les césures), ainsi que des relations entre les vers et éventuellement les strophes (enjambement, rejet, contre-rejet).
Dans une chanson, les vers peuvent facilement avoir des rimes pauvres ou très pauvres, alors qu'en prosodie classique ou néo-classique, elles sont totalement à bannir.
En chanson, le rythme est basé sur la mesure et la signature rythmique d'une part et sur les cellules rythmiques d'autre part. Par exemple une signature rythmique en 4/4 veut dire que chaque mesure a une durée de 4 noires. Sur un 4/4 on peut avoir par exemple aussi bien une cellule rythmique de marche, de tango, de samba ou de bossa nova, et le caractère de la chanson en sera totalement changé. Dans une même chanson, il y a souvent des cellules rythmiques différentes selon les mesures, mais dans la plupart des chansons, on ne change pas la signature rythmique.
Quand on met les deux ensemble (texte et musique), il est impératif que les temps forts des mots correspondent à des temps forts de la musique, même si le chant ne démarre pas toujours (et même souvent pas) avec le début d'une mesure (on appelle cela une anacrouse)
ÉCRIRE UN POÈME OU UNE CHANSON ?
Pour écrire une chanson, il faut impérativement écrire le texte avec un rythme, même si on n'a pas encore la musique. C'est la principale différence dans l'écriture d'un texte destiné à être une chanson : un poème peut avoir un rythme asynchrone, pas une chanson.
Pour cela, la technique que j'utilise est de taper avec mes mains la signature rythmique (comme faisait Brassens quand il composait).
{Parfois j'utilise un métronome : il en existe plusieurs gratuits en app pour les différentes plate-formes de smartphones.}
Avec les mains, je tape un plus fort avec la main gauche et je marque les autres temps plus légers avec la main droite. Si vous arrivez à dire harmonieusement votre texte sur cette pulsation, alors vous allez pouvoir en faire une chanson.
Les deux pulsations (signatures rythmiques) que je vous conseille sont le 3/4 et le 4/4.
Il est préférable de ne pas en changer pendant la chanson, même si la chanson que j'ai publié sur Plume de Poète (Mon Brésil) est le parfait contre exemple où la chanson est en Ré majeur sur un 4/4 en bossa, et que je chante la dernière strophe en 3/4 en La mineur (avec un arpège en 6/8).
3/4 comptez 1-2-3 de façon régulière en faisant G - d - d - avec les mains,
et en 4/4 en comptant 1-2-3-4 en faisant G - d - d - d - (où G veut dire main gauche temps fort et d main droite temps faible)
CONCLUSION
Un poème qui a un rythme peut être mis en chanson. Un poème qui n'en a pas parce que l'auteur s'est focalisé sur le jeu des sonorités et des signifiés (sans le rythme) ne pourra sans doute pas être mis en chanson.
Il est à priori plus difficile d'écrire une chanson (paroles et musique) qu'un poème, car on aborde deux disciplines différentes faisant appel à deux compétences différentes. C'est d'ailleurs pourquoi on distingue bien le métier d'auteur (les textes) et celui de compositeur (la musique).
Par contre, on peut dire également que les contraintes d'écriture (texte) d'une chanson sont beaucoup plus souples que celles d'un poème classique. Cependant s'affranchir des règles de prosodie comme on le fait dans l'écriture d'une chanson ne suffit pas pour faire une chanson, car les contraintes de rythme restent totalement présentes comme dans la prosodie classique.
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